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Habitué aux collaborations avec des tables de chefs, Non Sans Raison a été choisi par le pâtissier Fabien Rouillard pour habiller les tables de son café, installé au sein de la maison de Victor Hugo.
À la fois éditeur et créateur, le binôme Bertille Carpentier et Martial Dumas propose des services de table depuis 2008. Chacune de leurs collections doit avoir du sens. « Nous sommes en quête de perfection tant par l’innovation que par la valorisation de ce savoir-faire porcelainier de Limoges qui nous tient à cœur ». Leur attachement aux lieux chargés d’histoire commence par Limoges où leur vaisselle est manufacturée, mais c’est à Saint-Germain-des-Prés qu’ils s’installent. « L’esprit germanopratin est toujours basé sur la réflexion et l’épure ». Et si dès leurs premiers pas dans le monde de la création, Non Sans Raison choisi l’iconique Maison Mulot pour ses madeleines emblématiques, c’est à eux que Fabien Rouillard fait appel pour la vaisselle du Café Mulot.
Ensemble, ils décident de marier différentes collections adaptées aux besoins du chef. « Le lien entre la cuisine et la porcelaine est fort. Le décor d’un plat est important et valorise le met ». Pour le Café Mulot, ils optent pour Magma (des projections de cobalt liquide sur du biscuit avant émaillage), Odissey (une réinterprétation du filet traditionnel mais avec une onde oscillante), Evolution (un projet de fin d’études de Simon Naouri) et A Table (une collection dédiée aux enfants).
La boucle est bouclée dans le plus vieux quartier de Paris, et dans la non moins historique maison de celui qui signa « Demain, dès l’aube ». Cerise sur le gâteau, Léopoldine n’est autre que le nom du dernier dessert de la maison !
Qui aurait pensé qu’un jour, on associerait au terme de paysan celui de designer ? À l’aune des bouleversements que l’on connaît, l’agriculteur actuel repense son métier, ré-appréhende les sols, crée de nouveaux outils pour mieux vivre et nous nourrir, tout en valorisant Mère-nature. En combinant pratiques anciennes et high-tech, ce gentleman farmer version XXIe siècle défend la notion d’agroécologie et tente de répondre aux questions fondamentales de notre époque et celles à venir. Une exposition-manifeste.
« Paysans designers, l’agriculture en mouvements » explore la notion de Farming design [design de l’agriculture, ndlr], en dressant le portrait d’une nouvelle génération de paysans, à travers la présentation de leurs visions très à l’écoute de la nature et de ses comportements. « Agriculture et design ? Le lien va de soi, car le premier domaine constitue un des enjeux majeurs de notre société et une des grandes questions du design, ce sont les procédés de production, explique Constance Rubini, directrice du musée et commissaire de l’exposition. Et puis, un des rôles du design actuel n’est-il pas d’inventer de nouvelles réciprocités ? On dénombre aujourd’hui beaucoup de parallèles entre ces pratiques et celles du design. » Prenant place dans les espaces d’expositions temporaires installés dans l’ancienne prison du XIXe siècle accolé au bâti fondateur du musée, le parcours, divisé en deux parties par un couloir orné des portraits des « pionniers » de la tendance, se déploie de chaque côté de deux grandes cours, autour desquelles les anciennes cellules carcérales traitent de nombreuses thématiques.
Exposition ''Paysans designers, un art du vivant'' © madd-bordeaux
''Des Jardins dans la ville'', Les graines comme patrimoine vivant, cour d’honneur du madd-bordeaux. Jardin imaginé et parrainé par Caroline Miquel, paysanne maraîchère, fondatrice des Jardins Inspirés au Taillan-Médoc, Gironde
Portraits de paysans en designers
Dans la première des cours intérieures, tel un état des lieux sur le sujet, l’exposition évoque les avancées de neuf « paysans-chercheurs » internationaux à travers une scénographie végétale, en mue. Dans la Drôme, Sébastien Blache, ex-ornithologue du Muséum d’Histoire Naturelle et Elsa Gärtner plantent entre autres des arbres et des haies, installent des nichoirs, afin de développer et regénérer la biodiversité. Au Burkina Faso, la démarche agroécologique globale du domaine d’Adama Dialla s’est mise en place avec l’association locale « Association Inter-zone pour le Développement en Milieu Rural » (AIDMR) et une seconde, française, « Terre & Humanisme ». Alliance et rotation des cultures, gestion rationnelle de l’eau constituent quelques-unes de ses pratiques agroécologiques adaptées au lieu. Autre exemple, au Brésil, Ernst Götsch, qui ne se sépare jamais de sa machette ici exposée, a observé ses sols dégradés, destinés à des projets immobiliers, et y a retrouvé quatorze sources. Le résultat ? En dix ans, une forêt dense a pris place et redonné au terrain toute sa fertilité.
Le design pour une image plus désirable du métier
Quant aux douze cellules attenantes, elles abordent des points clés comme les semences, le levain, la standardisation du vivant, mais aussi présentent une image plus attractive de cet acteur de la terre, à travers des installations, interviews et film. Dans l’une d’elles, le reportage de Colombe Rubini présente trois « jeunes pousses » à l’écoute sensible de leurs bêtes ou de leurs terres : la bergère Maina Chassenet, l’éleveuse de cochons Nina Passecot et le producteur de thé en pays basque, Mikel Esclamadon. Au fil des espaces, se dessine donc le visage d’une paysannerie en lien très intime avec sa terre, qui travaille en réseau, partage ses connaissances, ses outils, ses matériaux. Pour preuve, la coopérative française l’Atelier Paysan diffuse librement des plans sur internet, comme ceux des maquettes exposées de « l’Aggrozouk », porte-outil respectueux des sols, au design très lunaire, ou du « cultibutte » conçu pour façonner ou entretenir les buttes.
Une autre section évoque par un jeu de comparaisons la régénération des sols, sous le prisme de la permaculture ou de l’agroforesterie redessinant les paysages. L’exposition nous amène également à réappréhender l’eau comme un « cycle », avec l’installation de l’atelier CTJM des designers Charlotte Talbot & Jonathan Mauloubier, évoquant la transpiration journalière d’un chêne – jusqu’à 500 litres d’eau -, en été. Mais aussi à « entendre », « observer » l’intelligence des plantes qui transmettent et émettent des signaux, comme le démontre le neurobiologiste végétal italien Stefano Mancuso, mais aussi la conférence du biologiste Francis Hallé, spécialiste de l’écologie des forêts tropicales, à Montréal, en 2018, audible in situ.
Design repensé des outils et étudiants-designers en agriculture
« Campagnoles », « presse-mottes », « grelinettes » … Dans la seconde cour sont réunis de « nouveaux » outils paysans plus malléables, s’inspirant de ceux avant l’ère industrielle, dans une scénographie de François Bauchet et Jean-Baptiste Fatrez. Enfin, comme un clin d’œil à l’avenir de ce thème en regard du design, le musée expose les propositions des étudiants de l’ECAL – Ecole cantonale d’art de Lausanne – sous la direction d’Erwan Bouroullec, petit-fils d’éleveurs. Des installations un tantinet pince-sans-rire, qui rafraîchissent notre mémoire en dénonçant, entre autres, la mainmise de la Chine sur la banane ou le transport toujours très polluant de marchandises.
Proposant un éclairage prospectif, inédit et instructif sur l’agriculture, l’exposition peut paraître complexe par ses propos très scientifiques et ses multiples points de vue, pour le simple amateur de design. Cependant, cette présentation qui s’étend dans certaines fermes et vignobles bordelais ainsi que dans les espaces plantés, à dessein, dans divers quartiers de la ville, est aussi la parfaite illustration des propos du designer américain Paul Rand, stipulant que tout était design. Everything is Design, comme l’agriculture !
Paysans designers, l’agriculture en mouvement, Musée des Arts décoratifs et du Design, 39 rue Bouffard, Bordeaux (33000).
www.madd-bordeaux.fr jusqu’au 8 mai 2022.
Pour fêter les 50 ans de la série Quaderna designée par Superstudio, Zanotta sort trois nouvelles pièces inédites : un bureau, une table basse, et surtout un tapis surprenant.
Reconnue comme un manifeste du « design radical », à travers des formes et lignes géométriques qui en ont fait une collection iconique, la série Quaderna a été imaginée par le groupe Superstudio entre 1969 et 1972 avant d’être éditée à partir de 1972 par l’italien Zanotta.
Quaderna : des pièces inédites de la série Misura M de Superstudio
De fait, la table basse et le bureau qui viennent d’être édités sont des pièces inédites de la série Misura M de Superstudio. Zanotta a en effet sélectionné ces deux projets dans le catalogue original de la série et les a relookés en modernisant leurs dimensions, en ajoutant un tiroir au bureau, tout en veillant à rester en accord avec la philosophie Superstudio. Le tapis est tufté à la main avec un fil 100 % laine de Nouvelle-Zélande : la conception reproduit fidèlement une esquisse d’un des histogrammes d’architecture, qui ont marqué la vision de Superstudio. Il a été fourni pour les archives de l’un des cofondateurs, Cristiano Toraldo di Francia (décédé en août 2019).
La collection Quaderna comporte ainsi huit pièces : trois tables (carrées ou rectangulaires), un bureau, une console et une table basse auxquels viennent s’ajouter le nouveau bureau, la nouvelle table basse et le tapis.
À l’occasion de la France Design Week organisée du 7 au 29 septembre, un appel à projets est lancé pour y participer. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 30 mai.
France Design Week est un label événementiel lancé en 2020 à la suite des Assises du design de décembre 2019. Cette manifestation d’envergure nationale a pour but de pour donner de la visibilité à la diversité et la vitalité des pratiques du design français. Chaque mois de septembre durant près de trois semaines sont organisés partout en France des expositions, des conférences, des visites d’ateliers ou de studios de design, des portes ouvertes d’écoles, des initiatives de networking… Une opportunité de plus de promouvoir le design auprès des professionnels en mettant à l’honneur tous les champs du design, sous divers formats, aux niveaux local, national et international.
Une édition 2021 remarquée
Cordonné par l’APCI, France Design Week est organisé par un comité composé d’une trentaine d’experts en design partout en France. Du 7 au 28 septembre 2021, ce sont plus de 260 événements qui ont mis à l’honneur le design. L’édition a réunie 206 400 visiteurs, un peu partout en France et dans 3 pays étranger (Italie, Corée du Sud, Pologne). Les 240 contributeurs ont mis en place des événements de tout type : conférences, expositions, visites d’ateliers, discussions, afterworks… Évènement auquel avait participé Intramuros par l’intermédiaire d’un talk, le 8 septembre dernier à Paris.
Lancement d’un nouvel appel à projets
Jusqu’au 30 mai, France Design Week lance son nouvel appel à projets. En y répondant, les participants s’engagent par leurs initiatives à valoriser l’innovation par le design et à promouvoir leur démarche auprès du plus grand nombre. Ce dernier est ouvert à toute personne ayant cette volonté de donner de la visibilité aux pratiques du design en France. C’est ensuite au comité régional d’étudier la proposition et de distribuer ou non le label France Design Week. À noter que cette année, le comité d’organisation a pour volonté de mieux accompagner les participants à l’évènement. Ils prévoient la mise en ligne prochaine d’outils d’accompagnements, notamment à travers des tutos vidéos et un guide du participant.
Dates à retenir
Jusqu’au 30 mai 2022 : dépôt de candidature sur le site de France Design Week : www.francedesignweek.fr
Du 30 mai au 17 juin 2022 : Labellisation et constitution du programme de l’édition 2022
À partir du 20 juin et tout au long de l’été 2022 : communication sur le programme officiel
Du 7 au 28 septembre 2022 : France Design Week 2022 !
Capitale de la culture 2022, la cité luxembourgeoise d’Esch-Sur-Alzette a notamment choisi de mettre en valeur les connexions entre design numérique et histoire patrimoniale de son bassin minier à travers deux expositions valorisant l’impressionnant site industriel reconverti d’Esch Belval. Une interaction du multimédia et de l’architectural qui induit un principe très actuel du « remix », dans un saisissant mélange esthétique entre réalités d’hier et d’aujourd’hui.
Impressionnant. Telle est la première pensée qui saisit le visiteur lorsqu’il arrive sur le site d’Esch Belval, une grande friche industrielle reconvertie en site culturel et universitaire, où trône encore tel un géant majestueux et endormi l’un des énormes haut-fourneaux qui a fait la renommée de l’acier luxembourgeois et en particulier de celui produit dans la cité frontalière d’Esch-sur-Alzette. Aujourd’hui, la dimension sidérurgique du site a vécu. Mais la grande opportunité donnée à la ville de valoriser à la fois son patrimoine passé et sa dynamique artistique et créative actuelle, à travers sa nomination comme capitale européenne de la culture 2022, trouve toute sa dimension dans les deux installations-phares qu’accueille l’endroit à cette occasion.
Identité et diversité sur le gril
Conçue en partenariat avec le ZKM de Karlsruhe, temple de l’art numérique allemand lui-même situé dans un ancien ensemble industriel, l’exposition « Hacking Identity / Dancing Diversity » offre au cœur du gigantesque bâtiment de la Möllerei (un grand volume construit en 1910 et qui servait à l’origine à la préparation du minerai de fer et des charges de coke pour le haut fourneau voisin) une intrigante convergence de l’ancien vers nouveau, mettant en avant des problématiques sociétales très actuelles dont la création numérique aime s’emparer (questions d’identité, de diversité, de manipulation/utilisation des données). « Hacking Identity / Dancing Diversity » scénographie donc dans l’immense structure 25 installations dont le regard, pourtant serti dans le foncier passé, résonne avec une dimension fortement contemporaine, à l’image de l’énorme fresque digitale qui sert de point de repère visuel immédiat sur la grande passerelle centrale.
Long défilé d’animaux virtuels sur un écran de plusieurs dizaines de mètres épousant la dimension démesurée des lieux, le Marathon Der Tier (Marathon des Animaux) des Allemands Rosalie et Ludger Brümmer s’inspire de la radiographie, de la radioscopie et de la chronophotographie de la fin du XIXe siècle pour traquer l’intemporel. Son inspiration art/science colle à la dimension technicienne des lieux. Un axe très prisé des arts numériques actuels que l’on retrouve également au niveau inférieur, dans l’étrange sculpture robotique Deep And Hot de Thomas Feuerstein, liant machinisme et biologisme à travers cette forme industrieuse du réacteur, constellée de sphères polies renvoyant à la dimension moléculaire du vivant.
C’est à ce niveau que se trouve la grande majorité des pièces. On y découvre notamment l’imbrication de la complexité grandiose de l’espace physique à la complexité plus intérieure de l’humain, à travers l’installation à technologie de reconnaissance faciale Captured de la Finlandaise Hanna Haaslahti : un étrange ballet chaotique d’avatars à l’écran, saisis à partir d’une caméra scannant le public volontaire, et induisant une réflexion sur la manière dont la violence est exercée et perçue au sein d’un groupe d’individus.
La prouesse d’intégration technologique dans un environnement architectural immersif encore très industriel se poursuit dans les sous-sols de la Möllerei. L’impression de descendre dans les organes internes de l’usine est très forte tant le décor demeure brutaliste. Et c’est là que l’on découvre la pièce la plus curieuse : le Formae X 1.57 du studio de design numérique allemand Onformative. Cette coupole aux couleurs variables, posée à même les scories, réagit aux modifications atmosphériques du lieu (lumière, air humidité), mais aussi au mouvement du public. Une partition commune entre l’homme et la machine qui tombe sous le sens.
Dispositif technologique et mémoriel
Car c’est justement là, dans cette interaction en temps réel de l’industriel ancien et du numérique moderne, que perce ce principe actif du « remix », renvoyant aux musiques actuelles et aux cultures du DJing. Un modus operandi qui se retrouve au centre même de la deuxième exposition présentée sur le site et justement dénommée Remixing Industrial Past (Constructing The Identity of The Minett) – Le Minett étant le nom du district minier du sud-est du Luxembourg dont Esch est le pôle névralgique.
Mis en place dans la Massenoire, un bâtiment qui abritait les divers équipements servant à la fabrication de la masse de bouchage du trou de coulée (à base de goudron), le dispositif propose ici une collision plus concentrée mais tout aussi spectaculaire entre patrimoine et création numérique. Dû au travail du collectif d’artistes et designers italiens Tokonoma, en collaboration avec leurs compatriotes de la compagnie de design intérieur 2F Archittetura, l’installation dévoile une kyrielle d’écrans suspendus à taille multiples et de boxes thématiques entrant en résonance avec des lieux encore très perméables à leur passé industriel. L’enchevêtrement très structuré des différents éléments multimédias dans cet espace lui aussi préservé, où les machines sont encore en place, délivre une scénographie captivante et totalement vivante. À l’écran ou en bande-son, archives et bruitages du travail des anciens mineurs et ouvriers y surlignent en effet la tonalité humaine et la perpétuation d’un travail de mémoire particulièrement mis en valeur.
À l’arrivée, il est donc plutôt agréable de constater à quel point le design numérique peut être vecteur de rapprochement esthétique et intemporel entre patrimoine architectural, identités humaines et création artistique contemporaine. Une transversalité des formes et des enjeux territoriaux que le concept de « remix » marie plutôt bien autour de l’ancrage territorial d’Esch 2022.
Millerknoll a choisi RBC pour lancer son collectif de marques sur l’Europe. Le groupe fondant sa politique commerciale sur un réseau international de grands distributeurs, cet événement est un geste fort pour le distributeur français, acteur majeurs des secteurs B to B, hospitality et résidentiels privés.
Acquise par Herman Miller en 2021, la fusion des deux entreprises donne naissance à un collectif de marques leaders dans l’industrie du design. Jusqu’au 29 avril l’histoire partagée de ces deux entreprises icôniques est visible au showroom RBC de la rue Violet à Paris. Depuis 35 ans en France, RBC s’engage à travers un programme d’expositions et de conférences pour la promotion de l’architecture contemporaine et du design. Les piliers de l’histoire du design comme la chaise Barcelona de Mies van der Rohe ou le siège Aëron de Bill Stumpf et Don Chadwick s’inscrivaient le 12 avril lors de l’inauguration, sous les engagements des deux marques et la liste des nouvelles recrues en présence de Franck Argentin, fondateur, François Basilien et Tristan Lohner, directeurs de RBC et Emmanuel Delvaux, Vice-président MillerKnoll Europe.
Dans les nouvelles marques, citons Naughtone, Fully, Colebrook Bosson Saunders, Design Within Reach, Edelman Leather, Hay, KnollTextiles, Geiger, SpinneybeckIFilzfelt, Knoll, Herman Miller, Maars, Living Walls, Muuto, Maharam, Datesweiser et Holly Hunt.
L’exposition devrait circuler dans les showrooms RBC, en juin à Nîmes et en septembre à Montpellier dans le superbe bâtiment de Jean Nouvel. A l’heure où 20% du mobilier en France doit être issu du recyclable, le groupe s’assure un bel avenir dans une économie circulaire, disruptive et agile.
Figure du mouvement danois du design moderne, la designeuse et architecte Bodil Kjaer a conçu de nombreuses pièces de mobilier, luminaires et vases en verre. À l’occasion des 90 ans de la designeuse, Karakter présente trois de ses pièces.
Née en 1932 au Danemark, Bodil Kjaer est issue d’une famille déjà bien ancrée dans la création de meubles. Formée à Londres et aux Etats-Unis, elle reviendra finalement à Copenhague pour y créer son propre studio et de s’interésser dans un premier temps à l’aménagement d’intérieur de bâtiments publics.
Très vite, les frustrations esthétiques et fonctionnelles rencontrées par Bodil Kjaer dans son travail la pousse à chercher des solutions en créant des meubles, des luminaires et des vases en verre. Elle a toujours abordé la conception dans l’optique de résoudre un problème.
3 pièces éditées en exclusivité par Karakter
OFFICE DESK
Ce bureau, conçu en 1959, avait été le premier dans son genre, avec un design qu’on pourrait presque qualifié de flottant. Il est surnommé « le bureau de James Bond » en référence à son apparition dans trois films de la saga. Son plateau est en chêne ou en noyer et son cadre en acier.
PRINCIPAL DINNING CHAIR
Cette chaise au dossier circulaire en chêne ou noyer et rembourrée par des coussins en cuir, apporte une touche arrondie, mais tout en légèreté.
PRINCIPAL DINNING TABLE
Cette table, en bois ou noyer massif, fait le lien logique avec la chaise arrondie présenté juste avant, est une traduction parfaite de la vision avant-gardiste et cosmopolite de Bodil Kjaer. Un modele simple mais clarifié.
Le Lit National est une marque de literie comme aucune autre. Fondée en 1909, elle sert le sommeil de chacun de ses clients, au détail près. Tous les lits sont entièrement faits à la main, du sommier au matelas, dans les nouveaux ateliers basés à Aubervilliers. Reprise en 2016 par la famille Beaufour-Lévy, le Lit National a dévoilé fin 2021 sa nouvelle collection Patrimonio, designée par Terence Mesguich Jacquemin.
« Nous réalisons les plus beaux lits pour les plus beaux intérieurs ». Ces mots de Nicolas Lévy, directeur général du Lit National depuis 2016, traduisent la volonté de cette maison classée entreprise du patrimoine vivant (EPV) d’être dans une production haut de gamme. Avec un savoir-faire artisanal minutieux, le Lit National s’est ancré dans le domaine de la literie comme un pionnier de confort et de technicité. Récemment, les ateliers de conception ont été déplacés à Aubervilliers, avec l’inauguration par la même occasion d’un nouveau showroom, en complément de l’historique boutique du Trocadéro, présente depuis 1929.
Le Lit National : confort, qualité, précision
Dotée d’une clientèle historique, pour la plupart fidèle depuis des décennies et venue du monde entier, le Lit National a tout intérêt à jouer la carte de l’excellence à chacune de ses réalisations. Réalisé à la commande, chaque lit est fait à la main. Le sommier, pilier du lit, est conçu en bois de peuplier, connu pour être sans nœud et très résistant. Trois types de sommiers existent : à ressorts, ressorts en sachets et avec tiroirs intégrés. De la même manière, chaque détail présent sur les dosserets, coussins et parures du lit sont cousues main. Enfin, le matelas, élément maître du lit, est fourré dans les ateliers avec une laine spécifique et de haute qualité, pour un confort sans pareil.
Une multiplicité de savoir-faire qui traduit une grande maîtrise de la patience et de la technique « Nous ne sommes pas un métier de volume, nous sommes un métier de perfection. Pour faire un lit il faut compter en moyenne 100 à 120 heures de travail. » témoigne Nicolas Lévy.
Patrimonio, une collection à dominante italienne par Terence Mesguich Jacquemin
Milano, Bellagio, Florence, Ravello, Noto composent la nouvelle collection Patrimonio de quatre dosserets et le lit de repos gigogne, designée par Terence Mesguich Jacquemin. Des appellations choisies en hommage à ces villes italiennes qu’il a aimé pour ce qu’elles dégagent, et que le designer a voulu traduire dans ses réalisations. Une nouvelle collection qui est la première à être exposée au nouveau showroom, dans l’enceinte même des ateliers d’Aubervilliers.
Selon Olivier Peyricot, cette édition de la Biennale de Design présente un « design modeste, pas de grands gestes », et donne des pistes, des outils, pour alimenter le débat sur les grands enjeux actuels : l’environnement, la production, la mobilité et la façon d’habiter. En prenant pour thème « Bifurcation(s) », la manifestation dresse un constat sans appel – nous sommes à un tournant où il est urgent d’agir – et positionne les designers comme des acteurs essentiels des mutations à l’œuvre. À noter, que pour la première fois, la Biennale durera 4 mois, jusqu’au 31 juillet.
« Ici vous ne trouverez pas de solutions, mais de quoi vous interroger et débattre » : c’est en substance le credo d’Olivier Peyricot, directeur scientifique de la 12e Biennale Internationale Design Saint-Etienne, lorsqu’il présente cette édition.
Et c’est peu dire : dans l’ensemble du parcours des expositions proposées à la Cité du design jusqu’au 31 juillet, les thématiques rivalisent de questionnements, pour peu que le visiteur prenne le temps de se plonger dans les nombreuses explications inscrites sur les cartels.
Biomimétisme, nouvelles mobilités, radioscopie de nos vies domestiques, modes de production… toutes les expositions expriment une expérience ou une nécessité de « bifurcation (s) » qu’elle soit «subie ou choisie » comme l’exprime Thierry Mandon, directeur général de la Cité du design.
Une affirmation de l’événement comme une laboratoire de recherches, renforcée par les nombreux work in progress et conférences qui auront lieu tout au long de ces quatre mois sur les différentes sites. En effet, si l’on a connu dans la dernière décennie de biennales portées par des commissaires inspirants, à la ligne artistique radicale ou quasi philosophique – on se souvient par exemple de l’édition autour de la « Beauté » portée par Benjamin Loyauté en 2015 –, depuis deux ou trois éditions, la Biennale vient nourrir des réflexions plus sociétales – à l’image de la très dense édition « Working promesses » en 2017. L’événement international affirme ainsi un positionnement fort du design au cœur des sciences humaines, comme un outil d’exploration et d’expérimentations pour accompagner les mutations.
Ainsi, si les expositions comportent dans l’ensemble une grande présentation de design produit, elles ouvrent aussi le rôle du designer comme concepteur de processus, de services, en réponse à des usages, des évolutions nécessaires, des comportements, et des questions économiques. Le design est stratégique, artistique, et politique, dans le sens « au service de la cité ».
Récits et recherche à la Cité du design
Parmi les expositions qui viennent appuyer ce positionnement, on citera la passionnante « Autofiction, une biographie de l’automobile », Olivier Peyricot et Anne Chaniolleau abordent le design automobile d’un point de vue avant tout anthropologique, en interrogeant les imaginaires générés et les codes d’appropriation. Le récit proposé n’en oublie pas l’éternelle question de la ressource et des matériaux, les recherches en design de ce « phénix technologique qui ne cesse de renaître », avec ses espoirs et tâtonnements, notamment autour de l’échec de la voiture dite « autonome ».
Autre signe des temps, c’est un continent entier – et non plus une ville ou un pays, comme ce le fut avec Detroit pour l’édition de 2017 ou la Chine en 2019 – qui est à l’honneur, à travers l’exposition «Singulier plurielles » de Franck Houndégla. Entre design graphique, macro-systèmes et micro-systèmes, l’exposition explore d’autres façons de concevoir, de produire et d’habiter. « Ce sont des projets nés de concepteurs divers, mais qui dans leur démarches partagent les modalités du design » souligne le commissaire. Designers, makers, architectes, ingénieurs, inventent, transposent des process, détournent des objets, des services pour le collectif. Cela va du créateur d’effets spéciaux qui transpose ses compétences pour la réalisation de prothèses, l’association d’un bijou connecté à une plateforme de données pour la mise en place d’un dispositif de e-santé, la construction d’automobile non standard répondant ainsi à une utilisation plurielle (confection textile, agriculture, hôtellerie…), l’utilisation de matériaux locaux pour l’architecture jusqu’à la recherche de « brique sans déchets »…
Enfin, parmi la dizaine d’expositions présentées sur le site de la Cité, on retiendra aussi la note de fraîcheur, d’optimisme, apportée par « Le Monde sinon rien » : un commissariat mené par Benjamin Graindorge, designer et enseignant à l’ENSADSE et la chercheuse Sophie Pène au Learning Planet Institut, qui part du postulat de la richesse des territoires de création de la jeunesse. Le pari est fait d’explorer sur dix ans les projets de diplômes d’étudiants d’un réseau d’établissements, et d’y déceler les germes d’un « New Bauhaus », autour du « vivant ». Selon Sophie Pène, il s’agit de « montrer la puissance de la création dans les moments de transition. On parle facilement d’innovations tech, mais peu d’habitudes, de comportements, de culture, de création. La deuxième idée est de montrer que la créativité de la jeunesse tire les transitions, est nécessaire, que le rapprochement entre les sciences et les arts, et les frontières poreuses qu’on peut mettre en place sont vraiment les conditions de l’émergence de projets puissants. » L’exposition englobe ainsi dans le concept d’ « école de création » les laboratoires scientifiques, les makers labs, les tiers-lieux, les écoles d’art et de design. À travers des projets très divers – d’objets musicaux pour autisme à une distillerie pirate !– il s’agit surtout de montrer la fertilité des territoires d’exploration, leurs résonances, et surtout une énergie, un désir, et un pouvoir d’agir.
Des événements en ville et en périphérie
Sur le site de Firminy, l’église Saint-Pierre accueille une exploration de Döppel Studio autour du cabanon de Le Corbusier : autour de 6 prototypes, disséminés dans le lieu, le duo de designers imagine des micro-architectures à poser dans un champ, pour se détendre, se reposer, partager des moments de pause dans une utilisation nouvelle des parcelles en jachère avec des constructions facilement déplaçables et exploitant un autre rapport au paysage.
Au cœur de la ville, le musée d’art et d’industrie propose pour sa part une habile mise en situation d’oeuvres contemporaines d’artistes en résidence au Creux de l’enfer. On retiendra par exemple l’installation au milieu des armes de l’œuvre de Vivien Roubaud, qui fige dans du verre des explosions, comme un arrêt sur image hors du temps.
Enfin, parmi les nombreuses autres événements, le collectif Fil Utile composé de 17 membres dont la designeuse textile Jeanne Goutelle propose au sein de l’ancienne école des Beaux-Arts,« Relier-délier ». Cette exposition met en scène des installations de créateurs mis au défi d’intégrer un nouveau matériau à leur savoir-faire. Se répondent des installations étonnantes, depuis la délicate association du ruban et de la porcelaine à des « graphiques en laine» réalisés à la main, donnant sous cet aspect doux et lumineux, une vision assez glaçante de l’industrie textile.
Englobant plus de 200 événements diversifiés autour de 7 expositions majeures, la Biennale de design cherche à toucher tous les publics. Bien sûr, on rêverait d’avoir une grande rétrospective exposée – à l’image par exemple de la didactique «Designers du design» à Lille Capitale du design en 2020–, mais au sortir des expositions, il reste une telle impression d’effervescence de recherches, de bouillonnement créatif, de pistes explorées, que l’on pressent un avenir inventif, avec des solutions à portée de mains. Et sans pour autant en dresser un état des lieux bien clair, on ressent combien le secteur du design a un rôle décisif à jouer dans la transformation de notre monde. Pour peu qu’on le reconnaisse et lui donne les moyens de nous aider à prendre la bonne bifurcation.
La Biennale de design de Saint-Etienne en quelques chiffres
> 4 mois d’ouverture
> 48 installations
> 7 expositions sur le site Cité du design
> Plus de 235 designers représentés
> 222 événements sur la métropole stéphanoise
> 24 colloques et conférences
Ferréol Babin signe la dernière collection du porcelainier Revol. Yli, « essence de la matière » en grec ancien, met en lumière non seulement la matière, mais le geste qui la façonne au travers de 11 pièces imaginées pour des tables de chefs.
Pour ce premier opus, car cette première collection sera suivie d’une autre, la rencontre entre le fabricant et le designer a été primordiale. « Ils ont pris le risque de me faire confiance car la collection est singulière : les formes sont asymétriques et irrégulières. »
Ferréol sculpte alors le bois mais tend à travailler un autre matériau de manière plus douce. « Avec le bois, c’est un combat avec des outils saillants. La confrontation est nécessaire, le travail violent et bruyant. Et avant même que Revol ne me contacte, j’avais commencé à modeler le grès. »
Et comme le designer avait déjà façonné ses propres outils pour tailler le bois, il a la même démarche pour la terre. Ferréol approche ces deux matériaux de la même manière et avec les mêmes gestes qu’il adapte à cette terre sensuelle. Il cherche à donner du sens aux formes qu’il modèle directement et qui servent à la fabrication des moules. Au cahier des charges précis sur l’épaisseur et le diamètre des différentes assiettes, Revol lui demande de l’enrichir avec des pièces signatures. Ferréol répond avec l’assiette Pelle et la coupe Cabosse, deux contenants que les chefs pourront s’approprier pour présenter leurs mets. Au noir mat, teinté dans la masse, qui absorbe la lumière et qui ressemble à du fer forgé, vient s’ajouter une finition blanche émaillée plus aérienne. « J’ai catégoriquement refusé la couleur car je souhaitais des objets silencieux et intemporels. »
Pour la sortie de sa nouvelle collection outdoor 2022, la marque italienne Ethimo dévoile entre autres une collaboration avec Studiopepe. Ils dévoilent la collection de mobilier Sling et les jarres Bulbi.
Créée en 2006 par Arianna Lelli Mami et Chiara Di Pinto, Studiopepe est une agence de design basée à Milan. Fortement axée sur la création et la recherche, Studiopepe met en avant une approche multidisciplinaire englobant à la fois l’architecture, l’aménagement d’intérieur, la conception de produits et la direction créative.
Deux collections spécialement conçues pour Ethimo
Composée de trois pièces adaptées à l’extérieur et à l’intérieur, la collection Sling dévoile en premier lieu le fauteuil Sling, inspiré du camping vintage des années 70. Il est composé en acier inoxydable tubulaire et utilise les palettes chromatiques de différentes nuances du bronze tandis que sa toile est conçue avec du tissu Elitis. Le fauteuil s’accompagne d’un repose-pied et et d’une table basse, avec les mêmes caractéristiques.
Bulbi est une collection de six jarres de différentes formes géométriques et tailles différentes, dont l’usage peut être redéfini selon les envies. La fabrication artisanale de ces jarres rend chacune d’entre elle unique et imparfaite, pour habiller chaque espace singulièrement.
Designer allemand fort d’une vingtaine d’années d’expérience, Stefan Leo s’est s’enrichi de savoir-faire et méthodes toujours plus techniques. Travaillant sur divers matériaux, les pièces du designer ont su séduire des maisons de luxe comme Dior et Louis Vuitton. Jusqu’au 28 avril, il présente la collection « Stefan Leo by Galerie 208 », en partenariat avec la Galerie 208.
« Mon but a toujours été de faire du design, mais surtout de créer quelque chose qui parte de l’ordinaire pour en faire quelque chose d’extraordinaire. » Avec son atelier basé à Berlin et composé de 12 artisans aux multiples savoir-faire, Stefan Leo peut se féliciter du chemin parcouru. Après des premiers pas en tant que photographe focalisé de la création à travers le monde, Stefan Leo a lui aussi voulu se lancer dans la conception d’objets. Pendant plusieurs années, il collabore avec des artisans partout dans le monde pour donner vie à ses idées. La naissance de sa fille le fera ensuite revenir en Allemagne, où il créera l’Atelier Stefan Leo, qui a la particularité de concentrer plusieurs savoir-faire, dans un même espace.
Un atelier multi-fonctionnel pour des artisans multi-qualifiés
Désireux de travailler sans limite, Stefan Leo voulait que son atelier soit le plus équipé possible et surtout que tous les artisans qui y travaillent soient capables de combiner les savoir-faire. Ainsi, au sein de son atelier, cohabitent une forgerie, un atelier de bronze, une menuiserie et un atelier de cuir. On y travaille également le verre et la céramique. « Nous avons tout à portée de main. C’est assez inhabituel mais ça fait partie intégrante de mon processus. On est habitués à ce qu’un atelier se focalise sur un matériau ou un savoir-faire en particulier, moi j’ai voulu tout combiner. » Tous les artisans de l’atelier ont été formés pour travailler sur tout type de matériau, une force de l’Atelier Stefan Leo. « Selon moi, ce sont les matériaux qui amènent le design. Les gens pensent que je suis un designer, mais je me vois plutôt comme un créateur. »
Exposition à la Galerie 208
Le travail de Stefan Leo sur la céramique et la pâte de verre a été découvert par la directrice de la Galerie 208, Patricia Chicheportiche, lors de la foire de design GURU en septembre dernier. Et rapidement, leur collaboration pour une collection a vue le jour. Les cinq pièces qui composent « Stefan Leo by Galerie 208 » sont ainsi le résultat de longues années de travail et d’expérimentation, pour un résultat coloré, pigmenté et tout en finesse.
Situé en face de la Bourse de Paris, le Floor, 4e adresse de The Bureau, vient d’être inauguré. Un nouvel espace de travail « prenium », réparti sur six étages qui aura nécessité un an de travaux, supervisés par l’architecte Marika Dru. Avec une nouveauté : l’inauguration d’un café-cantine au rez-de-chaussée, et ouvert au public.
« Chez The Bureau, nous défendons le smart working. Tous nos services sont pensés de sorte à ce que les clients n’aient plus qu’à se focaliser sur leur travail. » Ces mots de Laurent Geneslay, fondateur de The Bureau, annonce la couleur. Fort de son expérience dans la finance en tant que trader, il a voulu imaginer un concept de bureaux optimisés qui proposent des services condensés. Au menu : vue sur Montmartre ou place de la Bourse, boissons chaudes et fruits à volonté, une salle de sport ou de yoga… Les ingrédients d’une productivité réussie.
Le Floor, un nouvel espace imaginé par l’architecte Marika Dru
Pour imaginer le concept architectural de nouvel espace, The Bureau a fait appel à l’architecte Marika Dru, qui avait déjà oeuvré pour les deux adresses du Cour Albert Ier, dans le 8e. Les bureaux, pouvant accueillir jusqu’à 40 personnes par étage, sont équipés de moquette au sol, dans un nuancier de brun et des portes en verre canelé. Des similitudes de matières (bois, pans de murs en feutre recyclé…) retrouvés dans chacun des sites. Pour autant, chaque espace se démarque par sa propre identité, en témoigne Laurent Geneslay : « Pour chaque site, on retrouve un certain accord, comme un rappel. Mais on s’aperçoit rapidement qu’ils sont singuliers les uns des autres. » Pour le Floor spécifiquement, l’agencement du lieu a été personnalisé par l’ajout de meubles vintages, sélectionnés par The Socialite Family.
The Bureau : la flexibilité comme mot d’ordre
Chez The Bureau, une seule contrainte est à prendre en compte : la location de bureaux doit se faire pour minimum trois mois, avec une possibilité de résilier à tout moment. « Une grande majorité de nos clients vont bien au-delà des trois mois. beaucoup partent sur des forfaits d’un, voir deux ans. » Et si chaque bureau est personnalisé en fonction de son locataire, les services proposés sont quant à eux accessibles à tous. Une personne locataire de l’espace de la Bourse pourra tout à fait utiliser la salle de yoga situé au sous-sol, mais pourra aussi se rendre dans la salle de sport de l’adresse rue du Quatre Septembre.
Une nouvelle adresse à venir découvrir au 42 rue Notre-Dame des Victoires, 75002 PARIS
Pour le lancement de sa collection de produits 2022, Cassina a fait appel à l’architecte et designer italien, Antonio Citterio.
À 72 ans, Antonio Citterio continue de se faire désirer. Fondateur en 1999 du cabinet d’architecture d’intérieur et de design « Antonio Citterio and Partners » l’Italien s’était démarqué dans les années 1980-1990 en travaillant sur divers projets architecturaux aux côtés de sa femme, l’architecte Terry Dawn. Pour Cassina, il retourne vers son Italie natale et vient apporter son expertise pour le développement et la production d’une collection de produits pour la marque. « Avec Cassina, je partage la vision des produits « timeless » : la capacité de créer des objets intemporels. »
Une collaboration par ailleurs très appréciée par le PDG de la marque, Luca Fuso « Nous sommes très heureux d’accueillir Antonio Citterio dans l’équipe de Cassina. Avec la directrice artistique Patricia Urquiola, nous pensons que son talent et sa vision du design correspondent parfaitement à l’excellence que l’entreprise représente dans le monde entier. »
Le premier projet issu de cette collaboration sera à découvrir au showroom milanais de Cassina à l’occasion de la Milan Design Week, du 7 au 12 juin prochain.
Au moment de l’interview, Milan sortait d’une « pollution incroyable ». Un grand coup de vent par-dessus tout ça, et la ville était à nouveau vivable. Patricia Urquiola est née à Oviedo dans les Asturies et son enfance est liée à la mémoire des lieux, des formes, des odeurs. Son odeur de référence, c’est la Cantabrie, battue par les vents et les embruns de l’Espagne verte. Son esprit comme le Pays Basque et ses Pyrénées est Atlantique.
Fille, dans une fratrie de trois enfants, elle a su trouver sa place entre une sœur aînée mariée à un architecte et un frère cadet qui travaillait dans une banque. Elle était « celle du milieu », celle qui doit s’adapter, un cas typique entre un père ingénieur, basque, qui a déménagé dans les Asturies et une mère spécialiste en philosophie et philologie anglaise. De son père, elle garde l’image d’un homme séduisant, magique, « pas autoritaire du tout », un personnage « bello », dans tous les sens du terme : beau, généreux, ouvert d’esprit.
Pour son éducation, dans les années 70, elle est passée par l’Ecole des Ursulines d’Oviedo, avec comme professeurs les sœurs qui portent la coiffe mais qui l’après-midi n’hésitaient pas à remonter leur jupe pour faire faire un peu d’exercice à leurs pupilles/élèves attentives. Pour devenir ce qu’elle voulait devenir, architecte, elle doit quitter les Asturies pour Madrid où elle intègre le Politecnico. « Toute ma famille est une famille d’architectes, mes cousins, mes oncles… mon père était un architecte manqué. Il fallait que je m’éloigne. Il fallait que je bouge. Deux, trois ans à Madrid et je suis partie faire mon pre-Erasmus à Milan, un territoire beaucoup plus complexe. Quand je suis arrivée à Milan, j’ai découvert des matières plus complexes comme le design et je me suis positionnée entre architecture et design au Politecnico de Milan. J’ai toujours été une ‘bonne’ étudiante. J’étudiais mais j’aidais beaucoup aussi les autres à finaliser leur projet. Je crois beaucoup à l’entraide, à la collaboration qui donne à tous la possibilité de faire. Il faut bouger, bouger, aller voir, ne pas hésiter à partir au Japon, en Amérique, à explorer des territoires nouveaux. Il ne faut pas hésiter à sortir de son confort. »
Les clients de Patricia Urquiola
Le langage n’est pas une barrière pour Patricia Urquiola. Elle a appris le français à 6 ans et si elle pense en italien, elle rêve en français, en espagnol ou en basque. Son premier chef fut une femme, Maddalena de Padova avec qui elle a collaboré cinq ans. Mais comme elle y manquait d’un peu d’air, elle n’a pas hésité à partir chez Piero Lissoni chez qui elle avait la responsabilité du design. « C’est devenu un ami, et collaborer avec son bureau (80 personnes), un vrai plaisir. »
Son deuxième ‘premier client’ fut également une femme : Patrizia Moroso avec qui elle met au point son premier fauteuil (le Fjord) qui lui donne une grande confiance en elle. Dans les premiers chantiers sur lesquels elle travaille, il faut citer le Mandarin Oriental Hôtel à Barcelone, qui lui fait aborder la complexité d’un hôtel. « Maria Reig, avec qui j’ai collaboré sur le projet restera une grande amie pour la vie. C’est elle qui m’a élevé à la dimension complexe d’un projet d’architecture. J’aime travailler aussi sur des projets éphémères. Ce sont des dimensions, des échelles qui font partie de ma vie. »
En 2001, Patricia Urquiola ouvre son agence avec quatre, cinq personnes, une taille humaine. Le bureau en compte aujourd’hui 70. « Ce n’est pas une contradiction dans le rapport à la dimension. Je fais toujours plus de design et toujours plus d’architecture. Mais cela implique plus de personnel en matière de gestion. Pendant la pandémie, de nombreux projets ont été congelés. Mais ce fut une expérience intéressante et forte pour l’équipe rapprochée. Ma maison d’habitation colle à l’agence et cette continuité a été facile à gérer. »
La famille, les modèles, les mentors de Patricia Urquiola
En 1995, elle a une fille Giulia et dix ans plus tard Sofia qu’elle a beaucoup emmené dans ses voyages. « Nous avons grandi de manière organique. Les équipes travaillent en étroite collaboration et la recherche des matériaux est fondamentale avec un double accès pour le design. C’est une belle chose pour mon travail. J’ai travaillé avec de nombreuses compagnies avec la joie de voir les échantillons et les premiers prototypes. On doit tous faire beaucoup plus et on peut faire beaucoup plus »
« Je cite souvent comme mes mentors Achille Castiglioni et Vico Magistretti. Mais après ces deux années de pandémie, il faut réaliser que nous sommes dans une nouvelle jeunesse. C’est aujourd’hui l’espace de la révolution qui est associé à la jeunesse. Dans la période où l’on apprend, on peut parler de mentor mais la vie est devenue plus complexe, plus large. J’aime beaucoup lire les écrivains Gianluigi Ricuperati et Hans Ulrich Obrist qui recommande de ne jamais laisser quiconque dire que vous êtes éclectique. Éclectique est un mot limitatif et il faut savoir se laisser solliciter au-delà de notre secteur. La curiosité est essentielle et infinie aujourd’hui. »
Patricia Urquiola soutient l’idée que la coopération et la solidarité pratiquée tout naturellement par les femmes au sein de leur famille sont la voie qui permet de réformer la société civile. Elle est curieuse de Björk et de son approche musicale de l’espace. Elle se rêve en productrice comme Donna Haraway et n’hésite pas à citer Legacy Russell qui a inventé le Glitch Feminism, qui incarne l’erreur comme une perturbation du binaire de genre, comme une résistance au normatif.
« Quand je faisais ma ‘thesis’, j’avais associé À la recherche du temps perdu de Proust à mes descriptions et je décrivais les maisons comme Marcel Proust que j’ai lu dans presque toutes les langues. Les personnages d’une maison font la philosophie de la maison. C’est Patrizia Moroso qui m’a initié à la forêt et à l’art avec cet aspect expansif de la nature qui submerge tout comme un blob. J’ai tenu des conversations avec Cassina pour mettre en valeur le travail de Charlotte Perriand, une grande amoureuse de la nature et toujours sur le fil de la recherche en matière d’habitat. Au Palais de Tokyo, j’aime aller puiser l’énergie à la Patti Smith d’une Anne Imhof qui fait performer sur le même espace-temps, acteurs, faucons ou drônes. »
Une pensée caracole
Passant de l’art à la philosophie, du bio-mimétisme à la biologie, du numérique aux sciences du vivant, Patricia Urquiola fonctionne comme une ‘boîte à outils’ et son rapport au monde ne s’envisage que par son rapport aux autres et inversement, comment les autres sont pour elle. Cette fluidité, elle la puise dans le monde végétal et son ambition est de remettre les matériaux dans une circularité.
« Pendant cette pandémie, nous avons vécu avec des œillères, comme des chevaux de trait. Il faut élargir notre vision, ouvrir les yeux et réviser notre approche des choses et voir comment tout explose. Différents champs sont fondamentaux. Il n’y a pas d’algorithme qui mène le monde. La phase la plus évoluée de notre parcours, c’est la perception. Il faut garder nos antennes les plus ouvertes comme des biologistes ou des philosophes qui travaillent à réaménager des espaces publics. Je travaille avec Mutina sur les surfaces et les accompagne dans le déménagement de leur siège social. A Capodimonte, à Naples, je travaille sur une vision botanique de la porcelaine en travaillant à partir du moule comme base. Je glisse un bois autour. »
Cecilia Alemani, la nouvelle commissaire de la Biennale d’art contemporain de Venise, a aussi choisi comme thème le ‘Milk of Dreams’ qui reprend les notions de la représentation des corps et la métamorphose, délicatement tout en effectuant en même temps le travail de rénovation de l’architecture. « Mes travaux se passent à différents rythmes et différentes intensités. Mon travail de direction artistique est celui qui me prend le plus de temps et peut courir sur deux ou trois ans. Il faut remettre les temporalités dans une vraie vision, donner des messages de proximité à la team tout en faisant l’effort de travailler à distance. Être près de ceux qui font de la 3D, c’est prendre le téléphone et leur parler. Une image ne peut pas être congelée. Il faut avoir beaucoup d’espace pour raisonner notre travail et élargir notre vision. Le numérique a élargi notre vision, a ouvert notre horizon. Il faut rentrer dans ce numérique. En février 2019, il y avait une Mostra en cinq parties sur mon travail à Madrid. La dernière partie sur la « contamination positive » comprenait également un projet avec Federico Pepe, ‘Don’t treat me like an object’ dans un tout petit espace avec un casque de réalité augmentée. Comment élargir cette expérience ? On rentrait dans une communauté de chaises qui dansaient le flamenco provoquant un mixte d’émotivité. On est là dans le metaverse. Je prône cette curiosité élargie de la biologie à l’art. »
Yves Saint Laurent et l’art, c’est une longue histoire… Et une exposition étonnante qui court jusqu’au 15 mai : au lieu de rassembler toutes les œuvres qui ont inspiré le couturier dans un même lieu, ce sont les robes, silhouettes et toilettes du couturier qui se déplacent là où sont exposés leurs modèles.
Si l’on doit mesurer le talent d’un artiste et l’immensité de son art au nombre de musées qui exposent son œuvre, alors Yves Saint Laurent est un très grand. On savait qu’il était un grand couturier. Le grand public sait peut-être moins qu’il a été un grand amateur d’art et que différents peintres, sculpteurs, artistes et courants l’ont nourris et inspirés. Du 29 janvier au 15 mai 2022, six grands établissements parisiens mettent en lumière chacun un aspect de la personnalité et de l’univers du créateur. Le format est inédit. L’exposition forme un parcours de plusieurs chapitres et épisodes de la vie du couturier, comme c’est souvent le cas des monographies.
L’originalité réside dans le fait que ces chapitres soient eux-mêmes répartis dans plusieurs musées de premiers rangs de la capitale de la mode. « Yves Saint Laurent aux Musées » permet à l’œuvre du couturier de se déployer non pas dans un, ni deux, ni trois mais six hauts lieux de la culture.
Au musée d’Orsay, les robes impressionnistes répondent aux toiles de Monet, Manet. Le musée Picasso sert d’écrin à la période rose et aux toilettes cubistes YSL, quand le musée d’Art moderne et le Centre Pompidou posent face à face les toiles, sculptures et œuvres modernistes et contemporaines, dont la fameuse robe Mondrian, celle qui fera connaître le jeune créateur au monde entier en 1966. L’exposition itinérante se poursuit au Louvre et bien sûr, au musée Yves Saint Laurent, qui célèbre comme il se doit les 60 ans du tout premier défilé du couturier.