Actualités
La marque de vélo britannique Hummingbird a mis au point un modèle inédit composé d’un cadre en fibre de lin et d’un guidon en fibre de carbone. L’un des modèles de vélo électrique le plus léger du marché.
Il s’agit sûrement du vélo le plus durable et le plus léger du monde. En effet, ce dernier ne pèse que 7 kg et est construit à partir d’un matériau pionnier en fibres végétales. Ce modèle, c’est le Flax Folding Bike, conçu par les ingénieurs de Hummingbird et développé par la société Prodrive, un leader mondial du sport automobile.
Son cadre en lin est aussi léger que son prédécesseur en fibre de carbone, et conserve la même force et la même élégance. Mais le modèle en lin possède un pouvoir supplémentaire : la durabilité. Déjà utilisé en sport automobile comme alternative à la fibre de carbone, ce nouveau modèle par Hummingbird vient mettre au goût du jour la puissance du lin pour un modèle de ville.
La marque française Pylones organise son premier concours de design, les Pylones Pop Design Awards. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 15 mars 2023.
Depuis 37 ans, Pylones propose des créations pop hautes en couleurs. À l’occasion de sa participation à la 3e édition de France Design Week en septembre dernier, Pylones a décidé d’ouvrir un concours inédit à destination des étudiants et jeunes diplômés en design et arts appliqués sur le thème suivant : « Souriez, vous êtes à table ! ». À l’issue des délibérations, quatre prix seront décernés, dont un « prix du public ».
Pour sélectionner les lauréats, six spécialistes du design se réuniront pour l’occasion :
- Jacques Guillemet, fondateur et président de PYLONES
- Sophie Roberty, designer, artiste et tête chercheuse
- Olivier Védrine, designer et co-fondateur de l’agence [o,o]
- Sophie Chénel, directrice de Procédés Chénel International, entreprise familiale des « architectures de papier »
- Marianne Guedin, diplômée de l’ENSAD en section design d’objet, créatrice de sa propre maison d’édition
- Imke Plinta, urbano-graphiste allemande, enseignante et curatrice d’exposition
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Conditions de participation
Le concours Pylones Pop Design Award est ouvert à toute personne majeure ayant un statut « étudiant » ou diplômé d’une formation en design ou arts appliqués depuis moins de 2 ans. Ce dernier doit également résider en Europe francophone. Les candidats doivent déposer leur candidature avant le 15 mars, seul ou en groupe (dans la limite de trois personnes par groupe). Chaque candidat a la possibilité de soumettre jusqu’à trois œuvres, qu’il peut présenter sous forme d’un dessin assisté par ordinateur ou à main levée, d’une maquette, ou d’un prototype.
Les dates à retenir
Jusqu’au 15 mars 2023 : dépôt des candidatures sur : https://www.pylones.com/fr/content/50-pop-design
Avril 2023 : Présélection des candidats et réunion des membres du jury pour déterminer les 3 lauréats
Du 18 mars 2023 au 15 avril 2023 : ouverture des votes en ligne qui permettra de déterminer le 4e lauréat qui obtiendra le « Prix du public »
Septembre 2023 : Exposition des œuvres des 10 finalistes + cérémonie de remise des prix le 15 septembre 2023 à Paris
La créatrice néerlandaise Linde Freya Tangelder détourne les éléments architecturaux, les matériaux ou les techniques de construction pour imaginer ses œuvres. Entre art et design.
Installée entre Bruxelles et Anvers, Linde Freya Tangelder s’est formée à la Design Academy à Eindhoven, référence en matière de créativité de l’art design, très en vogue en Belgique. Elle fonde son studio en 2014 puis sa marque, Destroyers/Builders, laissant venir à elle les occasions. Depuis qu’elle a été élue Designer de l’année, en 2019, de belles collaborations ont mis en lumière son travail. Avec Valerie Objects, elle crée le canapé modulaire Assemble et l’étagère en aluminium Etage, en édition illimitée. Sollicitée par la marque de luxe Dior, elle participe, en 2020, parmi un panel de designers de renom, au projet de réinterprétation de l’emblématique chaise médaillon. Mais c’est l’italien Cassina qui la propulse sur la scène internationale, lui offrant la possibilité d’éditer du mobilier signature. L’éditeur italien va plus loin, proposant son mécénat pour son exposition personnelle à la Carwan Gallery à Athènes début 2022.
Mais la jeune artiste, plus habituée à la liberté d’expression de la prestigieuse école d’Eindhoven et à son ouverture vers les pratiques concrètes des matériaux, doit se confronter aux contraintes de la production industrielle. Au Salon de Milan 2022, Cassina présente trois poufs et une table basse de la collection Soft Corners signée Linde Freya Tangelder, au même titre que les stars internationales Philippe Starck, Patricia Urquiola, les frères Bouroullec…
Les matériaux de construction comme moyen d’expression
Dans ses recherches sur la matière, la main de la créatrice exploite les techniques de la maçonnerie ou de la taille de pierre, jusqu’à obtenir des finitions à partir des formes architecturales abstraites, réminiscences du mouvement du modernisme. Les finitions brutes et polies à l’extrême des matériaux nobles ou plus communs transforment la volumétrie en objet tactile. Bois massif, fonte d’aluminium, verre soufflé et métal plié sont les matériaux vecteurs d’un paysage imaginaire conçu par l’artiste. Ces pièces de mobilier très abouties ouvrent le champ des possibles entre l’industriel et l’artisanal. Si elles ont une force incroyable, sculpturale, elles exaltent aussi une sensualité douce et résonnent implicitement avec les lieux désaffectés.
Une démarche que l’artiste a fondée avec Brut Collective, avec lequel, complice, elle partage les mises en scène soignées dans une vision commune de la scénographie et de la mise en valeur de leur travail respectif. Ces cinq artistes belges ont la même approche du design et de l’art, plus instinctive, plus organique, voire abrupte, détachée de toute fonction. En se regroupant, le collectif optimise ainsi les expositions en termes de location d’espaces et de logistique. Un moyen fort et intelligent pour acquérir de la visibilité et de la crédibilité à l’international.
Inspirées du célèbre « Ceci n’est pas une pipe » de Magritte, les collections de valerie_objects jouent sur les perceptions et les illusions pour nous en faire voir de toutes les couleurs… et de toutes les formes.
Caneton, flasque, lampe… les designers sollicités l’éditeur belge valerie_objects se sont amusés à jouer avec les illusions et les formes pour penser plusieurs de leurs collections.
Ceci n’est pas un haut de forme
Pour la collection Dishes to Dishes, dont le nom vient de la chanson « Ashes to Ashes » de David Bowie, le designer Glenn Sesting imagine des assiettes et bol qui ont été pensés de manière à ce que l’assemblage de la base de l’une ou de l’autre forme le couvercle de la partie inférieure.
Collection Dishes to Dishes, design Glenn Sesting pour valerie_objects
Ceci n’est pas une lampe
Au premier coup d’oeil, le poivrier de Maarten Bass ressemble à s’y méprendre à une lampe. Pour imaginer cette réalisation, le designer s’est inspiré de l’archétype du moulin à poivre : un cylindre remonté d’une tête ronde.
Moulin à poivre, design Maarten Bass pour valerie_objects
Ceci n’est pas un caneton
Présentée lors d’une exposition à Berlin en novembre dernier, la collection Inner Circle de Maarten Bass est un ensemble d’objets en verre, dont la carafe fait bizarrement penser à un caneton.
Collection Inner Circle, design Maarten Bass pour valerie_objects
Ceci n’est pas un jeu de lancés d’anneaux
Les dessous de plat Trivets de Muller Van Severen sont faits d’un mince contour en acier. Une fois assemblés les uns sur les autres, le mélange de formes offre une oeuvre abstraites aux lignes colorées.
Dessous de plat Trivets, design Muller Van Severen pour valerie_objects
Ceci n’est pas une flasque
Cet ensemble de salière et poivrière pensé par Nendo est fait en bouteilles de verre. L’effet transparent est un élément clé de son travail car il permet de regarder les grains de poivre ou de sel comme des gouttes de pluie à travers une fenêtre givrée.
Ensemble salière + poivrière, design Nendo pour valerie_objects
La Casa de Velàzquez, l’ADAGP et le Mobilier national lancent un nouveau programme pour la valorisation de la laine en ouvrant une résidence de recherche « Laine et Création ». Créateurs, designers, artisans ont jusqu’au 9 mars 14h pour candidater.
L’ADAGP, la Casa de Velàzquez et le Mobilier national annoncent un nouveau partenariat au service de la promotion de la création en France comme en Espagne. Il s’agit de participer à la revalorisation des savoir-faire et filières européennes de la laine, confrontées à des enjeux de relocalisation. Un premier appel à candidature vient d’être lancé pour une résidence de recherche de trois mois à la Casa de Velàzquez à Madrid. Les créateurs (designers, artisans, artistes) ont jusqu’au 9 mars pour déposer un projet de recherche.
Le programme de résidence
La résidence aura une durée totale de 3 mois à la Casa de Velázquez en 2023. Elle sera fractionnée en 2 périodes : du 1er juin au 15 juillet et du 5 septembre au 20 octobre 2023 ;
Le lauréat recevra une bourse de 6 000 € et une enveloppe de 2 000 € pour réaliser un prototype ainsi qu’une prise en charge du transport entre le domicile du lauréat et Madrid.
Seront fournis également un atelier-logement à la Casa de Velázquez, un accès aux installations de l’institution (atelier de gravure et sculpture, studio d’enregistrement et de musique, bibliothèque et salle à manger) et une possible participation à l’exposition CASA&CO.
Selon le calendrier, le lauréat pourra également profiter d’une mise en relation avec la Real Fabrica de Tapices à Madrid et d’un accès à la matériauthèque et au nuancier du Mobilier national.
Rétroplannning
- Date limite de réception des dossiers : 9 mars 2023 à 14h
- Annonce des 4 artistes présélectionnés: 21 mars 2023
- Remise des éléments complémentaires : 18 avril 2023
- Réunion du jury et désignation du lauréat : 21 avril 2023
- Résidence (1ère phase) : 1er juin au 15 juillet 2023
- Résidence (2ème phase) : 5 septembre au 20 octobre 2023
Le dépôt de candidature se fait via ce lien sur site de l’ADAGP.
Pour célébrer son 120e anniversaire, l’horloger espagnol Festina dévoile un modèle spécial en édition limitée.
Si on ne peut suspendre le cours du temps, on peut au moins le célébrer. Pour ses 120 ans, Festina dédie une montre en édition limitée pour les passionnés de la marque, synonyme de qualité, de style et de précision. Un modèle automatique, dont la production est limitée pour la France avec seulement 120 pièces numérotées pour homme et 120 pièces numérotées pour femme. Des pièces authentiques, caractérisées par des standards techniques élevés, une qualité « France Ebauches » et un design raffiné.
Un modèle authentique et singulier
Disponible en version homme – F1902/1 – et femme – F0120/1 -, chaque modèle est le résultat d’une conception haut de gamme : la montre est dotée d’un boîtier en acier inoxydable de 41,5 mm pour l’homme et 34 mm pour la femme, d’une lunette cannelée et d’un bracelet en cuir marine façon crocodile, surpiqûres blanches conférant une touche de style artisanal.
Pour célébrer son 120e anniversaire, l’horloger espagnol Festina dévoile un modèle spécial en édition limitée.
Depuis début décembre, les fidèles comme les visiteurs de l’Eglise Saint-Eustache ont découvert les nouveaux bancs de la paroisse. Fonctionnels, intemporels, ils sont le fruit d’un appel à projets particulièrement encadré, remporté par Constance Guisset et Houssard Mobilier.
Au cœur du quartier des Halles, à Paris, l’Eglise de Saint-Eustache est bien connue des amateurs d’art, de par la collection d’œuvres qu’elle recèle (de Rubens à Keith Haring) , et par son ouverture aux artistes contemporains pour des installations, des performances, comme en témoigne par exemple son activité lors des Nuits Blanches parisiennes. Difficile d’imaginer, à l’origine de cette majestueuse église, une simple chapelle bâtie au 13e siècle. Agrandie sous François 1er au XVIe siècle, puis par Colbert au XVIIe (on y trouve encore son tombeau), dans les temps post Révolution, elle devient même un « temple de l’agriculture », avant de retrouver son activité et son éclat au XIXe grâce à la restauration menée par Victor Baltard, qui dessinera la majeure partie du mobilier, le buffet d’orgue. Une gageure d’intervenir encore dans ce lieu riche en histoire, mais aussi une nécessité comprise par le père Yves Trocheris, curé de la paroisse.
Un appel à projets encadré pour de nouveaux bancs
Lieu particulièrement vivant, à côté des offices religieux, le site accueille bien sûr chaque jour son lot de touristes, mais aussi un public nombreux pour une programmation étoffée de concert : il devenait essentiel de remplacer un parc de bancs extrêmement sollicités et manipulés, avec la nécessité que la proposition soit en harmonie avec le lieu. Un groupe de travail a été constitué, dans un premier temps pour éditer un cahier des charges précis. Présidé par Isabelle de Ponfilly, il a eu aussi pour mission de repérer – voire d’appairer, des industriels et des designers — pour répondre avec efficacité à un appel à projets. Sur la quinzaine de dossiers déposés, en janvier 2022, la proposition émise par Constance Guisset et Houssard Mobilier est retenue à l’unanimité.
Des bancs à la « noble sobriété »
Dans un dialogue démarré dès la présentation du dossier, Constance Guisset et Houssard Mobilier ont mis en commun leurs savoir-faire et expérience au service de la conception de bancs devant refléter une « noble sobriété ».
Tout en hêtre massif, teinté sombre, ils se fondent particulièrement dans le décor. Leurs lignes courbes évitent une posture trop austère, et donnent une impression de douceur et de légèreté. Les dossiers sont habillé d’un pictogramme symbole de l’Eglise, qui reprend les bois du cerf et la croix tirés de la légende de Saint-Eustache (ce dernier se serait converti après une vision survenue lors d’une partie de chasse) habilement revisité par la designeuse française. À noter, le choix du hêtre répondait aussi à des critères de production locale (issu du bocage de Normandie), les assemblages en tenon-mortaise évitent au maximum un recours à la colle.
Des bancs stucieusement réversibles
Outre son esthétique bien maîtrisée, ce banc répond à différentes exigences logistiques : léger, il est facile à déplacer, peut être empilé grâce à un travail précis sur le dessin des accoudoirs. Son dossier réversible permet de passer en un tournemain d’un placement dirigé vers l’autel, pour une activité liturgique, à un positionnement dirigé vers le fond de l’église où se trouve un orgue majestueux, et où se déroule à l’année une programmation de concerts. Le changement de position du dossier est possible grâce à un système de balancier situé à l’intérieur du banc, entre l’assise et les accoudoirs. Le dossier s’autobloque dans chaque position pour éviter d’être mobile en permanence. Cette réversibilité va soulager le travail des équipes logistiques de l’église. Constance Guisset s’est appuyée sur l’expertise de Houssard Mobilier, spécialiste des sièges des lieux de cultes, pour la mise en place de ce mécanisme : le défi a été d’adapter le principe à une assise qui se veut mobile, car le dessin a été pensé pour délivrer une structure aussi légère que possible (18 kg pour un trois-places) tout en gardant des critères de robustesse nécessaire pour une utilisation intense et une grande pérennité.
À l’occasion de Maison & Objet du 19 au 23 janvier prochains, les Rising Talents donnent un coup de projecteur au design espagnol, avec sept jeunes talents à découvrir.
Pour choisir ces sept nouveaux talents exposés lors du salon, c’est un jury composé de six professionnels du design qui s’était réuni : le designer Jaime Hayon, le directeur du Madrid Design Festival Álvaro Matías, de la designeuse Imma Bermúdez, du galeriste Xavier Franquesa, de l’architecte Belén Moneo et de la créatrice textile Aude Tahon pour la catégorie Craft.
Alvaro Aramburu
Après avoir étudié le design industriel à l’école technique de Madrid, puis les arts appliqués à la HDK Steneby, Alvaro Aramburu a quitté la vie madrilène pour un village niché dans la forêt suédoise, pays où il réside actuellement. Passionné par le bois sur lequel il travaille essentiellement, Alvaro Aramburu se focalise sur le mobilier et les objets uniques faits main. « En quête de contraste, j’embrasse le bois comme médium et je me distancie des produits industriels pour réinventer mon processus créatif. Les produits que je conçois sont des objets à la fois fonctionnels et artistiques, le mobilier étant la pierre angulaire de mon artisanat et le bois la matière première. » Il fait également partie d’un collectif mettant en avant le design en Suède et est membre du studio Växt, un coworking œuvrant pour une élaboration interdisciplinaire du design.
Marta Armengol
Originaire de Majorque, Marta Armangol étudie l’architecture à l’École technique supérieure d’architecture de Barcelone (ETSAB). Multidisciplinaire, sa pratique touche à la fois le design, l’architecture, la sculpture ou encore les installations et scénographies. Les espaces qu’elle imagine font passer un message de savoir-faire radical, mélangeant le verre à de nombreux matériaux différents. Elle a été exposée au Palais de Tokyo, lors de la Barcelona Design Week, au Dutch Design Festival ainsi qu’à la Biennale Mayrit. Plus largement, la chanteuse espagnole Rosalía a fait appel à ses créations pour sa scénographie.
Marta Ayala Herrera
Marta Ayala Herrera est spécialisée dans le design industriel qu’elle a étudié à l’université Nebrija de Madrid. Elle fait ses premières pas professionnels au studio Ciszak Dalmas, à Doiy Barcelona, au Madrid Design Festival et à La Casa Encendida. En 2013, elle reçoit le Injuve Award. Dans son travail, elle se focalise sur la relation de l’individu avec son environnement à travers les objets et aime expérimenter les matériaux industriels et les processus artisanaux pour créer ses pièces.
Max Mila Serra
Max Mila Serra a étudié le design industriel à l’École de design Elisava de Barcelone, avant de travailler pendant quelques années au studio d’Antoni Arola. Il a notamment participé à divers festivals, tels que LLum, Fad Fest, Madrid Design Festival et la London Design Week. En tant que designer, il s’est concentré sur l’éclairage expérimental et créatif. Il puise sa pratique dans la vie quotidienne et dans ses propres expériences, qu’il transforme ensuite par la lumière et le mouvement dans le but de les comprendre en profondeur.
Tornasol Studio
Tornasol Studio a été fondé en 2017 par la designeuse industrielle Inés Llasera et l’architecte et cartographe Guillermo Trapiello. Basé à Madrid, leur travail allie architecture et arts visuels pour analyser les espaces et les éléments qui les composent sous des approches très différentes. Désireux de découvrir de nouvelles manières de représenter la réalité et la multifonctionnalité dans leur travail, ils sont à la recherche de durabilité dans chaque processus et dans chaque détail du design des objets qu’ils créent.
Miguel Leiro
Il a fait ses études à l’Institut Pratt de New York avant de multiplier les collaborations avec divers studios tels que Moneo-Brock, Juan Uslé, Victoria Civera ou Jaime Hayon. Miguel Leiro crée des pièces qui allient fonctionnalité et créativité, avec une flexibilité dans les matériaux utilisés et la façon dont ils sont maniés. Il a participé à de nombreuses expositions, dont le Madrid Design Festival, l’Experimento Design, la Biennale ibéro-américaine de design BID, le Collège Officiel des Architectes de Madrid COAM ou encore le salon Zona MACO de Mexico. Il est également le fondateur, curateur et directeur de la biennale MAYRIT, un festival qui réunit des créateurs alternatifs qui se focalisent sur l’expérimentation.
Josep Safont, Rising Craft Talent Award
Cette année, pour la catégorie Craft, c’est l’artiste textile Josep Safont qui a été récompensé, nommé par les Ateliers d’Art de France et La Generalitat de Catalunya, qui mène une politique de soutien en faveur de l’artisanat d’art. Tourné vers l’artisanat d’art et le texte, il a étudié à l’École Massana de Barcelone où il travaille actuellement au sein du studio qu’il a fondé en 2020. À l’aide de métiers à tisser, il crée des pièces avec des matériaux qu’il veut les plus responsables possible et qui agissent pour sculpter sa vision à travers des volumes, des dessins et les finitions expérimentales.
Raphaël Navot semble être le « nouveau » designer que tout le monde s’arrache. Avant le monde, peut-être le Tout-Paris. Il livre début février l’Hôtel Dame des Arts, rue Danton dans le 6e arrondissement et sera le Designer de l’Année pour l’édition de janvier 2023 du salon Maison & Objet.
Il est né à Jérusalem en 1977. Diplômé de la Design Academy Eindhoven en design conceptuel, il s’installe à Paris dans le Marais et accorde architecture d’intérieur et design au moment où les matières premières nobles et les techniques de fabrication par l’homme sont au plus haut. Il travaille avec les meilleurs ateliers d’Europe et ses réalisations courent du night-club le Silencio, rue Montmartre à Paris, aux revêtements de sol End Grain pour Oscar Ono ou des tapis artisanaux pour la Galerie Diurne, rue Jacob, de l’Hôtel National des Arts et Métiers à Paris à la bibliothèque et la galerie d’Art du Domaine des Etangs à Massignac en Charentes.
Le Silencio
La première fois qu’Intramuros a écrit le nom de ce jeune quadra, Raphaël Navot, ce devait certainement être en 2011, lors de la rédaction du Paris Design Guide où une place non négligeable était accordée au Silencio, réalisé par David Lynch à la demande d’Arnaud Frisch et Antoine Caton, club culturel d’un nouveau genre, « une histoire de casting regroupant l’agence d’architecture Enia, le concepteur de lumière Thierry Dreyfus et le designer Raphaël Navot. »
Trois séries de mobilier originales étaient alors créées par David Lynch et réalisées sur mesure par la maison Domeau & Pérès. Le design, mais aussi le cinéma, l’art, les spectacles vivants, la littérature, la musique comme la gastronomie ont toujours leur place au sein de la programmation dédiée aux membres du Silencio de 18h à minuit. Au delà, le Silencio devient un night-club ouvert à tous et tous les trois mois, un artiste est invité à y réaliser un projet. Rue Montmartre, il faut descendre dans la cave, pour se retrouver chaleureusement enveloppé d’or, sur les murs, les plafonds, les meubles et les bars à cocktails derrière lesquels s’activent quelques barmen insensibles à la faune nocturne du lieu… de Pharell Williams à Jean-Charles de Castelbajac, Virgil Abloh ou Agnès Varda. Tous se retrouvent là, dans des salles privatisées ou devant la scène où se joue, quart de queue et guitares vintage à l’appui, l’avenir de la musique. Comme un hommage au cabaret de Mullohand Drive, la scène ressemble à un ancien cinéma, encadrée avec des rideaux qui coulissent. À ses pieds, une piste de danse accueille les pas les plus sages comme les plus débridés. Un lieu où vivre des expériences originales.
Jouer Paris
L’Hôtel Dame des Arts qui ouvre le 1er février 2023, propose ce même type d’expériences mais à une échelle plus large. Les 109 chambres de l’hôtel, écrin 4 étoiles, portent en elles, l’esprit de la rive gauche et de la Nouvelle Vague. Inspiré par les philosophes, les artistes et les intellectuels du quartier, il déploie tout l’esprit de Saint-Germain-des-Prés. Dans ce bâtiment des années 50, l’hôtel conjugue chambres avec vue, rooftop à ciel ouvert, charmantes terrasses, jardin verdoyant, studio de fitness avec sauna, salles de réunion pas comme les autres. Un point de départ parfait pour explorer la capitale et l’art de vivre parisien. Avec son décor Nouvelle Vague, ses œuvres d’art et sa signature olfactive signée Arthur Dupuy, l’hôtel joue les jeunes premiers.
Lignes simples, formes graphiques, matières minérales et naturelles, il a sollicité les meilleurs artisans pour atteindre un résultat cosy et chaleureux. Loro Piana Interiors, Veronese, Cappellini, Oscar Ono ou Roche Bobois fabriquent pour lui. Le restaurant 39V, avenue George V et l’Hôtel des Arts et Métiers à Paris, l’Hôtel Belle Plage à Cannes ou la Bibliothèque du Domaine des Etangs en Charente, lui ont déjà livré leurs espaces. Tout a été fait ici sur mesure (à l’exception de deux chaises Roche Bobois, DOT et Identities). Le demi-cylindre cannelé en chêne massif qui recouvre certains murs des espaces publics et des chambres fait écho au sol en chêne noir carbonisé à la flamme et recouvert d’une résine protectrice. Un design chaleureux et bienveillant dans des chambres de 15 m2 pour les plus petites, avec lit Queen Size et chaque soir, cinéma privé à tous les étages à 21h et 23h.
Des rencontres
Le POH (Patchwork Oval Hemisphere), édité par Cappellini en 2014, est une pièce composée, mariant le fait-main, le fait par ordinateur et le fait à la machine. L’assemblage d’un volume chaotique, sculpté par une machine selon un modèle généré par un ordinateur, pour à chaque fois obtenir un objet unique qui ne peut être répété, un peu à la Gaetano Pesce. Conçu pour l’exposition « Post Fossile » dans le musée Holon, par Lidewij Edelkoort au printemps 2011, il a intégré la collection permanente de Cappellini. Chaque pièce est unique et découle de l’inversion du principe de conception. « La forme suit la fonction » devient « la fonction suit la forme ». Une révélation au Holon Museum, le célèbre musée complété en 2004 par Ron Arad d’une extension tout en acier Corten, un musée fondé par Moti Masson, maire d’Holon, (à l’initiative de la médiathèque, du centre culturel, du centre multimédia, du musée du design et du musée israëlien de la bande dessinée) et Hana Hertsman, directrice générale de la municipalité qui depuis 1993 cherchent à positionner Holon comme « La ville des enfants ».
Pour Pas de Calais, jeune marque japonaise créée en 2015 par Ykari Suda en hommage à la dentelle de Calais, qui développe ses propres textiles avec coton, lin et soie et une combinaison de teintures traditionnelles ou techniques de pointe, il signe une boutique parisienne rue de Poitou. Habitée par l’Arte Povera ou arte povera pour faire plus modeste, la simplicité des matériaux – bois fissuré, métal corrodé ou calcaire poudreux – sont une véritable ode à la nature. En 2014, il signe la suspension TOH pour Véronese. En 2019, Roche Bobois lui demande de refaire la boutique du boulevard Saint-Germain où l’on trouve ses collections au détour des escaliers. Pour la galerie Friedman Benda, il signe des canapés voluptueux et soyeux.
Au fil du temps, Raphaël Navot a su se démarquer avec des projets d’architecture d’intérieur remarqués. Parmi ses derniers projets de rénovation, on note un hôtel 4 étoiles, le Belle Plage à Cannes, livré cet été, et qui vient de mettre en service un grand espace spa également aménagé par Raphaël Navot. On peut également citer la rénovation du restaurant 39 V, qui a par ailleurs été récompensé en octobre dernier par le prix Paris Shop Design dans la catégorie « Hôtels, Cafés, Restaurants ».
Un hall circulaire sur Maison & Objet
L’Apothem Lounge à l’entrée du hall 7 sur Maison & Objet à Paris Villepinte, doit offrir une émotion, un concentré d’hospitalité, ou « Le monde fantastique de Raphaël Navot ». Son grand hall circulaire sera comme une installation immersive de lumière et de textures procurant une émotion visuelle où les visiteurs seront invités à découvrir les intérieurs indépendamment de leur fonctionnalité ou contexte comme dans un théâtre où les visiteurs sont les comédiens.
Le design est pour lui une forme de scénographie qui vise à créer une ambiance, soutenue ici par les luminaires et l’expertise Flos. Sans client, sans contexte, sans fonctionnalité, l’espace lui permet de faire accéder le visiteur à un royaume plus imaginatif et de créer un intérieur… inattendu. Le hall circulaire, protégé par deux rangées de murs courbés et qui permet aux visiteurs d’entrer et de sortir par ses 12 portails, s’offre comme un labyrinthe simplifié avec liberté et simplicité. À tester obligatoirement.
Il est toujours tentant de qualifier un créateur d’artiste, de designer, de poète ou de scientifique. Marie-Sarah Adenis se définit avant tout comme une conteuse du vivant.
Grâce à un parcours atypique qui mêle études en biologie à l’ENS-Ulm et en design à l’Ensci-Les Ateliers, elle se situe à la croisée de la science, du design et des arts. De la biologie, elle en extrait de formidables histoires du vivant à raconter, du design le questionnement et la rigueur, et de l’art l’imaginaire les outils.
Lauréate du prix AudiTalents en 2020 pour son projet Ce qui tient à un fil, exposé au Palais de Tokyo en 2021, cette jeune femme déterminée et enthousiaste poursuit dans sa voie singulière hors des chemins conventionnels. Le projet est un parcours scénographique, visuel et sonore retraçant les formes de l’ADN, composante de tout ce qui est vivant (animaux, arbres, virus ou bactéries).
On se balade dans un jardin d’Éden au milieu de formes de colonnes chromosomiques et d’images sur fond noir. Sans pourtant s’engager dans les métiers des sciences de la vie, avec pourtant un bagage de sept ans en biologie, elle exprime sa vision de la création qui a pour mission de traduire les récits de l’infiniment petit, embrassant les découvertes de ce secteur, et de les confronter à la puissance de l’imaginaire. « Mes études ont été non pas un moyen d’acquérir un métier mais plutôt une façon de nourrir ma démarche. » Elle se plonge dans les mystères du monde vivant et la multiplicité de ses questionnements : comment un organisme fonctionne-t-il ? Quel est le secret du mécanisme des plantes et des écosystèmes ? À quoi notre ADN sert-il ? Actualité d’autant plus présente qu’aujourd’hui (réchauffement climatique oblige), pour que la nature soit enfin préservée, elle doit être intégrée au monde matérialiste.
Dans le projet Tousteszincs [toutes et tous cousins], elle clame notre appartenance à une même fratrie, que « l’on soit humain, pélican ou bactérie ». Sous la forme d’une petite sculpture, le Temple phylogénétique, elle met en corrélation les images très belles des chimères, qui révèlent leur beauté et leur mystère, et les représentants des grandes familles de l’histoire des espèces. S’agit-il de vulgariser la science, comme l’avait commencé le biologiste Jean Painlevé avec ses films de recherche sur le monde sous-marin (en référence à l’exposition « Les pieds dans l’eau », qui a eu lieu jusqu’au 18 septembre au Jeu de Paume, à Paris) ? Tout en ayant assimiler les sciences comme une superposition de connaissances en mouvement perpétuel, Marie-Sarah Adenis s’attache à les mettre en forme, empruntant différents outils tels que le design, le dessin ou l’écriture au travers d’installations, d’expositions mais aussi de projets très concrets.
Entre recherches fondamentale et appliquée
En 2015, elle cofonde Pili, dont elle assure la direction artistique, un projet pionnier qui développe un procédé écologique de production de colorants pour remplacer ceux issus de l’industrie pétrochimique grâce à la culture de bactéries et à la transformation de ces micro-organismes. Aujourd’hui, en collaboration avec 40 scientifiques de laboratoires de Paris (Cnam), de Toulouse (TWB) et de Lyon, l’entreprise est sur le point de lancer ses premiers pigments bio-sourcés (et de diminuer drastiquement les émissions de carbone, de 40 à 80 %).
En septembre, Adèle Fremolle a pris la tête de la Villa Kuyojama à Kyoto. L’incroyable bâtisse construite par l’architecte Kunio Kato à flanc de montagne fête cette année ses trente ans, et qui a accueilli depuis sa création une vingtaine de designers. Comme le souligne Christian Merlhiot, ex-résident puis co-directeur entre 2014 et 2017, nombre de créateurs passés dans ses murs attestent que « cette étape a transformé [leur] vie »
Inaugurée en 1992 à Kyoto, la Villa Kujoyama s’inspire du modèle de la Villa Médicis à Rome, créée elle en 1803. Elle fête donc ses trente ans, en tenant compte d’une interruption pour rénovation de 1992 à 1994, qui a donné aussi un second souffle à ses programmes. Placée sous la tutelle de l’Institut français et de l’Institut français du Japon, elle est l’unique résidence en Asie pour les artistes français. Elle bénéficie du soutien financier de la fondation Bettencourt-Schueller, qui vient de confirmer le renouvellement de son partenariat. Dans l’attente de l’arrivée de la future directrice, et sous la coordination de Samson Sylvain, directeur par intérim et attaché culturel à l’Institut français du Japon, une équipe de 4 personnes gère le lieu : un responsable de la communication, de production, un intendant et un responsable des lauréats (qui assure pour l’accompagnement sur place, la traduction…).
Une quinzaine de créateurs y séjournent chaque année, toutes disciplines confondues. En moyenne, les durées oscillent entre deux et six mois pour des projets individuels, et autour de 4 mois, pour les projets en duo.
Une scène design à Kujoyama
Si les premières années ont surtout été marquées par des créateurs issus du design produit, ces dernières suivent l’évolution du secteur en s’élargissant aux textiles, au graphisme, aux arts culinaires… et reflète aussi cette approche volontairement interdisciplinaire de la résidence. L’apport de la fondation Bettencourt-Schueller a permis aussi l’extension vers les métiers d’art, et l’intensification d’un travail de dialogue dans les projets. Sur les trois décennies, on constate des profils vraiment divers et des parcours variés, pour les résidents en design qui forment une vraie scène design. Patrick Nadeau, Benjamin Graindorge, François Azambourg, José Lévy, Goliath Dyevre, Pierre Charpin… ; tous ont été profondément marqués par ce passage. Co-directrice de la Villa Kujoyama de 2014 à 2017, Sumiko Oé-Gottini est depuis consultante et travaille pour différents programmes internationaux, dont celui de la Villa Kujoyoma. Pour elle, « il y a toujours un point de non-retour, dans le bon sens du terme. Les pratiques de design ont aussi beaucoup changé pendant ces trois décennies et les champs d’exploration aussi. C’est intéressant car les créateurs français ont par exemple une longueur d’avance autour de la question de la nourriture. »
Si José Lévy, résident en 2011, est imprégné de culture nippone depuis son enfance grâce à un grand-père collectionneur, son passage a laissé une empreinte sur place. Formé sur place au nébuta – technique traditionnelle qui met en œuvre le papier et le bambou – il a conçu la sculpture du samouraï Veilleur, devenue un emblème du site, après avoir été exposée au Musée de la Chasse et de la nature lors des DDays en 2016. Et pour Christian Merlhiot, « s’il peut aujourd’hui montrer de Kokeshis au PAD de Paris, c’est parce qu’il s’est nourri du Japon ». Le designer lui-même a développé des collections de mobilier à partir de tatamis chez Daiken.
L’expérience de la résidence
Comme l’exprime Sumiko Oé-Gottini, « la rencontre avec l’altérité culturelle, ou une nouvelle pratique artistique questionne. Pour autant ce n’est pas « l’autre » qui donne la réponse clé en main, mais c’est précisément l’expérience de la rencontre traversée par le créateur qui va lui révéler sa propre identité créatrice (…). Il ne s’agit pas de s’emparer des éléments attachés à une culture pour les transposer ailleurs. La plupart des créateurs redécouvrent la valeur de leur propre pratique à l’issue de ces collaborations. » (cf « identité et altérité, transmission des savoir-faire comme levier du dialogue international in Entretiens Albert-Kahn, cahier n° 49 (2021) in Entretiens Albert-Kahn, cahier n° 49 (2021))
Certains ont ainsi complètement changé leur regard, et réinterrogé la notion de temps dans le process de design. Selon elle, son rôle est « d’aider les créateurs à transformer le changement de « paradigme » engendré par ces nouvelles rencontres et collaborations en un levier de création dynamique. C’est l’expérience de la traversée du Japon par les créateurs qui révèle aussi une période de leur historie oubliée dans l’ombre de la standardisation. » À titre d’exemple, François Azambourg (résident en 2015) a créé un fauteuil en s’appuyant sur une technique qui avec un geste précis redonne une étanchéité au bois observée au Japon : Sur place, il sublime aussi les copeaux de bois : « en visitant une charpenterie, j’ai découvert des copeaux de bois d’une épaisseur de papier à cigarette, d’une longueur incroyable, générés par l’utilisation d’un rabot sur la totalité de la poutre. On est à la limite de la matérialié. » Il testera différentes utilisations, dont des impressions. L’ensemble de ses travaux et « esquisses d’objets et embryons de produits » seront exposés au Musée des arts décoratifs.
Car la Villa Kujoyama est avant tout une résidence de recherche, pas de création. Sumiko Oé-Gottini observe étonnamment que 50 % des résidents ont un profil ENSCI : « il y a une envie aujourd’hui de revisiter par rapport à l’industrie de revisiter la création industrielle, de réfléchir à la cohabitation des choix (savoir-faire, écologique), l’artisanat est vu comme le vestibule de l’industrie de demain au cœur de la plupart des projets. »
Lors de la fermeture pour travaux en 1992, une association d’anciens résidents se crée pour être vigilants à la réouverture. La rénovation est l’occasion de repenser les programmes. À partir de 2014, les résidences s’ouvrent davantage aux des métiers d’art et le design : une évidence pour la direction de l’époque tant Kyoto est un creuset de savoir-faire. Et la catégorie Design devient nécessaire pour créer ce pont entre l’artisanat ancestral et l’inscription des métiers d’art dans un univers contemporain. À ce titre, le projet de la doreuse Manuela Paule-Cavallier a été explicite. En lien avec des artisans qui travaille l’étain de manière séculaire, elle a proposé à Goliath Dyèvre de se joindre à elle pour élaborer une forme de médiation en création, soit allier l’or et le métal pour donner une expression à la matière conçue comme rigide. Le projet a donné lieu au « petit théâtre de lumière » exposé aux DDays en 2015. Selon Sumiko Oé-Gottini « peut-être que le Japon traverse avec une certaine légèreté cette question de la contemporénaïté des métiers d’art ».
Pour optimiser les séjours, l’accent est mis sur l’accompagnement, en amont, pendant, et après. Samson Syvain précise aussi que la période de résidence est finalement très courte, compte tenu du temps d’adaptation. « Un travail en amont est mis en place avec les lauréats systématiquement pour pouvoir identifier dans leurs projets de recherche les personnes à identifier et de prendre les rendez-vous à temps. » L’Institut français assure aussi un travail de diffusion dans les différents lieux de programmation des instituts au Japon : expositions, performances, rencontres… Sans noyer les résidents dans les commandes, la direction est attentive que ça reste bien une résidence de recherche. Sumiko Oé-Gottini intervient pour la préparation des résidents en amont de leur départ : « Avec l’Institut français on les encadre logistiquement et artistiquement. J’essaie de les driver dans leur projet pour favoriser une appropriation culturelle, une compréhension générale du paysage japonais, préparer les rencontres avec des contacts d’excellence (maître d’art, etc.) »
Après la résidence
Avec Christian Merlhiot, Sumiko Oé-Gottini a insisté sur la préparation du retour. Un brin provocatrice, elle précise que pour elle « les projets les plus intéressants sont ceux qui se développent après l’expérience de résidence ». Dès le départ, la sélection des dossiers prend en compte cette intention de continuité « ce n’est pas un one-shot, mais cela s’inscrit dans la pratique du créateur et un échange de culture. » Alors, elle les « les prépare à l’atterrissage. Ceux qui reviennent ne retrouvent pas tout à fait leur place, de nouvelles pratiques s’ouvrent. » Certains poursuivent très fortement les liens tissés : Pierre Charpin a collaboré avec Arita, et Aurore Thibou designeuse textile, présentée à Première Vision à la suite de sa résidence, continue de travailler comme consultante auprès des artisans de Pangu.
En trente ans, la Villa Kujoyama a construit un réseau de partenaires solides sur lesquels elle s’appuie pour aider à la diffusion des œuvres créées en son sein. Elle participe notamment au festival Viva Villa 5 ! avec les deux autres résidences (Médicis et Casa Velasquez), ce qui donne une belle visibilité à tous les résidents-pensionnaires, quelle que soit leur discipline.
72 saisons à la Villa Kujoyama
Pour fêter ses 30 ans, la Villa Kujoyama a sorti en octobre dernier un ouvrage anniversaire intitulé « 72 saisons à la Villa Kujoyama ».
Editions Gallimard, 49 €.
Avec le projet Retreeb, colancé par Quentin Lepetit, le design – et bien entendu le web design (design Ui, design Ux) – se retrouve au cœur d’une logique d’entreprise fintech et d’une démarche de création d’un réseau de paiement indépendant visant à redistribuer une partie des bénéfices des commissions bancaires à des causes solidaires et responsables.
Après sa sortie de l’École nationale supérieure de création industrielle (ENSCi), Quentin Lepetit travaille comme designer produit, designer graphique et web designer. Aujourd’hui, il se consacre pleinement à Retreeb, dont il est cofondateur, qui est soutenu par France Innovation et incubé à la Station F et au sein de The Garage. Le service Retreeb vise à créer un réseau de paiement indépendant (par code QR et smartphone, puis par carte de paiement sans contact), dont la mission principale est de redistribuer un tiers de la commission interbancaire, prélevée au commerçant lors de l’achat, à un projet social ou environnemental, se situant à une échelle locale, nationale ou internationale.
Si Retreeb s’assure du bon suivi de cette redistribution, via un système de blockchain hautement sécurisé, c’est le consommateur-utilisateur qui choisit donc la destination de cette commission, habituellement prélevée au seul bénéfice des mastodontes Visa et Mastercard, et qui va pouvoir contribuer positivement à des enjeux majeurs (inégalités, pauvreté, pollution, éducation, malnutrition, etc.). Pour ce faire, l’usager a recours à une application sur laquelle, évidemment, le web design intervient pour une grande part. Mais plus largement, le design, son travail et sa pensée ont une grande incidence sur la conception générale du service Retreeb. Concrètement, Retreeb est une start-up, plus précisément une fintech, travaillant dans le secteur de la finance technologique. Sa particularité est d’avoir été cofondée par un designer, Quentin Lepetit donc, contribuant ainsi à ce que le design soit l’un des éléments clés de la société, ce qui est peu fréquent dans le domaine entrepreneurial français actuel.
Outre les contours du service et l’application, le design se retrouve ainsi également dans les processus organisationnels et les valeurs de l’entreprise. Le service numérique qu’offre Retreeb implique bien entendu la présence de designers Ui et Ux, travaillant respectivement sur l’expérience utilisateur et la conception de l’interface produit. Mais au-delà, le design occupe, chez Retreeb, une place majeure dans la prise de décision et la vision d’entreprise, rejoignant ainsi les positions que Quentin Lepetit avait exprimées – notamment dans sa tribune publiée sur Intramuros.fr en avril 2020– quant à la manière dont le design industriel doit prendre part plus activement de nos jours aux projets qui changent notre société de manière positive.
Le nouveau numéro d’Intramuros consacre sa rubrique inspirante « Design à 360 ° », à des produits tout juste sortis en 2022. Mobilier, accessoires, mode, véhicules… découvrez les 40 coups de cœur de la rédaction dans le magazine !
Table d'appoint Neumann, Objekte Unsere Tage
Entre table d’appoint et tabouret, Neumann est fabriqué à partir d’une seule tôle d’acier pliée et revêtue de poudre. Imaginée par David Spinner pour OUT Objekte Unsere Tage, la table d’appoint Neuman joue avec les perspectives puisque sa silhouette déstructurée est confectionnée de façon à ce que l’on puisse observer une forme différente selon le point de vue.
Set Cala Blue, XLBloom
Le Set Cala, designé par Ambroise Maggiar pour XLBloom est un ensemble qui joue sur les variations d’épaisseurs du verre soufflé à la bouche et effets de transparence inspirés par la fluidité de l’eau.
One-Tree Project, SCP
Au London Design Festival, SCP a fait appel à dix designers britanniques pour le « One-Tree Project » qui avait pour objectif de créer des meubles et des objets à partir d’un frêne abattu.
Table Fibonacci, Theoreme Editions
La table Fibonacci éditée par Théorème Editions et imaginée par Adrien Messié est conçue pour rassembler 8 personnes, mais permet aussi à des groupes plus restreints de se réunir étroitement grâce à sa forme. Une table faite en bois laquée et céramique, fabriquée à la main par des artisans en France.
Montre G-Shock Série 2100 GA-2100HUF-5A, Casio
Le skateboarder Keith Hufnagel s’est associé à G-SHOCK pour célébrer le 20e anniversaire de la marque HUF et propose une collaboration inédite avec le modèle Série 2100 GA-2100HUF-5A.
Mixeur Cordless, Bamix
Petit robot de cuisine tout-en-un sans fil, le Cordless de Bamix est un modèle à la batterie très puissante (pour mixer, hacher, émulsifier, râper et pulvériser).
Retrouvez la sélection complète de la rédaction dans le numéro 214 d’Intramuros, disponible en kiosque, dans les librairies et concept stores partenaires et sur notre boutique en ligne.
Du 8 au 11 septembre, durant la Paris Design Week, Intramuros prenait ses quartiers à l’Espace Commines, dans un espace café en partenariat avec Vitra. Dans une programmation de 9 talks, la rédaction a réuni des experts du design pour débattre autour de sujets variés : les jeunes designers et l’emploi, les synergies art-design et métiers d’art/design, l’expérience client dans le virtuel, le matériau bois, la réédition, le traitement de la data, les échanges avec le Japon…
Et pour retrouver toutes les vidéos des talks de la Paris Design Week 2022, c’est juste ici.
Jusqu’au 12 février, la collection Lambert accueille l’exposition de la Biennale ¡ Viva Villa !, dont la particularité est de réunir les œuvres des dernières promotions de résidences prestigieuses : Villa Kujoyama à Kyoto, Villa Médicis à Rome et Casa de Valásquez à Madrid. Loin de juxtaposer les créations à l’image d’une sortie de promotion, Victorine Grataloup a réussi le défi de les réunir sous un fil conducteur qui donne son nom à l’exposition. : « Ce à quoi nous tenons ». Un cocktail éclectique certes, mais passionnant par le miroir qu’il renvoie sur les transitions en cours dans la société.
À sa création en 2016, l’objectif de ¡ Viva Villa ! était de montrer, de rendre tangible le travail – et donc l’intérêt – des résidences dans de lieux que l’on sait avant tout prestigieux tels que la Villa Kujoyama à Kyoto, la Villa Médicis à Rome et Casa de Valásquez à Madrid. Aujourd’hui, la présentation regroupée des 71 artistes-créateurs-chercheurs offre avant tout un éclairage troublant des transformations à l’œuvre dans nos sociétés.
Donner à voir
L’objectif premier de ces programmes est d’offrir des temps de recherche plus qu’une obligation de production. Retracer un cheminement créatif, la maturité d’une réflexion, et en plus la rendre intelligible au grand public est un objectif ambitieux. Le commissaire en charge de donner une cohérence à l’ensemble relève un défi de taille : artistes imposés (les derniers résidents des trois lieux), pas de commandes spécifiques, et ordonner un choix d’œuvres éclectiques, en passant par les plasticiens, les designers, les architectes, les performeurs…
Après trois éditions sur un rythme annuel, un nouveau modèle a été proposé : un festival transformé en biennale, en perpétuant cette présentation à la collection Lambert d’Avignon, et conjuguant rencontres et performances lors du week-end d’inauguration à une exposition en place depuis maintenant plusieurs mois. Mais cette fois, le choix de la personne en charge du commissariat a fait l’objet d’un appel à candidatures pour une résidence. Victorine Grataloup a inauguré le concept, et avec brio, comme en témoigne l’exposition en cours jusqu’au 12 février. En rencontrant sur chaque lieu les résidents, en prenant le temps de l’échange avec chacun, leur laissant le choix de participer, et le choix de leur pièce, elle a imaginé in fine un parcours structuré en quatre chapitres, qui donne un écho au livre d’Emilie Hache « Ce à quoi nous tenons », repris en titre de l’exposition.
Expression
La visite démarre avec une intention forte pour ce premier chapitre baptisé « Prendre en compte les voix qui manquent à l’appel pour « évoquer une réassignation de nos attentions, pour entendre, réécouter, regarder, celles, ceux et ce qui n’ont pas été écoutés jusqu’alors » comme l’évoque Victorine Grateloup : la possibilité d’énonciation est interrogée par exemple à partir de la question du souffle, avec notamment un travail de Marielle Macé (résidente à la Villa Médicis) sur « Breath in / speak », qui évoque la circulation de l’air, jouant aussi sur le graphisme, la ponctuation. On retrouvera ensuite la représentation de portraits d’individus (cf Apolonia Sokol, résidente à la Villa Médicis) ou de communautés. Victoria Gatraloup note particulièrement la place donnée aux territoires ruraux dans les recherches des créateurs avec notamment les vidéos Emma Dusong (résidente à la Casa de Valásquez) avec « Los Escondites (Les cachettes). »
Communauté
Le deuxième chapitre rappelle cette importance d’inscrire « une histoire commune », qui évoquent selon la commissaire des « géo-histoires partagées, des trajectoires de personnes, de techniques ou de formes, ayant franchi avec plus ou moins de violences les frontières d’un pays à un autre, d’un médium à un autre, d’une technique à une autre. » On retiendra les fragments d’architecture du duo d’architectes Alice Grégoire et Clément Périssé du collectif Cookies (Villa Médicis), qui ont travaillé sur les matériaux utilisés dans la construction de la Villa Médicis, et interroge notamment les techniques d’isolation artisanales.
À voir également la vidéo d’Evangelia Kranioti (Villa Médicis), qui met en scène dans la Ville éternelle des déambulations d’immigrés, tenant dans leur bras des statues antiques en plâtre, interroge le rapport au temps, au lieu, à l’histoire qui s’écrit au présent, et remet en perspective habilement le fameux proverbe « tous les chemins mènent à Rome. » On notera aussi le travail de Bady Dalloul « Ahmad le Japonais » : Ahmad est un personnage fictif, mais le résultat d’un « agrégat de récits de personnes d’origine syrienne rencontrées par l’artiste lors de sa résidence à la Villa Kujoyama, et d’expériences personnelles. » Dans les exemples de migrations formelles d’Anne-James Chaton, qui travaille à partir des écritures pauvres (tickets de caisse, carte de transports…) à partir desquels il vient tirer un récit, une fiction.
Cohabitation
La troisième partie, le chapitre baptisé « Savoir si nous pouvons cohabiter », aborde la question de la guerre et plus largement de la conflictualité. Et notamment, le pendant de la guerre qu’est le repli sur l’espace de l’intime. Jacques Julien (Villa Médicis), avec son Studiolo, reproduit son atelier d’artiste dans une maquette en 3D et positionne quasiment le visiteur en voyeur. Plus loin, Clara Marciano (Casa de Valásquez) couche au graphite sur le papier des imaginaires cauchemardesques.
Enfin le parcours se clôt sur « Réouvrir la question des moyens et des fins », qui revient à la fois sur « l’extractivisme » (surexploitation de ressources naturelles à grande échelle) comme sur la question de l’utilisation des rebuts, et les conditions de production. Ainsi Ivan Castinerias présente une vidéo sur l’impact d’une mine de lithium en Galice, à la fois sur le paysage et sur la structure sociale. Plus loin le designer Mathieu Peyroulet Ghilini qui pousse la recherche formelle de la fonction fusionnée au matériau, jusqu’à sa quasi disparition. Cette dernière salle présente aussi un workshop de Charlie Aubry avec une micro-école rassemblant des enfants aux parcours scolaires complexes.
Une exposition très dense, un panorama éclectique, qui, dans une grande diversité de médias, forme un curieux instantané du monde, et des réflexions qui l’agitent.
Véritable mise en lumière des grands décorateurs et artisans d’art français qui ont officié entre 1930 et 1969, l’exposition « Le Chic, Arts décoratifs de 1930 à 1969 » rassemble 200 œuvres issues des collections du Mobilier national. Sélectionnées par les commissaires du Mobilier national, Emmanuelle Federspiel, Gérard Remy et Jérémie Tortil, les différentes pièces ont été scénographiées par le décorateur Vincent Darré sur les deux niveaux de la galerie.
Ici, les savoir-faire des gainiers, liciers, passementiers, ébénistes, tapissiers et des menuisiers en siège sont à l’honneur, tant au moment de la création des meubles et luminaires qu’à celui de leur restauration. Au cours du premier confinement, le Mobilier national a alors encouragé l’activité des professionnels de ces métiers, pour certains tombés dans l’oubli, en lançant un programme de restauration de 129 œuvres de ses collections. Une cinquantaine d’artisans ont ainsi contribué à la réhabilitation de ces pièces entre 2021 et 2022.
Vincent Darré, invité par le Mobilier national, a reconstitué pour l’occasion les grands ensembles décoratifs qui nous font faire un bond en arrière le temps de l’exposition. Grâce à ses fresques démesurées, Vincent Darré nous plonge dans des scènes de vie qui font écho aux décors théâtraux de Jean Cocteau. De Marc du Plantier à Raphaël Raffel dit Raphaël, en passant par Jeannet Laverrière, André Arbus, Dominique et Paul Cressent ou encore Colette Guéden, on redécouvre avec excitation les grands noms qui continuent d’inspirer le design d’aujourd’hui.