Révélations 2023 confirme le dynamisme des métiers d’art
Identité visuelle Révélations 2023, Kuniko Maeda, Columbidae © Kuniko Maeda

Révélations 2023 confirme le dynamisme des métiers d’art

En 2023, la sixième biennale des métiers de l’art et de la création contemporaine a fêté ses dix ans d’existence en célébrant la créativité du Québec, pays à l’honneur.


Le Grand Palais Ephémère vient de refermer ses portes sur le salon Révélations. Très qualitative, cette nouvelle édition a permis au public de découvrir 350 exposants, dont 71 % de nouveaux venus. Dans la scénographie toujours aérée du designer Adrien Gardère, ces créateurs, galeries, manufactures, régions et associations, issus de 29 pays, ont été sélectionnés par le comité d’orientation artistique, composé de onze acteurs de la filière, des arts, du marché et des institutions. Fidèles à ses valeurs, Ateliers d’Art de France, organisateur de l’évènement, a renouvelé son exposition centrale « le Banquet », mis en lumière la création foisonnante d’un pays – cette année, la province du Québec -, ou encore a réalisé un focus appuyé sur les jeunes talents du secteur.

Révélations 2023, Stand Urkraine @DR

Révélations 2023, Banquet Québec © Alex Gallosi

Le Banquet, l’excellence des savoir-faire internationaux

Exposition-signature du salon, le Banquet 2023 a présenté la crème de la création provenant de dix régions du monde. La Chine, l’Egypte, l’Equateur, la France, l’Irlande, le Portugal, les Pays-Bas, mais aussi le Rwanda, la Suède, l’Ukraine et l’Europe ont dialogué autour des matières et des techniques. En dix espaces, 70 artistes et manufactures ont repoussé les formes et les frontières. Parmi les propositions, quelques pièces ont retenu notre attention. Certaines provenaient de l’exposition « les Aliénés » du Mobilier national, réalisée en 2022, présentant des meubles inusités du Mobilier, revus par des plasticiens aussi audacieux que provocateurs. Sur le Banquet, le designer Thierry Betancourt, en collaboration avec la Maison Louis Marie Vincent a posé La Rêveuse, commode en bois de rose de style Louis XV, recouverte d’une épaisse gangue blanche, réalisée en « carton pierre », une technique ancestrale du XVIIème siècle remise au goût du jour. Les formes organiques de cette dernière semblent annihiler le caractère utilitaire du meuble. A l’aide de cuivre gonflé à la flamme, Prisca Razafindrakoto a transformé la chaise d’écolier Mullca 510 du créateur légendaire Gaston Cavaillon. De même, sur le Banquet Europe, la suédoise Léonie Burkhardt a présenté Radiant Pink, sorte de vase textile créé à partir d’un fil rétractable thermoréactif, où aucune couture n’est visible, tandis que Blush, pièce de l’Irlandaise Helen O’Shea sublimait une bouteille plastique grâce aux fils de coton et épingles à coudre. Enfin, le Rwanda brillait notamment à travers Mannequin, une pièce imposante de métal et fils, du jeune plasticien Cedric Mizero.

Commode « la Rêveuse »
Réalisé par : Thierry Betancourt et la Maison Louis Marie Vincent
Le meuble est réalisé en « carton pierre » une technique ancestrale remontant au 17ème siècle remis au goût du jour qui est plus dure que le papier mâché. Et en effet rehaussé à certains endroits par du parchemin, par les soins de Louis Marie Vincent une de ses grandes spécialités.

Le Québec à la fête

Aux côtés de nouveaux pays exposants comme l’Arménie, l’Egypte, le Danemark, le Liban, mais aussi l’île française des petites Antilles Saint-Barthélemy, pour ne citer qu’eux, la nation Québec était l’invitée d’honneur du salon, faisant suite à l’Afrique en 2022. « Ce pays était déjà présent sur le Banquet 2019, explique Stéphane Galerneau, président fraîchement élu à la tête d’Ateliers d’Art de France et du salon. Bénéficiant du plus gros budget culturel jamais alloué aux métiers d’art, nos cousins francophones portent les couleurs d’une création libérée des contraintes patrimoniales, et ont cette volonté d’inclure les peuples autochtones. » Soutenus par le conseil des métiers d’art, la maison des métiers d’art de Québec, le gouvernement québécois et sa délégation parisienne, trente-quatre créateurs dont dix des Premières Nations ont proposé des pièces en verre, textile, métal, pierre, papier, bois, céramique, hybridant les cultures nordaméricaine et européenne. Parmi ces nombreux artistes de la matière, le duo canadien Hélène et son mari – la céramiste Hélène Chouinart et le sculpteur Jean-Robert Drouillard – exposait, non sans humour, J’effeuille les parfums de mon enfance, une installation composée d’une kyrielle de tasses en céramique, accompagnées d’une figure en bois. Une œuvre illustrant les pratiques traditionnelles de cet art du feu, réactualisées par des motifs imprimés par décalcomanie. Exclusivement dédié à quinze artistes québécoises et canadiennes, dans trois lieux parisiens, le programme « Hors les murs » accompagnait également cette foisonnante sélection de la Belle Province, visible sur les deux grands stands in situ.

Révélations 2023, Le Banquet Québec - Paula Murray, Inner Landscape © Paula Murray

Révélations 2023, Le Banquet Québec - Paula Murray, Inner Landscape © Paula Murray

Sur l’Agora, l’avenir du secteur

L’exposition collective des dix ans du Prix de la Jeune Création Métiers d’Art, accueillait le public, dès son entrée, sur l’Agora. « Cette année, Révélations a souhaité valoriser tous les lauréats dénichés sur le territoire français depuis une décennie », renchérit Stéphane Galerneau. Lauréate 2023 avec l’artiste du verre Tiphaine Germaneau, la céramiste Cécile Fouillade alias Siquou présentait quelques nouveaux Vases Fourrure reproduisant en céramique le pelage animal, inspiré de sa dernière résidence artistique au Groenland. Parmi d‘autres, la brodeuse Clémentine Brandidas, lauréate 2018 exposait Shanshui, marqueterie de plumes sur soie teintée, tandis que l’étonnant collier Kaa, en cuivre et argenture était l’œuvre réalisée et récompensée en 2016, par Marine Dominiczak, artiste du bijou contemporain.
Tremplin pour la jeunesse, acteur économique déterminant pour toute une filière, le salon s’est créé, au fil du temps, un ADN unique. Cette année, cette identité particulière s’est aussi exprimée à travers Columbidae, œuvre délicate de papier de la sculptrice japonaise Kuniko Maeda, associant technologie numérique et artisanat d’art nippon. « Nous souhaitions souligner la diversité de nos métiers, poursuit Stéphane Galerneau, et présenter au public des métiers plus rares. »

Le design en trois coups de coeur

Si le président d’Ateliers d’Art de France et du salon affirmait que « la biennale est cette niche d’excellence qui ne dérive pas vers l’art ou le design », cette nouvelle édition lui donnerait-elle tort ? En témoignent quelques exemples parmi beaucoup d’autres, venant appuyer l’idée de porosité des frontières, de filiation entre créateurs et designers.

Magdeleine, chaise Slacken ©Magdeleine-min

Tiffanie Baso/ Magdeleine, Slacken

Fondatrice, en 2019, originaire d’Occitanie de la marque Magdeleine, Tiffanie Baso est une jeune artisane-designer du bois, pleine de promesses. Créé en 2021, son fauteuil Slacken en frêne et orme a été réalisé grâce à la technique du cintrage. « Le cintrage tord le bois, explique-t-elle. Une accumulation de lames est nécessaire pour fabriquer notre forme finale. Lorsque nous avons sélectionné et organisé minutieusement nos lamelles, nous les plaçons dans une étuve à vapeur, élément-clef pour plier le bois. Elle permet de réchauffer et détendre la fibre du bois, afin de la façonner aisément autour d’un gabarit pour créer une forme spécifique, et obtenir des courbes optimales. »

Mangrove , dessiné par Seraphyn Luce Danet, réalisé par par le ciseleur Mapie Belgary et le fondeur Yannec Tomada.
Guéridon en bronze poli sur sa face intérieure, ciselé et laqué sur sa face extérieure.
Dimensions : 42 cm de diamètre et 60 cm de hauteur.
@Alain CORNU

Seraphyn’, Gracile et Mangrove

Dessinée par la créatrice Seraphyn Luce Danet, la chaise Gracile créée en 2023 a été exécutée par l’atelier de menuiserie Falher. Selon la technique brevetée par le Français Claude Barlier, sans assemblages apparents, elle est décomposée en une série de strates numériques découpées dans des matériaux en plaques, ensuite compilées pour reconstituer la pièce finale. Quant à son guéridon Mangrove, en bronze poli et doré, exécuté par le ciseleur Mapie Belgary et le fondeur Yannec Tomada, sa forme organique et asymétrique s’inspire d’une végétation racinaire qui se développe dans les marais des littoraux tropicaux, lieu de reproduction de la biodiversité.

Stand Mobilier national Cité de la céramique-Sèvres & Limoges @DR

Mobilier National et la Cité de la céramique – Sèvres & Limoges

Pour la première fois, la Cité de la Céramique-Sèvres & Limoges et le Mobilier national ont partagé un stand. Grâce à la scénographe Mathilde Bretillot, cinq « tableaux » offraient des points de vue sur la création mêlant de nombreuses pièces. Parmi celles-ci, quelques tapisseries de Jean Messager, Geneviève Asse ou Cécile Bart, un fauteuil de Francesco Binfare, une banquette du Studio Mr. & Mr, des guéridons d’Eric Schmitt ou encore plusieurs vases de grandes signatures.

Depuis dix ans, Révélations a su affirmer son positionnement d’excellence en faveur des métiers d’art et de la création. De plus en plus décomplexés en regard des nouvelles technologies, tout en respectant les traditions et l’environnement, ces métiers font de ce salon, un exemple unique en son genre.

Rédigé par 
Nathalie Degardin

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Créer des objets lumineux à partir d’objets d’atmosphère, d’était un peu l’idée directrice de « Néophore ». Un projet carte blanche mené par Lionel Dinis Salazar et Jonathan Omar qui forment Döppel Studio depuis 2016. « On a fait beaucoup de collaborations avec des marques et on voulait repasser sur de la pièce unique avec une galerie. On a très vite pensé à Tools pour son esprit avant-gardiste et les prises de risques qu’elle avait pu prendre sur certaines collections. Nous avons rencontré le directeur Loïc Bigot il y a un an et demi avec qui il y a eu un réel échange d’idées tout au long du projet » raconte le duo.

Un symbole : l’amphore

L’idée de partir de la symbolique de l’amphore, ce vase antique le plus souvent utilisé comme contenant, est venu assez instinctivement. Le duo avait en effet eu l’occasion de travailler sur le thème de l’amphore lors de sa participation au concours de la Villa Noailles en 2016. Pour cette exposition, l’objectif de cette collection était cette fois-ci de lui faire prendre une toute autre fonction. « On a voulu retravailler la valeur d’usage de l’amphore en lui retirant cette faculté de contenant pour apporter de l’immatériel avec la lumière. On a confronté l’artefact de ce vase avec un objet plus technique, qui est ici le néon flex. » Pour réaliser les pièces, le duo s’est accompagné de la céramiste tourneuse Aliénor Martineau de l’atelier Alma Mater, situé à la Rochelle. Une première pour le duo, qui a dû sortir de l’aspect industriel pour se tourner vers l’artisanat et accepter l’aléatoire. Toutes les pièces sont par ailleurs recouvertes d’un émail avec nucléation, dont la composition permet d'obtenir des effets complexes qui laissent une part d’imprévu et rendent ainsi chaque pièce unique.

Exposition "Néophore" par Döppel Studio à la Tools Galerie © Ophélie Maurus

3 dessins, 12 possibilités

L’exposition « Néophore » présente ainsi douze pièces, sur une base de trois dessins qui ont ensuite été déclinés en fonction du passage du néon dans le vase. « On a volontairement pensé à des formes simples et archétypales, car on savait que la complexité, on l’amènerait avec le tressage et le néon. » Une technique minutieuse, puisque chaque vase est entouré ou enroulé de 2 à 3 mètres de néon, tressés par le duo lui-même. Une exposition qui ne manquera pas de retenir l’attention, à l’heure où les journées se raccourcissent et la lumière naturelle se fait de plus en plus rare…

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Sur le stand D18 du salon, la marque française Meljac, spécialisée dans la conception d’interrupteurs haut de gamme présentera une large gamme d’interrupteurs, prises de courant, liseuses. En effet, les visiteurs pourront découvrir les diverses gammes standards mais également quelques exemples de réalisations sur-mesure, qui sont un des incontestables atout de la marque.

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Meljac c’est surtout des pièces qui mettent en avant la noblesse du laiton, proposé sous divers formats et combinaisons possibles de mécanismes. La marque présentera également à ses visiteurs tous les offres en termes d’habillages, qu’il s’agisse de thermostats, de systèmes domotiques, de commandes de climatisation, de stores, de son… Des pièces proposées avec 29 finitions, issues d’un traitement de surface effectué en interne, gage du savoir-faire minutieux de la marque, permettant de fait de pouvoir proposer des Nickels, des Chromes, des Canon de Fusil, des Bronzes ou encore de la dorure.

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Le designer Edgar Jayet propose Unheimlichkeit, une nouvelle collection plus complète que ses précédentes et pensée comme un hommage au siècle des Lumières.

Voici une collection aux origines aussi diverses qu'à l'inspiration hors du temps. Hommage aux métiers d'art du XVIIIe siècle ainsi qu'au tissage vénitien, Unheimlichkeit est une collection contemporaine construite sur l'héritage du passé. Une dualité porteuse d'un concept et « d'un supplément d'âme » évoqué dans le nom même de la collection : Unheimlichkeit. Un mot concept inventé par Freud et traduit il y a plus de trois siècles par la reine Marie Bonaparte comme une « inquiétante étrangeté ». Une évocation aussi floue que intrigante réhabilitée par le designer, Edgar Jayet, dans cet ensemble de sept modules.

©Stéphane Ruchaud

Une association de techniques et de connaissances

Derrière son nom allemand, Unheimlichkeit est le fruit d'une rencontre transalpine. Inspiré par l'Hôtel Nissim de Camondo et sa vaste collection de pièces du XVIIIe siècle, Edgar Jayet avait depuis quelque temps l'idée de conjuguer son goût pour le mobilier d'antan et la création contemporaine. Une envie « de prolonger l'histoire » concrétisée en 2022 lorsqu'il rencontre à Venise où il séjourne fréquemment, la designer textile Chiarastella Cattana. Débute alors une collaboration faite de savoir-faire croisés où le travail de l'ébénisterie historique rencontre celui du tissage. Un projet nouveau pour le designer qui mêle ainsi « la structure d'un meuble typiquement français du XVIIIe siècle réalisée avec des pièces en fuseau (modules de forme pyramidale) reliées entre elles par des dès d'assemblages (petits cubes situés aux intersections du meuble), et un travail de passementerie issu d'un tissage italien originellement utilisé pour les lits de camp et nommé branda. » Une association esthétique mais également technique. « Avec la réutilisation de cette structure constituée de modules développés au XVIIIe siècle, nous pouvons facilement ajuster nos pièces en fonction des besoins de nos clients. » Un atout renforcé par l'absence de contrainte structurelle de l'assise, uniquement maintenue par deux cordons de passementerie. Une finesse grâce à laquelle « la toile semble flotter sur le cadre comme par magie, dégageant ainsi cette notion d'inquiétante étrangeté » résume le créateur.

©Stéphane Ruchaud

Travailler le présent pour ne pas oublier le passé

« Concevoir des collections contemporaines en y incorporant les techniques du passé est presque un exercice de style auquel je m'astreins pour faire perdurer ces savoir-faire, explique Edgar Jayet. C'est la raison pour laquelle on retrouve la passementerie dans plusieurs de mes créations. » Convaincu par l'importance de rassembler les époques, le designer précise avant tout travailler l'épure de chaque projet. « Unheimlichkeit montre qu'il est possible de faire du contemporain avec les techniques anciennes. Mais cela passe par la nécessaire obligation de faire fit de l'ornementation car c'est elle qui vieillit dans un projet, pas la structure. Ce décor servait autrefois à transmettre des messages ou des idées. Au XIXe siècle son utilisation surabondante et en toute direction menant à l'éclectisme signe véritablement sa fin et conduit progressivement vers le XXe siècle et sa maxime : form follows function. » Une lignée dans laquelle le designer s'inscrit. « A l'agence, nous essayons de récupérer l'essence même du mobilier en le dégageant au maximum de l'ornementation contextuelle et souvent anachronique. De cette façon, nous pouvons restituer des pièces de notre temps, mais semblant malgré tout flotter entre les époques. » Une démarche engagée dans les dernières collections d'Edgar Jayet où se retrouvent des typologies de meubles aujourd'hui disparues. On note par exemple le paravent d'un mètre de haut présenté à la galerie Sofia Zevi à Milan en 2023, mais également le siège d'angle. « Finalement, je crois que la permanence du style passe par le travail de la main. C'est elle qui apporte le supplément d'âme, le Unheimlichkeit théorisé par Freud, mais c'est également par son biais que les techniques refont vivre les époques passées » conclut-il.

©Stéphane Ruchaud
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