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Le recyclage des matériaux est devenu un enjeu majeur pour les créateurs de mode. La remise dans le circuit de matières dont on ne savait pas quoi faire est en train de faire naître un nouveau modèle économique en même temps que cela engendre une nouvelle façon de créer.
L’industrie de la mode recherche activement des solutions pour rendre sa chaîne de production plus verte. Un moyen tout simple est vite apparu. Il a même sauté aux yeux de tous, jeunes créateurs indépendants, comme gros acteurs du textile habillement ou majors du luxe. Une évidence. Alors que la planète a chaud, recouverte qu’elle est des tonnes de vêtements que les humains (surtout en occident) jettent au quotidien, il suffit de se pencher et de servir dans les montagnes de déchets et piocher dans les poubelles pour trouver les étoffes des vêtements de demain. Et créer la nouvelle mode.
Prince charmant
Les Anglo-Saxons les appellent «dead stocks» (stocks morts) ou «leftovers» (laissés pour compte). Dans la langue de Molière, le romantisme est de mise : on parle de « stocks dormants »… qui n’attendent qu’un prince charmant pour les réveiller. De jeunes créateurs allergiques au gaspillage et sans le sou se proposent d’endosser ce rôle. Des grandes griffes de luxe se sont aussi essayées à la revalorisation de leurs propres richesses, au premier rang desquelles Chanel. Pour la collection croisière 2021, présentée juste après le premier grand confinement, en juin 2020, le nombre de références avait été resserré et seuls des tissus, cuirs, plumes, paillettes ou dentelles qui se trouvaient déjà sur les étagères des studios de création avaient été exploités.
La créatrice la plus en vue du moment, Marine Serre, est un chantre de l’upcycling. En français, il faudrait dire « recyclage améliorant » ou « sur-cyclage ». Elle fait sensation sur les podiums de la Paris Fashion Week avec des combinaisons ultra sexy faites à partir de surplus de l’aviation américaine, des robes du soir en toiles de parachutes, des vestes dans les draps des uniformes d’agents Sncf. Vendu à prix d’or dans les plus belles boutiques du monde entier, sa mode remet les pendules à l’heure et redonne une nouvelle définition du luxe. Un produit de luxe est rare car il est unique, fait par un créateur à la vision singulière pour une seule personne… Et pour cause, avec des chutes, des stocks dormants ou des Puces, il n’y a pas deux produits semblables.
Pinko a même nommé un directeur du design durable en septembre 2020. La première collection de Patrick Mc Dowell, premier styliste de l’histoire de la mode à occuper ce poste, s’appelle Re-imagine. Elle a été conçue à partir de stocks de tissus qui dormaient dans les hangars de la société, a donné naissance à une grande série. Au point qu’aujourd’hui, la marque de prêt-à-porter prémium italienne envisage de pousser sa ligne éco-conçue en première ligne. De grandes chaînes, dont on sait la difficulté à bouger et à se transformer, sont aussi séduites par la réactivité promise par la réutilisation de rouleaux de tissus déjà sur site.


Serait-ce un premier pas vers la relocalisation ? Bizzbee ou Tape à L’œil, enjoints par Le Plateau Fertile de Roubaix, se lancent dans la transformation de leurs chutes en accessoires, sacs, pochettes, quand Jules et Brice, vont faire refabriquer des jeans en France avec des chutes pour limiter les coûts. De son côté, Promod met même en place la vente de coupons. A l’autre bout de l’échiquier, chez les jeunes créateurs indépendants, c’est là que cela s’active le plus pour mettre en place un nouveau système de la mode.
Corriger les défauts du neuf
Faire du neuf, du désirable et de l’éco-responsable avec du vieux, du rejeté, du mal aimé : c’est ce que Yolande Klaassen propose avec Revive Clothing. « Chaque produit est fait à partir d’un vêtement déjà existant, invendu dans les boutiques. » Bien avant que la loi anti-gaspillage et pour une économie circulaire (Agec) n’entre en vigueur, la créatrice s’invitait dans les arrière-boutiques. « Il y a trop de gaspillage dans le textile-habillement. Bien sûr, il se peut qu’il y ait des erreurs d’achats, des tendances qui ne se confirment pas, des couleurs qui ne rendent finalement pas très bien. Mais j’ai été témoin de productions énormes réalisées exprès pour être vendues pendant les soldes, avec l’éventualité d’être à côté de la plaque. »
Analyser les raisons de ces échecs commerciaux et proposer des solutions pour qu’ils ne terminent pas chez des déstockeurs ou en chiffons (puisqu’il est interdit de brûler ses invendus depuis janvier 2021) est sa nouvelle mission. « Nous réinventons le vêtement pour corriger un défaut ou pour transformer un élément qui n’a pas plu au consommateur. C’est ici un look trop masculin pour une chemise militaire où il suffisait d’enlever les rabats des poches et d’ajouter des lisérés de dentelles pour qu’elle décolle. Là, une combinaison trop chaude et pas pratique qui ne demandait qu’à être coupée en deux pour trouver preneuse. »


Alexandre Iris et Gauthier Desandre Navarre invitent même depuis le mois de juin à découvrir « Cent Neuf, la marque qui injecte du sang neuf dans votre vestiaire. Sans neuf. » Ils promettent réinventer la seconde main. Cent Neuf est la première marque à développer, grâce à un directeur artistique, ses propres collections 100% seconde main. « Cent Neuf ne crée rien, à part une nouvelle approche de la mode », promettent les deux spécialistes de la mode, connus pour avoir été à l’œuvre chez Ba&Sh notamment.
Sans le sou mais plein d’idées
La préférence pour des stocks dormants n’est pas forcément un choix d’emblée. Mais cela devient un moyen de se différencier, d’autant plus évident pour de jeunes marques qui se lancent. « On ne peut pas arriver dans ce secteur aujourd’hui en reproduisant les schémas délétères du passé », indique le duo de créatrices de Salut Beauté Sarah Nimir et Mathilde Gindre. Grande consécration : elles ont fait leur apparition dans le temple de la mode, the place to be lorsque l’on embrasse la carrière de créateur de mode : le Printemps, boulevard Haussmann, à Paris, a déroulé le tapis rouge à leur approche éco-responsable de la mode – et à leur style bien sûr.


Elles font remarquer que « l’offre de matières à recycler est si large que nous pouvons nous permettre d’obtenir notre premier choix de tissu, celui que nous avions imaginé dans nos croquis. Nous pouvons même travailler comme n’importe quel studio de création en commençant par dessiner et chercher ensuite le tissu qui rendrait le mieux. Si d’aventure, une superbe matière n’était disponible qu’à raison de 30 mètres, le défi est de trouver le meilleur complément pour finaliser la silhouette ».

Jusqu’au 22 janvier 2023, le MAD remet à l’honneur « l’œuvre audacieuse d’Elsa Schiaparelli, dont l’inspiration s’est nourrie d’une relation privilégiée avec les artistes du milieu de l’avant-garde parisienne des années 1920 et 1930 ». Près de 20 ans après la rétrospective qui lui a été consacrée en 2004, le musée a souhaité revisiter son œuvre afin de faire redécouvrir au public sa fantaisie novatrice, son goût du spectacle et sa modernité artistique.
Elle était la meilleure ennemie de Coco Chanel et la meilleure amie des artistes les plus en vue de sa génération, bien qu’elle opérât dans une discipline encore étrangère, à l’époque, pour le monde de l’art : la mode . On ne se demande pas pourquoi et l’exposition « Shocking ! les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli » du Musée des Arts Décoratifs de Paris le rappelle à l’envi. La vision de la couturière d’origine italienne, parisienne d’adoption, d’une mode plus conceptuelle et artistique que pratique et fonctionnelle, classe Elsa Schiaparelli décidément bien à part de ses congénères qui habillaient les femmes. Avec ses toilettes ludiques et décalées, elle les sublimait, leur permettait de dire d’elles-mêmes ce qu’aucun autre couturier ne permettait : « je suis libre ».

Une exposition entre hommage et héritage
Le parcours réunit 520 œuvres dont 272 costumes et accessoires de mode, « mis en regard de 248 peintures, sculptures, bijoux, flacons de parfum, céramiques, affiches et photographies signées des plus grands noms de l’époque, photographes, peintres, écrivains ou poètes, de Man Ray à Salvador Dalí, de Jean Cocteau à Meret Oppenheim ou encore d’Elsa Triolet ».

Cette grande rétrospective met également en lumière l’héritage du style Schiaparelli avec des silhouettes interprétées par de célèbres couturiers lui rendant hommage, comme Yves Saint Laurent ou Azzedine Alaïa. Daniel Roseberry, directeur artistique de la maison Schiaparelli depuis 2019, interprète cet héritage dans un esprit aussi fantasque que l’était Elsa elle-même. L’exposition serpente dans les galeries de la mode Christine & Stephen A. Schwarzman du MAD dans une scénographie poétique et immersive confiée à Nathalie Crinière.

Repérée par le designer Alexander Lervik avec lequel elle collabore désormais, la jeune designeuse Anna Herrmann présentait ses créations à la Stockholm Design Week, dont un étonnant modèle de chaise/fauteuil baptisé The Poodle, dont on peut dire qu’il a du chien !
Anna Herrmann est sans doute l’un des noms qu’il faut retenir de la Stockholm Design Week de Septembre. Elle y présentait en effet trois produits : la chaise et le fauteuil The Poodle, créés pour la marque de mobilier Johanson, et la lampe murale The Juno, conçue pour la collection Noon. Le point commun de ces différentes pièces réside en la présence en tant que figure tutélaire du célèbre designer suédois Alexander Lervik qui l’a repérée après qu’elle a obtenu son diplôme – comme lui, vingt-cinq ans plus tôt – au réputé Beckmans College of Design de Lidingö, à côté de Stockholm. Lervik ayant constaté que le nombre de jeunes étudiantes en design était plus important que le nombre de femmes travaillant effectivement ensuite comme designer à l’échelle professionnelle, il souhaitait particulièrement donner un coup de pouce à une jeune designeuse talentueuse. Le choix d’Anna Herrmann s’avère pour le coup particulièrement judicieux.


Partagée entre Stockholm et son propre studio de travail à Munich, la designeuse germano-suédoise a en effet de la suite dans les idées, qu’elle exprime dans le sillage de ses origines personnelles, entre minimalisme scandinave et esprit bavarois plus bohème. Pour la collection de luminaires Noon dirigée par Alexander Lervik, elle a imaginé le modèle The Juno, dont le dessin s’avère particulièrement poétique, avec cette ligne fluide et ses éléments astraux dont les ombres semblent flotter et se projeter sur le mur d’applique.
The Poodle : du volume et du caractère
Dans le cadre du projet PLUS1 mené pour la marque de mobilier Johanson, elle a travaillé avec Alexander Lervik sur le design de la chaise et du fauteuil The Poodle, dont les formes amples, découpées et relevées évoquent les courbes franches des coupes et tontes (coupe mouton-pantalon, coupe mouton-tondeuse) opérées sur les caniches. Une opération de toilettage textile insolite tant l’assise de The Poodle s’avère des plus surprenantes et mimétiques avec les formes du caniche qui lui donne son nom.

Le plus amusant est que l’idée du design est venue à Anna Herrmann alors qu’elle cherchait sur internet des modèles de coupe pour son propre toutou. « En fait, mon algorithme web a été bombardé de solutions de toilettage pour chiens car je passais mon temps à chercher des tutoriels en ligne pour le mien, un cockapoo, puisque tous les salons étaient fermés à cause du COVID », explique-t-elle. « Dès que je suis tombée sur la photo du caniche, j’ai su qu’il y avait là un potentiel pour créer quelque chose. L’idée a été ensuite d’essayer de capturer toute l’essence formelle de ce caniche. Pas seulement le volume, le côté ʺhugs/câlinʺ, mais aussi quelque chose tenant du caractère, de la personnalité et de l’attitude du caniche sur cette photo. » L’incidence du caniche sur le travail de design de la chaise/fauteuil The Poodle s’est d’ailleurs aussi traduite dans le choix de la matière, en coton Teddy Fabric.« Ça a permis de soutenir l’expérience tactile, avec ce tissu légèrement bouclé qui évoque une sensation de fourrure, sans en être complètement », poursuit-elle.
Travail croisé
Un autre aspect intéressant du produit est la façon dont il met en avant ce principe de travail en collaboration entre un designer aussi renommé qu’Alexander Lervik et une jeune fraîchement diplômée. « Le projet de lampe Juno, qui a été édité dans la collection Noon d’Alexander, est complètement mien et remonte à mes années étudiantes », remarque-t-elle. « Mais The Poodle est un véritable travail collaboratif. Pour autant, Alexander a bien voulu progressivement me laisser plus de place dans celui-ci jusqu’à se contenter d’un simple rôle de mentor. C’était très important pour lui que je puisse avoir la latitude de développer un vrai travail personnel de création en connexion avec le style de design de la marque Johanson. »

Les premiers croquis ont donc été dessinés et travaillés à quatre mains, avant qu‘Anna ne prenne progressivement plus nettement les rênes du projet. « D’abord, comme j’étais encore basée à Munich, nous avons beaucoup échangé d’idées, de croquis et d’inspiration à distance, via Zoom. Puis, j’ai fini par être prioritairement impliquée dans la communication avec Johanson, pour faire les présentations, régler les questions techniques de développement du produit et d’usinage, faire les ajustements nécessaires, etc. Mais, Alexander était toujours disponible pour me donner les bons conseils. » Une manière de signifier que le savoir-faire du design suédois ne repose pas seulement sur sa qualité technique, mais aussi sur la qualité relationnelle des créatifs qui en sont les garants.

Chaque année, l’annonce des lauréats du prix pour l’Intelligence de la main est un temps fort de l’automne. Ce jeudi 6 octobre, dans une salle Wagram comble, au cours d’une cérémonie célébrant avant tout la patience et la passion des artisans et designers, et en présence de Rima Abdul-Malak, Ministre de la Culture, la Fondation Bettencourt-Schueller dévoilait la « promotion 2022 » des prix Talents d’Exception, Dialogues et Parcours.
Depuis son lancement en 1999 par la Fondation Bettencourt Schueller, le prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main récompense les créateurs qui développent un savoir-faire et innovent dans le domaine des métiers d’art. Aujourd’hui devenu à la fois une référence et un label d’excellence, le prix accompagne financièrement et stratégiquement les créateurs primés à approfondir un projet.
Pour cette édition 2022, ont été récompensés : Grégoire Scalabre, le duo Anaïs Jarnoux & Samuel Tomatis et l’union d’associations L’Outil en Main. Des lauréats mis à l’honneur par la présidente de la Fondation, Françoise Bettencourt Meyers, et par le jury à nouveau présidé par Jean de Loisy, commissaire d’exposition et critique d’art. Cette soirée a été lancée sous de bons auspices, avec une prise de paroles engagée en faveur des métiers d’art et du design Mme Rima Abdul-Malak. La Ministre de la Culture a en effet rappelé que son cabinet est le premier à comprendre un conseiller spécialement en charge de ces secteurs, et l’importance du rôle à jouer de ce vivier économique, patrimonial et culturel dans le cadre de France 2030. Par ailleurs, elle a profité de la soirée pour confirmer en direct aux artisans un nouveau report cette année du crédit d’impôts.
Grégoire Scalabre, lauréat dans la catégorie Talents d’exception
Le prix Talents d’exception a pour but de récompenser un artisan d’art pour la réalisation d’une œuvre résultant d’une parfaite maîtrise des techniques et savoir-faire d’un métier d’art. Cette année, c’est le céramiste Grégoire Scalabre qui est récompensé pour son œuvre « l’Ultime métamorphose de Thétis ». Créée en hommage à la nymphe marine de la mythologie, cette pièce célèbre l’objet le plus humble et le plus essentiel de l’humanité. En effet, le vase accompagne l’homme depuis la nuit des temps, et Grégoire Scalabre le sublime en le multipliant, en jouant sur les échelles, les formes. L’œuvre comprend 70 000 amphores miniatures, faites de porcelaine translucide émaillée.


Accompagné par la Fondation Bettencourt Schueller dans ce projet, le céramiste pourra ainsi réaliser une nouvelle sculpture monumentale et équiper son atelier. La transmission étant une valeur essentielle de son parcours – totalement autodidacte comme il l’a rappelé sur scène – il prévoit également de développer ses actions actuelles, notamment par la création d’un programme de Master Class permettant à des apprentis de rencontrer des artisans d’art ayant une approche singulière de la céramique.
Pour ce prix, Grégoire Scalabre se voit récompensé d’une dotation de 50 000 € et bénéficie d’un accompagnement allant jusqu’à 100 000 € pour réaliser un projet de développement.
Anaïs Jarnoux & Samuel Tomatis, lauréats de la catégorie Dialogues
Depuis sa création en 2010, le prix Dialogues salue la collaboration d’un artisan d’art et d’un designer, à travers la présentation d’un prototype ou d’une création qui témoigne d’un savoir-faire artisanal d’excellence, l’artisan étant challengé dans sa pratique par l’approche du designer. Le duo composé de la tapissière d’ameublement Anaïs Jarnoux, et du designer Samuel Tomatis a été récompensé pour le prototype du sac MS.86.Ulva, conçu à partir d’un matériau composé à 100 % d’algues, en lieu et place des traditionnelles peaux animales. Un matériau que Samuel Tomatis a développé, testé, puis éprouvé au terme de six années de recherche en collaboration avec des artisans et des scientifiques. Ce dernier est totalement biodégradable et peut très bien remplacer le cuir ou encore le plastique, autant dans le champ industriel qu’artisanal. Une réalisation qui s’inscrit dans une démarche écologique et vertueuse. Et sur ce projet, le processus de création du sac a mobilisé l’expertise et le savoir-faire de maroquinerie et sellerie d’Anaïs Jarnoux, rencontrée aux Ateliers de Paris. Avec le soutien de la Fondation, le duo compte créer de nouvelles pièces, perfectionner ce biomatériau et développer son processus de production en vue d’une application à plus grande échelle.

Pour ce prix, ils obtiennent une dotation de 50 000 € à se partager, en plus de l’accompagnement pouvant aller jusqu’à 150 000 € pour le déploiement d’un prototype ou de l’objet afin d’en approfondir l’expérimentation, la recherche et l’innovation.
L’Outil en Main, lauréat de la catégorie Parcours
Lancé en 2014, le prix Parcours salue une personne morale pour son engagement et sa contribution exemplaire au secteur des métiers d’art français. C’est le seul prix qui ne demande pas de candidatures, les lauréats sont détectés par les experts entourant la Fondation. Cette année, c’est l’union d’association L’Outil en Main ® qui se voit récompensée. Créée en 1994, elle s’est donnée pour ambition de faire appel à des artisans et des artisans d’art à la retraite pour initier les jeunes aux métiers manuels. L’Outil en Main regroupe aujourd’hui 235 associations, réparties dans 68 départements, en métropole, également en Guadeloupe et Guyane. Chaque semaine, 3 500 jeunes de 9 ans et plus sont accueillis par les 5 500 bénévoles. Une occasion pour s’initier durant l’année à trois ou quatre disciplines différentes, de développer sa dextérité en découvrant les gestes et les outils et de réaliser son « chef-d’œuvre »… Une initiative révélatrice de talents, puis que l’expérience suscite de multiples vocations. En effet, 40 % des jeunes passés par L’Outil en Main ® choisissent ensuite un métier autour de l’artisanat.

Accompagnée par la Fondation, L’Outil à la Main ® pourra développer davantage son réseau d’associations, soutenir le recrutement de bénévoles (notamment dans les métiers d’art), et mettre en place des modèles innovants d’ateliers destinés, par exemple, aux jeunes en situation de handicap. Avec ce prix, l’Outil en main bénéficie d’un don de 50 000 € ainsi qu’accompagnement jusqu’à 100 000 € pour réaliser un projet destiné à faire rayonner l’univers des métiers d’art.

Situés en plein cœur du 15e arrondissement entre l’avenue Emilie Zola et la rue Violet, les bâtiments Biome forment un écosystème, en adéquation avec les attentes actuelles de la capitale. Un projet mené par les agences YMA et Jouin-Manku, dont les premiers locataires sont attendus pour l’été 2023.
Le projet Biome débute en 2017, lorsque la Société Foncière Lyonnaise (SFL) décide de se lancer un défi pour le moins ambitieux : réinventer l’ancien siège du groupe d’assurances SMABTP pour le transformer en un environnement de travail dernière génération. Les travaux débutent en 2019 et durent deux ans et demi, avec entretemps un arrêt de quelques mois dû à la crise sanitaire. Au total, Biome regroupe 24 000 m2 de terrain, dont 21 000 m2 de bureaux, 400 m2 d’espaces de coworking ainsi que 700 m2 de logements (situés rue Violet). « Nous souhaitions casser les codes du bureau fonctionnel en se rapprochant de l’hôtel, de l’espace domestique. Le bureau n’est plus simplement le lieu de la production, c’est aussi un lieu d’interactions » explique Dimitri Boulte, PDG de la SFL.

Biome, des bâtiments entre urbanisme et espaces verts
Parti de la structure d’origine imaginée par Raymond Lopez et Henri Pottier dans les années 60, « ce bâtiment était un OVNI qui ne ressemblait pas aux autres autour de lui » confie Patrick Jouin. L’idée pressentie par les architectes était en effet de partir de ce qui existait au maximum et de le réinterpréter. Le bâtiment d’origine est donc réhabilité tandis qu’en parallèle, les deux agences imaginent un exosquelette, qui viendrait se greffer au premier bâtiment et permettrait de créer un nouvel équilibre avec le jardin. Un exosquelette à la structure totalement inédite puisque chaque poteau qui compose cet habitacle en béton est différent des autres, mais pourtant, le résultat est totalement aligné. « Nous étions dans cette quête de l’unique. Concernant le choix du béton, on le voit généralement comme quelque chose de négatif alors qu’il a de nombreuses qualités. Cette fois-ci, nous avons voulu le présenter comme un matériau noble » explique Yrieix Martineau, de l’agence YMA.


Répondre aux enjeux liés à l’espace de travail et à la ville de Paris
La crise sanitaire ayant accéléré la démocratisation du télétravail, rendre l’espace de travail plus attractif est devenu un vrai défi. Ainsi, en créant Biome, il a fallu penser à la fois à ces nouveaux enjeux de travail ainsi qu’aux contraintes données par une ville aussi dense que Paris. « Aujourd’hui, le vrai défi à Paris est de créer des bâtiments qui véhiculent une image de modernité » témoigne Dimitri Boulte. En effet, les meneurs du projet ont dû étudier en amont les attentes des travailleurs d’une part, mais également celles des habitants du quartier. « Ce n’est jamais simple de faire un bâtiment de cette envergure dans une ville. Ça a été une vraie aventure du début à la fin » ajoute Sanjit Manku.


Et les jardins, qui devraient fleurir davantage d’ici l’été 2023, permettent d’apporter une touche de verdure et une bouffée d’oxygène nécessaires. « On est en cœurs de ville, mais il y a de l’espace, de la vie, de l’air. Il est important dans une ville comme Paris d’avoir des espaces de respiration » conclut Patrick Jouin.

Depuis 2016, le Pôle Action, association créée par des architectes membres du CFAI (Conseil Français des Architectes d’Intérieur), s’est donné pour vocation d’apporter un soutien aux architectes d’intérieur à travers des formations, séminaires et des moments d’échanges réguliers, dans le but de faire grandir la communauté et l’animer.
« Le Pôle Action a été créé avec l’objectif de fédérer les compétences, les fondamentaux et de former sur la déontologie du métier d’architecte d’intérieur. Il agit pour aider le CFAI dans sa démarche de reconnaissance de la profession, car nous avons tous cette quête du Graal ». Ces mots de Richard Bagur, architecte d’intérieur à Lyon et un des membres fondateurs du Pôle Action, résument sobrement le combat mené par les professionnels dans leur quête de reconnaissance. Pour donner quelques chiffres clés, on compte près de 2500 architectes d’intérieur en France. 900 d’entre eux sont membres du CFAI et 400 font partie du Pôle Action. Depuis sa création en 2001, le CFAI reprend la mission que s’était donnée l’OPQAI vingt ans auparavant. Organisme privé et indépendant, le CFAI reconnaît, au travers d’une grille de critères spécifiques, les compétences des architectes d’intérieur et des établissements d’enseignement qui en font la demande. En l’absence d’une réglementation officielle de la profession, le CFAI permet ainsi de garantir auprès du consommateur la qualité de la formation et de l’exercice professionnel de ses membres et accompagne les diplômes de 15 écoles au niveau master. De fait, bien qu’indépendants et distincts dans leurs missions, le Pôle Action et le CFAI sont parfaitement complémentaires.
Le Pôle Action, association d’information et d’accompagnement
En six ans, le Pôle Action a vu son nombre d’adhérents augmenter de manière significative. S’il n’est pas obligatoire de faire partie du CFAI pour y adhérer, la démarche devient presque instinctive au fil du temps. Et tandis que le CFAI tente de faire évoluer le cadre juridique et de formation de la profession et travaille pour sa reconnaissance étatique au niveau de sa réglementation légale, le Pôle Action joue un rôle de soutien en réunissant les professionnels pour qu’ils puissent partager leurs expériences, ouvrir des débats et être au plus proche du terrain et des confrères. « L’architecte d’intérieur n’est pas un architecte, ce n’est pas non plus un décorateur. Il est primordial de faire cette distinction sur le métier qui est encore floue pour beaucoup malheureusement. Pour moi, l’architecte d’intérieur est un hyper spécialiste qui a divers domaines de compétences tels que la conception, la restructuration, l’organisation, la réhabilitation, la transformation… Parler d’architecture intérieure c’est concevoir l’architecture à l’échelle intime de la vie quotidienne. » explique Bruno Verwaerde, architecte d’intérieur membre du CFAI et expert judiciaire près de la Cour d’appel de Douai.
Un réseau élargi en région
Le Pôle Action n’a pas un siège commun, mais se divise en sept antennes régionales réparties dans toute la France, à savoir : en Auvergne Rhône Alpes à Lyon, la « ville-mère » du lancement de l’association, en Ile-De-France à Paris, dans les Hauts-de-France à Lille, dans le Grand-Est à Strasbourg, dans l’Ouest à Nantes, en Nouvelle Aquitaine à Meilhards et en Occitanie à Toulouse. L’objectif étant de « chercher des professionnels en région, de tisser un réseau au niveau local avec des entreprises de qualité, des prestataires, ingénieurs et accompagner au mieux les professionnels du métier, qualifiés ou novices dans le métier » témoigne Marion Bochirol, ex-présidente du Pôle Action pendant quatre ans.

Des actions riches et variées
En ce qui concerne les actions menées, elles sont propres à chaque antenne régionale. Généralement, au moins une réunion mensuelle est prévue, mais ce nombre peut varier en fonction des besoins, des envies et des tendances des membres de chaque antenne. En Île-de-France par exemple, le nombre d’événements oscille entre un à trois regroupements par mois. « Chaque Pôle Action en région a sa propre organisation. En Ile-de-France, nous essayons de faire des choses variées en proposant des visites de bâtiments remarquables ou de showroom par exemple. Nous organisons aussi des tables rondes sur des thèmes variés, en adéquation avec les problématiques des confrères » explique Flora Auvray, présidente du Pôle Action en Ile-de-France.
Récemment, à l’occasion du salon Ideobain, le Pôle Action Ile-de-France a organisé une soirée sur le thème du partage des bonnes pratiques de l’architecte d’intérieur éco-responsable. Et si la soirée se déroulait à Paris, celle-ci était ouverte à tous et a permis de réunir des professionnels venus de chaque région.

Ces rendez-vous mensuels prennent généralement la forme de séminaire pour y aborder des thèmes spécifiques : techniques liées au métier, mise à jour sur les textes réglementaires et nouvelles normes, partage d’expériences (en terme d’honoraires, de relations client, de pratiques au quotidien…). « Souvent les architectes d’intérieur sont seuls. Le Pôle Action et ces rendez-vous mensuels sont donc la possibilité de pouvoir échanger avec ses pairs, ce qui est très important. Cela permet d’être des professionnels compétents tout en continuant à se former à travers ce réseau d’entraide et d’échange » ajoute Flora Auvray.

Carbone, nouveau club parisien situé dans le 10e arrondissement, a été lancé par l’agence H A ï K U en collaboration avec Entourage Paris et Culture. Côté architecture, c’est Nicolas Sisto qui s’est chargé de créer l’espace : un cube de béton brut mis à nu pour un résultat minimaliste, qui réserve son lot de mystères… et jeux de lumières.
Inauguré le 10 septembre, le club Carbone, dont la direction artistique a été imaginée et menée par l’agence H A ï K U, Entourage et Culture, propose de mêler l’architecture brutaliste à des jeux de lumières aux couleurs vives. Un lieu qui dévoile un DJ booth monolithique horizontal orange fluo, accompagné par un système son L-Acoustics, haute qualité.
Un projet aux valeurs responsables
Carbone Club imagine des soirées aussi minimalistes que son esthétique. En effet, il n’existe qu’un seul point de contact, via un numéro de téléphone unique que les clients doivent appeler pour obtenir les informations relatives à la programmation musicale de la semaine, le prix d’entrée, l’adresse…


Et puisque celui-ci se trouve au sous-sol de la Caserne – bâtiment qui se définit comme accélérateur de transition écologique et sociétale dédié à la filière mode et luxe en Europe – il était difficile d’imaginer ne pas avoir recours à des démarches responsables. Ainsi, la mise en lumière au sein du club a été réalisée par Matière Noire à partir d’éléments de leds recyclées (provenant d’une ancienne installation événementielle) et dissimulées derrière des panneaux de verre sablés. Aussi, le club Carbone s’est équipé de purificateurs d’air Andréa créés par Mathieu Lehanneur, un clin d’œil pour rappeler la nécessité vitale du carbone ?
Club Carbone
14, rue Philippe de Girard – Paris, 10e
Tél. : 07 56 81 51 56

Une rentrée sous le signe des premières : Charlotte Juillard a fait partie des quatre designers sélectionnés pour « Talents So French », nouveau stand spécifiquement dédié aux designers et à l’autoédition à Maison & Objet en septembre 2022. Un coup de projecteur bienvenu, car cette boulimique de travail multiplie les projets avec les éditeurs tout en jonglant entre son studio et l’aventure d’Hava, maison qu’elle a cofondée. Carnet et stylo toujours à portée de main, elle dessine sans répit toutes les idées qui surgissent. Un rapport singulier au trait, qu’elle juge essentiel à sa création.
C’est à Gassin dans le Var que Charlotte Juillard a grandi. Élevée dans une famille de médecins, elle développe très vite un attrait pour l’esthétique. « Depuis toute petite, j’ai cette sensibilité au beau et l’art m’a toujours attirée. En plus, j’ai eu la chance de beaucoup voyager plus jeune, je pense que ça a forgé ma personnalité car aujourd’hui j’ai toujours la bougeotte. » À 18 ans, son bac S en poche, elle quitte son Sud natal pour la capitale qui l’avait « toujours fait fantasmer.» Elle suit une prépa en Arts Appliqués avant d’intégrer l’école Camondo, en parcours architecture d’intérieur/design. « J’ai intégré cette école sans savoir où ça allait me mener. Moi qui étais assez scolaire et qui n’aimais pas trop sortir des sentiers battus, c’était un saut dans le vide pour moi.»
Du trait à l’objet
En réfléchissant à son parcours, elle se rend compte de l’importance du trait. « À l’école, mes copies devaient toujours être parfaites, avec chaque titre bien souligné. J’ai toujours eu ce rapport très fort à l’esthétique, qui se ressent encore aujourd’hui. » Tous ses projets commencent par un dessin, sans exception. Elle a même développé la manie d’avoir toujours le même stylo, avec une mine de 0,38mm, qui l’accompagne partout. Sans lui, elle en est persuadée, le rendu ne sera pas bon.
Malgré un parcours axé vers l’architecture d’intérieur, son attrait pour le design se distingue rapidement. À tel point qu’elle choisit cette spécialité pour son sujet libre des épreuves de diplôme. Commence alors son aventure avec la Manufacture de Sèvres, avec laquelle elle édite la série Morphose, qui reste une expérience marquante de sa carrière. « Ça a été ma première émotion de design. C’était la première fois que les dessins de mon carnet ont pris vie. »

Un passage à la Fabrica et aux Ateliers de Paris
Un an après son diplôme, elle est sélectionnée pour une résidence à la Fabrica, centre de recherche et de communication du groupe Benetton, situé à Trévise en Italie et fondé par Oliviero Toscani et Luciano Benetton. Elle y mène des expérimentations durant un an et demi, sous la direction de Sam Baron avec qui elle entretient toujours de très bonnes relations. « C’est une personnalité très généreuse à qui je dois beaucoup. Je pense qu’une carrière est faite avec beaucoup de choses. Un peu de talent certes, mais surtout grâce à nos rencontres » confie-t-elle à son sujet. Elle cite également parmi ses rencontres marquantes de l’époque David Raffoul, du studio libanais David & Nicolas, ou encore la designeuse Giorgia Zanellato qui possède le studio Zanellato/Bortotto en Italie, devenue plus tard témoin à son mariage.
À son retour à Paris, cet « esprit de colonie » envolé, elle ressent le besoin de continuer à évoluer dans un espace partagé. « Après cette expérience et la liberté créative que j’avais pu acquérir, il était impossible pour moi de m’imaginer travailler en agence.» Elle intègre l’incubateur des Ateliers de Paris pour deux ans l’année suivante. Les collaborations avec les maisons d’édition démarrent dans la foulée.
Daybed, collection Lavastone, désignée par Charlotte Juillard et édité par l'entreprise italienne Ranieri. Pièce présentée lors de Maison & Objet en 2016 © Morgane Le Gal
Création de son studio
Diplômée à 23 ans, elle acceptera quelques missions d’architecture d’intérieur. « À cette époque, j’avais beaucoup de doutes. Je sentais que mon style et ma personnalité n’étaient pas encore affirmés. Je me suis lancée dans ces projets, mais j’ai très vite été confrontée à la réalité de ce métier qui ne me correspondait finalement pas tant que ça. » Après cette expérience qui l’a “essorée”, elle décide de se recentrer sur le design et fonde son studio en 2014, avec l’envie d’auto-éditer ses pièces. « L’auto-édition permet d’avoir une liberté absolue dans mon travail. » En 2016, elle participe au salon Maison & Objet en tant que Rising Talents. Elle y présentera la collection en pierre de lave Lavastone, qui dévoilera son fameux daybed, une pièce importante pour elle qui lui permettra de gagner en notoriété. « Avec ce projet, j’avais réussi à produire quelque chose de sobre qui faisait sens avec mes dessins et ma personnalité. C’est une pièce que j’ai su défendre et avec laquelle j’ai tout de suite été à l’aise. »
Des collaborations diversifiées
Aussi loin qu’elle se rappelle, le point de départ de ses collaborations avec les maisons d’édition sera l’envoi d’un de ses dessins à Michel Roset (Ligne Roset) le bureau Brina, qui sera édité par la suite. Charlotte Juillard est également sollicitée par Duvivier Canapés, pour valoriser ses savoir-faire traditionnels avec des collections à l’esprit contemporain : le canapé Jules comme la table basse Adèle verront le jour. En 2021, elle s’associe à Parsua et crée le tapis Sirocca à l’occasion des 20 ans de la Galerie Chevalier. Avec Made.com, elle aspire à proposer un design « ouvert à tous » et imagine les collections Kasiani, Anakie et Toriko.

Cette liberté d’action à 360° est aujourd’hui devenue omniprésente. « Tout ce que je fais, c’est avec envie. Je suis toujours enthousiaste, une vraie pile électrique ! Je suis incapable de dédier une journée à une seule tâche. Mais c’est ma façon de fonctionner et je ne pense pas réussir à faire autrement. » Et si cette liberté l’anime, elle n’empêche pas une réelle exigence de sa part. « Je suis très perfectionniste. Quand je ne suis pas satisfaite d’un dessin ou d’une pièce, ça se ressent tout de suite. » Ses créations, elle les imagine et les esquisse dans des carnets, toujours les mêmes, aux pages écrues, avec une pochette en cuir noir ou bleu.

Miroir Inti, édité par Hava avec Thomas Castella (artisan), 2019

L’ expérience de l’édition… de A à Z
C’est dans le cadre d’une interview en 2014, qu’elle fait la rencontre de la journaliste Marie Farman. Très vite, elles se lient d’amitié et décident de monter une maison d’édition, Hava (« vent » en hindi), qui voit le jour en 2019. Une nouvelle façon pour la designeuse d’être au cœur de la création. « Je pense qu’Hava est la bouffée d’air de Charlotte, une sorte d’échappée parmi tous ses projets. C’est une vraie créative, qui aime dessiner et créer en permanence. Comme nous ne nous donnons pas de contraintes, ça lui permet d’exprimer son potentiel à fond. » explique Marie Farman. Ensemble, elles présentent des pièces comme l’applique ISO en métal plié et le tabouret Hestia fait en bois brûlé, présentés lors de son passage à M&O en septembre.


Donner sens aux projets
Consciente des questions liées à la surconsommation, Charlotte Juillard questionne de plus en plus le sens d’une production. « On ne peut plus consommer comme on le fait aujourd’hui. Être à l’initiative de la création me permet de réfléchir à des alternatives. » C’est notamment ce qu’elle fait avec Noma, maison d’édition de mobilier haut de gamme qui met l’écoconception au cœur de son positionnement, et avec qui elle a collaboré sur les collections Laime, Art et Ghan . « Dès notre première rencontre, Charlotte a été partante pour le projet. On se lançait à peine, mais elle nous a fait confiance. C’est quelqu’un de très solaire qui sait être à l’écoute et dans l’échange sur son travail. Au départ, elle devait nous dessiner un fauteuil mais nous en a finalement proposé deux, que l’on a gardés et même décidé d’éditer. » confie Bruce Ribay, cofondateur de Noma.


Ce caractère spontané et créatif que Charlotte Juillard traduit à travers ses dessins, est le fondement principal de sa réflexion. « Mes dessins sont assez instinctifs, mais ils ont toujours le même trait. » Une cohérence de son univers créatif retrouvé notamment dans sa scénographie à Maison & Objet en septembre 2022, sur le stand « Talents So French », auquel elle a participé, aux côtés de Pierre Gonalons, Bina Baitel et Samuel Accoceberry. Pour cette participation, Charlotte Juillard présentait la collection Hestia en bois brûlé, l’applique en métal plié Iso et la table Opus en pierre de lave.


Une expérience dont elle est fière, malgré des délais de préparations très serrés et l’apprentissage d’un exercice d’auto-promotion délicat pour elle : « Je ne suis pas très familière avec le fait de me vendre, mais j’ai pris cela comme l’occasion d’avoir de la visibilité et de rencontrer un public avec lequel je n’ai pas l’habitude d’échanger. J’ai eu des discussions très intéressantes sur l’artisanat français, l’auto-édition et le travail de designer aujourd’hui. Le public était assez varié, de qualité, et les retours sont très positifs. »

Le Mondial de l’Optique se tenait à Paris du 23 au 26 septembre avec sa cohorte d’exposants, opticiens, fabricants, éditeurs, scientifiques ou Meilleur Ouvrier de France, spécialiste en verre optique ou spécialistes en montures recyclées… sous la présidence d’Amélie Morel. Comment la technologie peut-elle révolutionner l’industrie à 180°, du concret au virtuel, de la lunette intelligente au metaverse, c’était la question de cette 56e édition qui accueillait pour la première fois le Concours Design Optique 2022 dont le jury était présidé par Emmanuel Gallina.
Stimuler la création, être un tremplin pour la jeune génération, les jurés ont sélectionné 7 projets qui ont fait l’objet d’un prototypage et ont été examinés en regard de leur dimension design, créative et innovante, de l’usage, de la fonction et de leur faisabilité. L’optique de demain se dessine, des montures jusqu’aux verres, version connectée ou version bijoux.
Le jeune Italien Vincenzo Panico, de la Nuova Academia di Belli Arti de Milan, sous la direction de Denis Santachiara, proposait les Googgless, des verres bijoux à porter pour se défaire du TDA, Trouble de la dépendance à Internet, à porter comme un » médicament » pour se libérer de la « maladie des écrans ». Alessandro Battaini, également sous la direction de Denis Santachiara, proposait les lunettes SI, destinées aux personnes qui après 40 ans commencent à souffrir de presbytie, livrées sous forme de fichier numérique, à réimprimer en 3D en cas de perte. Sessa Martina, sous la direction de Tattoni Guido, proposait Sonder, un projet conçu pour les générations de smart workers futures.

Le designer Diego Sparte, proposait Knot, des lunettes inclusives soucieuses des personnes souffrant d’arthrite, maladie auto-immune qui affecte les petites articulations. Jocelyne Boisson de l’Ecole Supérieure de Design des Landes de Mont-de-Marsan, proposait Percy, qui interroge sur le devenir des éco-systèmes marins et recycle le plastique extrait des océans. Avec Oora, Silvana Migliozzi cible les générations Y et Z, constamment connectées, leur offrant la possibilité de prendre en note des citations ou autres recherches compulsives, grâce à une micro-camera intégrée dans les branches.


Finalement, c’est Adi Abramov, dirigé par Uri Samet, qui en proposant Unfoldable, un concept durable et écologique, sans charnière ni vis, a remporté les 10000 euros du Prix du Design à partager avec son Ecole, la Shenkar College of Engineering, Design and Art de Ramat Gan en Israël.
Le Silmo, un salon international à suivre en novembre à Istanbul, en mars 2023 à Copenhague, en avril à Singapour, Barcelone, Prague, Porto pour revenir du 29 septembre au 2 octobre 2023 à Paris. Une marque qui voyage.

Labellisé « Génération Egalité Voices ONU Femmes France » et actrices et acteurs de la « #générationégalité », le collectif Women In Design, créé en octobre 2020, a lancé son programme de rôle modèle le jeudi 22 septembre, lors d’une conférence de presse.
En septembre 2021, Intramuros ouvrait sa série de talks à la Paris Design Week avec une carte blanche au tout nouveau collectif Women in Design (WID). Tout naturellement, l’échange s’est prolongé lors des talks de 2022 avec un « débat mouvant » questionnant notamment l’importance de rôle modèle dans les parcours de vie.
Fin septembre, le collectif décide encore plus loin dans ses annonces lors d’une conférence de presse. Parties du constat de l’archétype du rôle modèle dans le design français, WID lance le programme des rôles modèles. « L’image du designer est le standard de l’homme blanc quinquagénaire et évoluant dans un milieu privilégié », explique Johanna Rowe Calvi, fondatrice du collectif, laquelle reprend la citation d’Anna Dubessy. Women In Design propose de mettre en avant des rôles modèles sortant des sentiers battus, entrouvrant ainsi la porte sur un champ des possibles aux personnes qui souhaitent se lancer dans le monde du design.

Des rôles modèles pour de futures générations de designers
À la question « Le terme women n’exclut-il pas les personnes non binaires ? », Johanna de répondre « En réalité, les personnes non binaires sont inclues dans Women In Design, mais nous le précisons systématiquement. Parler du design en termes de genre ou de non-genre donne aussi la possibilité d’ouvrir la discussion sur un sujet rarement abordé. » Ce propos ouvre effectivement sur un débat national qui dérange, celui de l’identité sexuelle. « Nous sommes un collectif qui souhaite se développer en tant que sororité dans un premier temps, mais à terme, l’idée est de devenir une adelphité. »

Si parler de genre semble incongru dans le monde merveilleux du design, on évoque encore plus rarement le sentiment de non-appartenance à ce milieu. Pour le collectif, l’image du design francophone est sclérosée. « Il est difficile de se projeter dans la peau d’un designer lorsque l’on n’est pas issu du bon milieu social ou que l’on n’a pas la bonne carnation. À l’entrée des écoles de design, on ne tend pas à une grande pluralité. » À travers ce prisme, Women In Design a créé une communauté composée de personnes francophones de tous âges, de cultures et de milieux sociaux différents afin de valoriser des individus inspirants, souvent méconnues du grand public, qui serviront notamment de rôles modèles.

De nouveaux archétypes
Women in Design lancera officiellement son programme 2023, ouvert aux femmes et personnes non binaires, en janvier prochain. C’est à l’issue de la table ronde organisée par Intramuros en septembre 2021 à la Paris Design Week, que le ce projet a vu le jour. Cinquante-deux rôles modèles ont été choisies pour l’année à venir. La communauté a sélectionné ces femmes ou personnes non binaires qui forcent le respect par le biais de leur action, de leur travail, voire de leur influence. Le groupe de travail est composé des designers Laure Guillou, Marguerite Guéret, de l’artiste-designer Barbara Asei Dantoni, de Rose Rondelez, étudiante à Science Po et de Strate Ecole de Design.
Pour ce premier opus, la parole sera donnée à des designers francophones et ambassadrices d’horizons variés. Chaque semaine, l’une d’elles sera à l’honneur via trois temps forts. Une fois par mois, une table ronde, incluant les trois à quatre rôles modèles du mois, sera mise en ligne.

Le 26 août, Brokis organisait la 3e édition de la Glassmakers Night, dans son usine à Janštejn, en plein cœur de la campagne tchèque et en présence de son fondateur Jan Rabell. L’occasion de découvrir les coulisses de la verrerie et de dévoiler en exclusivité les nouvelles collections, imaginées par la directrice artistique de la marque, Lucie Koldova.
« Il y a 25 ans, j’ai voulu donner une chance au monde du verre et changer la façon de le produire » déclarait Jan Rabell lors de son discours d’ouverture à l’occasion de la Glassmarkers Night le 26 août dernier. Pour cet homme ayant précédemment évolué dans le secteur de la finance, quitter la ville pour la campagne en rachetant cette soufflerie de verre en 1997, était un pari. Au fil des années, il a su s’appuyer sur le savoir-faire de ses artisans souffleurs pour tenter de faire monter en gamme le monde du verre. En 2006, la marque Brokis est créée. Depuis, la maison est devenue une référence haut de gamme et signe l’excellence du savoir-faire tchèque, dirigée par sa directrice artistique depuis 2010, Lucie Koldova.


Trois nouvelles collections, entre élégance et brutalité
À son arrivée en 2010, Lucie Koldova n’imaginait pas atteindre de tels résultats. Pour cette designeuse originaire de Prague , intégrer Brokis était l’opportunité de découvrir de nouveaux savoir-faire et de faire évoluer sa pratique du design. « Je n’avais encore jamais fait de luminaires, je me suis dit que c’était l’occasion parfaite pour se lancer ». Douze ans plus tard, l’inspiration ne manque pas, tandis qu’elle proposait lors de la Glassmakers Night, les trois nouvelles collections 2022 : Overlay, Prisma et Orbis.

La collection Overlay, présentée en exclusivité lors de l’évènement, est inspirée de l’architecture. Au cours de sa présentation, Lucie Koldova explique avoir toujours aimé faire interagir les matières entre elles. « En tant que directrice artistique, je me dois de proposer le plus de modèles inédits. Le but premier de Brokis est de combiner le verre, qui reste évidement le matériau principal, mais également de le confronter à d’autres matériaux tels que le bois, le métal, le cuir… » De fait, la structure qui maintient la partie en verre est faite en béton composé à 60 % de chutes de verres. Un surplus de matière qui sert également à faire le BrokisGlass, cette nouvelle matière créée par Brokis, que Lucie Koldova avait par ailleurs présentée lors d’un talk Intramuros à la Paris Design Week en septembre 2021. « Cette collection est un vrai accomplissement, car nous avons réussi à créer un nouveau matériau que nous pourrons ajouter à nos prochaines collections » conclut-elle.

La deuxième collection, Prisma, puise son essence de l’architecture brutaliste. Faite en métal en zinc traité, elle se démarque par sa singularité. « Je dirais de cette collection qu’elle est audacieuse. En tant qu’architecte et designer, il est important de savoir repousser ses limites et de sortir du cadre pour aller encore plus loin. C’était un vrai challenge pour moi. » Prisma dévoile ainsi des modèles qui produisent une lumière forte, à l’image de son design. Si cette collection semble plus « sombre » par rapport à ce que Brokis a l’habitude de proposer, Lucie Koldova explique notamment qu’à travers les différentes facettes, les jeux de lumières et de couleurs produits par les luminaires, l’élégance et la sensualité de Brokis arrivent à se distinguer.


Enfin, la dernière collection, intitulée Orbis a été créée pour s’adapter à tous les espaces. Inspirés des bulles de savon, les luminaires sont disponibles en 3 tailles différentes, permettant de former une association intéressante et singulière. Inaugurées au printemps, les premières versions existaient uniquement en gris. Pour cette rentrée, que Lucie Koldova voulait plus colorée, Orbis dévoilait trois nouveaux coloris : caramel, gris rosé et kaki.



Le 8 septembre, dans l’effervescence de la Paris Design Week, était dévoilé le premier épisode de la Ligne du son, un podcast qui explore la relation intime entre le design et le son et la place que ce dernier occupe dans notre quotidien et nos environnements. Une ligne éditoriale pointue pour un auditoire hybride (professionnels du design, de l’architecture d’intérieur, de passionnés de design, de musique…) : c’est le pari qu’ont fait Intramuros et Bang & Olufsen dans cette aventure sur les ondes. Décryptage.
Le podcast « La ligne du son » aborde le son dans notre vie quotidienne, sous l’angle du design : l’intervention du son dans la création de produits, la restitution du son, le choix des matériaux, le rapport de l’individu au son, le son comme matériau créatif… Cette série s’adresse aussi bien aux amateurs de design qu’aux professionnels. Chaque épisode développe un point de vue spécifique. Les premiers dévoilés portaient successivement sur le défi technologique de la restitution du son (épisode 1 « le défi : faire cohabiter les époques »), les sons qui animent notre quotidien (épisode 2 : « la petite musique du quotidien »), la question des matériaux (épisode 3 : « Se mettre à l’écoute des matériaux »).
Chaque épisode présente le point de vue d’un designer sur le sujet accompagné d’un chercheur, d’un expert, d’un technicien, d’un artiste… Il y a toujours un petit pas de côté qui élargit le sujet où on ne l’attend pas et qui surprend, attise la curiosité : présence d’un bruiteur (Romain dans l’épisode 3) sur la question des matériaux, d’un musicien sur les sujets technologiques (Charles du groupe l’Impératrice, dans l’épisode 1).
Un podcast en partenariat
Le partenariat Intramuros x Bang &Olufsen porte sur le respect des valeurs de l’entreprise danoise, tout en gardant une liberté de ton. Si certains épisodes témoignent bien évidemment de ses champs de recherche (défi technologique, environnemental), la ligne éditoriale est ouverte. Tous les sujets sont abordés avec une même éthique, dans une volonté d’éveiller la curiosité des auditeurs à ce domaine éclectique et passionnant, dans un principe de vulgarisation, de rendre accessible (sans pour autant simplifier à outrance). Le parti pris design permet une synergie d’échanges et de réunir autour de la table créatifs, techniciens, commerciaux et de proposer des points de vue complémentaires dans un but commun : la perception du son comme un espace créatif et la mise en avant des professionnels qui restent souvent dans l’ombre : technicien son, designer sonore…
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Dans ce premier épisode, Malo (Nova), Alexis (Bang & Olufsen) et Charles (L’Impératrice) parlent des transformations majeures qui ont marqué l’histoire du son, du XXe siècle à nos jours. Comment s’y retrouver dans les formats sonores qui existent aujourd’hui ? Comment les faire cohabiter dans nos équipements ? Quels sont les enjeux d’une bonne restitution ? Quels nouveaux terrains de jeux créatifs pour les musiciens ?

Dans ce deuxième épisode, Valentine (designeuse, chercheuse), Chafik (designer, architecte) et Michael (Président de Sixième Son) parlent des sons qui animent notre vie quotidienne. De la machine à café aux objets connectés, de l’eau qui coule aux jingles de la SNCF, ils explorent en profondeur la sonorité des objets, des marques, et des environnements qui nous accompagnent dans la vie de tous les jours.

Pour accompagner sa politique de recherche & développement autour d’un béton décarboné, le groupe cimentier Holcim propose toute une gamme de solutions innovantes pour les constructions d’aujourd’hui et de demain. Du design et des systèmes intelligents qui repensent le bâti des structures (pont Striatus), des sols (Rippmann Floor System) aux toits végétalisés (green roofing), quand il ne s’agit pas de la construction de la maison elle-même en 3D !
Les problématiques de développement durable et d’économie énergétique mettent les grands groupes de la construction face à de nouveaux enjeux majeurs. C’est le cas notamment du groupe cimentier Holcim, leader mondial des matériaux et des solutions de construction (en particulier depuis sa fusion avec l’entreprise française Lafarge), qui est entré dans une stratégie globale de projets innovants visant à la décarbonation du béton, tant dans sa production (solutions de construction vertes, principes de recyclage) que dans la mise au point d’une nouvelle génération de technologies. « On construit l’équivalent d’un New York tous les jours », explique Edelio Bermejo, directeur du département R&D d’Holcim. « Et 60 % de l’urbanisme nécessaire à loger la population à venir est encore à venir. Nous avons donc un énorme besoin de béton, et pour que cette offre soit cohérente, ce béton doit être de plus en plus durable. »
Du béton « durable », c’est quoi ?
Concrètement, un béton « durable » est d’abord un béton plus axé sur les produits locaux, pierres et granulats, entrant dans sa composition, pour des questions de circuits courts bien compréhensibles. La recherche sur de nouvelles compositions et procédés de fabrication menés dans le département R&D d’Holcim à Lyon, en partenariat avec tout un écosystème innovant de start-up et de grandes écoles (MIT, Ecole des Ponts, Paris Tech), et à travers les gammes de béton et ciment durables ECOPact et ECOPlanet, est une autre option. Elle permet de créer des constructions avec du béton moins friand en CO2 et avec une empreinte carbone réduite de 30 à 100% (comme cela est le cas pour les Sphères de Seattle, des dômes de verdure intégrant un vaste complexe de bureaux construit au cœur de la ville). L’éventuel hausse du coût du béton qui en résulterait n’est pas un souci. Actuellement, le coût moyen du béton ne représente que 4,7% du prix d’un bâtiment (alors qu’il constitue 73 % de sa masse). Une simple hausse de 20% de son coût ne représenterait donc que 6% du prix total du bâtiment, ce qui est largement amortissable à la condition de le décarboner.
Une autre solution porteuse réside dans les recherches en recyclage du béton existant : un principe de construction circulaire qui réduit automatiquement l’impact carbone procédant de la fabrication de nouveau béton et qui implique peu de coût d’énergie pour transformer le béton récupéré, sans perte de qualité technique. « Le principal coût est le transport », expose Edelio Bermejo qui concède toutefois un nécessaire « changement de mentalité » chez les clients. En Suisse, beaucoup semblent déjà convaincus, et le ciment Susteno, le premier ciment au monde conçu avec 20% de matériaux recyclés, est déjà disponible sur le marché helvète.

Si vous ajoutez à cela tout un faisceau de recherches technologiques (captation et stockage du CO2 dégagé par la production de béton – par exemple pour produire du kérosène synthétiques ; béton connecté ou béton magnétisable, permettant de charger la batterie de votre téléphone voire celle d’un bus ; béton hydromedia, pour des sols absorbant les eaux de pluie, comme cela est déjà le cas dans un parc d’Aubervilliers), la myriade de pistes en cours de développement ou déjà opérationnelles donne le tournis.
De nouveaux systèmes de construction intelligents
Pourtant, cette stratégie d’ensemble autour du béton durable et décarboné, ne repose pas que sur le matériau lui-même. Du côté d’Holcim, on a choisi de faire aussi appel au design pour promouvoir de nouveaux systèmes de construction intelligents, susceptibles en particulier de faciliter l’assemblage et de réduire la masse de matériau nécessaire à la réalisation de la surface souhaitée. Une réflexion qui passe par tous les aspects du bâti, des toits aux sols des bâtiments, et jusqu’au mobilier urbain.

Pour la couverture, Holcim propose sous la marque Firestone, toute une série de systèmes de toits végétalisés particulièrement intéressants pour rafraîchir et isoler les habitations dans des villes où le poids de l’urbanisme a été très fort ces dernières années, en Asie particulièrement. Les 22 000 mètres carrés de toits de l’Université Tammassat, à côté de Bangkok en Thaïlande, accueillent donc grâce au principe de membrane thermoplastique Ultrafly TOP tout un système de fermes en cascade qui participent à absorber naturellement les eaux de pluie, à réduire l’effet de chaleur urbaine, à offrir un circuit court de production agricole et à lutter contre la déperdition énergétique passant généralement par les toits (en moyenne 60% de perte).
Du côté des planchers, Holcim s’est associé avec le Block Research Group (BRG) de l’ETH-Zurich pour développer un innovant système de sols très léger en poids et facilement montable/démontable. Le Rippmann Floor System s’assemble en effet aisément du fait de son aspect géométrique en blocs d’arches, tous de la même forme et modulables les uns avec les autres. Ce système évite l’appoint de renforcement intégré en acier, ce qui favorise le recyclage. La forme des blocs utilisés leur permet d’être moins dense, en incorporant des parties vides qui rendent les structures à la fois moins lourdes et plus écologiques. L’utilisation de matière est en effet réduite de moitié et grâce à l’usage de béton vert ECOPact et de ciments vert ECOPlanet, l’empreinte carbone s’en voit diminuée.

En termes de structure, le pont Striatus a été particulièrement remarqué lors de la dernière biennale d’architecture de Venise. Comme le Rippmann Floor System – il a lui aussi été conçu avec l’ETH de Zurich notamment – il procède d’un assemblage de blocs uniques (53 en l’occurrence), spécialement designés pour tenir ensemble grâce à des points de compression et de gravitation. Il n’utilise donc aucune colle ou jointure. Chaque élément est placé à l’endroit précis pour permettre là aussi une utilisation minimale de béton décarboné. Ce calcul extrêmement précis et sa fabrication très technique résulte là encore de l’utilisation d’imprimantes 3D. Une démarche étonnante qui permet à Holcim d’imaginer des schémas de production/commercialisation… et d’ouvrir encore de nouvelles perspectives.
Des imprimantes 3D bâtisseuses
En effet, Holcim place l’utilisation d’imprimantes 3D au cœur de plusieurs projets d’architecture et de systèmes de construction intelligents menés à l’international et particulièrement en Afrique grâce à sa filière 14trees. Au Malawi, une école entière a été conçue en 2021, grâce à ce système de chantier technologique rapide et économe en matière. Les images sont impressionnantes. Imaginez une imprimante géante traçant en aller-retour, puis sur tout le pourtour d’une forme rectangulaire, l’empilement des infrastructures murales en béton nécessaires à l’édification d’une vraie maison !

18 heures ont été nécessaires à cette conception record qui en appelle bien évidemment d’autres. Au Kenya, pour permettre de répondre à la demande de construction rapide de logement, Holcim vient tout juste de lancer un ambitieux projet de 52 unités d’habitation construites grâce à l’impression 3D. Une pierre supplémentaire dans le jardin du béton durable et décarboné.

Fondé en 1978 aux Etats-Unis, le Savannah College of Art and Design (SCAD), a investi Lacoste, village typique du Luberon, depuis deux décennies.
Ici, l’université américaine propose à ses étudiants (surnommés « les abeilles ») un voyage d’études de huit semaines durant lesquelles ils s’imprègnent non seulement de la culture et de l’histoire française mais découvrent aussi des villes européennes.

© SCAD Lacoste
Un enseignement aux allures provençales
Reconnue à l’international, SCAD propose une centaine de programmes d’études à plus de 15000 abeilles réparties entre Savannah et Atlanta. Un enseignement transversal leur permet d’acquérir les compétences nécessaires à leur future profession, de communiquer sur leur image et de travailler avec des entreprises pendant et après leur cursus.

En lien direct avec des partenaires tels que Pixar, SCAD est au courant des besoins très en amont, ce qui permet au corps enseignant d’adapter les programmes selon les demandes. Durant leur séjour en Provence, les futurs artistes, designers, architectes et autres créateurs de mode font revivre ce village auparavant délaissé par ses habitants, sous une lumière qui a déjà inspiré des Cartier-Bresson, Man Ray ou encore Max Ernst.


Depuis sa création en 2019, The Spaceless Gallery, comme son nom l’indique, s’appuie sur le concept d’itinérance et fait dialoguer des œuvres d’art avec des lieux qui sortent des sentiers battus.
La maison Veronese, éditeur français de luminaires d’exception depuis 1931, a convié Béatrice Masi, fondatrice de la galerie nomade, à faire converser des pièces artistiques avec les dernières pièces de Bruno Moinard et du binôme Tal Lancman et Maurizio Galante, tout comme avec le magnifique paravent lumineux d’Isabelle Stanislas pour ne citer qu’une des magnifiques réalisations de la maison. Exposés dans un showroom savamment orchestré, les travaux de six artistes sont représentés par la galerie dont les céramiques de Hanna Heino ou les sculptures d’Olga Sabko et Gabriel Sobin. Ce nouvel opus met aussi en lumière des photographies de l’américaine Lara Porzac, des œuvres en céramique et sur papier de l’artiste Ruan Hoffmann, le tout présenté dans un cabinet de curiosités.


À l’heure où l’on parle de plus en plus souvent de la rupture de la frontière entre art et design, Béatrice Masi et Ruben Jochimek, directeur artistique de Veronese, ont trouvé un juste milieu où la symbiose des deux révèle le talent des designers et des artistes. Ici, les différentes œuvres disséminées dans l’espace jouent avec l’exception des luminaires en verre de Murano.


Cerise sur le gâteau, la galerie dévoilera « Eclipse » en octobre, une pièce immersive de Félicie d’Estienne d’Orves, à découvrir au sous-sol du showroom.

Événement consacré aux architectes, architectes d’intérieur et agenceurs, le salon Architect@Work 2022 joue la carte des synergies en présentant une sélection de plus de 800 nouveaux produits proposés par 260 industriels participants. Un programme riche qui fait la part belle aux matériaux made in France, au French Design et au lien entre art et architecture.
Les 22 et 23 septembre, le Paris Event Center accueille la 15e édition du salon Architect@Work, un événement réservé aux prescripteurs du secteur de la construction et qui leur propose de découvrir nouveaux produits et innovations dans un cadre qualitatif propice aux échanges. Dans un programme riche en expositions, interventions et présentations, ce sont plus de 800 nouveaux produits qui viendront alimenter une réflexion générale autour des synergies du secteur, qu’il s’agisse de la pensée partagée au sein des agences d’architecture ou avec les responsables de maîtrise d’ouvrage, ou du débat croisé avec les industriels porteurs de solutions techniques et les structures accompagnatrices.

Innovation 100 % française et design d’espace
Outre la prise de parole des architectes, plusieurs temps forts vont rythmer Architect@Work 2022. L’équipe Innovathèque va mettre en lumière des entreprises françaises qui conjuguent savoir-faire et innovation autour de produits locaux, durables et de systèmes innovants 100 % made in France. Le French Design va présenter les architectures d’intérieur des meilleurs studios français (Isabelle Stanislas, Pierre Yovanovitch, Jean-Michel Wilmotte, etc.), lauréats du prix Le French Design 100 en design d’espace. Le lien entre art et architecture va trouver une nouvelle matérialité derrière les réalisations du sculpteur métal Philippe Desloubières.