Color the Life : pour un design coloré mais responsable
Image extraite du guide sur le design des espaces de soin à destination de Tarkett © Color The Life

Color the Life : pour un design coloré mais responsable

Marion Lamarque est la cofondatrice de Color The Life crée en 2021. Ce réseau spécialisé dans le développement de la couleur responsable, intervient dans différents secteurs, notamment celui du design. À travers différentes formes d’accompagnements, les professionnels du réseau aspirent à un monde certes plus coloré, mais surtout plus respectueux de l’environnement. Entretien. 

Quel a été votre déclic concernant l’importance de la couleur dans le design ? 

Après mon bac, j’ai intégré l’école d’arts appliqués Olivier de Serres puis je suis entrée à l’Ensad en 2000 et c’est là que j’y ai découvert la couleur. À l’époque, on n'avait pas autant de possibilités de faire du design partout. La couleur est ce qui m’a permis de travailler à 360° aussi bien sur de l’édition que sur de l’architecture, de l’urbanisme, du bijou, du produit. C’est cette possibilité de travailler sur tous les supports qui m’ont orientée vers la couleur. Quelques années plus tard en 2009, j’ai quitté Paris pour m’installer dans le nord de la France pour intégrer Décathlon en tant que responsable couleur. J’étais en charge de toute la stratégie de marque et du design pour comprendre comment la couleur était appliquée sur les produits, comment on la fabriquait et comment on gérait sa production. C’est là que j’ai découvert que la couleur allait bien au-delà du design et que cela avait une influence émotionnelle sur les gens, mais aussi sur l’environnement.

Vous avez fondé le réseau Color the Life en 2021, quelle en est la génèse ? 

Mon expérience chez Décathlon m’avait permis d’ouvrir les yeux et le fait d’avoir été au sein d’une entreprise engagée sur les questions environnementales m’a donné envie d’aller plus loin et c’est de là que part Color the Life. Avec mon cofondateur Hervé Raby, nous nous sommes entourés de toutes les personnes ayant de fortes compétences sur la couleur dans le secteur du design, de la recherche, de l’ingénierie, du marketing, en se donnant comme objectif de développer le business responsable par la couleur. Nous travaillons donc à la fois sur l’offre de couleur mais également auprès de ceux qui la crée et la développe. 

Quelles actions concrètes y sont menées ?

Composé de 18 personnes, Color the Life est un réseau pluridisciplinaire qui agit via trois actions. D’abord, la sensibilisation, qui peut passer par un cycle de webinaires par exemple comme nous l’avons proposé en 2021 sur le thème « couleurs et santé » qui était à destination de designers, professionnels de santé mais également du grand public. Ensuite, la formation, qui peut prendre la forme d’ateliers ou d’échanges sur différents thèmes en lien avec la couleur. Enfin, nous intervenons en tant que conseillers au sein d’une marque, tant sur le design, que sur la partie développement ou le concept magasin dans son ensemble.

Quelle place prend la couleur dans l’élaboration d’un produit ? 

L’étude « The Impact of Color on Marketing » menée Emerald Insight indique que 85 % de la décision d’achat d’un textile passe par la couleur. Il existe des codes à respecter au niveau culturel ou législatifs, mais il y a également un imaginaire collectif à prendre en compte, qui peut différencier d’un pays à l’autre. C’est pourquoi au sein de notre équipe nous avons des experts en mesure de former les designers couleurs sur l’aspect qualité et industriel de la couleur et qui vont d’autre part prendre le temps d’expliquer le langage émotionnel de la couleur matière et finition. Globalement, certaines couleurs vont être associées à certaines émotions. Prenons une nouvelle fois l’exemple de Décathlon qui exerce dans plusieurs secteurs sportifs : le surf va être associé à la plage de Bora Bora ou Tahiti, les maillots de bain sont donc le plus souvent turquoise tandis que le Yoga arborera des couleurs en lien avec la nature et l’extérieur alors même que la plupart des cours s’effectuent dans des salles fermées. Généralement, casser les codes permet de se démarquer comme ce fut le cas du vélo rouge de Décathlon qui avait fait s’envoler les ventes. Tout dépend de ce que la marque souhaite véhiculer comme message.

Comment agir en faveur de la couleur « responsable » ? 

Avant de s’y pencher, nous n’avons pas réellement conscience de l’impact environnemental de la couleur. Le mode d’action peut ainsi prendre la forme d’analyses en étudiant par exemple le ratio entre les ventes et l’offre, permettant aux marques de se rendre compte si leur clientèle a besoin de nuances de couleurs en particulier. On peut également faire des analyses marketing, de territoires de couleurs, de process ou agir sur la direction artistique et créative qui à terme auront des conséquences positives pour l’environnement et l’entreprise.

© Boulanger

En 2022, nous sommes intervenus auprès de l’entreprise de produits d’électroménager Boulanger à travers différents canaux. L’entreprise avait une équipe de design composée de quatre personnes dont la couleur n’était pas l’expertise. Notre rôle a été dans un premier temps de faire un diagnostic sur leur connaissance de la couleur pour ensuite leur transmettre notre savoir faire pour leur offrir la possibilité de réaliser leur propre diagnostic à l’avenir. En parallèle, nous avions mis en place des ateliers collaboratifs et créatifs et avons initié un travail sur la gamme couleur et sur une montée en gamme par la couleur. Tout ce travail a permis de réduire de 23 % leurs émissions de CO2 en développement produit, en seulement six mois. Et la résultante a été qu’une fois en magasin, les produits ont fonctionné, puisque lorsqu’une gamme est bien travaillée, il y a toujours un gain économique derrière. 

© Boulanger

Etes-vous intervenu auprès d’autres acteurs significatifs ? 

Nous collaborons depuis 2021 avec Tarkett dans l’élaboration de guides de couleurs/finitions à destination des architectes et designers. Nous travaillons sur l’offre globale de la marque sur les sols - plastique, moquette -, dans le but de la valoriser, de la simplifier et de la rationaliser au maximum au sein des projets.

Image extraite du guide sur le design des espaces de soin à destination de Tarkett © Color The Life

Des actualités spécifiques à venir pour le réseau ? 

Nous inaugurons au mois de juin deux nouvelles antennes du réseau, en Île-de-France et dans les Hauts-de-France, dans le but de favoriser les échanges entre nos membres. À ce propos, deux soirées d’inauguration se tiendront à Lille le 11 juin et à Saint-Ouen le 13 juin !

Plus d'informations sur : https://www.colorthelife.org/

Rédigé par 
Maïa Pois

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Temps de lecture
13/11/2025
Studio 5.5 : Designer à dessein

Designer à desseinCo-fondateurs emblématiques « et de plus en plus radicaux » du Studio 5.5, Jean-Sébastien Blanc et Claire Renard évoquent les enjeux qui émaillent le monde du design et les contradictions qui y sont liées.

« Quand j'étais étudiant, j'avais toujours une forme de déception à toujours créer sans jamais réparer les objets. La forme était généralement davantage valorisée que le concept. Je crois qu'avec les 5.5, on avait besoin de prendre le contre-pied » analyse Jean-Sébastien Blanc, co-fondateur du studio. Alors l'aventure a commencé. Avec « La médecine des objets » d'abord, un projet manifeste et inattendu au début des années 2000, suivi de « Réanim », sa version sérielle à l'origine d'un ouvrage intitulé « Sauver les meubles ». « On a été les premiers à concevoir le design sur la base de l'upcycling, et à l'époque nous avons été très médiatisés pour cette approche. »  

Mais le véritable projet « structurant » du studio, a été la revente de vaisselles en plastique faite par Arc. « La marque est venue vers nous pour faire une collection 100 % plastique. À cette époque, nous avions dit oui, mais en proposant une alternative qui réinventait les invendus de la marque. Ils ont réalisé la première collection avant de nous annoncer sa destruction pour des raisons de réorganisation de la société. On a donc décidé de récupérer les 42 000 pièces et elles ont été vendues en seulement quatre ventes en France et en Italie » explique Claire Renard. Une prise de position qui a permis au groupement de designers de se faire connaître au-delà de la sphère design.

Une chaise réparée grâce au projet Réanim ©5.5

Interroger la contradiction

« Charlotte Perriand disait que le design doit servir l'humain. Or, l'humain a déjà tout ce qui lui faut et il n'y a, de fait, plus de nécessité de créer. On doit vraiment se questionner sur notre rôle » avoue Jean-Sébastien Blanc, selon qui les 5.5 sont les premiers designers de la décroissance. « Aujourd'hui, un bon designer fait décroître la consommation. Ça paraît contradictoire, mais c'est notre vision. Notre place en tant que créateur ne doit plus être de proposer de nouveaux objets, mais de questionner notre rapport à eux. Et c'est ce qui nous a fait connaître quand on a commencé à réparer des objets du quotidien en 2002. » Un paradigme en place depuis longtemps, à associer avec la question du design démocratique. « Notre démarche a toujours été de faire du design pour tous. Le problème, c'est qu'aujourd'hui cette notion est souvent associée à celle du consumérisme. Pour nous, l'enjeu ne concerne pas tant les utilisateurs que les créateurs. C'est l’idée que nous avions en travaillant avec les artisans de chez Bernardaud pour la série 1 000 tasses. L'enjeu était de redonner du pouvoir et de la liberté de création aux ouvriers. En fait, la démocratie dans le design, c’est surtout s'interroger sur la manière de valoriser toutes les classes sociales » explique Claire Renard.

Le projet Bernardaud ©5.5

Mais outre l'humain se pose aussi la question environnementale éminemment centrale dans l'histoire du studio. « Aujourd'hui, nous ne voulons plus être au service de, mais exprimer notre opinion. Le design doit être politique avant d'être esthétique. » C'est sur le fond de cette perception que le studio a présenté à l’exposition universelle d’Osaka son projet Muji-Muji, une matérialisation de notre vision, à l'échelle de la micro-architecture. Initiée pour repenser l'image de Muji, cette construction est un véritable lieu de vie basé sur les objets de la marque japonaise. « On s'est dit que pour incarner la marque, il fallait la vivre et c'est pour ça qu’on a créé un meuble à habiter qui répond à des fonctions simples comme se nourrir, se laver ou dormir. » Un bâtiment imaginé en six modules comme six tranches de vie, conçu dans la lignée d'autres constructions réalisées il y a quelques années par Jasper Morrison, Konstantin Grcic et Naoto Fukasawa. Un projet « au design universel » qui propose une relecture de l'habitat en phase avec les exigences de notre époque et la volonté du studio de ne plus créer de nouveaux objets mais d’inviter à décroitre en repensant les acquis. Un changement de paradigme, où l’objet cède progressivement du terrain à la parole, de nouveau illustré lors de la Paris Design Week 2025, ou « 577 chaises : l’hémicycle citoyen », a été présenté dans la cour d’honneur du musée des Archives nationales pour dénoncer « la mise en danger de la démocratie ».

La Manifesto House réalisé avec Muji ©5.5

Un retour personnel au design manifeste

En parallèle de son activité au sein du studio, Jean-Sébastien Blanc développe son propre univers, en rupture totale avec les conventions. Du diffuseur AIRWICK à la lampe iJobs en passant par l’haltère Red bull, les formes « se rapprochent du design froid et aseptisé des premières créations du studio. » Plus personnel et dans une certaine mesure poétique, chaque objet trouve un écho dans l'approche globale des 5.5 : sobre et upcyclé, radicale et engagée. Réalisée comme des pièces uniques, ces créations invitent l'utilisateur – ou le spectateur – à questionner son rapport à l'objet, à sa propre consommation. « L'idée n'est pas de créer pour créer, mais d'initier des changements » affirme le designer. Bien loin des créations à succès des 5.5 comme la clé USB en forme de clé, écoulée à cinq millions d'exemplaires, et du design sériel auquel il a été formé, Jean-Sébastien Blanc propose une approche alternative, où le sens remplace le besoin, et la réflexion, l'acte d'achat.

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13/11/2025
L'Orient Express de Maxime d'Angeac, un voyage dans l'Art déco

Pour célébrer les cent ans de l’Art déco, le Musée des Arts Décoratifs de Paris rend hommage à ce style majeur. Au cœur du parcours, les wagons signés Maxime d’Angeac offrent une relecture contemporaine du luxe et du voyage selon l’esprit Art déco.

Dans le cadre de l’exposition « 1925-2025. Cent ans d’Art déco » visible au Musée des Arts Décoratifs de Paris jusqu’au 26 avril 2026, l’architecte et designer Maxime d’Angeac dévoile le futur Orient-Express. Un véritable hommage à ce train mythique, mais également aux savoir-faire d’excellence et au raffinement stylistique de ce mouvement. À cette occasion, nous lui avons posé cinq questions sur sa démarche, ses inspirations à l’origine de ce projet hors du commun alliant au patrimoine, la création contemporaine.

Depuis quand travaillez-vous sur ce projet et combien d’ateliers ou d’artisans vous accompagnent ?

Je travaille depuis janvier 2022 sur ce projet. Ce qui est exposé au Musée des Arts Décoratifs représente près de 180 000 heures de conception. Nous avons travaillé avec de nombreux savoir-faire qui ont nécessité une trentaine de maîtres d’art et d’artisans de haute facture.

© Alixe Ley

En quoi l’imaginaire autour de ce train mythique vous a-t-il inspiré ?

La marque Orient-Express est source de curiosité, de développement, de richesses… Elle est en réalité plus riche d’imaginaire que de matérialité. Elle est porteuse de légendes et convoque la géographie, l’histoire, la littérature et le cinéma. C’est une marque culturelle qui a marqué son temps par la vision du voyage au début du XXᵉ siècle, et dont je me suis inspiré.

© Alixe Ley

Justement, comment avez-vous travaillé les ambiances pour que l’intérieur soit à la fois un hommage à l’Art déco et un décor contemporain ?

Je me suis inspiré du vocabulaire et de la grammaire de l’Art déco, puis j’ai réappliqué les mêmes principes à la conception d’un train. Je me suis aussi appuyé sur les archives de l’Orient-Express, auxquelles j’ai fait des références subtiles et des clins d’œil, sans pour autant copier ou reprendre avec exactitude et nostalgie. Il a également fallu intégrer des technologies inexistantes à l’époque. J’ai donc surtout fait un travail d’ensemblier contemporain, en me nourrissant des savoir-faire de mes interlocuteurs, tous ancrés dans le XXIᵉ siècle et les préoccupations actuelles. Nous avons par exemple sourcé des bois, limité l’utilisation des cuirs, évité le gâchis, réduit les transports inutiles, fabriqué en France, contrôlé l’isolation des volumes pour éviter les déperditions…

© Alixe Ley

Dans l’exposition, on voit de nombreux croquis et vous abordez la question du Modulor développée par Le Corbusier. Votre approche est-elle proche de celle que l’on pouvait rencontrer il y a un siècle ?

Dans mon studio, nous travaillons beaucoup à la main. Chacun a un crayon et du papier à côté de son ordinateur, et je tiens à ce que les idées soient d’abord exprimées ainsi. Cela ne donne pas forcément de beaux croquis, mais permet une expression directe des intentions : les épaisseurs, les jonctions, les finitions, les proportions. L’ordinateur est évidemment indispensable, mais il ne suffit pas à lui seul. Quant au Modulor, j’ai toujours accordé une grande importance aux proportions, à la recherche du bon rythme, du bon plan, des bonnes lignes. Mes études m’ont conduit à explorer Pythagore, le nombre d’or, puis leurs prolongements, dont le Modulor de Le Corbusier, un système intéressant. Le fond du sujet reste pour moi la place de l’homme dans l’espace, qu’il soit assis, debout, couché.

© Alixe Ley

Les pièces utilisées dans ce projet ont-elles été créées pour l’occasion ou proviennent-elles de mobilier déjà édité ?

Tout a été dessiné sur mesure, puis créé par mon studio. J’ai la chance d’avoir autour de moi des personnes talentueuses et curieuses, qui me permettent d’assurer une production importante afin de répondre aux attentes de la marque, que ce soit sur rail ou sur mer. Par exemple, le fauteuil du train est dissymétrique, car il est toujours placé contre un mur. Il doit pouvoir pivoter, passer ses accoudoirs sous la table lorsqu’elle est levée, rester stable grâce à une base plutôt que des pieds afin de préserver les orteils, et être suffisamment large pour éviter tout basculement. Certains meubles, lampes ou tapis du train ou du navire sont entièrement dédiés à la marque et ne seront pas commercialisés. Les autres, nombreux, seront édités par différentes Maisons qui nous font déjà envie.

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10/11/2025
EspritContract : chez André Renault, l’innovation comme ambition

Fabricant français de literie d’exception, André Renault participe pour la première fois au salon EspritContract. Entre innovations technologiques et recherches continues pour une meilleure qualité de sommeil, la marque poursuit le développement de son réseau hôtelier afin de proposer ses services au plus grand nombre. Rencontre avec Erec Glogowski, PDG de la marque depuis 2020.

Pour sa troisième édition, EspritContract se tiendra du 15 au 18 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles.Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/le-salon/secteurs/secteur-contract.htm

Dans votre activité, que représente le secteur du contract et comment s’organisent les projets chez André Renault ?

André Renault est aujourd’hui le leader de la literie haut de gamme en France, tant en matière de marque que de distribution, avec un chiffre d’affaires annuel de 36 millions d’euros, dont 90 % proviennent du secteur contract, pour 170 salariés. C’est une entreprise relativement unique en Europe : nous produisons exclusivement à la demande, sans stock de produits finis mais cela ne nous empêche pas de proposer près d’un million de combinaisons possibles, avec un délai moyen de production d’une semaine.

Vous développez vos produits en collaboration avec des professionnels pour offrir la meilleure qualité de sommeil. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nos produits reposent sur plusieurs piliers essentiels : le meilleur sommeil, le confort personnalisé, le design à la carte et l’expérience utilisateur. Nous travaillons notamment avec des neurologues spécialistes du sommeil, qui nous ont aidés à identifier les principaux critères d’un sommeil réparateur, directement applicables à la literie à savoir : la liberté de mouvement, car nous bougeons entre 50 et 60 fois par nuit ; la progressivité du matelas qui doit être doux à l’accueil et ferme en soutien ; l’indépendance de couchage, pour ne pas déranger son partenaire ; et enfin la thermorégulation, indispensable puisque nous perdons en moyenne 33 cl d’eau par nuit. De fait, tous nos produits sont conçus dans ce sens pour respecter au mieux ces critères.

Pour le contract, vous travaillez avec des hôtels. Comment concilier cette personnalisation pour satisfaire le plus grand nombre ?

Chaque projet est développé en direct avec l’hôtelier, afin de lui proposer les produits les plus adaptés à ses besoins. Nous ne travaillons que sur mesure, sans référencement sur de grandes plateformes hôtelières, car nous privilégions la personnalisation et la proximité. En général, nous partons d’une base médium pour convenir au plus grand nombre, puis nous adaptons le sommier selon le type de chambre et le niveau de confort souhaité : sommiers à ressorts, électriques, à lattes actives ou passives… Le niveau de prestation et la localisation de l’établissement influencent également nos propositions, car les attentes varient selon la clientèle et les régions. Parmi nos projets significatifs, il y a notamment notre collaboration avec le réseau Hôtels & Préférence, pour le Domaine de la Bretesche notamment, mais également les chalets de luxe Mobialp.

Des actualités à venir ?

Nous travaillons en permanence sur de nouveaux produits toujours plus innovants. Actuellement, nous développons une literie haut de gamme avec dosseret lumineux intégré et diffusion musicale, ainsi qu’un concept de literie tapissière modulaire et personnalisable, permettant de remplacer uniquement les tissus ou certains éléments décoratifs sans changer le produit dans sa totalité.

Vous avez longtemps participé au salon EspritMeuble, mais c’est une première chez EspritContract. Qu’attendez-vous de cette participation ?

En effet, nous avons bâti un réseau autour d’EspritMeuble, mais notre objectif est désormais de développer notre présence dans le contract et particulièrement dans le secteur hôtelier. Participer à EspritContract est l’occasion de faire mieux connaître la marque, de valoriser notre savoir-faire et de renforcer notre position sur le marché.

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3/11/2025
En Allemagne, une exposition inédite dédiée à Charlotte Perriand

À Krefeld, en Allemagne, l’exposition « Charlotte Perriand, l’art d’habiter », présentée jusqu’au 15 mars 2026 au Kaiser Wilhelm Museum, propose une rétrospective de l’œuvre de la designeuse à travers les différents concepts et structures de pensée sur les espaces domestiques, fruits de 70 ans de création.

« Le meilleur moyen de rendre hommage au travail de Charlotte, c'est de parler d’elle. » Voici les mots prononcés par Pernette Perriand-Barsac lors de l’inauguration de cette exposition inédite. En effet, pour ce qui s’avère être la plus grande rétrospective consacrée à Charlotte Perriand en Allemagne, la fille de la créatrice et son mari Jacques Barsac, tous deux en charge des archives Charlotte Perriand depuis sa disparition en 1999, ont choisi Krefeld comme premier point d’ancrage. « Ce qui est le plus difficile dans une exposition de Charlotte, c’est qu’on se base sur 70 ans de créations, mais que cela concerne aussi bien des projets d’architecture, de design ou de photographie. Les possibilités sont immenses », confiait Jacques Barsac.

Exposition "Charlotte Perriand. L’Art d’habiter", installation  in-situ au Kaiser Wilhelm Museum à Krefeld en Allemagne. Table en Forme libre, 1938 © FLC, VG Bild-Kunst, Bonn, 2025 © VG Bild Kunst, Bonn, 2025 Photo : Dirk Rose

Sous le commissariat de Katia Baudin, directrice du musée, et Waleria Dorogova et avec le soutien de Pernette Perriand-Barsac, Jacques Barsac ainsi que Cassina, cette exposition offre une nouvelle lecture du travail de la designeuse — d’abord connue pour sa collaboration avec Le Corbusier entre 1927 et la fin des années 1930, mais également pour avoir développé, tout au long de sa carrière, de nombreux projets et concepts répondant à des problématiques sociétales et environnementales, dont le parallèle avec celles que nous rencontrons encore aujourd’hui est presque troublant.

Une relecture à travers le prisme de l’aménagement domestique

Répartie sur 1 200 m², la partie principale de l’exposition présente plusieurs projets marquants : du célèbre Salon d’Automne de 1929 - spécialement reconstitué pour l’occasion -, à ses nombreuses expositions et collaborations au Japon - notamment le projet initié pour le ministère de l’Industrie entre 1940 et 1943 -, en passant par l’aménagement de la station des Arcs entre 1967 et 1988. Des projets qui nous font tous voyager dans le temps avec une certaine nostalgie, au cœur de son univers. « Il était important pour nous de reconstituer ces espaces en faisant vivre les pièces dans différents contextes, pour tenter de comprendre au mieux sa pensée », explique Katia Baudin.

Exposition "Charlotte Perriand. L’Art d’habiter", installation in-situ au Kaiser Wilhelm Museum à Krefeld en Allemagne. Reconstitution du salon d’Automne de 1929 par par Cassina © FLC, VG Bild-Kunst, Bonn, 2025 © VG Bild Kunst, Bonn, 2025 Photo : Dirk Rose

Fascinée par les matériaux et l’industrie, notamment le tube et l’acier, Charlotte Perriand a conçu de nombreuses pièces de mobilier devenues iconiques, à l’image de la chaise longue LC4 créée en 1928, avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret, le fauteuil Grand Confort ou encore sa célèbre table en forme libre de 1938, imaginée pour son appartement de Montparnasse à Paris, dont l’originale a été exceptionnellement prêtée par le Centre Pompidou pour l’exposition. Au total, ce sont près de 500 pièces de mobilier, croquis et photographies qui ponctuent les espaces et permettant de mieux saisir sa vision engagée et profondément réfléchie de l’aménagement domestique. « Charlotte Perriand n’était pas seulement designer, elle était aussi une instigatrice d’idées qu’elle publiait régulièrement. Elle ne se limitait pas au mobilier : elle s’intéressait aux humains et à leur manière de vivre, de façon globale », ajoute Katia Baudin.

Exposition "Charlotte Perriand, L’Art d’habiter", installation in-situ au Kaiser Wilhelm Museum à Krefeld en Allemagne. Banquette Méandre et Table basse Sicard, reconstruites par Cassina et la chaise-longue Tokyo prototype par Cassina © FLC, VG Bild-Kunst, Bonn, 2025 © VG Bild Kunst, Bonn, 2025 Photo : Dirk Rose


Aux Villas Haus Esters et Haus Lange, un focus sur son travail au Japon et ailleurs

Et qui dit rétrospective exceptionnelle, dit déploiement exceptionnel. En plus de la présentation au musée, l’exposition s’étend à un second espace, non loin de là, au sein des Villas Haus Esters et Haus Lange, toutes deux imaginées par Ludwig Mies van der Rohe en 1927. À la Haus Lange, la thématique centrale est « La Synthèse des Arts » et met en lumière le travail de Charlotte Perriand lors de ses séjours au Japon, en Indochine et au Brésil. Quant à la Haus Esters, elle accueille une exposition complémentaire, contextualisant la rétrospective du musée et proposant d’autres pièces issues de la collection d’art du Musée de Krefeld, articulées avec l’œuvre de Perriand.

Exposition « Charlotte Perriand, L’Art d’habiter », installation  in-situ à la villa Haus Lange. Bibliothèque Nuage, reconsitution par Cassina et Tabouret Berger, issues de la collection iMaestri de Cassina © VG Bild Kunst, Bonn, 2025 Photo : Dirk Rose

Une exposition itinérante à l’échelle européenne

Présentée pendant quatre mois et demi, jusqu’au 15 mars 2026 à Krefeld, l’exposition voyagera ensuite vers deux autres institutions européennes, avec l’objectif d’élargir encore la portée internationale du travail de la designeuse. Ainsi, du 1er mai au 13 septembre 2026, elle sera présentée au Musée d’Art Moderne de Salzbourg, en Autriche, avant de s’installer à la Fondation Joan Miró, à Barcelone, du 22 octobre 2026 au 27 février 2027. Une même exposition installée au sein de différents espaces, offrant à chaque fois une nouvelle interprétation et une scénographie repensée, de quoi continuer à faire vivre l’œuvre de Charlotte Perriand encore longtemps.

Exposition « Charlotte Perriand, L’Art d’habiter », installation  in-situ à la villa Haus Lange. Chaises Ombra Tokyo, issues de la collection iMaestri de Cassina © FLC, VG Bild-Kunst, Bonn, 2025 © VG Bild Kunst, Bonn, 2025 Photo : Dirk Rose
Exposition « Charlotte Perriand, L’Art d’habiter », installation in-situ à la villa Haus Lange. Tabourets Berger, issus de la collection iMaestri de Cassina et Table basse Rio, prototypée par Cassina © VG Bild Kunst, Bonn, 2025 Photo : Dirk Rose
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