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Au-delà de la gestion du chantier proprement dit, la rénovation d’un lieu mythique relève toujours d’un défi délicat : pour Cartier, il s’agissait de garder l’esprit de la Maison tout en s’adaptant aux nécessaires évolutions de l’expérience client. Pari réussi au 13, rue de la Paix, réouvert cet automne grâce à une belle synergie d’agences d’architectes et aux talents conjugués d’une trentaine d’artisans d’art, dans une véritable vitrine de savoir-faire.
Pour Cartier, le 13, rue de la Paix pourrait être un lieu mémoriel : c’est le berceau parisien où s’est installé, en 1899, Louis Cartier quand il a pris la direction de la Maison, et où il a fondé le studio de création, accompagné de Jeanne Toussaint, donnant véritablement naissance au style Cartier. Un morceau d’histoire qu’il fallait précieusement conserver, tout l’adaptant aux besoins du temps présent. C’est cette double contrainte qui a guidé chaque étape de cette rénovation et qui a nécessité l’appel à trois agences aux forces créatives complémentaires : l’agence Moinard-Bétaille, le Studio Parisien et l’agence Laura Gonzalez. Au terme de deux ans de travaux, quand on parcourt les six étages de ce vaisseau amiral, la clé de cette réussite est la cohabitation de signatures différentes, qui se rejoignent et se fondent totalement au service de l’ADN de Cartier : c’est le message que l’on retiendra de ce lieu à la fois singulier et pluriel.
Lumière fédératrice
Comme un écrin que l’on respecte, la façade en portor a été conservée, ainsi que des éléments historiques dans les salons, jusqu’à certaines moulures. Mais c’est une transformation – certes, en douceur – qui est proposée dans ce projet, traduisant aussi l’évolution de la relation privilégiée avec les clients, dans une vocation d’accueil, d’attention.
Ces 3 000 m2 sont réorganisés autour d’un parcours individualisé. Le rez-de-chaussée et le premier étage forment la boutique proprement dite, entre la consultation de pièces, l’achat, voire les prémices d’un projet, le deuxième et le troisième, eux, sont consacrés aux services directs. Au quatrième étage, les ateliers de haute joaillerie sont pleinement dédiés aux projets spéciaux. Enfin, les derniers étages abritent des espaces de réception privés et les archives. Pour accompagner cette écoute bienveillante du parcours client, il fallait faire entrer la lumière. Ainsi, garant de l’unité de l’ensemble, l’atrium situé au fond de la boutique apporte de la perspective à l’espace, donne habilement un caractère majestueux à l’ensemble architectural dans l’esprit de la Maison, tandis que cette entrée forte de lumière vient éclairer les transitions d’époques et de services. C’est paradoxalement cette architecture du vide qui permet justement à ce vaisseau amiral de faire cohabiter des univers différents d’un étage à l’autre.
Identités communes et signatures
Forte de nombreux projets antérieurs avec Cartier, l’agence Moinard-Bétaille s’est consacrée aux trois premiers niveaux de cette maison mère, en s’attachant dès le rez-de-chaussée à fluidifier la déambulation des clients, en jouant sur les perspectives du lieu pour mettre en scène les écrins, en valorisant des salons historiques par l’exposition d’archives comme de véritables trésors, à l’image de l’épée d’académicien de Jean Cocteau. Dans cette volonté de transition légère, un large escalier ouvert mène le visiteur au salon Jeanne Toussaint et à deux petits salons. Parallèlement, le premier étage est dévolu aux fiançailles et au mariage, dans un prolongement des teintes pastel et dorées de l’accueil, et des ondes douces et joyeuses apportées par des jeux de courbes et de contre-courbes subtilement conjuguées par les architectes, au service d’une ambiance à la fois lumineuse et feutrée : l’élégance, sans grandiloquence, dans le choix des matériaux précieux, de subtils rappels de motifs végétaux. Une transition habile mène au deuxième étage consacré à la haute joaillerie et aux commandes spéciales. Ici, on consulte les gouachés pour imaginer son projet, dans les salons Art déco, Indes et Inspiration, comme aux motifs faune et flore. L’aménagement fait la part belle aux symboles de la Maison, et à son style : les motifs historiques sont assumés comme autant d’éléments fondamentaux, une évidence subtile permise par justement un travail de la luminosité qui vient éclairer avec douceur cet héritage.
Un socle fondateur qui permet aux étages suivants de conjuguer de nouvelles écritures : Studio Parisien a pris en charge les étages liés aux services (réparation, entretien, personnalisation…), les ateliers et les archives. Subtilement, les lignes des assises deviennent plus contemporaines, les rappels aux motifs de la Maison stylisés jusque dans les plafonds. Du bar aux alcôves, des sofas-méridiennes aux chaises hautes, ici on jongle avec les matières avec sensualité. Le client entre dans des espaces totalement dédiés à son service, qui subtilement, selon les codes propres à l’univers du luxe, transforment finalement un temps d’attente en moment de détente, passant de la notion de service à celle de soin, élégamment transcrite dans une scénographie codifiée.
Au quatrième, les ateliers intégrés sont ici totalement dédiés à la réalisation des projets spéciaux des clients, qui peuvent venir y suivre leur évolution : Studio Parisien a longuement échangé avec les artisans pour dessiner des postes qui répondent à un confort de travail, accompagnent au plus près des gestes qui nécessitent précision et concentration, et la maîtrise d’un savoir-faire d’excellence. Au-dessus, le cinquième étage abrite un espace de réception, confié cette fois à Laura Gonzalez. L’architecte d’intérieur a imaginé un appartement convivial, équipé d’une cuisine, d’une salle à manger et d’un jardin d’hiver. Un esprit maison au sens premier, dans un joyeux appel à la couleur, aux motifs, un détournement des formes dans le mobilier pour rappeler le style Cartier, dans un décor rythmé de faune et de flore, convivial et intime, poétique et singulier, depuis des paravents peints par les ateliers Gohard et brodés par Lucie Touré, jusqu’aux détails de la mosaïque des sols.
Une place aux gestes d’exception
Si, entre les différents niveaux de cette maison mère, le passage d’époque est aussi bien réussi, c’est bien entendu par la compréhension parfaite de l’ADN de Cartier par les trois agences sollicitées, mais c’est également par l’intégration dans leur aménagement de réalisations confiées à des artisans d’art. Ainsi, à chaque étage, en pièces fortes comme en filigrane, le geste de la main est présent, comme il l’est au cœur du savoir-faire de la maison. De fait, dans cette rénovation, 37 maîtres d’art et artisans d’art sont intervenus sur des commandes remarquablement intégrées dans les espaces.
À titre d’exemple, on citera, pour le Salon Indes, l’Atelier Midavaine, qui a réalisé un grand paravent en laque rehaussé de feuilles d’or. Au Salon Art déco, Hervé Obligi livre un panneau magistral en onyx, diamant et émeraude, inspiré d’un bracelet stylisé. Aux Archives, Étienne Rayssac a sculpté des moulages en plâtre imaginés à partir de la reproduction agrandie d’une broche de Jeanne Toussaint ornée d’un oiseau aux ailes déployées… On comptera aussi les interventions de Lison de Caunes pour la marqueterie de paille incrustée de verre décoratif par Jean-Daniel Gary, et ailleurs des panneaux de marqueterie de cuir réalisés par Lætitia Baqué et Victor Molinié. Une volonté de rendre hommage à l’histoire par le geste et d’inviter le client à expérimenter un lieu d’exception.
L’exception Cartier : l’atelier de glyptique intégré
Pour cette rénovation, quelques pièces d’exception ont été bien entendu commandées et mises en vente. Un bracelet et une broche ont ainsi été dessinés et réalisés par l’équipe de Philippe Nicolas, glypticien. Il est l’un des rares maîtres d’art à faire réellement partie de la Maison, son atelier y ayant été intégré depuis douze ans, dans une volonté de pérenniser ces savoir-faire d’excellence. Son atelier propose ainsi des projets au Comité de créations et prend en charge leur concrétisation une fois les dessins signés, sachant qu’un projet de haute joaillerie, entre le dessin et l’étape finale, nécessite environ deux ans. L’équipe réalise aussi des commandes spéciales, à l’image de l’habillage de l’épée de Cocteau : les éléments originels en ivoire ont été revisités avec de l’opale blanche, facilitant ainsi le transport et donc l’exposition de cette pièce d’exception dans le monde.
Dans son souci de transmission, Philippe Nicolas va au-delà de l’apprentissage du geste à ses équipes : si la glyptique est l’art de les sculpter et de les graver, il s’attache à transmettre aussi l’expertise pour choisir et acheter les pierres sur lesquelles travailler. Comme il aime avant tout percevoir l’émotion des clients devant des pièces uniques. Ceux-ci ressentent le temps passé par les artisans pour aboutir à ces joyaux, et c’est très certainement ce respect qui prévaut dans cet écrin réinventé du 13, rue de la Paix : de l’artisan au client, l’expérience est valorisée, accompagnée, transmise.
Avec le besoin de contextualiser leur travail pour qu’il soit le plus juste possible, les lauréats du prix du Mobilier national au Festival Design Parade 2021 déroulent des scénarios en amont de leurs projets.
Clémence Plumelet et Geoffrey Pascal se sont rencontrés à la Design Academy d’Eindhoven, après un cursus à l’École supérieure des arts appliqués Duperré pour elle, et à la Parsons School pour lui. Tous deux en agence, ils viennent de monter en parallèle leur studio de design, Marcel Poulain. La création de cette structure fait suite à la sélection du couple au Festival international Design Parade en 2021, section architecture d’intérieur. Avec pour contrainte de « créer une pièce à vivre dans une maison méditerranéenne », les deux designers y présentaient une installation rafraîchissante, un salon-bar au mobilier moelleux reprenant les codes piscine de la Riviera.
Grâce à l’obtention du prix du Mobilier national, le tandem a bénéficié d’une année de résidence avec l’ARC (Atelier de recherche et de création) pour créer un meuble qui intégrerait ensuite les collections de l’institution et ferait partie du mobilier d’État disponible aux expositions et à l’aménagement d’espaces en France et à l’étranger. Une pièce de design amenée à être souvent déplacée.
À partir de ce contexte, le duo a imaginé Terence, un canapé voyageur à la structure coque en bois à même de se plier façon malle, ce qui facilite et protège son transport. Une création astucieuse, présentée lors du Festival Design Parade de 2022 dans une scénographie montrant l’aptitude des designers à associer, dans un lieu donné, dimensions narrative et fonctionnelle. « Ce qui définit notre pratique, c’est le dessin d’objets, mais nous aimons les projets d’ensemble, avec un fil conducteur. Réfléchir à tout, aller vraiment dans le détail et dessiner des éléments de mobilier qui soient en dialogue avec l’espace. »
S’ils travaillent déjà sur des propositions d’éditeurs et un projet d’appartement dans le Sud, Clémence Plumelet et Geoffrey Pascal aimeraient renouveler l’expérience de la résidence, et ne pas entrer d’emblée dans une logique de production rapide. « Nous préférons prendre notre temps pour que le message soit le bon auprès des personnes qui pourraient faire appel à nous. »
Le nouveau numéro d’Intramuros consacre sa rubrique inspirante « Design à 360 ° », à des produits tout juste sortis en 2022. Mobilier, accessoires, mode, véhicules… découvrez les 40 coups de cœur de la rédaction dans le magazine ! Découvrez un second extrait.
Collection Picnic, +Halle
La collection Picnic se compose de bancs circulaires avec un système à deux hauteurs, dotés d’un coussin moelleux. Une collection colorée, éditée par +Halle, et designée par le studio Form Us With Love.
Lampe Off-cut, Pierre Castignola
Présentée à l’Objective Gallery à New York, la lampe Off-cut de Pierre Castignola est née d’une initiative visant à trouver une utilité aux pièces de rebut de sa propre activité.
XP Race, Hugo Eccles
Ce nouveau modèle de moto pensé par Hugo Eccles est conçu avec « le programme XP qui propose un nouveau langage de conception pour les motos électriques, basé sur de nouvelles opportunités plutôt que de simplement imiter un vocabulaire visuel créé par une technologie bientôt obsolète » pour reprendre ses termes. Chaque XP est construit selon les spécifications individuelles de chaque client, chacun d’entre eux est donc unique. À découvrir en vidéo ici.
Robot mixeur Re:mix, Open Funk
La société allemande Open Funk a mis au point Re-mix, un robot mixeur plus « durable » compatible avec toutes sortes de bocaux en verre. La structure du boitier est faite à 100% en matériaux recyclés et recyclables, avec des panneaux mouchetés en déchets plastiques.
Tabouret Rug n'Roll, Johannes Budde
Le tabouret Rug’n Roll de Johannes Budde introduit avec audace le matériau industriel Concrete Canvas dans la conception de meubles. Habituellement utilisé dans la construction civile, Concrete Canvas est un tissu flexible imprégné d’une fine couche de béton.
En partenariat avec Wanted Design et soutenu par la Fondation Bettencourt, la Villa Albertine lance un nouvel appel à projet pour une résidence de deux mois à New York pour un designer et un artisan. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 1er février 2023.
Pour cette nouvelle initiative, la Villa Albertine cherche deux nouveaux professionnels, l’un dans le secteur des métiers d’art et l’autre dans le design, pour leur permettre de développer un projet de recherche original nécessitant un passage aux Etats-Unis. L’objectif étant de leur permettre d’explorer un nouveau territoire et de rencontrer des professionnels implantés sur la scène new-yorkaise, conformément à la ligne de la Villa Albertine.
Informations générales sur le déroulement
Cet appel à projet concerne tous les artisans d’art et designers français ou étrangers, dont l’activité se déroule principalement en France. La résidence se déroulera durant l’une de ces trois périodes : février-avril, mai-juillet ou octobre-décembre 2024. Celle-ci sera implantée à Industry City, un ancien complexe de bâtiments industriels situé à Brooklyn et reconverti en ateliers de production et boutiques de créateurs, fabricants et designers. Dans ce projet, la Villa Albertine apporte donc un soutien sur mesure, adapté à chaque résident. Son accompagnement sera notamment supervisé par WantedDesign, et sera chargé de mettre en place un planning de rendez-vous, afin de les intégrer dans un écosystème de rencontres et d’échanges.
Sur place, la Villa Albertine amorcera les frais de déplacements, le logement, l’assurance-santé, offrira une allocation de résidence aux deux résidents pour couvrir les frais du quotidien (repas, transports locaux…) à hauteur de 100 $ par jour et leur proposera un espace de travail partagé au cœur d’Industry City.
Modalités d’inscription et sélection
L’appel à projet est uniquement ouvert aux candidatures individuelles pour les personnes âgées de plus de 21 ans, jusqu’au 1er février 2023. Pour les candidatures en duo ou trio, elles ne sont acceptées que dans l’appel général à candidatures de la Villa Albertine. Aussi, pour sa participation, chaque candidat se doit de proposer un partenariat français, basé en France.
En ce qui concerne la sélection des deux résidents, les jurys arbitreront entre les critères suivants :
- La qualité du parcours du candidat : celui-ci exercice sa pratique à titre professionnel, il est reconnu par ses pairs, et son projet pour la Villa s’inscrit dans une suite logique par rapport à ses objets de recherche
- La professionnalisation du candidat : il est suffisamment avancé dans sa pratique d’artisan d’art ou de designer pour souhaiter approfondir sa pratique et chercher de nouveaux débouchés pour sa production
- La qualité du projet : il est clair et les axes artistiques, culturels, intellectuels qu’il développe sont pertinents
- Le candidat a un intérêt tout particulier pour les Etats-Unis et New York spécifiquement
Informations et inscriptions sur : https://villa-albertine.org/fr/professionals/appel-candidatures-metiers-dart-et-design
Le salon professionnel Première Classe, rendez-vous incontournable dédié à l’accessoire de mode, accueillait pour la troisième année consécutive les directeurs artistiques Romain Costa et Evane Haziza-Bonnamour, du 30 septembre au 3 octobre derniers. Sous les tentes installées au jardin des Tuileries, le binôme avait pris le parti de mêler art et design dans une scénographie inspirée par le voyage suspendu.
Pour cette édition au nom ensoleillé de « Sunny Corner », les deux architectes Romain Costa et Evane Haziza-Bonnamour avaient imaginé une page blanche, « Turn around », à interpréter à son gré. Page qui se tourne, horizons nouveaux ou renaissance, « Turn Round » mettait en scène la création sous différentes formes, bien entendu celle de la mode, qui allait de pair ici avec le design, associé à des pièces artistiques.
Pour cette édition, ils avaient notamment retenu la jeune galerie de design 13 Desserts avec un mobilier haut en couleur, le duo French Cliché, dénicheur de talents contemporains utilisant des savoir-faire ancestraux, et Harold Mollet, expert en mobilier et design du XXe siècle. Installées à la façon d’un musée, les différentes pièces se répondaient dans les formes, matériaux et gammes colorielles.
Cerise sur le gâteau, les architectes avaient fait appel à la talentueuse sculpteuse Emmanuelle Roule qui travaille sur « la géographie de la forme ». Une exposition lui avait été dédiée, mettant en avant des céramiques modelées, fruit d’une recherche autour de la lumière, la texture et la matière. Tout en courbes et en mouvements, nuances et transparence étaient au rendez-vous !
À noter dans les agendas, la prochaine édition de Première Classe aux Tuileries se tiendra du 3 au 6 mars 2023.
Pour la seconde édition de Design Next Gen, la rédaction d’Intramuros dresse le portrait de 20 jeunes designers et/ou studios, à travers leurs parcours, leurs visions et leurs projets. Engagés, curieux, innovants mais surtout libres, ils contribuent, chacun à leur manière, à dresser le portrait chinois du design de demain.
Ce numéro de fin d’année est également l’occasion pour nous de consacrer notre rubrique inspirante « Design à 360 °» à des produits tout juste sortis en 2022. Mobilier, accessoires, mode, véhicules, découvrez les 40 coups de cœur de la rédaction !
Enfin, entre un hommage à Issey Miyake, la transformation du mythique flagship de Cartier rue de la Paix ou le reveal du TGV du futur , ce nouveau numéro tourné vers l’avenir fait aussi la part belle aux icônes éternellement réinventées.
La 3e édition de France Design Week, qui s’est déroulée du 7 au 29 septembre, a consacré ce rendez-vous comme un incontournable de promotion du design à travers toute la France, et en Europe. L’heure est maintenant au bilan.
Pari réussi ? Avec un nouveau record de 264 580 visiteurs (contre 206 400 en 2021), le label France Design Week a su à nouveau susciter la curiosité des professionnels et amateurs. Au total, on dénombrait 1805 contributeurs engagés et 410 événements organisés partout en France et à l’étranger, pour donner à voir les différentes formes de design. Des manifestations qui pouvaient par ailleurs prendre différentes formes : conférences, expositions, visites d’ateliers, discussions, afterworks…
Un même objectif : fédérer et faire valoir le design
Lancé en 2020 à la suite des Assises du design de décembre 2019, le label France Design Week est une manifestation d’envergure nationale, avec pour but de donner de la visibilité à la diversité et la vitalité des pratiques du design français. Ainsi, les participants à l’événement s’engageaient par leur initiative à valoriser une pratique du design, à travers un vecteur de développement économique, social, culturel et environnemental, et à faire connaître leur démarche au plus grand nombre.
De nouveaux cap franchis
Et pour cette 3e édition, la réussite n’a pas seulement concerné le nombre de visiteurs et de participations, mais également de nouvelles initiatives et prises de conscience en matière de design. On peut notamment citer la prise de parole du Président Emmanuel Macron le 14 septembre 2022, qui a rassemblé les acteurs du design l’Elysée, et la jeune création, lors de l’inauguration la nouvelle table du Conseil des Ministres conçue par 4 lauréats d’un concours étudiants en partenariat avec le Mobilier national. En compagnie de 150 invités, il avait évoqué cette 3e édition de FDW et rappelé la place à prendre pour le design dans le plan France 2030.
Autre nouveauté pour cette édition, l’engagement de la Fondation d’entreprise Martell en tant que mécène de l’évènement. Très impliquée dans les questions d’usage et de transmission, la Fondation Martell souhaitait, à travers ce rapprochement, s’associer de manière forte à ce grand rendez-vous du design.
Mais aussi, cette 3e édition a été l’occasion d’organiser une vente aux enchères pour le moins exceptionnelle en partenariat avec Catawiki, plateforme majeure de vente et achat d’objets spéciaux. Avec ses 10 millions de visiteurs mensuels, la visibilité offerte était plus qu’intéressante pour les designers. La vente s’est déroulée du 9 au 18 septembre, et proposait des créations de designers sélectionnés par France Design Week, qui mettaient en lumière les tendances actuelles en terme de design français.
France Design Week 2022 : retour en chiffres
Pour résumer en quelques chiffres clés, la 3e édition de France Design Week c’est :
- 13 régions participantes : Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Centre Val de Loire, Grand Est, Hauts-de-France, Île-de-France, Normandie, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Pays de Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, dont 2 pays étrangers : Allemagne et Belgique
- 264 580 visiteurs sur trois semaines (en physique et en ligne)
- 410 événements labellisés au niveau national et international
- 1805 contributeurs, avec un engagement régional et plus local
Rendez-vous l’année prochaine !
Le prochain numéro d’Intramuros consacre sa rubrique inspirante « Design à 360 ° », à des produits tout juste sortis en 2022. Mobilier, accessoires, mode, véhicules… découvrez les 40 coups de cœur de la rédaction dans le magazine ! Petit avant-goût avec ce premier extrait.
Banc Worm, Missana
Worm est le premier banc avec un système modulaire de Missana. Un banc composé de 3 modules dont un courbe qui peut évoluer et changer en fonction des besoins de chaque espace.
Bureau Home Office O7 True Pink, USM
Après sa joyeuse installation à la Milan Design Week, USM a sorti avec succès une série limitée de son Bureau Home Office 07 en True Pink qui a reboosté le home office. Un modèle avec une conception modulaire, composé d’une structure en tubes d’acier chromé assemblés par des boules de connexion, habillée de panneaux d’acier thermolaqué et montée sur patins réglables en hauteur.
Sac Buoy, Botter Paris
Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh, qui ont créé le Label Botter, a été en 2022 l’un des duos tendance dans le secteur de la mode parisienne. Les Buoy, étanche et peint au pistolet, est devenu l’une de leurs pièces iconiques. Un modèle inspiré de l’univers de la plongée, très présent dans les collections de Botter Paris. Label à suivre.
Suspension Luce Orizzontale S1, FLOS
La suspension Luce Orizzontale S1 designée par Erwan et Ronan Bouroullec est composée de modules en verre interconnectés, créés selon un procédé artisanal consistant à verser le verre dans un moule rotatif pour obtenir une finition exclusive qui rend chaque pièce unique. Concernant la structure interne, elle est faite en aluminium extrudé poli équipée de deux modules leds linéaires pour un éclairage direct et indirect dirigé vers le bas.
Miroir Steam, Heim+Viladrich
Designé par le duo hollandais Heim+Viladrich, composé de Lauriane Heim et Johan Viladrich, le miroir Steam fait partie de l’ensemble d’objets Aire 75, en référence aux objets trouvé sur des aires d’autoroutes, avait été présenté lors de Collectible 2022 à Bruxelles.
L’exposition « Conserver, adapter, transmettre » présente 44 projets parisiens en étude ou en chantier ayant pour point commun de composer avec l’existant, dans les murs d’un Pavillon de l’Arsenal lui-même promis à la transformation.
Faire la ville sur la ville : voilà vingt ans à peine, ce slogan vous rangeait dans le camp des conservateurs, voire des passéistes. Être résolument moderne, c’était détruire sans trembler, jeter à bas le vieux monde pour en construire un neuf. Alexandre Labasse, directeur du Pavillon de l’Arsenal, qui organise l’exposition « Conserver, adapter, transmettre », rassemblant une quarantaine de projets de transformation en cours dans la capitale, rappelle que le Plan Voisin, présenté par Le Corbusier lors de l’Exposition des arts décoratifs de 1925, projetait de raser le centre de Paris pour y édifier une ville moderne faite de dix-huit tours d’une trentaine d’étages. Visible sur le Net, une reconstitution vidéo de l’architecte allemand Clemens Gritl nous plonge dans cette provocation restée dans les imaginaires comme un repoussoir de la modernité, exagération d’idées qui se réaliseraient de façon moins ostensible mais tout aussi brutalement après la Seconde Guerre mondiale.
La destruction des centres-villes occidentaux par l’urbanisme a engendré des dispositifs de protection patrimoniale jugés parfois excessifs. Entre destruction totale et conservation absolue – l’une et l’autre n’étant jamais advenues –, une voie intermédiaire s’est dessinée à partir du mitan des années 1990, celle de « faire avec », esquissée dans l’exposition du Pavillon de l’Arsenal « Architecture 1 + 1 », en 1996. Vingt-sept ans plus tard, plus de 70 % des demandes de permis de construire concernent des projets de transformation, observe Alexandre Labasse. Le signe d’un changement d’époque et de pratiques architecturales qui évoluent massivement, autant par choix que par nécessité.
Tout transformer
Que transforme-t-on à Paris en 2022 ? La diversité du patrimoine et des bâtiments frappera le visiteur de l’exposition. Certains projets induisent des changements d’usages, avec une partie de transformation de bureaux en logements ou en programmes mixtes, comme le siège de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris converti en logements, bureaux et services par une équipe d’agences d’architecture (Perrault, MBL, H20 et Nicolas Dorval-Bory). Le passage de l’individuel au collectif d’architectes est un autre témoin du changement des temps. De l’immeuble d’activité converti en espace de coworking (rue Joseph-de-Maistre, par Vincent Eschalier) au hangar militaire réaffecté à l’accueil des migrants (La Boulangerie, par François Brugel et Atelier Rita), les programmes reflètent les pratiques et les crises contemporaines. Ils témoignent des dernières mutations industrielles, avec la reconversion de bâtiments assurant la distribution d’électricité pour le métro ou la ville (celle de la sous-station Cerisaie par Ciguë, Vétillard et Neufville-Gayet), ou la déprise de l’automobile, avec la transformation des immeubles-garages, objet d’une précédente exposition à l’Arsenal sous le commissariat de l’agence Data, qui réalise la transformation du garage de la rue Lamarck.
Un dernier lot de projets remet au goût du jour des immeubles construits dans les années 1960. Plus qu’un lifting, ils redonnent un coup de jeune à des ensembles devenus obsolètes en termes d’équipements, de performances, d’espaces, de fonctionnalités et d’image. Qu’est-ce qui est moins pérenne que la modernité, soulignent les opérations de la tour des Poissonniers (AUC+Fagart & Fontana, Paris XVIIIe) ou de la rue Bayen (Baumschlager+Eberle, Paris XVIIe) ?
La loi du carbone
Ces projets qui seront livrés dans les deux à trois prochaines années ont eu des précédents récents, comme la reconversion de l’ancienne préfecture du boulevard Morland par David Chipperfield en logements, hôtels, bureaux et huit autres programmes, et la rénovation de la tour Bois-le-Prêtre, par Lacaton et Vassal. La bonne santé du secteur immobilier parisien facilite leur réalisation. Le manque de terrains disponibles les encourage, ainsi que la conservation de droits à construire disparus des PLU contemporains, mais c’est surtout l’agenda environnemental qui impose la transformation, auparavant une hypothèse souvent perdante face à la démolition.
L’intégration de la donnée carbone dans les projets d’architecture commande la conservation de la structure pour réduire les émissions de CO2 de 250 kg/eqCO2/m2, sur les 750 émis lors de la construction d’un bâtiment neuf. Suivant les cas, la préservation de la façade et l’amélioration de l’enveloppe permettront de réaliser d’autres économies d’énergie et de CO2. Cependant, nous n’habitons pas des bilans carbone, et l’intérêt de ces opérations tient aux améliorations spatiales et fonctionnelles qu’elles introduisent dans des bâtiments existants. Plus de lumière, plus de confort, plus de considération pour les espaces intermédiaires des courettes et des terrasses et, lorsque les façades ne sont pas transformées trop profondément, la valorisation d’écritures architecturales récentes mais mal considérées… La transformation de l’existant, une pratique constante de l’architecture éclipsée durant quelques décennies, revient au cœur de la création avec des effets parfois spectaculaires, à l’instar de la transformation sur le Front de Seine de la tour Cristal par l’agence danoise BIG. Comme le design ou la mode, l’architecture réapprend à faire avec.
Au Portugal, sous l’impulsion de designers et directeurs artistiques, les éditeurs s’appuient sur les nouvelles technologies pour faire évoluer une fabrication très inscrite dans des savoir-faire traditionnels. Une façon de promouvoir un nouveau positionnement sur le marché entre création industrielle, artisanat, voire pièces « collectible ».
Après deux événements majeurs en juin à la Portugal Home Week à Porto et à la Paris Design Week, le design portugais se fraie un chemin qui met en lumière toutes les facettes de son talent et de ses savoir-faire artisanaux. Forts de cet ancrage territorial, les créations de mobilier, de textile ou de céramique, liées à une fabrication traditionnelle, se rattachent aux ateliers centenaires et fabricants d’ameublement (plus de 200). Souvent fondés par une même famille, ils ont évolué avec les nouvelles technologies, cherchant à promouvoir une nouvelle notoriété.
Artisanat, art design ou ameublement ?
L’exposition « Métamorphose » à la Paris Design Week, dans le cadre de Made in Portugal naturally, soutenue par l’AICEP, a souligné l’unicité du design portugais, au-delà du cliché connoté d’un pays fabriquant pour des distributeurs d’ameublement en Europe. Mettre en évidence le croisement et la diversité des techniques artisanales, tel a été le synopsis de ce parcours, au cœur du quartier du Marais, mis en scène par le designer franco-portugais Christophe de Sousa. L’approche particulière du procédé de fabrication d’un objet au Portugal (du prototype à la série), confirme l’identité d’un pays qui chercher à sauvegarder ses valeurs traditionnelles tout en ayant la volonté d’intégrer une dimension internationale.
Au Portugal, des entreprises qui s’ouvrent au design
Sous l’impulsion de designers et directeurs artistiques, certains fabricants ajoutent à leur activité des pièces plus haut de gamme, très abouties dans les finitions. Ils mettent leurs expériences des savoir-faire en matière d’ébénisterie, vannerie, céramique, au service des créatifs, ce qui n’était pas le cas il y a dix ans. Au cœur des richesses du territoire, en puisant dans les ressources naturelles, (marbre, bois, liège, osier, kaolin) les entreprises font émerger leur identité, leur image de marque singulière, le Made in Portugal à la conquête d’un marché plus pointu, de décorateurs, d’architectes et de collectionneurs et d’une évolution culturelle. En voici quelques exemples.
WEEWOOD. En 1964, deux frères travaillent ensemble dans un petit atelier de menuiserie au nord du Portugal, devenu au fil des ans, l’entreprise Móveis Carlos Alfredo spécialisée dans la fabrication et l’exportation de meubles en bois massif. En 2012, la marque Wewood – Portuguese Joinery est née. Les fondements de l’entreprise reposent sur la qualité des matériaux, le façonnage du bois poli, et le design intemporel, avec des pièces produites en petites séries, dans une entreprise à taille humaine. Son ambition ? Créer du mobilier haut de gamme qui dure, valoriser l’esthétique du bois et ses finitions dans chaque projet, comme Contador, un buffet avec des tiroirs, créé en hommage aux comptoirs portugais, édité en 10 exemplaires à l’occasion des 10 ans de la marque. Les bases du design portugais sont amorcées grâce à la collaboration active de designers espagnols, portugais ou allemands, tels que Bambustudio, Edeestudio, Christophe de Sousa, Christian Haas, JC Berlin.
VICARA Studio est une agence créative qui associe designers, artisans et industriels, dans une approche commune, pour développer un écosystème durable, avec des matériaux tels que la céramique, le verre, le bois. Si la poterie traditionnelle (gamme Tasco poterie typique en argile rouge) est toujours au catalogue, des designers portugais se sont emparés de ces belles techniques artisanales de la céramique et influencés par sa gastronomique traditionnelle. Celle combinant vannerie, en aiguilles de pin et céramique, à Caruma, est particulièrement remarquable, et a donné naissance à des vases mêlant deux techniques, dans un ensemble hybride.
Fondée en 1951 dans la région de Guimarães, BELO INOX exporte plus de 70 % de ses produits, dans plus de 30 pays ! Présents dans l’univers des arts de la table, sur les salons européens, Maison & Objet et Equiphotel, à Paris, Ambiente à Francfort ou encore Host, à Milan, Belo Inox se dirige vers une stratégie à l’international (Corée du Sud, les États-Unis, le Japon, la France, le Mexique, l’Espagne et l’Égypte). Chaque produit en acier est fabriqué dans la recherche de l’excellence avec de récentes technologies de pointe. La finesse des couverts, les aspects de surface mat satiné font évoluer l’art de la coutellerie vers la modernité et la sobriété. Avec des partenariats tels que tels que Vista Alegre et Grestel, la marque s’oriente notamment vers la fabrication de produits exclusifs pour les restaurants gastronomiques.
Originaire des montagnes de Serra da Estrela, BUREL FACTORY est une marque durable qui valorise le textile 100 % laine, ainsi que d’autres tissus. Sous la houlette du directeur artistique et designer Rui Tomás, la marque promeut le patrimoine, et le design avant tout, en créant des dessins spécifiques pour l’architecture intérieure et des revêtements et solutions acoustiques. Suite à la reprise d’une ancienne usine et de ses métiers à tisser artisanaux, les propositions s’étendent aux accessoires de mode et de décoration et dont certains sont fabriqués à base de chutes non utilisées de tissus, poursuivant ainsi sa mission zéro déchet.
Spécialisée dans la transformation du liège, 100% naturel et durable, SOFALCA est divisée en trois activités et donc trois marques distinctes. Isocor fabrique avec les déchets du liège des panneaux d’isolation phonique, thermique et anti-vibration, essentiellement pour le bâtiment et l’industrie. Gencork explore la symbiose entre ce matériau écologique et les processus de fabrication de haute technologie. Le liège expansé est transformé grâce à des algorithmes basés sur le design génératif, fortement inspirés par le monde scientifique. En découlent des panneaux qui optimisent les propriétés de ce matériau, mais aussi ajoutent une valeur esthétique. Blackcork s’est spécialisé dans la création et production de mobilier contemporain, née en 2013 avec Toni Grilo directeur artistique. Ce fabricant qui produit du liège noir expansé depuis 1966, parie l’avenir, avec un design original et innovant.
C’est en plein cœur du quartier Saint Germain des Prés, dans le VIe arrondissement de Paris, que Duvivier Canapés fait vivre la plus belle de ses vitrines avec son showroom de Marque. Une vitrine qui répond aux objectifs de développement de cette marque labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant qui a intégré, depuis quelques années, le design dans sa stratégie.
Pour Aymeric Duthoit, qui a racheté la maison Duvivier Canapés en 2016, « la dynamique d’une entreprise s’évalue sur ses projets ». Et autant dire que depuis six ans, la maison, créée en 1840 par le sellier-bourrelier François-Baptiste Duvivier, ne ménage pas ses troupes. Aujourd’hui, elle rassemble environ 70 salariés dont 50 artisans, pour un chiffre d’affaires avoisinant les 10 millions d’euros en 2021. C’est au sein de son showroom de marque à Paris que s’exprime cette marque porteuse du sens et des valeurs de l’excellence des savoir-faire français. Sur deux niveaux, dans une scénographie qui nous fait replonger dans le Paris chic des années 70, sont présentées les collections en situation, sous différentes finitions et dans une mixité décomplexées.
Cette vitrine au style si parisien est le troisième site de la marque; en effet, c’est dans la Vienne près de Poitiers, que se situent les deux ateliers de la maison : l’un pour l’ébénisterie et l’autre spécialisé dans la sellerie, la couture, le rembourrage et l’assemblage.
Fait main en France
« Le vrai Fait Main, issu des savoir-faire français, est un capital rare et durable qui cache une beauté unique. Chez Duvivier Canapés nous cultivons et perpétuons cette excellence artisanale qui se transmet depuis des générations, ici au cœur de la Vienne » explique Aymeric Duthoit. La maison Duvivier Canapés poursuit son développement en se dotant d’une nouvelle ébénisterie qui verra le jour fin 2022, adjacente à son atelier de sellerie et tapisserie à Usson du Poitou. Un projet qui s’inscrit dans l’ancrage territorial revendiqué par la maison. « Des investissements importants sont réalisés pour se doter d’équipements dernier cri qui permettront de renforcer la capacité d’innovation et de création de valeur de la maison. Nous avons l’ambition de créer, à deux heures de Paris, un centre de compétences et de savoir-faire au service de la collection de la maison et aussi au service de la communauté des prescripteurs architectes, designers…», poursuit Aymeric Duthoit. C’est l’une des étapes importantes pour renforcer l’activité́ de l’entreprise sur deux marchés : une fabrication pour le particulier (marché principal actuel) et une prestation sur-mesure pour le B to B. De fait, la fabrication pour des grandes maisons de luxe françaises est déjà pratiquées. « Attention, nous ne sommes pas dans un objectif premier de volume. Notre volonté est de conserver et développer des savoir-faire et des compétences dignes de la haute facture. »
Le design au cœur du repositionnement de la marque
Avec les savoir-faire dans le travail du bois et du cuir; avec l’exceptionnelle beauté des cuirs, le design est devenu un axe prioritaire avec Aymeric Duthoit. Il ouvre l’entreprise à des collaborations externes, en faisant appel à des designers comme Charlotte Juillard : « Pour la collection Jules, le brief de Charlotte était de réunir les trois matières fétiches de la maison, le cuir, le tissu et le bois. » En 2018, Guillaume Hinfray, styliste et designer dans l’accessoire de mode de luxe, entame une collaboration avec Duvivier Canapés et en devient son directeur artistique en 2019. Sa mission est de repositionner les gammes avec un esprit plus contemporain dans un style chic décontracté, tout en respectant l’ADN artisanal de la maison. Sa propre collection Elsa en est un bon exemple, avec des lignes plus rondes, soulignées par la présence de sangles en cuir autour de coussins en forme de polochon : élégant et chaleureux. Il revisitera aussi la chilienne avec Émile, qui réunît les codes du luxe et d’un certain art de vivre à la française, un chic décontracté́, qui mêle le travail du bois et du cuir. Pierre Gonalons a quant à lui signé l’an passé un majestueux chesterfield, baptisé Serge, en hommage au Paris rive gauche des années 70 (lire Intramuros 210). La collection est lancée à l’édition de Milan de septembre 2021, puis est reprise à la Dubaï Design Week, la collection Elsa équipant quant à elle le salon George Sand du pavillon français lors de l’Exposition universelle de Dubaï.
L’engagement d’une entreprise à taille humaine
Duvivier Canapés produit totalement à la commande. Si cela demande une certaine agilité́, les artisans de l’atelier en retirent une forte motivation : « En fabrication, deux modèles qui se suivent sont totalement différents. » Très impliqué sur la question du maintien en local de l’emploi et des savoir-faire , Duvivier Canapés fait face, comme l’ensemble du secteur, à des difficultés de recrutement. Il a donc monté un partenariat avec Pôle Emploi dont l’objectif est d’identifier des candidats présentant les bonnes aptitudes. La maison forme ensuite elle-même, dans un principe de transmission, les artisans qui accompagnent le développement de son activité. Comme le remarque Aymeric Duthoit, « on est en train de passer d’un monde où l’on embauche la personne parce qu’elle sait faire le travail, à un monde où on va l’embaucher pour ce qu’elle est et la former. Le savoir-être prend le pas sur le savoir-faire. Et on voit nombre de personnes en reconversion qui trouvent du sens à pratiquer un travail manuel dans une petite entreprise »
L’expérience d’une marque unique
Les périodes successives de confinement et de restriction ont accéléré la transformation digitale que la maison avait entamée : le site est repensé avec une visite virtuelle du showroom de la marque qui permet de trouver l’inspiration et repérer un modèle. En flashant celui-ci, l’internaute bascule sur un configurateur, précise les dimensions souhaitées, les matières et les couleurs, et peut même le projeter en 3D en réalité́ augmentée dans son propre intérieur. Une fois la configuration terminée, le prix apparait. « La transparence et la sincérité envers nos clients sont des notions importantes pour notre maison. » précise Estelle Wierzejewski, directrice du marketing. « Nous avons à cœur de partager avec eux les valeurs qui nous animent tous : designer, concepteurs, artisans… Quelque soit la manière par laquelle ils entrent en contact avec la marque, showroom physique ou site internet, tout au long de leur parcours, ils découvriront son univers, ses valeurs, ses savoir-faire, sa signature, ses exigences de qualité. »
L’Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCi) vient de fêter ses 40 ans. Un événement structuré en plusieurs temps forts, et qui a donné lieu à la parution d’un magazine collector, en partenariat avec Intramuros.
Depuis quatre décennies, cette école française de design, publique, a formé plus de 1500 designers. Certains sont devenus des références à l’international, d’autres ont créé des design labs au sein des entreprises qu’ils ont intégrées. D’aucuns, encore, ont ouvert le design sur de nouveaux terrains d’investigation, de l’étude d’écosystèmes vivants jusqu’aux politiques publiques.
Des temps forts pour un anniversaire
L’ENSCi a choisi de fêter en plusieurs temps forts l’événement. En septembre, elle a inauguré le Bis, vers la place de la Bastille et un lieu d’exposition, rue de Lyon, en écho aux travaux faits au sein de l’école : jusqu’au 11 décembre, on y découvre « PlasticoBis », qui explore les enjeux du plastique dans la production industrielle, en abordant les alternatives au plastique, son utilisation responsable et la question du recyclage.
Les 21 et 22 novembre, l’école a aussi initié des « voix croisées » en clôture d’une semaine de workshops d’étudiants et dans le cadre de rencontres et de débats autour des « Paroles et gestuelles industrielles », abordant aussi bien les questions de l’environnement, du design et de l’innovation sociale, la question des imaginaires dans l’industrie… dans un panel d’intervenants associants étudiants, jeunes diplômés, industriels, designers, fabricants… Retrouvez ici les vidéos des échanges.
Un hors-série anniversaire
Pour marquer cet anniversaire, l’ENSCi a décidé de confier à Intramuros la rédaction d’un ouvrage en acceptant ce parti pris : mettre en valeur la pédagogie de l’école, si intrinsèquement liée à son ADN, et mettre l’accent sur les nouveaux territoires d’exploration du design que l’école aide justement à faire émerger. C’est la logique des deux premières parties (« L’école dans l’école » et « Faire : laboratoire de l’industrie de demain ») puis des parties suivantes (« prise en compte du vivant », « territoires en mouvement », « être humain/Care »). Dans une volonté de transmettre la parole des acteurs de l’ENSCi, les témoignages rassemblés proviennent d’enseignants, d’anciens élèves, ainsi que des partenaires. Pilier de l’école, mentor pour nombre de designers, Marc Berthier a été l’un des premiers à répondre à nos questions. Il nous a quittés début novembre : cet ouvrage lui est dédié.
Ça sent le sapin ! Celui bas carbone de nos forêts françaises, celui innovant d’un livre en exclusivité chez matériO, celui rêvé des mondes nouveaux et parallèles qu’on nomme métavers, celui d’une bonne flambée en galerie, celui des Pop-up Store créatifs de Noël… Celui coupé depuis des semaines qui perdra moins vite ses épines grâce aux désormais 19° imposés de vos intérieurs.
La bonne nouvelle – qui ne durera qu’une année – c’est qu’après la Very Peri quasi polaire et visionnaire de 2022, c’est un Viva Magenta – proche parent du carmin, du rouge cramoisi ou du deep raspberry – qui a été dévoilé il y a quelques jours comme la couleur Pantone de l’année 2023. « C’est un ton rouge carmin nuancé qui cultive un équilibre entre le chaud et le froid, soit une couleur hybride », précise Leatrice Eiseman, directrice exécutive du Pantone Color Institute.
De quoi vous redonner l’énergie qu’on vous économise, et profiter de la fête avant les Fêtes !
Alors, enjoy et surtout, take care !
Mardi 06 décembre
Réalisation Bois – 09h / 11h
Visite de réalisation bois du Centre de Recherche et d’Innovation de Danone à Gif-sur-Yvette en présence des acteurs de l’opération, dont l’agence Arte Charpentier.
Cluster scientifique de renom international, ce nouveau centre de recherche et d’Innovation, certifié Bâtiment Bas Carbone, optimise la qualité de vie au travail et permet de créer, tester et incuber les innovations de demain. Un centre d’excellence largement connecté au monde, réversible et exemplaire dans le registre du bâtiment Bas Carbone : béton bas carbone, aluminium recyclé ou bas carbone, bois dont 95% provient de forêts françaises.
Inscription ici
Centre de recherche et d’innovation Danone⎢RD 128 Zac du Moulon – Gif-sur-Yvette 91
Designerbox – 10h / 19h
Nouveau corner Designerbox de décoration et petits objets de Noël design, ludiques et accessibles, art de la table design, box cadeaux… au sein d’Habitat.
Habitat République⎢10 pl. de la République – Paris 10 (M° République)
Saint-Nicolas – 10h / 19h
Portes Ouvertes matériO’. Dégustation de pain d’épices maison, découverte du showroom et ses milliers de matières, tripotage des échantillons, et feuilletage du livre « Industry Of Nature » offert si vous en avez profité pour adhérer à matériO’…
matériO⎢8 rue Chaptal – Paris 9 (M° Blanche)
La Fabrique des Cultures – 11h / 13h
Visite commentée par Encore Heureux Architectes, La Compagnie de Phalsbourg, Plaine Commune et la Ville de La Courneuve, de la Fabrique des Cultures, projet associant halles culturelles et logements, remporté en 2017 dans le cadre de l’appel à projet « Inventons la Métropole du Grand Paris » redonnant vie à l’emblématique site des anciennes usines Babcock & Wilcox.
Inscription ici
Rue des Usines Babcock – La Courneuve 93 (M° RER B La Courneuve-Aubervilliers)
Matières en fête – 11h / 20h
Pop-up Store de créateurs (05/08-12). Bijoux – avec ceux en verre de Murano de Milodina Paris – céramiques, accessoires de mode, déco…
Bastille Design Center⎢74 bd Richard Lenoir – Paris 11 (M° St-Ambroise/Richard Lenoir)
Metaverse & réalité virtuelle – 14h30
Webinar pour créatifs, designers, graphistes, développeurs afin d’obtenir les clés pour distinguer metaverse, réalité virtuelle, réalité augmentée… Outils, innovations et acteurs de ce secteur en ébullition, ainsi que les dernières tendances en matière d’univers virtuels.
Inscription ici
Nuages – 15h / 20h
Célébrations des 10 ans de la marque de tapis portugaise Gur avec l’exposition « Nuages » une collaboration avec Sam Baron. Amuse-bouche à 19h !
Flores Textile Studio⎢praça das Flores 53 – Lisboa
Super Nature – 18h / 21h
Vernissage de l’exposition collective Super Nature en résonance avec la Biennale d’art contemporain de Lyon, réunissant une sélection d’artistes de la galerie Manifesta et des artistes invités qui travaillent des matériaux peu ordinaires comme les épines de pins des Landes, le verre soufflé, étiré de Julie Legrand, le plâtre des jarres, le grés floqué, les tapisseries en tufting, les broderies et coutures réanimant les bois calcinés ou l’impression 3D.
En présence de Valérie Delaunay.
Manifesta⎢6 rue Pizay – Lyon 69
La Manufacture des Pépins – 18h / 21h
Vernissage de l’expo-vente artisanale de la Manufacture des Pépins (06/11-12), céramiques, bijoux, objets textiles, luminaires…
Espace Beaurepaire⎢28 rue Beaurepaire – Paris 10 (M° République)
Mercredi 07 décembre
L’Oursinade – 10h / 19h
Vente d’exception parisienne avec la présentation en exclusivité de la collection capsule de Noël 2022 « L’Oursinade » de Margaux Keller (07/10-12).
Margaux Keller Collections⎢21 rue Bonaparte – Paris 6 (M° St-Germain-des-Prés)
Pop-up de Noël – 18h / 22h
Pop-up de Noël de la Fondation Pernod Ricard avec cadeaux arty singuliers : une sélection de pièces signées par des artistes, designers et créateurs – bijoux et objets d’artistes, œuvres multiples et pièces de mode originaux. Avec Bombyx Mama, Galerie MiniMasterpiece, Gilles Drouault, galerie/multiples, Homaar, Ker Xavier, Marianna Ladreyt, More Projects, Sophie de Bayser, We Do Not Work Alone.
Fondation Pernod Ricard⎢1 cours Paul Ricard – Paris 8 (M° St-Lazare)
Villes Vivantes – 19h30
Lancement de Villes Vivantes – Histoires de réconciliations entre ville et nature par l’agence TER, publié à l’occasion de l’exposition de l’agence TER au WAOO, centre d’architecture et d’urbanisme à Lille, qui observe comment les habitants, architectes, urbanistes et paysagistes de différents continents, latitudes, climats et contextes culturels contribuent à la fabrique d’une ville plus vivante. L’exploration d’une révolution culturelle et urbaine qui s’opère autour du vivant, à l’échelle de notre planète.
Librairie Volume⎢47 rue N.D. de Nazareth – Paris 3 (M° Strasbourg St-Denis)
Jeudi 08 décembre
Confédération européenne du Lin et du Chanvre – 09h15
Conférence de presse pour le lancement de la nouvelle identité de la CELC. Nouveau nom, nouvelle identité et ambitions, la trajectoire de la filière.
Confirmer auprès de : odile.idkowiak@europeanflax.com
Linen Dream Lab⎢15 rue du Louvre – Paris 1 (M° Louvre Rivoli)
Jakmousse +- Art Design Experiment – 12h / 15h
Présentation presse et inauguration du laboratoire artistique innovant de résidences, créations, expositions et rencontres au sein de l’entreprise Jakmousse dont l’activité est centrée sur l’industrie du caoutchouc naturel. Un centre ouvert aux plasticiens, designers, architectes, chorégraphes, performers…
Exposition « Relations en tension #2 » (08/11-12) de projets inédits d’artistes et designers, en lien avec le latex. Avec François Azambourg, Rebecca Fabulatrice, URL Fighters, Claude Courtecuisse…
Inauguration et soirée festive samedi 10-12 à 18h.
Jakmousse⎢126 rue de Rosny – Montreuil 93 (M° Mairie de Montreuil)
Design d’interface – 14h / 15h30
Conférence proposée par le Design Spot, de Xavier Auffret, designer et co-fondateur de l’Atelier universel, sur le design d’interface. Mise en contexte du champ d’application au sein du design en général et étude des circonstances de son émergence. Principes et bonnes pratiques pour concevoir des interfaces efficaces et désirables.
Animé par Yoann Montenot, chargé de projets au Design Spot.
Inscription ici
Arty-Show – 18h / 21h30
Vernissage de l’exposition de Roseline Delacour au sein de l’exposition collective d’art contemporain Arty-Show (06/11-12).
Confirmer auprès de : delacour.roseline@gmail.com
Luxury Living Store⎢18 av. George-V – Paris 8 (M° George V)
De sCtokes en Stocks – 18h / 22h
Vernissage dans le stockage immersif de Régis-R (10/11-12). Solo show du designer Prince of Plastic !
La Shampouineuse⎢19 rue de la Nouvelle France – Aubervilliers 93 (M° Mairie d’Aubervilliers)
Beau&Bien – 18h30
Festivités de fin d’année pour vous préparer à accueillir les sublimes nouveautés en gestation de 2023 ! DJ et Cocktail au showroom Beau&Bien.
Beau&Bien⎢6 rue du Parc Royal – Paris 3 (M° Chemin Vert)
Les Futurs de l’Économie Circulaire – 18h30 / 22h30
Soirée Circular Challenge Citeo, 1er accélérateur de projets à impact consacré à l’économie circulaire.
Présentation du programme d’accélération de Citeo. Suivie du cocktail.
Sur inscription ici
Musée du quai Branly⎢37 quai Branly – Paris 7 (M° Alma-Marceau)
NØ LAB – 19h
Rencontre et performances « NØ LAB : Cyber-sororité » autour des pratiques féministes dans le numérique. Les artistes invitées sont des exploratrices qui interrogent le monde par le prisme des expériences et des récits de femmes (de la recherche artistique sur les sorcières, l’écoféminisme ou encore la science-fiction pour créer de nouveaux mondes).
Avec Dvora Levy, Juliette Lizotte, Claire Williams.
Billetterie ici
La Gaîté Lyrique⎢3 bis rue Papin – Paris 3 (M° Réaumur-Sébastopol)
Viveka Bergström – 19h / 21h
Vente privée de bijoux créateurs de Viveka Bergström à -20%.
Viveka Bergström⎢23 rue de la Grange aux Belles – Paris 10 (M° Goncourt)
Vendredi 09 décembre
Nouveaux sièges à St-Eustache – 10h
Conférence de presse autour du nouveau projet de Constance Guisset, un banc dessiné spécifiquement pour l’église St-Eustache, empilage et réversible d’un simple geste grâce à un dossier basculant.
Église St-Eustache⎢140 rue Rambuteau – Paris 1 (M° Les Halles)
The Makers Project – 14h / 19h
Présentation Presse (sur invitation) des œuvres issues de « The Makers Project » de The Balvenie chez Baccarat ; événement d’exception autour de la retranscription de La Part des Anges par 3 artistes : Emmanuelle Roule, céramiste et designer, Anaïs Galpin, créatrice de pâtisseries végétales, et Guillaume Grando (alias Supakitch) artiste pluridisciplinaire, suite à leur voyage en Écosse à la découverte de la distillerie et de l’artisanat The Balvenie, référence des single malts écossais.
Uune expérience de dégustation, artistique et sensorielle autour du whisky The Balvenie, en présence des créateurs des œuvres et de Damien Anglada, ambassadeur The Balvenie.
La Maison Baccarat⎢11 pl. des États-Unis – Paris 16 (M° Boissière)
Créations originales – 14h / 22h
Vernissage (09/10-12) de l’exposition collective « Créations Originales » (09/16-12). Présentation des dessins et livres de l’artiste Stéphane Drillon, au cours de ce marché de Noël artistique.
Galerie du Montparnasse⎢55 rue du Montparnasse – Paris 14 (M° Edgar Quinet)
OpenStudio – 15h / 19h
Au surlendemain de la St-Nicolas et à la veille de la Ste-Lucie, entre magie et lumière, portes ouvertes de l’atelier de l’artiste Dario Imbo autour d’une exposition confidentielle de ses dernières créations gravées.
Partagez un brindisi prenatalizio !
Atelier Dario Imbo⎢26 rue Vignon – Paris 9 (M° Madeleine/Havre-Caumartin)
Samedi 10 décembre
R.A.S
Dimanche 11 décembre
Les dimanches au coin du feu – 14h / 18h
Portes ouvertes de la Galerie Sinople pour des rencontres avec les artistes, des moments d’échanges et découvrir la nouvelle proposition « Œuvres choisies » autour d’un feu de cheminée et de quelques spécialités d’ici et d’ailleurs…
Sinople Hôtel de Retz⎢9 rue Charlot – Paris 3 (M° St-Sébastien-Froissart)
Lundi 12 décembre
«L’architecture en ses écoles – une encyclopédie » – 19h
Rencontre avec Amandine Diener et Daniel Le Couédic autour des l’enseignement de l’architecture en France. Transformé au fil du XXe siècle, il s’est démocratisé et féminisé, a connu l’essor de l’urbanisme et l’activisme du Mouvement moderne, le primat de nouvelles techniques et matériaux et bien sûr la profonde évolution des programmes.
Inscription obligatoire ici
Cité de l’architecture et du patrimoine⎢7 av. Albert de Mun – Paris 16 (M° Trocadéro/Iéna)
La Source – 20h
25e édition de la traditionnelle vente aux enchères au profit de la Source (Exposition des œuvres 10/12-12) : 50 artistes et designers qui transforment la chaise Atelier d’Artek, dessinée par le studio TAF, et offerte par Vitra. Vente sous le marteau de Frédéric Chambre de la maison Piasa.
Carton d’invitation ici
Hôtel de l’Industrie⎢4 pl. St-Germain-des-Prés – Paris 6 (M° St-Germain-des-Prés)
Du 6 au 9 novembre, durant EquipHotel, Intramuros a co-animé des cafés-débats avec l’Ameublement français, sur leur stand baptisé Interior Design Center. Ont été abordés des sujets liés à la conception d’espaces CHR, la mutation et le développement du marché. Retrouvez le résumé des échanges du 9 novembre sur la thématique : penser l’hôtellerie de demain.
Six intervenants ont partagé leurs points de vue :
- Emilie André, directrice de création, Studio Jean-Marc Gady
- Anthony Bezin, Directeur des opérations, Veluestate et directeur général de LifeHotels
- Donation Carratier, architecte d’intérieur CFAI, atelier Donatien Carratier
- Chafik Gasmi, architecte d’intérieur et designer, Chafik Studio
- Boris Gentine, directeur de création et associé, Saguez & Partners
- Alix Thomsen, archi d’intérieur et décoratrice, studio Alix Thomsen
Comment faire évoluer les usages et les services à l’hôtel ? C’est la question centrale qui a servi de fil conducteur aux échanges, pour mieux appréhender l’évolution de l’expérience client.
Quels sont les nouveaux concepts qui apparaissent dans le paysage du contract ?
LifeHotels est un nouveau concept d’hôtellerie imaginé par Anthony Bezin, et créé en mars 2020 « au moment où on avait tous le temps de penser ». Un concept déployé sur deux hôtels à Marseille et à Bordeaux : « LifeHotels propose une offre d’hôtellerie économique qui essaye de révolutionner l’équilibre entre l’emplacement, la taille des chambres, le cycle de vie des produits et le prix proposé au client. » Au service de base ont été ajoutés une salle de fitness et un espace de coworking, puisque le point le plus important du concept est de permettre une utilisation hybride des espaces : « On ne va pas se revendiquer comme lifestyle, on va justement être un peu plus neutre dans l’esprit que l’on dégage avant de laisser le client utiliser l’espace comme il le souhaite » ajoute Anthony Bezin. En parallèle, les équipes de LifeHotels ont intégré un engagement RSE à leur démarche (meilleur tri des déchets, choix dans les matériaux utilisés).
Dans quelle mesure l’hybridation ne serait pas l’avenir de l’hôtellerie de demain ?
L’architecte d’intérieur Donatien Carratier insiste sur la nécessité de réinventer les concepts et les possibilités d’expériences proposées au client : « L’hôtel ne devrait-il pas se questionner sur ce qu’il est vraiment, à savoir une agora, un lieu de connexion entre la rue, le quartier et la ville ? Et là, la notion d’hybridation prendrait tout son sens. » Une hybridation qui peut se faire sur plusieurs plans, selon Boris Gentine : « On a de plus en plus de marques qui jouent le jeu de l’hybridation comme Yves Rocher avec l’hôtel-spa de La Grée des Landes en Bretagne, Maison du Monde Hôtel & Suites à Nantes ou encore Muji hôtel. » Une manière pour ces marques d’exprimer un ADN « art de vivre » : « Les lieux doivent favoriser l’échange et les rencontres. Et que l’on soit un hôtel, un bureau ou un magasin, cette logique est la même pour tous. »
Hôtel de nuit vs hôtel de jour, deux expériences en une
Pour Donatien Carratier, c’est en jouant sur la gestion de temporalité jour/nuit, que l’hôtel peut se réinventer, et que l’hybridation peut prendre forme : « L’hôtel agora crée un lieu de convergence sur son entourage, avec un intérêt pour le client et pour l’opérateur. » Une convergence qui s’effectue par la prise en compte de l’environnement de l’établissement, rappelle Alix Thomsen : « La vie qu’il y a autour vient enrichir les expériences et faire en sorte que l’hôtel ne soit plus simplement un lieu où l’on vient dormir, mais un lieu où l’on vient vivre. »
L’hôtel : le futur du retail ?
En présentant le projet d’hôtel qu’il a réalisé pour Baccarat, Chafik Gasmi revient sur les passerelles possibles entre le retail et l’hôtel : « Je pense que le futur de l’hôtel, c’est le retail. Le métier de l’hôtel fondé sur les fondamentaux, c’est l’ancienne époque. » Il évoque notamment un espace inspirant pour le client qui lui permette par exemple de pouvoir acheter facilement des produits présentés dans les établissements, aussi simplement que l’on commande sur Internet aujourd’hui.
Faire parler les équipes
Pour donner vie aux concepts, il faut intégrer au maximum l’ensemble de l’équipe qui va intervenir dans l’établissement. Dans un de ses projets en cours, Chafik Gasmi a fait appel à tous les intervenants de l’hôtel. Ainsi, ils ont défini ensemble les enjeux du projet : « Les équipes font également partie du succès d’un établissement. » Une façon d’associer les équipes aux projets, qu’il s’agisse du dessin qui reste une première approche « réaliste » ou une projection 3D. « Il faut être juste, honnête et ne pas faire une image pour vendre, mais qui soit le support d’un projet et d’une réalité » précise Donatien Carratier.
Comment définir l’expérience client ?
« Elle commence avant tout par une expérience humaine » selon Boris Gentine, et se fonde sur la conjugaison d’une expérience sensorielle liée à une part d’inattendu. Alors, comment improviser des moments de rencontres, des surprises ? Et comment transformer l’hôtel en une forme de théâtre ? Il explique : « On peut inventer ces usages et ces moments de vie en tant qu’architecte d’intérieur, mais on a surtout besoin des clients et de cette appétence pour ramener cette vie et cette sensorialité dans les espaces. »
Alix Thomsen, qui a dessiné le projet de l’hôtel Paradisio, précise que l’expérience client doit être scénarisée dès le brief, et doit donc inclure le mobilier. Dans ce concept, le cinéma s’invite dans la chambre. L’hôtel se compose de chambres « standards » qui reprennent les codes de la salle de cinéma, mais également d’autres espaces de partage de salle. Et pour ce type d’expérience, concevoir le mobilier sur mesure est indispensable : un bon accompagnement des fabricants est essentiel. Ce sur quoi Boris Gentine rebondit : « C’est important d’être accompagné, mais aussi d’être écouté. C’est donc bien d’avoir un agenceur qui soit créatif, qui ait des idées et ouvert aux propositions et à la discussion. »
Ce dialogue avec le fabricant est primordial pour Emilie André, directrice de création du studio Jean-Marc Gady : « Nous avons autant à apporter à nos fabricants qu’eux ont à nous apprendre. C’est cet échange qui nourrit la créativité et permet de dépasser nos acquis respectifs, puisque nous n’avons respectivement pas le savoir absolu. Notre rôle est celui d’être le catalyseur entre tous ces savoir-faire afin de créer un langage perceptible pour tous. » Le dialogue avec les fabricants en amont des projets est d’autant plus important car il permet de « créer une relation de confiance » au moment de la conception, pour reprendre les mots d’Alix Thomsen.
Des programmes d’accompagnement des fabricants
Cathy Dufour, déléguée générale de l’Ameublement Français, présente quelques initiatives mises en place en collaboration avec les fabricants : « Nous avons des fabricants qui font énormément de choses, mais qui ne savent pas le mesurer. » Elle mentionne notamment une estimation de décarbonation à l’horizon 2030 et 2050 pour la filière de l’ameublement : « Un meuble fabriqué en France est en moyenne 42 % moins polluant qu’un meuble importé. » Elle fait également remarquer que la France est un pays référence en termes de « production propre », et que la fabrication française est donc à privilégier au maximum pour des résultats concluants au niveau écologique, éthique mais également économique.
Prendre des risques à tous les niveaux
Pour que ces nouveaux codes de l’hôtellerie soient explorés, c’est aussi aux porteurs de projets d’être proactifs, comme en est convaincu Boris Gentine : « Il va falloir prendre des risques à tous les niveaux. Il faut que tout le monde s’y mette pour accompagner ces changements. L’avenir appartient aux audacieux, mais ça, on le savait déjà, alors allons-y. »
Du 6 au 9 novembre, durant EquipHotel, Intramuros a coanimé des cafés-débats avec l’Ameublement français, sur leur stand baptisé Interior Design Center. Ont été abordés des sujets liés à la conception d’espaces CHR, la mutation et le développement du marché. Retrouvez le résumé des échanges du 8 novembre portant sur la responsabilité RSE dans un projet CHR.
Sept professionnels ont accepté de débattre :
- Marie Carcassonne, gérante et fondatrice de la société Dyn-amo
- Thomas Delagarde, architecte d’intérieur et designer, Thomas Delagarde studio
- Thomas Garmier, CEO, the Great Hospitality
- Maxime Legendre, directeur marketing & commercial, Evertree
- Solenne Ojea-Devys, directrice générale, Okko Hôtels
- Bérangère Tabutin, architecte d’intérieur CFAI, studio BBonus
- Léa Querrien, cheffe de projet, Valdelia
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La RSE dans le milieu de l’hospitality : quels constats ?
Une enquête préalable à EquipHotel indique que 94 % des personnes interrogées sont sensibles au positionnement RSE d’un hôtelier, et parmi les 18-25 ans, un sur deux affirme que cela impact leur choix de réservation. Des chiffres parlants qui montrent l’intérêt croissant, voire l’engagement de la clientèle. Mais qu’en est-il aujourd’hui pour les porteurs de projets ?
Si la loi AGEC (loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire) encadre les chantiers publics, Solenne Ojea-Devys, directrice générale du groupe Okko Hotels, explique qu’il n’existe pas d’équivalent pour les chantiers privés. Dès lors, dans les projets hôteliers, le suivi d’une démarche RSE résulte davantage d’une volonté du donneur d’ordre : « D’une part, on a envie d’afficher une bonne volonté au niveau de la RSE. D’autre part, nos investisseurs cherchent à investir dans des bâtiments plus verts. Et l’objectif final des deux côtés est de réussir à baisser le coût de la facture. » Pour autant, sur la question du mobilier, elle constate que c’est encore un « no-man’s land » qui n’est pas du tout encadré et que les décisions sont ainsi faites au bon vouloir du décisionnaire final, à savoir celui qui paye à la fin.
Un constat : des mentalités qui évoluent
S’inscrire dans une démarche RSE dans une réponse à un appel d’offres est important, car les donneurs d’ordre y sont de plus en plus attentifs. Pour autant, ce n’est pas encore déterminant pour le remporter. En revanche les mentalités évoluent indéniablement, et outre l’explication d’une démarche, il existe aussi de plus en plus de structures et de réseaux sur lesquels s’appuyer pour s’inscrire dans une dynamique RSE. Marie Carcassonne témoigne ainsi de la mission de la société Dyn-amo, au service des propriétaires, des opérateurs et des designers pour acheter dans les meilleures conditions possibles le mobilier prescrit par les décorateurs : « Notre rôle est un peu particulier car nous agissons en tant que tiers. Ce n’est pas nous qui achetons, qui prescrivons ou qui fabriquons, nous agissons dans la chaîne en tant que tiers-conseil. » La société accompagne et propose des actions plus responsables aux différents acteurs intervenants dans un projet CHR.
Par ailleurs, si certains clients sont encore très réticents au changement, d’autres au contraire sont très volontaires et porteurs d’idées. Un constat que Thomas Garmier, CEO de The Great Hospitality rejoint en tant que porteur de projets : « La RSE est devenue un enjeu global et ceux qui ne l’ont pas compris ne vivent pas dans le même monde que nous. Nous avons tous une responsabilité et celle-ci passe par tous les acteurs d’un projet. » De plus en plus d’éco-organismes existent aujourd’hui et favorisent une meilleure gestion des déchets, du mobilier de seconde main, l’appel à des entreprises spécialisées dans le recyclage de matériaux… Des innovations qui se traduisent dans le travail concret du KoMuT, de la société Krill Design ou de l’Atelier Déambulons selon Thomas Garmier. Ces initiatives peuvent être mises en avant grâce aux différents canaux de communication qui sont multiples aujourd’hui, et plus particulièrement sur les réseaux sociaux.
Comment convaincre le client d’adopter une démarche RSE ?
Il est nécessaire d’expliquer, d’informer, pour que le client se sente impliqué. Pour Bérangère Tabutin, architecte d’intérieur, membre du CFAI, qui a géré divers projets inscrits dans une démarche RSE, l’idée est d’aller le plus loin possible, et de ne pas s’arrêter au greenwashing : « Le promoteur a besoin de pouvoir communiquer sur les produits et de savoir de quoi on parle. Sur l’un de mes derniers chantiers, on a fait un reporting photo de l’avancée du chantier, en allant faire des visites d’usines pour montrer concrètement au client les actions. Cela nous a permis d’aller au-delà des 20 % de mobilier recyclé. » Pour sensibiliser les acteurs, l’éco-organisme Valdélia agit également en accompagnant toutes les parties prenantes d’un projet d’aménagement. Un suivi qui doit se faire le plus tôt possible selon Léa Querrien, cheffe de projet innovations chez Valdélia : « On ne peut pas consommer et aménager un espace en économie circulaire ou tout simplement responsable en s’y prenant du jour au lendemain, il faut y réfléchir en amont. »
Marie Carcassonne et l’équipe de Dyn-Amo ont adressé un questionnaire à tous leurs fournisseurs dans le but de connaître leurs démarches mises en place. « Je pense qu’il y a un vrai marché à prendre, rien qu’en regardant le résultat du questionnaire : seulement 10 % des fournisseurs que nous avons contactés ont apporté une réponse, pas toujours exploitable. » Comment Dyn-Amo procède à son sourcing ? « On tâtonne beaucoup le terrain. Nous faisons de la recherche active en participant à des salons, en nous abonnant à des newsletters pour connaître les nouveaux fournisseurs… » explique Marie Carcassonne. Dans le milieu professionnel, le réseau est essentiel. Le Pôle Action, association issue du Conseil français d’architecture d’intérieur (CFAI) , dont Bérangère Tabutin est membre, permet d’échanger des informations sur des pratiques, des expérimentations, des tests de matériaux.
Le rôle du designer dans la démarche RSE
Thomas Delagarde, architecte d’intérieur et designer, fondateur de son studio en 2019, est en adéquation avec cette idée de travailler les projets en amont. Dans le cadre d’un récent projet avec Adagio, ce n’est pas sur les ressources de matériaux qu’il a appuyé sa réflexion, mais plutôt sur l’aménagement d’espace : « Nous avons réfléchi à la manière dont on habite l’espace, dont on consomme le mobilier. Le projet est né d’un constat : dans un appartement de 4 personnes, seulement 2,4 y sont réellement. On a donc une partie du mobilier qui est en trop. Avec Adagio, j’ai donc imaginé du mobilier modulable multi-usage, disponible pour les espaces chambres, mais également pour les parties communes. »
Un manque d’outils et de méthodologies
Manque de data sur les résultats des actions, manque d’outils d’analyses, de formations, démultiplication des labels… Solenne Ojea-Devys déplore une vision nébuleuse d’informations, et une difficulté à quantifier et mesurer les effets : « Nous n’avons pas encore tous les outils et toutes les réponses, donc il faut souvent faire des choix. Plus il y aura des choses concrètes à mesurer, et également faciles à communiquer à son client final, et plus on pourra avancer. » Au vu du manque d’informations ou de la réticence de certains tiers, il faut donc se fixer des objectifs concrets : « Il faut mettre l’accent sur quelques actions précises afin que le fabricant ou le client puisse s’y retrouver » explique notamment Marie Carcassonne. Une idée que rejoint Thomas Garmier, qui évoque l’importance de développer une relation de confiance entre tous les acteurs pour mener à bien un projet. Et c’est en ayant cette relation qu’un écosystème va se créer. Maxime Legendre expose notamment que chez Evertree, leur qualité de précurseur a permis de leur créer un statut de référent qui rassure. Il conclut son propos : « C’est en étant force de proposition qu’on arrive à créer un mouvement et une dynamique. On ne veut généralement pas être le premier à se lancer, mais on ne veut pas être le dernier non plus. »
Rendre visible l’invisible
Au-delà du fait de mener des actions, les rendre perceptibles au plus grand nombre est un travail à faire sur une plus grande échelle. Chez Evertree notamment, Maxime Legendre explique qu’en tant que fabricant de résine, matériau « invisible » à l’œil nu, la nécessité de sensibiliser sur les résultats visuels pour la santé et la qualité de l’air a été un point important à prendre en compte pour justifier leur démarche.
Autre moyen de rendre visible : l’étiquetage environnemental. Sur ce point, Marie Carcassonne a suivi une formation avec le FCBA afin de l’adapter ensuite à son mobilier et de communiquer sur ce point avec le fabricant après. Pour autant, cette initiative n’est pas sans difficulté, puisque pour du mobilier catalogue, c’est réalisable mais pour du mobilier sur mesure de petites séries, le fabricant aura moins d’intérêts à suivre ces démarches. Une autre solution intéressante : encourager les petites entreprises à s’engager, comme l’explique Bérangère Tabutin : « Après avoir convaincu le client, il faut réussir à expliquer ce que l’on a trouvé, ce qu’il y a d’intéressant dans ce produit sur le long terme. »
Un virage à ne pas manquer
S’il n’y a pas de cadre fort législatif, de réseaux d’informations bien explicites, qu’il faut convaincre, tous les participants insistent sur le fait que les mentalités changent. Il faut continuer à être proactifs dans ce domaine, à toutes les échelles, du bâti à l’aménagement, du matériau au réemploi… Et trouver les équations budgétaires, quitte à repenser la notion même d’investissement dans une projection plus large.
Le mot de la fin reviendra à Bérangère Tabutin dont le dernier projet de campus d’étudiants (Résidence Ecla à Noisy-le-Grand), obtenu lors du premier confinement, résume bien la tendance à prendre : « J’ai répondu à cet appel d’offres en décidant d’y mettre tout ce dont j’avais envie : développement durable, intelligence collective… Et c’est ça qui me l’a fait remporter. Depuis deux ans, j’ai appris énormément de choses, j’ai rencontré beaucoup de monde. C’est un sujet sur lequel on devient rapidement un moteur. Donc il faut se lancer, c’est le moment ! »
Du 6 au 9 novembre, durant EquipHotel, Intramuros a coanimé des cafés-débats avec l’Ameublement français, sur leur stand baptisé Interior Design Center. Ont été abordés des sujets liés à la conception d’espaces CHR, la mutation et le développement du marché. Retrouvez le résumé des échanges du 7 novembre autour de la fin des standards.
Pour débattre, neuf intervenants ont répondu présents :
- Philippe Denavit, président du groupe Malvaux et membre du Conseil d’Administration de l’Ameublement Français
- Flore-Anne de Clermont, responsable innovation, Valdélia
- David Dalidec, architecte d’intérieur, agence David DALIDEC
- Kelsea Crawford, architecte d’intérieur co-founder CEO, Cutwork Studio et son associé, l’architecte et designer Antonin Yuji Maeno
- Laurent Maugoust architecte d’intérieur et directeur, agence Laurent Maugoust Architecture
- Arnaud Berthereau, architecte d’intérieur et directeur, studio Briand&Berthereau
- Alban Ruggiero, fondateur, groupe MELT
- Frédéric Alzeari, directeur de création, RF Studio
Tandis que l’expérience client à l’hôtel est en constante évolution, peut-on aujourd’hui continuer de parler de standards à l’hôtel ou bien sommes-nous au contraire en train d’évoluer vers une déstandardisation ?
Réinventer la cellule traditionnelle de la chambre
Pour ouvrir ce débat sur les standards, Alban Ruggiero, président de MELT fondé en 2016, définit le concept défendu par son groupe comme étant de l’hôtellerie hybride non-standardisée. Pour expliquer cette idée, il évoque notamment son dernier projet mené avec le studio Briand&Berthereau, la marque Jost à Bordeaux : « Chez nous, aucun hôtel n’est fait pareil. On a fait le choix de ne jamais prendre les mêmes décorateurs et architectes sur nos projets afin d’avoir à chaque fois une nouvelle vision de l’hôtellerie. » Une vision fondée sur une programmation variée des services de l’hôtel, qui se ressent dans la conception même des espaces, puisque chez Jost, les espaces communs ont été pensés avant les chambres. Et pour cause : chez Jost, le rez-de-chaussée est un cabaret qui propose 4 à 5 événements par semaine sous différentes formes. La fonction d’hébergement est également revue pour accueillir une clientèle hybride : plusieurs types d’espaces sont proposés en fonction des moyens financiers, dortoirs, chambres familiales, suites de luxe… Cette idée d’accueillir un public diversifié répond aussi à une volonté de favoriser les échanges entre ces différentes populations.
L’architecte d’intérieur David Dalidec évoquera de son côté une recherche d’expérience à l’hôtel. « On sort petit à petit de la cellule traditionnelle dans laquelle on sait ce qu’on vient faire à l’hôtel. Aujourd’hui, on est plutôt dans une recherche d’émotions et de sensations. »
Fort de son expérience de plus de 20 ans dans le domaine avec une soixantaine d’hôtels à son actif, l’architecte d’intérieur Laurent Maugoust connaît parfaitement les standards : « Le standard est universel en hôtellerie : on pousse la porte, on rentre dans un couloir, il y a une salle de bains à gauche, un placard à droite, une fenêtre en face avec un lit, une table de chevet et une télé. Malgré tout, en voyant comment les standards peuvent évoluer, cela nous pousse à être novateurs. » Il évoque une adaptation plutôt qu’une réinventation des standards.
L’hôtel n’est plus un vase clos
La réadaptation de la chambre, la prise en compte de l’expérience client est une traduction directe des évolutions des usages. Pour Frédéric Alzeari, directeur de création chez RF Studio : « Aujourd’hui, il est important de reconnecter l’hôtel au reste de la ville, on parle alors de Social Hub, et cela permet de créer des liens. Je ne pense pas que la déstandardisation soit simplement esthétique, elle passe aussi par l’expérience et les services proposés. » Un point de vue partagé par Kelsea Crawford, cofondatrice de l’agence d’architecture Cutwork, qui souhaite faire évoluer les espaces à travers l’expérience recherchée par les clients :« Le concept d’hybridation de l’hôtel est le futur selon moi. Il y a aujourd’hui de plus en plus de choses à prendre en compte, et il faut être le plus souple possible dans chaque opération. » En fonction de la durée de séjour du client, il faut pouvoir proposer une offre la plus complète possible, à travers l’intégration d’un espace cuisine dans les chambres par exemple. Autre défi qu’ils se sont lancé : proposer une multitude d’usages dans un seul espace, comme c’est le cas de leur projet avec Bouygues où une chambre de 20m2 pourra décliner cinq utilisations différentes.
Déstandardiser la chambre ?
Pour Frédéric Alzeari, « pour déstandardiser, il faut vraiment sortir de la norme. » Pour autant, il évoque la nécessité de respecter certains standards sur le plan légal d’une part, mais surtout pour parfaire aux attentes du client. Il y a des contraintes matérielles pour les tailles de lit, la présence de certains meubles ou non. Ainsi, casser les standards peut s’avérer périlleux, comme l’explique Alban Ruggiero : « Pour tous nos projets, on définit dès le début une liste de fonctions de la chambre avec une vision précise de ce que l’on veut proposer au client. Mais finalement, ce qui est difficile, c’est de créer une chambre qui soit nouvelle et que lors du résultat final, on puisse se dire : oui, ça change et ça fonctionne. »
Si la plupart des chambres restent donc très ancrées dans les standards et respectent des chartes très précises (cf éléments précédemment cités par Laurent Maugoust), les architectes d’intérieur et designers considèrent l’évolution des usages dans cet espace : on y dort, on s’y détend, on y travaille, on y fait des visio, on s’isole… Comme l’exprime Arnaud Berthereau : « Je ne sais pas ce qu’est le standard, et je ne sais pas si le standard d’hier est celui d’aujourd’hui et vice-versa, mais ce qui me paraît certain, c’est qu’en tant que designer ou architecte d’intérieur, on doit être un peu le catalyseur des usages qui se trouvent dans les hôtels et particulièrement dans l’espace chambre. » Pour sa mission sur l’hôtel Jost, un travail a été fait sur la compacité de la chambre, afin de proposer un espace dans lequel le client se sente bien et qui puisse avoir différents usages qui sortent justement de ces « standards ». Pour Laurent Maugoust, l’objectif principal sera toujours de surprendre le client, en trouvant un équilibre entre ce qu’attend le client et ce qu’il découvre, un équilibre qui va nourrir son expérience.
Vers la chambre reconfigurable ?
Antonin Yuji Maeno du studio Cutwork rebondit en évoquant notamment les washitsu, les chambres standards traditionnelles japonaises : « Ces chambres n’ont pas d’usage prédéfini. Ce ne sont pas des chambres à coucher, des chambres à dîner, des chambres à travailler ou à faire la sieste. Il s’agit simplement d’une chambre qui est ouverte et dans laquelle on va déplacer des panneaux coulissants et y ajouter un futon et une table pour créer ensuite un espace chambre. » Un principe qu’ils ont repris dans certains de leurs projets, où la télé peut par exemple être nichée derrière un panneau ou se dévoiler grâce à un système de rétroprojecteur. Ces espaces s’adaptent donc aux usages de chaque client : « On pense que le nouveau standard, c’est le washitsu, qu’il est reconfigurable et adaptable » conclut-il.
Dans cette logique, le travail de RF studio avec Ligne Roset pour Novotel propose un éclairage intéressant, comme en témoigne Frédéric Alzeari : « Nous avons pensé la chambre comme n’étant pas un objet figé mais capable d’évoluer pour s’accorder à l’esthétique de son temps, composée d’éléments qui puissent être remplacés plus facilement. » Cette pratique induit une démarche plus écologique, puisque la chambre n’est plus changée tous les cinq ans, mais elle évolue en continu.
La dimension écologique dans la conception d’hôtel : un passage évident ?
La question de l’écologie arrive au cœur du débat et permet de pointer les efforts qu’il reste encore à faire malgré quelques avancées. En effet, d’après Flore-Anne de Clermont, responsable innovation chez Valdélia, 90 000 tonnes de mobilier sont jetés dans les bennes chaque année. Un chiffre encore trop important, mais qui pourrait diminuer si l’on communique différemment concernant le sujet du réemploi. « Plus on anticipe les besoins des clients et plus on pourra faire durer les produis plus longtemps et ainsi éviter le gâchis de mobilier. Les industriels ont une expertise à apporter, car ils ont une réelle connaissance fine des matériaux, du mobilier. » Un aspect d’up-cycling que Philippe Nalivet prend également très à cœur en tant qu’industriel, mais qui nécessite un travail de sensibilisation auprès des clients et en amont, dès la conception du meuble.
En parallèle, David Dalidec expose un autre chiffre fort : 60 % des clients sont prêts à payer plus cher pour accéder à des hôtels plus responsables. Et cette responsabilité passe à la fois par la mesure de l’empreinte carbone de son travail, en collaborant avec des acteurs locaux, en utilisant le plus de matériaux recyclés et qui soient le plus pérennes possible. L’objectif : évoquer une prise de conscience chez le maître d’ouvrage et ainsi lui proposer des actions concrètes.
Penser l’hôtel dans un hypercontexte ?
Pour tous, l’hôtel est aujourd’hui pensé comme un lieu transversal dans les activités, hybride dans les rencontres, poreux à l’écosystème qui l’entoure. Nécessairement multi-programme, il fait face à une activité complexe, dans une temporalité qui doit être gérée avec des espaces qui s’adaptent. C’est un lieu de vie. Pour Frédéric Alzeari, RF Studio nourrit sa vision de l’hôtellerie, par la diversité de son expérience : « Travailler sur des projets autres que ceux de l’hôtellerie, permet d’avoir une vision holistique des différents domaines d’application de l’architecture d’intérieur. » Il conclut en revenant sur l’importance de connaître le contexte (économique, industriel, géographique), car la standardisation se pose de ce point de vue-là : « C’est en se posant ces questions liées au contexte que l’on arrive à obtenir de nouvelles réponses. »