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Art, pas art ? La typographie est un art, une calligraphie réalisée à la main, aujourd’hui avec des outils numériques et aucun designer ne pourra contredire cette évidence. Créer sa typo est le rêve de tout un chacun. Encore faut-il savoir se faire rémunérer ensuite à la hauteur de sa création.
Si les grandes classiques, Times, Helvetica ou Garamond se partagent le marché de l’édition, plus confidentielles sont la nouvelle Yellow de Des Signes, la widactic de Samuel Accocebery pour widactic, The New Alphabet de M/MParis développée entre le MAD et le Musée d’Orsay, ou la typo de Ruedi Baur développée en 2003 pour la Cité Internationale Universitaire de Paris avec Eric Jourdan.
La Newut Plain créée par Baldinger a servi de caractère latin de base et s’est enrichie par 57 caractères issus d’écritures de différentes cultures provenant des cinq continents pour souligner l’aspect multiculturel unique de la CIUP. Leur aspect formel se rapproche de celui des caractères latins afin de pouvoir être lus en tant qu’alphabet de langue latine. Un générateur aléatoire, l’application Letterror Mixer, paramétrable par l’utilisateur, permet de parsemer automatiquement un texte ou faux texte de caractères particuliers sans en perturber la lecture », explique le studio Ruedi Baur sur son site. Le résultat est spectaculaire sur le fronton de la Cité Internationale Universitaire, à la sortie du RER.
Du 13 octobre 2020 au 10 janvier 2021, le duo M/M (Michaël Amzalag et Mathias Augustyniak) se faisait remarquer en investissant les salles des Arts Déco et du Musée d’Orsay à travers une double exposition intitulée D’un M/Musée à l’autre. Un parcours original était organisé de part et d’autre de la Seine dans les collections permanentes des deux musées. L’installation de M/M Paris au Musée d’Orsay répondait à leur intervention au MAD avec une fantaisie baroque revendiquée. Ensemble, ils signent plus de 100 caractères typographiques à partir de visages humains qui entrent graphiquement dans le système universel de l’abécédaire. Jusqu’au 3 octobre 2021, ils sont invités à investir leurs galeries permanentes à travers une « double exposition » intitulée « D’un M/Musée à l’autre ». Dépassant depuis plus de 25 ans les frontières traditionnelles des disciplines de la création et en écho à la publication du Volume II de M to M of M/M (Paris), leur monographie publiée aux éditions Thames & Hudson, ils proposent un parcours dans leur oeuvre à l’aide d’un dispositif modulaire original.
Élise Muchir et Franklin Desclouds du studio Des Signes ont créé un nouvel alphabet identitaire le « Yellow », caractère linéal, géométrique et ludique, ouvert et tout en rondeur. Il devient la voix de la Fondation d’entreprise Pernod Ricard qui a déménagé de la rue Boissy d’Anglas pour s’installer rez-de-jardin de l’immeuble Grand Central à Saint Lazare, entrepôts de la SNCF réaménagés par Ferrier Marchetti Studio et par NeM, Niney&Marca architectes. Leur typo Yellow est utilisée sur les documents de communication, de la papeterie, en passant par le site internet, jusque dans La Traverse, le nouveau journal de la Fondation. Il s’inscrit en ton sur ton, sur les murs des nouveaux espaces parisiens. L’ensemble de la façade s’habille du nouvel alphabet, en lettres miroir pour signaler la Fondation. Une enseigne lumineuse habilement encastrée dans les huisseries permet une intégration respectueuse et efficace de l’architecture, invitant à découvrir les expositions, la nouvelle librairie et le futur Café Mirette. Le tout en lettres vertes pour souligner encore plus l’engagement de la marque dans l’écoresponsabilité.
La typo widactic, réalisée en mars 2020 par Samuel Acocceberry pour la marque widactic installée à Versailles, reflète tout l’esprit de cette start up. Cette plateforme d’apprentissage toute récente, facilite les connexions, gère les sessions de formation, facilite le travail du formateur et favorise les échanges… Lancée par Jean-Michel Campolmi, ce spécialiste des ateliers pédagogiques dans le secteur bancaire, des assurances ou de la télécommunication, cherchait tout d’abord un designer pour dessiner le boîtier de son relai wifi autonome. Samuel Acocceberry a fini par gérer le projet de design global, logo, charte graphique, identité jusqu’à l’application et coordination esthétique des interfaces avec l’agence de design UX/UI KUMBAWA!. « Le logo en forme arrondie se veut rassurant. Les éléments de ponctuation sont semblables à des graines, métaphores du savoir à semer. L’ensemble de la typo est coordonné avec ce détail de ponctuation. Le boîtier connecté (Wicom) sortira en cours d’année 2021. »
Stefan Diez a dessiné pour Magis un canapé modulaire, qui comprend quatre éléments : un module d’assise complété par un accoudoir à droite ou à gauche et par une ottoman. Le process de fabrication met en relief une demande du fabricant italien de s’inscrire dans une démarche durable, tant dans l’optimisation de la structure que dans les ressources utilisées.
Le canapé Costume est constitué d’un corps en polyéthylène recyclé et recyclable, produit par rotomoulage en utilisant des déchets industriels du secteur du meuble et de l’automobile. Le dossier et l’assise sont rembourrés avec un insert à ressorts ensachés. Ils sont ensuite recouverts d’une fine épaisseur de mousse polyuréthane. Le tout est maintenu ensemble par un revêtement en tissu, fixé par des sangles, qui peut être séparé à tout moment sans difficultés. La modularité repose sur un simple assemblage de 4 éléments : assise, accoudoirs et ottoman. L’élément de jonction est une bande en plastique qui peut être insérée dans les fentes placées aux quatre coins de l’assise. Ce connecteur est disponible en couleurs assorties mais contrastantes.
Ce principe imaginé par Stefan Diez a donc plusieurs avantages : Il utilise moins de mousse par rapport à une fabrication traditionnelle, la plupart des matériaux peuvent être facilement recyclés, la structure peut donc être démontée facilement pour être nettoyée ou pour changer le revêtement.
Projets tertiaires à grande échelle ou projets d’architecture d’intérieur à caractère unique, Mineral Art Concept remet au goût du jour l’usage du terrazzo à travers la perpétuation d’un savoir-faire millénaire.
Start-up artisanale aux compétences hors norme, Mineral Art Concept est le seul fabricant de véritable terrazzo en France. Particulièrement employé dans l’Antiquité, le terrazzo est un matériau composite constitué de fragments de marbres, taillés selon des formes très diverses, mélangés à un liant (chaux ou ciment), poli et dont l’aspect brillant s’apparente à la pierre naturelle. Le choix des grains, la granulométrie, le seminato (semage du grain) ou les couleurs des terres employées offrent de multiples possibilités de compositions, donnant à cette technique ancestrale de multiples possibilités décoratives.
Comme le précise Maxime Touil, fondateur de Mineral Art Concept, « ce savoir-là ne vient pas à vous, il faut en faire la démarche. » Il faut en effet avoir une connaissance approfondie des matériaux naturels (chaux, granulats de marbres, pigments), des matériaux de synthèse (ciment, résine…) et des couleurs pour créer ses propres recettes de fabrication. En proposant une palette de choix d’une grande finesse grâce à l’emploi de terres spécifiques (Terre de Sienne, ocres d’Afghanistan, oxydes de fer d’Égypte), l’idée directrice demeure la maîtrise de la chaîne de production du terrazzo de A à Z, de l’élaboration de la formule jusqu’à la pose de la matière sur place, en dalles ou coulé. « Je me fais un laboratoire sur le chantier », explique Maxime Touil. « C’est une élaboration minutieuse, où l’intervention et les mélanges sont souvent réalisés directement sur site. Nous taillons les marbres et autres matériaux et créons une identité unique pour chaque projet. »
Des projets aux échelles variables et aux identités spécifiques
La diversité d’échelle des projets est en effet saisissante. « Les cabinets d’architectes nous consultent pour des projets tertiaires à grande échelle, mais aussi pour réaliser des projets d’exception, à identité unique », constate-t-il. « Et même si notre produit est normé U4P4 [soit très résistant], cela reste un véritable travail d’orfèvre ! » Pour les projets d’ampleur, comme pour le décor de la Brûlerie de Belleville contant l’histoire de la torréfaction du café, le sourcing des pierres et des pigments reste fondamental, avec ici le choix notable d’un marbre Emperador d’Espagne. Pour le chantier de recouvrement des murs d’un hôtel parisien en terrazzo Scarpa, ce sont 3 000 morceaux de marbre qui ont été taillés à la main.
Très récemment, Mineral Art concept s’est consacré à façonner la seule piscine en terrazzo minéral au monde. « Les façades murales, sol, et escaliers sont entièrement coulés d’un seul tenant. Nous avons aussi créé un dégradé en cascade en marbre Rosso Levanto des extrémités au sol intérieur », poursuit Maxime Touil.
Mais la finesse du travail du terrazzo de Mineral Art Concept peut également se révéler à des dimensions plus réduites, pour unifier l’ensemble des pièces d’une cuisine ou pour créer un comptoir de bar. C’est ainsi toute l’identité de la principale boutique parisienne de l’enseigne « Le Tanneur » qui a été repensée en mode terrazzo. « Nous y avons entremêlé divers matériaux, à savoir du verre soufflé de Murano, du laiton, des éclats de marbres pré-taillés à la main en atelier et des granulats de marbre. Cela a permis de créer un sol unique, avec une identité particulière. »
La vision de Mineral Art Concept repose sur une approche conjuguant le contemporain et l’Antiquité. La formulation des produits est entièrement artisanale, et nécessite une connaissance approfondie des matériaux naturels (chaux, granulats de marbres, pigments), des matériaux de synthèse (ciment, résine…) et des couleurs pour créer ses propres recettes de fabrication.
Créée par la Fondation Total, l’Industreet fait le pari d’amener chaque année 400 jeunes sans diplômes vers un emploi de niveau bac+2. Les locaux conçus par l’agence WOA accompagnent ce projet pédagogique particulier tout en proposant des pistes pour la mutation des zones industrielles et leurs architectures anonymes.
À cheval sur Stains et Pierrefitte, dans un bâtiment conçu par l’agence WOA, l’Industreet a accueilli ses premiers élèves en octobre 2020, mais son inauguration officielle s’est déroulée le 1er mars dernier, avec la visite sur place d’Emmanuel Macron. Justifiant le déplacement du Président de la République, l’Industreet est dès l’origine un projet à part, développé dans le cadre de la consultation « Inventer la métropole du Grand Paris ». L’ Urban Valley proposée par le promoteur Atland envisage la mue d’une zone d’activité en quartier habité, esquissant la possibilité d’une ville. L’ouverture de la ligne de tramway express T11, connectée au RER D, a donné l’impulsion nécessaire à la transformation du site. Le projet l’agence WOA s’appuie sur l’espace public aménagé devant la nouvelle gare de Pierreffite-Stains, promue au rang de pôle multimodal. La volumétrie des bâtiments reprend celle des hangars d’activité, qu’elle hybride avec des bâtiments de bureaux. Un hôtel, un restaurant d’entreprise et un parking silo complètent le programme. Un espace vert « comestible » cultivé en permaculture structure l’ensemble et organise la composition.
Un calendrier contre le décrochage
Quatre années séparent l’esquisse de la livraison – crise sanitaire comprise. Un laps de temps plutôt court durant lequel l’opération a évolué pour s’adapter à des occupants arrivant en cours de projet. Contraint de déplacer son centre de recherche de Saint-Denis pour laisser la place à la future piscine olympique, Engie manifeste son intérêt pour l’Urban Valley. La Fondation Total souhaite implanter son nouveau centre de formation dans la deuxième partie du complexe. Atland, qui a prévu au départ la construction de « bureaux en blanc » convenant à n’importe quelle entreprise, va reconfigurer le projet en fonction des attentes très particulières de l’Industreet, qui s’engage à louer les lieux pour dix ans.
À mi-chemin entre l’IUT et l’école professionnelle, l’Industreet recrute ses élèves parmi les jeunes de 18 à 25 ans « décrochés » du système scolaire traditionnel, ce qui suppose un renouvellement totale des études et de leur calendrier. « Si, en février, je demande à un jeune en rupture avec l’enseignement de revenir me voir à la rentrée de septembre, je vais le perdre, explique Olivier Riboud, directeur de l’Industreet. On recrute en permanence et l’on accueille de nouveaux élèves toute l’année. » Pas de diplôme requis à l’entrée. La motivation, la capacité à travailler en groupe et à se remettre en cause sont les seules qualités exigées. Les élèves sont répartis selon leur niveau dans des classes déjà constituées. « Nous ne cherchons pas à fabriquer des clones, insiste Olivier Riboud, une partie de la formation repose sur la capacité des élèves à s’entraider ». Le cursus dure entre 12 et 18 mois en fonction des capacités de chacun. Il s’achève par une certification professionnelle permettant d’intégrer ces secteurs de l’industrie en tension, où l’on ne trouve que 1,2 candidat par poste — maintenance des lignes industrielles, numérisation des lignes de production, etc.
Une architecture adaptée à une école 2.0
Les couloirs de sont animés par les élèves, qui entrent et sortent librement des ateliers où se fabriquent toutes sortes d’objets, comme des machines engagées dans le prochain combat de robots. « Nous ne voulions pas d’un enseignement magistral où le professeur règne sur ses élèves une fois refermée la porte de la classe », souligne Riboud. L’espace s’adapte à une pédagogie structurée par projet. L’agence WOA a supprimé les cloisons au profit de grands espaces ouverts autour d’une rue intérieure sous verrière, évocation des passages parisiens et de leur urbanité. Véritables lieux de rassemblement et de rencontre, ils suggèrent un environnement industriel plus humain et plus ludique. Les élèves gravitent entre salles de réunions, ateliers et vastes circulations favorisant la socialisation, dans une architecture constamment pédagogique à 360°, à l’exemple du mobilier des espaces communs.
Également dessiné par l’agence WOA, il consiste en une série de cubes que les élèves peuvent agencer et empiler à leur guise. « La pérennité de ces meubles s’inscrit dans le moyen terme, explique Julien Dechanet associé de l’agence WOA, pour inciter les élèves à se les approprier en apportant les réparations nécessaires ». La transparence et la vue sont un autre aspect de l’obsession pédagogique qui anime l’Industreet. Des fenêtres percées dans les cloisons laissent voir ce qu’il se passe dans les couloirs ou les ateliers depuis les espaces de circulations. La structure du bâtiment raconte l’histoire de sa construction, exhibe presque ses éléments de bois et métal, placés selon leur efficacité maximale. Les portiques métalliques libèrent la surface des ateliers des poteaux, les réseaux de ventilation, d’électricité et d’eau restent toujours apparents. « Les premiers relevés 3D et les premières maquettes BIM que feront nos élèves seront ceux de l’Industreet », dit Riboud. Un établissement où l’édifice ne se contente pas d’abriter la pédagogie, mais y participe. La preuve matérielle qu’en matière d’emploi comme en matière d’architecture, le décrochage n’est pas une fatalité.
Photos : Camille Gharbi
L’espace s’adapte à cette pédagogie structurée par projet propre à Industreet. L’agence WOA a enlevé des cloisons pour laisser de grands espaces ouverts autour d’une rue intérieure sous verrière évoquant les passages parisiens et leur urbanité. Ils constituent des lieux de rassemblement qui structurent les locaux et instaurent des tiers lieux suggérant une nouvelle identité industrielle, plus humaine et plus ludique.
En développant ses créations en u-carbon – de la fibre de carbone 100% recyclée issue des déchets de l’industrie aéronautique – l’entité Utopic Design entend promouvoir l’usage de ce matériau de pointe dans le design haut de gamme et l’architecture d’intérieur.
Avec la marque Utopic design, le point de convergence entre designers et ingénieurs n’a sans doute jamais été aussi proche des grands enjeux actuels de la conception d’objets haut de gamme : créer des produits à la fois robustes sur le plan matériel et beaux dans leur esthétique ; et valoriser un principe du zéro déchet totalement d’actualité. Cofondée par un ingénieur aéronautique (Gaspard Mallet) et un designer intéressé par des matières permettant « la valorisation par le design » (Christophe Guérin), Utopic Design est une marque déposée de la société ReUSE COMPOSITES INNOVATION du premier cité (une entreprise spécialisée dans le recyclage), qui a bâti tout son savoir-faire sur un matériau bien particulier, le u-carbon. « Nous nous sommes intéressés à ce matériau car il se trouve en quelque sorte aux limites du design et de la conception », explique Gaspard Mallet. « Il permet d’aller plus loin en termes de finesse et de résistance. Il permet de faire des choses très aériennes dans la forme ». Des formes aériennes ? Rien de plus logique en effet. Car à la base, le u-carbon – de la fibre de carbone 100% recyclée – procède de chutes de production de l’industrie aéronautique. Une matière brute qu’Utopic Design va trier, réassembler, façonner à la main, puis polymériser dans son atelier pour produire des objets de grande qualité.
Guéridons, tables basses, consoles…et couteaux ultralégers !
Cette production, Utopic Design la conçoit de deux manières. D’un côté, elle crée ses propres objets en édition, à travers notamment sa collection Twist, portée principalement sur du mobilier et de la décoration. Guéridons, tables basses, mais aussi horloges murales…, l’hôtellerie, de luxe notamment, est le secteur clairement visé. Mais pas seulement. Le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères leur a ainsi passé commande de plusieurs exemplaires sur mesure de leur élégante console aux larges plateaux rectangulaires. De quoi asseoir déjà dans quelques ambassades, une notoriété internationale très made in France pour le label.
D’un autre côté, Utopic Design développe des économies de projets aux cahiers des charges très précis. La marque a ainsi créé des plateaux de service pour le chef cuisinier Alain Ducasse. Toujours dans le domaine de la restauration haut de gamme et pour parfaire son ancrage local (son atelier se situe à Lezoux en Auvergne), Utopic Design s’est associée à une célèbre coutellerie voisine de Thiers (la maison Tarrerias-Bonjean) et à Julien Duboué, pour concevoir un « couteau de chef » ultraléger et répondant par son usage du u-carbon aux principes de valorisation des circuits courts également défendus par le « Top chef » landais. Trois ans seulement après sa création, Utopic Design entend donc poursuivre son développement et se rapprocher des grandes maisons d’édition, comme Roche Bobois ou Cinna. « Nous voulons vraiment montrer que l’utilisation du matériau carbone présente à la fois des avantages visuels, en marqueterie, et des avantages techniques », poursuit Gaspar Mallet. « La fibre de carbone est encore peu utilisée car c’est un produit cher, mais comme elle est ici recyclée, cela ouvre de nouvelles perspectives, tant en matière de design qu’en architecture d’intérieur. »
La collection Twist by Guerin d’Utopic Design comprend des tables basses, des guéridons et des consoles, que l’on peut déjà retrouver dans certaines ambassades de France.
Les Ateliers de Paris accompagnent de jeunes créateurs dans le secteur de la mode, des métiers d’art et du design sur une durée de deux ans. Sa directrice, Françoise Seince, revient sur l’évolution des profils des résidents passés entre ses murs depuis quinze ans.
Comment s’est passée l’ouverture des Ateliers de Paris ?
Les Ateliers de Paris ont ouvert en 2005, et nous avons accueilli le premier incubateur sur le site en septembre 2006, avec cette volonté de la Ville de Paris d’avoir un lieu de convergences, un lieu ressource pour tous les professionnels du territoire comportant un focus sur l’aide et le soutien à la création d’entreprises. Nous avons dès le départ proposé des formations, et des consultants ont reçu les professionnels en rendez-vous individuels. Les formations sont ouvertes à tous, les tarifs sont d’ordre symbolique pour ne pas être un frein pour les apprenants. Nous accompagnons 35 résidents pendant deux ans qui bénéficient de rendez-vous dans leur forfait accompagnement.
Dès l’origine, les Ateliers de Paris ont pensé la création dans un sens large puisque l’incubateur concerne aussi bien les métiers d’art, la mode et le design. C’est ce qui fait votre force aujourd’hui ?
À l’époque, nous avons été critiqués pour cette association, on nous objectait que personne ne serait bien accompagné. Ces trois secteurs ne sont bien sûr pas interchangeables, mais il y a beaucoup de récurrences, en termes d’accompagnement économique, beaucoup de freins sont comparables. La synergie que nous avons essayé d’initier à cette époque-là a été confirmée par le temps. Aujourd’hui, nous ne sommes plus les seuls à avoir ce type de regroupement. Cela m’avait beaucoup frappé en allant à l’étranger de voir la porosité plus grande que l’on trouvait entre ces secteurs alors qu’en France chacun est sur son pré carré. Au London Festival par exemple, beaucoup d’artisans d’art exposent avec des designers, les créateurs de mode sont présents, car il y a beaucoup de propositions autour du design textile, un secteur qui s’est redynamisé au fil des années. Encore une fois, designer et créateur de mode sont deux métiers différents, on est bien d’accord, mais il s’agit de démarches créatives, de processus parfois comparables en termes de digestion des sources d’inspiration et d’adaptation à son produit. Cela nous semblait intéressant de les associer et de créer ces synergies.
Votre accompagnement des résidents porte avant tout sur la définition de leur modèle économique ?
Les Ateliers de Paris, c’est avant tout une grande famille. Quand on passe deux ans avec les gens au quotidien, il y a une grande proximité qui se crée avec eux. On les aide à avoir confiance en eux, à vraiment comprendre leurs atouts, leurs singularités, ce qui va leur permettre de se distinguer, sur un marché qui n’attend personne, car il y a beaucoup de monde sur le marché. On les fait beaucoup travailler sur leur stratégie, prendre conscience de leur valeur, de la nécessité de facturer au juste prix pour ne pas se brader et pouvoir vivre de leur travail, on leur fait mettre en regard leur taux horaire et le temps professionnel dont ils disposent. Tous ces éléments-là les aident à avancer, à se construire, à être plus sûrs d’eux, capables de revendiquer ce qu’ils sont et le prix qu’ils valent. Et c’est un gros travail auquel bien évidemment les écoles ne préparent pas aujourd’hui, parce qu’elles ont déjà beaucoup à leur apprendre et que les porteurs de projets sont beaucoup plus réceptifs quand ils sont confrontés à la question après leur scolarité. C’est un travail plus que nécessaire, et qui permet un taux d’insertion professionnelle très important. Ils ne restent pas nécessairement chef d’entreprise, ils rejoignent parfois des entreprises comme salariés.
Ce qui compte aussi pour les designers, c’est de leur faire prendre conscience ce qu’est une entreprise, que c’est une activité économique : ils sont souvent designers et pas entrepreneurs dans la tête. Quel que soit leur statut, il faut qu’ils aient en tête que c’est du business, dans une industrie culturelle et créative certes, mais c’est du business. Ils sont tous artistes et auteurs, mais c’est avant tout une aventure entrepreneuriale, c’est ce pour quoi ils sont chez nous.
Vous êtes en lien avec d’autres réseaux, comme Make ICI ?
Depuis quelque temps, nous avons un groupe de réflexion avec le réseau Make ICI et d’autres acteurs de l’accompagnement. Nous partageons les difficultés auxquelles nous faisons face, la façon dont nous arrivons à les résoudre. Je suis très admirative du travail de Make ICI, ce sont des initiatives pérennes, le réseau est bien pensé, je suis très souvent sollicitée par des villes qui veulent créer des incubateurs, je le cite beaucoup en exemples pour leur modèle économique intéressant, leur ouverture d’esprit.
En créant les Ateliers de Paris, l’idée était aussi de décloisonner les savoir-faire et leurs complémentarités entre designers et artisans ?
Au fil de ces quinze ans, on a commencé à voir un intérêt foudroyant pour les savoir-faire, qui a confirmé cette question de fond. C’était l’ironie du sort. J’ai reçu de nombreuses demandes d’étudiants, de professeurs, qui cherchaient à entrer en contact avec des artisans. On a commencé à voir que cela allait de pair, mais malgré tout on n’a rien inventé, on revient juste aux fondamentaux ! Autre phénomène intéressant : l’enseignement a changé. Aujourd’hui les étudiants ont des profils multiples. Je pense à des gens comme Pierre Favresse qui a un DMA en ébénisterie, puis en marqueterie puis qui a fait les Arts Déco. Ou Elise Fouin, Jean Sébastien Lagrange, Dimitry Hlinka… Nombre de designers ont une formation d’artisan d’art à la base. C’est une porosité qui est de plus en plus fréquente, possible, bien sûr les gens ne sont pas interchangeables ! Mais ces cursus permettent d’enrichir des profils et d’avoir un accès à la formalisation de leurs idées un peu plus facile, ils ne sont pas en permanence dans l’abstraction pure. C’est très intéressant, on est sur la pensée et le faire à un même niveau de compétences. Ce sont des profils qui étaient rares il y a quinze ans, et maintenant se multiplient.
Sur 15 ans, qu’est-ce qui caractérise selon vous l’évolution des profils des créateurs, au sens large ?
Ce qui est incontestablement comparable sur ces 3 secteurs d’activité, c’est l’omniprésence des questions environnementales dans les démarches de ces créateurs, qui ont une conscience aiguë et qui ne peuvent pas concevoir le développement de leur activité, de leur univers créatif, en dehors de ces questions. C’est un prérequis qui va souvent être l’ossature et l’ADN même du travail créatif. Et c’est le même phénomène dans le design et dans la mode. En design, je pense par exemple à des personnes comme Samuel Tomatis, Lucille Viaud : leur volonté de créer et développer des produits autrement est complètement liée à ces questions de durabilité. C’est la même chose dans les métiers de la mode : on n’a plus aujourd’hui une marque qui arrive sans s’être posé cette question. C’est vraiment commun à tous, alors qu’il y a quinze ans, ce n’était pas forcément au cœur des réflexions, loin de là. Ils ont une foi terrible dans leurs capacités à changer le monde, ils méritent qu’on les mette avant !
Est-ce dû aussi à une nouvelle perception des champs d’action du design ?
Sur les 15 dernières années, le design a été quelque peu sous-exploité mais c’est quelque chose qui est totalement revu déjà depuis plusieurs années et notamment dans les jeunes générations. Il y a 15 ans, les jeunes qui sortaient avaient une sorte d’obsession pour une forme de célébrité. La plupart voulaient « faire des pièces uniques, des petites séries pour des galeries » et je me souviens d’avoir eu des conversations avec certains acteurs dont la vison du design était trop limitée. Les premiers que nous avons autour du design de service sont arrivés en 2012.
Pendant des années, on s’est plaint du fait que le design était mal compris, mal considéré, du fait que tout le monde le liait avant tout à une question d’esthétique, mais quelle est l’image qui était véhiculée hormis celle-là ? Entendons-nous, je ne dis pas qu’il ne faut pas faire de beaux objets, mais cela pose une question sur la dimension réelle du design, sur ce que les processus de réflexion en matière de design peuvent apporter à la société également. Et cela a vraiment bougé grâce aussi à l’enseignement, à des professeurs pionniers qui ont apporté des notions d’innovation, de recherche, des gens comme François Azambourg, qui ont toujours essayé de repousser les limites de la technologie pour essayer de faire des choses plus légères, des chaises plus facile à stocker, à transporter, et qui de fait introduisaient d’autres paramètres qui témoignent de toute la richesse du design. On a par exemple des personnes comme Isabelle Daëron. Je me souviens quand on lui a remis une étoile à l’Observeur du design pour ses premières fontaines urbaines, c’était un projet auquel je croyais, je me disais qu’il fallait vraiment que le design aille dans cette direction-là. Je suis heureuse que ce soit un message qui aujourd’hui soit beaucoup mieux compris et fasse davantage d’émules.
On le voit dans la diversité des projets dont les designers peuvent s’emparer. On y est. On est dans une belle démonstration de ce que le design peut apporter à la société aujourd’hui. C’est vraiment quelque chose que j’ai vu émerger ces quinze dernières années. On est sur quelque chose de plus profond, on le voit dans les projets développés, les intitulés de diplômes, dans ce qu’ont pu montrer des événements comme des Biennales de Saint-Étienne, avec des designers en prise avec leur territoire, leur environnement. C’est une belle histoire du design qui s’écrit maintenant en France.
Les galeries sont un des maillons fort du design. Elles sont nombreuses sur le marché et la crise du Covid-19 les a forcées à réagir pour survivre, voire se développer de plus belle. Parmi les spécialistes du design, la Galerie Kreo est l’un des rendez-vous incontournables.
Rue Dauphine, la Galerie Kreo se déploie sur un vaste espace de 550 m2.. Comme ses paires, elle a reporté à une date ultérieure certaines expositions monographiques (Marc Newson, Barber Osgerby), mais elle est toujours là pleine d’énergie et pleine de désirs, grâce à ses fondateurs Didier Krzentowski et sa femme Clémence.
En 1999, ils ouvraient à Paris dans le 13e arrondissement, rue Louise Weiss, une galerie de 250 m2 avec une particularité unique : ne travailler qu’avec des designers déjà reconnu par l’industrie. Si l’art n’implique pas de contrainte et laisse l’artiste libre de s’exprimer, l’industrie contraint le designer dans son travail de création.
Le petit espace de la rue Louise Weiss était le cadre idéal pour mener à bien des projets qui n’auraient jamais vu le jour tels que les recherches sur les tables en béton de Martin Szekely ou les rochers en béton de Ronan et Erwan Bouroullec. Marc Newson y a finalisé sa table « Chop top » en aluminium.
« Quand je vois un jeune designer, raconte Didier Krzentowski, je lui demande de me construire un discours qui n’existe pas mais qui puisse me convaincre et convaincre les acheteurs qui me soutiennent. ». C’est ainsi que l’Islandais Brynjar Sigurdarson, a pu exposer sa table « The Silent Village Round » et la présenter en même temps que sa recherche d’identité disparue à une clientèle de qualité.
La galerie Kreo a 20 ans et 66% de ses propositions concernent le design contemporain, des petites éditions de 8 + 2 + 2 mises en place par Didier lui-même, pour mieux rémunérer les auteurs designers.
Les jeunes, Didier Krzentowski les côtoie à la galerie, en direct. Ses 12 employés sont tous trentenaires. Ils pratiquent les réseaux sociaux sans vergogne et les visiteurs entrent avec d’autant plus d’envie dans les galeries qu’ils trouvent l’espace « cool ». Son voisin Kamel Mennour, rue Saint-André-des-Arts, a fait l’objet d’une frénésie sur Instagram en exposant Philippe Parreno et Daniel Buren. Une vidéo sur TikTok lui a apporté de nouveaux followers qui ne savent pas forcément qui dessine les pièces de mobilier sur lesquelles ils s’assoient, mais qui apprécient « l’esprit du lieu ». En janvier 2020, en choisissant de faire travailler Virgil Abloh, la galerie Kreo a gagné 5 millions de followers sur Instagram. Virgil Abloh, architecte de formation, directeur artistique pour les collections homme chez Louis Vuitton a investi la galerie avec l’exposition « Efflorescence » jusqu’en mars, date du 1er confinement. Par un savant travail de la matière, le béton, tagué et graffité, un miroir ajouré à la street wear, il a gagné sa légitimité dans le design.
Collection Efflorescence, Virgil Abloh, Galerie Kreo : « Le nom de cette collection semble paradoxal pour ce qui apparaît tout d’abord comme de solides morceaux de réel pour s’asseoir, se rassembler et se regarder. Au-delà du fait certain qu’il est toujours fructueux de se frotter aux paradoxes, ce terme botanique rend compte du mode de production des pièces proposées. À l’image de ces fleurs sauvages qui s’insèrent dans les interstices et les recoins de l’espace urbain, les trous, les aléas formels et les graffitis qui recouvrent et personnalisent – de manière chaque fois différente – la surface bétonnée offrent une texture visuelle et émotionnelle qui recharge notre environnement immédiat – un paysage où la rigidité des structures et des visées planificatrices rencontre l’aléatoire de la croissance organique et de l’appropriation humaine. »
Alliant hôtellerie au luxe décontracté et galerie d’œuvres d’art et de design, ce duplex à louer est pensé comme un intérieur haut de gamme. Une tendance qui se confirme – avec pour ambition de s’étendre à l’international – qu’a bien saisi Amélie du Chaland dans ce projet nommé Ambroise. La réalisation est signée Batiik Studio.
Ambroise est une maison de collectionneurs à louer, imaginée par la galeriste Amélie du Chalard qui s’est inspirée du célèbre marchand d’art du XIXe siècle, Ambroise Vollard. Le concept ? Proposer des séjours dans un appartement clef en main, dans lequel une sélection d’œuvres d’art et de pièces de design est à vendre.
Dans le quartier du Marais, ce duplex est aménagé avec tout le confort moderne par Batiik Studio, qui a repensé l’espace dans un esprit chic et contemporain. Aussi, la distribution des pièces de réception au rez-de-chaussée et l’espace nuit et bain, à l’étage, classe l’appartement au rang de l’hôtellerie de luxe, avec ce supplément d’âme qui permet de se sentir chez soi et de vivre avec les œuvres le temps d’un week-end ou plus. Dans une ambiance claire et lumineuse, les surprenantes têtes de lit révèlent les matières brutes, béton et noyer, tandis que la cuisine, la douche circulaire, dessinées sur mesure, l’équipement audio Bang & Olufsen et l’espace bureau recréé, offrent le confort dernier cri nécessaire à ce séjour urbain. À chaque angle de pièce ou sur les murs blancs qui font respirer les œuvres, les pièces uniques de designers et les créations contemporaines les plus pointues, se répondent dans un accrochage juste et équilibré, conçu par Amélie du Chalard.
Le design et l’artisanat d’art sont représentés par les œuvres de Delcourt collections, de la galerie Deprez Bréhéret ou d’Emmanuelle Simon chez Theoreme éditions. Si l’on veut repartir avec l’œuvre d’art de son choix, les visites, en atelier ou en galeries à Paris, accompagnées d’un critique d’art, sont proposées. En 2021, Amélie du Chalard annonce deux nouvelles ouvertures à Montmartre et en Provence, et à terme, une dizaine d’ouverture en France, avant l’international.
Projet : appartement galerie Ambroise Marais
Lieu : . Paris
Surface : 130 m2
Année : 2019
Comme tout retail non essentiel, la célèbre marque Louis Vuitton doit s’adapter aux restrictions en vigueur imposée par la crise sanitaire. Ainsi, choisit-elle de présenter l’une de ses activités, celle d’éditeur d’ouvrages de luxe, en renouvelant le concept du pop up initié en 2019 par le directeur artistique Virgil Abloh.
Dans l’écrin de la boutique de St Germain-des-Prés, l’espace lumineux et aéré a été repensé afin de proposer une librairie éphémère haut de gamme. Sur les étagères élégantes sont exposées les collections colorées des éditions Louis Vuitton, qui depuis plus de vingt ans, ont élargi leur catalogue d’une centaine de titres, dont trois collections conçues pour le voyage, City Guide (guides), Travel Book (carnets de dessins) et Fashion Eye (albums de photos).
Une large sélection de livres d’auteurs est également présentée autour des thèmes vecteurs de la marque, tels que l’Art de vivre, la mode, la photographie, les Beaux-arts, l’architecture ou le design tandis que les éditions luxueuses d’artistes, numérotées et limitées, réalisées avec les artisans et imprimeurs de renom, sont consultables sur les tables pliantes évocatrices de l’esprit de la maison. Dans l’esprit d’un salon particulier, la librairie éphémère a aménagé un coin confortable pour y accueillir ses clients ; elle met en exergue quelques pièces phares des Objets nomades de la collection Art de vivre de Louis Vuitton : le sofa rouge vif Diamond de Marcel Wanders, sur les étagères la lampe en verre soufflé et cuir de Barber&Osgerby et le tabouret en cuir de l’Atelier Oï et, comme il se doit, les célèbres malles en cuir griffées, devenues les icônes d’un art de vivre à la française.
Rien n’est laissé au hasard chez le géant du luxe qui cultive les valeurs littéraires transmises par le petit-fils du fondateur, Gaston-Louis Vuitton. Ce dernier, féru de littérature et de beaux-livres, a conçu pour ses clients écrivains, les malles bibliothèques ou les boîtes pour les machines à écrire, et en 1914, il a ouvert un salon de lecture et de correspondance sur l’avenue des Champs Élysées. Aujourd’hui la librairie éphémère Louis Vuitton confirme son ancrage dans la vie culturelle du quartier rive gauche et perpétue la fibre éditoriale, ADN de la marque, en organisant des signatures et dédicaces d’écrivains.
Boutique Louis Vuitton Saint-Germain-des-Prés
Ouverte du lundi au samedi
10h-18h
6 Place Saint-Germain-des-Prés, 75006 Paris.
En croisant considérations esthétiques, fonctionnelles, mais aussi logiques industrielles et commerciales, le travail du designer industriel Stéphane Pietroiusti pour la marque Qilive entend prendre de la hauteur sur la conception d’un produit, où l’expérience utilisateur au cœur du process demeure prioritaire.
Tout récemment récompensé du Red Dot Design Award 2021, dans la catégorie électro-ménager, pour le modèle connecté de la gamme de ventilateur qu’il vient de concevoir chez Qilive – la marque de produits du groupe Auchan Retail -, Stéphane Pietroiusti est un designer industriel qui considère l’utilisateur au centre du développement produit. Pour autant, ce développement doit aussi tenir compte de la faisabilité industrielle, de la logique commerciale ainsi que de l’ADN de la marque : un subtil jeu d’équilibre de conception et de production qui fait justement tout le sel du design industriel.
Diplômé en 2014 de l’ISD (International School of Design) de Valenciennes, Stéphane Pietroiusti le sait d’autant plus qu’il a commencé sa carrière de designer en agence de design global en développant une vision holistique sur son métier. Au cours des dernières années, il a travaillé et accumulé de l’expérience dans des agences de design en Allemagne, en Autriche et en France, ainsi que pour des clients à l’international en tant que freelance. En rejoignant le groupe Auchan Retail International comme designer industriel dans le secteur de la Grande Distribution, sa perception du design s’est élargie, lui permettant de prendre en considération les facteurs économiques liés aux contraintes de la Grande Distribution ainsi que la difficulté à en démocratiser l’approche. « Le design est trop souvent réduit à quelque chose d’esthétique, beau. Or, le design est un réel outil stratégique pour répondre aux nouvelles exigences des consommateurs », explique-t-il.
Amélioration des usages, optimisation des coûts et sens du détail
Au sein de la cellule de design Qilive, Stéphane Pietroiusti travaille avec une équipe commerciale à la création de nouveaux produits destinés au grand public, en prenant connaissance des coûts et en décortiquant les principes de fabrication pour appliquer des notions de « design to cost » et « faire mieux, avec moins ». Derrière la ligne minimaliste et épurée des casques audios et des écouteurs de la marque, se cache ainsi un travail très poussé d’amélioration de toutes les contraintes utilisateurs pour ce type de produits. « Pour les écouteurs, nous avons constaté que la tenue des tours de cou était mauvaise, des produits trop rigides ou trop souples et surtout trop fragiles. On a donc réfléchi à une amélioration pratique et ergonomique à l’aide d’un arceau pliable à mémoire de forme en textile. En parallèle, nous avons aussi rendu son utilisation plus intuitive en intégrant une mollette très ergonomique, permettant un contrôle plus intuitif et d’accéder immédiatement à l’assistant vocal ou à ses appels téléphoniques ».
Pour les ventilateurs, c’est toute la gamme de la marque qui a été repensée en s’inspirant notamment de l’univers de la maison. « La gamme de ventilateur s’inscrit dans une approche durable et accessible à tous. Nous avons repensé le design en améliorant l’usage et l’esthétique. Elle se distingue du marché par son design épuré et inspiré de l’univers de la maison, le montage/démontage des produits et les interfaces ont été simplifiées au maximum pour améliorer l’expérience utilisateur. Les produits sont plus robustes et bénéficient d’une garantie de trois ans ».
En septembre prochain, la toute jeune CY école de design, au sein du campus universitaire de Cergy, fera sa première rentrée. Et proposera une formation innovante, globale, pour positionner les designers parmi les futurs décideurs.
Dominique Sciamma a quitté Strate, qu’il a dirigé pendant sept ans, pour se lancer dans un projet innovant : CY école de design, incluse à CY Cergy Paris Université, au sein de l’école d’ingénieur CY Tech. Accueillie dans CY Alliance, qui regroupe quatre graduates schools et treize grandes écoles, dont l’Essec Business School, elle rejoint ainsi l’Ecole d’Architecture de Versailles, l’Ecole Nationale du Paysagisme ou l’Ecole Nationale d’Art de Paris Cergy. Cette école de design ambitionne de former des designers globaux qui se positionneront de la matière à la décision, pour accéder à toutes les responsabilités dans les organisations, y compris les plus hautes.
Avec François Germinet, président de l’université de Cergy-Pontoise, Dominique Sciamma a la double ambition de l’excellence intellectuelle et de la professionnalisation. L’école prépare ainsi les designers à comprendre et intégrer les organisations au travers d’un investissement massif dans les Sciences humaines et l’interdisciplinarité au sein de CY Alliance, dans le cadre d’une intense pédagogie par projet. Elle offre aussi un très grand atelier traditionnel, un atelier de design sensoriel, un Fablab, et une matériauthèque, cofinancé par la Région Ile-de-France. Avec un coût total de 10 500 euros sur cinq ans, (gratuite pour les boursiers), elle est cinq fois moins chère que certaines écoles de design privées. Les deux dernières années du parcours se font en alternance.
L’école s’installe sur le très vert Campus d’IxBlue à Saint-Germain-en- Laye, véritable écosystème High Tech et académique, où Jean Prouvé a d’ailleurs laissé sa trace monumentale dans le Lobby de l’établissement sous la forme d’un escalier qui monte, qui monte… comme la petite université de Cergy.
Vous avez jusqu’au 30 avril pour déposer votre dossier de candidatures pour les Grands Prix de la Création de la Ville de Paris. Après sélection et jury, 6 professionnels seront récompensés : 3 Grands Prix de la Création et 3 Prix Talents Emergents dans les secteurs du design, de la mode et des métiers d’art.
Créé en 1993, le concours s’est structuré en 2006 autour de trois catégories. Depuis, plus d’une centaine de lauréats ont été récompensés. Il est ouvert aux entreprises et aux professionnels français des métiers d’art, de la mode et du design, exerçant depuis au moins un an à la date d’inscription du concours. Pour cette édition 2021, vous pouvez déposer votre dossier jusqu’au 30 avril, minuit.
Après une première présélection sur dossier, les candidats admissibles défendent leur projet devant un jury de professionnels. Parallèlement à une forte visibilité et à un accompagnement de leurs projets, les lauréats reçoivent chacun une dotation de 18000 euros.
Pour déposer votre candidature, cliquez ici.
LES PRIMÉS DE LA CATÉGORIE DESIGN
(Talent confirmé /Talent émergent)
2003 : François Azambourg / Frank et Stanimira Rafaschieri
2004 Dominique Mathieu /Adeline Lunati
2005 Mathieu Lehanneur /Sébastien Cordoleani
2006 5.5 designers /Tristan Albert
2007 Sam Baron /Constance Guisset
2008 Gilles Belley /Julie Rothhahn
2009 Alexandre Moronnoz /Felipe Ribon
2010 Iona Vautrin /Aïssa Logerot
2011 Guillaume Delvigne /Émilie Colin-Garros
2012 Bina Baitel /Luce Couillet
2013 Samuel Accoceberry /Isabelle Daëron
2014 Laurent Corio /Jules Levasseur
2015 Pierre Charrié /Manon Leblanc et Romain Diroux
2016 Marc Venot / Studio Désormeaux Carrette
2017 Studio BrichetZiegler /Sandrine Nugue
2018 Germain Bourré /Lucille Viaud
2019 Jean-Baptiste Fastrez / Natacha&Sacha
2020 Hors Studio / Gregory Granados
Depuis 1985, Intramuros incarne le design à travers ceux qui le pensent et ceux qui le font.
Pour ce premier numéro d’une nouvelle ère, celle de la naissance d’Intramuros Group, nous avons décidé de perpétuer cette mission en mettant en avant une nouvelle génération de designers, jeunes, talentueux, engagés et soucieux de s’inscrire dans une époque faisant de leurs préoccupations naissantes les enjeux majeurs des prochaines décennies. L’année écoulée, faite d’incertitudes cloîtrées à l’intérieur de murs trop épais, ne doit en rien freiner les désirs de création, mais au contraire nous inciter à être plus que jamais attentifs à ces nouvelles voix inspirantes et optimistes.
Cette temporalité inédite a également permis à beaucoup de Français de se reconnecter avec leur habitat, d’en découvrir les recoins, d’en aimer les aspérités, d’en haïr certains détails, d’en repenser les espaces.
Et repenser ses espaces, c’est repenser sa vie.
C’est avec un immense enthousiasme teinté d’une certaine émotion que nous éditons ce numéro 207.
J’ai aujourd’hui une pensée particulière pour ceux qui, depuis plus de 35 ans, font d’Intramuros un titre de référence.De Bénédicte Duhalde à notre rédactrice en chef actuelle Nathalie Degardin, en passant par Jan Couacaud et l’ensemble de nos contributeurs, tous ont su porter avec talent et humilité la responsabilité de cette héritage culturel et créatif initié par la fondatrice de notre magazine, Madame Chantal Hamaide.
Alors longue vie au design. Longue vie à la création. Et longue vie à Intramuros !
À propos d’Intramuros Group
Intramuros Group est le premier groupe media français exclusivement dédié à l’univers de la maison avec les titres Intramuros Magazine, Cuisines & Bains Magazine, Concept Bain et le Courrier du Meuble et de l’Habitat. Le groupe est né de la volonté affirmée de renforcer la diffusion de ces titres historiques, BtoC et BtoB, tout en transformant le modèle éditeur en celui d’un créateur de contenus sur tous les supports, grâce à une profonde transformation digitale.
À sa tête : Frédéric Marty, Thomas Objois et Julien Galim de Moneytag.
Dans son projet réalisé pour Cédric Grolet , l’architecte designer Michaël Malapert reconsidère les usages de la boulangerie-pâtisserie d’aujourd’hui tout en maîtrisant les espaces techniques de préparation visibles pour aiguiser les papilles de la clientèle.
En sept mois seulement Michaël Malapert, architecte d’intérieur, mène les travaux d’aménagement de la boulangerie-pâtisserie du célèbre pâtissier Cédric Grolet. Cette nouvelle adresse recherchée des gourmands affiche clairement son ADN sur trois niveaux. Les codes couleurs de l’enseigne, blanc, gris, doré, et la fleur inspirée du dôme de Garnier, emblème de la boutique, sont explicites de jour comme de nuit, grâce à la vitrine toute hauteur ouverte sur l’avenue de l’Opéra. S’adaptant aux désirs du chef pâtissier, ce créateur de lieux s’intéresse de près aux produits proposés. Là est le point fort de la conception du projet. Aujourd’hui la fabrication du pain ou de pâtisseries n’est plus reléguée seulement au fond d’une cour ou en sous-sol mais au contraire elle est montrée aux clients. Un argument de vente supplémentaire qui s’ajoute à l’odeur rassurante du pain sortant du four ou la présentation alléchante de la vitrine, que l’on dévore avec des yeux d’enfant… D’entrée le ton est donné.
D’un côté le comptoir blanc et lisse pour les pâtisseries, de l’autre, le plan en pierre brut de taille, celui de la boulangerie. « Au-delà de le rendre beau, unique, fonctionnel et pérenne, j’ai voulu créer un lieu vivant et ancrer dans l’expérience immersive », détaille Michaël Malapert.
Dans un décor au chic très parisien, dont les détails architecturaux d’origine sont conservés, -mur de pierre, moulures, rosace en stuc, parquet en point de Hongrie – , les flux des clients circulent sur les trois niveaux, qui sont desservis par l’escalier magistral aux rambardes délicates en fer forgé.
Au premier étage du salon de thé et salon privatif, la longue banquette en cuir épouse le mur en opus insertum, -carreaux cassés-, gris et blanc ; les fauteuils enveloppants et les tables de bistrot en laiton et marbre noir signent le décor chic et décontracté souhaité par le chef pâtissier.
Au centre, le grand bar circulaire unifie l’ensemble. Rien n’est laissé au hasard, Michael Malapert s’est attaché à créer, à toute heure de la journée les ambiances les plus conviviales aux clients. À l’image de la rosace dont le large disque en miroir doré démultiplie l’espace, et permet de jeter un œil sur les serveurs affairés, depuis la rue. Les suspensions en papier réalisés à la main par l’artiste Mathilde Nivet participent à l’atmosphère un brin festive.
Au sous-sol, place à l’espace de production aux normes d’hygiène professionnelles irréprochables, (système d’aération et sol en résine coulée, meubles en inox). On y élabore au laboratoire les phases de pétrissage et de préparation avec deux pôles distincts : la boulangerie, qui nécessite la chaleur des fours, et de l’autre la pâtisserie et la chambre froide. Dans ce projet, Michael Malapert confirme sa maîtrise des espaces techniques de la boulangerie-pâtisserie dont il s’est fait une spécialité, auprès de grands chefs, dans les restaurants gastronomiques.
Projet : boulangerie- pâtisserie, salon de thé
Lieu : 35 avenue de l’Opéra Paris quartier Opéra
Surface : 300 m2
Année : 2020
Toujours à la recherche de nouveaux talents , Bolia organise depuis 2007 ses Design Awards. Le vase Bronco, la table basse Latch, et le canapé architectural Pebble sont tous trois nés de ce concours international. Pour cette nouvelle édition, les projets sont à soumettre avant le 19 avril 2021.
Les Bolia Design Awards se tiendront au printemps. La marque danoise invite les nouveaux talents passionnés, venant de tous horizons, à soumettre leurs projets avant le 19 avril 2021. Avec un impératif : présenter des projets s’inscrivant dans les valeurs de durabilité de Bolia : Les propositions devront être intemporelles en termes d’identité, d’expression et de forme, mais aussi garantir une longue durée de vie et se composer de pièces interchangeables.
Le premier prix consiste en une dotation de 50 000 couronnes danoises (6 700€). Pour le prix du public, d’une valeur de 25 000 DKK (3.350€), le jury sélectionnera huit finalistes qui seront départagés par le public sur le site de la marque. Enfin, le prix de la durabilité, d’une valeur identique au prix du public, récompensera un design imprégné de durabilité jusque dans ses moindres détails.
Les participants ont jusqu’au 19 avril 2021 pour soumettre jusqu’à trois designs différents. Il leur faudra présenter leur(s) projet(s) sous la forme de dessins, croquis ou modèles 3D, accompagnés d’un texte expliquant la genèse de leur idée, le choix des matériaux, ainsi que la façon dont ce ou ces designs s’inscrivent dans l’univers scandinave de la marque.
Pour participer, inscrivez-vous sur la page dédiéé du site de Bolia.
Les gagnants seront annoncés le 21 mai 2021. Ils seront sélectionnés selon des critères incluant la durabilité, l’utilisation de matériaux certifiés et de méthodes de production alternatives. Les pièces devront également se distinguer par une identité claire, une fonctionnalité et une créativité certaines.
Du 7 au 28 septembre 2021, France Design Week se fera l’écho sur tout le territoire français de la vivacité et diversité du design. Forte de son succès mené dans des conditions extrêmement particulières, cette deuxième édition monte en puissance en rayonnant également à l’international. Intramuros rejoint naturellement l’équipe de partenaires de l’événement.
Pour une première édition organisée en pleine crise Covid-19, la session de septembre 2020 a tenu avec mérite les engagements des Assises internationales de décembre 2019, et surtout, a réalisé le challenge de mobiliser et fédérer les acteurs du design sur l’ensemble du territoire. Il était temps, tant le secteur du design a besoin de faire valoir sa spécificité et sa diversité pour se developper, trouver des financements, intégrer davantage des champs stratégiques.
Coordonnée par l’APCI – Agence pour la Promotion du Design – des structures de promotion du design de chaque région française sont rassemblées afin de constituer le comité d’organisation de France Design Week. Cette trentaine d’experts du design, représentants de leur région et rassemblant l’écosystème du design sur leur territoire, sont actifs au quotidien pour mettre en avant l’intérêt du design et sa valeur ajoutée. En connaissant mieux que personne le terrain sur lequel ils opèrent, ils sont de fait des interlocuteurs privilégiés pour les participants à France Design Week, afin de proposer une programmation locale synchronisée.
Déposez vos projets France Design Week avant le 24 mai
Pour cette deuxième édition, les acteurs du design sont invités à déposer d’ici le 24 mai leurs propositions pour faire labelliser leurs projets via : ce formulaire. Elles seront examinées par le comité d’organisation coordonné par l’APCI.
Les partenaires de France Design Week
STRUCTURES TRANSVERSALES
• Relations écoles de design : France Design Education
• Acteur national : Institut Français du Design
• Web : Groupe LinkedIn « Les Designers français »
STRUCTURES REPRÉSENTANTES PAR RÉGION, FÉDÉRANT LES ACTEURS DE LEUR TERRITOIRE
• Auvergne-Rhône-Alpes : Cité du Design, Designers +, Lyon Design
• Bourgogne-Franche-Comté : ARCADE Design à la campagne
• Bretagne : L’eclozr (Design Lab Bretagne)
• Centre-Val de Loire : Valesens
• Corse : Territoires Design
• Grand Est : Association Innovation Design et Expérience (IDeE), ACCRO
• Hauts-de-France : lille-design
• Ile-de-France : Ateliers de Paris, Paris Design Week
• Normandie : Design!r
• Nouvelle-Aquitaine : ADI Nouvelle-Aquitaine, Fédération des designers en N-A (FDNA)
• Occitanie : Design Occitanie
• Pays de Loire : Advanced Design, École de design Nantes Atlantique, Samoa