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L’exposition “Home Stories : 100 ans, 20 intérieurs visionnaires” est prolongée jusqu’au 28 février 2021 au Vitra Design Museum. Fermée temporairement lors de la crise de coronavirus, elle illustre les évolutions sociales, sociétales et politiques de l’intérieur moderne.
Un intérieur est le reflet d’un style de vie, d’un quotidien et d’une époque. Avec “Home Stories : 100 ans, 20 intérieurs visionnaires”, le fabricant suisse de mobilier Vitra présente l’évolution de l’intérieur moderne et invite à réfléchir sur les perspectives d’avenir – qui revêtent une dimension d’actualité nouvelle avec la crise de coronavirus. Les dessins d’architectes comme Adolf Loos, d’architectes d’intérieur comme Elsie de Wolfe ou d’artistes comme Andy Warhol illustrent les bouleversements historiques qu’a connu l’intérieur depuis le début du XXe siècle – les plans d’étage ouverts dans les années 1920, l’apparition de l’électroménager moderne dans les années 1950 et la découverte du loft dans les années 1970.
Espace, Economie et Atmosphère : 2000 – Aujourd’hui

Les premiers intérieurs de l’exposition reflètent la radicalité des changements actuels observés dans les intérieurs privés. En effet, la hausse des prix de l’immobilier et la pénurie d’espace de vie abordable qui en résulte favorise la conception de micrologements et leurs meubles convertibles. On peut le voir notamment à travers « Yojigen Poketto » (qui se traduit par « poche 4D »), un appartement conçu par le studio d’architecture Elii à Madrid (2017).
Dans le même temps, les projets de reconversion, comme « Antivilla » d’Arno Brandlhuber près de Berlin (2014) – qui utilise du textile comme des cloisons mobiles – offrent des stratégies pour optimiser efficacement l’espace et présentent une nouvelle définition du confort et du luxe, basée sur la simplicité et le langage des matériaux.
La pertinence de l’économie du partage, qui se reflète dans la décoration intérieure, est elle illustrée par le projet « Granby Four Streets Community Housing » à Liverpool (2013 – 17), initié par le collectif multidisciplinaire Assemble. En étroite collaboration avec les habitants potentiels, Assemble a sauvé une terrasse d’une maison victorienne de la déchéance urbaine, a redessiné les intérieurs pour les besoins contemporains, et a aidé à mettre en place un atelier qui réutilise des matériaux de construction pour créer l’ameublement des nouveaux espaces.
Aujourd’hui, les plateformes Internet comme Airbnb, Instragram et Pinterest alimentent la perception d’un intérieur comme marchandise, qui peut être affichée et capitalisée à tout moment. Toutefois, l’imagerie et les stratégies d’affichage dans de nombreux intérieurs privés remontent à la période prémoderne ou même des traditions d’habitation vernaculaires. On peut le voir dans un diaporama de Jasper Morrison exclusivement commandée pour l’exposition, qui explore comment l’agencement des objets affecte fondamentalement le caractère et l’atmosphère d’un espace privé.
Repenser l’intérieur : 1960 – 1980

La deuxième partie de l’exposition se penche sur les changements radicaux de la décoration intérieure des années 1960 à 1980. Avec la diffusion du postmodernisme, les concepteurs, et particulièrement le groupe de design Memphis, commencent à réfléchir à la signification symbolique de l’ameublement, des motifs et des décorations.
Collectionneur passionné des créations de Memphis, le créateur de mode Karl Lagerfeld fait de son appartement à Monte-Carlo une salle d’exposition postmoderne au début des années 1980.
Au cours des deux décennies précédentes, les bouleversements sociaux se sont répercutés sur l’intérieur des maisons. En collaboration avec le philosophe Paul Virilio, l’architecte Claude Parent introduit le concept de « l’oblique » pour contrer les espaces neutres et cubiques qui prévalent à l’époque. Parent meuble son propre appartement à Neuilly-sur-Seine avec des plans inclinés qui peuvent servir indifféremment de siège, de salle à manger ou de lieu de travail, ou encore de lit de jour.
La New York Silver Factory d’Andy Warhol (1964-1967) est un exemple parfait des premiers loft, devenant un symbole presque mythique de l’atelier de l’artiste en tant que combinaison de l’espace de vie et de travail.
Au même moment, le fabricant de meubles et l’entreprise de vente au détail IKEA est sur le point de révolutionner l’industrie avec son programme visant à fournir des meubles modernes aux masses. L’ascension d’IKEA au rang de plus grand fabricant et détaillant de meubles au monde a contribué au changement perception des meubles – d’un objet qui se transmet de génération en génération, il devient un produit de consommation éphémère, jetable et rapidement dépassé.
Les années 1960 et 1970 présentent des idées radicales de décoration intérieure. Le “Paysage de fantaisie » de Verner Panton (1970) était composé d’éléments rembourrés de différentes couleurs qui formaient un tunnel en forme de grotte. Cette installation est reconstituée, le temps de l’exposition, dans la caserne de pompier de Zaha Hadid attenant au musée. Devant le musée, la micromaison “Hexacube” de George Candilis (1971) montre comment la préfabrication, la modularité et la mobilité ont façonné les notions de domesticité.
Nature et technologie : 1940 – 1960

Une autre époque décisive dans la formation de l’intérieur moderne a été celle de l’après-guerre. Cette période est marquée par l’entrée du style moderne, développée avant la Seconde Guerre mondiale, dans les intérieurs du monde occidental. Pendant la guerre froide, la concurrence politique entre l’Est et l’Ouest se cristallise autour de la question du niveau de vie, avec pour point culminant le fameux « débat sur la cuisine » entre Richard Nixon et Nikita Khrouchtchev qui a eu lieu dans une maison préfabriquée américaine exposée à Moscou en 1959.
Avant cela, le milieu du XXe siècle a vu le langage de l’intérieur moderne se raffiner. La « Maison du futur » conçue par Peter et Alison Smithson pour l’exposition Ideal Home à Londres en 1956 embrasse les méthodes de préfabrication et l’automatisation des ménages, y compris les derniers appareils de cuisine et le bain autonettoyant. Beaucoup plus sceptique à l’égard des progrès technologiques et du design fonctionnaliste, Jacques Tati, dans son film « Mon Oncle » (1958), met en scène la Villa Arpel comme une maison aseptisée avec un esprit propre, dominant ses habitants.
En combinant des formes et des matériaux modernes avec un sentiment de « chez soi », les intérieurs scandinaves deviennent de plus en plus influents, comme en témoigne la résidence privée de l’architecte Finn Juhl (1942). Il a utilisé sa propre maison, à Ordrup au Danemark, comme intérieur test : les meubles sont conçus pour explorer la façon dont ils peuvent s’intégrer dans un intérieur.
De plus, « vivre avec la nature » et les « frontières fluides » entre l’intérieur et l’extérieur deviennent des sujets clés pour les architectes comme Lina Bo Bardi et sa Casa de Vidro à São Paolo, au Brésil (1950/51). Bernard Rudofsky, un autre architecte qui envisage la relation entre l’habitation privée et son environnement naturel, s’inspire des traditions de construction vernaculaires pour promouvoir les maisons avec des pièces extérieures. Avec l’artiste Costantino Nivola, il crée un espace de vie extérieur appelé « Nivola House Garden » à Long Island, New York (1950).
La naissance de l’intérieur moderne : 1920 – 1940

Les années 1920 et 1930 voient l’émergence de plusieurs concepts clés d’espace et de décoration d’intérieur qui prédominent encore aujourd’hui. Dans ces premières années de la conception moderne, pourtant si différent de celui d’aujourd’hui, l’intérieur privé est au centre du débat architectural. C’est illustré à très grande échelle par le programme de logements sociaux « Das Neue Frankfurt » (1925-30). Dirigé par l’architecte Ernst May, il comprend la cuisine de Francfort de Margarete Schütte Lihotzky (1926), mais aussi des meubles abordables conçus par Ferdinand Kramer et Adolf Schuster.
Alors que May poursuit un programme social fort, d’autres architectes réinventent la répartition et la polyvalence de l’espace domestique. Dans sa villa Tugendhat à Brno, en République tchèque (1928-30), Ludwig Mies van der Rohe crée l’une des premières maisons basées sur un concept d’espace ouvert, avec des espaces fluides dans lesquels des meubles et des textiles soigneusement placés créent des îlots pour différents usages.
Adolf Loos défend plutôt le « Raumplan », un concept d’aménagement du territoire qui ne pouvait être compris en deux dimensions en raison de sa complexité tridimensionnelle. Sa villa Müller à Prague (1929-30) présente une séquence soigneusement chorégraphiée d’espaces à différents niveaux et de différentes hauteurs, qui dépassent la notion standard de plancher à un seul plan. Son compatriote autrichien, architecte et designer Josef Frank introduit le concept d’ »accident », selon lequel les intérieurs se développent organiquement au fil du temps et semblent composés par hasard.
Contrairement à ces positions modernistes, certains de leurs contemporains adoptent l’ornementation comme moyens d’expression. Elsie de Wolfe, qui a publié son livre « The House in Good Taste » en 1913, est souvent considérée comme l’une des premières décoratrices d’intérieur professionnelles. De Wolfe préconise l’aménagement intérieur comme une représentation de l’identité de la personne qui y vit. Cela est également vrai pour les intérieurs créés par le photographe et architecte d’intérieur Cecil Beaton qui utilise son cadre domestique comme un moyen de l’expression de soi. Pour sa « Maison Ashcombe » (1930 – 45), il s’est inspiré des arts, du théâtre, et même le cirque.

Tout au long du XXe siècle, le débat sur l’aménagement intérieur a évolué entre les concepts opposés de la normalisation, du fonctionnalisme et de la réduction formelle d’une part, et de l’individualisation et de l’ornementation d’autre part, qui continuent tous deux à façonner nos foyers en ce sens jour. L’exposition « Home Stories » revisite certains des moments décisifs de cette évolution et pose la question pour aujourd’hui : comment voulons-nous vivre ?
« Home Stories : 100 ans, 20 intérieurs visionnaires »
8 février 2020 – 28 février 2021
Vitra Design Museum
Charles-Eames-Str. 2
79576 Weil am Rhein
Allemagne

Pour son édition 2020, la Milan Design Week prend une forme digitale avec une programmation inédite du 15 au 21 juin. L’Institut français y programme «Design, à présent», une exploration dans le design français à travers différents enjeux provoqués ou amplifiés par la crise écologique.
Malte Martin fait partie des designers sollicités pour une série d’entretiens sur le rôle que le design peut avoir pour faire face aux défis écologiques et sociétaux.

Jusque mi-juillet, La Grande Epicerie expose le nouveau concept de packaging des champagnes Ruinart : une seconde peau en fibre de cellulose, recyclage, qui va remplacer les coffrets traditionnels.
Cet automne, Ruinart prend un engagement fort en faveur du développement durable : la prestigieuse maison de champagne arrête les coffrets unitaires au profit d’une enveloppe 100 % papier, 100 % recyclable, 9 fois plus légère et qui permet de réduire de 60 % les GES par rapport aux coffrets.

Imaginée par l’agence CHIC et les équipes internes, la forme de cet étui qui semble s’enrouler autour de la bouteille rappelle le positionnement d’une serviette de table, tout en rendant également un hommage aux Crayères. Mais c’est la texture qui surprend : proche du papier à dessin dans son aspect visuel, au toucher, elle s’avère très douce et souple, et surtout très fine, tout en étant légèrement texturée. Or, elle préserve parfaitement le champagne de la lumière, peut tout à fait être plongée dans un seau à glace sans s’effriter.
Une pâte à papier augmentée
Pour la concevoir, les équipes de création ont travaillé autour de la la fibre de cellulose avec un papetier anglais James Cropper, de Lake district, qui vient de fêter les 175 ans de la manufacture, et qui intervient principalement dans le secteur du luxe, et le fabricant Pusterla 1880. Il aura fallu deux ans de recherche et l’étude de 7 prototypes pour aboutir à cette coque en tenant compte des défis techniques suivants :
– rendre l’étui imperméable à la lumière (qui peut altérer le vin notamment pour les flacons en verre clair). La fête à papier a ainsi été enrichie d’un oxyde métallique naturel qui renforce l’opacité.
– protéger le vin jusqu’à la dégustation : l’étui est adapté à une conservation longue au réfrigérateur, et résistant à la glace
Cette recherche est le prolongement d’une première étape avec un coffret revisité en 2015 pour être plus léger (et donc économiser le papier). L’étui seconde peau est une nouvelle étape dans une politique de développement durable, qui verra à terme la disparition totale des coffrets.



Jeudi 11 juin, un communiqué de Maison & Objet annonçait l’annulation de l’édition de septembre. Lundi 15 juin, en conférence de presse virtuelle, Philippe Brocart, directeur général du salon, revenait sur les dispositions prises pour assurer un rendez-vous d’une autre forme, à travers un partenariat renforcé sur la Paris Design Week et la tenue d’une Digital Fair en s’appuyant sur la plateforme en ligne MOM.
En donnant de premières annonces sur le contenu, les organisateurs avaient mis en garde, en mai dernier : plusieurs incertitudes restaient encore à lever d’ici la tenue du salon, prévue du 4 au 8 septembre. Le verdict a été donné ce 11 juin, et finalement, la session de Maison & Objet ne se tiendra pas physiquement à Paris Nord Villepinte, mais sera remplacée par un« salon numérique » étalé sur deux semaines, en s’appuyant notamment sur sa plateforme en ligne MOM.
« Malgré des signes encourageants liés à l’évolution positive de la pandémie, nous considérons qu’il y a encore beaucoup trop d’incertitudes concernant les conditions de déplacement des exposants et des visiteurs internationaux. Par ailleurs, le manque de clarification concernant les autorisations de tenue de grands événements, au début du mois de septembre, a fortement pesé dans notre décision de ne pas tenir l’édition de septembre du salon Maison & Objet, alors même que 80 % des surfaces étaient encore réservées en avril 2020 », c’est ainsi que Philippe Brocart, directeur général de Maison & Objet, explique que la session de septembre 2020 du salon ne pourra pas se tenir sous son format traditionnel, à savoir une organisation physique au sein des halls du parc deParis Nord Villepintes. Les exposants qui avaient confirmé leur venue ont la possibilité de reporter leur présence en 2021 ou de se voir remboursés de 85 % des versements engagés.
Pour pallier cette annulation sera proposée une « Digital Fair », du 4 au 18 septembre, en s’appuyant notamment sur la plateforme en ligne MOM (Maison & Objet and More) lancée en 2016. « Nos équipes sont mobilisées, depuis plusieurs semaines, pour imaginer toutes les solutions permettant aux marques de présenter leurs nouvelles collections, et poursuivre leurs échanges avec les acheteurs et les prescripteur » précisePhilippe Brocart. Cette opération s’appuiera sur les 180 000 abonnés de MOM, sans compter les visiteurs spontanés. Tous les exposants auront a minima la possibilité de présenter un showroom et 5 produits. Un programme de conférences virtuelles sera maintenu, dans la lignée des Summer Class, e-conferences qui débutent ce jeudi 18 juin et tout l’été autour des thématiques Work, Retail, Tendances et Innovations, propres à Maison & Objet.
Par ailleurs, la tenue de la Paris Design Week ayant elle été confirmée, les synergies seront développés avec cette manifestation, qui devrait prendre une ampleur particulière cette année pour accompagner la reprise d’activité des professionnels de la déco, du design et des métiers d’art. Elle sera aussi l’un des événements clés de la nouvelle manifestation France Design Week qui avait été l’une des préconisations portées par les Assises du design en décembre dernier.
Enfin, prévu en septembre, Franklin Azzi restera l’invité phare de l’édition de janvier 2021, ainsi que la programmation associée.

Ancien étudiant de l’ENSCI, le designer Bazil de Pourtalès exerce aujourd’hui en freelance, après avoir forgé ses armes en agence sur des missions de conseils et d’innovations pour les entreprises. Ce qui l’anime ? Formaliser des projets où le design est un vecteur stratégique. Il revient sur cette expérience littéralement extraordinaire du confinement lié à la crise sanitaire, l’occasion de réfléchir au sens de nos interactions, de notre consommation. Et plus largement, à notre façon d’habiter le monde.
« Tous confinés ! Qui l’eut cru ? C’est un choc, une stupéfaction, quelque chose que nous n’avions jusque là qu’imaginé. Mais qu’en est-il quand l’imaginaire devient réalité ?
Un virus passe d’un animal à un être humain sur un marché d’animaux sauvages en Chine et nous nous retrouvons très rapidement confinés en raison d’une pandémie mondiale. Peu de pays font exception, des milliards de personnes, dans les deux hémisphères, ont vu leurs vies transformées, en l’espace de quelques jours. Cette situation inattendue reflète la réalité complexe de notre monde, les liens qui existent entre chacun, chaque chose.
Pour la première fois depuis très longtemps, nous sommes conscients de tous partager le même monde. Ce qui est habituellement dilué dans le flot bouillonnant de nos modes d’existences est manifestement révélé et ce qui se produit de l’autre coté de la terre a un effet immédiat sur l’ensemble de ce qui s’y accomplit. Les volontés d’en expliquer l’origine mettent en évidence un rapport de cause à effet, qui constitue la règle et dont rien ne semble faire exception.
La crise est globale. Nous avons dû affronter ce nouveau virus en transformant nos façons de vivre et de travailler, en prenant des précautions inédites et souvent lourdes lorsque nous étions sur le terrain et en nous confinant chez nous le reste du temps. Nos vies, notre rapport au monde extérieur, aux autres, à ce qui était le plus anodin, a été métamorphosé. Depuis nos habitacles nous avons dû réinventer nos vies, en important de l’extérieur ce qui constituait notre quotidienneté. Le périmètre réduit de notre confinement est devenu la scène de nos façons de vivre.
Ce nouveau contexte a fait évoluer notre rapport à ce qui constitue notre environnement, en bouleversant les usages, révisant les priorités et en requalifiant ce qui est important pour chacun. Cette distanciation physique nous a imposé un recul, au propre comme au figuré, sur la nécessité, sur ce que nous produisons et sur la manière dont nous habitons.
La nécessité
On peut se poser la question de savoir à partir de quelle nécessité sont produit les objets dont nous nous entourons. De l’outil manuel à l’objet symbolique dans la réalisation d’un rite, ils sont la conséquence de notre rapport au monde, une alchimie complexe entre des besoins et une interprétation de notre réalité. S’il existe un point commun aux productions humaines, il réside dans le fait que l’Homme lui-même à la capacité d’y déposer ou d’y dévoiler un sens. C’est le propre de l’objet produit par l’homme de ne se révéler que par le don d’une conscience humaine. Comme un miroir il nous renvoie à ce qui fait notre humanité.
Notre rapport au monde passe à la fois par l’esprit et par le cœur, par la raison et par l’émotion. Nous expérimentons notre réalité par nos sens et interprétons nos perceptions à l’aune de notre vécu, de notre mémoire. Cette dimension expérientielle rend l’objet présent à notre corps, à notre intelligence et à nos émotions. L’expérience du monde culmine dans le sentiment sans pouvoir se passer de la cognition, elle se situe à l’interférence des deux.
La création se trouve à cette interférence.
Plus largement, elle se trouve à la croisée des disciplines, en révélant des complémentarités dans ce qui ne semble sans adhérence. Elle est l’art de faire fonctionner ensemble des choses qui ne semblent de prime abord pas destinées à l’être. Depuis nos confinements la question de la nécessité, à l’origine de la création, s’est imposée à nous.
L’évolution soudaine du contexte nous a obligés à nous réinventer un monde en le rendant en adéquation avec nos besoins. La transformation brutale et quasi universelle, a mis en évidence l’adaptation continue dont nous devons nous accommoder.
C’est ce que nous avons fait, en soutenant les soignants, en réhabilitant nos foyers pour les usages du confinement, en inventant et fabriquant des masques, en nous recréant un semblant de nature, en réaménageant un espace de jeu pour nos enfants ou un bureau pour nous permettre de continuer de travailler, en nous entourant ce qui nous a été vital pour vivre confinés…
Face à la situation, nous avons utilisé nos ressources pour tisser des liens, entre les choses, entre les êtres, entre l’intérieur et l’extérieur.
La question du lien apparaît essentielle, car elle est à la fois processus et finalité. Fugace dans un monde qui change et évolue, qui pour être maintenu demandera d’être tissé une nouvelle fois, à chaque fois qu’il ne sera plus évident. Maintenir le lien c’est le garder présent à notre conscience en lui donnant une réalité dans nos actions quotidiennes. Or n’est-ce pas ce que traduit l’action de « faire » ? La nécessité, n’est-elle pas un besoin permanent de tisser des liens entre les choses pour nous rappeler ce qui possible dans notre quête d’exploration et d’explication de notre réalité ?
Ce que nous produisons
À l’instar d’un tissu dont la chaîne et de la trame ne sauraient se passer l’un de l’autre, le fond et la forme sont liés inextricablement. En assumant cette conception, nous pouvons nous demander dans quelle mesure il existe une symétrie au au sein de l’ouvrage que constituent fond et forme. En fonction du point de vue il y a soit le cheminement du créateur qui d’après une intention fait jaillir la forme, soit le cheminement inverse de celui qui s’en empare et qui par la forme accède au fond qui l’établit. La forme existe dans la totalité parce ce quelle existe à la fois par l’action du créateur et dans les yeux de celui qui l’emploie.
Éprouver la portée de ce que nous produisons revient à contempler une étendue d’eau. En se penchant sur elle, notre oeil peut au choix se poser à sa surface ou bien passer au travers et voir ce qu’elle contient. C’est dans ce sens que le pouvoir d’évocation des formes parait crucial. Car la forme à la fois polarise et ordonne le fond et est la clef pour y accéder.
C’est ainsi que la forme peut soit induire en erreur soit éclairer.
Elle a le pouvoir d’exprimer des liens, des forces en présence. En fonction de la clarté de ces liens entre fond et forme, elle peut être un révélateur en donnant aux personnes les moyens de choisir et d’agir, à la manière de la musique d’un film dont les notes traduisent l’état d’esprit d’un personnage en le faisant ressentir au spectateur.
Il existe par conséquent un rapport réflexif entre nos produits et nous même. Les objets que nous produisons agissent envers nous au même titre que nous agissons envers ceux-ci. Les formes se muent en expériences transformatrices qui nous permettent d’accéder à des dénominateurs communs. Elles s’emparent d’une dimension matricielle qui nous permet de revenir à la source de ce qui fait notre humanité.
Le monde dans lequel nous vivons n’est il pas ainsi à notre image ?Fait de dualités entre ce qu’il est, ce que nous voudrions qu’il soit, entre ce que nous pensons savoir et ce que nous ignorons. Les projets donnent une direction pour le futur en utilisant le passé comme recul et le présent comme poussée. En définitive l’incertitude demeure maîtresse. Le sentiment d’incertitude se trouve renforcé face à la complexité du monde, la sensation de ne pouvoir embrasser son ensemble et d’accéder à une vérité qui l’emporterait.
Limité par notre perception le rapport de cause à effet de nos actes est de plus en plus dilué. Exhumer et nous rappeler ce qui nous lie semble plus que jamais nécessaire. La crise actuelle nous rappelle les liens qui nous rassemblent, mais qu’en est-il le reste du temps avec ce que nous fabriquons. Qu’en est-il lorsque que nous changeons de smartphone pour le dernier modèle et que nous nous prenons en selfie avec, alors que plus loin sur la planète des personnes brûlent les composants en plastiques de nos téléphones dans des décharges en plein air. Nous vivons bien sur la même planète, presque au sein du même organisme… et pourtant. La proximité n’est plus une affaire de distance physique, mais d’avantage d’effets induits. Là où il se fabrique des choses c’est aussi le lieu de la fabrique de l’humanité. Et c’est pourquoi qualité et conscience doivent être les mots d’ordre.
Comment nous habitons
Habiter implique une interaction avec l’environnement que l’on nous avons désigné comme lieu de vie. Nous faisons des choix et mettons en oeuvre des actions pour le transformer et le rendre en adéquation avec nos besoins. L’idée de transformation est fondamentale, car elle est à la fois la raison d’être de l’habitat et son mode de fonctionnement, une évolution constante qui en théorie lui garantit de demeurer en accord avec les besoins de ceux qui y vivent. Il semble que parler de design c’est parler de ce processus de transformation. Le confinement nous a confrontés à nos besoins fondamentaux en nous mettant face à ce qui nous a fait défaut.
Ces besoins se sont souvent révélés être banals du point de vue du « monde d’avant », car considérés comme acquis ou accessibles. Nous avons redécouvert leur importance, que notre vie en dépend et que leur manque ne saurait être comblé par un aucun artifice. Ils ont pour nom : liberté, sécurité, liens humains, silence, espace, accès à la nature…
Des idéaux que nous avons tendance à détourner et à dilapider en actes de consommation plutôt que les apprécier pour ce qu’ils ont de vital et d’accéder à leur grandeur. Il paraît crucial de dépasser la conception de l’individu comme simple client, consommateur ou usager, mais d’introduire l’idée de citoyenneté à ce que nous produisons, sur l’ensemble de sa chaine de valeur. En faisant beaucoup avec peu, nous nous sommes prouvés que savions nous réinventer.
Plutôt que d’assouvir des désirs artificiellement inculqués il nous faut créer pour les besoins réels et éprouvés.Dans ce nouveau contexte l’adage de Mies van der Rohe, « less is more » retentit avec force et nous rappelle de privilégier la qualité à la quantité.
Nous avons vécu la même catastrophe mais les besoins exprimés se sont révélés singuliers, en raison de la singularité des contextes des individus. C’est en proposant des projets qui portent en eux le cheminement de pensée qui leur a donné lieu qui permettront à tout un chacun de s’emparer de leur portée. En renforçant la capacité de jugement, ils seraient ainsi des projets honnêtes. En se changeant en expériences les productions de design mettent à profit la capacité réflexive des formes pour faciliter une contribution active et sortir d’un posture passive. Les productions de design seraient plus en accord avec une logique de transformation au sein de laquelle nous pouvons « tisser du lien » plutôt que d’être des «objets à emporter ». En instaurant une disposition active, le design s’accomplit dans un processus dans lequel le résultat de ce qui est produit appartient un peu plus à ceux qui sont touchés par le projet, car le projet porte en lui une part de nous même, une compréhension nouvelle, un soin particulier.
C’est ainsi que l’idée de qualité peut trouver un sens en chacun d’entre nous et nous permettre d’habiter plus unis dans un monde tel que nous l’aurons fait. »

Foscarini devait dévoiler son nouveau projet VITE (VIES) au Salone del Mobile, finalement reporté à 2021 pour cause de crise sanitaire. Entretien avec Carlo Urbinati, président de Foscarini, pour nous présenter cette nouvelle approche de la maison italienne, qui parle de la lumière non plus à partir des lampes mais de ceux qui vivent avec.
Avec VITE (VIES), la lampe ne détient plus le statut d’objet. Cela marque-t-il un changement de stratégie de la maison Foscarini ?
Carlo Urbinati : Nous voulions trouver une nouvelle façon de présenter la lampe, qui va au-delà du simple produit. “Fare. Luce.” consiste à présenter un produit dans un environnement spécifique. Avec VITE, nous mettons désormais l’accent sur l’impact de la lumière dans la vie de chacun. C’est pour cela, nous avons demandé à Gianluca Vassallo de se rendre aux quatre coins du monde et de capter la relation de 17 foyers avec leur lumière. Car chacune des lampes, qu’elle soit à Copenhague, Naples, Shanghai ou ici même à Venise, possède une histoire propre, intimement liée au foyer dans lequel elle se trouve. Les individus les ont choisis pour différentes raisons, et nous essayons de les montrer. Ce projet marque un tournant dans le sens où “Vite. Luce. Vera.” devient une devise de notre maison.
Vous placez l’humain au coeur de VITE (VIES). Cela traduit-il un changement de l’identité Foscarini ?
C.U. : Au contraire, nous rappelons que nous pratiquons un design qui a un sens, que nous créons pour les gens. Ces personnes que nous voyons dans ce projet, qui évolue chacun de leur manière avec la lumière, ce sont pour eux que nous réfléchissons et que nous créons. Ces personnes sont des individus comme vous et moi, des amis, des amis d’amis ou des connaissances.
Vous dites que c’est une évolution des projets Inventario, Ritratti et Maestri. Dans quel sens ?
C.U. : C’est une suite logique de ces trois projets. Lorsque Inventario est sorti en 2010, nous l’avons conçu comme un think tank : un magazine sur la culture du design qui s’inspire des arts visuels, de l’architecture, de la photographie ou de la sculpture. Puis vient Ritratti (2015), qui se concentre sur la lampe en tant qu’objet, mis en scène dans un environnement spécifique. En 2018, Maestrie met en lumière les artisans avec lesquels nous travaillons et le processus de production de nos lampes.
Pour le projet qui allait suivre, il fallait nous détacher de la mise en scène qui quelque part montre une faiblesse du produit. Il fallait plutôt présenter le produit dans divers lieux afin de montrer ses forces. C’est ainsi qu’est né VITE.
Le vécu de la lumière est désormais au centre du projet. Qu’advient-il de l’usage de la lampe ?
C.U. : VITE déplace le focus sur l’espace, dont la lampe en devient un élément constitutif. Cela nous permet de mieux appréhender la relation qu’elle possède avec son environnement. Nous n’aurons plus à extraire la lampe d’un environnement spécifique pour l’imaginer dans notre foyer, puisque VITE nous la présente dans une vingtaine éparpillés de part et d’autre de la planète.
Vous rapprochez-vous d’une vision d’architecte d’intérieur ?
C.U. : Plus exactement, nous produisons un élément qui permet de créer un espace. Cependant, avec VITE nous offrons à chacun les outils pour aménager son intérieur, qu’il soit un professionnel ou un particulier. C’est pour cela que nous avons fait l’effort de proposer un large panel d’inspirations, loin des images froides et mises en scène du passé.
Vous deviez présenter ce projet au Salone del Mobile 2020. Qu’en est-il de l’avenir de ce projet et de Foscarini ?
C.U. : VITE devait être le projet phare de notre Salone del Mobile. Étant donné les circonstances, nous travaillons à rendre le projet totalement digital afin de la partager au plus grand nombre. Nous devions aussi sortir un catalogue, qui met en avant nos créations et nos rééditions. Cependant, nous l’avons mis en stand-by, car nous considérons que ça n’est pas le moment de proposer de nouveaux produits.
Quel a donc été l’impact de la crise sanitaire sur Foscarini ?
C.U. : D’un point de vue commercial, nous avancerons à tâtons, mais je pense que le reste de l’année et celle qui vient seront compliquées.
En interne, cette période difficile nous a poussés à revoir notre fonctionnement. Nous avons dû travailler à distance pendant près de deux mois, et nous continuons à le privilégier. Nous avons dû réapprendre à travailler ensemble notamment lors des réunions virtuelles, qui m’ont d’ailleurs agréablement surpris : les échanges créatifs sont plus efficaces dans le sens où ils sont plus rapides, plus ciblés et favorisent le partage des idées puisque chacun parle à son tour.




Pour son nouveau cycle de webinaires du 27 mai dernier, le French Design by Via a donné la parole à des enseignes de meubles positionnées design. Silvera, Made.com, Delamaison.fr ont exposé leur utilisation complémentaire du e-commerce et du point de vente, et leurs options stratégiques qui peuvent alimenter la réflexion de l’ensemble de la distribution.
La crise du Covid-19 pourrait bien accélérer certaines tendances déjà à l’œuvre dans la distribution de meubles design, mais pas seulement. Tel est le sens que Christophe Gazel, directeur général de l’IPEA, a donné à son introduction des webinaires organisés par le French Design by Via le 27 mai. « Le marché est dominé par la logique du prix, au moins pour la grande distribution, a-t-il expliqué. C’est une spirale qui tire le marché vers le bas, et qui n’est bonne pour personne. » Dans ce contexte, les stratégies de distribution du mobilier design, qui peut être haut de gamme mais aussi moyen de gamme, peuvent inspirer l’ensemble du marché. « Le confinement, qui a été très favorable au e-commerce, doit être l’occasion de rebondir et réinventer le point de vente, en racontant une histoire, en créant une relation avec le client, en apportant de la différenciation, ce que permet de faire entre autres un positionnement design, ajoute-t-il. Ce qui est sûr, c’est que la crise va être bénéfique pour les acteurs qui vont créer de la valeur. » Les distributeurs doivent aussi miser sur la connaissance et l’accompagnement des clients tout au long de leur parcours de vie – l’un des points forts des GAFA – ce que permet un bon outil CRM : savoir quand ils doivent remplacer le lit d’un enfant qui a grandi, ou quand ils déménagent, ou quand ils passent au jardin avec le retour des beaux jours, sont des avantages pour les acteurs qui ont une stratégie numérique et une présence sur les réseaux sociaux. Il ne faut pas pour autant négliger la qualité de service, en assurant une livraison de qualité et un bon SAV… « la période de confinement a montré aux Français toutes les carences de leur habitat, et leur a donné plein d’idées d’aménagement… sachons en profiter ! » a conclu l’intervenant.
Silvera : la complémentarité des magasins et du web
Co-dirigeante avec Paul Silvera de l’enseigne de distribution éponyme, Brigitte Silvera a pour commencer fait état d’une reprise partielle de la fréquentation des magasins, avec le retour d’un visitorat prudent et masqué, composé surtout de particuliers ayant des travaux en cours à leur domicile, tandis que le redémarrage des projets contract est plus lent. Depuis plus de 30 ans, Silvera offre un concept global de distribution incluant du mobilier design et un service d’architecture d’intérieur pour le domestique et d’aménagement pour le tertiaire, avec des marques de luxe et d’autres plus accessibles, mais toujours créatives.

« Le digital prenant toujours plus d’importance, nous avons créé un site de e-commerce, et un point de vente dédié au « click and collect » situé Avenue Niel (Paris XVIIe), explique-t-elle. Cependant, les magasins physiques restent essentiels dans le haut de gamme et pour les achats importants, nous mettons beaucoup de soin aux scénographies, aux choix de tissus, de couleurs, d’objets, d’accessoirisation, car le meuble design doit être associé au plaisir visuel et au toucher des objets. »
L’enseigne dispose aujourd’hui de 10 show-rooms parisiens, auxquels s’ajoutent ceux ouverts plus récemment à Lyon, Marseille et Londres, qui sont tous caractérisés par la diversité des marques exposées (sauf le show-room monomarque Poliform rue du Bac à Paris VIe). Parmi les tendances du marché, l’intervenante a confirmé l’essor du mobilier hybride, qui trouve sa place à la fois dans un habitat de plus en plus influencé par le télétravail, et dans les espaces tertiaires où les décideurs veulent de plus en plus de produits « déco » qui donnent une âme à leurs bureaux.
Made.com : le parcours d’un pure player
Pour cette deuxième étude de cas, Julien Callède, co-fondateur de Made.com, est revenu sur la création et le parcours de ce pionnier parmi les pure players du meuble, créé à Londres en 2010, et arrivé sur le marché français quelques années plus tard. « Quand nous sommes arrivés en France, les clients avaient le choix entre acheter du meuble fonctionnel et pas cher dans le jeune habitat, ou acheter du meuble de grande marque et cher. Le projet de Made.com a été de créer une offre intermédiaire, originale, et accessible en prix en faisant l’économie du magasin. » Avec le recul, l’intervenant reconnaît que les difficultés ont été nombreuses, notamment en services pour réduire les délais de livraison qui étaient au départ de 14 à 16 semaines… Quand on ne vend pas cher, il faut en tout cas faire attention au coût du service qui ne doit pas dissuader l’acheteur. Comment faire ? Il faut le « subventionner », en l’intégrant en partie à la valeur faciale du produit, voire en l’offrant dans le cadre d’une promotion.

« L’un des défis majeurs a été de créer du trafic sur notre site, sans trop dépenser en achats de mots clés et marketing, ajoute Julien Callède. Pour cela, il y a une solution : avoir des clients satisfaits, qui disent du bien de vous, et qui reviennent, autrement dit avoir les clients qu’on mérite et non pas ceux qu’on achète. » L’intervenant a conclu en indiquant le chemin parcouru : « Il y a dix ans, on pensait impossible de vendre des produits de qualité en e-commerce, mais les choses ont changé, grâce notamment aux outils 3D qui permettent de présenter les produits de façon valorisante, et aussi à cause des clients qui ne veulent plus perdre de temps à se rendre en magasin. » Ce qui n’a pas empêché Made.com d’ouvrir 8 showrooms en Europe, dont Paris et Lyon, en réponse aux demandes nombreuses de ceux qui voulaient voir et toucher les produits.
Retour aux sources pour Delamaison
Après une histoire mouvementée, le distributeur web Delamaison, créé en 2005 puis racheté notamment par le groupe ADEO en 2012, change à nouveau de mains avec à sa tête un nouveau duo composé de Lydwine de la Morandière et Florian Carrère, qui ont décidé de lui donner une nouvelle orientation. « Après avoir été une marque référence à son origine, notamment pour les architectes d’intérieur, Delamaison a été repositionnée en multipliant les références sur les mass market où elle s’est perdue, explique Florian Carrère. Notre projet est un retour à son ADN d’origine, un concept store de la déco. » Pour ce faire, la nouvelle équipe a décidé de réduire le catalogue à une sélection de quelques dizaines de produits, réalisée avec des designers, architectes et influenceurs. Surtout, Delamaison va désormais éditer des collections exclusives et premium qui mettent en œuvre des matériaux nobles comme le marbre, le bois ou le laiton, et des techniques artisanales… Une première collection vient d’être créée en collaboration avec les designers Amandine Schira et Olivier Oksman, qui sera prochainement en ligne sur le nouveau site web de la marque. « Notre projet est de créer des produits iconiques qui revisitent les classiques du design, ajoute Florian Carrère. Nous allons aussi proposer avec nos partenaires des accessoires, le tout étant mis en musique de façon qualitative sur notre site Internet. » Un exemple qui montre la capacité à se réinventer totalement sur Internet.

Avec sa maison Magic Circus Éditions, Marie-Lise Féry réinterprète les formes historiques du quotidien de façon à connecter le passé et le présent. Passionnée de cirque, de cabaret et de music hall, elle s’inspire de la fête foraine pour sa dernière collection Balloon.
“À travers mes réalisations, je réinterprète les objets du XXe siècle pour les connecter au présent.” Cette vision de la création, Marie-Lise Féry la doit à son passage par New-York au début des années 2000, où elle effectue un stage chez un antiquaire local. Elle tombe alors sous le charme de l’architecture de la ville qui ne dort jamais. À son retour en France, elle crée sa galerie d’antiquités « Un château en Espagne ».
La Parisienne, alors installée à Lyon, se lance dans la création de luminaires en 2015. Avec Magic Circus Éditions, elle réalise des collections XXL imprégnées de l’univers des éclairages urbains d’antan, des fantasmes de l’Extrême-Orient et du glossy des années 1970. Pour sa quatrième collection Balloon, dévoilée en janvier à l’occasion du salon Maison&Objet 2020, elle puise son inspiration dans l’univers de la fête foraine.
Une collection artisanale, festive et gourmande

La créatrice fait de nouveau appel à des artisans européens “qui confectionnent sur-mesure et de manière artisanale.” Cette fois-ci, elle travaille en tandem avec la maison italienne Venini, qui “possède un savoir-faire ancestral du travail du verre de Murano teinté dans la masse.” Cette collaboration donne naissance à des lampes aériennes et féériques, à mi-chemin entre le diamant et le berlingot. “Je contrebalance le lourd et le léger”, grâce notamment à la tige cannelée en laiton taillée sur-mesure : métaphore de l’attache du ballon, elle permet à ce bonbon truffé de reflets de volutes colorés de près de 6 kilos de “planer au plafond”.
Confinée mais pas arrêtée
La maison Magic Circus Éditions a vécu la crise sanitaire différemment. Les premières semaines ont été un ascenseur émotionnel pour Marie-Lise Féry, qui confesse avoir été “paniquée” puis “soulagée” lorsqu’elle a vu que les commandes ont repris “normalement”. En effet, son atelier de lustrerie se trouvant au Portugal, près de Porto, la production n’a été arrêtée que brièvement.
“Pendant deux semaines ça a tourné au ralenti. Une période pendant laquelle j’ai réfléchi à l’ouverture de la maison au marché international.” Forte de la volonté de la maison de luxe Cartier d’habiller certains de ses points de vente horlogers à l’international avec les lampadaire 01 et lampadaire China 07, la créatrice souhaite aujourd’hui s’ouvrir au marché américain. Pour cela, elle a tiré profit du confinement pour obtenir la certification UL pour ses collections 01, 02 et Pop Up.




Stéphane Lafarge, Directeur Europe chez Herman Miller, alerte sur le danger de créer une “ségrégation socio-spatiale” au travail dans une application stricte et sans réflexion des mesures de protection. Il appelle à préserver la dimension collaborative du travail en présentiel.
« À l’échelle mondiale, la pandémie de Covid-19 bouleverse nos vies, révèle nos failles et fait voler en éclat nos certitudes. Cette tempête sanitaire résonne comme un détonateur mais réussira-t-elle à impulser des transformations positives et durables dans le monde des espaces de travail? Pour les maîtres d’oeuvre, architectes d’intérieur, designers, aménageurs et fabricants de mobilier de bureau, le défi est de taille. Alors réfléchissons et agissons à horizon lointain car l’homme est un animal social !
La sécurité sanitaire des salariés – avec la mise en place de protocoles stricts – demeure la priorité. Mais arrêtons de réagir à court terme, au travers de l’émergence de mesures barrières prenant la forme d’écrans ou de cloisons dans les espaces tertiaires ! Pensons flexibilité et liberté avec à la clé, le choix de se déplacer au bureau ou de télétravailler.
Esprit de liberté
Imaginer que des salariés heureux d’avoir goûté au télétravail rétropédalent est totalement illusoire. Tout comme il est impensable de revenir aux méthodes de management classiques engendrant des méthodes de travail obsolètes. La colonne vertébrale de nos entreprises étant l’humain, son confort et son épanouissement demeurent la clé de voûte de la réussite. Peu importe le lieu où le salarié exerce son métier, l’essentiel reste l’expression de son engagement.
Ces semaines de confinement ont fait émerger ce que certains, en termes d’évolution de la relation au travail, tentaient de nous inculquer depuis des années en France. Ces précurseurs ont observé – médusés et satisfaits – la démocratisation du télétravail, portée par les technologies de communication. À l’abri de syndicats et managers frileux, voyant leurs prérogatives leur échapper ou leurs ouailles s’éloigner, nécessité a fait loi ! Et ce, sans aucune procrastination quant à l’apprentissage et la maîtrise des multiples plateformes interactives. Les contraintes assurancielles et rigueurs juridiques se sont volatilisées. Le citoyen/salarié a mené un combat simple : celui d’être responsabilisé et donc naturellement investi.
Dessinons notre futur
Qu’attendons-nous pour alléger nos procédures et systèmes décisionnels ? Le télétravail doit être l’expression d’une adhésion et l’espace de bureau devenir le lieu des activités non transposables ainsi que de l’intelligence collective. L’espace tertiaire doit s’imposer comme le lieu du travail dynamique et collaboratif, de la sérendipité et de l’agilité mais certainement pas comme celui de la distanciation !
Instaurer des écrans barrières à tout-va, cela ne peut être une réponse sociologique à moyen/long terme. C’est de l’opportunisme qui enivre les cerveaux prônant l’isolement. N’inventons pas l’ère de la ségrégation socio-spaciale dans les espaces de bureau ! Prônons la liberté de choix car nous reviendrons au bureau pour une unique bonne raison : la socialisation.
L’avenir doit s’écrire au travers d’espaces partagés et collaboratifs. Le bureau individuel dans les espaces tertiaires, qu’ils soient ouverts ou fermés, s’effacera certainement au profit de la multiplicité des espaces de convivialité. Parallèlement à cette soif de travail collaboratif, les entreprises devront investir dans des équipements de qualité afin d’accompagner, de façon optimale, les salariés en télétravail.
Stupeur et tremblement
En tant que fabricant de mobilier de bureau, nous pourrions trembler par la révolution annoncée et les changements comportementaux qu’elle devrait engendrer. Mais arrêtons-nous sur la prise de parole récente de Mark Zuckerberg expliquant sa volonté de mettre la moitié de ses salariés en télétravail, d’ici 5 à 10 ans. Outre son argument sur la réalité virtuelle pouvant booster la collaboration à distance, attachons-nous à l’étude menée en interne. Celle-ci indique que 50% des salariés s’estiment plus productifs en télétravail, 20 à 40% se disent intéressés par le travail à distance de façon permanente mais notons aussi que la moitié des salariés aimerait retourner au bureau dans les meilleurs délais !
Nous ressentons avant de penser
Au carrefour des transitions, cela nous oriente sur la nécessité d’écouter et de nous adapter à la volonté des salariés car, de toute évidence, le désir de travailler en présentiel reste important. Le contact physique et la relation en face à face – sans écran interposé – génèrent écoute, attention, discernement et compréhension incomparables, voire irremplaçables. Le langage corporel – avec ses interactions sensorielles – est capital à la cohésion de groupe.
Pourquoi une telle nécessité ?
Tout un chacun, en arrivant sur un lieu ou pénétrant dans un espace, perçoit immédiatement un bien-être ou, inversement, une charge négative. L’importance du design prend alors tout son sens car bien pensé et conçu, un espace apporte une charge émotionnelle positive. Il en est de même dans les espaces de bureau dont l’aménagement en dit long sur la culture de l’entreprise. La crise sanitaire passée, les salariés privilégierons une chose : la quête d’expériences émotionnelles. D’où l’importance de réaménager des espaces de bureau ouverts, intelligents, désirables, esthétiques et ergonomiques. La demande de mobilier innovant et performant ne disparaîtra pas, elle se déplacera.
Réinventer les espaces de travail s’apparente à un exercice de haute voltige, tant les Français restent colbertistes et les pouvoirs centralisés. Le chemin risque d’être long et chaotique mais c’est au prix de l’audace, de la confiance et d’un changement de paradigme que la relation au travail évoluera… pour le bien-être des salariés et la survie des entreprises.”

À propos de Herman Miller
Présente dans plus de 100 pays, née en 1905 dans le Michigan (États-Unis), Herman Miller est – aujourd’hui – intégrée à Herman Miller Group, entité qui chapeaute une famille de 9 marques – dont Colebrook Bosson Saunders, HAY, Maars Living Walls, Maharam, Naugthone – centrée sur une approche stratégique du design, prônant l’ingénierie et les technologies de pointe.
Dédiée à l’origine au mobilier d’habitation, Herman Miller a élargi son champ de création dans les années 60 à l’aménagement des espaces de bureau et bâtiments tertiaires. 1960 voit aussi la création de Herman Miller Research entité qui initie les premières études dédiées aux environnements de travail. En 2015, Herman Miller renoue – en Europe – avec le design dans l’habitat en rééditant les classiques de Ward Bennett.


Lundi 8 juin, à 11h30, pour ce 5e webinaire organisé par l’Ameublement français en partenariat avec Intramuros Magazine et Le Courrier du Meuble et de l’Habitat, le chef Guy SAVOY et l’architecte et designer Jean-Michel WILMOTTE débattront ensemble autour de l’art de vivre français.
Les ENTRETIENS CONTRACT sont une nouvelle forme de prise de parole du groupement Contract de l’Ameublement français. En partenariat avec Intramuros Magazine, le Courrier du meuble et de l’Habitat, et EQUIPHOTEL, ce rendez-vous est un dialogue entre industriels, agenceurs, architectes d’intérieur et designers, pour questionner les enjeux de la profession.
Pour cette cinquième édition, nous aborderons les nouveaux enjeux qui s’ouvrent pour les professionnels du contract.
Lundi 8 juin 2020, à 11h30
avec le chef Guy SAVOY et l’architecte et designer Jean- Michel Wilmotte

Autour de la thématique :
L’art de vivre à la française est-il à réinventer ?
– La place de la relation entre la gastronomie et l’ambiance ?
-> L’architecture d’intérieur a de grands enjeux
– Les qualités des savoir-faire français sont des atouts forts ?
-> Dans l’assiette et dans l’aménagement
Ce Webinaire est animé par l’Ameublement français, en présence de :
– Béatrice GRAVIER directrice d’EQUIPHOTEL
– Max FLAGEOLLET ligne Roset Contract
– François SALANNE groupe BEE MEDIAS
– Samya AHAMADA EQUIPHOTEL pour transférer vos questions en direct
Un événement réalisé avec la participation du Codifab.
INSCRIVEZ-VOUS DÈS MAINTENANT ICI
(Réservé aux professionnels : industriels, agenceurs, architectes d’intérieurs, designers)
Pour tout renseignement, contactez philippe.jarniat@ameublement.com
Nous vous attendons nombreux ! Les inscriptions sont toutes prises en compte, 500 personnes pourront participer au webinaire en direct en interagir par des questions posées. Un lien vidéo sera envoyé à tous les inscrits.
Vous inscrire à ce webinaire nous autorise, sauf avis contraire de votre part, à vous envoyer nos informations.

Bandalux réagit à la crise du Covid-19 en dévoilant Shield, sa première gamme de protection sanitaire dédiée aux espaces de bureau et espaces d’accueil.
Créée en 1986, l’activité classique de Bandalux est la fabrication de stores ou de protections solaires . Dans un premier temps, dans le contexte actuel, le fabricant espagnol s’est engagé en produisant et en distribuant des masques et des paravents sanitaires. Aujourd’hui , le groupe s’est adapté à la demande et a reconverti en partie sa production pour répondre à la mise en place des mesures barrière dans les entreprises. La gamme Shield vient ainsi d’être développée, pour protéger les personnes tout en préservant les liens sociaux.
Une protection transparente, discrète et fonctionnelle
Au quotidien, les échanges liés à la communication – tant verbale que visuelle – sont indissociables de la convivialité au travail et donc du bien-être des salariés. En respectant les gestes barrières et la distanciation nécessaire, les personnes peuvent désormais conserver – et entretenir – des relations de proximité tout en maintenant leur activité. Travaillant dans un même espace, elles sont – et restent – en sécurité tout en conservant les liens relationnels indispensables à la qualité de vie au travail.
souple PVC – stabilisée afin d’éviter tout effet de dilatation – affiche une épaisseur de 0,5 mm. Elle se décline – aussi – en tissu Cristal FR. Elle assure une isolation thermique et fait office de barrière efficiente face aux projections, notamment les postillons. Elle est – aussi – autoextinguible. Elle se nettoie très facilement avec une peau de chamois et de l’alcool isopropylique ou simplement à l’eau savonneuse.
Bandalux a décliné cette gamme Shield en trois versions pour répondre à l’aménagement de tous les espaces intérieurs :


Largeur de l’écran : 80 à 590 cm
Hauteur de l’écran – toile avec barres de charge comprises et hors câbles : 90 cm minimum
Hauteur de 80 à 180 cm pour largeur de 200 cm
Hauteur de 180 à 590 cm pour largeur de 180 cm

Deux largeurs de store : 137 et 180 cm – Autres dimensions sur demande
Hauteur maximale : 320 cm – Autre hauteur sur demande
Caisson en aluminium naturel : 85 mm – Option finition alu laqué blanc
Manœuvre à chainette ou option de motorisation (moteur Bandalux avec batterie rechargeable intégrée – sans raccordement électrique)
Bandalux en France : Le groupe espagnol a un siège social à Lyon qui fait également office de showroom et un deuxième showroom implanté à Toulouse.

L’éditeur belge CRUSO a fait appel au designer d’origine japonaise Keiji Takeuchi pour la nouvelle collection Springback : une table basse et une chaise dédiée à un espace de détente, privé ou professionnel.

Marque belge de mobilier, Cruso propose des objets contemporains conçus par des designers internationalement reconnus. Les produits sont conçus pour un usage dans la sphère domestique, comme dans un environnement professionnel. À noter, ils sont conçus dans un processus de production éco-responsable avec des matières premières locales et durables, une fabrication européenne ainsi qu’un transport uniquement terrestre.
La nouvelle collection Springback designée par Keiji Takeuchi
Pour sa nouvelle collection, Cruso a fait appel au designer Keiji Takeuchi . Les premiers éléments dévoilent une chaise et une table basse, déclinés en chêne ou le noyer. Les lignes courbes assurent un confort et s’inscrivent dans une esthétique très épurée, intemporelle, en laissant la part belle au matériau noble. L’ensemble est fixé sur une structure en acier qui confère à la fois légèreté et robustesse à la composition.


Pour répondre à la demande de Cruso de limiter au maximum l’empreinte écologique, et de livrer les produits dans un emballage minimal, Keiji Takeuchi a recherché avant tout la simplicité. Grâce à un procédé d’ingénierie appelé « Springback », 10 vis seulement sont nécessaires pour assembler la chaise au design intemporel. En un tour de main, chaque pièce peut être assemblée avec facilité pour un usage immédiat.



Vendredi 29 mai se tiendra le 4e webinaire organisé par l’Ameublement français en partenariat avec Intramuros Magazine et le Courrier du Meuble et de l’Habitat. Le designer Patrick Jouin et Bernard Reybier, dirigeant l’entreprise Fermob et président du French Design by VIA débattront sur les questions que pose la réouverture des restaurants.

Les ENTRETIENS CONTRACT sont une nouvelle forme de prise de parole du groupement Contract de l’Ameublement français. En partenariat avec INTRAMUROS Magazine et le Courrier du meuble et de l’Habitat, et EQUIPHOTEL, ce rendez-vous est un dialogue entre industriels, agenceurs, architectes d’intérieur et designers, pour questionner les enjeux de la profession.
Pour cette quatrième édition, en collaboration avec l’agence 14 septembre, seront abordés les nouveaux enjeux qui s’ouvrent pour les professionnels du Contract, autour des axes suivants pour la réouverture des restaurants :
– Les mesures d’urgence sont à prendre sans oublier la séduction
– Les changements profonds de la définition d’un restaurant
VENDREDI 29 MAI à 14h
Patrick JOUIN et Alain DUCASSE ont élaboré un dossier “DESIGN DE LA DISTANCIATION SOCIALE” présenté à Emmanuel MACRON le 24 avril 2020.
Pour Bernard REYBIER, dirigeant l’entreprise FERMOB et président du French Design by VIA, le design dans les valeurs stratégiques est un pilier de l’entreprise FERMOB.

Ce webinaire est animé par l’Ameublement français, avec :
• Samya AHAMADA EQUIPHOTEL pour transférer vos questions en direct
En présence de
• Béatrice GRAVIER (Directrice d’EQUIPHOTEL)
• Mx FLAGEOLLET (Ligne Roset Contract)
• François SALANNE (Intramuros et Le Courrier du Meuble et de l’Habitat)
(Réservé aux professionnels : industriels, agenceurs, architectes d’intérieur, designers)
Pour vous inscrire, c’est ici
Pour tout renseignement contactez philippe.jarniat@ameublement.com

Irons-nous à l’hôtel – ceux-ci sont en train de rouvrir progressivement – comme nous y allions avant ? Certainement pas, si on en croit l’architecte Jean-Philippe Nuel, très en vue pour ses nombreux projets d’aménagement dans le domaine hôtelier. Changements de court et de long terme, mesures de distanciation sociale, revalorisation de la chambre comme espace protecteur, matériaux et ambiances hygiénistes, essor du sans contact… invité du deuxième webinaire organisé le 30 avril dernier par l’Ameublement français et les magazines Intramuros et Courrier du Meuble, l’intéressé a livré ses réflexions tous azimuts sur les mutations du secteur.
À quoi ressemblera l’hôtel, selon l’expression consacrée « du monde d’après » le Covid-19 ? On sait que, confinement oblige, les établissements hôteliers sont aujourd’hui en grande majorité fermés, et que les clients ne reviendront que s’ils ont l’assurance qu’ils ne risquent pas de contracter le virus. Pour Jean-Philippe Nuel, invité du deuxième webinaire de l’Ameublement français organisé il y a quelques jours, les clients attendent aujourd’hui des changements, que toute la chaîne d’intervenants, du maître d’ouvrage aux entreprises de travaux, doivent entendre pour y apporter des réponses appropriées.
Un contexte de transition
En introduction à son intervention, Jean-Philippe Nuel a évoqué le contexte très particulier que nous traversons actuellement. En raison du confinement, les chantiers hôteliers sont à l’arrêt, tandis que les perspectives économiques incertaines ont conduit beaucoup de décideurs à interrompre les projets qui sont en phase d’études. Ce qui a provoqué pour l’architecte d’intérieur une réorganisation du travail : une partie des salariés de l’agence – qui emploie une quarantaine de collaborateurs en temps normal – a été mise en chômage partiel, tandis que les autres ont adopté un fonctionnement en télétravail. L’attitude des maîtres d’ouvrages se révèle néanmoins très différente par rapport à la crise : si certains jouent la prudence, et se mettent dans une position d’attente, d’autres au contraire sont très proactifs, et profitent de cette période d’arrêt de l’activité pour réinventer leur établissement, et proposer un regard neuf aux clients qui reviendront après la crise.

Mesures immédiates et changements à long terme
Pour l ’architecte d’intérieur, il ne fait pas de doute que la crise sanitaire va profondément impacter l’univers hôtelier, mais il faut selon lui distinguer ce qui va changer à court terme et dans la durée. « Les hôtels vont devoir immédiatement réaliser des aménagements, pour garantir la sécurité des clients, et faire en sorte que l’hôtel ne soit pas un lieu de contamination au Covid-19. Les mesures barrières imposées par les pouvoirs publics seront donc mises en œuvre et adaptées au contexte hôtelier, à savoir le respect de la distanciation sociale, des écrans pour séparer les convives à table, peut-être des cheminements pour éviter que les gens ne se croisent, la suppression des buffets qui créent de la proximité, etc. C’est un vrai changement de cap car depuis des années, le mouvement était au contraire dans le sens de la convivialité, du partage des espaces, alors qu’il faut maintenant cloisonner. » Ces mesures étant de court terme, les hôteliers seront particulièrement intéressés par les aménagements à la fois simples à réaliser et économiques.
« D’autre part, cette crise crée un précédent, qui fait qu’il y aura un avant et un après Covid-19, ce qui va générer des nouvelles attentes de la part des clients. Il faudra donc dorénavant, dans une réflexion sur le long terme, intégrer la composante sanitaire dans les aménagements », ajoute l’architecte d’intérieur. Si les traductions concrètes seront précisées par la suite, on peut penser que les grandes salles de restaurant seront fragmentées en petits espaces plus protecteurs, qu’on pourra aménager de façon modulaire et flexible.On peut aussi envisager le développement de tout un paradigme« hygiéniste » – avec des ambiances plus claires, une attention portée à la qualité de l’air, jusqu’au contenu plus sain de l’assiette – qui favorise le bien-être, et s’adresse à l’inconscient de clients pour qui la santé est devenue une préoccupation majeure.
Un nouveau statut pour la chambre
Dans ce contexte, Jean-Philippe Nuel prévoit un retour au premier plan de la chambre : « Après avoir beaucoup investi dans les parties communes, on va s’intéresser à nouveau à la chambre en tant qu’espace privé, qui va devenir un cocon protecteur pour le voyageur, et un espace de vie multi-usages ». Autrement dit, on ne va pas seulement y dormir, mais aussi y concentrer un ensemble d’activités comme prendre ses repas, recevoir des visiteurs, organiser un dîner, voire une séance de home cinéma. La chambre va aussi devenir un lieu de travail ponctuel, où on pourra faire une micro-réunion, ou une séance de visioconférence avec le monde entier. En résumé, la chambre va offrir de plus en plus de possibilités, avec des fonctionnalités qui rejoignent celles d’un second domicile, pas seulement pour une personne seule, mais pour une famille.
« Ces dernières années, l’hôtel a été majoritairement orienté pour les déplacements de business, et pas pour les familles, ce qui explique en partie le succès des plateformes de location de type Airbnb, mais cela risque de changer ». Ces nouvelles attentes vont probablement se traduire par des chambres plus grandes, avec des aménagements polyvalents, comme par exemple une table multifonctions, au milieu de la pièce plutôt que contre un mur, pour aussi bien prendre son petit déjeuner que de travailler seul ou à plusieurs. On peut aussi imaginer des lits escamotables pour accueillir des familles, ou encore des cloisons amovibles pour séparer les espaces, créer un volume pour des enfants, ou une zone consacrée à la gymnastique du matin… « une fois la crise passée, il ne faut pas oublier le hôtel comme espace de socialisation , il faut d’emblée dire que l’après- crise restera l’ambition de partager, de mieux partager en fait. »

Des aménagements « hygiéniques » et durables
La crise du Covid-19 va certainement aussi orienter les maîtres d’œuvres vers des matériaux ayant une dimension hygiénique, autrement dit plus faciles à entretenir et à désinfecter. « Les choix iront plutôt vers des matériaux durs comme le verre ou le plexiglas pour les parois verticales, ou de type parquet pour les sols, que vers les moquettes ou revêtements textiles, ajoute Jean-Philippe Nuel. De même, toute l’accessoirisation avec des bibliothèques garnies de livres et d’objets de décoration, créés pour se rapprocher de l’habitat, évolueront vers des aménagements plus sobres, plus dépouillés pour un nettoyage plus facile. » Dans ce contexte, les technologies du « sans contact » ont un bel avenir : il est déjà possible aujourd’hui d’ouvrir sa chambre d’hôtel sans clé et sans contact, avec son smartphone, une technologie qui va répandre ; il sera de plus en plus courant d’ouvrir la porte des sanitaires sans contact, d’avoir de la lumière grâce à un détecteur de présence, d’utiliser des robinets à déclenchement automatique, etc. Ce champ de l’hygiène sera sujet à innovations, comme le montre par exemple une entreprise française qui a lancé un luminaire hybride : en plus d’éclairer, il peut émettre la nuit un rayonnement ultraviolet, dérivé de procédés utilisés dans les hôpitaux, qui désactive le caractère infectieux des virus. Attention, prévient l’architecte d’intérieur, ces évolutions ne doivent pas se faire au détriment du développement durable : « Les clients perçoivent que la crise sanitaire est liée aux dérives de la surproduction et à la dégradation de l’environnement. L’éco-conception et l’utilisation de matériaux bio-sourcés seront des arguments de plus en plus importants pour les hôteliers, pour montrer qu’ils ont compris les enjeux environnementaux, en même temps qu’ils peuvent être un moteur formidable pour toute l’économie. »
Une carte à jouer pour les fabricants français
Dans un contexte de réassurance et de recherche des circuits courts, les fabricants et agenceurs français vont bénéficier de la prime au partenaire local. « Les maîtres d’ouvrage vont être soumis à des contraintes nouvelles, pour intégrer les changements tout en respectant les projets, les coûts et les délais d’ouverture, explique l’intervenant. Le maître d’œuvre et les fabricants doivent donc aujourd’hui leur donner la meilleure réponse possible à leur problématique, qui ne soit pas seulement basée sur le prix. On sait que les fabricants français ne sont pas les moins chers, en raison notamment des charges salariales élevées, mais ils auront une belle carte à jouer s’ils peuvent proposer une qualité de prestations et une qualité de service. » Fabricants et agenceurs doivent aujourd’hui revendiquer une position d’expert en matériaux et de spécialiste de la mise en œuvre, un ensemble de savoir-faire qui sont précieux pour les challenges qui sont à relever par les maîtres d’ouvrages et les maîtres d’œuvre. Fabricants et agenceurs français pourraient se réunir pour établir un cahier des charges à l’attention des donneurs d’ordres, qui pourrait aider ces derniers dans la conception et la sécurisation de leurs projets en termes de qualité et de délais.
Réinventer un imaginaire hôtelier
En conclusion, Jean-Philippe Nuel a estimé que la crise peut être une opportunité de corriger certains excès de ces dernières années : « Avec l’essor du tourisme, nous avons eu tendance à massifier la consommation hôtelière, en privilégiant peut-être trop la quantité au détriment de la qualité. La pandémie fait que nous voyagerons moins pendant les mois et années à venir, ce qui peut aussi être une occasion de voyager mieux, avec une offre hôtelière plus soucieuse du bien-être et de la santé de la clientèle. » Moins « instragramable », donc peut-être aussi moins superficiel, l’hôtel du monde d’après pourrait bien se recentrer sur l’être plus que sur le paraître, et offrir aux voyageurs de demain une expérience à la fois plus rare et plus riche.

Présentation
Diplômée de L’École supérieure d’art et de design, TALM Angers en 2019, je vois mon travail comme une quête permanente d’apprentissage, d’expérimentation et d’observation. Je puise mon inspiration dans l’observation, c’est une pratique que je cultive au quotidien, elle fait partie intégrante de mon processus créatif. Cela me permet de comprendre, penser et créer mon métier de manière pertinente et réfléchie. J’explore dans mon travail comment les phénomènes sensoriels peuvent invoquer des réponses psychologiques et physiques chez les êtres humains. Et j’étudie les relations que l’on a avec la couleur. J’aime évoquer chez le spectateur des émotions diverses et leur faire développer leur sens de la contemplation. Dans un monde où tout va trop vite, j’essaie de ralentir, respirer, de calmer le jeu pour éviter de délaisser la réalité des objets et des phénomènes.

Informations
Téléphone : 0624918339
Adresse Email : lebreton.julia8@gmail.com
Site Internet : https://julialebreton.myportfolio.com/





Dans la période inédite que nous traversons, l’Ameublement français a pris l’initiative d’organiser un cycle de webinaires qui donnent laparole à un grand témoin du secteur du contract, qui livre son éclairage aux acteurs qui opèrent sur ces marchés. Invité du premier webinaire le 24 avril, Pascal Guémené, directeur du département Design et Techniques Services au sein du Hub Europe du Sud du Groupe Accor, a présenté la situation de ce leader mondial de l’hôtellerie, et dessiné des perspectives à très court et moyen terme.
Les fabricants de meubles, agenceurs et fournisseurs de composants qui sont présents sur les marchés du contract, ou envisagent de s’y positionner, ont les yeux rivés sur le secteur de l’hôtellerie et restauration. Dans le contexte du confinement, avec des possibilités très réduites de se déplacer, et un tourisme national et international au point mort, l’hôtellerie restauration fait partie des secteurs qui paient le plus lourd tribut au Covid-19. Dans un tel contexte, la voix de Pascal Guémené apporte de précieux enseignements sur les mesures prioritaires prises pendant le confinement, et la stratégie de reprise progressive des activités qui sont adoptés par ce leader mondial, qui donnent dans une grande mesure le« la » de ce qui va se passer pour l’ensemble du secteur.
Une activité en forte baisse
Pour commencer, Pascal Guémené a fait état d’une activité extrêmement réduite en France, puisque 1300 hôtels sont actuellement fermés sur les 1500 que le groupe compte dans notre pays, ceux qui sont ouverts fonctionnant au ralenti. La situation a commencé à se dégrader à mi-février, avec les premières annulations des clients asiatiques et notamment chinois, suivis par ceux des autres régions du monde. Les zones aujourd’hui les plus touchées sont principalement situés en Europe, les établissements étant fermés par décret dans certains pays comme l’Espagne, ce qui n’est pas le cas en France, où ils sont fermés par manque de business. Par mesure de solidarité, trois hôtels du Groupe ont été mis à disposition pour héberger les personnels soignants ou pour accueillir des personnes infectées en quarantaine à Paris.
Comme l’explique l’intervenant, le Groupe Accor était dans une bonne dynamique à la fin2019 : « Les objectifs que nous nous étions fixés ont été atteints, et auraient pu être dépassés pour la France sans les grèves des transports de novembre et décembre. Mais la crise du Covid-19 a mis un coup d’arrêt à cette progression, les résultats du premier trimestre 2020 font état d’une chute du chiffre d’affaires du groupe de – 15,8 % en données comparables – 768 millions d’euros, contre 925 millions en 2019 sur la même période – et le repli va se poursuivre. Ce qui ne nous empêche pas, compte tenu de notre grande solidité d’implantation et de notre business modèle de réfléchir au rebond de l’après-crise. »
Une reprise progressive par segments et par étapes
Pour l’intervenant, les scénarios de reprise se présentent par étapes : l’activité hôtelière devrait redémarrer progressivement dès la levée progressive du confinement, en juin, avec la reprise des déplacements professionnels, et le retour du tourisme domestique, qui concerneront d’abord les marques économiques du groupe, puis le moyen de gamme et ensuite le premium et enfin le luxe. La reprise de l’activité séminaires ne se fera pas avant le quatrième trimestre. Les hôtels du groupe auront une belle carte à jouer en juillet et août, car les Français projettent de rester en France pour les vacances d’été. A partir de septembre, et surtout d’octobre et novembre, le tourisme d’affaire devrait à son tour redémarrer, avec notamment la reprise des salons professionnels. « Quels que soient les scénarios envisagés, les études montrent qu’on ne retrouvera pas un volume d’affaires comparable à 2019 avant 2022, ajoute Pascal Guémené. D’ici là, la montée en charge dépendra du rythme de reprise de l’activité. » Il est à noter que, à la fin avril, les professionnels étaient encore dans le flou quant à la date décidée par les pouvoirs publics pour la réouverture des bars et des restaurants.

Une priorité : rassurer la clientèle avec des procédures sanitaires et d’hygiène transparentes
La priorité du Groupe Accor est clairement de rassurer ses clients, et de créer les conditions pour qu’ils reviennent dans ses hôtels en toute confiance. « Dans l’immédiat, nous devons avant tout rassurer notre client sur le plan sanitaire, être à son écoute, faire en sorte qu’il se sente le bienvenu, déclare Pascal Guémené. Pour cela, nous avons un impératif : communiquer, en disant ce que nous faisons, et en faisant ce que nous disons. » Pour atteindre cet objectif, le groupe travaille actuellement à l’élaborations de procédures de sécurité et de mesures d’hygiène pour assurer la sécurité de ses clients dès la réouverture. Cette démarche fait l’objet d’un processus de labellisation avec le bureau Veritas, un organisme certificateur indépendant qui va y apporter sa caution. Le président-directeur général du Groupe Accor, Sébastien Bazin, ayant été nommé par le gouvernement coordinateur prévention et hygiène pour l’ensemble du secteur de l’hôtellerie et restauration.
Des travaux reprogrammés dans le temps
Question essentielle pour les fournisseurs du Groupe Accor, les travaux prévus pour les projets hôteliers neufs et les rénovations vont être diversement impactés par la crise. Comme l’explique Pascal Guémené, les travaux de court terme qui étaient en cours, et qui ont été stoppés, vont repartir et être achevés dès la fin du confinement. En revanche, les travaux plus importants, qui étaient programmés sur plusieurs mois, vont être réexaminés. Enfin, la majorité des travaux qui étaient en projet sont pour l’instant mis en attente. « La priorité de nos partenaires exploitants hôteliers est aujourd’hui de pérenniser leur établissement, ajoute l’intervenant. Ils doivent aussi gérer la question du chômage partiel, et la préparation des mesures de prévention et sécurité en vue de la réouverture progressive. » De façon générale, les hôteliers relanceront donc leurs projets de rénovation et d’établissements neufs, avec les marchés de travaux qui sont liés, en fonction du rythme de reprise de l’activité, qui leur redonnera des marges de manoeuvre pour investir, ce qui ne se fera pas avant la rentrée 2020.
Des nouveaux concepts maintenus
Si un important volume de travaux seront décalés dans le temps, le cadre dirigeant d’Accor a tenu à préciser que les nouveaux concepts d’hôtels seraient néanmoins maintenus.« L’année 2020 devait être très riche en nouveaux concepts, avec notamment4 nouvelles collections pour Novotel, et deux nouvelles pour Ibis. Pour toutes ces nouveautés, nous continuons les études pour être prêts au moment de la reprise. » L’un des défis est maintenant d’y intégrer tout le volet prévention Covid-19, qui sera prégnant à la réouverture, tout en lissant les dépenses du Groupe, qui seront budgétées en fonction de la reprise de l’activité. Il n’est pas question en revanche de faire des concessions en matière de politique environnementale : « Il est essentiel de maintenir nos engagements et même de les accélérer, comme nous le faisons avec notre nouvelle marque GREET, qui s’appuie sur des aménagements issus du recyclage et de l’upcycling, pour réduire l’empreinte carbone de notre activité. » Ainsi, les deuxième et troisième hôtels qui devaient ouvrir sous cette enseigne en mars et avril ouvriront en mai et juin, la quatrième ouverture étant prévue à Lyon en fin d’année.

Des nouveaux aménagements en gestation
Enfin, la crise du Covid-19 impactera aussi les aménagements intérieurs des hôtels et restaurants.« Il nous faudra des aménagements beaucoup plus modulables et adaptables, notamment en fonction nombre de clients présents, ajoute Pascal Guémené. Si on prend l’exemple des tables d’hôtes, un élément structurant pour nos espaces de vie, il faudra imaginer des configurations qui permettent de garder des distances entre les convives. Il y aura à la fin du confinement une envie de sortir dans les lieux publics, de voir du monde, accompagnée par une appréhension de contracter le Covid-19. Les designers doivent désormais intégrer ce nouveau paramètre. » Il faudra aussi réfléchir à des formules souples pour cloisonner les espaces, et donner de la polyvalence, pour pouvoir facilement passer d’un usage à un autre en fonction des réservations et de la fréquentation. Le cadre dirigeant invite les fabricants de mobilier et agenceurs à se tenir prêts pour répondre à ces travaux qui se feront à très court terme. Malgré ce contexte difficile, l’intervenant a conclu ce webinaire en affichant son optimisme : « Nos marques bénéficient d’une bonne image auprès du public, ce qui est un socle essentiel pour obtenir sa confiance, tandis que nos adhérents partenaires se félicitent aujourd’hui d’appartenir à un grand groupe qui ne les laisse pas seuls face à leurs difficultés, et qui les accompagne dans les mesures à prendre à court terme, et en fixant un cap dans la durée. »