Mobilier National
La galerie des Gobelins accueille jusqu'au 31 décembre l'exposition « Perspective » dédiée à Richard Peduzzi. Un événement qui rassemble une grande variété de créations ayant pour constante la théâtralité et le goût des lignes architecturales.
« Perspective ». Derrière le nom de cette exposition dédiée à Richard Peduzzi, une sorte d'évidence. Depuis plus d'un demi-siècle, le créateur pluridisciplinaire a touché à tout, de la scénographie théâtrale à la mise en scène muséale en passant par la conception design. Une diversité liée d'un fil rouge, ou devrait-on dire d'un trait rouge, par le dessin. Retracée par une multitude de projets et de médiums, la carrière du créateur s'étale sur les deux niveaux de la galerie des Gobelins. Jonglant entre onirisme et radicalité, l'exposition propose une approche plurielle et scénique du monde Peduzzi.
Mettre en scène une vie de scénographe
Scénographiée par Richard Peduzzi lui-même et sa fille Antonine - et mise en lumière par Simon Broggini -, l'exposition trouve certainement sa force et son caractère dans ce lien direct entre le sujet et les concepteurs. En résulte un ensemble qui, outre son contenu, permet de cerner un esprit pour mieux en comprendre l'univers. Car ce que propose « Perspective », ce n'est pas simplement exposer, mais établir un dialogue entre les projets d'hier et ceux d'aujourd'hui. Un défi rendu possible par la pluralité des éléments présentés dans une mise en scène délicate très chorégraphiée. Au rez-de-chaussée, sous les luminaires en laiton brossé d'inspiration religieuse, les chaises volent, les salons s'animent au rythme des praticables géométriques bleu nuit inclinés tandis que les cimaises disproportionnellement grandes tracent en reflets et en surface, les limites d'un monde onirique. « J'avais besoin que l'exposition soit en mouvement. Rien n'est jamais terminé. Il reste encore plein de choses à faire et à dire » explique Richard Peduzzi. Une volonté maintenue à l'étage dans un décor inspiré des couleurs douces de Giorgio Morandi et tapissé de photographies, de créations et de croquis furtivement accrochés sur le mur et les tables.
Le dessin, porte d'entrée dans l'univers architectural de Peduzzi
Véritable ode à la pluridisciplinarité des Arts décoratifs - dont il fut directeur de l'école de 1990 à 2002 avant de prendre les rênes de la Villa Médicis pendant six ans -, le parcours laisse percevoir la sensibilité du créateur par le biais d'une centaine de dessins. Gouache, huile, aquarelle, mais également mine de plomb se succèdent tantôt avec une forme de naïveté formelle rappelant Matisse, tantôt avec la précision d'une gravure romantique. Une complémentarité stylistique qui fait du crayon, la colonne vertébrale de son œuvre. Mais si le papier a toujours été la préface de toute matérialisation design ou scénique, il n'a pour autant jamais été dénué d'une forme d'architecture. « Parfois, dans les lignes, dans les perspectives et les formes d’un meuble, apparaissent de nouvelles architectures. Inversement, dans certaines architectures, je trouve le dessin d’une table, d’un secrétaire ou d’une vitrine » décrit Richard Peduzzi qui parle alors de « construire sa peinture. » Une qualification, traductrice d'une certaine vision de la conception, et qui se concrétise en 1967 lors de sa rencontre avec le metteur en scène Patrice Chéreau. Une collaboration dont naîtront plusieurs décors souvent métaphoriques. Visibles dans une salle confidentielle de l'exposition, les maquettes évoquent dans l'intimité d'un abat-jour central, les inspirations urbaines relatives à l'enfermement ou l'industrie parfois construites sous les traits d'une cité perdue. Des thématiques issues de l'enfance du créateur passée loin de ses parents, au Havre, ville portuaire d'après-guerre, et misent en exergue dès 1972 dans Massacre à Paris.
Le design au cœur
Reconnu très tôt pour son apport au théâtre, il faut attendre 1988 pour que Richard Peduzzi mette un premier pied dans le monde du design. Et c'est par les planches qu'il le fait en dessinant Chaise longue pour Le conte d'hiver de Shakespeare. Une relation transversale entre ces deux arts, éminemment présente dans l'exposition où se répondent esquisses scénographiques et éléments de mobilier. Parmi eux, le célèbre rocking-chair et la table Pyramide réalisés en 1992 par l'Atelier de Recherche et de la Création (ARC) du Mobilier national. Une institution pour laquelle le créateur réalise une trentaine d'œuvres entre 1989 et 2013. Une activité prolifique mais également diversifiée comme en témoignent les lampes en métal, les tapisseries ou encore les tableaux en marqueterie de paille présentés ici. Une richesse technique et esthétique où les lignes courbes esquivent astucieusement les lignes tendues de leurs voisines alors même que les pleins et les vides se confrontent. Sorte de conte moderne, cette exposition – et « ne parlez pas de rétrospective », car du haut de ses 81 ans, l'artiste « est encore trop jeune pour entendre ça ! » - propose une déambulation entre les variations créatives de celui qui considère le décor comme un acteur à part entière.
Dans une démarche de soutien à la création française et à l'innovation dans le domaine du design, le Mobilier National a annoncé l'entrée de 54 pièces contemporaines réalisées par 40 designers dans ses collections pour l'année 2024.
Depuis 2020, le Mobilier National s'est engagé dans une campagne proactive d'acquisition pour soutenir l'écosystème des métiers d'art et du design en France. Par cet appel inédit, l'institution cherche à acquérir des œuvres exceptionnelles, contribuant ainsi à la valorisation du travail des designers et des galeries, tant au niveau national qu'international. Les pièces sélectionnées, comprenant des assises, des luminaires, des bureaux et bien plus, reflètent les enjeux contemporains du design, à travers l'utilisation de matériaux innovants et de techniques avant-gardistes.
Les créations intégrées au Mobilier National ne se contentent pas d'enrichir une collection prestigieuse, elles sont également destinées à orner les édifices publics en France et à l'étranger. Ce rayonnement offre ainsi aux designers et aux galeries une opportunité inégalée de mettre en avant leur expertise et leur créativité. Des lieux emblématiques tels que le palais de l'Élysée accueillent déjà certaines de ces œuvres, témoignant de leur importance et de leur valeur symbolique.
Ouverture de la campagne d'acquisition 2025
La campagne d'acquisition 2024 s'inscrit dans la continuité de l'engagement du Mobilier National pour l'excellence et l'originalité dans le design. Ainsi, dans la foulée de la présentation des œuvres de la collection 2024 est lancée la campagne l’appel à candidature pour la campagne 2025, ouvert jusqu’au 11 mai. Celui-ci s’adresse à tous les artistes-designers, qu'ils opèrent en auto-édition ou via une galerie et/ou un éditeur. Le processus de sélection, mené par une commission exceptionnelle, met l'accent sur l'originalité du processus créatif, du design et des savoir-faire.
Les œuvres sont ensuite sélectionnées par un jury composé de professionnels reconnus du secteur du design avant d’être acquises par le Mobilier National. Elles enrichiront ainsi les espaces officiels de la République Française, soulignant l'engagement de l'institution à promouvoir l'innovation et l'excellence dans le domaine du design.
Pour plus d’informations sur les conditions de participations, rendez-vous sur le site du Mobilier National : https://www.mobiliernational.culture.gouv.fr/fr/expositions-et-evenements/campagne-dacquisition-2025
Après l’entrée de 54 nouvelles pièces de mobilier le 1er février dernier, le Mobilier national continue de soutenir la jeune création et ouvre sa nouvelle campagne d’acquisition 2023. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 15 mai.
En 2020, le Mobilier national s’est mobilisé afin de soutenir l’écosystème des métiers d’art et du design, les démarches créatives innovantes et les talents émergents. Ainsi, et afin d’enrichir ses collections et mettre en lumière la création dans les plus hautes instances de la République, l’Institution a souhaité acquérir de nouvelles pièces contemporaines, par l’intermédiaire d’une campagne d’acquisition.
Cet appel à propositions s’adresse aux artistes et designers en auto-édition ou par l’intermédiaire de leur galerie et/ou éditeur. Le processus de sélection vise à soumettre à une commission exceptionnelle des pièces à caractère artistique déjà réalisées, dont l’originalité du processus créatif, de leur design et des savoir-faire mobilisées constituent des marqueurs.
Tout comme pour les trois campagnes précédentes, les pièces proposées seront soumises à l’appréciation d’un jury composé de professionnels du secteur du design. Ces dernières doivent être des oeuvres originales et se limiter à 8 exemplaires, déjà réalisés. Les pièces en question doivent émaner de la main du designer ou avoir été réalisées selon ses instructions et sous son contrôle.
Aussi, le designer ou son représentant doivent être en accord avec le fait qu’en soumettant une proposition d’œuvre contemporaine pour acquisition, il accepte ainsi de concéder gracieusement au Mobilier national, à titre non exclusif, le droit de représenter au public par voies d’exposition dans ses emprises ainsi qu’au sein des bâtiments publics dont le Mobilier national assure l’aménagement.
Véritable mise en lumière des grands décorateurs et artisans d’art français qui ont officié entre 1930 et 1969, l’exposition « Le Chic, Arts décoratifs de 1930 à 1969 » rassemble 200 œuvres issues des collections du Mobilier national. Sélectionnées par les commissaires du Mobilier national, Emmanuelle Federspiel, Gérard Remy et Jérémie Tortil, les différentes pièces ont été scénographiées par le décorateur Vincent Darré sur les deux niveaux de la galerie.
Ici, les savoir-faire des gainiers, liciers, passementiers, ébénistes, tapissiers et des menuisiers en siège sont à l’honneur, tant au moment de la création des meubles et luminaires qu’à celui de leur restauration. Au cours du premier confinement, le Mobilier national a alors encouragé l’activité des professionnels de ces métiers, pour certains tombés dans l’oubli, en lançant un programme de restauration de 129 œuvres de ses collections. Une cinquantaine d’artisans ont ainsi contribué à la réhabilitation de ces pièces entre 2021 et 2022.
Vincent Darré, invité par le Mobilier national, a reconstitué pour l’occasion les grands ensembles décoratifs qui nous font faire un bond en arrière le temps de l’exposition. Grâce à ses fresques démesurées, Vincent Darré nous plonge dans des scènes de vie qui font écho aux décors théâtraux de Jean Cocteau. De Marc du Plantier à Raphaël Raffel dit Raphaël, en passant par Jeannet Laverrière, André Arbus, Dominique et Paul Cressent ou encore Colette Guéden, on redécouvre avec excitation les grands noms qui continuent d’inspirer le design d’aujourd’hui.
Jeudi 21 juin, le Mobilier National lançait une collaboration inédite avec la Villa Albertine, spécialisée dans les résidences sur mesure pour des créateurs, chercheurs et professionnels de la culture. Récente – elle voit le jour 6 mois auparavant – la Villa lance ici un appel à candidature jusqu’au 31 août 2022 pour l’aménagement et la décoration de l’Atelier, son siège installé dans un hôtel particulier à New York.
C’est au cœur du 13e arrondissement de Paris, au Mobilier National, qu’avait lieu la signature du partenariat, en présence de Gaëtan Bruel, Directeur de la Villa Albertine, Hervé Lemoine, Président du Mobilier national et Jehanne Lazaj, cheffe du bureau et conservatrice en chef du patrimoine auprès du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Une volonté de retourner aux années fertiles de 1950 et ainsi de relancer « un mouvement de réinvention d’une politique de rayonnement des métiers d’art » comme l’explique Hervé Lemoine. Ce projet permettrait alors une mise en valeur du savoir faire français. Explications.
La Villa Albertine au coeur du rayonnement de la création française
La Villa, c’est l’aboutissement de la politique de soutien du quai d’Orsay, comme le décrit Gaëtan Bruel grâce à une « vision commune de soutien à la scène française ». Elle reçoit 80 résidents, répartis en 70 résidences. Riche en histoire – elle est édifiée entre 1902 et 1906 pour le mariage de William Payne Whitney et Helen Pay sur le modèle d’un palais vénitien – elle appartient à la France depuis 1952. Son Michel-Ange en marbre (le seul présent aux Etats-Unis), son plafond aux 500 motifs et sa vue à 360° en font sa renommée. Le projet est donc de décorer les lieux avec comme ambition de « faire rayonner le meilleur de la France à New York », renouant avec le design et le mobilier.
Financé grâce au mécénat de la fondation Florence Gould, le projet se veut ouvert à tous, y compris aux petites structures, par le biais d’un budget suffisant pour tous. L’Atelier aura comme objectif d’être utilisable pour des réunions et des réceptions.
Critères d’éligibilité et modalités de candidature
Afin de participer au projet, le candidat doit justifier de 4 à 5 ans d’expérience avec des références solides tout en étant français ou basé en France. Il doit également être designer, décorateur, ensemblier ou encore architecte et intégrer dans son projet une dimension patrimoniale – compte tenu des éléments historiques – ainsi qu’un esprit moderne.
La procédure de sélection se déroulera en 2 phases selon le calendrier suivant :
- 31 août 2022 : clôture des candidatures
- 5 septembre 2022 : présélection des 4 candidats finalistes
- Entre le 20 et le 30 septembre 2022 : visite de l’Atelier à New York par les candidats
- 2 novembre 2022 : date limite de dépôt des dossiers de la seconde phase
- 7 novembre 2022 : annonce du lauréat
La réalisation du projet se déroulera courant 2023 avec une date de livraison prévue au début du mois d’avril.
Label Famille est un label de création fondé en 2017 par Camille Zonca et Cyril Quenet. Leurs spécificités ? Associer à la fois l’art, le design, le conseil et la stratégie au sein de ses contenus pour retranscrire l’identité d’un client. Le film 1601 MN 2021 dévoile un exemple de collaboration intéressante avec le Mobilier national.
Penser la communication à travers la création artistique, en faisant travailler différents corps de métiers ensemble, c’est l’objectif que s’est donné Label Famille au moment du lancement du label. « On a eu envie de créer un modèle de studio qui puisse fonctionner de manière pluridisciplinaire en retirant les frontières entre les différents métiers de la création » témoigne Camille Zonca. Aujourd’hui, Label Famille rassemble plus de 40 indépendants et 15 métiers différents qui collaborent ensemble pour réaliser des œuvres collectives.
Le film 1601 MN, dont le titre est symboliquement choisi en écho à l’année de création du Mobilier national, est le fruit d’un long travail collectif et réfléchi. Un partenariat qui s’inscrit dans la continuité de la transformation d’image de cette institution ancrée dans le paysage de la création artistique française.
1601 MN de Label Famille : une vidéo qui associe création et circularité
Le film 1601 MN, dont le titre est symboliquement choisi en écho à l’année de création du Mobilier national, est le fruit d’un long travail collectif et réfléchi. Le recours à Label Famille s’inscrit dans la continuité de la transformation d’image de cette institution ancrée dans le paysage de la création artistique française. Conçu en étroite collaboration avec l’équipe de communication, le film 1601 raconte en 2 minutes 24 l’institution qu’est le Mobilier national. Un temps court, qui traduit pourtant une minutie dans le choix des plans, des couleurs, de la lumière, du montage… Le cercle, formé par l’ascension des escaliers de l’institution, se démarque en tant qu’angle et fil rouge de la vidéo. Présent tout au long de la vidéo sous différentes formes et divers aspects, il symbolise le mouvement circulaire du temps qui passe, des collections exposées qui se renouvellent et des œuvres qui sont régulièrement restaurées. Un propos qui traduit la volonté du Mobilier national de se réinventer et de s’ancrer dans la modernité, à l’ère du numérique. Plus qu’une classique vidéo de promotion, le film, pensé comme un court-métrage de cinéma – donc en lui-même un objet artistique – fait ressortir l’unicité de l’institution. Et c’est précisément ce que propose le concept fondateur de Label Famille : communiquer autrement, transmettre par le prisme de l’art.
Le film est réalisé par Alexandre Silberstein, désigné par Rebecca Renault et Toco Vervisch (design sonore). À la Direction artistique : Cyril Quenet et Camille Zonca. Post Production : Everest.
Une offre focalisée sur l’identité
En parallèle de ce projet, depuis sa création, Label Famille a su démontrer son savoir-faire créatif à travers nombres de collaborations notables. Parmi son palmarès, on citera deux vidéos réalisées pour Boucheron mais également des réalisations pour de grandes entreprises nationales telles que SNCF réseau, Bouygues Immobilier ou Hermès. Un travail fastidieux et réfléchi, à distinguer de la publicité : « Nos projets ne sont pas des pubs, ce sont des films d’art. Ce qu’on souhaite, c’est créer un imaginaire visuel de l’institution qu’on présente ».
Fortement axés sur l’identité, Label Famille a également développé une offre de création d’un objet identitaire. Inspiré du principe d’un logo qui permet de faire valoir les valeurs et l’image d’une entreprise, cet objet part du même principe, mais en devenant un objet physique. L’agence s’appliquant ce principe, La bouteille LF de 350 ml est par ailleurs le fruit de ce concept et symbolise Label Famille. De même, ils ont ainsi réalisé la pince re-dessinée et produite en 50 exemplaires à l’occasion des 250 ans de l’Ecole des arts décoratifs de Paris, école où le duo a d’ailleurs été formé.
Ces principes de création et des valeurs fortes sont expliqués et défendus dans leur livre-manifeste intitulé « Artistes Corporate » (éditions Débats Publics), dans lequel Camille Zonca et Cyril Quenet tentent de faire valoir l’importance de l’art en tant que levier de création, en se basant sur les projets menés avec Label Famille. Un positionnement très novateur, qui vient bousculer de façon très réjouissante les mécanismes bien huilés des stratégies marketing.
Créé il y a un an, le studio Figures est né de la collaboration entre Claire Cousseau et Gabriel Loirat. Enrichis par leur expériences passées autour du monde et dans divers domaines – le retail, l’hôtellerie, l’horlogerie et la joaillerie pour Gabriel et dans le monde de la mode et l’accessoire haut de gamme pour Claire – ils se sont finalement retrouvés à Paris pour collaborer au sein d’un même studio. La première collection dévoile des pièces singulières qui ont su attirer l’attention, et notamment celle du Mobilier national qui a sélectionné le guéridon CALC pour sa campagne d’acquisitions 2021.
Il a une formation en architecture d’intérieur, elle en design produit. Au retour de leur expériences personnelles, ils se sont retrouvés avec la volonté de créer un studio dont les collections éditées auraient leur propre langage et reflèteraient leur univers. Très complémentaires, Claire Cousseau et Gabriel Loirat travaillent étroitement ensemble sur tous les projets « Si l’un de nous commence quelque chose, l’autre va rapidement apporter sa touche. C’est un aspect très important pour nous et c’est ce qui forme l’ADN de figures ».
Des inspirations géométriques et architecturales
Si le nom du studio figures a été choisi pour faire écho au rapport avec la géométrie et les formats que l’on retrouve dans leur créations, la première collection de mobilier s’inspire en grande partie de l’architecture brutaliste et moderniste. « Ce que l’on essaye de faire en particulier, c’est de trouver des systèmes de fabrication qui soient des détails d’architecture, et réussir à mêler le design avec l’architecture » souligne Gabriel Loirat.
Pour cette collection, les deux designers ont insisté pour avoir des matériaux et une fabrication française. Aussi, ils accordent une importance particulière aux savoirs-faire artisanaux et font pour cela appel à des professionnels pour la production. Ainsi, les trois pièces de mobilier de la collection – le guéridon CALC, le tabouret ILE et la chaise DROI –sont en chêne massif et faits main par un ébéniste. La 4e pièce de la collection, le vase porcelaine OBLIC, a quant à lui été réalisé par une céramiste. En plus de ces quatre réalisations, ils présentent également des impressions d’art, inspirées du plein et du vide, une thématique venue d’Asie. Très abstraites, ces pièces ne laissent pourtant rien au hasard et se basent sur les oeuvres de design du studio.
Toutes les pièces de la collection sont réalisées sur demande et en séries très limitées (entre 8 et 30 pièces). Ce choix a été motivé par leur volonté de rationaliser la production en évitant au maximum les pertes de matériaux utilisés. Par la même occasion, cela permet d’avoir la main et un regard avisé sur tous les produits réalisés.
Des projets en architecture d’intérieur et nouveaux matériaux
À l’horizon 2022, le studio figures ambitionne de s’approprier de nouveaux matériaux tels que l’acier ou l’aluminium pour ses prochaines créations. Aussi, ils ont pour volonté de développer une branche d’architecture d’intérieur afin d’avoir une vision plus globale dans leur travail.
La Bibliothèque nationale de France et le Mobilier national viennent d’annoncer un partenariat autour de la conception d’une nouvelle chaise de lecture. L’assise sera dessinée par le designer Patrick Jouin et prototypée au sein de l’Atelier de recherche et de création du Mobilier national. Elle sera installée autour des tables historiques « Recoura ». Un appel d’offres est lancé pour trouver un éditeur.
C’est un partenariat inédit : le Mobilier national collabore avec la BNF pour la conception d’une assise, accompagné par Patrick Jouin pour le design du produit. Défi de taille, puisque cette chaise de lecture a vocation à devenir emblématique de la salle Ovale du Quadrilatère Richelieu, « berceau historique de la BNF ».
En effet, le Quadrilatère Richelieu fait l’objet d’un projet de rénovation global depuis juin 2011. Ce dernier, piloté par l’agence Gaudin Architectes, vise notamment à « créer un campus d’histoire de l’art ouvert sur la ville avec la BnF, l’INHA et l’École nationale des Chartes ».
Pour la réalisation de cette assise, Patrick Jouin travaille de concert avec l’Atelier de recherche et de création du Mobilier national, qui a été fondé par l’ancien ministre André Malraux en 1964, afin de « promouvoir la création et le design contemporain en France ». L’ARC a pour vocation de soutenir la création contemporaine de mobilier, dans le cadre de commandes publiques. Cet atelier composé de douze techniciens conçoit en collaboration avec de grandes figures du design des assises, meubles et luminaires destinés à l’aménagement des institutions publiques, ministères ou ambassades. Il a réalisé plus de six cent pièces, faisant appel à des techniques traditionnelles ou à de nouveaux procédés de fabrication, intégrant l’usage de machines à commandes numériques.
Et les premiers prototypes qu’a pu voir il y a quelques temps la rédaction d’Intramuros montre encore une fois un travail incroyable d’ébénisterie, notamment pour assurer une finesse des jonctions, tout en répondant aux contraintes d’une assise destinée à un usage intensif.
À noter, dans le cadre du partenariat BNF et Mobilier national, un appel d’offres est lancé pour trouver un éditeur « qui sera chargé d’une part, de fabriquer les exemplaires de la chaise pour la salle et d’autre part, de commercialiser la chaise à destination du public ».
Le Ministère de la Culture vient d’annoncer le renouvellement du mandat d’Hervé Lemoine à la direction du Mobilier national et des manufactures des Gobelins, de Beauvais, de la Savonnerie et des ateliers nationaux de dentelle. Rencontre avec un directeur engagé, qui nous fait part des objectifs des prochaines années.
2018-2021 : Un premier mandat tourné vers la valorisation des savoir-faire et de la création contemporaine
En prenant la direction du Mobilier national en 2018, Hervé Lemoine constate que l’institution est surtout connue pour ses collections importantes et sa mission d’ameublement des lieux officiels de la République, mais insuffisamment pour son patrimoine immatériel « pourtant considérable dans les savoir-faire des métiers d’art, avec des compétences rares. » Et cet aspect lui semble aussi important que le patrimoine matériel proprement dit. Au long de ces trois premières années, il cherche donc à les valoriser. Par ailleurs, il lui semble aussi important de montrer combien cette institution est tournée vers la création contemporaine, et ce depuis sa création : « Nous avons toujours créé avec les artistes contemporains de chaque époque, et aujourd’hui, nous travaillons aussi bien avec Françoise Pétrovitch qu’avec India Mahdavi. Cette dimension de la création dans le domaine du textile ou du design n’est pas forcément connue ou reconnue du grand public, c’est pourtant ce qui donne une grande modernité à l’institution, et sa grande singularité. »
Ce sera ainsi l’un des grands axes de communication, qui verra la participation de l’institution à de grands événements comme la FIAC, la Paris Design Week et la création de prix récompensant la jeune création. Car l’écosystème dans lequel intervient le Mobilier national se veut avant tout transgénérationnel, que ce soit pour la formation ou le soutien à la création.
Durant ce premier mandat, Hervé Lemoine s’est également attaché à rendre visible l’implication de l’institution sur tout le territoire français : «Quand on parle de Mobilier national, on se figure avant tout une institution parisienne alors que nous avons des manufactures partout en France : à Beauvais, Aubusson, Alençon… Nous travaillons avec tout un écosystème de partenaires, de maîtres d’art, de meilleurs ouvriers de France, d’entreprises du patrimoine vivant, que nous sollicitons partout sur le territoire en complément des compétences que nous avons en interne. À l’image des jeunes designers qui n’ont pas forcément les moyens d’être installés au cœur de Paris ou en région parisienne, les maîtres d’art sont partout en France. Et une institution comme la nôtre peut être un soutien et un levier pour tout un écosystème dans tous les territoires. »
Un soutien à l’écosystème de la création
Pour Hervé Lemoine, l’importance est de penser une action en écosystème : « L’existence d’une institution telle que le Mobilier national, au XXIe siècle ne va pas de soi. Il n’est pas évident de considérer que l’Etat a encore des manufactures et des ateliers dans son giron, sauf s’ils contribuent à des recherches, à des créations, dans leurs domaines de compétences. » La mission de soutien à la création est fortement liée à la mission historique d’aménagement des lieux officiels de la République : « La finalité réelle est de montrer dans ces lieux de prestige l’excellence des savoir-faire et des métiers d’art, de l’art de vivre, des arts décoratifs et du design français. Et pour qu’on puisse l’accomplir, encore faut-il qu’il y ait des créateurs, des maîtres d’art… C’est donc aussi notre mission de les soutenir. »
La preuve par les faits : dès avril 2020, en pleine pandémie, le Mobilier national active un plan de soutien économique sur tout le territoire ( cf « Le Mobilier national est le mobilier de la Nation » 14/5/2020). Ce plan va-t-il être renouvelé, voire renforcé pour ce second mandat ? Hervé Lemoine est confiant : « Après ce que nous avons mis en place de façon expérimentale et dans l’urgence, à la fois pour les métiers d’art et la jeune création, nous allons rééditer ces plans par une mobilisation de crédits supérieure, avec un nouveau plan de restauration des collections et de commandes publiques. » Ainsi, l’institution devrait mobiliser environ un million d’euros en 2021 (soit le double de 2020), pour donner du travail à ces métiers et entreprises menacées par la disparition de la clientèle. « Notre rôle majeur est d’être un soutien à cet écosystème des métiers d’art, d’être un tremplin à cette jeune génération de créateurs, de faire émerger les Andrée Putman et les Pierre Paulin de demain. »
Le directeur de l’institution est très attaché à cette fonction sociale, notamment pour la jeune création design qui n’a pas actuellement les vitrines et les relais que sont les salons, foires et lieux de rendez-vous professionnels pour se faire connaître. « Nous allons donc rééditer un plan d’acquisition pour nos collections nationales de pièces de ces jeunes créateurs qui n’ont pas de visibilité publique pour faire face à la situation actuelle. Nous essayons aussi de travailler à la valorisation de ces pièces en utilisant l’ameublement de lieux officiels pour montrer la vivacité de cette jeune création. Nous réfléchissons à les déposer dans des ambassades à l’étranger, comme des pièces iconiques de la jeune création française. Il faut continuer de les aider pour passer cette période particulière qui freine leur insertion professionnelle.»
Un deuxième mandat ouvert à la recherche
Au cours de ce deuxième mandat, l’Atelier de recherche et de création du mobilier national devrait être renforcé pour accompagner davantage de projets, dans une volonté de développer le bureau d’études, notamment pour aider les jeunes créateurs dans les phases de prototypage.
Mais l’ambition est plus grande pour la mission du bureau d’études. « Je souhaite aussi nous réinvestir dans le champ social. À la création de l’ARC, cet atelier a très rapidement travaillé sur des grands projets, tels le mobilier pour équiper les Maisons des jeunes et de la culture, des programmes de recherche sur le mobilier de prison ou l’aménagement d’hôpitaux. Nous menions des chantiers de réflexion dans une conception « du design pour tous » : nous avons contribué à répondre à des besoins fonctionnels avec une réflexion esthétique ou formelle touchant un public très large. Cette fonction-là a été un peu mise de côté. Nous nous sommes concentrés sur la création de pièces uniques et de séries limitées qui, bien sûr, marquent l’histoire de la création et de la réflexion dans le design. Mais la crise actuelle incite à repenser certains services publics. Il est intéressant de profiter des plans de relance gouvernementaux pour participer à la réorganisation de certains services, certains espaces, pour les penser différemment. Nous pouvons apporter notre contribution à la recherche de solutions. »
Ce peut être une participation à des groupes de recherche pluridisciplinaires sur des questions telles que l’organisation de services de proximité dans un contexte de distanciation sociale, ou les réflexions sur l’organisation des EHPAD : « Après le Ségur de la Santé, des milliards d’euros sont sur la table pour repenser leur fonctionnement. Il nous semble que les designers doivent être mis à contribution pour répondre à ces questions. »
Un changement de statut à l’étude
Parmi les chantiers à venir, les équipes planchent sur un changement de statut. Le Mobilier national est actuellement un service à compétence nationale, à l’image du fonctionnement d’une DRAC. « Nous faisons beaucoup d’opérationnel, et ce statut crée de grandes difficultés pour mener à bien tous ces projets. Un changement viserait surtout à trouver un outil juridique adapté à nos objectifs. » Est cité en exemple un passage en établissement public administratif, à l’image des grands musées de France ou des écoles d’architecture. Cela donnerait à l’institution une autonomie juridique qui faciliterait la mise en place d’accords avec de nombreux partenaires, notamment privés.
Le Mobilier national assume sa mission de promotion de la création – sans oublier les jeunes – avec une présence forte à la Paris Design Week. Au programme, deux expos, “Métal et design” à la Tour Eiffel, et ” Le Mobilier du XXIe siècle” à la Galerie des Gobelins, ainsi qu’une présentation de la première coédition de l’institution au Concept Store d’Intramuros.
“MOBILIER DU XXIE SIÈCLE”
À la Galerie des Gobelins, à côté d’une sélection de pièces du XXIe siècle, le Mobilier national présente la jeune création qui a eu la charge de réinventer la table du Conseil des Ministres. Le public va ainsi découvrir les 22 propositions et les 5 lauréats de ce concours, le tout dans un écrin entièrement dédié aux designers qui ont créé les formes d’hier en collaboration avec l’Atelier de Recherche et les jeunes talents qui auront la charge de concevoir le mobilier de demain.
Ce concours était exclusivement réservé aux étudiants du Campus des métiers d’art et du design : porté par l’ENSAAMA, sous l’égide de l’Académie de Paris et de la Région Ile-de-France, le campus regroupe 29 établissements, dont 16 lycées professionnels et techniques, 5 écoles supérieures d’arts appliqués, des établissements privés, des institutions du Ministère de la Culture et des établissements d’enseignement supérieur, un CFA et un GRETA.
Ce concours a porté sur la réalisation des éléments suivants :
Mobilier :
– Une table de réunion, d’une capacité minimale de 22 places et de 40 places dans sa version maximale.
– Des petits bureaux plats assortis pouvant éventuellement former des consoles de la pièce lorsque le Conseil est achevé.
– Un modèle de chaise assorti à l’ensemble
– Un modèle de fauteuil pour le Président de la République et le Premier Ministre
– Un modèle de meuble casier destiné à déposer les téléphones portables des ministres dont l’usage est proscrit pendant la durée du Conseil
Luminaires :
– Un modèle de lampadaire
– Un modèle de lampe de bureau
– Un modèle de lustre contemporain
« Mobilier du XXIe siècle » , du 3 au 12 septembre, Galerie des Gobelins, 42 avenue des Gobelins, 75013 Paris – Entrée libre
“MÉTAL ET DESIGN”
Au premier étage de la tour Eiffel, le Mobilier national présente une vingtaine de pièces de mobilier exceptionnelles en métal, conçues dans son Atelier de Recherche et de Création depuis 1964, date de sa création. Réalisées en collaboration avec de grands noms du design, ces œuvres en métal jouent de toutes les possibilités du matériau, faisant ainsi résonnance à l’écrin de la Dame de fer qui les accueille.
Le travail d’une vingtaine de designers iconiques des 50 dernières années sera ainsi présenté, mettant à l’honneur le savoir-faire d’exception du Mobilier national et la vitalité de la création artistique contemporaine, de Roger Fatus à François-Xavier Lalanne, en passant par Isabelle Serre, Éric Gizard ou Salomé de Fontainieu.
“Métal et design ”, du 3 au 8 septembre, au premier étage de la Tour Eiffel – Entrée libre
CONCEPT STORE INTRAMUROS
Durant la Paris Design Week, au concept store Intramuros, retrouvez la coédition Ligne Roset et Mobilier national – une première pour l’institution ! – autour de la collection Hémicycle imaginée par le designer Philippe Nigro. Ligne Roset a prototypé les éléments industriels, l’atelier de métal du Mobilier national, lui, a travaillé sur les formes plus difficiles, comme le confident et le côte-à-côte. Puis un compromis technique a permis de pousser le projet jusqu’au terme de ce que voulait le designer, avec une collection complète et des formes spécifiques. « Ligne Roset n’aurait pas pu prendre le risque d’investir autant en matière de prototypage », explique Hervé Lemoine.
Une sorte de révolution pour l’institution ? Car depuis sa mise en place en 1964 à l’initiative d’André Malraux, l’ARC est jusqu’à présent pensé comme un outil mis à la disposition des designers pour les aider à créer, à l’instar d’un mécénat sous forme de résidences créatives. Selon Hervé Lemoine : « Cinquante ans plus tard, ce n’est plus possible de ne pas s’intéresser à l’édition – en réalité, à la diffusion – de ce qui est créé. »
Concept Store Intramuros, du 3 au 8 septembre, 5 rue Saint-Merri, 75004. Entrée libre
Fin avril, le Mobilier national annonçait un plan de relance pour les métiers d’art et le design d’un montant d’un demi-million d’euros, entre commission d’acquisition exceptionnelle, campagne de restauration et ventes aux enchères.
Rencontre avec Hervé Lemoine, directeur du Mobilier national pour préciser les grandes lignes de ces actions, et montrer comment l’institution entend bien être une actrice dynamique des réorganisations nécessaires dans un monde marqué par la pandémie.
Vous avez annoncé un fort soutien aux métiers d’art et du design,en débloquant des enveloppes pour des campagnes d’acquisition et de restauration sur le plan national. Une volonté de positionner le service public, en ces temps de crise, comme un acteur de la relance de la demande ?
Hervé Lemoine : Ces filières des métiers d’art et du design sont particulièrement fragilisées par la crise, il est essentiel que le service public se mobilise, en particulier pour aider des petites structures, des créateurs moins protégés – et en particulier les jeunes – pour les aider à traverses cette période difficile.
La campagne de restauration va porter sur des collections des années 30-50, comment s’est fait ce choix ?
H. L. : C’est une collection très complète, qui n’a d’ailleurs jamais été exposée, et qui demande pour la restauration des savoir-faire très pointus sur certains matériaux (parchemin, galuchat…) que nous n’avons justement pas dans nos ateliers ; cela permet de solliciter des maîtres d’art sur l’ensemble du territoire avec des expertises particulières, et par ces commandes, de les accompagner économiquement. L’objectif, à terme, est de montrer cette collection au public.
Justement, vous avez multiplié depuis deux ans des actions envers le public, entre la première participation aux Journées du Patrimoine, à la FIAC, la Design Parade, aux Journées Européennes des Métiers d’Art… Il y a cette volonté d’être plus visible, de multiplier les actions de diffusion ?
H.L. Le Mobilier national est avant tout le mobilier de la nation. Cet accès au public par la diffusion est essentiel pour qu’il comprenne ce que nous faisons, comment nous intervenons. En général, quand on pense au Mobilier national, spontanément on l’associe à la notion de patrimoine, de par les activités de restauration et de conservation de collection de mobilier depuis le XVIIe siècle. Mais l’aide à la création a toujours été présente, et la création contemporaine aussi, notamment depuis 1964 avec la création de l’Atelier de Recherche et Création. Une centaine de designers ont collaboré avec l’ARC, pour la conception de plus de 630 prototypes. Cette mission était bien sûr dans une approche créative expérimentale, autour de la technique, des matériaux, pour la production de pièces de très haute qualité, qui vont être diffusées ensuite dans des galeries, des musées d’art…
Et vous avancez aujourd’hui vers des activités de coédition, comme récemment la conception de la collection Hémicycle, désignée par Philippe Nigro en collaboration avec Ligne Roset.
H.L. : Oui c’est toujours dans l’idée d’être complémentaire, d’apporter un savoir-faire, des possibilités de prototypage qui n’auraient pu être testée en usine. Il ne s’agit pas d’une source de royalties – NDLR ; les royalties résultant de cette collection sont intégralement réaffectés à une aide à la jeune création – , il s’agit avant tout de promouvoir aussi des collections« labellisées » Mobilier national pour aménager par exemple des espaces publics, comme une vitrine de l’excellence française.
Dans vos annonces est mentionnée une vente aux enchères à l’automne, au profit des hôpitaux ?
Une précision importante sur ce point : nous n’allons pas mettre des trésors en vente ! Nous organisons régulièrement des ventes aux enchères avec du mobilier déclassé, qui par exemple, meublait des appartements de fonction au XIXe siècle, et qui font le bonheur de brocanteurs et d’antiquaires, et qui quittent ainsi nos entrepôts pour trouver des secondes vies chez des particuliers.
En revanche, ce qui est inédit, c’est l’affectation que nous souhaitons faire du produit de cette vente. Pour la première fois, nous proposons d’inscrire ce projet dans notre plan de soutien aux designers français, au service des hôpitaux.
En partenariat avec la Fondation de l’AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris), nous allons identifier les besoins très concrets qui ont émergé, en écoutant les soignants, les usagers de ses services. Grâce au talent de nos designers l’expression de ces besoins sera convertie en projet, pour, par exemple, repenser certains espaces ou certains usages.
La somme récoltée lors de cette vente, va donc servir à financer ce projet : mobiliser les designers au moyen d’un appel à idées pour mettre à l’étude et concevoir un projet. En un mot, il s’agit de mettre le design et l’excellence de nos métiers au service des hôpitaux.
Tout cela, nous le ferons en partenariat avec la Fondation de l’AP-HP qui agit en lien direct avec les équipes de l’AP-HP pour soutenir l’organisation des soins, le personnel hospitalier et la recherche au sein des39 hôpitaux qui composent l’AP–HP.
Au Mobilier National, nous avons la conviction que le design va jouer un rôle clef pour anticiper nos modes de vie dans « le monde d’après », en repensant nos usages et notamment les structures de soin et de santé. C’est d’ailleurs une tradition pour le Mobilier National d’être un acteur engagé au service du public, en phase avec son époque. Notre Atelier de Recherche et de Création s’est toujours investi sur ces enjeux avec des designers de renom qui ont conçu des projets très intéressants comme des lits d’hôpitaux, avec Alain Richard dans les années 1970, des berceaux pour des services pédiatriques, ou bien encore des blocs sanitaires, avec par exemple le projet de Bernard Moïse.
Nous ne sommes plus les « ateliers royaux », nous sommes aussi acteurs de la création contemporaine, avec la dimension sociale qui y est attachée à notre mission de service public, et une attention forte portée à la jeune création.
Finalement, cette période de crise joue un rôle « d’accélérateur » de la politique que vous menez depuis deux ans autour de l’aide à la création contemporaine ?
Oui, les plans d’action d’acquisitions exceptionnelles auprès des designers et des éditeurs et galeries françaises viennent renforcer les divers appels à projets, à concours qui ont déjà été lancés. Et nous sommes là aussi pour soutenir les expressions artistiques par des savoir-faire que nous sommes seuls à maîtriser. Conservation, restauration, création, transmission, diffusion, recherche, nous avons avant tout une approche systémique dans notre démarche. « Moderne depuis des lustres » reste notre ligne de conduite, entre tradition et innovation. Et dans la période actuelle, il est essentiel pour nous d’accompagner les écosystèmes fragiles de la création.