Actualités
Qu’il passe par une « réflexion » sur la lumière, et son goût pour le verre en tant que matériau de prédilection, ou par son attirance par les défis d’équilibre techniques, l’entraînant à collaborer pour ses pièces avec de nombreux artisans, le travail de la designer Émilie Lemardeley questionne autant la maîtrise de la forme que la nuance des couleurs.
Zeus, Helios, Dionysos, Narcisse, les pièces de la designer Émilie Lemardeley, qu’il s’agisse de mobiliers (sofa, fauteuil, banc), de miroirs ou encore de luminaires (sur pied, en applique ou en suspension), tirent leur nom d’une attirance pour la mythologie grecque induisant autant son regard sur la forme que sur le monde. « J’aime la mythologie grecque pour l’avoir longtemps étudiée », avance-t-elle. « Elle m’a ouvert à un autre monde, qui n’est pas le monde rationnel dans lequel nous vivons aujourd’hui. À travers ses pièces, Émilie Lemardeley cherche surtout à ouvrir la porte sur son monde. Un monde tourné sur le singulier, la courbe et l’intuition, qui semble bien coller avec son parcours atypique, l’ayant vu aller de Sciences-Po à l’Ecole du Louvre, passer de l’Ecole Sotheby’s de Londres au département Mobilier du 20ème siècle de Christie’s, avant qu’elle n’achève sa formation à l’Ensaama olivier de Serres, puis ouvre son propre studio en 2012.
La clef de ses créations se situe pour beaucoup dans sa grande recherche d’équilibre et de précision. « Le défi du lustre ruban Parques a été de trouver un bon équilibre des points de suspension afin que le ruban se développe avec la forme souhaitée, sans multiplier les points d’accroche », admet-elle ainsi.
« Idem pour les lustres Dionysos. On peut décliner les formes à l’infini tant que l’on fait attention au poids des verreries et à la longueur des ʺbranchesʺ en métal. »
Son choix des matériaux est aussi essentiel, et son travail révèle notamment son goût pour le verre, que l’on retrouve dans ses miroirs et luminaires. « J’utilise le verre car il est vecteur et récepteur de lumière, ce qui est à la base de mon travail. La dimension philosophique de la lumière me permet d’ouvrir sur la ʺréflexionʺ, qui est à la fois la réverbération d’ondes lumineuses sur une surface, le reflet, mais aussi l’activité cérébrale. Le verre qui permet de jouer avec les ʺréflexions lumineusesʺ est donc mon matériau de prédilection. » De fait, Émilie Lemardeley commence toujours par détailler la lumière du lieu lorsqu’elle réalise des installations lumineuses. « Cela me permet de savoir si le verre sera mieux transparent ou opalescent, coloré ou sablé blanc. Le verre est un matériau captivant qui peut se travailler de différentes façons (soufflé, coulé, moulé, taillé). Il devient presque matière vivante, quand on y ajoute la lumière. »
Outre la lumière, son travail du verre fait aussi la part belle à la couleur. Elle y décline ainsi son attirance pour la « chaleur » que doit dégager un objet. « Selon moi, un intérieur minimaliste, trop épuré en couleurs, manque de souffle », souligne-t-elle. « Il faut que les couleurs se mêlent et se répondent, que les objets s’appellent et s’interpellent pour donner du sens, donner du cœur à l’espace. Un objet n’est pas seulement une fonction, c’est un petit réceptacle d’âme. »
Savoir-faire français et projets d’ampleur sur mesure
Pour perfectionner les formes de ses créations, Émilie Lemardeley aime travailler avec des artisans, souffleurs de verre ou ferronniers d’art. Cela a notamment été le cas pour l’une de ses plus récentes créations, le grand sofa Zeus.
« Le grand sofa Zeus est une aile d’oiseau qui nous a demandé beaucoup de prototypes et de minutie entre les différentes couches de mousse afin d’allier dessin et confort d’assise », explique-t-elle.
« Il y a des défis techniques dans chaque objet et pour les réussir, il faut que je puisse être proche des ateliers. C’est pourquoi tout est fabriqué en France. Les artisans français ont un savoir-faire et une maîtrise de leur art très aboutie. »
Pour la majeure partie de son travail contenant du métal, elle collabore avec le même atelier depuis neuf ans. Ce dernier l’a beaucoup aidé pour la réalisation de sa sculpture Proue, créée pour le nouveau quartier du Panorama dans la ville de Clamart. « C’était un vrai challenge par son ampleur (huit mètres de long par six mètres de haut) et par son poids, six tonnes », se félicite-t-elle. « En plus, je voulais que la pièce soit suspendue au-dessus d’un bassin d’eau. Je me suis donc entourée d’un bureau d’études techniques pour la réalisation. Les 1500 pièces ont été dessinées au millimètre avant d’être assemblées sur une matrice géante. »
Représentée en France par la galerie Avant-Scène, et par les galeries Gardeshop à Los Angeles et Cuturi Galerie à Singapour, Émilie Lemardeley dessine et réalise beaucoup de pièces pour l’étranger, en particulier pour des décorateurs et architectes. Des décorateurs d’intérieurs et architectes qui sont en général ses premiers clients, venant la voir pour réaliser un objet unique pour leur projet. « On peut aussi partir d’un objet de mes collections qu’ils ont apprécié pour l’adapter à leur projet. Mais c’est toujours une création unique, adaptée pour le lieu où elle prend place », précise-t-elle.
« Je travaille avec une quarantaine de couleurs de verre, et au sein de ces couleurs, on peut également jouer sur la densité et donc créer à nouveau des nuances pour faire des camaïeux. De même pour le métal, j’aime jouer avec les patines ou les feuilles d’or dont il existe une vingtaine de teintes différentes. Cette vaste palette me permet de réaliser des installations lumineuses sur mesure pour de grands espaces, comme des salles de restaurant, des halls d’entrée d’hôtels, des cages d’escaliers. Ma dernière réalisation pour le groupe Eiffage Immobilier habillait un hall d’immeuble et atteignait huit mètres de hauteur. »
Le célèbre musée du design lausannois du mudac engendre sa mue avec l’ouverture en vue de ses nouveaux bâtiments prévue pour juin 2022. Une transformation qui s’accompagnera d’une redéfinition de la politique d’acquisition des œuvres et du sens des collections, comme l’explique son directeur adjoint Marco Costantini.
Lausanne profite du nouvel élan donné par le projet Plateforme 10 – la constitution d’un véritable quartier des arts au cœur de la ville, associant les trois musées consacrés à la création visuelle – pour repousser ses murs et trouver de nouveaux ressorts afin de mieux valoriser l’omniprésence du design dans notre quotidien. Surfaces d’exposition doublées, espace de médiation sis directement sur un plateau qui pourra accueillir simultanément plusieurs expositions, volumes de réserves des collections quatre fois plus volumineux, mais aussi centre de recherche et bibliothèque partagés avec le Musée de l’Élysée, sans oublier l’accueil du public avec une grande librairie-boutique, un café et un restaurant, c’est un véritable mudac « augmenté » que les visiteurs pourront découvrir lors de son ouverture officielle en juin 2022. Et ce d’autant plus que son identité visuelle et son site internet sont eux aussi entièrement repensés en vue de cette grande mue.
Cette transformation physique du bâti n’est d’ailleurs pas une fin en soi. Elle s’accompagne également de la redéfinition de la politique d’acquisition des œuvres et du sens des collections. Focalisant principalement jusqu’ici sur le design d’objets de la céramique, du bijou, de l’estampe, du textile et du verre, le mudac entame une réflexion plus globale et une réorientation méthodologique beaucoup plus axée sur la documentation des processus de création généraux, avec esquisses, dessins préparatoires, échantillons et prototypes à l’appui.
« Saisir ce qui réunit les créateurs contemporains »
« L’idée générale est qu’il n’est plus possible aujourd’hui de présenter les collections par techniques ou matériaux tant chaque création entretient avec d’autres des éléments de voisinages au niveau des systèmes de production, de diffusion mais également sémantiques », explique Marco Costantini, Directeur adjoint du mudac. « Les problématiques que tente de résoudre chaque créateur, qu’il soit designer, bijoutier ou céramiste sont souvent les mêmes. Pourquoi créer une nouvelle chaise ou un nouveau vase ? Comment vais-je me situer par rapport aux grandes questions liées à l’usage des matériaux et des problématiques du développement durable ? Que peut apporter mon nouvel objet à la société ? Exposer tous les objets de nos collections ensemble peut aider à saisir ce qui réunit les créateurs contemporains. »
De fait, la collection du mudac sera élargie à d’autres matériaux, plus modernes et technologiques, pour témoigner des grandes évolutions et révolutions que le design et l’ensemble des arts appliqués traversent aujourd’hui. « De nouveaux matériaux sont apparus, comme les algues, d’autres sont issus de recyclage », poursuit Marco Costantini. « Les technologies jouent un rôle très important dans la recherche de nouveaux matériaux moins polluants ou impactants vis-à-vis de l’environnement. Il est dès lors de notre devoir d’institution publique de présenter ces recherches en faisant entrer dans les collections des pièces emblématiques de cet état d’esprit. »
Des allers-retours entre aires géographiques producteurs de sens
En complément de cette lecture plus imbriquée du design contemporain dans ces processus de création, le mudac souhaite également mieux en considérer la provenance géographique, en accordant une plus grande place aux productions extra-européennes afin de mieux les considérer dans un discours plus vaste du design.
« Dans un monde que l’on se plaît à qualifier de globalisé, au contraire des ressources qui ne le sont pas ou pas assez, il est important de s’interroger sur le sens du design selon l’aire géographique dans laquelle on se situe », admet Marco Costantini. « Le mot design en Europe n’a pas toujours la même signification que si l’on se trouve en Asie, en Amérique latine ou au Moyen-Orient. Il s’agit dès lors de comprendre ces différences ou ces variations pour éviter un regard trop eurocentré. Collectionner ces artefacts de pays extra-européens doit dès lors aussi nous permettre de remettre en question nos propre productions en les comparant à celles d’autres contrées. Ces allers-retours sont producteurs de sens. Le design est avant tout une question de contexte et cela même si les outils sont communs. »
En attendant l’avancée de cette réflexion, rendez-vous est pris en novembre prochain pour une préfiguration d’ouverture offrant une carte blanche à l’artiste suisse Christian Marclay. Il y présentera in situ une installation de projections numériques composées de milliers d’images fixes provenant des collections du mudac et du Musée de l’Élysée.
Surfaces d’exposition doublées, espace de médiation sis directement sur un plateau qui accueille simultanément plusieurs expositions… c’est un véritable mudac « augmenté » qui ouvrira en juin 2022.
Présentée à la Gaîté Lyrique, la nouvelle exposition d’Olivier Ratsi met en avant des dispositifs sculpturaux où la lumière impulse le mouvement et invite le spectateur à s’approprier l’espace. Mais elle dévoile aussi des pièces où le design apparaît comme essentiel pour que le dialogue entre la lumière et l’objet se fasse « sans obstacle ».
La lumière a toujours été une source d’interrogation dans le travail de l’artiste Olivier Ratsi. Qu’il s’agisse de lumière projetée, celle des vidéoprojecteurs, héritée des techniques du mapping permettant de révéler des supports, de questionner des volumes, et qui dans son travail se conjugue souvent à des principes d’anamorphose, ouvrant au spectateur à partir d’un certain point de vue le redimensionnement des images projetées en une nouvelle image. Ou qu’il s’agisse de lumière diffuse, lui offrant les perspectives de créer des œuvres plus denses, en lien direct avec l’espace qui les entoure grâce à cette lumière irradiante venant structurer physiquement la relation entre l’objet et l’espace.
Pour l’exposition à la Gaîté Lyrique Heureux Soient Les Fêlés, Car Ils Laisseront Passer la Lumière – titre clin d’œil à Michel Audiard –, aux contours très scénographiques et déambulatoires, cette logique de rapport entre objet et espace, mais aussi entre corps (du spectateur) et espace, se veut sans doute plus forte que jamais. Outre les habituelles notions de cadrage, d’angles, de champ et de contre-champ, qui donnent littéralement vie aux pièces d’Olivier Ratsi, le principe de « cartographie sensorielle » que le public serait invité à ressentir en traversant, en écoutant ou en observant les œuvres et leurs mutations optiques constantes transperce ce mélange de pièces anciennes, revisitées pour l’occasion, et de nouvelles créations.
Architectures immersives
À l’image de Frame, sculpture de cadres de bois et de leds superposées, présentée pour la première fois à la verticale et dont l’effet miroir rappelle un peu les jeux de fuite visuelle de l’échelle de Yayoi Kusama, ou de la nouvelle pièce X, 24 tubes acrylique réfléchissant leur luminosité fuyante en s’étirant sur un long bassin d’eau noire, Olivier Ratsi entame ici un dialogue optimisé des œuvres avec l’espace architectural qui l’accueille. La nature immersive des pièces s’en trouve décuplée, tout comme la perception du spectateur. « Concernant le côté immersif, j’aime multiplier les points de vue dans mon travail », précise-t-il. « L’anamorphose s’observe en général à l’extérieur de l’œuvre, mais je cherche toujours à ce que le spectateur puisse la pénétrer afin de multiplier les possibilités de point de vue, un peu comme dans les Pénétrables de Jésus-Rafael Soto. Il faut aussi qu’il puisse vivre une expérience. »
Les expériences s’avèrent en effet ici très mouvantes pour le visiteur. Des jeux chromatiques de F(lux) ou Spectrum, inspirées des rayons solaires traversant les nuages, aux pertes de repères spatio-temporelles de Negative Space, engendrée par le ballet de lumières et de brouillard créé à partir de 21 totems quadrillant l’espace de la chambre noire, celui-ci se retrouve à la fois caressé du regard ou poussé dans les derniers retranchements de ses perceptions individuelles.
L’impératif esthétique du design
Il est intéressant de noter que le design constitue aussi un élément esthétique pérenne dans le travail d’Olivier Ratsi. Qu’il prenne la forme des rectangles rouges de son installation lumineuse III qui trônait il y a quelques mois encore à l’entrée du Centre culturel Canadien (pour l’événement Human Learning) ou qu’il s’exprime dans les formes tubulaires et lumineuses allongées de F(lux), on saisit bien l’importance de la forme dans ses pièces. « Pour moi le design n’est pas une fin en soi, mais un impératif sur le plan esthétique. Il contribue à rendre les choses plus fluides, afin que le dialogue se fasse ʺsans obstacleʺ, et que la lumière apparaisse comme si elle n’existait sans aucun autre support. »
À ce titre, la création Infinite I et son décor circulaire de miroirs conviant le spectateur à rompre le cercle s’avère la pièce la plus design de l’exposition. « Infinite I est l’une des seules pièces avec Shape qui n’utilise pas de technologie, mais qui nécessite obligatoirement l’informatique pour la conception tant chaque élément est désigné et placé au millimètre près », confesse-t-il. « En se positionnant au centre, le spectateur peut observer que les miroirs, qui semblent à première vue légèrement décalés dans leur rotation, se ʺreplacentʺ tous de manière parallèle. Ils deviennent tous les mêmes, alors qu’ils renvoient tous une partie différente de l’image de l’observateur. » Un concept de boucle infinie qui s’articule avec une véritable recherche dans la conception de l’objet.
À la Gaîté Lyrique, Olivier Ratsi entame ici un dialogue optimisé des œuvres avec l’espace architectural qui l’accueille. La nature immersive des pièces s’en trouve décuplée, tout comme la perception du spectateur.
« Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière » – Olivier Ratsi
Exposition-expérience
Jusqu’au 18/7/2021
La Gaîté Lyrique – 3bis rue Papin – 75003 Paris
https://gaite-lyrique.net/
Depuis plusieurs années, les Prix Design & Innovation et Golden Parachute récompensent des projets de diplôme prometteurs de la promotion tout juste sortie de l’école supérieure d’art et de design de Saint-Etienne (ESADSE). L’édition 2021 vient de récompenser le travail de Charlotte Goffette, Chloé Pechoultres et Antoine Salle.
À l’issue d’échanges particulièrement denses en débats, les prix Design & Innovation et Golden Parachute ont été remis hier à l’ESADSE, devant une partie des étudiants de la dernière promotion 2020, tandis que les autres suivaient en visioconférence.
Des ex-æquo pour le Prix Golden Parachute
C’est ainsi que Chloé Pechoultres a appris par écran interposé sa nomination ex aequo avec son compère Antoine Salle, pour le Prix Golden Parachute. Si la Covid-19 a fortement perturbé le déroulement de cette dernière année, en impactant directement la formalisation du diplôme ( finalement passé à l’automne), les sujets des projets présentés s’en sont fait souvent l’écho, même indirectement. Pour la section Art, les sampurus (réplique des plats exposés dans les vitrines des restaurants au Japon) revisités du jeune peintre Antoine Salle ont pris une connotation particulière dans cette période qui a figé un pan important de la restauration, quand les associations de photos et de sculptures de Chloé Pechoultres interrogent le temps, dans l’instant figé dans la mémoire, les strates du souvenir, la pérennité, à travers une fascination des « multiples visages de la pierre ». Les lauréats reçoivent une bourse d’aide à la création de 3000 euros et bénéficieront d’une exposition en mars 2022 au lieu de diffusion « L’Assaut de la menuiserie » à Saint-Étienne.
Poésie et urbanité au cœur du Prix Design et Innovation
Départager les candidats en design objet, design espace et médias s’est également révélé extrêmement complexe, par la qualité des recherches dans lesquelles s’inscrivaient les diplômes. À l’issue de discussions nourries, le jury – dont faisait partie Intramuros— a choisi de récompenser Charlotte Gofette pour sa réflexion menée autour du vent « seul élément en continuité physique avec notre corps » dans une perspective de rendre tangible son expression dans l’espace urbain. La lauréate reçoit une bourse d’aide à la création de la Fondation Crédit Agricole Loire-Haute Loire d’un montant de 3000 euros. Elle bénéficiera également d’une exposition à la Galerie Surface de Saint-Etienne, qui valorise le travail de designers dans le cadre d’événements et d’expositions.
Des projets de diplômes variés et pointus
Le jury a également souhaité décerner un « coup de cœur » au travail de Charlotte Marx baptisé « Apparitions », qui s’intéresse à ces espaces d’attente et de contemplations tels que « la salle d’attente, lieu des manifestations des apparitions lumineuses, le hall d’entrée de l’hôtel, où les ombres semblent sortir du rêve, le cabanon du pêcheur, propice aux reflets, le sentier de montagne où le paysage s’encadre, la cabine de train, point de vue de la lumière en mouvement.» En effet, extrêmement variés, les projets de diplômes de cette promotion dévoilaient une volonté d’interroger par la démarche design le champ social (interrogation d’un processus participatif, retranscription d’objets conçus en milieu carcéral, rituels du deuil, militantisme…). Ils portaient aussi bien sur un décryptage/décodage des fake news, l’invention d’un langage associant une pierre à un mot, pour littéralement composer des poèmes sculpturaux.
D’autres proposaient en lien avec des urbanistes la détermination de pièces de mobilier urbain pour revaloriser certaines promenades oubliées de la ville, en prenant garde de bien s’inscrire dans le cadre végétal et de préserver ces îlots de quiétude, ou réinterroger les processus de végétalisation de la ville. La promotion interrogeait aussi les conditions de la prise de parole en public dans les milieux scolaires et universitaires, cherchaient une réponse au fidgeting, ces mouvements instinctifs que l’on fait pour nous concentrer.
L’exposition « Round 5 » présente l’ensemble des projets de diplômes de la promotion 2020, jusqu’au 29 août, à la Cité du design de Saint-Etienne. Le site de l’école rassemble aussi ces travaux ici.
À l’occasion de la réouverture des lieux culturels, l’exposition « Matières à l’œuvre- matière à penser, manière de faire » est prolongée jusqu’au 9 juin à la Galerie des Gobelins. Une occasion de voir une cinquantaine de pièces d’exception.
Initialement prévue pour les Journées européennes des métiers d’art en avril, l’exposition « Matières à l’œuvre – matière à penser, manière de faire » rassemble à la Galerie des Gobelins une cinquantaine de pièces extrêmement variées réparties autour de trois thématiques : « Matières, sources et ressources », « Matières hybrides, augmentées, transformées, recyclées » et « Matières à rêver ».
Toutes les œuvres présentées ont été réalisées par des créateurs français et mettent en avant un savoir-faire d’excellence. Au fil du parcours, on retrouve avec plaisir des pièces d’exception d’éditeurs comme Atelier SB26 — avec une superbe table et lampe à poser – ou d’artisans comme Creanog, qui expose un sublime coffret réalisé pour la Villa Cavrois. Parmi les exposants labellisés EPV, on notera aussi la présence pour le verre de Bernard Pictet et pour le métal d’Atelier Pouenat.
L’exposition offre bien entendu son lot de découvertes, avec notamment le très étonnant bahut d’ARCA Ebénisterie, conçu par Steven Leprizé et réalisé en WooWood , une technologie qui associe de la marqueterie à un revêtement textile qui lui donne une souplesse très intrigante. Pour le travail de la matière, on retient aussi les recherches de Jeanne Guyon et sa suspension Pinto composées de lièges et de faïence de terre local, les suspensions en verre marin de Lucile Viaud, et les transformations surprenantes de William Amor.
Jusqu’au 9 juin.
Ouverture du mardi au dimanche de 11h à 18h,
Réservation obligatoire sur le site www.journeesdesmetiersdart.fr,
42 avenue des Gobelins 75013 Paris
Le Tripostal à Lille prolonge jusqu’en novembre l’excellente exposition « Colors, etc. » co-organisée avec le Musée du Design de Gand. Le parcours orchestré sur tous les espaces du bâtiment interroge notre relation à la couleur, au gré d’installations immersives d’artistes contemporains et d’expérimentations de designers. Il se termine dans une enquête passionnante sur le travail de la couleur du peintre Van Eyck, mise en scène dans une « Pigment Walk » comprenant plus de 100 objets.
Ressentir, entendre, explorer, interroger la couleur… c’est le parcours que propose la commissaire Siegrid Demyttenaere au Tripostal, en collaboration avec Sofie Lachaert pour la dernière partie de l’exposition.
Plusieurs artistes et designers ont été invités à créer des installations in situ afin d’explorer les relations des 5 sens avec la couleur. Avant tout sensoriel, le parcours se veut ludique pour le grand public tout étant très riche en informations sur les recherches actuelles pour qui souhaite approfondir le sujet. Entre effets sur le psychisme et recherche de biomatériaux, le propos de la commissaire est de montrer combien la question de la couleur couvre de larges champs d’interventions : « Pour le scientifique, la couleur est un effet de variations spectrales de la lumière visible tandis que le pigment est une coloration de la cellule vivante. L’art et le design se détachent ici de la science. La culture fait face à la biologie. La couleur est une notion psychique, un moyen de communication mais surtout un ressenti. »
Une entrée en matière immersive
Dès l’entrée, Liz West s’empare des colonnes du hall pour les transformer en îlots lumineux successifs, habillés de gaze, de miroirs et de couleurs différentes et pousse le visiteur à s’interroger sur la source lumineuse, et sur l’effet de la perception de l’espace ainsi défini. Plus loin, dans « The Secret of Red», Fernando Laposse interroge l’histoire de la cochenille, à l’origine de la couleur vive d’un colorant lié à la production d’acide carmique. L’effet de la lumière sur la couleur est abordée ensuite en présence des sublimes « cairns » de Dawn Bendick. Ils sont composés de pièces de verre dichroïque, qui a pour particularité de changer de couleur en fonction de la nature de la lumière, et l’artiste interroge ici parallèlement le temps qui passe dans un jeu d’alternance de sources lumineuses différentes, qui reproduit une chronologie du lever et du coucher du soleil.
Projets de recherche
Aux côtés d’autres « experiences rooms », l’exposition se poursuit avec un étage particulièrement consacré aux recherches actuelles. La sélection de projets exposés met en avant des designers à la recherche de solutions, dans des collaborations avec des scientifiques et créateurs d’autres disciplines. Parmi les travaux exposés, le Studio Thus That conçoit notamment des poteries émaillées à partir des oxydes contenus dans la « boue rouge » issue de produits résiduels de l’industrie de l’aluminium et constituée de bauxite.
Christien Meindertsma présente Fibre Market, qui repose sur la technologie Fibresort qui analyse et trie des vêtements en fonction du type de fils qui les compose, pour vérifier la véracité de l’étiquette de composition. Caroline Cotto pour sa part a composé un nuancier réalisé à partir de fragment de coquilles d’oeufs qu’elle a dénichés partout dans le monde, et met en avant la proximité de leurs nuances avec celles la peau. Parallèlement à son travail sur le pigment noir, Hella Jongerius démontre avec The Evening Textile comment créer un large spectre de couleurs à partir d’un nombre limités de fils. Naving G. Khan Dossos a étudié les effets de la couleur à l’hôpital dans le cadre d’ateliers organisés au St Mary’s Hospital à Londres.
De son côté Lynne Brouwer étudie comment la couleur peut aider à contrôler l’inconfort d’une situation en s’intéressant à des lieux aussi divers et difficiles que les crématoriums, les commissariats de police et tribunaux. Le visiteur découvrira aussi des performances de design culinaire de Celine Pelcé, comme une installation saisissante de Penique Productions qui propose une immersion particulière dans un jaune chaleureux à travers une forme de sculpture à vivre.
L’enquête mystique
La dernière partie de l’exposition s’ouvre sur une installation de Studio Plastique présentant l’histoire de la couleur bleue à partir de panneaux de verre coloré d’un ton bleu particulier, d’importance historique, à l’image d’une frise chronologique en verre. Une belle introduction à la promenade autour de l’univers des couleurs de aménagée autour de l’univers des couleurs de Van Eyck, en s’appuyant sur l’analyse de 13 détails de L’Agneau mystique. À chaque détail est associé un groupe d’œuvres qui reprennent une couleur déterminée dans le retable. Une mise en perspective dans une « Pigment Walk » orchestrée avec la présentation de créations de plus de 100 designers et artistes, qui valorisent bien évidemment une expression de ces couleurs sélectionnées, mais aussi et surtout interrogent les notions de symbolique, de savoir-faire, de transparence, de rendus de matières…
Un jeu d’enquête et d’observation qui fait slalomer le visiteur autour de créations entre autres de Ettore Sotsass, de Konstantin Grcic, des frères Bouroullec, de Patricia Urquiiola du Studio Maarten, de Nendo, de Truly Truly… Juste passionnant !
« Colors, etc. » Jusqu’au 14 novembre 2021, Tripostal, Lille
A voir également à proximité « Young Colors », exposition rassemblant des jeunes artistes récemment diplômés, jusqu’au 4 juillet, Institut pour la photographie et Eglise Sainte-Marie-Madeleine, Lille
Au musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne, l’exposition « Déjà-vu ! le design dans notre quotidien » propose une sélection de pièces de mobilier et d’objets des années 50 à nos jours. Le grand public reconnaîtra avec plaisir certaines icônes du design, et retrouvera avec plaisir des objets usuels, qui ont vraiment fait partie du quotidien de plusieurs générations. La commissaire Imke Plinta propose une scénographie aérée, qui permet de bien tourner autour des pièces , le plus souvent exposées à même le sol.
Comme elle nous l’indique immédiatement lors de la visite, Imke Plinta n’est « ni historienne de l’art, ni designeuse de produits ». Designer graphiste, elle a beaucoup travaillé avec Ruedi Baur, et explore dans ses travaux l’inscription « du design dans un contexte. » Cette exposition » Déjà-vu ! » est née d’une rencontre avec Aurélie Voltz, directrice du musée, qui a à cœur de valoriser l’une des collections design les plus importantes de France.
Au fil de l’exposition, le choix des pièces et de la mise en scène montre combien le design répond à des besoins et traduit les évolutions sociétales. Comme un écho à la période sanitaire actuelle, le parcours démarre sur un ensemble conçu par Jean Prouvé et Jules Leleu pour un sanatorium de Savoie pour des malades atteints de la tuberculose : la commande de l’époque voulait que le mobilier respecte des normes d’hygiène, robustes, et reproductible en série à faible coût. La réponse des concepteurs portera sur un ensemble en bois et métal.
Jules-Émile Leleu, Mobilier d’une chambre du sanatorium Martel-de-Janville, 1934, tôle pliée, soudée et laquée, bois, textile, éditeur : Ateliers Jean Prouvé, Nancy (France), collection MAMC+
Anonyme, Téléphone C.I.T, vers 1937, résine, collection MAMC+
Aldo Magnelli, Adriano Magnelli, Machine à écrire MP 1, 1932, métal, éditeur et fabricant : Olivetti Spa, Ivrée (Italie), collection MAMC+
Vue de l’exposition Déjà-vu. Le design dans notre quotidien au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, jusqu’au 22 août 2021.
La première salle est dédiée à l’habitat dans son ensemble, notamment documenté par un reportage photo de l’entre-deux-guerres sur une cité ouvrière, qui témoigne des effets d’une poussée démographique et d’une crise du logement, puis de la construction des grands ensembles qui démarrent dans les années 50. A noter pour le visiteur qui a un peu de temps : un film revient sur la promesse d’une vie nouvelle, à travers les logements à venir des villes modernes, conçus dans l’esprit de la Charte d’Athènes sous l’égide de Le Corbusier.
De la politique du logement à l’aménagement d’intérieur
Le parcours se poursuit en abordant dans l’effort de reconstruction la conception du mobilier pour les nouveaux logements. On y retrouve notamment un important focus sur le travail de Michel Mortier, membre dès 1952 de la société des artistes décorateurs. Au sein de l’agence de Marcel Gascoin, il mène une réflexion autour du précepte « le contenant doit s’adapter au contenu ». Il part ainsi de l’usage : la fréquence d’utilisation des objets pour déterminer leur placement et ainsi dessiner le mobilier d’une façon très rationnelle. A côté de prototypes sont exposés des dessins avec des collages des gouaches, qui témoignent aussi des procédés de travail de l’époque.
Michel Mortier, Bahut suspendu, 1958, panneaux de bois plaqués en merisie, éditeur : Dassas (France), collection MAMC+
Michel Mortier, Sans titre, encre sur calque, vers 1958, collection MAMC+
Michel Mortier, Fauteuil, chauffeuse et chaise, série MP 2, hêtre massif, multipli et polyéthylène, éditeur : Maison française, Rennes (France), collection MAMC+
Déjà-vu. Le design dans notre quotidien au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, jusqu’au 22 août 2021.
Des artistes décorateurs aux designers
Du Salon des Arts Ménagers à Prisunic, de l’Union des Artistes Modernes aux designers « pop », en passant par Pierre Paulin, Raymond Loewy ou le groupe Memphis, la troisième salle l’exposition s’intéresse aux bouleversements du quotidien des Français : parallèlement aux évolutions des matériaux, des techniques, et des aspirations de la société, le design pénètre le quotidien avec la proposition d’objets et de mobilier à l’esthétique nouvelle. Comme l’explique Imke Plinta, » on aborde aussi l’habitat pièce par pièce, et non plus dans un concept global, on devient plus individuel ». Entre design pop et esthétique industrielle, le visiteur circule autour d’objets iconiques comme le Tam-Tam conçu par Henry Massonnet, et les collections de Prisunic – sous la direction artistique de Jacques Putman – auxquelles participent de jeunes créateurs de l’époque, à l’image du lit de Marc Held. » Pour le consommateur, se meubler devient aussi banal que s’habiller. »
Le quotidien est aussi bouleversé dans l’espace professionnel par les évolutions technnologiques et l’arrivée de nouveaux outils. A l’image de la « Programma 101 » d’Olivetti, qui est l’exemple d’un ordinateur pouvant être posé sur un bureau, et dont le design a été confié à Mario Bellini. Pour l’anecdote, il est aujourd’hui difficile d’imaginer combien cette machine, utilisée dès les années 60 par la NASA, fait partie des « outils » de la conception du programme d’Apollo 11.
Charles & Ray Eames, Chaise La Fonda, 1961, résine polyester insaturée renforcée de fibres de verre (GUP) et revêtement textile, éditeur Herman Miller Inc., Zeeland (Etats-Unis), collection MAMC+
Sur la table :
Mario Bellini, Ordinateur personnel Programma 101, 1969, métal et acrylonitrile butadiène styrène (ABS), éditeur Olivetti Spa, Ivrée (Italie), collection MAMC+
Joe Colombo, Lampe KD29, vers 1967, acrylonitrile butadiène styrène (ABS) et polyméthacrylate de méthyle (PMMA), éditeur Kartell, Noviglio (Italie), collection MAMC+
Dans cette évolution de « l’esthétique industrielle » vers le design, les années 80 sont marquées par le groupe Memphis, à qui est dédié une section de l’exposition, et qui rapporte ces propos d’Andrea Branzi : « Avec Memphis, nous avons trouvé un mode d’organisation et de production qui nous a permis de brise rle rapport normal entre design et industrie et de mettre l’industrie au service des designers, au lieu d’être nous-mêmes au service de l’industrie. » Une approche ludique, qui ouvre les champs de la création : comme le dit Imke Plinta » le design est conçu comme une boîte à jeux et à outils ».
Le design et l’art ménager
Le parcours fait aussi la part belle à l’apparition d’objets ménagers. Comme le rappelle Imke Plinta : « La société a connu un véritable changement de mode de vie. De l’immédiat après-guerre aux Trente Glorieuses, c’est une transformation radicale qui s’est opérée dans l’habitat — d’un point de vue architectural —, et dans les intérieurs. Cette période est aussi celle où les femmes ont commencé à travailler en dehors du foyer, d’où l’apparition d’objets ménagers qui avaient pour but de faciliter leur vie. Bien sûr aujourd’hui nous ne l’interprétons pas de la même façon, mais cette “libération féminine” était à l’époque un véritable argument commercial.»
Le visiteur retrouve ainsi toute une collection d’objets qui lui sont à nouveau familiers, dans cette idée de « déjà-vu ». Une série de fer à repasser démontre des changements des formes, de poids, mais aussi l’ajout de fonctions, avec notamment le premier fer à repasser de voyage, pliable, réalisé par Pierre Paulin. L’évocation de la cuisine de Francfort est aussi l’occasion d’aborder la rationnalisation de cette pièce et son évolution, à travers des espaces de travail toujours plus fonctionnels, le développement d’objets électroménagers, depuis l’évolution des machines à café jusqu’aux robots mixeurs.
Parallèlement l’exposition propose deux clins d’oeil de ces objets si liés à notre quotidien. D’un côté, une référence à l’évolution technologique présente différents modèles, depuis le Minitel à l’ordinateur portable, dans des mises en scènes qui rappellent les dispositifs du télétravail actuel. De l’autre, une exposition de chaises emblématiques rappelle au public combien elles sont familières et représentatives d’époques. On y retrouve la Chaise 14 de Michael Thonet, la Superleggera de Gio Ponti, le fauteuil Plastic DAW des Eames, la Chaise empilable de Jasper Morrison…
La dernière salle porte sur des expérimentations menées avec les étudiants de l’ESADSE et de l’isdaT.
Anonyme, Moulin à légumes Moulinette, 1935, aluminium et bois laqué, éditeur Moulinex, Courbevoie (France), collection MAMC+
Anonyme, Machine à café ATOMIC, 1954, métal, matière plastique, éditeur Novate, Milan (Italie), collection MAMC+
Anonyme, Moulin à café, vers 1950, métal et résine phénol formaldéhyde (PF), éditeur Alexanderwerk, Remscheid (Allemagne), collection MAMC+
Jean Parthenay, Cafetière Moka-SEB, vers 1960, acier inox et matière plastique, éditeur Groupe SEB, Ecully (France), collection MAMC+
Richard Sapper, Cafetière MAGNUM 9090, 1970 – 1979, acier inoxydable, éditeur Alessi, Crusinallo (Italie), collection MAMC+
Vues de l’exposition Déjà-vu. Le design dans notre quotidien au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, jusqu’au 22 août 2021.
«Déjà-Vu ! le design dans notre quotidien »
jusqu’au 22 août
Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne
L’événement UPERNOIR est une invitation à explorer le Pas de Calais et ses curiosités, à travers des virées inattendues autour du Louvre-Lens, qui ont pour fil conducteur la couleur noire, un noir dans tous ses états.
Avec UPERNOIR, c’est ce territoire post-industriel, bassin minier inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et ses capitales régionales (Lens, Béthunes, Arras, Douai, St-Amand-les-Eaux, Valenciennes) qui révèle toute son authenticité, sa spécificité et sa créativité, en misant sur la culture pour imaginer son développement économique et son avenir.
Destination inédite majeure pour cette fin de printemps où le besoin d’aventures et de liberté se fait irrésistiblement sentir, UPERNOIR offre des parcours culturels, touristiques, sportifs et culinaires afin d’explorer le meilleur, le « uper » du Nord, porté par les valeurs humanistes, créatrices de rencontres et d’émotions de tous ses acteurs.
Une itinérance douce à vélo – l’expérience UPERLOOP – à la découverte d’incontournables expositions UPERCULTE proposées par Le Louvre-Lens avec « les Tables du Pouvoir – une histoire des repas de prestige », par le Centre Minier de Leuward qui fait la part belle aux designers Camille Khorram et Jean-Baptiste Ricatte et leur lampe de mineur céramique, ou encore par la Cité des Électriciens de Bruay-la-Buissière où philosophes, architectes et designers invitent au design collaboratif autour de la brique (cf Intramuros #208)… pour une offre généreuse s’appuyant sur le terroir local, le street-art et des moments de partage.
Or, ce n’est pas un hasard, si, dans notre culture les partages s’effectuant autour de la table, l’expérience UPERMIAM vient lier ce tout, et que les designers culinaires Marc Brétillot et Marion Chatel-Chaix ont travaillé à déployer des concepts d’offres alimentaires spécifiques pour pique-nique et vente à emporter venant agrémenter les virées, ou devenant l’objet même de ces virées !
Cherchant à définir le goût du noir qui nous ramène à l’origine même de la transformation des ingrédients, les designers ont eu à cœur de rencontrer la quarantaine d’artisans de métiers de bouche et de mixer les pratiques afin de créer des synergies. De cet imaginaire chromatique, les produits emblématiques locaux se revisitent en expériences culinaires ; au programme, Freet’Art avec customisation de baraque à Frites par Oak Oak, Rando 3B « Bicyclette, Brasserie, Barquette de frites » ou Rando Pique-Nique de Chefs…
Point d’orgue de l’événement, le goûter de clôture rassemblant artisans, producteurs et restaurateurs, le dimanche 27 juin au Parc d’Ohlain, imaginé comme une véritable fête où chaussettes et lunettes noires seront de rigueur !
Du 28 mai au 27 juin 2021
Tous les circuits, événements et inscriptions via le site : www.upernoir.fr
À l’occasion du 90e anniversaire de son vase iconique, la Manufacture des Emaux de Longwy invite les jeunes designers à réinventer la boule Art déco, tant sur le décor que sur la forme. Date limite des candidatures : 15 juin.
Selon Martin Pietri, président de la Manufacture des Emaux de Longwy, « Longwy est une maison qui a su capter l’air du temps à chaque époque pour toujours être au cœur de la création, un moteur des arts décoratifs. Le vase Art déco est un exemple parfait de notre histoire d’amour avec le design. Je suis convaincu que la création doit être un mouvement perpétuel. C’est pourquoi j’ai décidé de lancer ce défi aux jeunes designers.»
En effet, pour fêter le 90e anniversaire de la boule Art déco, la Manufacture des Emaux de Longwy organise un grand concours de design. L’objectif : imaginer la version contemporaine de cette pièce qui fait la renommée de la Maison depuis près d’un siècle. Pour la première fois de son histoire, la Manufacture invite ainsi les jeunes designers et artistes de moins de 30 ans à proposer leur vision de la boule Art déco, tant sur sa forme que sur le décor.
Les lauréats recevront une récompense d’une valeur comprise entre 3 000 € pour le 1er Prix et 1 000 € pour le 2e et 3e Prix. Chacun d’entre eux aura également l’opportunité d’effectuer une immersion de plusieurs jours au sein des ateliers de la Manufacture afin d’approfondir ses connaissances.
Le projet lauréat du 1er Prix sera édité en série limitée et présenté au public en janvier 2022. La nouvelle forme intégrera le catalogue de la Manufacture et pourra servir de support à de futurs décors.
Date limite de dépôt des projets : Mardi 15 juin 2021
Délibérations du jury : mi-juillet 2021
Remise des Prix : septembre 2021
Présentation du 1er prix : janvier 2022
Informations, règlement et inscriptions ici.
Après le succès de l’édition de 2020, le Mobilier national annonce une nouvelle campagne d’acquisition destinée aux créateurs en auto-édition ou accompagnés par une galerie ou un éditeur. Dépôt des dossiers jusqu’au 20 juin.
Le Mobilier national a lancé en 2020 une campagne d’acquisition qui a visé en priorité les jeunes créateurs. L’opération est renouvelée pour 2021 dans le cadre du plan de relance avec le Ministère de la culture.
L’appel à propositions s’adresse aux artistes-designers en auto-édition ou par l’intermédiaire de leur galerie et/ou éditeur. Ces pièces doivent être des œuvres originales, limitées à 8 exemplaires, émanant de la main du designer ou réalisées selon ses instructions et sous son contrôle, de telle sorte que, dans son exécution même, ce support matériel de l’œuvre porte la marque de la personnalité de son créateur et qu’il se distingue par là d’une simple reproduction.
Date limite de dépôt des dossiers : 20 juin 2021
Retrouvez toutes les informations ici.
Retrouvez ci-dessous quelques acquisitions de 2020 :
Nouvelles collections, extensions de gamme, nouvelles collaborations… repérage de la rédaction sur les dernières annonces.
Giro, par Vincent Van Duysen pour Kettal
Pour Kettal, Vincent Van Duysen revisite la corde pour la conception de Giro, en s’inspirant du modèle scandinave Orkney. Ici, la corde (en matière recyclée) est cousue pour construire la forme, dans un équilibre avec les éléments structurels en teck. La collection se compose pour le moment de fauteuils et tables basses.
Table NVL par Jean Nouvel Design, pour MDF Italia
La table NVL, telle une sculpture qui marque une forte présence dans l’espace, est la nouvelle création de Jean Nouvel Design pour MDF Italia. Un projet à l’esthétique équilibrée dans lequel la simplicité des formes dialogue harmonieusement avec la matière.
Flower par Alexander Girard pour Vitra
La table basse Flower est signée Alexander Girard, et est conçue à l’origine un usage intérieur. La table basse Flower est aujourd’hui fabriquée en acier avec des finitions époxy adaptée à un usage extérieur. Vitra complète ainsi sa collection outdoor.
L’association de Serge Ferrari et Cinna Outdoor
Cinna Outdoor s’associe à Serge Ferrari pour ajouter un nouveau revêtement à sa gamme pour l’extérieur. Ce revêtement Top, disponible en 5 coloris est une toile simili cuir tout terrain, ultra résistante, idéale pour le mobilier extérieur.
Le tabouret Allié par Luca Nichetto
Le tabouret Allié, dessiné par Luca Nichetto, qui est aussi le directeur artistique de La Manufacture, est à la fois un tabouret et une table d’appoint au caractère affirmé, qui s’utilise aussi bien en intérieur qu’en extérieur. La base et le dessus sont en mousse polyuréthane , et les poignées en métal.
Nouvelle déclinaison de Moon pour Living Divini
Lancée comme table de chevet en 2014 et devenue une présence indispensable de la marque, la collection Moon dessinée par Mist-o est reprise et étendue pour de nouvelles possibilités d’utilisation. Une forme pure en bois courbé, qui s’ouvre comme un coffre disponible en trois variantes ; Moon Satellite , un conteneur multifonctionnel sur roulettes, Full Moon un volume bas et large, avec une ouverture supérieure à charnière et Moon Eclipse un double volume qui combine un cylindre bas et large.
Après la confirmation officielle du gouvernement d’un programme de réouvertures par étapes des foires et salons français, Maison&Objet confirme la tenue de son salon du jeudi 9 au lundi 13 septembre, à Paris Nord Villepinte, en synergie avec Paris Design Week, du 9 au 18 septembre.
Dans un communiqué, Philippe Brocart, directeur général de Maison&Objet, confirme ce jour la tenue de l’édition de septembre de l’événement : « Afin de confirmer définitivement l’édition de septembre 2021, nous attendions avec impatience le feu vert du gouvernement français. C’est désormais officiel, les foires et salons pourront de nouveau se tenir dès le 30 juin 2021 et cela sans limite de jauge. Nous sommes donc en mesure d’annoncer que les professionnels pourront enfin se retrouver dès le jeudi 9 septembre à Paris, dans le respect de toutes les mesures de sécurité sanitaire imposées par les autorités. La mise en place d’un pass sanitaire, exigé à date par le gouvernement, nous semble être de nature à rassurer l’ensemble des participants, d’autant plus si ce principe était déployé à l’échelle européenne. »
En 2020, dans le contexte de crise sanitaire, M&O a expérimenté sur sa plateforme MOM (Maison & Objet and More) divers formats digitaux pour maintenir le lien entre marques et acheteurs : ils annoncent à ce jour plus de 2 000 marques abonnées qui sont en relation permanente avec 220 000 acheteurs et prescripteurs, utilisateurs de la plateforme, dans le monde entier. Et c’est fort de cette expérience que les organisateurs ambitionnent une édition renouvelée en septembre autour d’une déclinaison In / On / Off.
Maison&Objet « In » : la force du présentiel
À ce jour les organisateurs précisent que plus de 1500 marques ont d’ores et déjà confirmé leur présence sur l’édition de septembre, témoignant du besoin pour les professionnels, de continuer à se rencontrer en « présentiel » parallèlement à l’appropriation accélérée par la pandémie de toutes les possibilités d’échanges en ligne. 93% des visiteurs réguliers confirmaient déjà, dès le lendemain des annonces du gouvernement français, leur intention de venir au prochain salon au Parc des Expositions de Paris-Nord Villepinte (cf étude en ligne Maison&Objet, administrée du 30 avril au 3 mai 2021).
Maison&Objet « On » : la force du digital
Lancée en 2016, la plateforme MOM a joué un rôle décisif dans le maintien de l’activité en 2020, et est aujourd’hui l’un des rouages essentiels de la structure de l’événement. Une articulation est donc imaginée avec le salon physique : Par exemple, les marques exposant sur le salon pourront diffuser sur MOM des vidéos de leurs collections captées avant le salon ou sur leur stand pour toucher une clientèle de grand export qui n’aurait pu se déplace et de continuer les rencontres avec le monde entier au-delà même de l’événement. Parallèlement, les réseaux sociaux relaieront l’actualité des exposants, les événements de la plateforme digitale et du off.
Maison&Objet « Off » : Paris Design Week
Fort du succès de fréquentation de 2020, du développement de nouvelles formes de rencontres, Paris Design Week 2021 concentre plus que jamais les attentions, avec un programme toujours plus riche , autour d’un public hybride, conjuguant professionnels et grand public. Une opportunité pour certaines marques de présenter, dans leur showroom ou galerie, leurs nouveautés, et pour des lieux de références comme La Sorbonne, la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, les Archives Nationales ou encore le Musée Carnavalet de se faire l’écrin d’installations et de promouvoir des jeunes créateurs.
Maison&Objet, du jeudi 9 au lundi 13 septembre
Paris Design Week, du 9 au 18 septembre
À la suite de la démission de Claudio Luti annoncée la semaine dernière, les organisateurs du Salon du meuble de Milan ont assuré le maintien de l’événement en septembre. Le successeur à la présidence n’a pas encore été nommé. Pour les dernières informations, Claudio Feltrin, président d’Arper, reste à la présidence de FederlegnoArredo, et Gianfranco Marinelli maintient la présidence de Federlegno Arredo Eventi, la société qui organise le Salone.
Une décision douloureuse : après deux mandats, Claudio Luti a annoncé la semaine passée sa démission de la présidence du Salon de Milan.
Ce jeudi, un communiqué des organisateurs de l’événement majeur du design visait à rassurer le secteur en affirmant que la 59e édition du salon du meuble de Milan se tiendrait bien cette année en septembre 2021 du 5 au 10 septembre à Rho Fiera Milano. L’événement sous une forme totalement innovante permettra aux sociétés proches de leur marché de garder un contact avec leurs distributeurs et leurs aficionados.
Après des débats internes sans fin et houleux, la relance de l’économie italienne est apparue comme une priorité et le soutien du nouveau gouvernement est essentiel dans cette direction. Le plan 2021 présenté en conseil des ministres, partagée par toutes les institutions territoriales et les partenaires du salon Fiera Milano reconnaît l’importance du salon du meuble de Milan pour le tissu financier et social de l’Italie. Le salon exposera les nouveautés des marques sur les 18 derniers mois dans le respect des règles sanitaires exigées par la pandémie de la Covid-19 dont l’Italie a particulièrement souffert.
Le rendez-vous du 5 septembre peut donner une nouvelle dynamique à la profession et réinstaller le salon de Milan comme l’événement majeur de la profession du design. Gianfranco Marinelli, le président de FLA Eventi SpA a remercié le Président de la République Sergio Mattarella et le président du conseil des ministres pour leur soutien. Il remercie également le nouveau président de FederlegnoArredo, Claudio Feltrin, le président d’ Arper. qui annonce que le salon va dorénavant opérer en synergie avec la ville de Milan pour qui le salon est le seul moyen de briller à une échelle internationale.
La 3e édition du concours « Ateliers Prototypes » se déroulera du 2 au 4 juin 2021 au sein de CFT Industrie : les lauréats bénéficieront d’une demi-journée à l’usine CFT pour la réalisation d’un premier prototype. Les designers peuvent déposer leur candidature jusqu’au 14 mai compris.
Membre de la FrenchFab et du groupe Metalians, CFT INDUSTRIE est spécialisée depuis plus de trente ans dans le cintrage et assemblage de fil, tube et tôle. L’usine comprend aussi un département d’études qui peut accompagner aussi la conception et l’industrialisation des projets.
Lancé à l’automne 2020, l’objectif du concours « Ateliers prototypes » est d’aider des designers à fabriquer le premier prototype d’un projet. En novembre dernier, puis en février, une quinzaine de professionnels sélectionnés ont pu réaliser des prototypes de tables, sièges, ou d’accessoires.
Compte tenu de l’intérêt suscité par cette opération, CFT INDUSTRIE poursuit cette opération avec une 3e édition. Les candidats ont jusqu’au 14 mai pour déposer leur dossier. Parallèlement à un formulaire d’inscription détaillé, ceux-ci doivent fournir des plans complets. Après l’étude des dossiers (matériaux, complexité des pièces à réaliser, analyse de l’assemblage…) l’équipe de CFT sélectionnera les 6 lauréats : ces designers bénéficieront d’une demi-journée en usine, entre le 2 et le 4 juin, pour la réalisation d’un premier prototype, après un accompagnement personnalisé en amont.
Pour plus de renseignements : candidatez ici.
Concours Ateliers Prototypes, 2e session, février 2021. Fabrication de pièces métalliques sur mesure pour industrie. Usine CFT Industrie spécialisée dans le cintrage et l’assemblage de fil, tube et tôle. Saint-Lubin-de-la-Haye.
Et si le Land Art s’installait en pays impressionniste, endroit qui a inspiré nombreux artistes comme Monet, Renoir ou encore Braque? Pour cette première édition du festival « Grandeur Nature », Varengeville-sur-Mer met en lumière la nature avec un parcours de Land Art créé par quatre artistes dans le cadre de la programmation « Normandie Impressionniste ».
C’est sous la houlette de deux commissaires d’exposition, Sylvie Cazin et Emmanuelle Halkin que s’articule ce circuit d’installations dispersées dans le village. Les deux co-commissaires ont sélectionné ceux qui correspondaient le plus au cahier des charges établi qui incluait notamment le potentiel varengevillais, la couleur, le paysage dans lequel l’œuvre s’inscrit ou le choix des matériaux utilisés. La puissance du mouvement Land Art est sans conteste son côté éphémère. Ce type d’art n’existe pas originellement pour être vendu, mais pour être vécu.
« Damier » de Michèle Trotta
Destinée à disparaître avec le temps, l’installation « Damier » de Michèle Trotta est une collecte de morceaux de nature méticuleusement déposés au pied d’un poirier en fleurs. Chaque parcelle est une accumulation d’éléments qui répertorient ce territoire entre terre et mer. Des seiches au lin, en passant par les champignons ou les pommes pourries, Michèle Trotta reconstitue une autre syntaxe qui fait écho aux haïkus du Japon, pays de grande influence pour elle. « Je ne sais pas ce qu’est la nature. C’est trop grand pour moi ! ». Elle questionne notre relation à la nature par le biais de l’Arte Povera, sa palette de couleur se forme au gré de ses promenades où elle glane ce qui est presqu’invisible aux yeux des autres.
« Astre Impressionniste » de Sylvain Ristori
Moins périssable, « Astre Impressionniste » du sculpteur Sylvain Ristori découle d’un processus de transformation. Sa sphère en chêne massif de 3m de diamètre, posée dans une pâture, est construite sur une structure en tiges filetées. C’est un ancien crevettier de 7m, « déchiré » à la pelle mécanique, qui a servi à la réalisation de son œuvre. « Il a navigué pour nourrir de nombreuses personnes et symbolise la dimension poétique du voyage de la matière. »
« Lumière » de Thierry Teneul
Chaque artiste a choisi son emplacement. Thierry Teneul s’exprime dans différents lieux depuis plus de trente ans. Il a pris le parti d’assembler « Lumière », un soleil fait de branches de tilleul récupérées après que la mairie ait fait élaguer ceux de la commune, sur le bord d’une route. En souvenir d’une éclipse de soleil à laquelle il a assisté à Varengeville et en hommage aux soleils de Monet, l’artiste a cherché le spot idéal pour observer le coucher de l’astre. « Le jeu consiste à attendre que le soleil descende au travers de la sculpture. »
« Limites indéfinies » d’Erick Fourrier
Quelque peu outsider, Erick Fourrier a imaginé « Limites indéfinies », un cadre de 6m sur 4m réalisé en palettes de bois et recouvert de formes de lombrics en bois brûlé. Érigé face au cimetière marin dans lequel Braque est enterré, ce cadre est une allusion à ceux qui ont fait la réputation de la commune. « Lorsque je travaille la palette de livraison, très reconnaissable, je ne cherche pas simplement à démontrer qu’en travaillant des déchets, on développe une conduite verte, je laisse au spectateur la possibilité d’y lire les questionnements d’un monde en perpétuel mouvement. » Les visiteurs peuvent monter dans ce cadre ou admirer deux paysages, l’un face à la mer, le second face à la terre.
Ces œuvres, remplies de poésie, répondent à la mixité du territoire de Varengeville et révèlent la beauté de notre monde de plus en plus menacé. Ces Land artistes créent pour tout le monde dans et avec la nature.
Festival Grandeur Nature, jusqu’au 24 octobre 2021 à Varengeville-sur-Mer (Seine Maritime)
Le concours Camondo-Intramuros s’intéresse à cette phase intermédiaire entre le diplôme et le premier projet professionnel. Lauréats de cette première édition, Thomas Carlier, Juliette Droulez et Zeina Sleiman ont été respectivement sélectionnés par les équipes de Lafuma Mobilier, Moore Design et Sunbrella. Séduites par leurs projets de diplôme, elles leur ont proposé de leur donner une autre dimension en les accompagnant sur des problématiques liées à leurs entreprises. Dernier retour d’expérience, avant d’entrer plus en amont dans le parcours de ces trois jeunes diplômés.
Intégrer de la sensorialité dans le mobilier du quotidien, se reposer la question du sens même de la production, explorer le potentiel des biomatières… Les sujets des diplômes de Zeina Sleiman, Juliette Droulez et Thomas Carlier sont au cœur même des questions hautement portées dans ce monde d’après-Covid que tant appellent de leurs voeux… Et c’est bien la preuve que cette génération de designers qui arrivent appréhendent déjà leur discipline dans des champs bien plus larges que ceux auxquels on voudrait les réduire. Certes, le projet de diplôme – selon leurs dires – est aussi une chance à saisir pour créer librement, un espace d’expression et d’intention unique, sans les contraintes ni les ajustements inhérents à toute collaboration. Et pourtant, en choisissant leur sujet, Zeina Sleiman, Juliette Droulez et Thomas Carlier étaient bien loin d’imaginer l’aventure qui en découlerait.
Zeina Sleiman et l’interrogation de l’espace (Sunbrella)
Chez Sunbrella-Dickson, Zeina Sleiman a trouvé un écho particulier à sa recherche de sensorialité ; en associant le textile à un piétement de table, elle recrée un espace de jeux et d’intimité pour les enfants et confère un double usage à ce mobilier : la partie visible sur laquelle on s’appuie, la partie cachée, comme un abri secret. Le fabricant de textile a accepté de plonger dans cet univers bidimensionnel et il a accompagné la réalisation d’un premier prototype à l’échelle 1. Auprès d’eux, Zeina s’est familiarisée à un nouveau revêtement et maîtrise désormais toutes les étapes importantes de la fabrication et les différents tissages.
Juliette Droulez réinterroge le mobilier de travail (Moore Design)
Pour ce partenariat, Moore Design a laissé carte blanche à Juliette Droulez pour développer et apporter son regard neuf sur l’activité BtoB. Trois critères ont été demandés en postulats de base : « L’utilisation de matériaux recyclés ou recyclables pour proposer un mobilier qui soit le plus respectueux de l’environnement possible. Le deuxième critère a été de dessiner un produit qui puisse exister dans des espaces de travail partagés, comme les open spaces ou les bureaux, mais qui soit aussi esthétiquement proche d’un mobilier domestique, permettant aux utilisateurs qui pratiquent les nouveaux modes de travail à distance d’aménager leur intérieur avec un mobilier à la fois esthétique et ergonomique. Pour finir, il fallait que cela soit industriellement réalisable. »
Juliette travaille ainsi sur deux projets : le premier est une assise dynamique qui permet aux utilisateurs d’être en mouvement et ainsi de réduire les problèmes de santé, notamment les maux de dos, liés à une mauvaise posture de travail. « Nous pensons déjà à une variante de ce projet en dessinant un mobilier pour enfants, ludique et coloré, qui serait composé de plastique recyclé (des jouets cassés, par exemple) », explique Julien Diard, directeur général de Moore Design ; le second porte sur une cloison acoustique modulaire et modulable, composée de panneaux en textile recyclé et de trame grillagée.
Thomas Carlier et l’intégration de nouvelles solutions de matériaux ( Lafuma Mobilier)
Comme recherche appliquée, Lafuma Mobilier a proposé à Thomas Carlier d’enquêter sur leurs chaînes de production et de pointer des pistes à explorer pour intégrer de nouveaux matériaux ou de nouvelles solutions pour faire évoluer leurs process de fabrication. C’est sa démarche « révolutionnaire » autour des biomatières qui les a séduits, et aujourd’hui, forts de ces préludes, comme le rappelle Baptiste Neltner, directeur marketing et des collections, « nous devons désormais réfléchir à la meilleure manière d’intégrer sa vision personnelle dans notre process industriel ».