David Ericsson, le bien assis
David Ericsson aves les chaises Exxo par Bebó Objects, 2023 © Lennart Durehed

David Ericsson, le bien assis

Le designer suédois David Ericsson a fait de la chaise son objet totem. Passé par le monde de l’art et la philosophie avant d’entrer à l’université Malmstens Linköping, à Stockholm, ce créatif aime mêler travail de recherche et procédés industriels innovants.

Elles sont en bois, en acier, en cuir, à roulettes… Les chaises de David Ericsson sont toutes aussi originales les unes que les autres, et c’est le but ! Le designer suédois intègre l’université Malmstens Linköping, à Stockholm, en section design, d’où il sort diplômé en 2010. « Je ne pensais pas que le métier de designer était une véritable profession. J’aimais créer mes propres pièces de mobilier, mais je ne les voyais pas comme des produits qui pourraient être édités et, surtout, qui pourraient vivre en dehors de chez moi. » Une arrivée dans le monde du design et de l’objet qui n’était pas du tout préméditée, puisqu’il se destinait initialement à aller vers l’art et la philosophie. « J’ai toujours été intéressé par le processus de fabrication des choses, de savoir comment elles étaient faites. Je suis arrivé un peu par hasard en école, mais ça m’a permis de comprendre beaucoup de choses sur le design que je n’imaginais pas jusque-là. »

Atelier Sandemar, chaise Pepp, 2023 © Lilian De Souza

La chaise, un objet d’interaction

« Les chaises offrent une grande liberté de création. Il existe de nombreuses variabilités possibles en termes de structure, de matérialité, de fonction… Je ne cesse d’explorer et de découvrir des choses tous les jours. » Fasciné par toutes les formes d’industrialisation et de production, le designer a vu son attrait pour les chaises renforcé par les interactions qui y sont associées et qui les différencient des autres pièces. « Les chaises sont pensées pour les humains et les interactions entre eux. Elles doivent prendre soin de la personne qui s’assoit dessus, tandis que les tables ou les cabinets sont faits pour que l’on pose des choses dessus. »

Bebó Objects, chaise Exxo, 2023 © Ander Sanner

Et s’il expérimente divers types de matériaux, à l’image de la chaise Exxo en acier, dont la forme fait étrangement penser à celle d’un canard, et de la chaise à roulettes Oona, modèle favori des enfants, le bois reste son matériau de prédilection. « Le bois n’est pas un simple matériau dans la mesure où il en existe différentes sortes ayant toutes leurs qualités et leurs défauts à exploiter. » Une recherche de singularité et de prouesse technique qu’il a notamment pu appliquer à la chaise Petite, qui ne pèse que 2,5 kilos !

Atelier Sandemar, chaise longue Oona, 2020 © Lilian De Souza
Gärsnäs, chaise Petite, 2018 © David Ericsson

Un travail de recherche constant

Lors de Stockholm Furniture Fair de 2024, il présentait la chaise Molnas. Inspirée par les peintures de ciel que l’on peut retrouver aux plafonds des églises suédoises, cette chaise est le fruit d’un travail de recherche engagé il y a quatre ans. Durant la pandémie, David Ericsson se lance un défi, celui de créer vingt chaises en vingt jours. Avec ce projet, nommé « The wrong construction at the right place » (« La mauvaise construction au bon endroit », en français), le designer a cherché à explorer des procédés inédits pour fabriquer des chaises. Un travail de recherche et de prospection qui s’avère être au coeur du processus du designer. « Ce n’est pas simplement un travail de fonction ou de technique de l’objet, la recherche est tout aussi importante. J’aime avoir ces deux facettes dans mon métier, et je pense d’ailleurs que ces deux aspects ont besoin l’un de l’autre pour avancer, car cela permet d’étudier de nouvelles façons de penser un produit. »

Chaises Molnas, 2024 © Lennart Durehed

Début février 2025, toujours pour la Stockholm Furniture Fair, il ne présentait pas un mais quatre nouveaux projets. Cette édition du salon a en effet été l’occasion pour le designer de dévoiler trois nouveaux modèles d’assises. La fauteuil Bio, fabriqué en frêne massif, se distingue par ses accoudoirs conçus à partir d'une seule planche courbée à la vapeur, leur conférant une forme élancée.

Gemla, fauteuil Bio, 2025 © David Ericsson

Il présentait également la chaise P.Y.R, acronyme de Protect Your Rights (« Protégez vos droits » en français), un objet manifeste dénonçant le plagiat dans l’industrie du meuble, dans une quête incessante d’accéder à du mobilier toujours moins cher. «Dans ce monde, la spirale descend jusqu'à ce que ceux qui imitent et copient finissent par être imités et copiés par d’autres. P.Y.R est une célébration de la simplicité et une interrogation sur les limites entre ce qui est à vous et ce qui est à moi», explique le designer. Enfin, il présentait la chaise en bois V.DE.07, produite par Verk.

Blå Station, chaise P.Y.R, 2025 © Marcus Lawett
Verk, Chaise V.DE.07, 2025 © Ola Lewitschnik

Et pour la première fois, David Ericsson présentait un modèle d’armoire, intitulée Moon et réalisée en collaboration avec l’Atelier Sandamar. Une pièce qui offre un jeu entre les couleurs et la lumière. Selon l’emplacement et la luminosité, les perspectives et les reflets évoluent pour «brouiller les lignes entre la solidité et l'apesanteur, entre ce qui est vu et ce qui est suggéré»,  décrit le designer.

Atelier Sandamar, armoire Moon, 2025 © Lilian de Souza

L’importance de la durabilité

Plus largement, le designer a à coeur de réfléchir à la durée de vie de ses produits et réfléchit constamment, en collaboration avec les entreprises avec lesquelles il travaille, à d’autres manières de procéder. « La question de la durabilité est souvent le point de départ de ma réflexion. Il y a beaucoup de produits qui ont un beau design mais qui ne sont pas de bons produits, car ils ne sont pas viables dans le temps. Aujourd’hui, il faut penser beaucoup plus loin pour obtenir un produit durable que l’on pourra réparer ou changer en quelque chose d’autre. »

Gärsnäs, chaises Madonna, 2015 © David Ericsson
Rédigé par 
Maïa Pois

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4/4/2025
La Kasbah Tamadot, le luxe d'une nuit dans l'Atlas

Créée par Richard Branson, Virgin Limited Edition est une collection d’hôtels aux architectures inscrites dans leurs environnements comptant parmi les plus beaux de la planète.

Après la téléphonie, l'aérospatiale ou encore la musique, Richard Branson s'est lancé depuis plusieurs années dans le secteur de l’hôtellerie de luxe. Comptant neuf établissements, Virgin Limited Edition propose aux clients une expérience de voyage basée sur le bien-être et le dépaysement. Implantés aux quatre coins de la planète, de la Suisse au Kenya en passant par les îles vierges, l’entrepreneur britannique mise sur des lieux atypiques et majestueux où la beauté du paysage souligne l'architecture. Cette dernière, imaginée en cohérence avec la culture locale, offre un voyage sensoriel et visuel. C'est dans cet esprit qu'a été conçue la Kasbah Tamadot, nouvelle adresse de la prestigieuse liste de destination du groupe.

© Virgin Limited Editon

Les mille et une vie

Construite dans les années 1920 comme résidence du gouverneur local, la Kasbah Tamadot est implantée dans le petit village d’Asni, au pied des montagnes de l'Atlas, au Maroc. Ancienne propriété de Luciano Tempo, antiquaire et collectionneur italien, elle est acquise par Richard Branson en 1998. Une transaction qui comprend notamment un entrepôt rempli d'objets d'art, pour certains encore visibles dans le bâtiment. Rénové en profondeur en 2005 par Yvonne Golds de Real Studios, il devient un hôtel où s'entremêlent la douceur de vivre et le caractère historique et mystérieux des kasbah traditionnelles. Lorsqu'en 2023, le séisme frappe le nord du Maroc, le bâtiment est touché, nécessitant une seconde rénovation. C'est à ce moment-là que six riads et un second restaurant, Asayss, sont ajoutés au plan initial ainsi que dix tentes berbères.

© Virgin Limited Editon

Un décor naturel

Voulue en harmonie avec le paysage paisible dans lequel elle s'intègre, la Kasbah Tamadot demeure, malgré ses multiples évolutions et son esprit luxueux, dans l'esprit berbère. Dessiné autour d'un bâtiment central entouré d'escaliers menant à diverses cours et terrasses, le complexe offre une atmosphère reposante et intimiste grâce à ses hautes façades crénelées couleur ocre. Ponctué de patios verdoyants, chaque niveau s'ouvre sur l'extérieur. Conçue par Luciano Tempo, la terrasse de la piscine devenue un lieu de vie central de l'hôtel, offre une vue dégagée sur la chaîne de montagne environnante.

Sous les toits en toiles de tentes imaginés comme un hommage au style de vie ancestral, la décoration intérieure invite au dépaysement. Les objets chinés dans les souks de Marrakech et d'ailleurs et les pièces léguées par l'ancien propriétaire, sont mises en valeur par les travaux d'artisans tisserands locaux visibles dans la plupart des quinze chambres, toutes de couleurs différentes. De quoi se ressourcer pendant quelques jours, à l'écart du tumulte des grandes villes, avant de peut-être prolonger l'expérience à l'autre bout du monde.

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2/4/2025
La 8e Biennale Émergences se tiendra du 10 au 13 avril

La 8e édition de la Biennale Émergences se tiendra à nouveau au Centre national de la danse, du 10 au 13 avril. Intitulée « 9ter, destination métiers d’art », cette nouvelle édition propose de découvrir le travail de 56 créateurs minutieusement sélectionnés.

Avec près de 3 000 visiteurs recensés lors de l’édition 2023, la Biennale Émergences revient pour une nouvelle édition, toujours en partenariat avec Est Ensemble. Le commissariat a de nouveau été confié à Hélèna Ichbiah et Véronique Maire, déjà à l’œuvre lors de l’édition précédente. Ensemble, elles ont sélectionné 56 participants parmi plus de 300 candidatures, afin de mettre en valeur le meilleur de la création contemporaine.

L’objectif principal est de valoriser la création locale — 70 % des projets retenus sont issus du territoire — tout en représentant une scène émergente avec des profils variés. Certains créateurs sont jeunes diplômés, d'autres plus expérimentés, avec une tranche d’âge allant de 24 à 67 ans, offrant un véritable éventail d’approches et de sensibilités. L’édition 2024 est parrainée par Samuel Accoceberry et Bruce Cecere, fondateurs de la marque SB26, qui présenteront également, en marge de l’exposition principale, une sélection de leurs créations.

Une édition articulée en six tableaux

Pour structurer le parcours de la Biennale, les deux commissaires ont défini six « tableaux », construits autour des projets sélectionnés : Ouvrage moderne, Nature crue, Nouvelle excellence, Super simple, Futur archaïque, Non standard. « Cette édition s’articule autour de la transmission et du lien entre visiteurs et exposants. Ce qui est le plus important, c’est de rendre visible au plus grand nombre », confient-elles. Chaque tableau propose une expérience immersive pour découvrir les démarches créatives à travers dessins, maquettes, prototypes, échantillons, vidéos et objets finis.

Les 56 créateurs se répartissent comme suit :

• Ouvrage moderne : Atelier Dreieck, L’Établissement, Grégory Lacoua, Laurel Parker Book, Atelier Noue, P+L Studio, Studio Poudre, Atelier ST, Julia Trofimova — une sélection autour de l’innovation contemporaine, entre tradition et modernité.

© Noue Atelier

• Nature crue : Atelier Baptiste & Jaïna, Julie Bergeron, Cédric Breisacher, Abel Cárcamo Segovia, Luce Couillet, Materra Matang, Sara Mauvilly, Christine Phung & Célia Nkala, Fanny Richard, Colombe Salvaresi, Alice Trescarte, Céline Wright & Johan Després — des créateurs inspirés par la nature, ses matériaux et ses textures.

© Fanny Richard

• Nouvelle excellence : ansu studio, Xavier Brisons, La Compagnie du Verre, Atelier Font & Romani, Quentin Vuong, Christine Mathieu, Eudes Menichetti et Audrey Schaditzki — une mise en lumière du travail d’orfèvrerie, avec un souci du détail et des savoir-faire d’exception.

© Quentin Vuong

• Super simple : Pauline Androlus, César Bazaar, Théo Charasse, Guillaume Delvigne, Pierre Layronnie, Studio Lauma, Laure Philippe et Hermine Torikian — ici, l’évidence n’est jamais banale, portée par le principe « less is more ».

© Theo Charasse

• Futur archaïque : Chloé Bensahel, Jean-Baptiste Durand, Jules Goliath, Joris Héraclite Valenzuela, Marion Mailaender + Atelier Delisle, Baptiste Mairet, Marion Mezenge, Lou Motin, Studio Noff, Studio Quiproquo, Raphaël Serres, Alec Vivier-Reynaud, Lucas Zito Studio — une réflexion sur la mémoire comme levier pour penser le monde de demain.

© Jules Goliath

• Non standard : Wendy Andreu, Stéven Coëffic, Jonathan Cohen, Jean Couvreur, Prisca Razafindrakoto, Baptiste Vandaele — des créateurs qui explorent de nouvelles techniques industrielles ou remettent en question la production de série.

© Steven Coëffic

Des ateliers et animations en parallèle

En marge des six tableaux qui composent l’exposition principale, des ateliers seront proposés tout au long de l’événement, animés notamment par la Galerie du 19M, le fonds de dotation Verrecchia, et le GRETA ébénisterie du lycée Eugène Hénaff de Bagnolet.

La Biennale Émergences ouvrira ses portes le jeudi 10 avril et se tiendra jusqu’au dimanche 13 avril au Centre national de la danse (CND) à Pantin. Une exposition gratuite, qui s’impose comme un rendez-vous francilien incontournable pour les passionnés - ou non !- de design et de métiers d’art.

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4/4/2025
Fermob présente la collection Parisienne 21, une ode à l’art de vivre à la française

Inspirée des iconiques chaises des bistrots parisiens, la collection Parisienne 21 rend hommage à l’élégance et à l’héritage français, tout en incarnant parfaitement l’essence du design Fermob.

Conçue spécifiquement pour l’hôtellerie et la restauration, Parisienne 21 associe, tant dans son nom que dans son design, raffinement et chic à la française. Une revisite audacieuse qui défie les traditions pour proposer des modèles élégants et contemporains, alliant héritage et innovation.

Apporter une touche de modernité

Composée d’une chaise et d’un bridge, la collection Parisienne 21 a été imaginée par le studio de design Fermob avec l’ambition de capturer l’essence même de Paris, entre souvenirs, imaginaires collectifs et codes actuels. Chaque pièce est tressée à la main et réalisée en aluminium, incarnant ainsi le design du XXIe siècle. « Avec Parisienne 21, nous avons dessiné la collection que j’attendais, celle que je voulais à l’image de ce 21e arrondissement onirique, ou de celui des séries TV américaines. Chaque courbe, chaque ligne est pensée pour le beau, le confort et la prise en main. Son tressage manuel permet des déclinaisons subtiles en couleurs et en motifs », confie Bernard Reybier, président de Fermob.

Collection Parisienne 21 © Fermob

Allier confort, qualité et savoir-faire

Au-delà de son esthétique, la collection Parisienne 21 se distingue par ses qualités techniques, combinant légèreté, robustesse et praticité. Faciles à déplacer et empilables, ces chaises s’adaptent à tous les espaces. Conçues en métal – un savoir-faire que Fermob perfectionne depuis plus de 35 ans –, et recouvertes d’un tissage outdoor ; elles offrent ainsi une résistance optimale aux conditions extérieures.

Chaise Parisienne 21 © Fermob

Deux modèles, huit déclinaisons

En matière de personnalisation, la chaise et le bridge se déclinent en trois motifs de tressage distincts : Essentiel, Lignes et Prestige, chacun proposé en plusieurs coloris. La gamme Essentiel propose les coloris Réglisse, Gris Argile et Cerise Noire, la gamme Lignes est déclinée en une version Miel, Cactus et Cerise Noire tandis que Prestige est disponible en Cerise Noire et Gris argile. Les professionnels pourront également personnaliser les assises grâce au service Affaires Spéciales de Fermob.

Plus d'informations en cliquant ICI.

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2/4/2025
Victoria Wilmotte, en abscisse et en ordonnée

Pour rencontrer Victoria Wilmotte, il faut se rendre quai des Célestins, dans son bureau, studio ou atelier, que certains appellent Souplex, et descendre au sous-sol par un escalier en métal voir ses machines-outils. Impeccablement rangées le long du mur, sur un sol en béton parfaitement balayé, elles s’alignent. Elle a récemment ouvert un showroom, rue Madame pour exposer et vendre son autoproduction.

En vraie bricoleuse maniaque, comme un chef en cuisine, elle range ses affaires après sa journée de travail et pas un tournevis ne manque sur son tableau à outils ou dans ses tiroirs de métal. Chez Victoria Wilmotte, tout doit être à sa place. Et elle-même s’installe derrière un bureau en marbre blanc sur le fauteuil Chair One de Vitra dessiné par Konstantin Grcic, son mentor. Diplômée de l’École Camondo, elle décroche en 2008 un master en design products au Royal College of Art de Londres et crée d’emblée son propre studio, VW Design, qui deviendra en 2012 Studio Victoria Wilmotte SAS. Dans son atelier de 140 m2, elle taille, elle coupe, elle plie le métal, le peint, le ponce, le fait briller ou le martèle, pour le mettre sous son plus bel aspect. Parler, elle n’en a pas trop le temps.

© Fabien Breuil


Théorie de la pièce unique

Sa grosse actualité de fin d’année 2024 a été l’ouverture de son showroom en novembre, rue Madame, à Paris, à la place de la boutique Kitsuné, et dans lequel elle expose sa dernière collection, Concav. Elle aime bien travailler par collection, sur des séries limitées, et constituer des petites familles de pièces uniques. Au Mobilier national, la console Pleat, ou Plissé, est entrée dans les collections de l’ARC, l’Atelier de recherche et de création, dans sa couleur orange. Celle-ci est aussi éditée par Theoreme Editions, dans trois coloris et six éditions par couleur, mais là, ce n’est pas elle qui la produit.

Collection Concav © Jean-Pierre Vaillancourt

Les pièces présentées dans son showroom sont toutes des originales, réalisées par ses soins. La protection d’un produit vient de sa publication. Publication dans la presse, publication sur Instagram, publication par la maison d’édition… Les produits ne sont jamais identiques à 100 % puisqu’il y a sa patte à chaque fois. Un creux dans un pied, une courbure : c’est un énorme travail. Les blocs Concav semblent massifs. C’est en fait du métal plié sur lequel se pose un plateau en  verre avec un film de couleur.

Collection Concav © Jean-Pierre Vaillancourt

Des matières particulières

Sa première exposition, en 2009, était tout en marbre et sur mesure. Les commandes pour les particuliers sont celles qui font rentrer l’argent nécessaire au fonctionnement de sa factory à la Warhol. Sa cheminée en marbre (d’abord dessinée en Corian pour la Galerie Torri et le PAD Paris 2016), qui se déplie sur les montants et sur le plateau, comme une pyramide maya, avec sept niveaux de marches, recueille un franc succès. Elle a envoyé deux cheminées en Australie à la fin du mois de novembre. Cette cheminée plaît énormément à une clientèle très friande d’images postées sur le Net. L’édition l’intéresse toujours si elle reste un procédé industriel, mais à petite échelle. Elle ne veut pas faire la même pièce à répétition. Les éditions spéciales, les éditions limitées dans des finitions particulières, les éditions sur mesure sont sa signature, et l’ouverture de ce showroom va lui permettre d’élargir sa diffusion.

Collection Concav © Jean-Pierre Vaillancourt

Toucher le plus grand nombre

Elle adorerait collaborer avec Ikea, comme Sabine Marcelis. Rester collectible n’est pas son objectif. Petits objets, vases, plateaux, miroirs sont des objets plus abordables qui lui permettront de toucher un plus large public. Mais elle reste maîtresse du dessin. À chaque fois qu’elle a délégué cette tâche, cela n’a pas vraiment fonctionné. Elle exerce son métier un peu comme un sculpteur, en prenant la matière à bras-lecorps. En improvisant les formes, en pliant l’acier ou le papier métallisé. Elle n’utilise pas la 3D. Elle aime être dans l’action, saisir le métal, le tenir, le plier, le manipuler derrière ses machines. Elle s’attache au détail et ne laisse rien au hasard, ni même l’angle au sol, qui doit être parfait. Dans la journée, elle découpe un miroir. Comme Héphaïstos, elle forge sa production. Elle contrôle les commandes. Et la matière, docile, se plie à ses désirs. Comme face à une Wonder Woman.

Tables basses Pli pour ClassiCon © Jean-Pierre Vaillancourt
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