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La 4ème Biennale internationale du design graphique à Chaumont (52) se poursuit avec quatre expositions majeures. Explorant les facettes d’un graphisme vecteur de propos engagés, elles révèlent un éclectisme réjouissant présenté sous forme (très) pédagogique pour tout public… A découvrir, jusqu’au 15 juillet 2023.
Avec ses contractions les plus diverses, la 4ème Biennale internationale du design a tenu sa promesse. Celle de formuler des matières à réflexion, actuelles et engagées… La partie contemporaine du bâtiment du Signe et l’ancienne école Ste Marie désaffectée, accueillent des expositions qui ont emprunté des chemins de traverse. « Procès d’intention », par Jean-Michel Gueridan donne le ton. Berçant l’ordre établi, elle parcourt un panorama expérimental, renoue avec tous les médias, parfois délaissés, des recherches menées sur des écritures anciennes jusqu’à l’art graphique numérique. De l’autre « Parade » signée Vanina Pinter historienne et féministe, met en lumière un panel de graphistes françaises. Radical et analytique, « la Fabrique des caractères » du duo d’Atelier Baudelaire, décortique le genre dans l’univers des jeux et jouets pour enfants. Quant à « l’As du crayon » mis en scène par Tony Durand, elle concrétise avec joie et bonne humeur l’œuvre méconnue, pourtant populaire de Joseph Le Gallennec.

Parade, conçue par Vanina Pinter
Dans la continuité de l’exposition Variations épicènes qui a eu lieu au MABA (Maison d’Art Bernard Anthonioz), à Nogent-sur-Marne en 2020, « Parade » présentent des projets conçus par 39 femmes graphistes françaises toutes contemporaines. « Un·e graphiste prend des coups, doit défendre vaille que vaille sa composition pour que celle-ci émerge dans une société du spectacle ultra formatée, où une mécanique marketing a tout intérêt à ce qu’une graphiste pense peu, qu’iel dépense moins. » clame Vanina Pinter.

Tous les objets de l’exposition explorent des territoires défrichés, des ambitions et des utopies. Chaque projet contemporain et ponctué d’archives, demande une attention particulière, de prendre le temps (et c’est appréciable) de lire afin comprendre le mécanisme d’une pensée. Les deux entrées de l’exposition, l’une intérieure l’autre extérieure, traduisent bien le propos. Sans pour autant propulser au-devant de la scène une création spécifiquement féminine, « un non-sens », selon la commissaire, ces recherches offrent une belle diversité du graphisme que l’on ne voit pas forcément, imprégné de nouveaux territoires, du livre botanique jusqu’au papier peint panoramique créé pour Arte International.
La fabrique des caractères, par Atelier Baudelaire
L’Atelier Baudelaire décrypte les mécanismes du jeu et du jouet autour de la question des déterminismes du genre. Camille Baudelaire et Olivia Grandperrin, graphistes féministes et mères de famille engagées, ont répertorié de manière scientifique et analytique les formes, les logos, les typographies et les couleurs les plus fréquentes utilisées par la grande distribution et propres aux jeux et tee-shirts pour enfants. Le résultat est un ensemble de data sculptures à la fois graphique et design, qui révèle les dessous de la consommation de masse.

La scénographie très soignée et destinée à être démontable, plonge le spectateur en immersion dans un nuancier de couleurs XXL, une table de jeu modulable et des panneaux textiles comme des kakemono japonais. Le propos dénonce aussi le regard parfois insidieux du marketing, tout en s’appuyant sur de nombreuses études. Le constat des deux graphistes est sans appel ; les jouets de grande consommation contribuent massivement à la stigmatisation des activités et des centres d’intérêts selon le sexe des enfants. Cependant, l’exposition n’est ni sociologique ni scientifique, mais elle porte plutôt un regard tendre et ludique sur cet univers implacable de la grande distribution, et faire peut-être bouger les lignes…
L’as du crayon par Tony Durand
Dans le rétroviseur, l’exposition « l’As du crayon » présente le travail de Joseph Le Callennec. Le paquet de sucre en morceaux Béguin Say, la carte routière Michelin et le fameux jeu des 1000 bornes… Vous les connaissez surement, sans le savoir. Le dessin publicitaire de ces objets du quotidien a été conçu par cet illustrateur méconnu, qui à l’époque ne s’appelait pas encore graphiste. C’est à Tony Durand que l’on doit cette formidable exposition et rétrospective, témoignage du développement de la consommation de l’époque des Trente glorieuses.

Les archives de Joseph Le Callennec, ayant pour la plupart disparues dans l’inondation d’une cave, ce graphiste et scénographe discret s’est attelé à regrouper une quantité phénoménale de boites de jeux, d’illustrations, d’affiches, toutes aussi savoureuses les unes que les autres. Des années de recherche et de trouvailles auprès des particuliers ou dans des brocantes, lui ont permis de créer une vaste collection, assez complète, redonnant toute la valeur à l’œuvre précieuse, un poil nostalgique, de ce dessinateur. La scénographie est à l’image de la collection, modeste, colorée, qui va droit au but… Les vitrines en bois sont posées à bonne hauteur sur de simples tréteaux ce qui permet en un clin d’œil ou presque de démonter l’exposition, en route pour de nouvelles aventures.

Si la radicalité était la thématique de ce premier opus des néo Designer’s Days, elle a été interprétée très différemment par les 19 showrooms de la rive gauche. Les scénographies étaient à l’image de l’historique des marques, certaines trop subtiles pour les néophytes, et d’autres hautes en imagination et réalisation.
Dans le top 3 de nos coups de cœur, on salue la devanture de Cassina qui n’a pas hésité à recouvrir ses pièces iconiques d’un textile façon Dripping créé pour l’occasion. Rhabillée de la tête aux pieds, la vitrine a conquis son public. De l’autre côté du boulevard, c’est celle de Roche-Bobois qui nous a interpellé. La marque présentait Zéphyrus et Polygonia de Giacomo Garziano, des meubles-sculptures colorés aux formes futuristes.

Mis en scène dans un décor créé par la plasticienne origamiste Clotilde Gries, l’espace dédié est ainsi devenu spatio-temporel durant ces 4 jours de festival. C’est chez USM que l’adjectif « radical » a fait sens en termes de fondamentalité. USM a conjugué architecture et mobilier en imaginant un petit loft, inspiré par l’ADN du système USM Haller. Cette réalisation permet de se projeter dans un environnement ingénieux et créatif, quelque 60 ans après les premiers prototypes !

On notera l’inauguration du nouvel espace Silvera Gribeauval, réaménagé par Frédéric Turpin. Conçu tel un appartement, ce nouveau showroom, habillé de bleu électrique pour l’évènement, met en avant les produits Baxter. Espérons que cette nouvelle édition soit la première d’une longue lignée !

Pour fêter les 30 ans de la Renault Twingo, la designer Sabine Marcelis a collaboré avec la concession automobile pour proposer une réinterprétation artistique du modèle.
Modèle iconique de Renault sorti en 1993, la Twingo célèbre cette année son 30e anniversaire. A cette occasion, la designer Sabine Marcelis (cf Intramuros 213) a accepté de collaborer pour proposer un modèle inédit. Elle succède ainsi à Mathieu Lehanneur qui avait mit à l’honneur la 4L pour ses 60 ans avec Suite N°4 et à Pierre Gonalons qui avait repensé la R5 pour les 50 ans du modèle avec le concept R5 Diamant.

Connue pour son travail de formes à la fois épurées et élégantes, son affinité particulière avec la lumière et sa maîtrise des technologies repoussant les limites du possible pour une meilleure utilisation des matériaux, la designer néerlandaise, récente lauréate du ELLE DECO International Designer of the Year Award, semblait être la candidate idéale pour relever ce défi.

Un modèle qui allie l’esthétique aux nouvelles technologies
La version proposée par la designer reprend les traits les plus reconnaissables de la Twingo, à savoir sa silhouette monovolume emblématique, ses phares caractéristiques et son intérieur modulaire qui offre une sensation d’espace et de luminosité malgré qu’il s’agisse d’une petite citadine. Par la suite, s’en est suivi un travail de jeux de transparence et d’interaction entre la couleur et les matériaux. « Travailler sur une voiture si emblématique et populaire représentait un véritable défi. C’était l’opportunité de créer quelque chose de véritablement novateur et de mémorable » déclarait Sabine Marcelis à propos du projet. Renault étant très engagé en termes de voitures électriques, le concept bénéficie également d’un kit retrofit.


Lettres, chiffres, notes et signes sont la matière première des fascinantes œuvres sculptées à visage humain présentées par le sculpteur Jaume Plensa à La Pedrera – Casa Milà de Barcelone.
Quoi de mieux que l’écrin architectural de La Pedrera – Casa Milà de Barcelone pour accueillir un mélange à la fois immersif et spectaculaire des œuvres les plus intimes et monumentales du sculpteur catalan Jaume Plensa ? À l’invitation de la Fondation Catalunya La Pedrera, l’artiste investit les espaces notables du bâtiment d’Antoni Gaudí (l’étage muséal, mais aussi les appartements, le « ventre de la baleine » – le sous-toit aux fameuses 127 arches – et la terrasse) pour concevoir une exposition-rétrospective labyrinthique autour de la fragilité des mots et de la poésie de la forme et du geste.


Un alphabet-design de nos pensées
Lettres et chiffres, notes de musique et signes, s’enlacent ainsi autour ou à l’intérieur des sculptures aux contours humains, aux visages et bustes translucides, pour créer un nouvel alphabet de corps dont le design épuré évoque un éloquent hommage au silence.


Des personnages assis, en bronze ou en métal peints, parfois portés par des sphères ; des faces absorbées par une quiétude méditative ; des humanoïdes ou des poupons délivrant leur chapelet de signes pendulaires ; autant d’interprètes cois qui nous accompagnent dans une déambulation cathartique, que semblent survoler les œuvres les plus massives, comme cette main traversant l’espace de la cour intérieure ou cette sculpture- autoportrait aux mains sur la bouche, qui surplombe les toits depuis sa plate-forme expiatoire.
Des œuvres passerelles
« Une lettre ce n’est pas grand-chose, c’est quelque chose d’humble, mais liée à d’autres, elles forment des mots, et les mots forment des textes, et les textes la pensée », nous explique Jaume Plensa au détour des quelques annotations murales venant donner des clés de lecture éparses à ses œuvres muettes. De la même manière, le design habité de ses objets incarnés forme devant nous le fil narratif de corps empreints de solennité et de recueillement. Un choix esthétique qui nous guide et ameuble à sa façon les lieux, comme pour créer une litanie de passerelles visibles du langage entre l’espace physique et l’espace intérieur de nos esprits.


Le Grand Est parisien a le vent en poupe ! Pour preuve, la 7e édition de la biennale Emergences a encore une fois exposé un vivier de talents locaux du 1er au 4 juin derniers au Centre National de la Danse de Pantin.

Les métiers d’art et du design du territoire Est Ensemble étaient représentés par une trentaine de professionnels de la création sélectionnés par Véronique Maire et Helena Ichbiah, co-commissaires de In-Situ. Ensemble, elles ont souhaité montrer le processus de création qui a permis la mise en lumière de lien entre les différentes disciplines.
Imaginée en six tableaux baptisés studios, cette scénographie s’est déployée sur trois niveaux du CND. Les pièces exposées dans les studios couleur, matière, ornement, épure, manifeste et radical-futur ont démontré le bon fonctionnement de cet écosystème intercommunautaire.
Engagés, les designers, artisans d’art et artistes, tous affiliés aux neuf villes du territoire Est Ensemble, ont partagé leur univers par le biais de dessins, prototypes, échantillons, réalisations et autres maquettes.
Les travaux d’ébénisterie de Materra-Matang, le constructivisme de Pierre Lapeyronnie, la transversalité de l’atelier Noue, l’engagement de Hall.Hause, l’harmonie décalée de Hugo Dubray ou encore la dénonciation d’Anaïs Beaulieu font partie des coups de cœur de cette biennale dédiée au savoir-faire et à l’excellence.
Ce panorama très enthousiasmant est un des reflets du dynamisme de ce territoire ascensionnel.




Déjà plébiscitée depuis sa création par les professionnels, la 4e Biennale internationale du design graphique mise à l’honneur à Chaumont (52) gagne à être d’avantage connue du grand public. Dans ce lieu unique en France, le Signe, on y découvre en autre le 30e concours international d’affiches et des expositions foisonnantes, qui distillent une vision enjouée, colorée et engagée du champ créatif tentaculaire de l’image. Une exposition à découvrir jusqu’au 21 octobre.
Le Signe, Centre national du graphisme, un lieu incontournable
Dès sa création en 1990, le Signe a toujours su démontrer que le design graphique infuse toutes les strates de la société dans notre environnement physique et virtuel, sous forme d’images, de typographie, de signalétique, d’affiches ou de logos… Dans une architecture épurée, il accueille expositions, résidences, formations, mais aussi un festival, un concours international d’affiches, ce dernier prolongeant par un fond d’affiches contemporaines, la collection acquise par la ville en 1906. Porté par la Ville de Chaumont, la Région Grand Est et le ministère de la Culture, constitués en groupement d’intérêt public, le Signe est un bâtiment incontournable dédié au design graphique, dont l’extension conçue par l’agence Moatti&Rivière révèle en toute discrétion, la puissance des images et des œuvres exposées.

Concepteur de l’identité visuelle du Signe depuis 2018, le graphiste Mathias Schweizer, donne le ton joyeusement rock and roll de la 4e Biennale internationale du design graphique, tandis que la thématique du gâteau d’anniversaire « se déguste » dans un propos porté par le directeur Jean-Michel Geridan. Cette signature bouillonnante comme vecteur de communication, entre street art et futurisme, se métamorphose en images ludiques maitrisées, sublimées par le noir et blanc superposé de couches de couleurs fluos, le tout délicieusement régressif et subversif.
Un concours international d’affiches époustouflant
Pour le 30e concours international d’affiches, 1700 créations issues de 50 pays, ont été analysées devant un jury international composé de professionnels : Atelier 25 qui accompagne les institutions culturelles, Harmen Liemburg graphiste et sérigraphe néerlandais, Réjane Dal Bello conceptrice graphique, Clément Valette représentant de la SAIF et Hervé Di Rosa artiste pour l’Académie des Beaux-Arts. Toutes les affiches ont été conçues dans le cadre d’une commande officielle et réalisées ces deux dernières années.

Dans une scénographie astucieuse signée Kévin Cadinot et Romain Petit, qui combine les structures modulables et les cartels au sol, la centaine sélectionnée explose dans un festival de couleurs. « C’est toujours l’exposition phare de la Biennale. Elle est très parlante pour le grand public qui décerne lui aussi son prix, étant donné la diversité d’écritures et de contextes. Il n’y a jamais de thèmatique ; c’est un concours professionnel qui vise à montrer l’état de la commande actuelle, en tant qu’objet de communication. » explique Mariina Bakic, responsable de la création et de la transmission. Si le spectacle vivant, (théâtre, cirque, danse) au travers de la commande publique est bien présent, les centres d’art et l’auto commande (pour une manifestation) ont aussi leur place.
Sans format imposé, la sélection du jury reflète également la qualité des supports digitales ou imprimées, chaque affiche ayant été observée dans son media de création. « Le savoir-faire et la collaboration des graphistes avec les imprimeurs (sérigraphie, impression offset ou jet d’encre) est aussi primordiale que la conception de l’affiche. » Le travail de la typographie par la recherche grâce aux outils numériques est l’une des grandes révélations de cette 4e Biennale internationale du design graphique qui marque aussi via le digital, un retour à la lettre manuscrite.

En 2023, la sixième biennale des métiers de l’art et de la création contemporaine a fêté ses dix ans d’existence en célébrant la créativité du Québec, pays à l’honneur.
Le Grand Palais Ephémère vient de refermer ses portes sur le salon Révélations. Très qualitative, cette nouvelle édition a permis au public de découvrir 350 exposants, dont 71 % de nouveaux venus. Dans la scénographie toujours aérée du designer Adrien Gardère, ces créateurs, galeries, manufactures, régions et associations, issus de 29 pays, ont été sélectionnés par le comité d’orientation artistique, composé de onze acteurs de la filière, des arts, du marché et des institutions. Fidèles à ses valeurs, Ateliers d’Art de France, organisateur de l’évènement, a renouvelé son exposition centrale « le Banquet », mis en lumière la création foisonnante d’un pays – cette année, la province du Québec -, ou encore a réalisé un focus appuyé sur les jeunes talents du secteur.


Le Banquet, l’excellence des savoir-faire internationaux
Exposition-signature du salon, le Banquet 2023 a présenté la crème de la création provenant de dix régions du monde. La Chine, l’Egypte, l’Equateur, la France, l’Irlande, le Portugal, les Pays-Bas, mais aussi le Rwanda, la Suède, l’Ukraine et l’Europe ont dialogué autour des matières et des techniques. En dix espaces, 70 artistes et manufactures ont repoussé les formes et les frontières. Parmi les propositions, quelques pièces ont retenu notre attention. Certaines provenaient de l’exposition « les Aliénés » du Mobilier national, réalisée en 2022, présentant des meubles inusités du Mobilier, revus par des plasticiens aussi audacieux que provocateurs. Sur le Banquet, le designer Thierry Betancourt, en collaboration avec la Maison Louis Marie Vincent a posé La Rêveuse, commode en bois de rose de style Louis XV, recouverte d’une épaisse gangue blanche, réalisée en « carton pierre », une technique ancestrale du XVIIème siècle remise au goût du jour. Les formes organiques de cette dernière semblent annihiler le caractère utilitaire du meuble. A l’aide de cuivre gonflé à la flamme, Prisca Razafindrakoto a transformé la chaise d’écolier Mullca 510 du créateur légendaire Gaston Cavaillon. De même, sur le Banquet Europe, la suédoise Léonie Burkhardt a présenté Radiant Pink, sorte de vase textile créé à partir d’un fil rétractable thermoréactif, où aucune couture n’est visible, tandis que Blush, pièce de l’Irlandaise Helen O’Shea sublimait une bouteille plastique grâce aux fils de coton et épingles à coudre. Enfin, le Rwanda brillait notamment à travers Mannequin, une pièce imposante de métal et fils, du jeune plasticien Cedric Mizero.

Réalisé par : Thierry Betancourt et la Maison Louis Marie Vincent
Le meuble est réalisé en « carton pierre » une technique ancestrale remontant au 17ème siècle remis au goût du jour qui est plus dure que le papier mâché. Et en effet rehaussé à certains endroits par du parchemin, par les soins de Louis Marie Vincent une de ses grandes spécialités.

Le Québec à la fête
Aux côtés de nouveaux pays exposants comme l’Arménie, l’Egypte, le Danemark, le Liban, mais aussi l’île française des petites Antilles Saint-Barthélemy, pour ne citer qu’eux, la nation Québec était l’invitée d’honneur du salon, faisant suite à l’Afrique en 2022. « Ce pays était déjà présent sur le Banquet 2019, explique Stéphane Galerneau, président fraîchement élu à la tête d’Ateliers d’Art de France et du salon. Bénéficiant du plus gros budget culturel jamais alloué aux métiers d’art, nos cousins francophones portent les couleurs d’une création libérée des contraintes patrimoniales, et ont cette volonté d’inclure les peuples autochtones. » Soutenus par le conseil des métiers d’art, la maison des métiers d’art de Québec, le gouvernement québécois et sa délégation parisienne, trente-quatre créateurs dont dix des Premières Nations ont proposé des pièces en verre, textile, métal, pierre, papier, bois, céramique, hybridant les cultures nordaméricaine et européenne. Parmi ces nombreux artistes de la matière, le duo canadien Hélène et son mari – la céramiste Hélène Chouinart et le sculpteur Jean-Robert Drouillard – exposait, non sans humour, J’effeuille les parfums de mon enfance, une installation composée d’une kyrielle de tasses en céramique, accompagnées d’une figure en bois. Une œuvre illustrant les pratiques traditionnelles de cet art du feu, réactualisées par des motifs imprimés par décalcomanie. Exclusivement dédié à quinze artistes québécoises et canadiennes, dans trois lieux parisiens, le programme « Hors les murs » accompagnait également cette foisonnante sélection de la Belle Province, visible sur les deux grands stands in situ.


Sur l’Agora, l’avenir du secteur
L’exposition collective des dix ans du Prix de la Jeune Création Métiers d’Art, accueillait le public, dès son entrée, sur l’Agora. « Cette année, Révélations a souhaité valoriser tous les lauréats dénichés sur le territoire français depuis une décennie », renchérit Stéphane Galerneau. Lauréate 2023 avec l’artiste du verre Tiphaine Germaneau, la céramiste Cécile Fouillade alias Siquou présentait quelques nouveaux Vases Fourrure reproduisant en céramique le pelage animal, inspiré de sa dernière résidence artistique au Groenland. Parmi d‘autres, la brodeuse Clémentine Brandidas, lauréate 2018 exposait Shanshui, marqueterie de plumes sur soie teintée, tandis que l’étonnant collier Kaa, en cuivre et argenture était l’œuvre réalisée et récompensée en 2016, par Marine Dominiczak, artiste du bijou contemporain.
Tremplin pour la jeunesse, acteur économique déterminant pour toute une filière, le salon s’est créé, au fil du temps, un ADN unique. Cette année, cette identité particulière s’est aussi exprimée à travers Columbidae, œuvre délicate de papier de la sculptrice japonaise Kuniko Maeda, associant technologie numérique et artisanat d’art nippon. « Nous souhaitions souligner la diversité de nos métiers, poursuit Stéphane Galerneau, et présenter au public des métiers plus rares. »
Le design en trois coups de coeur
Si le président d’Ateliers d’Art de France et du salon affirmait que « la biennale est cette niche d’excellence qui ne dérive pas vers l’art ou le design », cette nouvelle édition lui donnerait-elle tort ? En témoignent quelques exemples parmi beaucoup d’autres, venant appuyer l’idée de porosité des frontières, de filiation entre créateurs et designers.

Tiffanie Baso/ Magdeleine, Slacken
Fondatrice, en 2019, originaire d’Occitanie de la marque Magdeleine, Tiffanie Baso est une jeune artisane-designer du bois, pleine de promesses. Créé en 2021, son fauteuil Slacken en frêne et orme a été réalisé grâce à la technique du cintrage. « Le cintrage tord le bois, explique-t-elle. Une accumulation de lames est nécessaire pour fabriquer notre forme finale. Lorsque nous avons sélectionné et organisé minutieusement nos lamelles, nous les plaçons dans une étuve à vapeur, élément-clef pour plier le bois. Elle permet de réchauffer et détendre la fibre du bois, afin de la façonner aisément autour d’un gabarit pour créer une forme spécifique, et obtenir des courbes optimales. »

Guéridon en bronze poli sur sa face intérieure, ciselé et laqué sur sa face extérieure.
Dimensions : 42 cm de diamètre et 60 cm de hauteur.
@Alain CORNU
Seraphyn’, Gracile et Mangrove
Dessinée par la créatrice Seraphyn Luce Danet, la chaise Gracile créée en 2023 a été exécutée par l’atelier de menuiserie Falher. Selon la technique brevetée par le Français Claude Barlier, sans assemblages apparents, elle est décomposée en une série de strates numériques découpées dans des matériaux en plaques, ensuite compilées pour reconstituer la pièce finale. Quant à son guéridon Mangrove, en bronze poli et doré, exécuté par le ciseleur Mapie Belgary et le fondeur Yannec Tomada, sa forme organique et asymétrique s’inspire d’une végétation racinaire qui se développe dans les marais des littoraux tropicaux, lieu de reproduction de la biodiversité.

Mobilier National et la Cité de la céramique – Sèvres & Limoges
Pour la première fois, la Cité de la Céramique-Sèvres & Limoges et le Mobilier national ont partagé un stand. Grâce à la scénographe Mathilde Bretillot, cinq « tableaux » offraient des points de vue sur la création mêlant de nombreuses pièces. Parmi celles-ci, quelques tapisseries de Jean Messager, Geneviève Asse ou Cécile Bart, un fauteuil de Francesco Binfare, une banquette du Studio Mr. & Mr, des guéridons d’Eric Schmitt ou encore plusieurs vases de grandes signatures.
Depuis dix ans, Révélations a su affirmer son positionnement d’excellence en faveur des métiers d’art et de la création. De plus en plus décomplexés en regard des nouvelles technologies, tout en respectant les traditions et l’environnement, ces métiers font de ce salon, un exemple unique en son genre.

Les Designer’s Days, devenus par la suite les D Days, avaient disparu de la scène parisienne. Mais c’était sans compter l’envie de son comité historique de dépoussiérer cette belle endormie, une manifestation imaginée dans le but de célébrer le design. À retrouver jusqu’au 17 juin.
Cinq ans après l’arrêt des D Days, dix-neuf éditeurs, manufactures et marques vont faire revivre le quartier de Saint-Germain-des-Prés au rythme de vitrines animées pour l’évènement durant quatre jours. Ce nouvel opus, baptisé « Radical », propose une thématique qui intègre l’origine des choses, et qui sera interprétée par chacun des participants à sa façon. Les organisateurs promettent des mises en scène fortes tant dans la forme que dans le fond, ce qui n’est pas pour nous déplaire !


Pour cette édition, un invité d’honneur, le designer Sam Baron, interviendra à l’instar d’un fil rouge, en imaginant une scénographie urbaine collaborative, une façon d’inviter les promeneurs à investir les showrooms germanopratins. De Boffi- DePadova à Silvera et Poltrona Frau, en passant par Muuto, Roche-Bobois, V-Zug ou Hermès pour n’en citer que quelques-uns, le parcours se fera au fil des envies ou en suivant le triangle d’or entre les stations de métro « Assemblée Nationale », « Sèvres-Babylone » et « Saint-Germain-des-Prés ».


Si créer pour une société à la fois durable et créative est la base de la philosophie de l’architecte Jacques Ferrier, il compte bien la transmettre lors de son programme à Campus MaNa. La thématique « Habiter la fenêtre » en dit long sur ces quinze jours d’atelier ! Il traitera la fenêtre en tant qu’élément primordial de l’architecture, véritable lien entre l’intérieur et l’extérieur.

Accompagné de l’assistant architecte et théoricien Clémentin Rachet, et de Mathieu Luzurier, menuisier habitué au campus, Jacques Ferrier abordera des sujets incontournables en termes de construction dans un contexte de crise climatique. Pour lui, la relation entre l’habitant et l’environnement est essentielle, et passe notamment par l’appropriation et le désir d’usage.
Véritable défit architectural, la baie vitrée fragilise une architecte en retirant de la matière. Revoir l’histoire de toutes ces ouvertures, de l’arc roman aux constructions en béton armé, permet d’envisager une nouvelle vision de la fenêtre, non seulement stylistiquement mais aussi techniquement.
De la théorie à la pratique, la fenêtre, symbole de liberté et d’évasion, sera au cœur des échanges et de l’atelier bois du campus. Transparence, occultation, performances techniques et écologiques, sans oublier esthétique, tous ces points seront abordés durant ce programme.
Car au-delà d’être uniquement un vecteur d’air et de lumière, la fenêtre peut être habitée. À l’instar des bow window ou fenêtre en saillie, c’est un seuil entre l’intime et le public que l’on habille de rideaux ou de volets pour se protéger. Mais le verre utilisé peut aussi être chauffant, teinté, voire changeant. La fenêtre est une thématique qui mérite une attention toute particulière pour les enjeux d’aujourd’hui et de demain !
Détails du programme
Du 18/09/2023 à 29/09/2023
Matériaux: végétal, bois, métal, autres
Domaine : Architecture
Durée : 2 semaines
Langue : Français & anglais
Coût : 3900 € TTC
Ce tarif comprend le coût de la formation, l’hébergement et la pension complète, les matériaux et les équipements de protection individuelle.
Ce tarif comprend le coût de la formation, l’hébergement et la pension complète, les matériaux et les équipements de protection individuelle.
De 18/09/2023 à 29/09/2023



Au sein de son showroom milanais en avril dernier, l’entreprise italienne Novabili présentait ses nouveautés et finitions de mobilier. Des éléments de collection que l’on peut retrouver dans son showroom parisien, près de Bastille.
Cette année, le thème de la durabilité, de plus en plus présent dans la philosophie de Novamobili, a été fortement mis en avant puisque GREEN [R]EVOLUTION est était le nom choisi par la marque italienne pour identifier le leitmotiv lors du Fuorisalone 2023. L’occasion de présenter ses nouveautés en termes de finitions, de mobilier et d’annoncer l’ouverture d’un nouveau flag ship store européen.
Nouvelles finitions
Pour 2023, Novamobili présentait plusieurs nouvelles finitions. La première, Argilla Lapis, est l’alliance parfaite entre le caractère artisanal, le respect de la nature et les compétences techniques. La porte déclinée dans cette finition est recouverte de trois couches d’argile façonnée à la main, puis séchée. Cette réalisation donne au produit une texture unique et offre une expérience surprenante au toucher et à la vue. Parmi les autres nouveautés en termes de finitions, on trouve l’essence Rovere Bianco. Celle-ci existe pour toutes les collections et élargit la famille des plaqués. Pour cett finition, Novamobili a allié l’esthétique à la responsabilité environnementale puisque le bois utilisé provient d’une filière certifiée. Aussi, les façades Rays, caractérisées par des rainures verticales fortement distinctives, sont maintenant déclinées dans toutes les finitions Rovere.
Un nouveau catalogue Armoires
Désireux de toujours plus s’actualiser, Novamobili a renouvelé son catalogue Armoires qui devrait être prêt d’ici l’été. Le nouveau Wardrobes and Walk-in closets propose de nombreuses ambiances de la chambre à coucher, en mettant en évidence le potentiel du système armoire et dressing non seulement du point de vue esthétique, mais également de la conception, en fournissant des informations techniques et des approfondissements sur les différentes solutions prévues. Une occasion pour la marque de présenter ses deux nouveautés. D’abord, l’armoire à portes battante Alfa, créée pour répondre aux besoins les plus divers en termes d’espace, d’esthétique et de fonctionnalité. Alfa dispose de différentes versions d’agencement avec plusieurs combinaisons possibles des structures, certains types d’ouverture et d’innombrables finitions afin d’offrir au client un produit « sur mesure ».

Ensuite, la marque présentait Wall 30, une bibliothèque entièrement personnalisable. Un modèle qui évolue et devient la vedette de la pièce, en répondant parfaitement aux demandes de fonctionnalité, d’esthétique et d’aménagement de l’espace. Wall 30 est un système composé de plusieurs éléments qui permettent de réaliser un projet modulaire, complet et flexible. Le résultat est une bibliothèque personnalisable au niveau des dimensions, du choix des matériaux et des détails et flexible quant à l’usage, et ceci qu’elle soit conçue pour une installation murale ou pour un agencement au milieu d’une pièce.

L’ouverture d’un flaship store à Zurich
Parmi les autre actualités notables de Novamobili cette année : l’ouverture du premier Flagship store en dehors de l’Italie. Celui-ci devrait être inauguré avant l’été à Zurich. Un espace conçu pour refléter l’essence esthétique de la marque, mais avec un esprit encore plus international.
Plus près, les professionnels français peuvent désormais prendre rendez-vous au showroom, Cour Jacques Viguès, 5 rue de Charonne, 75011 Paris.

Jusqu’au 10 juin, l’espace en transition des bureaux de H.I.S accueillent rue du Renard la première exposition parisienne de The Big Assembly. Un projet fondé par Goliath Dyèvre en 2022, qui rassemble un écosystème de « créateurs-assembleurs » au sein d’une maison d’édition collaborative. Explications.
The Big Assembly est née d’un constat de Goliath Dyèvre, pendant le confinement : « Le monde déborde de choses déjà existantes. Toutes ces « choses », issues de l’artisanat ou de l’industrie, nous donnent matière à penser, matière à créer, matière à innover. Matériaux bruts ou transformés, reliquats de prototypes, objets usuels ou non utilisés, obsolètes, récupérés ou oubliés, tous sont synonymes de matière première prête à être assemblée pour s’ouvrir à une seconde vie. »
Il se pose un défi de repenser le concept même d’assemblage, à partir ce qu’il a strictement à portée de main, pour concevoir de nouveaux objets. Très vite il définit un manifeste et un protocole créatif, qu’il propose à d’autres designers : The Big Assembly est formellement constituée, et verra sa première exposition lors de la Milan Design Week 2022.

Des designers qui expérimentent
Depuis, de nombreux designers ont rejoint l’aventure, comme en témoigne cette première exposition parisienne. On y retrouve des profils aussi variés que ceux de Jean-Charles de Castelbajac, Mathilde Bretillot, François Azambourg, Ambroise Maggiar, Élise Fouin, Gregory Lacoua, Jean-Sébastien Lagrange, Pierre Murot, Goliath Dyèvre, Lucas Galeazzi, Lucie Dauphin, et pour les derniers « arrivants » José Levy, Sarah Valente, Marie-Aurore Striker-Metral, Antoine Bécognée, François Gustin et Brice Bouffort. Tous se sont pris au jeu du protocole, pour des propositions extrêmement diverses, allant des clubs de golf revisité en portemanteaux (Marie-Aurore Striker-Metral) à une table d’offrande dont le plateau repose sur des flaconnets de parfum (Gregory Lacoua).
Avant de lancer rue du Renard le chantier d’aménagement des bureaux parisiens de l’enseigne japonaise H.I.S, Goliath Dyèvre a ainsi choisi de réunir dans ces lieux ces propositions expérimentales, entre objets fonctionnels, design collectible, et art contemporain. Une occasion de « voir en vrai » ces objets que l’on peut trouver en ligne sur le site dédié.


The Big Assembly, une maison d’édition collaborative
Ce qui rassemble ces designers si différents, c’est avant tout un manifeste et un protocole de création, basé sur un principe d’assemblage, dont les ressources utilisées – éléments et matériaux – s’inscrivent dans une démarche de récupération positive. The Big Assembly s’appuie par ailleurs sur une structure de maison d’édition collaborative – association loi 1901 – pour proposer à la vente en ligne les pièces réalisées.

The Big Assembly à l’étranger
En 2022, l’Institut français organisait sur le territoire français une semaine de rencontres de professionnels étrangers du secteur culturel avec des acteurs du design français. Les représentants du Costa Rica ont à cette occasion rencontré Goliath Dyèvre, et séduits par The Big Assembly, ont proposé une intervention, concrétisée en mars dernier lors de la semaine du design. Cette manifestation a notamment accueilli quatre designers français pour des tables rondes et workshops, en partenariat avec plusieurs écoles de design françaises, l’Alliance Française, l’Ambassade de France, l’Université Veritas, et en collaboration avec la production de la Semaine du Design, de l’Université du Costa Rica et de l’Universidad Creativa. Une semaine riche en échanges qui avait pour thèmes prédominants l’économie circulaire et la réutilisation d’objets. « Notre objectif est de collaborer avec les idées innovantes qui se développent en France afin de partager des perspectives différentes », soulignait Emmanuelle Gines, directrice de l’Alliance française.

Un workshop The Big Assembly suivi d’une exposition
Au cours de cette semaine du design au Costa Rica, Goliath Dyèvre a ainsi supervisé un workshop à destination des étudiants avancés et des professionnels du design sur place, à partir du protocole de création proposé par The Big Assembly. Cet atelier avait pour objectif de travailler avec des matériaux bruts, quotidiens, obsolètes et prêts à être assemblés et leur donner une seconde vie : 20 objets ont ensuite été exposés. Une vidéo diffusée lors de cette exposition parisienne témoigne de cette expérience.



Jusqu’au 26 août, la galerie Kreo présente « Transformers », une exposition de Konstantin Grcic. Le designer exploite un dispositif de mesure de précision utilisé dans l’industrie automobile et aéronautique, détourné de sa fonction originelle. Il a ainsi créé une collection de neuf pièces, suspensions, lampadaires, liseuses, lampes à poser, tables qui s’ajoutent à quelques nouveautés milanaises à quelques jours de la Foire de Bâle où convergent les grands collectionneurs. Un magnifique prétexte de rencontre, pour s’attarder sur le parcours de ce designer intransigeant sur la forme.
Il fait partie des noms que l’on s’échange d’un air entendu, une fois que l’on peut se targuer de le prononcer correctement. Konstantin Grcic est devenu l’incontournable designer allemand à la rigueur exacerbée, à la manière d’un Richard Sapper ou d’un Dieter Rams. Quand on le rencontre, on ne peut qu’admirer son calme engageant, un calme qui se nourrit de la conjugaison de l’artisanat et de la technique. Formé à Parnham, une école privée du Dorset, avant d’intégrer le Royal College of Arts, trois années de collaboration avec SCP Ltd renforceront ses liens avec le Royaume-Uni. Chez lui, le perfectionnisme est essentiel. Une approche morale et disciplinée du design qu’il partage alors avec son directeur d’études, Jasper Morrison, d’à peine sept ans son aîné. Fonction, évidence d’expression, « utilisme » aiment-ils à dire (intraduisible en anglais). Il fait partie de ce groupe de designers qui dans les années 90 réintroduisent en Europe des relations de partenariat avec l’industrie et une nouvelle rigueur disparue dans les années 80.

Un dialogue continu
Depuis toujours, le bois l’inspire, recyclable à l’infini, mais il excelle dans le travail du métal, des plastiques qu’il utilise avec parcimonie, et des nouveaux matériaux issus de la recherche. Son cerveau garde en mémoire les œuvres d’art de la galerie de sa mère et l’ouverture d’esprit de son père. Il dessine dans une unique perspective de fabrication industrielle. Au RCA, il n’a pas pris part au foisonnement des formes arbitraires des années 80. Ses meubles sont conçus pour la production, ses luminaires aussi. Il favorise la relation homme-objet, ce que Marcel Breuer appelait la « générosité conceptuelle » et partage une vision écologique du design que SCP et Cappellini apprécient. Les fabricants connaissent leur marché et il dialogue avec eux – avec ClassiCon (connu pour les rééditions d’Eileen Gray) ou la firme Authentics qui entretenait un réseau impressionnant de petits fabricants européens ou du Sud-est asiatique (métal/Allemagne, plastiques/Taïwan, verre/Chine, bambou/Inde).

En ouvrant son studio en 1991, il débute des collaborations internationales avec Driade, Flos, Krups, Montina, Moormann, Moroso, ProtoDesign, Whirlpool… En 1998, sa baladeuse en polypropylène MayDay éditée par Flos, entre dans la collection permanente du MoMA et rafle le Compasso d’Oro.


Le bon design est celui qui peut s’expliquer au téléphone. Il effile les épaisseurs et inverse les logiques de masse. À Euroluce, sur le stand Flos, le Black Flag, se déployait comme un grand bras sur 3,50m, non pas pour faire de l’ombre mais créer de la lumière. Ses luminaires ont suivi les transformations de l’industrie électrique qui doit appliquer des mesures de sécurité de plus en plus drastiques sur une planète en danger. Usage et recyclage aujourd’hui vont de pair. Et il se réjouit de voir aujourd’hui la baladeuse May Day, transformée en luminaire d’extérieur grâce au progrès des techniques d’étanchéité.

De l’industrie à l’expérimentation
« Il n’y a aucune relation entre le Black Flag de Flos et la collection Transformers de Kreo. Ce projet est beaucoup plus vieux. ‘Black Flag’ a commencé en matériaux bruts et a fini en profilé d’aluminium. Ce qui était nécessaire d’un point de vue ingénierie. » Le Flag est une lampe commerciale (Flos), les Transformers qui ne se transforment pas, sont des modules subversifs, des catalyseurs qui s’inscrivent dans une autre idée, comme des envahisseurs sociaux. Le spot microscopique, aimanté sur la structure en métal, (le son de la connexion est magique !) n’est pas de sa création, mais il l’utilise. Idem pour le profilé. « Il existe. Je l’utilise ». C’est un profilé en Alufix, de l’industrie automobile qui permet de mesurer la résistance de chaque point du véhicule pour renforcer le squelette du véhicule. Les industriels mesurent ainsi la précision du point de pression du métal pour faciliter la fabrication des portes, la prise en main par le robot et la pose sur un autre poste de fabrication. « Cette entreprise, à côté de Hamburg, fait des ‘precise measure gigs’ qui devient alors comme un Lego en argent. C’est un pattern, un modèle. »


« En 2018, le projet était déjà clair avec la galerie Kreo. Mais avec le Covid, tout a été décalé, reporté, on a dû essayer d’autres choses. Je voulais faire une lampe ‘big and heavy’, grande et lourde, avec des chaînes, impressionnantes, pas dans le poids mais lourdes comme une croix, … grand mais différent… et nous avons fait la table avec ce profilé qui nous a permis de faire des typologies très libres. En mobilier, ce n’est pas si facile de faire une table qui ne ressemble pas à une table. En luminaire, cela ne ressemble pas à une lampe mais c’est une lampe avec des typologies plus folles (qui n’ont pas de sens). (…) Puis, la pandémie est arrivée et la première lampe fut celle-ci, la petite. On ne peut pas en changer la hauteur, juste les lampes et leur orientation pour plus d’élégance. La société qui les fabrique ne fabrique que pour les vitrines et les musées. Dans les vitrines, elles sont invisibles et ne font que pointer de leur rais de lumière, l’objet que l’on doit découvrir. Elles équipent quelques vitrines du Louvre par exemple. On ne peut pas en rajouter tellement parce qu’il faut faire courir les câbles d’alimentation dans les tubes. Il y a autant de lampes que de câbles. On a joué avec cette mécanique à contrôler. On célèbre ici la beauté de la matière comme un insecte sur une branche, des fourmis ou des coccinelles. 48 lampes sur la ligne. Dans un aspect technique c’est une performance pour éclairer une table, un plan de travail ou une étagère parce qu’on peut diriger les rayons. »

Au Salone del Mobile, il présentait chez Magis, du mobilier d’extérieur avec une couverture en cours mise au point avec Hella Jongerius. « Il va falloir encore une année pour la finaliser. » Nouveau rôle, il assure la direction artistique chez Mattiazzi. Il a dessiné le stand et fait le choix des designers sur le projet du Cugino en chêne à décliner dans d’autres bois. « C’est un travail très différent. Ce n’est pas moi qui dessine. Mais c’est très important pour les petites entreprises aujourd’hui de trouver leur voie vers un juste futur. C’est une toute petite entreprise avec un turnover de 5 millions d’euros et seulement 50 personnes. »

Design et mobilité
Aujourd’hui, il travaille sur une exposition qui se tiendra à Paris en mars prochain, en coïncidence avec les Jeux Olympiques, sur le sport et le design. Il est commissaire et gère la scénographie au Musée du Luxembourg, sous la direction de Fabienne Charpin-Schaff et avec la Réunion des Musées Nationaux. Parmi les domaines qu’il a rarement abordés on compte les sujets sur la mobilité : la bicyclette, le bateau… « Des domaines où il faut de bons partenaires parce que la mobilité fait partie de nos vies. Il faut pouvoir bouger. Le confinement a été suivi avec obéissance parce qu’on avait tous peur d’un danger invisible qui a immobilisé le monde. Les chaînes de fabrication ont été mises sur stop avec stupeur mais il faut se réjouir aujourd’hui du succès de ce confinement et continuer à penser un design plus écologique et réversible. » Bienvenue dans l’ère du capitalisme distribué et de la troisième révolution industrielle au sein d’une économie de partage en réseau ! En attendant 2024, entre chandeliers du Moyen Âge et vaisseaux du cyberespace, laissez-vous fasciner par ces ‘Transformers’ exposés à la galerie Kreo.

L’entreprise chinoise Colmo a présenté lors du salon de Milan la collection Turing, en partenariat avec la compagnie française DuPont.
Colmo présente à travers la collection d’appareils domestiques Turing ses systèmes de filtration d’eau pour toute la maison. Une collection au design minimaliste à l’image de la marque, issue d’une chaîne de production haut de gamme et exclusive où chaque pièce est soigneusement assemblée. Inspirés par la nature, les produits Colmo sont réalisés à partir de matériaux naturels sélectionnés dans le but de recréer, grâce à la technologie, une sensation de nature.
La collection Turing se compose d’une hotte de cuisine, d’une plaque de cuisson au gaz, d’un lave-vaisselle, d’un chauffe-eau au gaz, d’un adoucisseur d’eau, d’un distributeur de boissons de bureau, d’un purificateur d’eau de cuisine et d’un chauffe-eau électrique en prenant en compte l’esthétique et la fonctionnalité pour donner vie à des appareils domestiques intelligents de qualité supérieure.
Un système de filtration d’eau avancé
Le système de filtration d’eau domestique de la collection Turing a été inspiré par le Caucase, l’une des trois meilleures sources d’eau au monde. L’objectif était de créer une écologie d’eau naturelle à l’intérieur de la maison grâce à l’utilisation de la technologie l’IA (intelligence artificielle). Les produits peuvent être interconnectés pour améliorer l’efficacité du traitement de la qualité de l’eau et réduire les coûts d’utilisation.

Le chauffe-eau à gaz
Inspiré par les chutes de Milford Sound, en Nouvelle-Zélande, il est né du désir d’apporter l’expérience rafraîchissante d’une chute d’eau dans les maisons des utilisateurs.

Le chauffe-eau électrique
Cette fois-ci, le modèle s’inspire de la rivière Sun, dans la forêt amazonienne péruvienne. Pour le créer, Colmo a étudié le transfert de chaleur du magma et de l’eau souterraine, abandonnant le revêtement de stockage traditionnel du chauffe-eau électrique et en créant la technologie brevetée de chaleur à changement de phase, permettant à l’eau de couler dans les tuyaux comme de l’eau fraîche provenant d’une source vivante, sans magnésium ni calcaire.

La hotte de cuisine
Cette fois-ci inspirée par le motif en spirale du Nautilus, le design des conduits d’aspiration lisses réduit la résistance et le bruit. Simultanément, le matériau absorbe le bruit et rend la hotte aussi silencieuse qu’un vent naturel. Le module de détection d’air intégré change automatiquement l’air pour éliminer les odeurs et permettre de respirer un air sain.

Le lave-vaisselle
Inspiré du Vortex de Von Karman, ce modèle utilise le bras rotatif X-wash pour projeter de l’eau à grande vitesse sur la surface de la vaisselle, créant ainsi un flux turbulent. La technologie Deep Clean à contre-rotation multiplie la surface couverte par le flux d’eau, ce qui permet d’obtenir un nettoyage en cul-de-sac. Le bras de pulvérisation du rideau d’eau contrôle précisément l’impact pour ne pas endommager la vaisselle.

La table de cuisson à gaz
Cette table de cuisson a été pensée pour créer l’expérience culinaire d’une cuisine étoilée à la maison. Pour ce faire, l’équipe de recherche de Colmo a rendu visite à des chefs renommés dans le monde entier et a étudié les données de cuisson pour créer une courbe de cuisson de maître. La cuisinière est spécialisée pour cuisiner une vaste gamme d’ingrédients en permettant l’enregistrement du code de saveur et le contrôle du temps de cuisson à la seconde près et en simulant la flamme naturelle sous ses nombreuses formes afin de créer une expérience culinaire unique.

Organisés du 21 au 23 mai, les salons ICFF + Wanted Design ont de nouveau été succès. Avec plusieurs nouveautés annoncées, avec notamment l’inauguration de nouveaux espaces et un nouveau rôle de directrices de marques pour Odile Hainaut et Claire Pijoulat, place au bilan !
L’édition 2023 des salons ICFF + Wanted Design a été une vraie réussite qui a profité tant aux exposants qu’aux visiteurs. Combinés, les deux salons ont accueilli 476 marques provenant de 35 pays, dont 116 exposaient pour la première fois. Avec une fréquentation en hausse de 37 % par rapport à l’édition précédente, pour un total de 13 000 visiteurs enregistrés, il est clair que l’inauguration des nouveaux espaces a porté ses fruits.
En effet, les participants de l’édition 2023 ont pu découvrir en premier lieu The Crossroads, un espace dédié au design américain, le WDM Café x Caesarstone, lieu de rencontres et de réseautage pour les participants ou encore l’inauguration du restaurant designé par Rodolfo Agrella. « Notre plan cette année, en tant que directrices de marque pour ICFF et WantedDesign était d’apporter au Javits Center plus d’espaces de design curatés, créatifs et immersifs, d’offrir un plan d’étage plus cohérent et d’améliorer la visibilité de l’ICFF et de WantedDesign » ont expliqué Odile Hainaut et Claire Pijoulat.
Les lauréats des ICFF Awards
En parallèle des espaces d’exposition, le salon ICFF accueillait une nouvelle fois les ICFF Editors Awards, avec 12 prix à la clé ainsi que le Best in Show à désigner parmi les 476 exposants. Et cette année, cinq des prix ont été décernés à des participants au Look Book, dont le Best in Show.
- Accessoires : Obakki
- Meilleur Stand : Turf
- Ensemble de l’oeuvre : NJ Roseti (Look Book)
- Tapis et revêtement de sol : JD Staron
- Mobilier : Sin
- Cuisine et salon de bain : Mila International
- Luminaires : Daniel Shapiro (Look Book)
- Textiles et Matériaux : Tomma Bloom (Look Book)
- Jeune designer : Kim Swift
- Mobilier outdoor : Mexa Design
- Assises : Caleb Ferris (Look Book)
- Revêtements muraux : Affreschi & Affreschi
- Best in Show : Caleb Ferris (Look Book)


D’autres prix ont également été remis, dont le « Best of Launch Pad » décerné à Good Growing dans la catégorie meubles/accessoires de maison et à Shaunak Patel pour la catégorie luminaires. Le prix « Best of Schools » a été attribué à la Northumbria University et le prix « Best of Students » à tous les étudiants de l’Universidad Iberoamericana.
La prochaine édition de l’ICFF + Wanted Design se tiendra à New York du 19 au 21 mai 2024.

Le Campus MaNa propose le programme « Land out, collective day dream », une formation soutenue par cinq professionnels aux parcours reconnus et riches d’expériences.
La designeuse Amandine Chhor, passionnée par les matériaux, les processus de fabrication et l’artisanat, invitera les apprenants à esquisser des scénarios et utopies collectives dans le but de concevoir des espaces publics apaisants et intelligents. Mathieu Luzurier, ébéniste formé à l’école Boulle, accompagnera le processus de création dans l’atelier bois du campus. Deux autres intervenants seront présents durant la formation dont le théoricien et architecte Olivier Vadrot, avec un cursus mêlant différents domaines comme le design, l’architecture, mais aussi les scènes théâtrales et musicales. Pour finir, la chercheuse en arts du spectacle vivant, Laure Fernandez, associée à l’UMR Thalim (CNRS, Université Sorbonne Nouvelle, ENS), apportera sa pierre à l’édifice.
Ensemble, ils permettront aux participants d’imaginer et de créer du mobilier et des installations extérieurs d’un genre nouveau en lien avec la nature environnante. Le questionnement sur l’espace public comme lieu de repos, de partage, voire de contemplation, sera au cœur de ces 15 jours de programme. L’étude portera sur des éléments existants, du banc au kiosque, en passant par la gare routière ou encore l’ombrière, le tout en prenant en compte la matière. Ces typologies en devenir seront le fruit des échanges multiples entre encadrants et participants, le principe même du Campus MaNa.

Méthodes d’évaluation
- Projet final documenté et argumenté.
- L’acquisition des connaissances et de l’expérience au cours de la formation, l’avancement des travaux et le rendu final sont pris en compte.
- Formation validée par un certificat MaNa.
Critères d’admission / prérequis
Autodidacte ou diplômé de la discipline – l’expérience est évaluée lors du processus d’admission.
Etape 1 : Envoi d’un CV et d’un portfolio
Etape 2 : Validation de la candidature par le jury d’admission qui s’assure de l’adéquation entre le profil et les exigences de la formation.


Détails du programme
Matériau(x) : bois
Domaine : Design d’objets et scénographie
Durée : 2 semaines
Langue : français et anglais
Prix : 3900 € TTC
Ce prix comprend le coût de la formation, l’hébergement et la pension complète, le matériel et les équipements de protection individuelle.
Dates des sessions à venir : du 21/08/2023 au 01/09/2023

C’est au cours du salon Euroluce en avril que Foscarini a dévoilé ses trois dernières nouveautés intitulées Fleur, Chapeau et Fregio.
Alors qu’elle fête ses 40 ans cette année, la maison italienne aux 219 modèles a un peu plus élargi sa collection en dévoilant lors du salon Euroluce à Milan trois nouveautés. Des modèles qui continuent d’allier le savoir-faire et la tradition, à travers l’utilisation de matériaux nobles tels que la céramique, la porcelaine ou encore le verre soufflé.
Chapeaux, lampe aux trois personnalités
Designée Rodolfo Dordoni, collaborateur de longue date de Foscarini, la famille de lampe Chapeaux se distingue par ses diffuseurs en forme de chapeaux. Celles-ci sont proposées en trois versions, avec des formes et des matières différentes. Chapeaux M d’abord, qui est le modèle le plus minimaliste de la série est la version avec le réflecteur-chapeau en métal, conçue pour les intérieurs contemporains. Mince et léger, il aborde de manière essentielle la fonction de la lumière réfléchie sur une surface : il est donc idéal pour une utilisation sur un bureau.


Ensuite, Chapeaux V, version en verre soufflé, incarne une interprétation moderne de la tradition. L’allure du diffuseur en verre soufflé enduit, visible même lorsque la lampe est éteinte, est amplifiée par la lumière chaude et accueillante qui se répand dans la pièce lorsque celle-ci est allumée. Enfin, Chapeaux P est un diffuseur en porcelaine anglaise. Ce modèle offre une lumière délicate, doucement filtrée, tout en étant reflétée sur la surface inférieure.
Fleur, lampe double fonctions
Également imaginée par Rodolfo Dordoni, Fleur est une lampe sans fil qui arbore des rapports de proportion soignés et élégants entre ses deux composants. Elle est un objet à double fonction : éclairer qui est la naturelle, puis la plus inattendue : accueillir de l’eau et une fleur fraîche, pour décorer n’importe quel espace. La lumière est projetée sur la table grâce à un petit circuit led, résultat d’une miniaturisation des composants développés par Foscarini.


Fregio, une interaction entre lumière et céramique
Fregio est un projet qui transforme un bas-relief floral fait de céramique émaillée, en de nouvelles suspensions et appliques. Il s’agit d’une représentation sculpturale de la volonté de Foscarini de proposer de nouveaux langages expressifs. Ces pièces sont produites en partenariat avec l’atelier historique Gatti de Faenza. Avec un design d’Andrea Anastasio, Fregio est le résultat d’une recherche entre la lumière et le volume.

Fregio est l’évolution de l’expérimentation lancée par le projet de recherche Battiti : une exploration de la valeur et de la signification de la décoration, à travers l’interaction entre lumière et céramique, dont Andrea Anastasio a mené des recherches pour Battiti à ce sujet. Pour ce projet, Andrea Anastasio a mené des recherches dans les archives Gatti, disséquant les œuvres et les réassemblant en lumière, renversant ainsi la logique traditionnelle pour générer des formes et des significations nouvelles.