
Land Art : Festival « Grandeur Nature »
Et si le Land Art s’installait en pays impressionniste, endroit qui a inspiré nombreux artistes comme Monet, Renoir ou encore Braque? Pour cette première édition du festival « Grandeur Nature », Varengeville-sur-Mer met en lumière la nature avec un parcours de Land Art créé par quatre artistes dans le cadre de la programmation « Normandie Impressionniste ».
C’est sous la houlette de deux commissaires d’exposition, Sylvie Cazin et Emmanuelle Halkin que s’articule ce circuit d’installations dispersées dans le village. Les deux co-commissaires ont sélectionné ceux qui correspondaient le plus au cahier des charges établi qui incluait notamment le potentiel varengevillais, la couleur, le paysage dans lequel l’œuvre s’inscrit ou le choix des matériaux utilisés. La puissance du mouvement Land Art est sans conteste son côté éphémère. Ce type d’art n’existe pas originellement pour être vendu, mais pour être vécu.
« Damier » de Michèle Trotta

Destinée à disparaître avec le temps, l’installation « Damier » de Michèle Trotta est une collecte de morceaux de nature méticuleusement déposés au pied d’un poirier en fleurs. Chaque parcelle est une accumulation d’éléments qui répertorient ce territoire entre terre et mer. Des seiches au lin, en passant par les champignons ou les pommes pourries, Michèle Trotta reconstitue une autre syntaxe qui fait écho aux haïkus du Japon, pays de grande influence pour elle. « Je ne sais pas ce qu’est la nature. C’est trop grand pour moi ! ». Elle questionne notre relation à la nature par le biais de l’Arte Povera, sa palette de couleur se forme au gré de ses promenades où elle glane ce qui est presqu’invisible aux yeux des autres.
« Astre Impressionniste » de Sylvain Ristori

Moins périssable, « Astre Impressionniste » du sculpteur Sylvain Ristori découle d’un processus de transformation. Sa sphère en chêne massif de 3m de diamètre, posée dans une pâture, est construite sur une structure en tiges filetées. C’est un ancien crevettier de 7m, « déchiré » à la pelle mécanique, qui a servi à la réalisation de son œuvre. « Il a navigué pour nourrir de nombreuses personnes et symbolise la dimension poétique du voyage de la matière. »
« Lumière » de Thierry Teneul

Chaque artiste a choisi son emplacement. Thierry Teneul s’exprime dans différents lieux depuis plus de trente ans. Il a pris le parti d’assembler « Lumière », un soleil fait de branches de tilleul récupérées après que la mairie ait fait élaguer ceux de la commune, sur le bord d’une route. En souvenir d’une éclipse de soleil à laquelle il a assisté à Varengeville et en hommage aux soleils de Monet, l’artiste a cherché le spot idéal pour observer le coucher de l’astre. « Le jeu consiste à attendre que le soleil descende au travers de la sculpture. »
« Limites indéfinies » d’Erick Fourrier

Quelque peu outsider, Erick Fourrier a imaginé « Limites indéfinies », un cadre de 6m sur 4m réalisé en palettes de bois et recouvert de formes de lombrics en bois brûlé. Érigé face au cimetière marin dans lequel Braque est enterré, ce cadre est une allusion à ceux qui ont fait la réputation de la commune. « Lorsque je travaille la palette de livraison, très reconnaissable, je ne cherche pas simplement à démontrer qu’en travaillant des déchets, on développe une conduite verte, je laisse au spectateur la possibilité d’y lire les questionnements d’un monde en perpétuel mouvement. » Les visiteurs peuvent monter dans ce cadre ou admirer deux paysages, l’un face à la mer, le second face à la terre.
Ces œuvres, remplies de poésie, répondent à la mixité du territoire de Varengeville et révèlent la beauté de notre monde de plus en plus menacé. Ces Land artistes créent pour tout le monde dans et avec la nature.
Festival Grandeur Nature, jusqu’au 24 octobre 2021 à Varengeville-sur-Mer (Seine Maritime)