Actualités
Début février, le comité d’organisation de Paris 2024 a dévoilé l’identité visuelle des Jeux Olympiques et Paralympiques, ainsi que ses pictogrammes revisités. Une identité visuelle que la comité d’organisation voulait singulière, pensée en collaboration avec l’agence W.
Un peu plus d’un an nous sépare des Jeux Olympiques de Paris 2024. Tandis que les tirages au sort pour acheter des places ont débuté récemment, il était également temps pour le comité d’organisation de dévoiler l’identité visuelle globale de la compétition. Un point d’ancrage important pour se projeter et avoir une idée plus concrète de ces prochains Jeux Olympiques.
Pour décider des pictogrammes des épreuves ainsi que de l’identité visuelle présente dans les stades et dans les villes, le comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques a compté sur l’agence W, sélectionnée en 2020 comme agence branding de l’événement. Concrètement, elle est en charge de la création et du développement des différentes identités visuelles (graphiques, verbales, motion) et des outils pédagogiques (chartes de style, brand book, chartes graphiques), en collaboration avec la direction de la marque de Paris 2024, dirigée par Julie Matikhine.
Finis les pictogrammes, place aux « blasons » pour les Jeux Olympiques
Sous l’égide de Tony Estanguet, triple champion olympique et président de cette édition, l’identité visuelle des Jeux s’est peu à peu précisée : « Ce qu’on souhaite, c’est offrir le plus bel écrin au monde du sport à travers Paris 2024, en ayant une identité visuelle qui a du sens. » Et les pictogrammes sont l’une de ces incarnations. Introduits lors des Jeux de Tokyo en 1964, ils sont devenus le moyen de proposer un langage universel du sport. Pour cette édition, on ne parlera donc plus simplement de pictogrammes qui par définition, sont des signes schématiques destinés à renseigner le public, mais bel et bien de « blasons ». C’est la première fois qu’ils sont pour ainsi dire « modernisés » pour rejoindre une communication basée sur l’identification de « communautés » plus que de « simples spectateurs ».
Ainsi, les 47 disciplines olympiques et paralympiques sont toutes représentées à travers 62 « blasons », dont 8 communs. Cette prise de position confirme la volonté du comité d’organisation de se démarquer de leurs prédécesseurs, en créant une synergie entre sportifs et fans qui, à travers ces blasons, se réunissent pour devenir une communauté sportive forte. Une idée en parfaite adéquation avec son slogan « Ouvrons grand les Jeux. » « La création de ces blasons a demandé de la précision, un sens du détail et de la justesse. Notre volonté était de faire coïncider ces blasons avec une manière de vivre le sport » explique Julie Matikhine.
Une identité visuelle en référence à la culture française
Imaginée par l’agence W, la cohérence visuelle globale des Jeux, fruit d’une réflexion et d’un travail de deux ans, a été pensée afin de « contribuer à la traçabilité des Jeux », pour reprendre les mots de Julie Matikhine. Avec des références artistiques aux arts déco et aux monuments historiques de Paris, cette identité visuelle se voulait unique et représentative de la France. Autour de quatre couleurs aux tons pastel – le rouge, le vert, le bleu et le violet – guidées par un fil rose, ce « look » habillera progressivement les structures, avec l’objectif qu’un site par arrondissement soit prêt d’ici la fin du mois de mars. En ville, les pavés aux abords des sites prendront eux aussi les couleurs des Jeux Olympiques.
Tai Ping présente sa nouvelle collection Holocene, exposée dans l’espace galerie du showroom parisien de la marque, place des Victoires. Une collection réaliste et poétique, inspirée des paysages marins.
Composée de neuf tapis tuftés à la main, la collection Holocene s’inspire de la magnificence des paysages marins, qu’il s’agisse de la beauté des glaciers enneigés à la chaleur enveloppante ou d’une réconfortante retraite en bord de mer, chaque tapis est une représentation artistique d’un cadre maritime. Des pièces synonymes du savoir-faire de Tai Ping, exploitées dans les matériaux les plus fins, telles que la soie et la laine de Nouvelle-Zélande, chers à la marque.
Certains modèles sont traités en sculpture, ce qui offre un aspect tridimensionnel au tapis. Une étape effectuée à la main par les artisans de la maison, qui souligne d’autant plus le caractère artistique des motifs de certains tapis de la collection.
Ce lieu mythique de la vie parisienne devient un espace de rencontres qui explore la culture locale du quartier. Sur trois niveaux et sous la houlette d’acteurs engagés et motivés, l’espace célébrera la mode, la culture, le design et l’art.
Des lieux mythiques, à Paris, il y en a à foison. Mais peu font partie intégrante de la vie des habitants du quartier et peu ont contribué à façonner une autre histoire de la ville. C’est le cas de l’immeuble qui fait l’angle des boulevards Barbès et Marguerite de Rochechouart. Dans la mémoire collective, tout le monde se souvient de ce magnifique bâtiment de 3 étages dans le plus pur style haussmannien, orné de l’incontournable motif de Vichy rose, comme étant Tati Barbès
Déjà en grandes difficultés, Tati n’a pas survécu au Covid et le dernier rideau de fer des magasins de l’enseigne, née en 1948, s’est définitivement baissé en juillet 2020. La Ville de Paris a immédiatement eu conscience de la réalité d’un esprit de Tati, et a cherché à maintenir son bouillonnement et sa richesse interculturelle en lançant un appel à projets.
Un lieu hybride et culturel
L’immeuble a été racheté par l’opérateur immobilier Immobel France en novembre 2021. L’îlot de 8000 m2, qui abritait autrefois les différents magasins TATI, est transformé par IMMOBEL FRANCE en un projet mixte mêlant bureaux, logements libres et sociaux, commerces et résidence hôtelière. La livraison du projet est attendue pour 2024. Or, le cahier des charges prévoyait nécessairement « un équipement culturel ». Immobel France met à disposition gracieusement toute une partie du bâtiment, la plus visible et la plus prestigieuse, l’emplacement numéro Un, à l’agence FOREST, acteur majeur de l’occupation temporaire et transitoire engagé et incarnée. Cette dernière a sélectionné le projet de faire de l’ancien TATI un lieu hybride et culturel, porté par Youssouf Fofana de la marque Maison Château Rouge et de l’association Les Oiseaux Migrateurs.
Ensemble, ils ont créé UNI, Union de la Jeunesse Internationale. Il s’agit d’un espace-concept riche d’une programmation très diversifiée, à la fois street et high end, avant-gardiste et populaire, multiculturelle et tellement parisienne. Constamment renouvelée, elle doit faire venir des publics d’horizons variés et faire se rencontrer designers dans le vent, artistes sans le sou, voisins curieux de l’animation qui y règne mais aussi nostalgiques de l’esprit Tati.
Des expositions de design et d’art, comme Hall Haus, pour l’inauguration, durant la Paris Design Week, fin septembre, Cross Cultural Chairs in Quazaqstan, en octobre ou encore l’exposition de street art Les enfants de Tati, s’enchaînent. Depuis le 17 février, l’espace accueil l’exposition des photographies d’Ilya Chemetoff intitulée Mécanisme Des Songes, produite par Adeus. Une radio, des ateliers de mode durable, des masterclass sur la création et le design et sur tous les sujets d’actualité, une médiathèque improvisée, un food hall ou encore un petit espace de vente… s’y succèdent, se superposent, font du lieu un espace ultra vivant. UNI veut célébrer l’interculturalité et plus largement celles des diasporas à travers une programmation pluridisciplinaire et contemporaine.
Les candidatures des Bolia Design Awards 2023 viennent d’ouvrir. Comme chaque année, trois prix seront remis, en alignement avec le positionnement affirmé New Scandinavian Design de l’éditeur. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 1er mai 2023.
Depuis 2005, Lars Lyse Hansen est CEO de Bolia, marque danoise fondée en 2000. Il a changé la stratégie de l’entreprise en développant une vision éditoriale, baptisée New Scandinavian Design. Créés en 2007, les Bolia Design Awards sont des piliers significatifs de ce positionnement. Les prix récompensent des nouveaux talents du design, valorisant une démarche créative et une approche durable du processus de conception. Les candidats ont la possibilité de proposer jusqu’à trois projets différents, sous forme de dessins, croquis, modèles 3D… « En 2006, nous n’étions qu’une compagnie qui vendait du mobilier en ligne, employant à peine 10 personnes. Nous avons décidé de grandir et de porter des yeux nouveaux sur le design scandinave en attirant les jeunes générations et ses nouveaux talents. Aujourd’hui, une cinquantaine de designers, la plupart du Danemark, collaborent avec nous. Et une vingtaine d’intégrés veillent à la faisabilité des projets. Pendant les 3daysofdesign in Copenhagen, nous avons mis en avant cette fluidité de la créativité. »
Une marque reconnue à l’international
Bolia propose deux collections par an, un challenge énorme pour approvisionner 78 magasins dans le monde, au Danemark, en Suède, en Norvège, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse, en Autriche, en France et au Luxembourg et travaille avec 600 revendeurs dans plus de 50 pays. Une fois dessiné, le produit a à peine 18 mois pour naître mais 35 manufactures en Europe assurent la mise au point des prototypes. Le service marketing se charge de les faire passer par le bureau Veritas qui valide sa possibilité de vente dans le monde entier, à travers des showrooms comme ceux de Paris, Boulevard Saint-Germain ou Boulevard Sébastopol. « Nos collections sont populaires mais de grande qualité. En un an, nous réalisons quatre nouveaux canapés grâce à cinq manufactures qui assurent la production de 1000 canapés par semaine. Le Northampton propose 3 sièges et un pouf très facile d’usage dans des dimensions raisonnables et ajustables. Le Hilton se démarque à peine et une collection de printemps est prévue pour le mois de mars. »
Trois prix décernés à chaque édition
À la clé, trois récompenses : un premier prix d’une valeur de 7000€, un prix du public avec une dotation de 3500€ parmi huit finalistes choisis par le public et le prix de la circularité, qui récompense à hauteur de 3500€ un design se démarquant par son approche durable et circulaire. Les trois lauréats seront annoncés en juin à Copenhague à l’occasion de 3daysofdesign. En 2022, le premier prix a été attribué à Ségolène Pla-Busiris pour la table d’appoint Fragment, le prix du public à été donné à Sara Ullvetter Norman pour la chaise Dune, tandis que le prix de la circularité a été remis au duo Fischer&Mordrelle pour le tabouret Moon.
Designer et artiste travaillant notamment sur les questions d’exploitation nouvelle – et potentiellement de détournement technologique – des outils électroniques (Tech mining) et sur les principes de recyclage des déchets électroniques (e-waste), Benjamin Gaulon aime partager sa pratique dans des workshops pédagogiques et participatifs. Une approche mêlant hacking et design critique vérifiée lors d’une session productive à l’iMAL de Bruxelles.
Designer graphique à l’origine (il est diplômé en BTS communication visuelle à Nevers, puis des Arts Décos de Strasbourg), Benjamin Gaulon s’est rapidement tourné vers des pratiques artistiques électroniques après son master en Interactive Media (MADTech) au Frank Mohr Institute de Groningue. Dans son modus operandi, il a très vite intégré une réflexion basée sur les questions de cycle de vie de la technologie, dans le sillage de collectifs hacktivistes (reliant des principes d’activisme politique à des questions de hacking informatique) comme BAN (Based Action Network) aux Etats-Unis, qui s’intéresse aux questions des déchets technologiques avec un profil écologique très militant. Ses séries de travaux comme Retail Poisoning, visant à pervertir les principes de consommation numérique en injectant des datas viciées ou du matériel électronique corrompu dans nos objets électroniques du quotidien l’a introduit à une certaine conceptualisation de l’objet, particulièrement des téléphones portables (série Broken Phones), mais aussi du minitel, dont il a essayé de repenser les usages.
Chez Benjamin Gaulon, l’idée de recyclage est essentielle. Elle l’a même amené à imaginer une approche créative et disruptive singulière, contenue dans le néologisme « recyclisme » (qui donne son nom à son site web recyclism.com) et qui use des outils du Tech mining, c’est-à-dire de nouveaux principes d’exploitation, voire de détournement, de matériel électronique hardware, équivalent aux nouvelles informations générées et exploitées à partir des données numériques du Data mining, et que l’on retrouve dans le travail d’autres artistes-chercheurs-hackers contemporains comme Nicolas Maigret et Maria Roszkowska (Disnovation.org), Nicolas Nova, ou le collectif RYBN. Son intérêt pour les questions d’e-waste, pistant les manières de réutiliser les déchets technologiques qui nous entourent, l’a conduit à imaginer une ébauche de communauté de chercheurs, artistes et designers intéressés par ces questions, dans le cadre de la Nø-School Nevers, une sorte de « colo pour adultes » se réunissant chaque mois de juillet dans une maison de campagne bourguignonne, pour réfléchir à des projets open source ou live coding, pour produire des artefacts et des circuits imprimés, mais surtout pour mutualiser pratiques et prototypages, notamment autour de ces questions de recyclage technologique.
Workshop e-waste
Plus régulièrement, Benjamin Gaulon organise des workshop orientés e-waste et Tech mining pour ouvrir le champ de ses pratiques à un public de curieux et d’initiés. Fin janvier, c’est dans les locaux de l’iMAL de Bruxelles que s’est tenu un de ces ateliers, intégré dans le programme annuel de rencontres professionnelles The Cookery (accueillant tables-rondes, conférences, workshops et performances), organisé par le principal centre dédié aux arts numériques en Belgique. Pendant deux jours, les questions de réutilisation des appareils électroniques usagers et de recyclage de leurs composants ont été mises sur le grill dans une démarche autant créative que ludique, qui a intéressé un public comprenant des étudiantes en experimental publishing du Piet Zwart Institute de Rotterdam et un enseignant en art numérique de l’ENSAV de La Cambre.
Deux expériences ont été concrètement mises en pratique durant ces deux journées. La première relève de la question du refunct media, visant à « refonctionnaliser » des objets électroniques désuets ou défectueux. Pour cela, chaque participant avait ramené les pièces électroniques les plus diverses, et notamment un banc-titre vidéo vintage (pour placer du texte sur écran) et une armée de petites télés analogiques et de petits moniteurs Watchman à écran. Emmené par Benjamin Gaulon, la petite équipe met rapidement la main à la patte pour souder des mini-caméras à des circuits imprimés, puis les connecter à un convertisseur AV-RF permettant de créer, pinces crocodiles et fiches RCA à l’appui, toute une scénographie sur table reliant caméras, écrans télés analogiques et clavier texte, à la manière d’un réseau fermé CCTV de caméra-surveillance.
Au-delà de cette mise en scène très circuit bending, Benjamin Gaulon « imagine que tout cela peut être sérieusement réutilisé pour quelque chose ». « Un minitel par exemple aujourd’hui peut être un outil recherché car il consomme moins d’énergie qu’un ordinateur », précise-t-il. « Ce type de dispositif est un point d’entrée dans de nouveaux usages low-cost. Avec la raréfaction et la hausse du prix des matières premières, sans oublier la crise des composants électroniques, il est évident qu’il va falloir trouver de nouveaux circuits d’utilisation et de réutilisation ».
Core samples : des sculptures de datas
Parmi la foultitude d’objets ramenés, un certain nombre ne sont pourtant pas fonctionnellement réexploitables. C’est là qu’intervient la deuxième partie de l’atelier, basée sur un principe de recréation récréatif pour produire un artefact à partir du concassage des composants matériels eux-mêmes.
Sur la table, une souris, une imprimante et un lecteur CD s’avèrent inutilisables. Benjamin Gaulon propose de procéder à la réutilisation des matériaux qui les composent (plastique, mais aussi circuits imprimés) en les démontant, puis en les broyant, et enfin en les recomposant en autre chose. Dans sa pratique, Benjamin Gaulon crée des objets façonnés à partir de ce matériau qu’il a baptisé des core samples. L’idée est donc ici de concevoir l’un de ces objets qui renvoie curieusement à une sorte de sculpture de datas, totem annoncé des archéologies du futur. Marteau, scie, presse hydraulique, broyeuse, tout l’arsenal du FabLab de l’iMAL est utilisé pour mettre en pièce ces objets électroniques, puis les transformer en résidus. La matière obtenue au bout de ce laborieux process s’apparente à des granulats composites comme on peut en trouver dans la fabrication du béton. Placée dans un bac, cette matière est d’abord chauffée grâce à un pistolet à chaud pour l’agglomérer (en portant un masque pour éviter les volutes toxiques), puis disposée dans un moule lui aussi recyclé (un cylindre métallique de boîte à café), où elle est méticuleusement tassée pour prendre la forme de son récipient. Après quelques minutes, le cylindre est mis dans l’eau froide, puis découpé afin de libérer l’étrange sculpture arrondie souhaitée.
Au-delà de l’aspect disruptif de la méthode, et au-delà de sa mise en perspective du travail de récupération industrielle actuellement opéré dans les usines de recyclage (mais sans que l’on sache vraiment toujours très bien ce qui est récupéré ou pas, comme le précise Benjamin Gaulon), une évidence très nette apparaît quant aux nouvelles pistes de design industriel pouvant potentiellement procéder d’une telle approche du recyclage. À l’aune de cette expérience, comment ne pas être frappé par la quantité de matière réutilisable que contiennent tous nos stocks de déchets électroniques ? Et comment ne pas penser que leur recyclage puisse en effet constituer une source de matière exploitable et bon marché ? Pour Benjamin Gaulon, cette question de savoir ce qui doit être réutilisé et ce qui doit être détruit ouvre de nombreuses pistes, même s’il ne pense pas que la destruction soit forcément la meilleure idée en termes de design. « Je pense que la bonne idée serait de mieux designer au départ, afin justement d’éviter le surplus de matière », concède-t-il. « Aujourd’hui, plus encore qu’hier, la question n’est pas seulement de produire mieux, mais de produire moins. »
Imaginé en 1968 par Dominique Imbert, le Gyrofocus a révolutionné le monde de la cheminée, avec un design et une conception technique avant-gardistes. Devenue icône à l’international, ce foyer continue de cumuler les récompenses, comme en témoigne le tout dernier German Award dans la catégorie Réédition attribué à sa version vitrée.
À l’instar des feux de camp, symbole de rassemblement et de convivialité, Focus a osé suspendre le foyer au centre de la pièce de vie il y a maintenant 55 ans.
Au-delà de la fonction, le Gyrofocus, avec ses courbes futuristes et sa silhouette épurée qui rappelleraient presque celles d’un ovni, est à la fois beau et intelligent. Élu « plus bel objet du monde » parmi cent participants, lors du concours Pulchra de 2009, il associe à son esthétique différentes prouesses technologiques. Conçu pour pivoter à 360°, il se voit doté d’un brevet pour un modèle au gaz (gaz naturel ou propane). Ici, le conduit de fumée d’origine permet l’alimentation en gaz. Le foyer est piloté par télécommande, ce qui permet aux bûches en céramique de s’enflammer instantanément. Grâce à cette innovation, cette déclinaison au gaz remporte un franc succès outre Atlantique en 2022 et obtient le prix Platinum soit le 1er prix au « Muse Design Award » ainsi que le « Good Design » de Chicago.
Gyrofocus, un exemple d’excellence à la française
Fabriqués en France, les produits Focus sont développés grâce à un savoir-faire durable et écoresponsable. En 2021, la marque lance une version vitrée du Gyrofocus, qui est récompensée lors des « Archiproducts Design Awards » avec une mention spéciale durabilité. Et le « German Design Award » vient de lui attribuer le prix d’Or 2023 dans la catégorie « Excellente Conception de Produit-Classiques et Rééditions du Design ». Ces prix saluent autant ses performances énergétiques que son design intemporel.
Exposé au Musée d’Art Contemporain de Bordeaux en 1996, au Centre National d’Art Contemporain de Grenoble en 1997 et au Musée Guggenheim à New-York en 1998, ce foyer suspendu, qui existe aussi en version outdoor, est une véritable success story à lui seul : une véritable icône.
La galerie Ketabi Bourdet, spécialisée dans les années 80-90, vient de présenter une rétrospective des meubles de Philippe Starck de cette période. Cette exposition a été l’occasion de redécouvrir des pièces quasiment introuvables sur le marché, et de publier un ouvrage.
Associé aux années 80, le succès du designer protéiforme coïncide avec le décès du romancier Philip Kindred Dick. Leur point en commun : l’utopie de la science-fiction. L’un en écrit quand l’autre les lit, avec une préférence toute particulière pour « Ubik » qui fait partie des fondements de la SF. Le designer baptise certaines de ses créations de noms inspirés directement du roman. Philippe Starck donne alors une nouvelle dimension à son mobilier en le personnifiant au travers du prisme du roman. Au-delà des noms, il leur attribue des actions inspirées de Ubik.
Sur les trente-huit pièces aux formes futuristes exposées, quatre le sont rarement. Ainsi, la lampe Sandy Jeperson à l’abat-jour conique, éditée par les 3 Suisses en 1985, a été vendue durant une saison seulement. Créée en 1982 pour XO, la table Joe Ship (avec son plateau d’origine) est peu présentée. Ses quatre pieds démontables en acier, qui rappellent des serre-joints, ont fait des émules dans le monde de l’édition par la suite. Toujours en 1985 pour les 3 Suisses, l’armoire Fred Zafsky en tôle d’acier, n’existe qu’en quatre exemplaires connus à ce jour. Quant à la chaise pliante Mrs Frick, éditée par les 3 Suisses et Disform, elle est difficile à trouver dans sa version grise. Une exposition démarrée lors de Maison in the City, en janvier, qui se termine ce week-end , qui se poursuit par la publication d’un ouvrage dédié. Si Ubik est désormais le nom du studio du designer, on en connaît désormais l’origine.
Ouvert depuis le 5 décembre 2022, le nouveau Terminal 1 de l’aéroport Charles de Gaulle ne ressemble en rien au précédent. Un espace totalement réagencé, dont la salle d’embarquement a été imaginée par les designers Hugo Toro et Maxime Liautard. Une mise en beauté qui agit comme témoin de la nouvelle offre lancée par le groupe ADP : Extime.
Inauguré en 1974, le terminal 1 de l’aéroport Charles de Gaulle n’avait jusqu’ici jamais été réhabilité. Imaginée à l’époque par l’architecte Paul Andreux, la structure initiale du Terminal consistait en une architecture circulaire reliée par sept satellites. Sous l’impulsion du groupe Aéroports de Paris (ADP), cette configuration a été quelque peu remodelée pour proposer une configuration en adéquation avec le lancement de leur nouvelle offre de services Extime.
Faire vivre une expérience
« Plutôt que de faire subir le temps d’attente aux voyageurs, pourquoi ne pas en faire un temps choisi ?« Voici les mots qu’a choisis Caroline Blanchet, directrice marketing du groupe ADP pour expliquer dans les grandes lignes le concept d’Extime. En joignant ainsi les satellites 1 et 3 mais en gardant la structure d’origine, le nouveau Terminal 1 agit en tant que témoin de l’expérience que souhaite proposer Extime. Un nom qui désigne une volonté « d’offrir de l’extratime ou de l’extraordinarytime« .
Et pour arriver à soumettre cet « extratime », les designers internes du groupe ont analysé les besoins et usages spécifiques des voyageurs afin de leur proposer une offre de shopping et de restauration adaptée à leurs envies, leur budget et leurs habitudes. Plus largement, Extime a été pensé comme une marque à part entière dont l’objectif est d’offrir une expérience globale à tous les voyageurs. Un concept sur mesure intégré dans la stratégie globale du groupe ADP qui souhaite l’exporter au maximum, sur les autres terminaux d’abord, puis au sein des aéroports français et internationaux.
Les designers Hugo Toro et Maxime Liautard appelés sur le projet
Et si l’offre d’Extime passe par ses services, l’aménagement de ses espaces a nécessité un travail de réflexion important. Et pour ce faire, le groupe a fait appel aux designers Hugo Toro et Maxime Liautard pour imaginer le nouvel espace d’embarquement du Terminal 1, dont la superficie est de 5600m2. « J’ai voulu créer quelque chose de plus domestique qui soit un hommage à Paul Andreu » explique Hugo Toro. Après trois ans de travaux, le nouvel espace d’embarquement se dévoile sous des codes de brasseries parisiennes, tout en y apportant des touches de nature de manière subliminale à travers les couleurs utilisées, à dominantes de vert et orange.
Orrefors est une manufacture réputée internationalement pour la qualité de la transparence du verre. À la Stockholm Design Week était exposée la récente collaboration avec la designeuse Monica Förster, pour la collection Reed.
En juillet 2020, Monica Förster profitait en plein été d’une île désertée par les touristes pour raison de Covid. En résidence à la Villa San Michele d’Anacapri, elle s’est inspirée du magnifique jardin, et de tout le paysage environnant pour dessiner une collection pour Orrefors baptisée Reed. L’idée ? retranscrire dans la sensualité du verre, les mouvements délicats perçus dans la nature, celui des végétaux sous une brise, du murmure de la mer, des jeux d’ombres et de lumière. S’appuyant sur la haute technicité des artisans de la manufacture, elle a décidé – en bonne designeuse ! – de déjouer la contrainte pour en faire son atout. Elle s’est donc appuyée sur les jonctions des différentes sections du verre, pour accentuer ces arêtes justement, et donner subtilement du mouvement à cette série de vases sculpturaux. Juste sublime ! Mise en scène dans un décor végétal et accompagnée d’une composition sonore très douce, la présentation de la collection offrait un moment d’une belle poésie dans la frénésie de la Stockholm Design Week.
La Stockholm Furniture Fair a démarré en grandes pompes avec la première édition des Scandinavian Design Awards. Dans la catégorie Mobilier de l’année, c’est la chaise longue 4PM, designé par Chris Martin pour l’éditeur suédois Massproductions, qui a été récompensée.
Massproductions est un fabricant engagé dans le développement durable : il s’est vu d’ailleurs doublement récompensé lors des Scandinavian Design Awards. La chaise longue 4PM a été dévoilée à la Stockholm Furniture Fair. Ses formes dessinées par Chris Martin sont un hommage au designer italien Enzo Mari. Elle est conçue à partir de pin Douglas ou de cerisier, et joue sur le contraste entre ce matériau brut et l’ergonomie qui assure le confort. Comme le précise Chris Martin « « Une chaise longue n’est pas vraiment un meuble dont on aura jamais besoin, mais si on peut se l’offrir, elle peut dorer le quotidien. Et quand je dis peut se permettre, je veux dire peut se permettre en termes d’espace, car une chaise longue prend beaucoup de place par rapport à sa fonction. » Il ajoute : « « Le design d’Enzo Mari était d’un autre niveau. Il prenait soin de ne pas polluer le monde avec des objets. Il ne présentait rien qui ne puisse être justifié comme un produit durable. Il avait un talent qui vous inspire. » A noter, les informations peuvent être gratuitement téléchargées pour que chacun puisse éventuellement se construire l’assise.
À la Stockholm Furniture Fair, la section Greenhouse recelait de talents prometteurs. Parmi eux, le studio Yellowdot exposait des petites séries, véritables surprises visuelles.
Yellowdot est un jeune studio de design qui réunit Bodin Hon, et Dilara Kan. Tous deux se sont rencontrés lors de leurs études à l’Istituti Europeo Di Design à Milan, et ils partagent une appétence pour allier technologie et artisanat dans des créations très variées, utilisant ici la transparence de la coquille d’œuf pour un paravent ; là, jouant sur le contraste d’une sculpturale table en marbre, dont le plateau tourne avec une légèreté déconcertante. Sur leur stand de la Greenhouse, à la Stockholm Furniture Fair, ils ont notamment présenté leur nouvelle collection de luminaires Lattice, en impression 3D. Pour cette mini-série inspirée des néons et gratte-ciels de Hong Kong, l’ingéniosité est d’avoir trouvée la technique pour concevoir ce «treillis » de filaments thermoplastique de PLA , biosourcé. Un duo à suivre.
À la Stockholm Furniture Fair, Artek dévoilait la collection Kori, fruit d’une collaboration qui se poursuit tranquillement avec les designers de TAF Studio.
C’est une collection pensée pour durer comme le veut la ligne éditoriale d’Artek : pour cela, les designers de TAF studio ont d’abord travaillé à partir de l’élément principal de l’éclairage, l’ampoule, autour de laquelle ils ont décliné la forme du cône, dans une esthétique codifiée dans nos imaginaires (en référence au phare par exemple). Cette collection joue ainsi habilement sur les éclairages directs et indirects.
La collection Kori se compose d’une suspension qui est l’élément de base : dans un principe d’un réceptacle sous forme de « panier » l’éclairage combine une lumière directe (pour un cône étroit ) ou plus diffuse (cône plus large). Équipée d’un disque qui fait office d’abat-jour, la suspension propose pour un éclairage plus important, mais qui reste doux. De même équipée d’un abat-jour ,« en forme de dune » selon les designers, la suspension projette alors un éclairage direct.
La collection comprend aussi une lampe à poser, disponible en blanc et en orange vif. Son originalité ? inverser le principe du cône pour pour modeler la diffusion de la lumière. Une version lampadaire est aussi proposée.
Pour la 3e année consécutive, la Fédération Française du Paysage et Sineu Graff organisent le concours de design « Inventer le mobilier dans l’espace urbain de demain ». Un concours destiné aux paysagistes concepteurs, dont les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 28 février.
Pour cette nouvelle édition, la Fédération française des paysages (FFP) et le concepteur de mobilier urbain Sineu Graff sont partis de plusieurs questionnements auxquels les participants doivent tenter de répondre : Comment initier la mutation de l’espace public pour qu’il soit profitable aux générations de demain ? Comment aider à favoriser naturellement la mobilité douce dans l’espace public actuel ? Quelle contribution climatique et environnementale peut apporter le mobilier urbain dans les espaces contraints : patios, cours d’école, dalles, espaces viaires…?
En 2022, Coline Chabiron avait été récompensée dans la catégorie Jeunes talents pour son concept La Bobine, tandis que Vincent Mayot de l’agence Mayot & Toussaint était lauréat de la catégorie Professionnels confirmés pour le projet Volubilis.
Les informations à retenir
Cette 3e édition décernera à nouveau deux prix divisés en deux catégories : Paysagistes concepteurs jeunes talents et Paysagistes concepteurs professionnels confirmés.
- Avant le 28 février 2023 : dépôt de candidature sur la plateforme de la FFP www.f-f-p.org
- Début avril 2023 : annonce des lauréats
En guise de récompense, les lauréats verront leur réalisation exposée pendant deux jours au Salon Materials & Light qui se tiendra les 11 et 12 septembre 2023 à Paris. De plus, après une phase de prototypage, ces derniers seront intégrés à part entière dans l’offre commerciale de Sineu Graff.
Paco Rabanne, créateur visionnaire qui a bouleversé les codes de la mode dans les années 60, vient de s’éteindre, à l’âge de 88 ans.
C’est grâce à « 12 robes importables dans des matériaux contemporains » que Francisco Rabaneda y Cuervo est devenu Paco Rabanne. Cela s’est passé un 1er février. On était en 1966 – donc avant Mai 68 – à une époque où la mode était encore très codifiée, et même compassée. La première collection du jeune artiste de 22 ans, fraîchement diplômé de l’École des Beaux-Arts de Paris, ne défile pas. Elle est présentée à la manière d’une profession de foi dans l’un des salons du très chic hôtel George V à Paris. Et rien que ce choix, dans la forme, a été considéré comme une révolution. Cela s’opposait à l’énumération, parfois fastidieuse, de toilettes qui se succédaient et qui est resté la base des défilés d’aujourd’hui encore.
Révolutionner les codes
Paco Rabanne a jeté un premier pavé dans la marre en inventant « le happening de mode ». Un événement qu’il faut vivre et savourer. Regarder, ressentir, se laisser surprendre et s’interroger. Le deuxième est beaucoup plus gros. Il concerne le fond (car la mode n’est pas qu’apparences, elle révèle beaucoup des époques qui la voient apparaître). Les douze micro-robes, dépassaient à peine de la culotte et étaient construites sans fil ni aiguilles mais avec des pinces, des chalumeaux et des anneaux métalliques et dans des matériaux rigides. Elles ne « servaient à rien , ne protégeaient ni de la nudité ni du froid », comme l’a lui-même reconnu « le métalo de la mode », mais elles ont littéralement révolutionné les codes vestimentaires. Elles ont fait de leur créateur l’un des couturiers les plus connus de notre époque. Plastiques, rhodoïds, pampilles de métal et sequins en alliage, céramique ou bakélite sont aux antipodes des tissus souples et fluides, synonymes de raffinement, sont entrés dans le monde de la couture grâce à lui.
Même si son nom est aujourd’hui surtout associé à une gamme de parfums chic et choc et un peu m’as-tu vu (One Million, XS, Fame) – et ce n’est pas pour rien –Paco Rabanne est l’un de ceux qui a poussé la jeunesse à renverser la table et à s’interroger. Il a habillé les icônes de l’époque, les premières femmes libres et inspirantes (Brigitte Bardot, Françoise Hardy, Jane Birkin, etc.) de ses créations les plus avant-gardistes. Ultra-courtes, relativement dénudées et brillantes, ses toilettes sont portées sur peau nue et bronzée, cheveux aux vents, pieds nus ou bottées jusque mi-cuisses. Les aficionados de cette petite marque extravagante sont à l’exact opposé des jeunes filles de bonnes familles à qui on avait envie de ressembler jusque-là. Ces créations descendent alors dans la rue, et toute la jeunesse s’est ensuite mise à imiter et adapter ce style rutilant et porté sur l’avenir jusqu’à l’apogée des années 80.
Une relève assurée
Soutenu et financé par le groupe catalan de cosmétiques et de parfums Puig depuis l’origine de la marque, le créateur d’origine basque a toujours eu les coudées franches pour exposer son univers flamboyant et iconoclaste. On a vu sur ses podiums (ou pseudo podiums) toutes sortes de matériaux, de formes, de techniques et de technologies –et même des vêtements qui clignotaient de mille feux, électrifiés. Comble de la créativité, comme un pied de nez à sa réputation de créateur de tenues importables et inconfortables, le fantasque styliste a même suggéré des assemblages de pastilles, sa marque de fabrique, dans des matériaux doux et moelleux. Depuis sa prophétie ratée d’apocalypse en 1999, il s’était retiré dans sa Bretagne chérie, là où sa famille s’était installée pour échapper au franquisme avant 1940. Locomotive du groupe Puig, aux côtés de marque comme Jean Paul Gaultier, Dries Van Noten, Nina Ricci et Carolina Herrera, Paco Rabanne poursuit son chemin sous le crayon de Julien Dossena. Il va continuer à revisiter à sa manière l’héritage de couturier futuriste.
C’est dans le prestigieux city hall de Stockholm, hôte de la traditionnelle cérémonie de prix Nobel, que la première édition des Scandinavian Design Awards s’est déroulée le 6 février, donnant le top départ de la Stockholm Furniture Fair et de la Stockholm Design Week. Huit prix ont été décernés.
Fruit d’un partenariat entre la société d’édition It Is Media et le Stockholm Furniture Fair, les premiers Scandinavian Design Awards ont été attribués le lundi 6 février. Des prix décernés par un jury présidé par l’historien de l’architecture et écrivain Martin Rörby, et composé de 19 autres membres, tous issus des secteurs de l’architecture et du design en Suède, Norvège, Danemark et en Finlande. Un prix visant à célébrer les acteurs scandinaves, établis ou jeunes talents, dans le domaine de l’architecture, de l’architecture d’intérieur, du design et du paysagisme. Une soirée réussie, qui, loin d’être ultra protocolaire, distillait une énergie bienveillante, de l’humour et des pauses musicales.
Un prix, 8 catégories
Pour son lancement, les organisateurs ont déterminé 8 catégories. Les 4 premières concernaient des produits ou projets remarquables et les 4 autres catégories distinguaient des professionnels dans chaque domaine précité. Les lauréats 2023 sont ainsi :
- Designer de l’année : le duo suédois Folkform, formé par Anna Holmquist et Chandra Ahlsell
- Architecture de l’année : projet The Plus mené par BIG (Bjarke Ingels Group) pour Vestre
- Editeur de l’année : Massproduction
- Etoile montante de l’année : le designer finlandais Antrei Hartikainen
- Paysagiste de l’année : remis à Mariann Gundersen pour « Vill hageglede » (jardin privé du propriétaire)
- Mobilier de l’année : chaise longue 4PM, designée par Chris Martin pour Massproductions
- Elément d’architecture d’intérieur de l’année : la Lampe The Soft Serve par Crème Atelier
- Prix du développement durable de l’année : Vestre pour le site The Plus
Les projets des lauréats sont exposés à la Stockholm Furniture Fair, et l’on peut également découvrir une exposition scénographiée par Folkform à la Stockholm Design Week, chez Svenskt Tenn.
Cette dernière décennie, beaucoup de créateurs et entrepreneurs, notamment français, se tournent vers le Portugal. Cet engouement interroge… Qualité de vie, entreprises en plein croissance ? Le design portugais forge peu à peu son identité, et s’expose, comme on a encore pu le constater au dernier Maison & Objet. Et c’est en partie à Toni Grilo que l’on doit cette visibilité. Designer et directeur artistique, il s’attèle, depuis 10 ans, à faire connaître les savoir-faire de ce pays. Parcours d’un designer engagé.
Né à Nancy en France en 1979, diplômé de l’Ecole Boulle en 2001, Toni Grilo a choisi de retrouver ses racines en s’installant à Porto, grande ville dans la région du nord où sont localisées la plupart des industries de l’ameublement. D’autres amis et collaborateurs designers ont fait de même, Noé Duchaufour-Lawrance, Gabriel Tan, unis par le désir de valoriser l’artisanat local en ouvrant boutiques et galeries, tout en portant un autre regard. « Mais il faut travailler dur pour se faire accepter en tant que designer. Ce n’est pas encore une démarche intégrée dans la culture portugaise » explique-t-il. À ses débuts, il proposait ses dessins aux fabricants traditionnels, mais le courant ne passait pas. Avec le temps et de la persévérance, la connaissance pointue du terrain des techniques et des matériaux, il a initié des collaborations en tant que directeur artistique, avec des entreprises en demande d’ouverture afin de leur proposer une autre perspective économique, plus haut de gamme (Sofalca,Riluc).
Un attrait pour le liège
En 2014, il sollicite Sofalca, une manufacture familiale, comme souvent au Portugal, spécialisée dans la transformation du liège noir depuis 1966. À partir de ce matériau naturel un peu ancré dans les seventies, l’entreprise fabrique bouchons, parquet, chaussures, casques… De ce qu’il reste de l’arbre, les branches d’un côté, le bois de l’autre, est chauffé avec de l’eau à 400° puis injecté dans des moules. On obtient des blocs de liège expansé épais beaucoup plus légers devenus, par effet de la chaleur, plus foncés. À partir de cette nouvelle innovation en liège noir, 100 % recyclable à l’infini, s’en est suivi le lancement de BlackCork, une marque qui développe du mobilier design. « Toutes les formes sont arrondies à cause de la fragilité de la matière. Je refuse d’y ajouter de la colle ou de la résine. » L’autre marque promue par l’entreprise, Gencork, conçoit des panneaux acoustiques et isolants aux formes génératives et design futuriste, destinés aux architectes.
Construire un dialogue
Intermédiaire entre le dessin et le fabricant, Toni Grilo souligne que la gestion et la démarche, dans le processus de création et de fabrication, auprès des industriels portugais, sont très différentes de celles qu’il a vécues en France. « Il faut aller voir les gens, prendre le temps de déjeuner avec eux, les mettre en confiance, faire passer le côté convivial avant tout, » raconte-t-il. En cherchant à développer un design qui n’existait pas au Portugal, il reconnaît qu’il y a encore du chemin à faire. Il suit également de jeunes designers auprès desquels il prodigue conseils et recommandations. « Dès la conception, on doit maîtriser les techniques (machines, propriétés des matériaux), un peu comme un cuisinier qui doit connaître les aliments avant d’élaborer une recette. Je construis un dialogue afin de faire le projet en commun. En revanche, je ne suis pas un agent, mais designer et directeur artistique qui accompagne les marques et les créateurs dans leur démarche. »
Transmettre l’identité portugaise
Son travail personnel puise ses inspirations dans les classiques du design et l’artisanat portugais. Il y revient aujourd’hui, en grand praticien des matériaux, depuis la création de la lampe Marie (2012), lancée avec David Hayman, une forme commune déclinée en marbre de Carrare, aluminium poli, liège, ou pour le même éditeur la collection Dartagnan en bois et cuir. Chez Riluc, le Many Wordls sofa est devenue une pièce sculpturale iconique produite en édition limitée comme le Bibendum lounge chair en 2019, tandis que le tout nouveau Elixir bar trolley, met en exergue la beauté de l’acier et du verre.
Quant à la petite chaise Canoa tout en bois brut redessinée par Toni Grilo, elle est un modèle très courant au Portugal, emblématique du design populaire anonyme. « Ce qui m’intéresse c’est la relation humaine que je tisse avec les personnes que je rencontre; une fois que j’ai réalisé une pièce même complexe, je passe à autre chose et c’est oublié ». Porte-parole du design portugais avec une oœuvre prolifique, très aboutie dans la compréhension et l’appropriation des formes et des matériaux, Toni Grilo transmet avec générosité et simplicité son savoir-faire pour que perdure l’identité du design portugais.