Environnement
Les 15 et 16 octobre, les Rendez-vous de la Matière + fair(e) célébreront leur 10e édition. Un rendez-vous qui mettra en avant un panel de matériaux d’exception alliant savoir-faire, innovation et créativité, à destination des professionnels du secteur.
Le salon professionnel consacré aux matériaux pour l'architecture, le design et la décoration, est de retour en octobre pour une édition particulière. À nouveau basé à l’Atelier Richelieu dans le 2e arrondissement, le salon fête cette année ses 10 ans. Pour cette édition anniversaire, l’organisation a fait appel au studio MVRDV pour signer une scénographie immersive, mettant en lumière la soixantaine d’exposants répartis sur les 700 m2 d’espace disponible. Ces derniers y présenteront leurs matériaux ou innovations spécifiques, allant de l’émaillage sur lave à l’art de la verrerie en passant par la plumasserie ou encore l’ébénisterie pour ne citer qu’eux.
Au programme : exposants et conférences thématiques
En parallèle des exposants, le salon proposera une série de tables rondes, discussions, conférences et présentations qui inviteront différents professionnels du secteur - architectes, architectes d’intérieur, directeur d’entreprise ou designer - à venir échanger sur divers sujets concernant les matériaux, les invitant par la même occasion à réfléchir sur les innovations en découler, leurs propriétés intrinsèques, à leur provenance, leur processus de fabrication et leur durabilité. Le programme complet est à retrouver ici : https://www.rendezvousdelamatiere.com/fr/programme/conference-workshops/
À l’occasion des 3daysofdesign mi-juin, la marque danoise Fritz Hansen dévoilait ses nouveautés ainsi que son nouveau programme "Renew", en faveur de la durabilité de ses produits.
De retour pour une nouvelle édition, les désormais immanquables 3daysofdesign organisés comme chaque année à Copenhague, proposaient une centaine d’événements partout dans la ville pendant 3 jours. L’occasion pour de nombreuses marques natives du Danemark de présenter leurs nouveautés 2024, comme ce fut le cas de Fritz Hansen, présent dans plusieurs espaces de la ville, comme à L’Opera Park, le nouvel espace inspiré de la nature pensé par le studio d’architecture danois Cobe.
Deux nouvelles collections en collaboration avec Cecilie Manz et Jaime Hayon
Pour sa collection 2024, la marque danoise de 152 ans a fait appel au savoir-faire de deux designers. D’abord, la designeuse industrielle danoise Cecilie Manz, qui présentait en exclusivité son fauteuil Monolit. Un modèle disponible en deux tailles - 40cm et 45 cm -, dont la forme enveloppante fait penser à une coquille protectrice et confortable pour l’utilisateur.
Quant à Jaime Hayon, il présente avec la marque deux nouveautés. D’abord, les tables basses Analog, en continuité de la table créée en 2014. Celles-ci sont disponibles en deux configurations, avec un plateau en noyer laqué ou frêne clair. Le designer espagnol dévoile également le canapé Fri, lui aussi en complément de la gamme déjà composée du fauteuil du même nom. Un canapé de 2,5 places, disponible dans tous les tissus proposés pour le fauteuil Fri.
Renew : un programme, trois initiatives
« La problématique autour de la durabilité du mobilier est qu’il dure au maximum dans le temps » expliquait le directeur créatif Christian Andresen. Dans cette optique, les équipes de Fritz Hansen, les équipes de la marque se sont penchées sur la question : « Nous cherchions un moyen de faire durer nos produits et de les faire vivre encore plus longtemps » déclarait notamment Lars Galsgaard, vice-président des ventes et de la gestion, à propos de Renew, qui était présenté pour la première fois lors des 3daysofdesign.
Une offre de services, pensée pour faire durer les produits Fritz Hansen plus longtemps, et ainsi permettre, à moyen et long terme, de réduit l’impact carbone de ces derniers. De ce fait, le programme est divisé en trois initiatives. D’abord, « Repair » - littéralement Réparer -, qui n’est pas nouveau chez Fritz Hansen puisqu’il existe depuis des années. Cette voie promet au client d’avoir la garantie que le produit puisse durer dans le temps, et ce même si une partie se casse. Le client a la possibilité de remplacer certaines pièces de lui-même ou il lui est possible de faire appel à un revendeur si nécessaire. Ensuite, le second volet du programme s’intitule « Refurbish », - remettre à neuf en français - été intégré en 2023. Pour le moment à destination des chaises Series 7, Ant, Grand Prix et Lily, le service Refurbish propose aux clients de redonner un coup de neuf à leur chaise sur différents aspects tels que par la peinture, la laque ou le remplacement des pieds par exemple. Il s’agit ici d’un défaut esthétique et non de qualité de la chaise qui est encore utilisable. Une offre intéressante, qui a permis de rénover entre 2 000 et 3 000 en 1 an. Enfin, le dernier volet de Renew est « Recraft », pour recréer, remettre à neuf par l’artisanat. Il s’agit non là d’un service d’esthétique du produit, mais d’un système d’upcycling des chaises. Les équipes récupèrent des anciennes chaises et les remettre à neuve pour les revendre ensuite à moins prix.
Un programme ambitieux donc, qui permet, pour les chaises rénovées, de réduire leur impact carbone par 3, en passant de 21 kg de CO2 pour une chaise neuve, à 7 kg. « On peut rénover sa chaise 3 fois avant d’arriver à l’impact carbone d’une chaise neuve. En sachant que chaque chaise est garantie 10 ans et que dès qu’elle est remise à neuf, elle gagne à nouveau sa garantie de 10 ans et elle obtient même un nouveau numéro de série » continue Lars Galsgaard. Si pour le moment ces services ne sont disponibles que pour les quatre chaises citées plus haut, les équipes espère évidemment pouvoir le développer encore plus à l’avenir, mais il est encore trop tôt pour se projeter. « C’est une nouvelle ère pour tout le monde donc il faut y aller étape par étape, apprendre tous les jours pour être de plus en plus efficaces afin de le développer à tous nos projets » avait finalement conclu Lars Galsgaard.
Avec son concept VELUX & Friends, la marque de fenêtres et de stores espère renouveler son public et accroître son engagement en tant que marque responsable et durable.
Fondée au Danemark en 1941 par Villum Kann Rasmussen, la marque Velux est aujourd’hui une référence inégalée du marché de la fenêtre de toit, à tel point que dans le langage courant, indiquer que l’on possède « un VELUX » est devenu chose commune. Aujourd’hui, la marque danoise bien ancrée dans son secteur, n’a plus besoin de prouver sa qualité et compte plus de 11 000 collaborateurs répartis dans 37 pays différents. Pour autant, l’ambition est aujourd’hui à l’engagement durable de la marque, qui peine à faire valoir ses actions au grand public. Pour tenter d’y remédier, le programme VELUX & Friends a été lancé dans le cadre d’événements culturels notamment, et permet de promouvoir les produits de la marque, mais pas seulement.
Une première opération remarquée à St-Lazare
Pour son premier événement VELUX & Friends lancé en novembre-décembre 2023, c’est sur le parvis de la Gare St-Lazare à Paris que la marque avait posé ses valises, ou plutôt ses planches. Au sein de sa « Maison de Noël », transformée en véritable pop-up store, les passants avaient la possibilité d’y découvrir des produits VELUX bien évidemment, mais également d’autres marques partenaires, telles que Smeg pour la partie électroménager, Kramer pour l’espace salle de bain ou encore les bougies Belaia côté accessoires.
Une première participation au Festival We Love Green
Afin de faire valoir son engagement durable et attirer de nouveaux publics, VELUX a participé pour la première fois au Festival We Love Green, organisé du 31 mai au 2 juin derniers, et notamment connu pour son engagement environnemental. Pour y participer, la marque a dû se contraindre au cahier des charges très précis de l’organisation du festival. Ainsi, le stand baptisé Summer Camp a notamment réutilisé la structure utilisée pour son premier événement. Une installation qui proposait des stands de maquillage et de photos, accompagnées de boissons rafraîchissantes pour tous les goûts, aménagé avec du mobilier récupéré. « Depuis 3 ans, on nous dit que la marque a des produits de qualité, mais commence à être vieillissante. En lançant des actions comme celles-ci, on espère changer l’image de la marque » expliquait notamment Benjamin Dondina, directeur des Relations Presse pour la marque. Il ne reste plus qu’à attendre le prochain !
Marion Lamarque est la cofondatrice de Color The Life crée en 2021. Ce réseau spécialisé dans le développement de la couleur responsable, intervient dans différents secteurs, notamment celui du design. À travers différentes formes d’accompagnements, les professionnels du réseau aspirent à un monde certes plus coloré, mais surtout plus respectueux de l’environnement. Entretien.
Quel a été votre déclic concernant l’importance de la couleur dans le design ?
Après mon bac, j’ai intégré l’école d’arts appliqués Olivier de Serres puis je suis entrée à l’Ensad en 2000 et c’est là que j’y ai découvert la couleur. À l’époque, on n'avait pas autant de possibilités de faire du design partout. La couleur est ce qui m’a permis de travailler à 360° aussi bien sur de l’édition que sur de l’architecture, de l’urbanisme, du bijou, du produit. C’est cette possibilité de travailler sur tous les supports qui m’ont orientée vers la couleur. Quelques années plus tard en 2009, j’ai quitté Paris pour m’installer dans le nord de la France pour intégrer Décathlon en tant que responsable couleur. J’étais en charge de toute la stratégie de marque et du design pour comprendre comment la couleur était appliquée sur les produits, comment on la fabriquait et comment on gérait sa production. C’est là que j’ai découvert que la couleur allait bien au-delà du design et que cela avait une influence émotionnelle sur les gens, mais aussi sur l’environnement.
Vous avez fondé le réseau Color the Life en 2021, quelle en est la génèse ?
Mon expérience chez Décathlon m’avait permis d’ouvrir les yeux et le fait d’avoir été au sein d’une entreprise engagée sur les questions environnementales m’a donné envie d’aller plus loin et c’est de là que part Color the Life. Avec mon cofondateur Hervé Raby, nous nous sommes entourés de toutes les personnes ayant de fortes compétences sur la couleur dans le secteur du design, de la recherche, de l’ingénierie, du marketing, en se donnant comme objectif de développer le business responsable par la couleur. Nous travaillons donc à la fois sur l’offre de couleur mais également auprès de ceux qui la crée et la développe.
Quelles actions concrètes y sont menées ?
Composé de 18 personnes, Color the Life est un réseau pluridisciplinaire qui agit via trois actions. D’abord, la sensibilisation, qui peut passer par un cycle de webinaires par exemple comme nous l’avons proposé en 2021 sur le thème « couleurs et santé » qui était à destination de designers, professionnels de santé mais également du grand public. Ensuite, la formation, qui peut prendre la forme d’ateliers ou d’échanges sur différents thèmes en lien avec la couleur. Enfin, nous intervenons en tant que conseillers au sein d’une marque, tant sur le design, que sur la partie développement ou le concept magasin dans son ensemble.
Quelle place prend la couleur dans l’élaboration d’un produit ?
L’étude « The Impact of Color on Marketing » menée Emerald Insight indique que 85 % de la décision d’achat d’un textile passe par la couleur. Il existe des codes à respecter au niveau culturel ou législatifs, mais il y a également un imaginaire collectif à prendre en compte, qui peut différencier d’un pays à l’autre. C’est pourquoi au sein de notre équipe nous avons des experts en mesure de former les designers couleurs sur l’aspect qualité et industriel de la couleur et qui vont d’autre part prendre le temps d’expliquer le langage émotionnel de la couleur matière et finition. Globalement, certaines couleurs vont être associées à certaines émotions. Prenons une nouvelle fois l’exemple de Décathlon qui exerce dans plusieurs secteurs sportifs : le surf va être associé à la plage de Bora Bora ou Tahiti, les maillots de bain sont donc le plus souvent turquoise tandis que le Yoga arborera des couleurs en lien avec la nature et l’extérieur alors même que la plupart des cours s’effectuent dans des salles fermées. Généralement, casser les codes permet de se démarquer comme ce fut le cas du vélo rouge de Décathlon qui avait fait s’envoler les ventes. Tout dépend de ce que la marque souhaite véhiculer comme message.
Comment agir en faveur de la couleur « responsable » ?
Avant de s’y pencher, nous n’avons pas réellement conscience de l’impact environnemental de la couleur. Le mode d’action peut ainsi prendre la forme d’analyses en étudiant par exemple le ratio entre les ventes et l’offre, permettant aux marques de se rendre compte si leur clientèle a besoin de nuances de couleurs en particulier. On peut également faire des analyses marketing, de territoires de couleurs, de process ou agir sur la direction artistique et créative qui à terme auront des conséquences positives pour l’environnement et l’entreprise.
En 2022, nous sommes intervenus auprès de l’entreprise de produits d’électroménager Boulanger à travers différents canaux. L’entreprise avait une équipe de design composée de quatre personnes dont la couleur n’était pas l’expertise. Notre rôle a été dans un premier temps de faire un diagnostic sur leur connaissance de la couleur pour ensuite leur transmettre notre savoir faire pour leur offrir la possibilité de réaliser leur propre diagnostic à l’avenir. En parallèle, nous avions mis en place des ateliers collaboratifs et créatifs et avons initié un travail sur la gamme couleur et sur une montée en gamme par la couleur. Tout ce travail a permis de réduire de 23 % leurs émissions de CO2 en développement produit, en seulement six mois. Et la résultante a été qu’une fois en magasin, les produits ont fonctionné, puisque lorsqu’une gamme est bien travaillée, il y a toujours un gain économique derrière.
Etes-vous intervenu auprès d’autres acteurs significatifs ?
Nous collaborons depuis 2021 avec Tarkett dans l’élaboration de guides de couleurs/finitions à destination des architectes et designers. Nous travaillons sur l’offre globale de la marque sur les sols - plastique, moquette -, dans le but de la valoriser, de la simplifier et de la rationaliser au maximum au sein des projets.
Des actualités spécifiques à venir pour le réseau ?
Nous inaugurons au mois de juin deux nouvelles antennes du réseau, en Île-de-France et dans les Hauts-de-France, dans le but de favoriser les échanges entre nos membres. À ce propos, deux soirées d’inauguration se tiendront à Lille le 11 juin et à Saint-Ouen le 13 juin !
Plus d'informations sur : https://www.colorthelife.org/
Développé dans le but d'accompagner les architectes et prescripteurs dans l'élaboration de leurs futurs projets, le passeport environnemental Tarkett a une visée avant tout écologique. Explications.
Premier consommateur d'énergie, le secteur du bâtiment est en pleine transition. La recherche de matériaux durables dans le temps et surtout moins polluants sont de mise, afin de concevoir des projets plus respectueux de l'environnement. Dans cette dynamique, la marque française Tarkett, spécialisée dans les revêtements de sols, a mis en place un "passeport environnemental" relatif à chacun de ses produits. Une avancée qui a demandé un an de travail pour automatiser toutes les données des produits et ainsi obtenir des informations sur leur recyclabilité, leurs émissions de COV (composés organiques volatils) et de formaldéhyde, l'empreinte carbone totale des principaux produits, ainsi que leur contribution potentielle aux différentes certifications environnementales des bâtiments.
Un outil pour voir plus loin dans les projets
Ces données ainsi transmises aux clients, et consultables en quelques clics directement sur le site internet de la marque, permettent une meilleure visibilité des projets sur le long terme. "Il y a eu un réel travail sur le fond et sur la forme. Le résultat est tel que l'outil est suffisamment souple pour s'adapter pays par pays, selon les réglementations en vigueur ou les labels nécessaires" expliquait notamment Myriam Tryjefaczka, directrice développement durable et affaires publiques Tarkett. Plus largement, l'objectif de ce passeport environnemental est d'aider à la prise de décision et choix stratégiques plus durables et notamment obtenir des certifications spécifiques relatives aux bâtiments plus verts. Une initiative dans la lancée de la sélection circulaire Tarkett, lancée en 2021, dont les produits sont recyclables après utilisation, sans phtalates, et plus durables pour les individus et la planète.
Pour accompagner sa politique de recherche & développement autour d’un béton décarboné, le groupe cimentier Holcim propose toute une gamme de solutions innovantes pour les constructions d’aujourd’hui et de demain. Du design et des systèmes intelligents qui repensent le bâti des structures (pont Striatus), des sols (Rippmann Floor System) aux toits végétalisés (green roofing), quand il ne s’agit pas de la construction de la maison elle-même en 3D !
Les problématiques de développement durable et d’économie énergétique mettent les grands groupes de la construction face à de nouveaux enjeux majeurs. C’est le cas notamment du groupe cimentier Holcim, leader mondial des matériaux et des solutions de construction (en particulier depuis sa fusion avec l’entreprise française Lafarge), qui est entré dans une stratégie globale de projets innovants visant à la décarbonation du béton, tant dans sa production (solutions de construction vertes, principes de recyclage) que dans la mise au point d’une nouvelle génération de technologies. « On construit l’équivalent d’un New York tous les jours », explique Edelio Bermejo, directeur du département R&D d’Holcim. « Et 60 % de l’urbanisme nécessaire à loger la population à venir est encore à venir. Nous avons donc un énorme besoin de béton, et pour que cette offre soit cohérente, ce béton doit être de plus en plus durable. »
Du béton « durable », c’est quoi ?
Concrètement, un béton « durable » est d’abord un béton plus axé sur les produits locaux, pierres et granulats, entrant dans sa composition, pour des questions de circuits courts bien compréhensibles. La recherche sur de nouvelles compositions et procédés de fabrication menés dans le département R&D d’Holcim à Lyon, en partenariat avec tout un écosystème innovant de start-up et de grandes écoles (MIT, Ecole des Ponts, Paris Tech), et à travers les gammes de béton et ciment durables ECOPact et ECOPlanet, est une autre option. Elle permet de créer des constructions avec du béton moins friand en CO2 et avec une empreinte carbone réduite de 30 à 100% (comme cela est le cas pour les Sphères de Seattle, des dômes de verdure intégrant un vaste complexe de bureaux construit au cœur de la ville). L’éventuel hausse du coût du béton qui en résulterait n’est pas un souci. Actuellement, le coût moyen du béton ne représente que 4,7% du prix d’un bâtiment (alors qu’il constitue 73 % de sa masse). Une simple hausse de 20% de son coût ne représenterait donc que 6% du prix total du bâtiment, ce qui est largement amortissable à la condition de le décarboner.
Une autre solution porteuse réside dans les recherches en recyclage du béton existant : un principe de construction circulaire qui réduit automatiquement l’impact carbone procédant de la fabrication de nouveau béton et qui implique peu de coût d’énergie pour transformer le béton récupéré, sans perte de qualité technique. « Le principal coût est le transport », expose Edelio Bermejo qui concède toutefois un nécessaire « changement de mentalité » chez les clients. En Suisse, beaucoup semblent déjà convaincus, et le ciment Susteno, le premier ciment au monde conçu avec 20% de matériaux recyclés, est déjà disponible sur le marché helvète.
Si vous ajoutez à cela tout un faisceau de recherches technologiques (captation et stockage du CO2 dégagé par la production de béton – par exemple pour produire du kérosène synthétiques ; béton connecté ou béton magnétisable, permettant de charger la batterie de votre téléphone voire celle d’un bus ; béton hydromedia, pour des sols absorbant les eaux de pluie, comme cela est déjà le cas dans un parc d’Aubervilliers), la myriade de pistes en cours de développement ou déjà opérationnelles donne le tournis.
De nouveaux systèmes de construction intelligents
Pourtant, cette stratégie d’ensemble autour du béton durable et décarboné, ne repose pas que sur le matériau lui-même. Du côté d’Holcim, on a choisi de faire aussi appel au design pour promouvoir de nouveaux systèmes de construction intelligents, susceptibles en particulier de faciliter l’assemblage et de réduire la masse de matériau nécessaire à la réalisation de la surface souhaitée. Une réflexion qui passe par tous les aspects du bâti, des toits aux sols des bâtiments, et jusqu’au mobilier urbain.
Pour la couverture, Holcim propose sous la marque Firestone, toute une série de systèmes de toits végétalisés particulièrement intéressants pour rafraîchir et isoler les habitations dans des villes où le poids de l’urbanisme a été très fort ces dernières années, en Asie particulièrement. Les 22 000 mètres carrés de toits de l’Université Tammassat, à côté de Bangkok en Thaïlande, accueillent donc grâce au principe de membrane thermoplastique Ultrafly TOP tout un système de fermes en cascade qui participent à absorber naturellement les eaux de pluie, à réduire l’effet de chaleur urbaine, à offrir un circuit court de production agricole et à lutter contre la déperdition énergétique passant généralement par les toits (en moyenne 60% de perte).
Du côté des planchers, Holcim s’est associé avec le Block Research Group (BRG) de l’ETH-Zurich pour développer un innovant système de sols très léger en poids et facilement montable/démontable. Le Rippmann Floor System s’assemble en effet aisément du fait de son aspect géométrique en blocs d’arches, tous de la même forme et modulables les uns avec les autres. Ce système évite l’appoint de renforcement intégré en acier, ce qui favorise le recyclage. La forme des blocs utilisés leur permet d’être moins dense, en incorporant des parties vides qui rendent les structures à la fois moins lourdes et plus écologiques. L’utilisation de matière est en effet réduite de moitié et grâce à l’usage de béton vert ECOPact et de ciments vert ECOPlanet, l’empreinte carbone s’en voit diminuée.
En termes de structure, le pont Striatus a été particulièrement remarqué lors de la dernière biennale d’architecture de Venise. Comme le Rippmann Floor System – il a lui aussi été conçu avec l’ETH de Zurich notamment – il procède d’un assemblage de blocs uniques (53 en l’occurrence), spécialement designés pour tenir ensemble grâce à des points de compression et de gravitation. Il n’utilise donc aucune colle ou jointure. Chaque élément est placé à l’endroit précis pour permettre là aussi une utilisation minimale de béton décarboné. Ce calcul extrêmement précis et sa fabrication très technique résulte là encore de l’utilisation d’imprimantes 3D. Une démarche étonnante qui permet à Holcim d’imaginer des schémas de production/commercialisation… et d’ouvrir encore de nouvelles perspectives.
Des imprimantes 3D bâtisseuses
En effet, Holcim place l’utilisation d’imprimantes 3D au cœur de plusieurs projets d’architecture et de systèmes de construction intelligents menés à l’international et particulièrement en Afrique grâce à sa filière 14trees. Au Malawi, une école entière a été conçue en 2021, grâce à ce système de chantier technologique rapide et économe en matière. Les images sont impressionnantes. Imaginez une imprimante géante traçant en aller-retour, puis sur tout le pourtour d’une forme rectangulaire, l’empilement des infrastructures murales en béton nécessaires à l’édification d’une vraie maison !
18 heures ont été nécessaires à cette conception record qui en appelle bien évidemment d’autres. Au Kenya, pour permettre de répondre à la demande de construction rapide de logement, Holcim vient tout juste de lancer un ambitieux projet de 52 unités d’habitation construites grâce à l’impression 3D. Une pierre supplémentaire dans le jardin du béton durable et décarboné.
Qui aurait pensé qu’un jour, on associerait au terme de paysan celui de designer ? À l’aune des bouleversements que l’on connaît, l’agriculteur actuel repense son métier, ré-appréhende les sols, crée de nouveaux outils pour mieux vivre et nous nourrir, tout en valorisant Mère-nature. En combinant pratiques anciennes et high-tech, ce gentleman farmer version XXIe siècle défend la notion d’agroécologie et tente de répondre aux questions fondamentales de notre époque et celles à venir. Une exposition-manifeste.
« Paysans designers, l’agriculture en mouvements » explore la notion de Farming design [design de l’agriculture, ndlr], en dressant le portrait d’une nouvelle génération de paysans, à travers la présentation de leurs visions très à l’écoute de la nature et de ses comportements. « Agriculture et design ? Le lien va de soi, car le premier domaine constitue un des enjeux majeurs de notre société et une des grandes questions du design, ce sont les procédés de production, explique Constance Rubini, directrice du musée et commissaire de l’exposition. Et puis, un des rôles du design actuel n’est-il pas d’inventer de nouvelles réciprocités ? On dénombre aujourd’hui beaucoup de parallèles entre ces pratiques et celles du design. » Prenant place dans les espaces d’expositions temporaires installés dans l’ancienne prison du XIXe siècle accolé au bâti fondateur du musée, le parcours, divisé en deux parties par un couloir orné des portraits des « pionniers » de la tendance, se déploie de chaque côté de deux grandes cours, autour desquelles les anciennes cellules carcérales traitent de nombreuses thématiques.
Exposition ''Paysans designers, un art du vivant'' © madd-bordeaux
''Des Jardins dans la ville'', Les graines comme patrimoine vivant, cour d’honneur du madd-bordeaux. Jardin imaginé et parrainé par Caroline Miquel, paysanne maraîchère, fondatrice des Jardins Inspirés au Taillan-Médoc, Gironde
Portraits de paysans en designers
Dans la première des cours intérieures, tel un état des lieux sur le sujet, l’exposition évoque les avancées de neuf « paysans-chercheurs » internationaux à travers une scénographie végétale, en mue. Dans la Drôme, Sébastien Blache, ex-ornithologue du Muséum d’Histoire Naturelle et Elsa Gärtner plantent entre autres des arbres et des haies, installent des nichoirs, afin de développer et regénérer la biodiversité. Au Burkina Faso, la démarche agroécologique globale du domaine d’Adama Dialla s’est mise en place avec l’association locale « Association Inter-zone pour le Développement en Milieu Rural » (AIDMR) et une seconde, française, « Terre & Humanisme ». Alliance et rotation des cultures, gestion rationnelle de l’eau constituent quelques-unes de ses pratiques agroécologiques adaptées au lieu. Autre exemple, au Brésil, Ernst Götsch, qui ne se sépare jamais de sa machette ici exposée, a observé ses sols dégradés, destinés à des projets immobiliers, et y a retrouvé quatorze sources. Le résultat ? En dix ans, une forêt dense a pris place et redonné au terrain toute sa fertilité.
Le design pour une image plus désirable du métier
Quant aux douze cellules attenantes, elles abordent des points clés comme les semences, le levain, la standardisation du vivant, mais aussi présentent une image plus attractive de cet acteur de la terre, à travers des installations, interviews et film. Dans l’une d’elles, le reportage de Colombe Rubini présente trois « jeunes pousses » à l’écoute sensible de leurs bêtes ou de leurs terres : la bergère Maina Chassenet, l’éleveuse de cochons Nina Passecot et le producteur de thé en pays basque, Mikel Esclamadon. Au fil des espaces, se dessine donc le visage d’une paysannerie en lien très intime avec sa terre, qui travaille en réseau, partage ses connaissances, ses outils, ses matériaux. Pour preuve, la coopérative française l’Atelier Paysan diffuse librement des plans sur internet, comme ceux des maquettes exposées de « l’Aggrozouk », porte-outil respectueux des sols, au design très lunaire, ou du « cultibutte » conçu pour façonner ou entretenir les buttes.
Une autre section évoque par un jeu de comparaisons la régénération des sols, sous le prisme de la permaculture ou de l’agroforesterie redessinant les paysages. L’exposition nous amène également à réappréhender l’eau comme un « cycle », avec l’installation de l’atelier CTJM des designers Charlotte Talbot & Jonathan Mauloubier, évoquant la transpiration journalière d’un chêne – jusqu’à 500 litres d’eau -, en été. Mais aussi à « entendre », « observer » l’intelligence des plantes qui transmettent et émettent des signaux, comme le démontre le neurobiologiste végétal italien Stefano Mancuso, mais aussi la conférence du biologiste Francis Hallé, spécialiste de l’écologie des forêts tropicales, à Montréal, en 2018, audible in situ.
Design repensé des outils et étudiants-designers en agriculture
« Campagnoles », « presse-mottes », « grelinettes » … Dans la seconde cour sont réunis de « nouveaux » outils paysans plus malléables, s’inspirant de ceux avant l’ère industrielle, dans une scénographie de François Bauchet et Jean-Baptiste Fatrez. Enfin, comme un clin d’œil à l’avenir de ce thème en regard du design, le musée expose les propositions des étudiants de l’ECAL – Ecole cantonale d’art de Lausanne – sous la direction d’Erwan Bouroullec, petit-fils d’éleveurs. Des installations un tantinet pince-sans-rire, qui rafraîchissent notre mémoire en dénonçant, entre autres, la mainmise de la Chine sur la banane ou le transport toujours très polluant de marchandises.
Proposant un éclairage prospectif, inédit et instructif sur l’agriculture, l’exposition peut paraître complexe par ses propos très scientifiques et ses multiples points de vue, pour le simple amateur de design. Cependant, cette présentation qui s’étend dans certaines fermes et vignobles bordelais ainsi que dans les espaces plantés, à dessein, dans divers quartiers de la ville, est aussi la parfaite illustration des propos du designer américain Paul Rand, stipulant que tout était design. Everything is Design, comme l’agriculture !
Paysans designers, l’agriculture en mouvement, Musée des Arts décoratifs et du Design, 39 rue Bouffard, Bordeaux (33000).
www.madd-bordeaux.fr jusqu’au 8 mai 2022.
Le Festival international de jardins des Jardins de Métis (Canada) vient de se terminer. Portée par le thème du métissage, cette édition 2020 a bravé la crise sanitaire grâce à l’implication des équipes du festival : elles ont construit les 5 installations des concepteurs internationaux, bloqués dans leurs pays d’origine.
L’édition 2020 du Festival international de jardins des Jardins de Métis portait sur la mise en relation des designers, appelé “métissage”.
Dans le contexte canadien, bien que les Premières Nations (les populations autochtones présentes avant l’arrivée de Jacques Cartier en 1534) aient souvent été méprisée, les métissages qui sont nés notamment au XXIe siècle ont favorisé la créativité et encouragé l’émergence de nouvelles pratiques.
Dans le contexte du Festival, le métissage concerne les pratiques (architecture de paysage, architecture, arts visuels, design industriel…), les plantes (indigènes ou exotiques) ou les matériaux (naturels ou manufacturés).
Sur les cinq installations retenues, le visiteur devient participant actif, en s’allongeant sur le tapis de Augmented Grounds, en se faufilant dans les cercles de (Mé)Tissages, en devenant vibraphoniste dans Corps de résonance, en explorant un récif de corail dans Forêt corallienne ou en s’entrelaçant dans le macramé de Entwine.
``Augmented Grounds``
Soomeen Hahm, architecte, Jaeheon Jung, architecte et Yumi Lee, architecte paysagiste - Séoul (Corée du Sud)
L’installation s'inspire de l'écharpe traditionnelle de la nation métisse des plaines de l'Ouest canadien, et représente l'harmonie grâce à des cordes colorées qui sont étroitement posées sur un terrain sculpté.
Les conceptrices sont particulièrement intéressées par l'exploration d'une écologie harmonieuse entre l'homme, l'ordinateur et la machine. Elles se concentrent actuellement sur les moyens de construire des formes complexes par des humains pour développer des processus de construction qui ne peuvent pas être réalisés entièrement par l'automatisation, ni par le travail humain.
``Corps de résonance``
Charlotte Barbeau, designer, Leila Desrosiers, designer, Félix Roy, designer de l’environnement et Jean-Benoit Trudelle, stagiaire en architecture - Montréal (Canada)
Cette folie musicale prend forme dans une clairière de la forêt. Les visiteurs se déplacent dans et autour de cet instrument géant, qui prend vie en vibrant aux sons de la forêt.
Charlotte Barbeau, Leila Desrosiers et Félix Roy sont des designers de l’environnement, diplômés de l’École de design de l’UQAM. Jean-Benoit Trudelle est diplômé d’une maîtrise en architecture de l’Université de Montréal. Ils se sont réunis pour ce projet afin de créer une équipe multidisciplinaire, capable de raisonner entre l’objet, l’architecture et le paysage.
ENTWINE
Waiyee Chou, architecte paysagiste et Carlos Portillo, architecte-paysagiste, Toronto et Montréal, Canada
L’intégration d’une ancienne technique de nouage du macramé permet de mettre en valeur des variétés de plantes hybridées pour l’horticulture. À l’intérieur d’une spirale, les visiteurs sont libres de se promener pour voir de près les éprouvettes.
Waiyee Chou et Carlos Portillo sont diplômés d’une maîtrise en architecture du paysage de l’Université de Toronto. Waitee a travaillé, entre autres, chez Urban Strategies, section de l’aménagement urbain de la ville de Toronto, et chez Forest and Field Landscape Architecture. Carlos est architecte paysagiste chez Claude Cormier et Associés, il travaille actuellement à la conception et à la construction d’un parc pour le centre-ville de Toronto.
Forêt corallienne
Lucie Bulot, architecte et Dylan Collins, concepteur - Montréal, Canada
Une barrière de corail d’un autre genre prend forme le long d’un sentier. Une communauté de calcaire s’enracine dans le boisé avec un métissage de formes qui crée un paysage insolite et une nouvelle communauté hybride.
Lucie Bulot est architecte d’intérieur HMONP, diplômée de l’École nationale supérieure d’architecture (ENSA) de Paris-Val de Seine. Dylan Collins est architecte DE, diplômé de l’ENSA Paris-Malaquais. Ils vivent et travaillent à Montréal depuis 2019. Leur travail collaboratif commence en 2017 avec la réalisation du jardin Éternelles éphémères au Festival International des Jardins de Chaumont-sur-Loire. En 2019, ils créent Neiges éternelles, dans le cadre de l’événement Passages Insolites présenté dans le Vieux-Québec.
(Mé)Tissages
Duc Truong, architecte - Strasbourg (France)
Un paysage tissé qui invite les visiteurs à pénétrer dans un espace créé par un accrochage de cordes colorées. Ce jardin expérimental rassemble les visiteurs autour d’une installation entre l’architecture et la nature. Une invitation à se questionner sur le tissage des liens entre les communautés.
Duc Truong est un architecte français diplômé de l’École d’architecture de Strasbourg. En 2017, il cofonde le collectif d’architectes Figures vives et part à Tokyo pour travailler à l’agence Sou Fujimoto Architects, où il développe une réelle sensibilité pour le métissage de l’architecture et de la nature. Après un an et demi passé au Japon, il décide de rentrer en Europe et poursuit son apprentissage de l’architecture chez O.M.A. (Office for Metropolitan Architecture) de Rotterdam au Pays-Bas.
Les jardins Extra-muros
Le ruban de barricade, qu’on a pu abondamment voir dans les aires de jeux publiques canadiennes pour en interdire l’accès au printemps dernier, est ici utilisé à l’inverse pour inviter les visiteurs du Musée de la civilisation dans le Vieux-Québec à gravir les marches menant au toit-terrasse. Les couleurs de cette troisième édition sont inspirées d’une mouche à pêche d’Elsie Reford. Quelques accessoires de pêche de la collection des Jardins de Métis sont également présentés dans l’exposition, Histoires de pêche.
Julia est professeure adjointe au département d’architecture de l’Université de Buffalo, et Coryn est professeur auxiliaire adjoint. Travaillant en collaboration depuis 2003, ils s’efforcent de créer des objets, des espaces et des situations qui transfigurent le quotidien de façon ludique et hautement stimulante. Leur travail a été récompensé par le League Prize de l’Architectural League of New York en 2018.
Fruit d’une collaboration entre l’UQAM, le Partenariat du Quartier des spectacles (PQDS) et le Festival international de jardins, l’installation Ressac se déploie jusqu’à la fin octobre dans l’espace public adjacent à l’édicule du métro Saint-Laurent à Montréal.
Un jardin sec représente la grève alors qu’une passerelle en bois clair, rappelant le bois flotté, traverse celui-ci. Épousant la ligne de désir formée par les passants, le tracé sinueux s’inspire aussi de la forme de l’embouchure de la rivière Mitis, voisine des Jardins de Métis, qui se jette dans le fleuve. Le soir, l’horizon se dégage alors qu’un film est projeté sur le mur de brique qui, de jour, s’interpose entre le regard du passant et le fleuve, à peine un kilomètre plus au sud. La projection nous transporte au-delà de cette limite en amorçant une conversation entre corps et fleuve, incarnée par la danseuse Ivanie Aubin-Malo.