Mobilier
Robinetterie, WC, sol stratifié… découvrez de nouvelles collections dans une sélection spéciale « salle de bains ».
Robinetterie gamme Zephyr par Horus
Cette nouvelle gamme de robinetterie en laiton adopte des traits épurés, inspirés de l’élégance à la française et du mouvement américain « Streamline », un courant artistique des années 1930 également connu sous l’appellation « Style Paquebot ». Le fabricant s’est notamment inspiré de la silhouette des voitures de cette époque et a imaginé des robinetteries élancées où les angles s’arrondissent ; les manettes sont longilignes ou en forme de croisillons, semblables à des hélices et de fines stries, réalisées grâce au procédé de guillochage, apportent du relief et complètent cette illusion de mouvement. Si la gamme se présente dans des coloris classiques – chrome, nickel brillant ou mat -, elle arbore également des teintes plus contemporaines et décoratives : noir mat, canon de fusil et laiton satiné. Enfin, de nouvelles finitions exclusives tels le rose ou bleu pastel, le vert forêt ou le blanc « Ice », sont disponibles.
Washlet RG de TOTO
Remplaçant deux modèles d’entrées de gamme emblématiques de la marque (GL et EK), ce WC lavant, plus aplati, moins haut et plus compact, affiche un design simple composé de lignes douces et lisses, lui permettant de s’adapter et de se coordonner facilement à n’importe quel espace. Il est par ailleurs doté de la technologie inédite EWATER+ : une eau du robinet traitée par électrolyse qui possède des propriétés nettoyantes et résistantes à la saleté ; disponible jusqu’alors dans l’offre haut-de-gamme de la marque, cette innovation est désormais accessible dès l’entrée de gamme. À noter enfin que ce WC lavant intègre un système actif anti-calcaire ainsi que la lunette chauffante.
Trone en arc-en-ciel
Le concept de ce fabricant de WC ? Casser les codes et révolutionner cet espace intime en proposant des projets et des idées innovants, empreints de liberté et d’imagination. Selon lui, l’heure est ainsi aux néons et à la lumière, qui apportent une vibrance exceptionnelle à la pièce, avec un effet hallucinant et lumineux, résolument futuriste, qui se réverbère sur la céramique lisse du produit. En se reflétant sur la céramique des toilettes et sur les différents matériaux de la pièce, le néon se déforme, joue et ondule. « Le contraste des couleurs et des lumières modifie indéniablement la perception que l’on se fait de l’espace mais surtout des toilettes », déclare Romain Freychet, directeur artistique chez Trone.
Egger Design Green Tech
Avec ce produit, le fabricant démocratise l’usage du sol stratifié bois dans toutes les pièces de la maison, du salon à la cuisine en passant par la salle de bains : grâce à une surface adaptée et antidérapante associée à un système d’installation « CLIC it ! », l’eau perle sur sa surface sans imprégner ou pénétrer le sol, ce qui le rend parfaitement adapté pour une pose dans les pièces les plus humides, mais également dans les zones commerciales ou de grand passage. Du reste, cette technologie inédite permet à ce sol stratifié d’être certifié par le NALFA test et de repousser les limites conventionnelles, avec une résistance à l’eau garantie jusqu’à 72 heures. Et, présentant une épaisseur de 7,5 mm, il est adapté à la rénovation, notamment pour une pose facilitée sur carrelage.
Robinetterie gamme Baulines par GROHE
La marque allemande GROHE propose la nouvelle gamme de robinetterie Baulines : des produits d’entrée de gamme mêlant à la fois un bon rapport qualité prix et un confort d’utilisation. Le design des robinets à l’angle élargi et bec plus affiné assure une meilleure maîtrise du débit d’eau, réduit les éclaboussures, et permet des économies d’eau, notamment grâce à la technologie GROHE EcoJoy, dont tous les robinets de la gamme sont équipés. Une technologie qui se traduit par l’installation d’un limiteur de débit d’eau, réduisant la consommation d’eau de 10 litres à 5 litres par minute.
Diplômé en 1985 d’un Master en architecture et urbanisme à la Cornell University de New York, collaborateur pendant près de seize ans d’Andrée Putman , Elliot Barnes a à son actif l’aménagement de plusieurs résidences privées, showrooms et bureaux dans le monde entier. Également contrebassiste, ce passionné de jazz signe le réaménagement du fameux club parisien Le Duc des Lombards en 2008 et le décor du siège social de Ruinart à Reims en 2010. À cette occasion, il développe, entre autres, un papier-peint dit Wine paper, mélange de peaux de raisin avec du chanvre et du lin ainsi que le sol Granito, réalisé à base de bouteilles de champagne concassées. Car l’architecte franco-américain, amoureux des Arts décoratifs, est toujours à la recherche d’expérimentation.
[Cet article est en complément de l’entretien paru dans le numéro 210 d’Intramuros : « Elliot Barnes ou les Arts décoratifs à fleur de peau »]
Endless Summer, Pli, Starfish ou Onde … Le travail de la peau sous forme du cuir occupe une place importante dans vos créations. D’où vous vient cette fascination ?
Tout a commencé avec Onde en 2014. Je voulais considérer le cuir comme une structure et non comme un élément qui couvre. Je l’étudiais en le manipulant, en le pliant. J’ai aussi repensé à Franck Gehry : dans les années 1970, il a fait un énorme travail avec du carton ondulé, notamment avec sa fameuse chaise (ndlr : The Wiggle Side Chair). Pour moi c’est un chef-d’œuvre. J’aime beaucoup cette démarche de détourner les choses de notre vie courante. Ça offre tout de suite un autre langage aux objets. Cette notion de détournement fait partie de mes origines qui me lient avec Andrée Putman mais aussi avec mes débuts en architecture. Je n’ai pas une fascination proprement dite pour le cuir. Disons que je suis amoureux des finitions et j’aime bien avoir une sorte d’extravagance calme et maîtrisée. Cette notion de couvrir rejoint ce que nous, architectes d’intérieur, faisons, c’est-à-dire couvrir ou habiller des espaces. Il y a donc un lien conceptuel derrière tout ça. Mais en réalité, cette exploration du cuir a démarré en 2013, pour AD Intérieurs à l’hôtel de Miramion. Au lieu d’habiller une pièce avec des boiseries traditionnelles, je voulais des matériaux souples comme le cuir. J’ai cherché à le plisser à la manière des origamis japonais. Je voulais des lignes droites disposées comme des éventails. Quand on commence à manipuler le cuir, toute une réflexion se met en place, les objets viennent peu après. Et puis cela dépend des collaborateurs rencontrés. Le tapissier Philippe Coudray a réalisé tous les panneaux pour ce salon. C’est toujours une question de dialogue.
Effectivement, Pierre-Yves Le Floc’h, tapissier très discret, ne voulait pas seulement se cantonner au métier traditionnel, mais aussi explorer de nouvelles techniques. Vous êtes devenu un duo de choc.
C’est une sorte de génie. Il parle très peu, il écoute, il va dire deux ou trois choses et on se sent en confiance. Puis il revient avec des premières maquettes et je suis bluffé. Aujourd’hui des marques de luxe font appel à lui, car il leur apporte un savoir-faire, une expertise et surtout cette exigence que j’apprécie.
La table Écume, pièce unique, semble se démarquer de votre production.
C’est une pièce un peu extravagante qui fait une sorte de contrebalance à des pièces épurées, comme Endless Summer justement. Elle réunit beaucoup de techniques dont celle du cuir, la découpe, le placage de ce papier de sel, ainsi que la recherche de transparence du verre. Tout ça conçu, maîtrisé et assemblé par Pierre Yves, sans oublier le travail du verre par Judice Lagoutte avec cette loupe qui change l’échelle et crée un effet de surprise. Qui dit « cuir » dit « peau ». Je questionnais ce genre d’associations de manière assez libre au point de vouloir tatouer le cuir. Mais ça n’a pas abouti car le cuir, peau déjà morte, ne s’allie pas avec la technique du tatouage. Ce motif au fond de la table reprend des formes de la culture indoue notamment le yogi. Pour la forme, l’idée était de coucher le cuir sur la tranche de façon à créer une base solide sur laquelle repose la table. Écume est une pièce unique, mais elle rassemble des idées que nous ressortirons pour d’autres pièces. Elle sert de dictionnaire de matières, de formes et de détails.
Vous aimez intégrer un ornement dans vos pièces dont cette rosace marquetée sur la table Écume ou les sphères sur le piètement d’Endless Summer. Quelle est votre vision de la place de l’ornement ?
A vrai dire, je suis plutôt un moderniste dans le sens où j’aime les choses épurées. S’il y a de l’ornement, c’est en le faisant sortir de la matière, tel le galuchat ou le gypse, ou encore le veinage naturel des plaques des marbres par exemple. Disposé en frisage ou en « livre ouvert », il s’en dégage quelque chose de fort. C’est très « loosien ». J’entends par là Adolf Loos (1870-1933) qui, dans son opus Ornement et Crime (1908), parle justement de ne pas rajouter de choses. Mais comme il y a du bonheur dans la contradiction, il fallait quand même ajouter dans cette pièce tellement épurée une touche avec ces sphères en laiton poli. Aujourd’hui le banc existe dans une version sans sphères.
Comment cherchez-vous l’inspiration ?
C’est un processus de laisser-aller. Me laisser porter par un mot, un bruit, une lumière et à partir de là, plonger dans ma tête et chercher des associations libres. L’intonation d’un mot peut faire penser à quelque chose et le rattacher à un objet, à l’image de la collection Poinciana avec la maison Delisle en 2017. Nous l’avions présentée à l’hôtel de la Monnaie au Salon AD la même année. Je devais décorer un salon en hommage à Jean Varin (1607-1672), un important graveur de la Monnaie sous Louis XIII. Or certains outils de graveurs me faisaient penser à ceux des tapissiers qui travaillent le cuir, ce qui m’a amené à chercher des rapports avec le cuir. Avec Jean Delisle et Pierre-Yves, on a cherché tous ensemble à gainer la structure des lampes. Comme source d’inspiration formelle, j’ai regardé les outils de graveurs dont les manches des poinçons. Je les ai alors retravaillés à la manière de l’art très élargi des œuvres des années 1960 de Claes Oldenburg (né en 1929). J’ai alors proposé à Jean Delisle de nommer cette collection Poinciana. Sa collaboratrice, Ornella, musicienne comme son mari, a à son tour fait le lien avec le tube Poinciana (1936) de Nat Simon. Cette association de poinçon /Poinciana et de renvois très libres m’amuse.
Vous-même êtes contrebassiste. Est-ce que la musique vous inspire des formes ?
Pour moi c’est un processus. Je m’explique : quand on est contrebassiste dans un ensemble, surtout en jazz, on a un rôle de leader, mais qui reste en arrière-scène. Bien souvent on pense que c’est la batterie qui donne le tempo, mais en réalité c’est le contrebassiste. Quand j’ai monté mon agence, j’aimais justement être le gars en arrière-scène qui orchestre tout pour que mon équipe puisse à son tour créer des solos. On est ici et on travaille tous ensemble. Cette ambiance de musique et d’improvisations nourrit vraiment le travail. C’est une jam session. Lorsque je reçois des gens en entretien, je leur raconte souvent cette histoire qui était arrivée à Miles Davies quand il était en train d’enregistrer un disque dans les années 1950. Pendant la préparation, un de ses saxophonistes vient le voir en lui demandant « Miles tu veux que je joue quelles notes » et Miles Davies lui répond « play what the fuck you want! » (joue ce que tu veux bordel !). C’est vrai ! vous êtes musiciens, ne demandez pas quelles notes il faut jouer, jouez ! Il n’y a jamais de mauvaises notes comme disait Herbie Hancock. Donc ici, il ne faut pas venir au bureau me demander ce qu’il faut faire. Vous êtes professionnel, designer, architecte d’intérieur, alors proposez ! Et si vraiment ça ne marche pas, on en parlera. Personne ne peut vous apprendre à créer. Soit vous créez, soit vous ne créez pas. En revanche on peut vous enseigner le contexte dans lequel vous allez créer. Et ce contexte d’art et d’histoire a cinq mille ans. En tant que créateur, j’estime que c’est votre devoir de le connaitre. C’est ce qui nourrit votre vocabulaire, votre langage et qui vous donne le moyen d’improviser librement… donc de créer !
Sur le chantier de la maison Ruinart vous avez exploré de nouvelles matières à partir d’éléments authentiques tels le Wine paper. Comment vous est venue l’idée ?
En visitant le site, j’étais impressionné par le silence qui régnait sur ces 26.000 mètres carrés comprenant jardins, terres, bâtiments de productions, le tout accompagné d’une remise en question en tant que créateur : que pouvais-je apporter à la plus vieille maison de spiritueux du monde ? J’ai alors réalisé assez vite qu’il ne fallait pas apporter mais exporter les choses. J’en ai parlé au président de l’époque, Stéphane Baschiera, en lui expliquant que tout ce dont j’avais besoin existait déjà sur ce site. Pour le minéral, je pouvais extraire la pierre des crayères, remployer les anciens fûts pour avoir du bois ou me servir des bouteilles pour le verre. Mais à un moment, j’ai eu un souci budgétaire et esthétique pour recouvrir un mur. Je voulais faire du papier-peint, or dans mon esprit, qui dit papier dit plante, qui dit plante dit vigne, qui dit vigne dit raisin… Ainsi, par association libre d’idées, j’ai choisi de faire du papier à base de raisin. En effectuant des recherches on s’est rendu compte que ça n’existait pas. J’ai alors contacté un vigneron en Bourgogne qui a fait des essais avec le pressage des peaux de raisin. Il y a eu plein de problèmes avec les premiers échantillons. Le papier commençait à moisir, les pépins restaient collés… Puis j’ai rencontré un artisan en Bourgogne spécialisé dans la fabrication de papier avec du lin et du chanvre. Ce mélange entre le raisin et le lin donnait une consistance au papier mais faisait aussi un nouveau lien avec l’histoire des moines de Dom Pérignon. Leur gourde avait des bouchons en liège maintenus par des ficelles en chanvre. Donc mélanger le raisin des vignes de Ruinart m’a permis de faire un produit spécifique à cette maison, au point que l’on peut parler d’une cuvée de papier. Et ce qui m’enchante encore plus dans ce développement du langage, c’est qu’il y a une osmose entre les vignerons de Ruinart qui font leur champagne une fois par an et moi qui fait aussi un papier tous les ans.
Vous considérez-vous comme un partisan de matériaux écoresponsables ?
Être écoresponsable est important bien sûr. On peut penser le mobilier dans cette optique-là, mais des gens bien plus spécialisés que moi travaillent sérieusement sur ces projets à tel point qu’ils sont déjà prêts à les industrialiser. Mais pour moi, être écoresponsable n’est pas suffisant. Il faut être créatif, rajouter une notion esthétique. Il faut inscrire tout cela dans l’Histoire des Arts décoratifs. Il y a une sorte de va-et-vient entre l’actualité et cette tradition française des Arts décoratifs qui m’est primordiale.
Vous semblez avoir un profond respect pour l’art classique français et italien. En 2013 par exemple, lors de l’exposition « Transposition », le musée Carnavalet vous a invité à établir un dialogue entre votre mobilier et les collections du musée. Comment avez-vous abordé cela ?
Être invité par le musée Carnavalet qui rassemble des objets fascinants était énorme. Mais je reste un enfant des années 1960. Même s’il y a des influences plus anciennes, je fais du mobilier d’aujourd’hui, donc je n’ai pas la prétention de mettre en rapport les boiseries extraordinaires du musée avec mon travail. Il faut juste arriver, poser ses œuvres, et les laisser comme ça, parfois en contrepoint avec des pièces historiques. Cette confrontation contemporain/historique est suffisante. Chaque pièce renvoie une lumière de façon à laisser le visiteur libre de tirer ses propres conclusions. C’était ça le but de « Transposition ».
Vous présentiez ces pièces sous le nom d’Elliott Barnes Sessions…
Quand le musicien va enregistrer on appelle ça une session. C’est le concept de sortir une collection, un disque. J’y présentai Onde, Pli, Petal, Replis I et II, Orbite et aussi d’autres pièces que j’avais dessinées pour Ecart International entre autres.
L’actualité évoque une nouvelle collection de luminaires Iqanda. Pouvez-vous nous en parler ?
Iqanda est le résultat d’une rencontre avec Antoine Tisserant. Il avait dans son showroom des œufs d’autruche qu’il m’a envoyés. Je les ai gardés pendant pratiquement un an, comme si Antoine avait semé dans ma tête des graines d’idées qu’il laissait germer. Je l’ai recontacté pour en faire des luminaires. Il y a réellement une tradition séculaire de l’œuf d’autruche dans l’histoire des Arts décoratifs. De ces cadeaux rapportés d’Orient, on en faisait des objets d’art en les gravant. Mais je voulais partir dans le travail de la forme et mettre en valeur le métier de bronzier d’art de Tisserant, notamment avec ce travail de cannelure qui leur est propre. Dans le langage sud-africain, Iqanda signifie œuf. Ils ont été coupés avec une lame diamantée et l’intérieur a été poncée pour retirer la peau. Quand elle pond, l’autruche ne fait jamais des œufs de même dimension. Chaque œuf est donc unique.
Avez-vous ressenti une différence dans le travail de la décoration lors de votre passage des Etats-Unis en France ?
Ma dernière expérience dans une agence américaine remonte à plus de 15 ans maintenant, donc ça a certainement bien changé depuis, mais j’ai le souvenir que lorsqu’on avait besoin d’une porte par exemple, on choisissait simplement dans un catalogue la forme, les poignées, les charnières etc. Alors qu’en France, à mon arrivé chez Ecart International, il fallait complètement dessiner les portes des maisons ! Du coup, j’ai appris à les dessiner avec leur structure, leurs éléments… Puis sur les chantiers, j’ai rencontré les vrais artisans : Je voyais les staffeurs en train de travailler le plâtre avec leurs mains, faire des moulures, les compagnons façonner sur place les éléments. J’étais stupéfait. C’est vraiment là où j’ai développé cette appréciation pour l’artisanat d’art français. C’est vraiment unique au monde. Aujourd’hui, je m’appuie beaucoup sur la créativité des artisans et des fournisseurs avec qui je collabore. J’adore Martin Berger, Manon Bouvier, ou Phillipe Hurel par exemple, mais aussi les gens que je rencontre sur les chantiers.
Quels sont les savoir-faire qui vous enthousiasment le plus ?
Sans hésiter la marqueterie et les coloristes. La couleur me fascine réellement. Elle est compliquée, je l’étudie pour mes collections de tapis avec Tai Ping. En ce domaine, Tai Ping sont vraiment des maîtres avec ce travail de laine et de soie. Discuter de la couleur avec eux c’est vraiment impressionnant. J’ai dû étudier les travaux de Joseph Albers (1888-1976) pour aller un peu plus loin. Il me reste encore beaucoup de travail à faire.
Vous avez été l’un des principaux collaborateurs d’Andrée Putman. Comment s’est passée votre rencontre ?
J’avais déjà un projet de venir habiter en France depuis l’âge de 15 ans environ. J’étais dans un lycée français aux Etats-Unis et j’étais profondément marqué par le cubisme et par les personnalités comme Gertrud Stein, Hemingway, Picasso et toute cette époque-là. J’y faisais déjà plusieurs voyages pour rencontrer des architectes, de façon à comprendre la vie parisienne et voir comment je pouvais m’y insérer. Puis j’ai découvert le travail d’Andrée Putman dans la presse. Avant de faire de la création, le studio Ecart d’Andrée Putman consistait à rééditer du mobilier moderniste tombé dans l’oubli à l’époque. Sa connaissance de l’Histoire pour faire de la création faisait sens pour moi. C’est pourquoi je suis allé la voir.
Quel est l’aspect qui vous a le plus marqué dans son travail et qui vous influence encore ?
La curiosité. Ce refus d’être enfermé dans une catégorie. Andrée a côtoyé toute sa vie des artistes incroyables. Elle a atteint dans son travail une véritable liberté d’artiste. Andrée ne voulait jamais se répéter. Je me souviens des séances de travail avec elle où il fallait saisir cette chance de créer et aller toujours plus loin et se remettre en question. Tout le personnel de l’agence était d’ailleurs très jeune. Cette jeunesse lui donnait des idées. C’est ce que je fais exactement ici dans mon agence. Comme elle, je cultive cette sorte d’échange, de master class.
Vous consacrez une part de votre temps à la transmission. Vous enseignez en effet à l’Ecole des Arts déco. Quelle discipline y enseignez-vous ? Quels sont les enseignements les plus précieux que vous voulez transmettre à vos élèves ?
Je donne des cours d’architecture d’intérieur. A l’intérieur de ça, j’essaie de donner des outils à mes élèves qui leur permettraient de confronter différents types de problèmes. Encore une fois, je ne peux pas leur enseigner la créativité, ce n’est pas mon domaine. Mais je peux leur montrer différents outils qui leur permettraient de nourrir leur propre créativité et apporter des solutions à des situations. Concernant la transmission, ce sont les élèves qui m’apportent quelque chose. Depuis mes tous premiers cours à l’université, quand on doit expliquer quelque chose à quelqu’un, on apprend à organiser ses idées et à se mettre en arrière, en toute humilité. Il n’y a que les étudiants qui peuvent vous apporter cela. C’est une grande leçon. Ce qui est important ce n’est pas mon projet mais le leur et je les aide à faire de leur mieux.
Ensuite, qu’ai-je à leur apporter ? Tout d’abord l’Histoire et la théorie de l’architecture pour connaitre sa gamme et ses accords. Comme je le disais tout à l’heure, ça mène vers cette possibilité d’improviser, de créer. Enfin, il est toujours important de prendre un crayon avant de prendre un clavier d’ordinateur. Notre métier est avant tout de dessiner et de communiquer des informations à travers un dessin, sans quoi vous compromettez vos idées.
Quel est votre regard sur la jeune génération d’artisans qui s’installent ?
Ça doit être très compliqué. Mais aujourd’hui on a une meilleure appréciation du travail artisanal qu’il y a trente ans. On apprécie les choses faites à la main, d’autant plus que dans ce « fait main » il y a ce geste de faire quelque chose pour quelqu’un d’autre. Je pense que dans cette société où l’on vit à travers nos portables, on a tendance à perdre cette notion de « quelqu’un a fait ça pour moi ». C’est ce que préservent les chefs avec cette notion basique de nourrir quelqu’un. C’est une chance, un honneur et une véritable responsabilité. L’engouement des jeunes artisans qui rentrent dans ce contexte est merveilleux, on a donc bien progressé.
En septembre dernier, lors de la Milan Design Week, Cassina lançait officiellement dans son showroom des collections dédiées au secteur du contract (hospitality, bureaux, espaces commerciaux, hôtels, restaurants..) Une ligne sobrement baptisée Cassina Pro, que nous expliquait Luca Fuso, président directeur général du groupe.
Comment se distingue Cassina Pro des collections résidentielles ? Est-ce avant tout une adaptation de produits à un secteur professionnel plus que de la création de collections dédiées ?
Luca Fuso : Nous avons constaté qu’il y avait effectivement une forte demande, dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration et des bureaux, de produits qui aient une certaine esthétique et un grand confort, tout en répondant à l’utilisation particulière, intensive, de ces secteurs. Nous avons donc décidé de sélectionner plusieurs modèles iconiques des collections de Cassina et de les adapter. Mais nous avons aussi quelques nouveaux modèles.
Comment concrètement procédez-vous à ces adaptations ?
Luca Fuso : On garde bien sûr les formes. Parfois on adapte les tailles, comme c’est le cas par exemple avec les collections Volage designées par Philippe Starck où l’on a légèrement réduit la profondeur des assises, on va rajouter un piétement pour la stabilité (comme pour le fauteuil pivotant LC7 de C. Perriand) . Ensuite on adapte surtout les revêtements aux normes du secteur : on a des tissus ignifuges, à la résistance certifiée ( par exemple BIFMA et GreenGuard). Et on actualise bien entendu la technologie (électrification, intégration de prise USB…) , sachant que déjà on adapte les systèmes électriques de nos produits suivant le pays. Parfois les adaptations ne portent pas sur des questions techniques mais sur des gammes de couleurs exclusives.
Vous transposez finalement l’ADN de Cassina dans le secteur pro, en gardant ce principe de réédition ?
Luca Fuso : On ne revient pas sur l’histoire de Cassina : notre portfolio comprend des collections qui datent de 1965 qui perdurent. La réédition fait partie de l’image de Cassina, les produits traversent le temps, ils sont adaptés pour répondre aux usages contemporains : on prévoit le passage de câbles, on adapte les tiroirs, les systèmes de fermeture par exemple. Mais Cassina Pro présente aussi des modèles qui ne sont pas des rééditions, mais des éditions conçues à partir de relectures d’archives. Nous sortons ainsi le Petit bureau en forme libre de Charlotte Perriand (dessiné en 1956) et l’adaptation du bureau LC10 de La Semaine à Paris ( Salon d’automne 1929). Nous avons aussi de nouvelles collaborations comme avec le designer américain Jeffrey Bernett (ndlr : fauteuil Exord).
Cassina a annoncé aussi cette année le rachat de la maison Karakter ?
Il y avait un rapprochement évident : Karakter fait en plus « petit » le même travail que Cassina : présenter des produits de maestri combinés avec des créations de nouveaux designers.
Il y a deux ans, Cassina présentait aussi le Cassina Lab avec notamment à Paris la présentation d’un canapé de Philippe Starck avec un revêtement en cuir végétal, issus d’épluchures de pomme. Où en est ce projet ?
Il est toujours au stade de prototype, il ne répond pas encore de façon satisfaisante à nos critères de mise en marché, notamment en termes de résistances et de process de production. Mais nous l’avions exposé pour lancer le Cassina Lab. Ce département a démarré il y a deux ans. Le premier objectif était de créer une équipe dédiée à l’innovation, à la recherche de matériaux avec une application possible dans l’industrie du meuble. Nous avons un partenariat avec Polytechnico de Milan, l’objectif est vraiment d’avoir des équipes pluridisciplinaires, biologistes, chimistes, architectes, ingénieurs, designers… Cette année, nous avons par exemple réédité le canapé Soriana de Tobia Scarpa. Dans le cadre des recherches du Lab, le polyuréthane de la structure d’origine a été entièrement remplacé par des microsphères en BioFoam (ndlr : mousse à base de biopolymères obtenus à partir de ressources naturelles ). Ce matériau résistant est adapté à un usage pérenne, tout en étant biodégradable et compostable. Pour l’assise, nous avons aussi utilisé des fibres en PET recyclé, qui garantissent un grand confort.
Car la recherche du confort rejoint le deuxième objectif du Cassina Lab, qui est le « well being ». Nous partons vraiment des produits de l’habitat auxquels nous venons ajouter des fonctions. Par exemple, l’an passé, nous nous sommes intéressés à la chambre, une pièce où nous passons beaucoup de temps. Nous avons ainsi travaillé sur des têtes de lit qui absorbent le bruit, « augmenté » des tissus pour qu’ils filtrent l’air, grâce à une technologie brevetée.
Les deux marques iconiques du design populaire fêtent leur anniversaire. Prisunic, c’est fini, mais pas tout à fait ! En fusionnant depuis 1997 avec Monoprix et les Galeries Lafayette, les deux marques ont réinventé le design au quotidien, et accessible.
Cet événement ponctuel et ciblé pour les nostalgiques ou collectionneurs est l’occasion d’acquérir et (re)découvrir des pièces cultes des années 1970, qui n’ont pas pris une ride. Au sein d’une boutique éphémère et en ligne, les créations pour Prisunic de 5 designers emblématiques de cette époque ont été rééditées, en série très limitée, et proposées à la vente. Une façon de remettre au goût du jour le talent de créateurs, parfois oubliés.
Réédition de 5 designers emblématiques des années 70
Pour les 90 ans des deux marques Prisunic et Monoprix, Cécile Coquelet, directrice de création de Monoprix, souligne l’ampleur du projet : « Nous avons choisi de scinder l’évènement en trois phases : la réédition de meubles et d’accessoires de 5 designers emblématiques de Prisunic des années 70 que nous avons réunis, celle de 150 objets de créateurs, et enfin la participation à l’exposition au MAD à Paris retraçant l’histoire des enseignes. » Avec Prisunic, pionnière du design populaire français fondée en 1931, les designers de l’époque se sont replongés dans les années phare du design industriel, en portant un regard actuel. L’un des fils de Terence Conran (décédé en 2020) Marc Held, Danielle Quarante, Jean Paul Garrault, Claude Courtecuisse… Tous, ont répondu à l’appel. Les modèles sélectionnés ont été fabriqués à l’identique à partir des dessins originaux des designers, et se rapprochent le plus possible des matériaux d’origine, sans être vintage.
Terence Conran, la simplicité au quotidien
D’après les photos de mobilier et d’objets de Terence Conran, pour le premier catalogue Prisunic, les pièces du créateur de l’enseigne Habitat, sont d’une modernité intemporelle évidente. Les assiettes ultra simples de la collection capsule Mono Design, créées en 2000, affichent leur style shaker tandis que le fauteuil le coffre et la desserte, leur singularité tout en restant des produits de design grand public.
Marc Held, une lampe d’exception et un fauteuil relax
Architecte, designer et photographe, Marc Held avait conçu cette lampe exclusivement pour le bureau du président François Mitterrand à l’Elysée en1983, accompagnée d’un ensemble de mobilier en bois. À partir de ses archives personnelles, il propose pour cette rétrospective, le modèle d’origine en trois finitions, doré, inox, noir mat. Un fauteuil en cuir, toile et métal, à la fois décontracté et raffiné, montre une autre facette de son talent.
Danielle Quarante, l’élégance intemporelle
Lauréate du concours Shell en 1970, initiée par Prisunic, la designeuse Danielle Quarante propose une petite table en métal réalisée d’après un dessin original jamais exploité par Prisunic à l’époque et une lampe seventies. Toutes deux sont mises à l’honneur pour l’évènement. Elle avait créé aussi pour Prisunic, le fauteuil empilable Balthazar, vendu à sur catalogue. A l’étude pour sa réédition, ce siège sera fabriqué en composite recyclé, plus écologique que l’ABS d’origine.
Jean-Pierre Garrault, un festival de couleurs
De ses archives personnelles des années 70, l’artiste designer Jean-Pierre Garrault a extrait 5 dessins, parmi les 1500 imprimés colorés. Les formes géométriques très graphiques et hautes en couleurs témoignent de sa vive créativité. Les tapis et la vaisselle qui dynamisaient hier le quotidien sont encore d’actualité. A utiliser donc, sans modération…
Claude Courte-Suisse, l’innovation avant tout
Ce designer industriel, dessinateur, sculpteur et photographe, prolifique a toujours eu un regard curieux et une réflexion large sur les matériaux industriels. Entré au musée, dans plusieurs institutions, avec ses fauteuils en skaï, ces créations sont rééditées en version textile, plus confortable et plus écologique aussi.
Pop-up store Prisunic, du 3 au 11 décembre de 11h30 à 19h30, 5 rue Saint-Merri, 75004 Paris.
Monoprix.fr à partir du 3 décembre, www.monoprix.fr
Quand Eberhardt, distributeur spécialisé d’appareils ménagers et professionnels de production européennes les plus emblématiques, ouvre une vitrine à Paris, il ne l’envisage pas comme un simple lieu de vente mais véritablement comme un lieu unique d’exposition, de démonstration et d’expérience pour ses trois marques haut de gamme : Liebherr (réfrigérateurs, congélateurs et caves à vin), Asko (cuisson et lavage) et Falmec (hottes).
C’est à l’agence de design et retail Messieurs que la maison alsacienne a confié la conception de ce nouveau projet, le LiveStore Eberhardt. Nourri par la consultation de tous les services d’Eberhardt, Victor Boëda, designer et cofondateur de l’agence, a ainsi retranscrit dans cet espace de 175m2 une identité visuelle emprunte de clins d’œil régionaux (colombages revisités entre lignes graphiques et structures de verrière) et un aménagement qui ramène l’idée du vivant (mur végétal) au sein de matériaux chaleureux et des produits très industriels.
Le LiveStore invite alors dès sa vitrine à une découverte et une expérience complète des produits à travers un parcours privilégié en compagnie d’experts, afin de rendre compréhensibles les différentes technologies très avancées, de tester les usages en situation réelle, de manipuler les appareils dans des zones d’expérience, et bientôt de les réparer !
Un concept à la fois humble et généreux qui traduit la volonté de se sentir comme chez soi pour choisir l’équipement véritablement adapté à ses besoins. Et une promesse qui engage également Eberhardt auprès des professionnels et du grand public comme « marque de confiance », puisque qu’elle garantit l’accompagnement après achat (conseils, accessoires, entretien, réparation…) grâce à ses marques engagées dans la durabilité de leurs produits (dans leur durée de vie – 20 ans – et la durée de disponibilité des pièces détachées – 15 ans).
Dans les nouvelles habitudes d’achat, cet espace connecté, interactif et ludique apporte une réelle valeur ajoutée par rapport aux plateformes de vente, ainsi qu’une véritable réassurance face à l’innovation de pointe. De nombreux événements, rencontres, manifestations artistiques autour des produits sont prévus pour faire vivre le LiveStore.
On aime recevoir chez Eberhardt ; avec Monolith on a largement de quoi
Innovation et usage étant au cœur de ce nouvel espace, il n’est pas de meilleur environnement pour découvrir et apprécier Monolith de Liebherr, qui déploie jusqu’à 2,40m de grand froid. Pensé pour le marché américain, Monolith est une gamme intégrable de réfrigérateurs, congélateurs et caves à vin, récompensé du Prix IF Design Award 2019. Désormais disponible en France, Monolith est au frigo ce que le dressing est au placard !
Liebherr a en effet concentré l’ensemble de ses technologies les plus performantes dans des écrins d’acier inoxydable aux lignes épurées et intemporelles d’un fonctionnalisme allemand de la plus pure tradition, et qui ne servent qu’à mettre en valeur et préserver les denrées les plus divers. Si un bon design est innovant, discret, honnête, durable, approfondi et respectueux de son environnement pour le moins, alors les systèmes performants que sont le PowerCooling, tiroirs HydroSafe ou DrySafe (distribution homogène d’air froid avec hygrométrie réglable en focntion des aliments), le BioFresh, qui prolonge la durée de conservation et la fraîcheur des aliments, le pilotage à distance SmartDevice, l’amortissement de fermeture SoftSystem (épargnant les bouteilles des vibrations), ou l’éclairage InfinityLight (uniforme et sans dégagement de chaleur) font de cet ensemble une nouvelle icône en la matière !
Créé il y a un an, le studio Figures est né de la collaboration entre Claire Cousseau et Gabriel Loirat. Enrichis par leur expériences passées autour du monde et dans divers domaines – le retail, l’hôtellerie, l’horlogerie et la joaillerie pour Gabriel et dans le monde de la mode et l’accessoire haut de gamme pour Claire – ils se sont finalement retrouvés à Paris pour collaborer au sein d’un même studio. La première collection dévoile des pièces singulières qui ont su attirer l’attention, et notamment celle du Mobilier national qui a sélectionné le guéridon CALC pour sa campagne d’acquisitions 2021.
Il a une formation en architecture d’intérieur, elle en design produit. Au retour de leur expériences personnelles, ils se sont retrouvés avec la volonté de créer un studio dont les collections éditées auraient leur propre langage et reflèteraient leur univers. Très complémentaires, Claire Cousseau et Gabriel Loirat travaillent étroitement ensemble sur tous les projets « Si l’un de nous commence quelque chose, l’autre va rapidement apporter sa touche. C’est un aspect très important pour nous et c’est ce qui forme l’ADN de figures ».
Des inspirations géométriques et architecturales
Si le nom du studio figures a été choisi pour faire écho au rapport avec la géométrie et les formats que l’on retrouve dans leur créations, la première collection de mobilier s’inspire en grande partie de l’architecture brutaliste et moderniste. « Ce que l’on essaye de faire en particulier, c’est de trouver des systèmes de fabrication qui soient des détails d’architecture, et réussir à mêler le design avec l’architecture » souligne Gabriel Loirat.
Pour cette collection, les deux designers ont insisté pour avoir des matériaux et une fabrication française. Aussi, ils accordent une importance particulière aux savoirs-faire artisanaux et font pour cela appel à des professionnels pour la production. Ainsi, les trois pièces de mobilier de la collection – le guéridon CALC, le tabouret ILE et la chaise DROI –sont en chêne massif et faits main par un ébéniste. La 4e pièce de la collection, le vase porcelaine OBLIC, a quant à lui été réalisé par une céramiste. En plus de ces quatre réalisations, ils présentent également des impressions d’art, inspirées du plein et du vide, une thématique venue d’Asie. Très abstraites, ces pièces ne laissent pourtant rien au hasard et se basent sur les oeuvres de design du studio.
Toutes les pièces de la collection sont réalisées sur demande et en séries très limitées (entre 8 et 30 pièces). Ce choix a été motivé par leur volonté de rationaliser la production en évitant au maximum les pertes de matériaux utilisés. Par la même occasion, cela permet d’avoir la main et un regard avisé sur tous les produits réalisés.
Des projets en architecture d’intérieur et nouveaux matériaux
À l’horizon 2022, le studio figures ambitionne de s’approprier de nouveaux matériaux tels que l’acier ou l’aluminium pour ses prochaines créations. Aussi, ils ont pour volonté de développer une branche d’architecture d’intérieur afin d’avoir une vision plus globale dans leur travail.
La dernière édition du salon Workspace a fermé ses portes le 7 octobre dernier. Laurent Botton, directeur de l’évènement, revient sur les temps forts de cette manifestation tenue dans le contexte encore incertain de l’après pandémie. Pour lui, cette édition est celle des retrouvailles et des questionnements. La prochaine sera celle des premières réponses.
Alors que l’on annonce régulièrement la fin des lieux de travail, que les salons dédiés à l’aménagement tertiaire ne paraissent guère plus vaillant que le secteur qu’ils représentent, est-il raisonnable de consacrer un salon à cet objet paradoxal: le bureau, dont le nom désigne à la fois meuble et lieu de travail ?
Laurent Botton : Le salon avait déjà une longue histoire lorsque nous l’avons racheté en 2006. Nous avons repositionné une manifestation dédiée aux services généraux en deux manifestations distinctes, la première, Bureaux Expo, consacrée à l’aménagement de bureaux, et la deuxième aux services d’entreprises. Bureaux Expo a été rebaptisée Workspace Expo afin d’être mieux identifiée par nos partenaires internationaux, en particulier européens. Il faut savoir qu’après l’Allemagne, la France est le deuxième marché d’Europe en termes d’aménagement des espaces de travail. Notre force, et ce qui explique que nous continuons d’exister et même de croître, c’est que nous recevons les donneurs d’ordre, qui, faute de temps, ne peuvent se rendre sur des évènements du secteur comme Orgatech ou le salon du meuble de Milan. De ce fait, nous attirons les fabricants étrangers, côté exposant, tandis que notre visitorat augmente en France et dans les pays francophones limitrophes — Belgique, Luxembourg, Suisse romande…
Êtes-vous satisfait de la fréquentation de l’édition 2021 ?
L. B. : Nous avons reçu un peu moins de visiteurs qu’en 2019, qui était notre année de référence, ce qui est plus qu’encourageant.
Avez-vous observé chez vos exposants l’apparition d’une offre différente, post-pandémie ?
L. B. : Nous connaissons tous les répercussions de cette crise inédite sur le monde du travail, avec la montée en puissance du télétravail, souhaité ou subi, et les problèmes qu’il a posé aux employés comme aux entreprises, qui ont fait un travail extraordinaire en termes de connexion informatique, et la sécurisation des liaisons qui l’accompagne — les ransomware auraient crû de 68 % ! Pour nos exposants, qui traitent de l’aménagement de tout l’univers du bureau plutôt que des questions purement informatiques, 2021 reste un salon de questionnement : quelles sont les dynamiques qui vont s’affirmer, comment va-t-on s’y adapter ? Nous connaîtrons les premières réponses et les premières esquisses de futures tendances dans les mois à venir.
Avez-vous été tenté par une conversion du salon au format numérique ?
L. B. : Nous nous sommes bien sûr intéressés aux salons digitaux, mais ce format ne nous a pas convaincus. Notre manifestation met en avant des produits liés à l’univers du bureau — mobilier, cloisons, tables, etc. Le numérique ne peut pas restituer le toucher d’un matériau, sa couleur, ni le confort d’une chaise ou d’un fauteuil. Et sur le plan de la sociabilité, j’ai été vraiment frappé par le plaisir qu’avaient les gens à se rencontrer après deux années de régime distanciel. Ces retrouvailles dégageaient une énergie très positive, entre les discussions, les échanges de points de vue, les sourires. L’édition 2021 de Workspace nous a convaincus de la pertinence du présentiel !
L’édition 2021 de Workspace Expo a fermé ses portes en octobre, l’exposition 2022 reviendra à son calendrier d’origine et ouvrira fin mai — début juin. Ne craignez-vous pas que cette proximité de dates empêche les fabricants de préparer des nouveautés ?
L. B. : Nous avons presque 10 mois d’écart, quasiment une année sépare un salon de l’autre. Il faut également regarder cette temporalité dans son contexte. 2021 était un salon de questionnement, de confrontation d’idées, un salon dressant le bilan d’une période inédite. Les entreprises vont maintenant travailler d’arrache-pied pour intégrer ces retours et adapter leur offre à cette nouvelle donne, et je suis persuadé que l’édition 2021 apportera beaucoup de nouveautés dans les allées.
Au-delà des évolutions produits suscitées par la pandémie, avez-vous observé des tendances, des dispositifs ou des systèmes ?
L. B. : J’ai pu observer des équipements très colorés, aussi très adaptables, basés sur des systèmes démontables autorisant réassemblages et modifications au gré des besoins de l’entreprise. De mon point de vue, ces dispositifs sont intéressants, car ils correspondent à un monde où l’entreprise est de moins en moins figée. Une grande entreprise doit pouvoir se reconfigurer pour absorber la croissance ou la contraction des effectifs, survenant lorsqu’une société recrute, fusionne, change de périmètre d’intervention ou réorganise ses départements.
J’aimerais aussi mentionner les questions de made in France ou made in Europe, traduisant un souci d’écoresponsabilité. Ces questions vont au-delà de l’aménagement des espaces de travail, elles ont des répercussions sur les collaborateurs, les dirigeants d’entreprises. Il est probable qu’à l’avenir on croise dans nos allées de plus en plus de produits faisant appel au recyclage, soit le recyclage des composants d’un produit ou du produit tout entier.
Vous organisez un Prix de design, pensez-vous développer un prix mettant en lumière des produits ayant le moins d’impact sur l’environnement ?
L. B. : Nous sommes en train de réfléchir à la façon dont nous pourrions mettre en place non pas un label, ce qui dépasserait de beaucoup le domaine de compétences d’un salon, mais une manière de faire ressortir cette dimension coresponsable chez nos exposants. Imaginer un prix reste plus compliqué, car nos exposants interviennent dans tous les secteurs de l’aménagement bureau. Comment comparer les mérites environnementaux d’un revêtement de sol avec un logiciel ou des tables de travail ? Je pense là encore que nos partenaires mettront en lumière ces sujets durant les cycles de conférences organisées sur le prochain salon. Cette année, les débats avaient pour sujet principal le Post-Covid, je pense qu’ils aborderont à l’avenir les différents aspects de la question environnementale.
40 ans après son lancement par l’Italien Ettore Sottsass, le mouvement Memphis continue de nous en mettre plein les yeux. Jusqu’au 8 janvier 2022, la galerie Made In Design du Printemps Haussmann accueille l’exposition « Umeda & Memphis, Dialogues Sensoriels ». L’occasion de découvrir ou redécouvrir le mouvement.
Comme un écho à l’exposition-hommage à son précurseur au Centre Pompidou, le 6e étage du printemps Haussmann prend les couleurs de Memphis. En exclusivité, la galerie Made in Design présente la collection Night Tales du designer japonais Masanori Umeda, sortie en 2020, et propose de découvrir ces pièces en exclusivité mondiale. « J’ai tout de suite eu un coup de cœur pour cette collection. J’ai senti qu’il fallait la présenter, dans une mise en scène soignée, qui valorise la dualité de références avec laquelle joue Masanori Umeto. Et nous avons obtenu l’exclusivité mondiale de ces pièces jusqu’au mois de janvier » , confie Catherine Collin, fondatrice de Made in Design.
Masanori Umeda à l’honneur…
Night Tales dévoile ainsi des pièces inédites comme le Lit Utamaro – dont le rétroéclairage accentue un effet de lévitation – et le Fauteuil Utamaro, tous les deux limités à 12 exemplaires. Largement inspirés du célèbre ring de boxe Tawaraya, ils sont teintés aux couleurs subtiles des kimonos traditionnels et parés des rayures noires et blanches, propres à Memphis. En parallèle, la collection présente également des rééditions d’objets conçus dans les années 80 comme c’est le cas du Fauteuil animal et de la table Médusa, inspirés d’un dessin de 1982 et édités en seulement 24 exemplaires chacun.
… et des Françaises engagées dans le mouvement Memphis
Invitée à l’inauguration de l’exposition, la designeuse française Martine Bedin n’a pas caché sa fierté quant à l’engouement que suscitait toujours le mouvement Memphis, dont elle est elle-même une pionnière : « Il s’est écoulé 40 ans, mais j’ai l’impression que le mouvement n’a pas pris une ride. Je suis contente et assez fière de voir qu’il continue de susciter de l’intérêt et la curiosité après toutes ces années ». Parmi les pièces que l’on retrouve au fil du parcours, on reconnaît au premier coup d’œil sa Lampe Murale Negresco et sa lampe de table Super inspirée d’une petite voiture d’enfant.
Si l’exposition rend particulièrement hommage au travail de Masanori Umeda en présentant sa nouvelle collection, elle permet par la même occasion d’y retrouver des objets mythiques du mouvement. Ainsi, les passionnés de design retrouvent avec le célèbre Buffet Beverly ou la console Tartar d’Ettore Sottsass, aux côtés du vaisselier de George J. Sowden et du fauteuil Roma de Zanini. À noter, la mise en scène valorise particulièrement dans un jeu de réponses le travail du motif qu’a apporté au mouvement la Française Nathalie Du Pasquier, notamment dans la présentation de tissus peu exposés ou son tapis California.
L’exposition se tient au 6e étage du Printemps Haussmann jusqu’au 8 janvier 2022, situé au 64 boulevard Haussmann à Paris. Ouvert tous les jours de 11h à 19h.
Succéder à des générations de créatifs, avoir la capacité de réinventer et pérenniser une entreprise familiale est souvent un lourd fardeau à porter. Cependant, certaines maisons sont enthousiastes et font du passé un héritage ouvert à l’avenir. Partage d’expériences avec les Procédés Chénel, Coéditions et les Éditions du Coté.
Procédés Chénel : à chaque génération sa pierre apportée
Si chaque famille a ses propres marqueurs, ceux des Chénel passent avant tout par l’amour et l’admiration. Quatre générations se sont succédé dans cette aventure créative et innovante que sont devenus les Procédés Chénel International, et ce depuis 1896 s’il vous plaît ! Sophie, arrière-petite-fille du fondateur Gilles Ranno, est aujourd’hui à la tête de cette société spécialisée dans la conception de techniques d’aménagement d’espaces. Consacrés aux expositions et manifestations en France et à l’étranger, les Procédés Chénel travaillent tout d’abord le bois et se développent largement jusqu’en 1991 grâce aux deux premières générations. C’est après des études en architecture que Guy Chénel, le père de Sophie, reprend l’entreprise en 1963. Avec plus de 50 brevets à son actif, Guy fait croître l’entreprise.
Aujourd’hui, Sophie a repris le flambeau et n’a de cesse de développer différents papiers non feu que l’entreprise a créés. Papier, carton et autres textiles classés non feu M1 sont transformés, pliés, gaufrés, collés en nids-d’abeille ou encore perforés, avant d’habiller murs, éléments lumineux et plafonds de lieux dédiés à l’évènementiel. Nombreux sont les clients qui en redemandent. Pour les collections 2021, Channel a fait appel à Chénel pour habiller ses vitrines à l’international. Pour Sophie, la transmission est fondée sur le lien affectif entre une entreprise et son dirigeant. Ce lien a été tissé avec le temps, mais aussi avec le cœur parce qu’elle a su apporter de l’âme à sa maison.
Chez Coédition : de père en fils
Lorsqu’un père et son fils décident de travailler à quatre mains pour créer une maison d’édition à leur image, en accolant les plus belles signatures à leur nouvelle marque, cela donne une entité basée sur la transmission et la passion du beau. Trente-cinq ans après avoir fondé Artelano, maison d’édition mythique aux inspirations italiennes, Samuel Coriat s’associe à son fils Charles, étudiant à l’époque, pour en fonder une nouvelle au nom évocateur de Coedition. Pour cela, ils font appel à des designers qui cochent toutes les cases de leur cahier des charges. Avant tout exigeant, le binôme tend vers une concordance et de la créativité dans les différentes collaborations mises en place. Construire des collections cohérentes, tout en préservant la différence de chaque personnalité est fondamental pour Coedition.
Quatre créateurs historiques de la maison Artelano, Patricia Urquiola, Marco Anusso Jr., Shin Azumi et Olivier Gagnère, entrent dans la danse, rapidement rejoins par d’autres designers non moins talentueux. Les produits de Patrick Jouin, Sebastian Herkner ou encore de A+A Cooren, pour n’en citer que quelques-uns, viennent étoffer les propositions de Coedition au fur et à mesure. Pièce iconique de la maison, le fauteuil Altay de Patricia Urquiola a tant de succès qu’il est décliné dans une même collection.
Editions du Coté : l’identité en héritage
Couple à la ville comme dans leur maison d’édition lancée en 2017, Elodie Maentler-Ducoté et Marc-Alexandre Ducoté ont choisi le Pays Basque dont ils ne sont pas originaires pour s’y implanter il y a quinze ans. Éditions du Coté propose du mobilier et des œuvres d’art à la fois minimalistes et atemporels. Les pièces sont faites de concert entre l’artiste, l’artisan et l’éditeur toujours en circuit court. C’est de cette manière que l’équilibre des trois premières collections s’est fait très naturellement. Éditions du Coté a su s’entourer d’artistes de tous horizons : sculpteur, designer, musicien, voire danseur collaborent aux projets de la marque. Tout est produit entre le pays basque et l’Aquitaine, dans un rayon de 20 km pour la plupart des pièces, en édition limitée, sur-mesure ou à la demande dans le but de mettre en lumière le savoir-faire des artisans régionaux.
Au-delà de cette valorisation, leur but est de développer ces expertises existantes, en poussant la réflexion vers de nouvelles techniques notamment. Une thématique est définie par collection, souvent inspirée par l’environnement. Artzain, leur première collection, fait écho au berger basque, Ondulations est une évocation au littoral et Perspectives rend hommage aux aspects culturels présents et à venir. Si la philosophie de la maison est la singularité, elle symbolise aussi la gratitude qu’ont Elodie et Marc-Alexandre envers une terre qui a su les accueillir à bras ouverts.
Après avoir lancé avec succès l’Atelier Jespers, le galeriste Jean-François Declercq propose un lieu inédit la Bocca della Verità entre design et architecture.
Bruxelles offre sans cesse des découvertes à qui sait flâner, révélant ainsi l’histoire de son architecture singulière, de l’art nouveau et du modernisme. La capitale belge est le territoire de prédilection de Jean-François Declercq, à l’affut de nouveaux bâtiments empreints d’histoire à réhabiliter. Sa récente galerie La Bocca della Verità présente les œuvres de jeunes pousses du design dans le contexte particulier de bâtis historiques préservés. Derrière la Maison van Dijck classée, de Gustave Strauven, construite en 1900, se cache un bâtiment postmoderne, de 1989, édifiée par le jeune architecte Michel Poulain. Avec sa géométrie aux faux airs d’Ettore Sottsass, la façade de la Bocca della Verità s’inscrit dans une cour coiffée d’une lumineuse verrière. Dans une dynamique et une mouvance propres au travail de Jean-François Declercq, la galerie a pour ambition de soutenir les talents de la jeune création du design, avec trois expositions par an.
Le rez-de-chaussée et l’étage sont consacrés aux expositions collectives et individuelles. Le premier étage accueille la salle de projet du collectif Stand Van Zaken, qui invite un commissaire différent à chaque exposition et trois designers, artistes ou architectes. Le principe repose sur un concept de travail collectif visant à explorer des formes d’expressions émergentes, une référence au procédé initié par le « Cadavre exquis » des Surréalistes. Pour sa première édition, le collectif a choisi le jeune couple d’artiste et designer, Chloé Arrouy et Arnaud Eubelen, qui ont cogité ensemble autour de leurs univers personnels, composés d’assemblage de matériaux pour l’un et de reproduction d’objets pour l’autre.
L’exposition inaugurale montre également le travail de deux créateurs, plus confirmés. Le français, Thibault Huguet designer industriel de formation, explore les connexions entre les divers matériaux, et applique ses recherches à du mobilier épuré entre artisanat et technologie, comme la console en aluminium Plane, d’une simplicité déconcertante. Hélène del Marmol, quant à elle, est belge, expérimente la cire végétale, sous forme de grosses bougies totémiques, conçues dans une rigueur géométrique évoquant l’aspect subversif d’Ettore Sottsass et la poétique Constantin Brancusi. Pour un dialogue émotionnel avec les objets.
La Bocca della Verità, Boulevard Clovis 85 Clovislaan 1000 Brussels
Visite des expositions du 17.09.2021 au 17.12.2021
L’histoire de l’art retient d’Ettore Sottsass son anticonformisme et sa contribution majeur au mouvement Memphis. Artiste designer protéiforme, il était aussi poète, voire gourou. Depuis le 13 octobre le Centre Pompidou dévoile une autre facette de cet humaniste génial à travers « Ettore Sottsass, l’objet magique ».
Si l’exposition retrace les quarante premières années de la carrière d’Ettore Sottsass, elle a surtout vocation à présenter son œuvre sous un nouveau jour. De Memphis on ne retiendra ainsi que la dernière salle, comme une ode aux possibilités novatrices et déconcertantes offertes par la collaboration avec Abet Laminati.
Au gré du parcours, on retrouve un Sottsass enchanteur explorant tous les champs de la création avec une infinie liberté. Depuis ses débuts, on perçoit sa force créatrice qui s’assouvit dans autant de médiums – qu’il s’agisse du dessin, de la peinture, de la sculpture. Affranchit, il conçoit rapidement l’objet dans sa dimension symbolique faisant fi de sa fonctionnalité. Il dote ses créations d’énergies, composant une cosmogonie de formes, matières et couleurs comme autant d’éléments mystiques qui trouveront à s’incarner dans sa pratique de la céramique. Totémiques, les pièces monumentales présentées par Pontus Hulten en 1969 au Nationalmuseum de Stockholm sont une expérience spatiale à part entière comme autant de « montagnes impossibles à faire, à monter ou à déplacer » raconte Marie-Ange Brayer, empruntant les mots de Sottsass.
La culture anthropologique du designer transalpin est aussi largement mise à l’honneur. On le découvre à travers ses images filmées en Inde ou grâce à sa pratique compulsive de la photographie. Architectures vernaculaires, rites, sociétés de consommation, de l’Inde aux États Unis en passant par l’Égypte, rien n’échappe à son œil. En tout, ce sont près de 100 000 clichés, donnés à la Bibliothèque Kandinsky par Barbara Radice en 2013, qui composent ce paysage intime et délicieux offert à la vue du visiteur. Que dire de la nomenclature composée par Sottsass lui-même, si ce n’est qu’elle raisonne comme un doux poème et laisse entrevoir sa pratique quasi-ritualisée de l’archivage.
De l’exposition « Ettore Sottsass, l’objet magique », on ressort donc nécessairement envoûté par sa vision quasi-métaphysique des êtres et du monde, autant que des objets et des formes.
« Ettore Sottsass, l’objet magique », Paris, Centre Georges Pompidou, 13 octobre 2021-3 janvier 2022, Commissaire : Marie-Ange Brayer.
À chaque édition de « Genius Loci », c’est une expérience unique du lieu et du design que propose Marion Vignal, la curatrice de l’exposition à l’Ange Volant, à Garches. L’occasion de découvrir une vingtaine d’œuvres singulières dans l’unique maison en France imaginée par le génial architecte Gio Ponti.
Parmi les pavillons de cette banlieue paisible à l’ouest de Paris se niche un joyau de l’architecture, une maison signée de l’architecte italien de Gio Ponti. Construite en 1927, pour Tony Bouilhet, le propriétaire de la maison d’orfèvrerie et d’arts de la table Christofle, la villa l’Ange Volant, nous livre une lecture tout à fait personnelle de l’architecture. À première vue, une maison à échelle humaine, aux proportions justes et équilibrées de la façade, inspirée de l’architecture italienne palladienne et de ses jardins. Puis l’intérieur révèle le séjour à double hauteur d’une modernité stupéfiante qui est aussi un décor magistral, où le regard se perd un peu, tant il y a de beautés à voir. Si l’on s’arrête sur les courbes élégantes des fauteuils, les détails du plafond, le raffinement des teintes ou bien les poignées de porte, on constate que l’œuvre architecturale est totale ! Gio Ponti savait tout dessiner avec légèreté et théâtralité ! L’Ange Volant révèle aussi une ode à l’amour, puisque la villa a donné naissance au couple formé par Tony Bouilhet, le commanditaire du lieu, et par Carla Borletti, nièce de Gio Ponti, et ils s’y marièrent en 1928 un an après l’inauguration…
Genius Loci, l’esprit du lieu
Chaque édition de « Genius Loci « propose un programme dans un lieu privé, et offre à voir des œuvres d’artistes, de designers, d’architectes, dans une expérience immersive. « J’ai sélectionné les artistes intuitivement, afin qu’ils résonnent avec l’œuvre de Gio Ponti et, particulièrement, avec cette maison pour laquelle j’ai eu un coup de coeur », explique Marion Vignal, commissaire de l’exposition. On peut ainsi retrouver les sculptures de Nao Matsunaga dans le vestibule, le lampadaire de Michael Anastassiades, les tableaux miroirs de Maurizio Donzelli, ou encore la grande table en verre de la salle à manger de Studio KO, le banc en résine transparent de Studio Nucleo. On note ce choix judicieux du banc en pierre bleue de Hainaut, présenté sur la terrasse, des architectes belges Bas Smets et Éliane Le Roux, renvoyant à la passion de Ponti pour les ponts. La paire de fauteuils de trains de première classe en velours bleu du designer italien de1950 converse avec la table basse du salon en miroirs soudés et taillé comme un bloc de cristal, de l’artiste anglais Julian Mayor. L’une des commandes spéciales réalisées pour cet évènement.
À découvrir jusqu’au 24 octobre 2021, entrée libre sur réservation, toutes les informations sur www.geniusloci-experience.com
Le 2 octobre 2021 était inauguré à Dubaï, le Pavillon France, chargé de représenter le design, l’architecture et les savoir-faire français au cœur d’une Exposition Universelle de plus de 4 km2. Cette première exposition universelle à se construire dans la zone MEASA, (Moyen Orient, Afrique et Asie du Sud-Est) se tient sous le thème « Connecter les esprits, connecter le futur » aux Emirats Arabes Unis et le Vice-Président et Premier Ministre Sheikh Mohammed bin Rashid accueillait Jean-Yves Le Drian, Ministre des affaires étrangères et de l’Europe, pour visiter les espaces du pavillon français.
Sous une température « ressentie » de 48°, les délégations officielles se sont succédé pour se féliciter d’une construction en un temps record, de 180 pavillons qui devaient faire preuve comme à chaque fois de leur performance et diligence à construire, dont 13 ont eu recours au savoir-faire du groupe français Serge Ferrari pour couvrir leur structure. Le pavillon français, partenaire privilégié, avec une journée nationale offerte le premier jour de l’ouverture, déployait derrière un mur de 21 m de hauteur, avec 2500 m2 de tuiles solaires photovoltaïques en Alubon, 1160 m2 de jardins. Conçu par l’Atelier Perez Prado et Celnikier & Grabli Architectes, avec une mise en lumière de BOA Light Studio, et une structure , il hébergeait tous les savoir-faire français les plus pointus et les institutions les plus cotées : CNES, Engie, Orange, Alcatel Lucent, Schneider Electric, EDF, Kearney, Lacoste…
Expo universelle : des espaces meublés France au Pavillon français
Les espaces étaient meublés de fauteuils, canapés et causeuses de la collection « Hémicycle » de Philippe Nigro pour Ligne Roset et Le Mobilier national ; le salon Georges Sand déployait la collection « Elsa » des canapés Duvivier signée Guillaume Hinfray en association avec la Tannerie Remy Carriat pour les sangles couture. Dans les couloirs et en extérieur, les luminaires Sammode rythmaient l’espace. Lafuma Mobilier équipait la terrasse du Belvédère avec sa collection outdoor « Horizon » design Big-Game. Au rez-de-chaussée, la scénographie de la boutique et ses vitrines étaient assurée par le Studio 5.5 pour la RMNGP, et l’on pouvait y acheter indifféremment des T-shirt Lacoste, des posters géants à colorier OMY ou des Bijoux Brodés dessinés par Macon&Lesquoy réalisés à la main par des artisans spécialisés au Pakistan.
Erik Linquier, CEO de la COFREX, directeur du Pavillon France et Franck Riester, Ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’attractivité ont arpenté des espaces virtuels à la gloire de l’industrie, du design et de l’artisanat d’art français pour assurer que la France était au cœur des grands enjeux contemporains.
Cinq expositions temporaires doivent se succéder pendant les six mois de l’Exposition universelle : « Notre-Dame de Paris, l’expérience » par Histovery et L’Oréal, « Art de vivre à la française et modernité, un rêve à partager » par le groupe Chalhoub, la « Chambre de chromosaturation » par Carlos Cruz-Diez, « Le Pavillon du Grand Paris Express » par la société du Grand Paris et Dominique Perrault, ou « Jean-Paul Gaultier de A à Z », concurrencées par « Planète Art, La culture pour tous » avec Art Explora, un bateau musée conçu par Axel de Beaufort et Frédéric Jousset qui naviguera de port en port pour apporter la culture à ceux qui en sont le plus éloignés.
Expositions en catamaran
Les projections en 3D des œuvres des musées seront une expérience sans nulle autre comparaison pour les enfants qui pourront embarquer sur ce bateau de 250 à 300 tonnes, un catamaran à deux coques en aluminium qui s’autorise une capacité de 200 personnes au port, dans l’esprit du Tara, le bateau de Jean-Louis Etienne ou le bateau en fibre de jute recyclée de Corentin de Chatelperron élaboré en 2016 en partenariat avec le designer Joran Briand.
Partout, dans tous les pavillons, les questions sur le futur restent toujours les mêmes : s’il y a de l’eau sur Mars, y-a-t-il aussi des vagues ? Et chacun de déployer ses techniques et ses savoir-faire pour broder sur le sujet en 3D ou en naturel et théoriser sur l’autosuffisance énergétique de chaque pavillon. Montable et démontable, le pavillon France sera déconstruit à la fin d’Expo 2020 et reconstruit à Toulouse sur le site du CNES à côté d’Ariane, la célèbre fusée française qui achemine régulièrement dans l’espace les satellites qui permettent les connexions les plus extraordinaires. Et Expo 2020 qui s’est tenue avec seulement une année de retard est visible jusqu’au 31 mars 2022 à Dubai, avant que la prochaine ne se tienne à Osaka en 2025 au Japon.
Lauréat du concours Plateforme 10 (nouvel édifice à Lausanne qui abritera le MUDAC et le Musée de l’Elysée), Pierre Charpin a conçu avec Tectona un banc pour les salles d’exposition.
C’est dans le nouveau quartier des arts de Lausanne que le Musée du Design Contemporain et des Arts Appliqués (le MUDAC) et celui de l’Elysée, musée cantonal dédié à la photographie, prendront leur quartier à Plateforme 10. Ce bâtiment, autrefois halles de réparation pour locomotives, ouvrira ses portes au public en juin 2022.
En référence aux voies de chemin de fer qui longent Plateforme 10, Pierre Charpin a imaginé un meuble très simple mais avec une présence forte. « J’ai essayé de me raccrocher à l’histoire du bâtiment, et c’est comme cela qu’est venu l’idée de travailler avec des sections de bois assez massives qui rappellent celles des traverses de chemin de fer. » Si Pierre Charpin aime raccrocher les wagons, il aime aussi tisser une trame entre ses différentes vies.
Parrainé par l’éditeur Tectona avec lequel il collabore depuis longtemps, ce concours a retenu l’attention du designer par attachement pour la marque et pour la ville puisqu’il a enseigné à l’ECAL (Ecole Cantonale d’Art de Lausanne) durant plusieurs années.
Son banc, sans dossier, est composé de sections de chêne massif qui sont assemblées de manière à s’emboiter très simplement. Ce matériau naturel et local a été choisi en partie pour rappeler la volonté de faire de ce nouveau quartier un lieu où biodiversité, environnement et durabilité seront à l’honneur.
Depuis 2018, les équipes de Constance Guisset planchent sur la création d’un espace d’exposition dédié aux enfants à la Philharmonie. Ce lieu d’exploration du son et de la musique, qui a nécessité plus de 200 intervenants pour sa conception, vient d’être dévoilé.
La Philharmonie de Paris au logo si engageant, dessiné par l’agence BETC, vient d’ouvrir un espace réservé à l’éveil musical des enfants. Ce projet, en gestation depuis l’ouverture de la Philharmonie de Paris en 1995, a pour ambition de mettre « l’innovation technologique au service d’une éducation musicale d’un genre nouveau, affranchie d’une relation exclusive aux écrans » comme l’affirme Laurent Bayle, le Directeur général de la Philharmonie de Paris et Président de la Philharmonie des enfants.
Cette institution publique bénéficie d’une longue expérience en matière de pédagogie musicale et la place prépondérante du numérique à la Philharmonie était un atout supplémentaire pour initier un tel projet. Manquait l’espace dans ce gigantesque bâtiment signé Jean Nouvel. Thibaud de Camas, Directeur général adjoint, spécialiste dans l’offre des ateliers éducatifs, a eu la bonne idée de dégager un plateau de 1000m2 resté vacant pour imaginer un nouvel espace où les enfants de 4 à 10 ans pourraient s’initier seul à toutes les cultures musicales dans un univers poétique. Sous l’égide de Mathilde-Michel Lambert, l’actuelle directrice, les équipes se sont fédérées – artistes, musiciens, créateurs…- pour aboutir à un parcours d’une trentaine d’installations originales mises en espace par Constance Guisset. Ce projet ambitieux a pu voir le jour grâce au soutien du Ministère de la Culture, de Ville de Paris, de Région Ile de France, et de nombreux partenaires, parmi lesquels on reconnaîtra les revêtements de Tarkett.
La Philharmonie à hauteur d’enfants
L’aventure de la découverte des sons et de la musique est accessible à tous dans cet univers où chacun peut déambuler en capitalisant sur la sagacité et la capacité intuitive des enfants à s’approprier l’espace. Une mappemonde-cabane réalisée en collaboration avec l’artiste Brecht Evens permet de découvrir les expressions vocales du monde entier avec une localisation lumineuse au moment où les sons sont émis. Pierrick Sorin, BabX, Kaori Ito, Wladimir Anselme, Emmanuelle de Héricourt, Florent et Romain Bodart, Dom La Nena, Davide Sztanke… offrent chacun à leur manière un appel vers l’imaginaire. Sans aucun besoin de connaissance musicale préalable, tel que solfège ou rythmique, les enfants sont invités à « trouver leur place dans la beauté du monde ». La salle « Plein les oreilles » propose une appréhension organique du discours musical dans sa durée.
Ce processus créatif, lancé en 2018 suite à la victoire de l’équipe de Constance Guisset, a mis trois ans à se mettre en place. Un temps record quand on sait qu’il a fallu coordonner les efforts de 300 personnes pour aboutir à ce résultat exceptionnel où le choix du low-tech a été essentiel. L’installation Maestra, maestro ! qui aurait pu placer les enfants dans un jeu video a choisi de les installer eu sein d’un orchestre de son et de lumière. Ils s’y sentent chez eux.
Du 5 au 7 octobre, Workspace Expo se tiendra à la Porte de Versailles. Entre solutions proposées par les 275 marques exposantes et un programme de conférences pointues, le salon annuel du mobilier et de l’aménagement d’espace de travail place la question « facteur humain » au centre de cette édition 2021. Intramuros est partenaire de l’événement.
Le télétravail a-t-il changé la donne durablement ? Depuis quelque temps, les annonces se multiplient : certains groupes confirment une mise en place d’un télétravail « total » (à raison de deux à trois jours de présentiel par mois, cf Le Monde du 28 septembre) et réorganisent leurs sièges, des hôtels expérimentent la reconfiguration de chambres et suites en bureaux temporaires (cf Intramurosn°209 « Bureaux et hôtels : convergences post-covid »), les salariés sont de plus en plus nombreux à demander des raisons motivées de se rendre sur un lieu de travail, au regard de ce qu’ils peuvent exercer depuis leur domicile. Ils sollicitent moins de déplacements inutiles, plus d’efficacité et de confort psychologique, et sont désireux d’un meilleur accueil au bureau dans des espaces pensés pour encourager le lien, l’intelligence collective et la créativité. Partant de ces constats, le salon WorkSpace Expo a dégagé 7 tendances fortes des mutations de l’espace de travail, qui participent de ce confort essentiel au travail (cf Intramuros n°209 « le confort et la santé au travail »).
Les 7 tendances fortes présentées à Workspace Expo
1. Mieux s’entendre / des bruits atténués :
Le bruit et nuisances sonores sont la cause de fatigue et de stress, impactant la qualité de vie. Il est donc important d’aménager les espaces pour pouvoir s’entendre et se concentrer. De nombreuses solutions existent pour réduire les nuisances comme des cabines, mobilier avec cloisons, plafonniers, revêtements muraux, écouteurs et luminaires…
2. Mieux respirer / un air plus sain :
Les Français passent 7 à 8h par jour au bureau, l’air est un enjeu de santé publique, car celui-ci est pollué en raison notamment des produits de déco, des matériaux composant le mobilier, de l’air conditionné, machines…des solutions existent : des appareils d’analyse qui permettent de mesurer en continu le taux polluant.
3. Mieux voir / un éclairage adapté :
70% des bureaux ne disposent pas d’un éclairage permettant d’atteindre les 500 lux préconisés. La lumière joue un rôle essentiel dans notre équilibre. Des solutions existent : éclairage artificiel, variateurs d’intensité et de tonalité…
4. Mieux configurer / une technologie bienveillante :
Des solutions aux besoins des usagers pour répondre aux besoins et attentes des salariés.
5. Mieux innover / des espaces ludiques :
Favoriser la déconnexion et l’échange, le mobilier coloré, récréatif, des balançoires, des poufs géants, des tableaux écritoires…pour favoriser la créativité et l’expression individuelle.
6. Mieux s’adapter / un mobilier évolutif :
A l’ère du flex office, l’espace de travail doit se reconfigurer et se transformer vite. Il doit être léger, modulable, à roulettes…
7. Mieux s’évader / ré-humaniser :
Tout un espace dédié pour remettre au centre le bien-être émotionnel et ré-humaniser les échanges vs la surinformation et les RS.
Cette nouvelle édition 2021 de Workspace Expo se mobilise plus que jamais pour aider les professionnels à appréhender ces “nouveaux bureaux”. Véritable tremplin d’aide à la réflexion pour les professionnels confrontés à ces nouveaux enjeux, il leur donnera l’opportunité de rencontrer des experts et découvrir des solutions concrètes présentées sur les stands et de partager des réflexions et engagements au cours d’ateliers et de conférences (programme complet ici).
À noter, le mardi 5 octobre sera dévoilé le palmarès des Trophées de l’Innovation 2021.
WORKSPACE EXPO, du 5 au 7 octobre, Paris Porte de Versailles, Hall 7.2