Workspace Expo 2021 : Bilan avec Laurent Botton
Salon Workspace 2021

Workspace Expo 2021 : Bilan avec Laurent Botton

La dernière édition du salon Workspace a fermé ses portes le 7 octobre dernier. Laurent Botton, directeur de l’évènement, revient sur les temps forts de cette manifestation tenue dans le contexte encore incertain de l’après pandémie. Pour lui, cette édition est celle des retrouvailles et des questionnements. La prochaine sera celle des premières réponses.

Alors que l’on annonce régulièrement la fin des lieux de travail, que les salons dédiés à l’aménagement tertiaire ne paraissent guère plus vaillant que le secteur qu’ils représentent, est-il raisonnable de consacrer un salon à cet objet paradoxal: le bureau, dont le nom désigne à la fois meuble et lieu de travail ?

Laurent Botton : Le salon avait déjà une longue histoire lorsque nous l’avons racheté en 2006. Nous avons repositionné une manifestation dédiée aux services généraux en deux manifestations distinctes, la première, Bureaux Expo, consacrée à l’aménagement de bureaux, et la deuxième aux services d’entreprises. Bureaux Expo a été rebaptisée Workspace Expo afin d’être mieux identifiée par nos partenaires internationaux, en particulier européens. Il faut savoir qu’après l’Allemagne, la France est le deuxième marché d’Europe en termes d’aménagement des espaces de travail. Notre force, et ce qui explique que nous continuons d’exister et même de croître, c’est que nous recevons les donneurs d’ordre, qui, faute de temps, ne peuvent se rendre sur des évènements du secteur comme Orgatech ou le salon du meuble de Milan. De ce fait, nous attirons les fabricants étrangers, côté exposant, tandis que notre visitorat augmente en France et dans les pays francophones limitrophes — Belgique, Luxembourg, Suisse romande…

Êtes-vous satisfait de la fréquentation de l’édition 2021 ?

L. B. : Nous avons reçu un peu moins de visiteurs qu’en 2019, qui était notre année de référence, ce qui est plus qu’encourageant.

Avez-vous observé chez vos exposants l’apparition d’une offre différente, post-pandémie ?

L. B. : Nous connaissons tous les répercussions de cette crise inédite sur le monde du travail, avec la montée en puissance du télétravail, souhaité ou subi, et les problèmes qu’il a posé aux employés comme aux entreprises, qui ont fait un travail extraordinaire en termes de connexion informatique, et la sécurisation des liaisons qui l’accompagne — les ransomware auraient crû de 68 % ! Pour nos exposants, qui traitent de l’aménagement de tout l’univers du bureau plutôt que des questions purement informatiques, 2021 reste un salon de questionnement : quelles sont les dynamiques qui vont s’affirmer, comment va-t-on s’y adapter ? Nous connaîtrons les premières réponses et les premières esquisses de futures tendances dans les mois à venir.

Avez-vous été tenté par une conversion du salon au format numérique ?

L. B. : Nous nous sommes bien sûr intéressés aux salons digitaux, mais ce format ne nous a pas convaincus. Notre manifestation met en avant des produits liés à l’univers du bureau — mobilier, cloisons, tables, etc. Le numérique ne peut pas restituer le toucher d’un matériau, sa couleur, ni le confort d’une chaise ou d’un fauteuil. Et sur le plan de la sociabilité, j’ai été vraiment frappé par le plaisir qu’avaient les gens à se rencontrer après deux années de régime distanciel. Ces retrouvailles dégageaient une énergie très positive, entre les discussions, les échanges de points de vue, les sourires. L’édition 2021 de Workspace nous a convaincus de la pertinence du présentiel !

L’édition 2021 de Workspace Expo a fermé ses portes en octobre, l’exposition 2022 reviendra à son calendrier d’origine et ouvrira fin mai — début juin. Ne craignez-vous pas que cette proximité de dates empêche les fabricants de préparer des nouveautés ?

L. B. :  Nous avons presque 10 mois d’écart, quasiment une année sépare un salon de l’autre. Il faut également regarder cette temporalité dans son contexte. 2021 était un salon de questionnement, de confrontation d’idées, un salon dressant le bilan d’une période inédite. Les entreprises vont maintenant travailler d’arrache-pied pour intégrer ces retours et adapter leur offre à cette nouvelle donne, et je suis persuadé que l’édition 2021 apportera beaucoup de nouveautés dans les allées.

Au-delà des évolutions produits suscitées par la pandémie, avez-vous observé des tendances, des dispositifs ou des systèmes ?

L. B. : J’ai pu observer des équipements très colorés, aussi très adaptables, basés sur des systèmes démontables autorisant réassemblages et modifications au gré des besoins de l’entreprise. De mon point de vue, ces dispositifs sont intéressants, car ils correspondent à un monde où l’entreprise est de moins en moins figée. Une grande entreprise doit pouvoir se reconfigurer pour absorber la croissance ou la contraction des effectifs, survenant lorsqu’une société recrute, fusionne, change de périmètre d’intervention ou réorganise ses départements.

J’aimerais aussi mentionner les questions de made in France ou made in Europe, traduisant un souci d’écoresponsabilité. Ces questions vont au-delà de l’aménagement des espaces de travail, elles ont des répercussions sur les collaborateurs, les dirigeants d’entreprises. Il est probable qu’à l’avenir on croise dans nos allées de plus en plus de produits faisant appel au recyclage, soit le recyclage des composants d’un produit ou du produit tout entier.

Vous organisez un Prix de design, pensez-vous développer un prix mettant en lumière des produits ayant le moins d’impact sur l’environnement ?

L. B. : Nous sommes en train de réfléchir à la façon dont nous pourrions mettre en place non pas un label, ce qui dépasserait de beaucoup le domaine de compétences d’un salon, mais une manière de faire ressortir cette dimension coresponsable chez nos exposants. Imaginer un prix reste plus compliqué, car nos exposants interviennent dans tous les secteurs de l’aménagement bureau. Comment comparer les mérites environnementaux d’un revêtement de sol avec un logiciel ou des tables de travail ? Je pense là encore que nos partenaires mettront en lumière ces sujets durant les cycles de conférences organisées sur le prochain salon. Cette année, les débats avaient pour sujet principal le Post-Covid, je pense qu’ils aborderont à l’avenir les différents aspects de la question environnementale.

Rédigé par 
Olivier Namias

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Créer des objets lumineux à partir d’objets d’atmosphère, d’était un peu l’idée directrice de « Néophore ». Un projet carte blanche mené par Lionel Dinis Salazar et Jonathan Omar qui forment Döppel Studio depuis 2016. « On a fait beaucoup de collaborations avec des marques et on voulait repasser sur de la pièce unique avec une galerie. On a très vite pensé à Tools pour son esprit avant-gardiste et les prises de risques qu’elle avait pu prendre sur certaines collections. Nous avons rencontré le directeur Loïc Bigot il y a un an et demi avec qui il y a eu un réel échange d’idées tout au long du projet » raconte le duo.

Un symbole : l’amphore

L’idée de partir de la symbolique de l’amphore, ce vase antique le plus souvent utilisé comme contenant, est venu assez instinctivement. Le duo avait en effet eu l’occasion de travailler sur le thème de l’amphore lors de sa participation au concours de la Villa Noailles en 2016. Pour cette exposition, l’objectif de cette collection était cette fois-ci de lui faire prendre une toute autre fonction. « On a voulu retravailler la valeur d’usage de l’amphore en lui retirant cette faculté de contenant pour apporter de l’immatériel avec la lumière. On a confronté l’artefact de ce vase avec un objet plus technique, qui est ici le néon flex. » Pour réaliser les pièces, le duo s’est accompagné de la céramiste tourneuse Aliénor Martineau de l’atelier Alma Mater, situé à la Rochelle. Une première pour le duo, qui a dû sortir de l’aspect industriel pour se tourner vers l’artisanat et accepter l’aléatoire. Toutes les pièces sont par ailleurs recouvertes d’un émail avec nucléation, dont la composition permet d'obtenir des effets complexes qui laissent une part d’imprévu et rendent ainsi chaque pièce unique.

Exposition "Néophore" par Döppel Studio à la Tools Galerie © Ophélie Maurus

3 dessins, 12 possibilités

L’exposition « Néophore » présente ainsi douze pièces, sur une base de trois dessins qui ont ensuite été déclinés en fonction du passage du néon dans le vase. « On a volontairement pensé à des formes simples et archétypales, car on savait que la complexité, on l’amènerait avec le tressage et le néon. » Une technique minutieuse, puisque chaque vase est entouré ou enroulé de 2 à 3 mètres de néon, tressés par le duo lui-même. Une exposition qui ne manquera pas de retenir l’attention, à l’heure où les journées se raccourcissent et la lumière naturelle se fait de plus en plus rare…

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Sur le stand D18 du salon, la marque française Meljac, spécialisée dans la conception d’interrupteurs haut de gamme présentera une large gamme d’interrupteurs, prises de courant, liseuses. En effet, les visiteurs pourront découvrir les diverses gammes standards mais également quelques exemples de réalisations sur-mesure, qui sont un des incontestables atout de la marque.

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Le designer Edgar Jayet propose Unheimlichkeit, une nouvelle collection plus complète que ses précédentes et pensée comme un hommage au siècle des Lumières.

Voici une collection aux origines aussi diverses qu'à l'inspiration hors du temps. Hommage aux métiers d'art du XVIIIe siècle ainsi qu'au tissage vénitien, Unheimlichkeit est une collection contemporaine construite sur l'héritage du passé. Une dualité porteuse d'un concept et « d'un supplément d'âme » évoqué dans le nom même de la collection : Unheimlichkeit. Un mot concept inventé par Freud et traduit il y a plus de trois siècles par la reine Marie Bonaparte comme une « inquiétante étrangeté ». Une évocation aussi floue que intrigante réhabilitée par le designer, Edgar Jayet, dans cet ensemble de sept modules.

©Stéphane Ruchaud

Une association de techniques et de connaissances

Derrière son nom allemand, Unheimlichkeit est le fruit d'une rencontre transalpine. Inspiré par l'Hôtel Nissim de Camondo et sa vaste collection de pièces du XVIIIe siècle, Edgar Jayet avait depuis quelque temps l'idée de conjuguer son goût pour le mobilier d'antan et la création contemporaine. Une envie « de prolonger l'histoire » concrétisée en 2022 lorsqu'il rencontre à Venise où il séjourne fréquemment, la designer textile Chiarastella Cattana. Débute alors une collaboration faite de savoir-faire croisés où le travail de l'ébénisterie historique rencontre celui du tissage. Un projet nouveau pour le designer qui mêle ainsi « la structure d'un meuble typiquement français du XVIIIe siècle réalisée avec des pièces en fuseau (modules de forme pyramidale) reliées entre elles par des dès d'assemblages (petits cubes situés aux intersections du meuble), et un travail de passementerie issu d'un tissage italien originellement utilisé pour les lits de camp et nommé branda. » Une association esthétique mais également technique. « Avec la réutilisation de cette structure constituée de modules développés au XVIIIe siècle, nous pouvons facilement ajuster nos pièces en fonction des besoins de nos clients. » Un atout renforcé par l'absence de contrainte structurelle de l'assise, uniquement maintenue par deux cordons de passementerie. Une finesse grâce à laquelle « la toile semble flotter sur le cadre comme par magie, dégageant ainsi cette notion d'inquiétante étrangeté » résume le créateur.

©Stéphane Ruchaud

Travailler le présent pour ne pas oublier le passé

« Concevoir des collections contemporaines en y incorporant les techniques du passé est presque un exercice de style auquel je m'astreins pour faire perdurer ces savoir-faire, explique Edgar Jayet. C'est la raison pour laquelle on retrouve la passementerie dans plusieurs de mes créations. » Convaincu par l'importance de rassembler les époques, le designer précise avant tout travailler l'épure de chaque projet. « Unheimlichkeit montre qu'il est possible de faire du contemporain avec les techniques anciennes. Mais cela passe par la nécessaire obligation de faire fit de l'ornementation car c'est elle qui vieillit dans un projet, pas la structure. Ce décor servait autrefois à transmettre des messages ou des idées. Au XIXe siècle son utilisation surabondante et en toute direction menant à l'éclectisme signe véritablement sa fin et conduit progressivement vers le XXe siècle et sa maxime : form follows function. » Une lignée dans laquelle le designer s'inscrit. « A l'agence, nous essayons de récupérer l'essence même du mobilier en le dégageant au maximum de l'ornementation contextuelle et souvent anachronique. De cette façon, nous pouvons restituer des pièces de notre temps, mais semblant malgré tout flotter entre les époques. » Une démarche engagée dans les dernières collections d'Edgar Jayet où se retrouvent des typologies de meubles aujourd'hui disparues. On note par exemple le paravent d'un mètre de haut présenté à la galerie Sofia Zevi à Milan en 2023, mais également le siège d'angle. « Finalement, je crois que la permanence du style passe par le travail de la main. C'est elle qui apporte le supplément d'âme, le Unheimlichkeit théorisé par Freud, mais c'est également par son biais que les techniques refont vivre les époques passées » conclut-il.

©Stéphane Ruchaud
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