Design

À l’Espace Commines, Intramuros propose son traditionnel Café, en partenariat avec Vitra et Akagreen. Un lieu de rencontres où se détendre, tenir ses rendez-vous, se restaurer et assister aux talks Paris Design Week x Intramuros. Retour sur le programme du vendredi 9 septembre.
17-17h50
Le bois, tendance ou intemporel ?
Bois tourné, bois massif, conjugaison de matières… Les collections présentes sur le marché traduisent un intérêt des consommateurs pour cette matière noble, revalorisée aussi par les possibilités techniques de la travailler. Focus sur l’hinoki, un bois sacré japonais facile à travailler et très sensoriel.
Avec Gregory Lacoua, designer pour les Éditions Souchet, Taro Okabe, architecte et Eñaut Jolimon de Haradener, PDG d’Alki.



18h-18h50
L’expérience client dans le virtuel
Entre site, développement d’applis et, aujourd’hui, incursion dans le métaverse, l’expérience client virtuelle est une pratique à part entière prise en compte dans le retail. Comment analyser le comportement client pour mieux créer de l’émotion ? Comment rendre un univers méta-sensible et attractif ? Et quels sont les impacts écologiques du développement de ce marché parallèle ?
Avec Johanna Rowe Calvi, UX designeuse, Sandra Gasmi, fondatrice de Demain !, et Anne Asensio, vice-présidente de Design Expérience Dassault Systèmes




L’édition 2022 de la Paris Design Week (PDW) est placée sous le signe du méta-sensible. Durant dix jours, ce festival du design anime la capitale, rythmé par des installations dans des lieux insolites investis par des designers renommés et des artistes, des expositions de créateurs émergents, des mises en scène dans des showrooms. Suite des repérages de la rédaction.
Détour scandinave à l’Institut suédois
Vêtements, aménagements d’intérieur ou urbanisme et développement urbain, Swedish Secrets lève le voile sur le design scandinave contemporain à l’Institut suédois. Dans une scénographie imaginée par le duo de designers franco-suédois Färg & Blanche, plus de quarante designers, architectes et créateurs de mode engagés pour une société plus durable exposent leur travail, par exemple, autour de la collection iconique de l’éditeur danois Carl Hansen & Søn.

À l’espace Froissart, Maison Papier présente le premier luminaire vendu avec son NFT
Près de l’Intramuros galerie, la maison d’édition Maison Papier participe pour la première fois à la Paris Design Week. Fondée par Claire Germouty, elle expose ainsi à l’espace Froissart la lampe Circea+NFT, designée par Luc de Banville, et qui sera vendue avec son NFT, grâce à un partenariat inédit avec Minting.fr. Sur le stand seront également présentés le paravent Allegria, imaginé par Sandra Biaggi ainsi que les chaises Vanves proposées par Grégoire Borach, conçues à partir de chutes de papier compressées, le Drop Cake, imaginé et crée par Sophie Chénel (Procédés Chénel).




L’Ameublement français à la Monnaie de Paris
L’Ameublement français rassemble 380 entreprises françaises de la fabrication d’ameublement et de l’aménagement des espaces de vie. À la Monnaie de Paris, elle accueille, à travers l’exposition « Psychanalyse d’un meuble à quatre pattes », le cabinet de curiosités pensé par le décorateur et designer Vincent Darré pour explorer avec audace et malice les pièces de mobilier des manufactures de haute tradition françaises sous toutes leurs coutures.

L’Atelier de recherche et de création du Mobilier national
Haut lieu de patrimoine et acteur majeur de la création, le Mobilier national dispose, avec son Atelier de recherche et de création, de la structure idoine pour promouvoir le design contemporain en France. Deux de ses pièces sont présentées lors de la PDW : la nouvelle chaise de la BnF conçue par le designer Patrick Jouin, et l’ensemble Eidos XXI (bureau, bibliothèque, luminaires) de Benjamin Graindorge et Valérie Maltaverne.

Fragments, à la Fondation Le Corbusier
Fragments est une collection de meubles et d’objets en marbre de la Seine, imaginée par le designer Anthony Guerrée, éditée par M éditions et présentée à la Fondation Le Corbusier. Son travail, réalisé aux côtés d’artisans marbriers, transcende la beauté brute de la pierre pour donner vie à des pièces fonctionnelles (table basse, chaise longue, lampadaire), se révélant dans les jeux d’ombre et de lumière chers au grand architecte.
Collection Bleu Nuit à la Faïencerie Georges
C’est dans sa boutique de la rue Charlot que la Faïencerie Georges va présenter sa nouvelle collection, Bleu Nuit, d’assiettes en faïence, avec toujours ce remarquable travail de décoration à la main sur émail cru. Depuis quatre générations, le symbole des deux nœuds verts de la marque nivernaise continue de garantir les règles d’or de la faïencerie française.

Carte blanche à Hanna Anonen à l’Institut finlandais
Lauréate du prix Jeune Designer décerné par Design Forum Finland en 2021, Hanna Anonen est une designeuse aux multiples talents, dont la conception d’espaces, le graphisme et la création de pièces de mobilier et d’objets usuels. Bois peint et couleurs vives sont sa marque de fabrique, qui renouvelle la tendance sobre et minimaliste du design finlandais dans des formes géométriques plus rythmées et joyeuses.


Parcours des décorateurs : la French touch de Christophe Delcourt
Dans le cadre du Parcours dédié, le talent des grands décorateurs français est convié pour montrer leur aptitude à traduire le chic et l’élégance en mobilier. Aux côtés de Charlotte Biltgen, Jean-Pierre Tortil, Chahan Minassian ou Laura Gonzalez, notons la présence de Christophe Delcourt, créateur indépendant et designer de la conception des systèmes d’assises et des ensembles de canapés Daniels de la marque Minotti.
Première pour la galerie David Zwirner
Réputée pour être l’une des trois plus grandes galeries d’art contemporain de Paris, la galerie David Zwirner participe pour la première fois à la Paris Design Week. Trois ans après l’ouverture de sa galerie parisienne, rue Vieille-du-Temple (dans l’ancienne galerie Yvon Lambert), l’enceinte parisienne du collectionneur parmi les plus influents du monde de l’art, selon le magazine « Art Review », va encore élargir son champ de création.

Le méta-sensible aux Archives nationales
Le magazine « Elle Décoration » propose, dans le cadre du parcours Factory, une intéressante exposition autour des NFT, conçue par Jean-Christophe Camuset, aux Archives nationales (salon princesse de Soubise). Treize duos composés d’un designer et d’un professionnel des NFT y sont invités autour du thème du méta-sensible.

M&L Craft au rendez-vous Materials & Light
Materials & Light vous donne rendez-vous les 12 et 13 septembre 2022 au Carreau du Temple pour deux jours D’exposition, de conférences et de workshops sur le thème des matériaux innovants pour l’architecture et le design. Nouveauté de cette édition : M&L CRAFT, une exposition et un cycle d’ateliers sur le thème des matériaux et savoir-faire d’exception.
Carreau du Temple | 4 rue Eugène Spuller, 75003 Paris

À l’Espace Commines, Intramuros propose son traditionnel Café, en partenariat avec Vitra et Akagreen. Un lieu de rencontres où se détendre, tenir ses rendez-vous, se restaurer et assister aux talks Paris Design Week x Intramuros. Rappel du programme du jeudi 8 septembre.
17h-17h50
Au croisement des métiers d’art et du design, innover et valoriser le geste
À l’occasion des dix ans du mouvement Slow Made et de l’Année du verre, retour sur le rapport au geste, à la matière et à la démarche de design. Comment le design met-il au défi les savoir-faire, et vice versa ? Comment le retour au geste interroge-t-il la notion même de production, de commande ?
Avec Marc Bayard, responsable scientifique au Mobilier national et cofondateur du Slow Made, et Jean-Baptiste Sibertin-Blanc, designer, Marva Griffin, directrice Salone Satellite (en vidéo)


18h-18h50
Quel avenir pour les jeunes designers ?
Quels sont les nouveaux parcours de designers ? Comment intégrer le marché ? Quelles possibilités pour faire se rencontrer l’offre et la demande ? Quelles sont les difficultés au sortir du diplôme et quels tremplins ou passerelles sont à disposition ?
Avec Silvia Dore, présidente de l’AFD, Pathum Bila Deroussy, fondateur de Design Link, et Emily Marant, fondatrice de French Cliché (en visioconférence)




Elle est née en 1980 à Pordenone, une petite ville de la Vénétie Julienne dans le Frioul, à une heure de Venise, non loin de Udine, dans le Triangle de la Chaise. Enfant, elle s’intéressait aux dessins de couleur et aux jeux créatifs mais pas plus. Aujourd’hui, elle rénove des espaces fabuleux avec discrétion et délicatesse, juxtapose des matériaux remarquables pour des expériences tactiles exceptionnelles. Pour cette édition de septembre, elle a été nommée « designer de l’année » à Maison & Objet.
La terracotta, le marbre, le velours n’ont pas de secret pour elle. « J’ai compris mon intérêt pour le design et l’aménagement intérieur au collège avec mon professeur d’arts plastiques qui était architecte et qui nous a donné de passionnants cours sur les maîtres du Novecento. J’ai donc décidé d’étudier l’architecture à l’Iuav de Venise (Università Iuav di Venezia) dans un environnement idyllique. Diplômée en 2005, j’ai travaillé dans différents studios à Florence et Milan qui dessinaient des produits et des aménagements pour des marques réputées puis j’ai ouvert mon propre bureau. Pour me donner de la visibilité, j’ai décidé d’exposer sur le salon Satellite en 2012. J’ai présenté à cette occasion plusieurs produits dont la table Florian dessinée pour un ami suisse qui avait une galerie d’art – table d’exposition, table basse et miroir mural. À ce moment j’avais déjà lancé Attico Design, une marque qui m’a servi à faire comprendre mon design. En 2013, ma fille est née et j’ai décidé de me consacrer à temps plein à l’architecture intérieure. »
Des débuts fulgurants
« À partir de là, j’ai été contacté par des sociétés pour commencer à travailler avec elles sur des commandes ou comme directrice artistique. La première direction artistique que j’ai fait était pour les mosaïques Botteganove en 2016 et dans la suite immédiate pour Fendi à Design Miami où j’ai présenté The Happy Room. Cette année, j’ai entamé de nouvelles collaborations avec des marques internationales comme Etel, fabricant de mobilier moderniste brésilien, Kaldewei fabricant allemand d’équipements de salles de bains en acier émaillé et la marque hollandaise moooi. Nous avons renforcé notre collaboration avec Billiani (fabricant de chaise en bois à Manzano) et Fornace Brioni (carreaux en terre cuite), dessiné un nouveau lit pour Gervasoni et de nouveaux sols avec De Maio. Sergio Rossi vient d’ouvrir une nouvelle boutique via Della Spiga à Milan, que j’ai conçue avec mon équipe, une ‘magic box’ ou les chaussures de luxe sont en surexposition dans un univers comme aquatique. Elle doit servir de modèle dans le monde entier. »

© Filippo Bamberghi

© Mattia Balsamini Studio
2020, année ‘smart working’
« Le Covid n’a pas entaché mon activité. Ma pratique du design est restée la même et j’ai appliqué de nouvelles stratégies pour aller toujours de l’avant. Mon travail se fait en équipe, ce métier est fait de relations, de confrontations et d’échanges tout autant que de contacts directs avec les prototypes, les matériaux et les finitions. Le toucher est essentiel et le « smart working » ne peut être un futur envisageable. Il y a des problématiques que la pandémie a porté au centre de notre attention : le développement durable, les process, les matériaux, le concept de produits lui-même, l’hybridation des fonctions à la fois dans l’espace et dans le mobilier. Ces sujets vont encore plus faire partie de notre création. Depuis mon studio, un espace choisi en septembre 2019, plus conçu comme une seconde maison que comme un bureau, je peux accueillir mes clients pour leur montrer mon approche des matériaux, des intérieurs, des couleurs. »


À Milan, via Pietro Maroncelli, en juin 2022, elle présentait chez ETEL, la collection Panorama (photo Filippo Bonberghi), une collection de meubles en noyer brésilien travaillée avec des techniques ancestrales, traditionnelles comme la marqueterie et le bois courbé, par ses maîtres, Jorge Zalszupin et Oscar Niemeyer. Dans une harmonie parfaite qui embrasse les deux continents, Amérique et Europe, Etel entame le troisième chapitre d’une collection internationale. Fondé en 1985 par Etel Carmona, designer autodidacte qui a commencé sa carrière dans les années 80 en restaurant des meubles dans sa maison de campagne à Sao Paulo, Etel s’est affirmé comme le fabricant de mobilier moderniste brésilien. Ses meubles s’affichent comme des bijoux comme la haute couture du mobilier brésilien avec une production irréprochable – artisans qualifiés rodés aux techniques traditionnelles et connaissance parfaite des bois locaux. Elle fut en 2001, une des premières entreprises à obtenir la certification FSC (Forest Stewardship Council).

Directrice artistique de la société Billiani (créée en 1911 et basée à Manzano), Cristina Celestino vient de faire entrer deux nouveaux designers au sein de cette entreprise plus que centenaire : Constance Guisset qui signe Fleuron, tout en bois ou dans une version rembourrée et Philippe Bestenhelder qui signe la collection Edelweiss, des chaises, tabourets et fauteuils avec dossiers pleins ou perforés, photographiés (par Mattia Balsamini Studio) dans une villa des année 1950 de Carlo Scarpa. L’atmosphère intimiste des clichés démontre la volonté de la marque de se positionner sur le terrain du domestique.
Des collaborations hors pairs
Pour Gebrüder Thonet Vienna GmbH, elle signe en 2018 la table basse Caryllon qui exprime la puissance de la technique du bois courbé. Chez Moooi, elle présentait en juin un fauteuil au sein de l’exposition « A life extraordinary », Salone dei Tessuti, via S. Gregorio, dans un focus spécial sur la créativité associée à la technologie. C’est avec le Palazzo Avino et sa rénovation qu’elle s’est faite remarquer poussant ses recherches sur Ravello, la côte amalfitaine et ses villas aux jardins merveilleux comme la Villa Cimbrone et la Villa Rufolo. Le Palazzo Avino, propriété de la famille Avino se devait de devenir un objet de désir, en haut de ruelles pavées et accidentées. L’Hôtel apparait comme un mirage au milieu d’oliviers, de citronniers et d’orangers en terrasse. La vue imprenable sur la mer Tyrrhénienne doit se mériter et les détails de l’architecture mauresque se révéler dans des matériaux nacrés qui font référence à la flore environnante.
Fauteuil Aldora, design Cristina Celestino pour Moooi
Ses topiaires pour Fornacebrioni font des accessoires idéaux pour ses rénovations. Ses boîtes et banquettes-canapés en rotin pour Maison Matisse, ses marbres pour Margraf créent des ambiance aigue-marine, sable et corail aux accents roses, moka ou onyx, des effets de bois patinés, des céramiques craquelées, des miroirs aux effets vieillis raffinés avec insertion de laiton brossé. Coton et lin sont proposés dans des dimensions XXXL avec des motifs surdimensionnés. Ses têtes de lits monochromes (Pianca) et ses tapis au grain soyeux (CC Tapis) conviennent même aux espaces les plus brutalistes des Dolomites. Élue Designer de l’Année 2022 sur Maison & Objet, elle prépare une surprise… À suivre.



De retour à Villepinte du 8 au 12 septembre, Maison & Objet a décidé de centrer sa seconde édition annuelle autour du thème du méta-sensible.
Avec 2 182 exposants attendus, Maison & Objet tend à créer un choc d’expériences qui oscilleront entre réalité et virtuel. « En 2020, nous avons tous été en mode résistance, en 2021, en mode résilience. 2022 marque une volonté de renaissance », témoignait à ce sujet Vincent Grégoire, directeur consumer trends & insights chez NellyRodi, et instigateur du thème.
Cristina Celestino, designeuse de l’année à M & O
Enfant, l’Italienne Cristina Celestino s’intéressait aux dessins de couleur et aux jeux créatifs mais sans plus. Aujourd’hui, elle juxtapose des matériaux remarquables pour des expériences tactiles exceptionnelles.


Future on Stage : un tremplin consacré aux jeunes entreprises du design
Grande nouveauté, le tremplin Future on Stage veut faire profiter de l’écosystème du salon aux jeunes entreprises qui font avancer le secteur du design, de la décoration et de l’art de vivre. Une occasion non négligeable de gagner en visibilité.
Les Rising Talents seront hollandais
Dans le cadre du programme Rising Talent Awards, six designers et un artisan d’art des Pays-Bas ont été sélectionnés, et leur travail sera présenté par l’Atelier néerlandais. Le mélange d’un héritage cosmopolite, moderne et poétique et d’une vision plus critique de notre système de consommation.

23 talks organisés en live
Cette année encore, le salon Maison & Objet sera l’occasion d’ouvrir les débats sur divers sujets. Pas moins de 23 talks sont attendus, abordant des thèmes liés au mobilier, aux matériaux, aux processus de création, aux NFT, aux espaces de travail, au design culinaire et bien plus encore…

Du 9 au 12 septembre, Intramuros prend ses quartiers au cœur de la Paris Factory, en investissant cette année deux lieux : l’Espace Commines et l’Espace Froissart.


À l’Espace Commines, Intramuros propose son traditionnel Café. Un lieu de rencontres où se détendre, tenir ses rendez-vous, se restaurer et assister aux talks Paris Design Week x Intramuros (lire le programme ci-après). En partenariat avec Aka Green et Vitra, cet espace végétalisé sera aussi l’occasion de découvrir les nouvelles rééditions colorées de la collection Jean Prouvé que la maison suisse vient tout juste de ressortir.
Adresse : 17, rue Commines 75003 Paris
À l’espace Froissart, Ia rédaction vous invite à découvrir une sélection de jeunes créateurs, avec notamment la participation de résidents des Ateliers de Paris ou de créateurs labellisés « Fabriqué à Paris », d’Axel Chay, de 13Desserts, de Ciluzio par AAMA Design, de la Maison Martin Morel, ainsi que les prototypes et recherches réalisés par Thomas Delagarde et Léna Micheli, en partenariat avec Adagio et Serge Ferrari, dans le cadre du concours Camondo. Dans un espace de lecture réalisé en partenariat avec le Mobilier national, les visiteurs pourront consulter les derniers numéros d’« Intramuros » et écouter les premiers épisodes de notre série de podcasts co-créée avec Bang & Olufsen.
Adresse : 7, rue Froissart 75003 Paris
Talks Intramuros x Paris Design Week
Pour les derniers ajustements du programme, veuillez consulter les sites Intramuros.fr et www.maison-objet.com/paris-design-week
Jeudi 8 septembre
17h-17h50
Au croisement des métiers d’art et du design, innover et valoriser le geste
À l’occasion des dix ans du mouvement Slow Made et de l’Année du verre, retour sur le rapport au geste, à la matière et à la démarche de design. Comment le design met-il au défi les savoir-faire, et vice versa ? Comment le retour au geste interroge-t-il la notion même de production, de commande ?
Avec Marc Bayard, responsable scientifique au Mobilier national et cofondateur du Slow Made, et Jean-Baptiste Sibertin-Blanc, designer, Marva Griffin, directrice Salone Satellite (en vidéo)


18h-18h50
Quel avenir pour les jeunes designers ?
Quels sont les nouveaux parcours de designers ? Comment intégrer le marché ? Quelles possibilités pour faire se rencontrer l’offre et la demande ? Quelles sont les difficultés au sortir du diplôme et quels tremplins ou passerelles sont à disposition ?
Avec Silvia Dore, présidente de l’AFD, Pathum Bila Deroussy, fondateur de Design Link, et Emily Marant, fondatrice de French Cliché (en visioconférence)



Vendredi 9 septembre
17-17h50
Le bois, tendance ou intemporel ?
Bois tourné, bois massif, conjugaison de matières… Les collections présentes sur le marché traduisent un intérêt des consommateurs pour cette matière noble, revalorisée aussi par les possibilités techniques de la travailler. Focus sur l’hinoki, un bois sacré japonais facile à travailler et très sensoriel.
Avec Gregory Lacoua, designer pour les Éditions Souchet, Taro Okabe, architecte et et Eñaut Jolimon de Haradener, PDG d’Alki.

18h-18h50
L’expérience client dans le virtuel
Entre site, développement d’applis et, aujourd’hui, incursion dans le métaverse, l’expérience client virtuelle est une pratique à part entière prise en compte dans le retail. Comment analyser le comportement client pour mieux créer de l’émotion ? Comment rendre un univers méta-sensible et attractif ? Et quels sont les impacts écologiques du développement de ce marché parallèle ?
Avec Johanna Rowe Calvi, UX designeuse, Sandra Gasmi, fondatrice de Demain !, et Anne Asensio, vice-présidente de Design Expérience Dassault Systèmes



Samedi 10 septembre
16h-16h50
Le Japon, terre d’inspiration
La Villa Kujoyama vient d’avoir 30 ans. Une vingtaine de designers ont expérimenté des résidences entre ses murs lors d’un séjour qui a interrogé leurs pratiques tout autant que celles locales. Depuis, d’autres programmes de coopération ont été développés. Et si, dans sa relation à l’artisanat et à la matière, le Japon était une source d’inspiration pour une transition vers la contemporanéité ?
Avec Hedwige Gronier, responsable du mécénat culturel de la Fondation Bettencourt-Schueller, Lauriane Duriez, directrice des Ateliers de Paris, Elsa Pochat, designeuse, et Sumiko Oé-Gottini, consultante.



17-17h50
Rééditer : faire revivre ou réinventer
Rééditer des collections nécessite des adaptations constantes que les clients ne perçoivent pas, attendant de l’icône ciblée qu’elle soit également fonctionnelle. Un pari pour l’équipe design intégrée. Comment choisit-on une réédition ? Entre patrimoine et lutte contre l’obsolescence programmée, un partage d’expériences et de points de vue.
Avec Karin Gintz, responsable Vitra France, Jacques Barsac (rééditions Charlotte Perriand chez Cassina), Jason Brackenbury, directeur France FLOS, Marie-Line Salançon, MyDesign
18h-18h50
Art & design, les synergies possibles
Dans les programmes internationaux, les galeries récentes et les fondations, le design devient un secteur considéré à part entière et rejoint les autres disciplines artistiques dans des croisements croissants. Une voie montrée par d’autres pays ?
Avec Béatrice Masi, directrice de Spaceless Gallery, Olivier Ibanez, directeur de la communication de la Fondation Carmignac, Gaëtan Bruel, directeur de la Villa Albertine (en visio conférence), et Clélie Debehault, cofondatrice de Collectible à Bruxelles.




Dimanche 11 septembre
15h
Carte blanche à Women in Design
Durant un an, Women in Design a mené une enquête minutieuse pour rechercher 52 designeuses au parcours emblématique, connues ou non. Avec leurs clients, intégrées en agence, en entreprise, dans l’industrie, elles font bouger les lignes internes en promouvant une démarche design inclusive. Dès septembre, le collectif dévoilera un profil par semaine. Retour sur cette enquête avec des membres de ce groupe.
16h-16h50
Villes invisibles, vers une poétique de la donnée ?
Un nouveau paysage urbain se dessine : avec l’apparition de caméras intelligentes, de dispositifs de reconnaissance sonore ou encore de détecteurs de particules… nous assistons à une massification de la collecte de données présentes dans notre environnement. Comment offrir plus de transparence autour de la collecte des données urbaines ? Et si de nouvelles interactions humains-données étaient possibles ? Et si ce matériau qu’est la donnée prenait forme pour servir la poétique des villes et l’intérêt des citoyens ? Il s’agit le temps d’une table ronde de s’interroger sur une expérience sensible de la ville : incarner la donnée pour la rendre visible, palpable, auditive, olfactive… accessible, et démocratique. Un talk organisé et modéré par Anne-Marie Sargueil, Présidente de l’Institut Français du Design.
Avec Nouredine Azzouk, Président de Nation Numérique, conseiller numérique à l’Assemblée nationale, Johanna Rowe Calvi, UX designeuse, Chafik Gasmi, Architecte et designer, Chafik Studio, Claire Tréfoux, Head of design et Co-fondatrice du Design Lab Thales





Le 19 mai dernier ont été désignés les lauréats de la 13e édition des Varallia Design Awards 2022, avec une remise des prix début juillet. Les jurys ont choisi de mettre à l’honneur Elise Souchet, Stanislas Raba, Nicolas Mizzon, Jeanne Bonaimé et Loïc Pellissier. Retour sur ces jeunes créateurs.
« Notre raison d’être est de ré-imaginer le verre pour construire un avenir durable. Nous voulons redéfinir la façon dont le verre est produit, réutilisé et recyclé, pour en faire le matériau d’emballage le plus durable au monde » s’est fixé comme objectif Verallia, leader européen de l’emballage en verre pour les boissons et les produits alimentaires. C’est autour de cette thématique durable qu’ont eu lieu les Verallia Design Awards 2022, avec 170 projets proposés par des étudiants et jeunes diplômés en école de design, packaging et Beaux-Arts.
Catégories « Bières » « Vins tranquilles et effervescents » et « Spiritueux »
Dans la catégorie « Bières », Samy de Jeanne Bonaimé l’emporte grâce à son look futuriste. L’étudiante en Bachelor design produit et innovation à Bellecour Ecole de Lyon a ainsi créé un produit pratique, sensible aux contraintes du monde du verre.

Elise Souchet remporte la catégorie « Vins tranquilles et effervescents » avec Mue, remarquée pour son effet « seconde peau ». Mi nue, mi mue, ce produit de la créatrice de la Cité scolaire Raymond Loewy de la Souterraine a séduit le jury.


Quant à Genever de Stanislas Raba et Nicolas Mizzon, il est choisi dans la catégorie « Spiritueux ». Un hommage rendu aux codes des spiritueux par son design reconnaissable qui récompense ce duo diplômé de l’Université de Technologie de Compiègne.
Le coup de cœur de Lucile Viaud
Désignée comme marraine de cette 13e édition, Lucile Viaud a choisi Bottle Cap de Manon Choux, son coup de cœur. Couleurs ambrées, cônes, l’étudiante à ESAAB de Nevers a choisi le houblon comme modèle pour sa bière : un choix audacieux récompensé.


Loïc Pélissier, prix spécial pour Torche
Cet étudiant au Lycée Polyvalent Rive Gauche de Toulouse a imaginé Torche sur le thème donné : évènement sportif. Avec sa forme aux courbes rappelant une torche, la bouteille a particulièrement été travaillée pour être commercialisable.

Le 23 juin, le festival Design Parade s’est ouvert à Toulon avec les expositions d’architecture d’intérieur suivies le lendemain par l’inauguration des expositions de design à la villa Noailles à Hyères, un évènement à la fois grand public et pointu. Au total, 20 jeunes talents entraient en concurrence avec des projets de grande qualité. Découvrez les lauréats de cette édition 2022.
Depuis 2006, la villa Noailles accueille la Design Parade, fondée et dirigée par Jean-Pierre Blanc et présidée par Pascale Mussard. Le festival se divise depuis 2016 entre Hyères – pour le design – et Toulon -–pour l’architecture d’intérieur. Il a pour mission de mettre à l’honneur 20 jeunes créateurs, en leur offrant une vitrine ainsi qu’un accompagnement complet pour la réalisation de leur présentation. Dans chaque section, un jury professionnel récompense des lauréats dans des prix rendus possible grâce à une dizaine de partenariats qualitatifs (comme le Mobilier national, la fondation Carmignac ou encore la manufacture de Sèvres, Chanel…) Les expositions sont ouvertes au public jusqu’au 4 septembre pour celles de Hyères et jusqu’au 30 octobre 2022 pour celles de Toulon. Cette année, le jury de Toulon était présidé par Rodolphe Parente – également invité d’honneur – et retenu pour son style percutant et glamour. Quant à Hyères, le choix s’est porté sur Ineke Hans et son design et sa recherche d’économie de matière.
Design Parade Hyères 2022
Grand Prix du jury : Claire Pondard & Léa Pereyre
Le projet Anima II, réalisé par Claire Pondard & Léa Pereyre a remporté le Grand prix du jury ainsi que le Prix du public de la ville de Hyères pour leur recherche alliant matériau et robotique : Anima II sont des formes mouvantes, qui réagissent à la présence humaine grâce à des capteurs de mouvements : dans un esprit de créatures abyssales, des « simples » feuilles de plastique en 2D se transforment en formes organiques qui montent, descendent et s’étendent.
Ce Grand Prix du Jury de la Design Parade Hyères dote le duo d’une résidence de recherche d’un an à Sèvres, de la participation au concours en 2023 en tant que membre du jury accompagnée d’une exposition personnelle à la villa Noailles ainsi qu’un séjour de recherche d’un an au Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques de Marseille (Cirva) afin de réaliser un vase en trois exemplaires.


La Mention spéciale du jury pour Stéven Coëffic
Stéven Coëffic avec son projet « Un moment de distraction fonctionnelle » et ses objets colorés majoritairement réalisés en céramique et en verre reçoit la Mention spéciale du jury. Par sa série de neuf objets, le designer joue avec les codes d’ouverture et de fermeture, les redéfinissant : le coffre s’ouvre grâce à un point de connexion, le lampadaire s’allume par la superposition de deux objets … La démarche design se veut intemporelle avec ses objets qui ne nécessitent pas d’électronique et ses formes simplifiées.
Un prix fruit de l’association d’American Vintage avec le festival qui offre à Stéven Coëffic une dotation pour créer une pièce en collaboration avec eux.

Design Parade Toulon 2022
Madeleine Oltra & Angelo de Taisne : consacrés par 4 prix
Le duo a fait une prestation fracassante à la Design Parade Toulon 2022 avec Sardine Sardine en remportant pas moins de 4 prix avec le Prix Chanel, le Prix Van Cleef et Arpels, le Prix Carmignac et le Prix du jury. Sardine Sardine nous plonge dans sa tente en toile aux couleurs chaleureuses et dorées. Entre la Ricorée, les figues sur la table, le lit de camp et la bouilloire frémissante, ce projet offre une immersion complète appelant à l’aventure. Le duo a dessiné les différentes pièces de mobilier, a su décliner des fauteuils et des lits d’appoints les codes du matériel de camping (matériau, technique) et a repris dans les coutures des revêtements des matelas gonflables. La « tente XXL » est entièrement démontable et transportable sur un toit de voiture équipé. Les deux jeunes designers se sont ingéniés à détourner des matériaux (tapis de sol) pour mieux revisiter les objets du quotidien dans un principe ergonomique.
Créé en 2019, le Prix Visual Merchandising décerné par Chanel permettra au duo de réaliser un projet de création à hauteur de 20 000€. Ce dernier sera exposé lors de la Design Parade Toulon 2023. Quant au Grand prix Van Cleef & Arpels, il dote les gagnants d’une bourse de 5 000€. Nouveautés 2022 : un accompagnement en conseil en image et relations presse par l’agence David Giroire Communication est proposé pendant un an ainsi qu’une possibilité de collaborer avec Delisle pour créer une pièce d’une valeur de 10 000€. Sans oublier le développement d’un projet créatif avec Codimat Collection, projet ayant vocation à rentrer dans les collections de la maison. Enfin, 2022 marque également l’arrivée de la Dotation de la fondation Carmignac qui récompense le duo avec une participation au concours en tant que membre du jury, une exposition personnelle à Toulon à la Design Parade Toulon 2023 et une invitation dans une résidence à créer un objet faisant le lien avec la philosophie du lieu.




Paul Bonlarron, Prix du Mobilier national à Toulon
C’est dans la matière molle que Paul Bonlarron trouve son inspiration et pense sa toilette aux coquillages comme une coquille habitable, mêlant miroir de nacre, fresque rocailleuse et motifs marins sur les pas des rocailleurs méditerranéens du XVIIe siècle.
Ce Prix du Mobilier national lui offre alors l’occasion de développer un projet créatif avec son l’Atelier de Recherche et de Création (ARC). L’institution – qui met en avant le design contemporain – permettra à Paul Bonlarron de présenter en 2023 son prototype au cours d’une exposition scénographiée par lui.
Prix du public de la ville de Toulon pour Marthe Simon
L’oursinade remporte le Prix du public de la ville de Toulon pour son intérieur évoquant l’oursin avec ses motifs inspirés de la villa Kérylos.


La conférence de l’EPDA, association d’agences de design européennes, le 20 mai à Bologne, a présenté plusieurs témoignages de professionnels qui gardent la flamme créative malgré les injonctions marketing.
L’EPDA, European Brand & Packaging Design Association, fête ses 30 ans cette année et vient de nommer une nouvelle présidente, Sylvia Vitale Rotta, fondatrice de l’agence française Team Créatif. Elle succède à l’Allemand Uwe Melichar pour un mandat de 3 ans. Cette association internationale regroupe plus de 60 agences de 17 nationalités différentes qui se retrouvent chaque année pour partager leurs bonnes pratiques, sans notion de concurrence. Pour son anniversaire, l’EPDA a réuni ses adhérents à Bologne en Italie du 19 au 21 mai, conviant également des donneurs d’ordre (Coca Cola, Nestlé, Colgate Palmolive, Carrefour, Pantone…).


Créativité et flexibilité
La journée de conférence du 20 mai a fait émerger la thématique de la créativité, carburant des designers face à la pression des clients. Rebecca McCowan, responsable du design Europe centrale et orientale de Coca Cola basée en Autriche, et Jessica Felby, ancienne directrice du design chez Carlsberg au Danemark, ont échangé sur la nécessité de retrouver de la lenteur dans le processus de création, à rebours des sessions de « sprints » où un projet doit être bouclé en quelques semaines. « Au lieu d’une course épuisante, pourquoi ne pas faire une randonnée ?, a plaidé Jessica Felby, aujourd’hui designer textile sur une île de la mer Baltique. Chez Carlsberg, j’ai eu besoin de plusieurs années pour mettre à plat le design, en discutant avec des fabricants de verre et même de machines à laver pour optimiser les produits. » « Notre industrie travaille trop en silos, a renchéri Rebecca McCowan. Par exemple, Coca Cola a fait un formidable travail sur son identité mais lorsque la campagne de communication Happiness Factory est sortie, elle ne montrait même pas le nouveau packaging. Aujourd’hui, après avoir imposé son logo manuscrit, la marque va se doter de sa propre typographie pour les mentions obligatoires de ses packagings. Le design est un bon investissement, mais cela prend du temps. » Autre entreprise qui doit faire preuve de flexibilité, Carrefour décline son identité en fonction de ses différentes activités, avec des codes couleurs : magasins sans contact, banque, défi zéro plastique, gamme textile responsable… « La crise sanitaire a posé la question de la confiance dans les marques. C’est une formidable opportunité pour les distributeurs de montrer leur compréhension des consommateurs en proposant de nouveaux services », a souligné Tatiana Ryfer, directrice de la marque et de l’identité visuelle de Carrefour France.

La question du changement
L’agilité suppose aussi de sortir des carrières toutes tracées. L’Italien Dario Buzzini a quitté son poste de directeur du design à l’agence Ideo à New York pour ouvrir son propre studio, BBDB, à Vicence près de Venise. Situé en vitrine sur la rue, il consacre un tiers de l’année à l’organisation d’expositions d’art contemporain et à l’édition de livres d’art. « Ideo passait son temps à convaincre les clients d’accepter le changement, je voulais appliquer ces convictions à moi-même. Je me suis rendu compte que j’avais le choix de travailler avec qui je voulais. Ce n’est pas facile, New York me manque parfois, mais j’ai besoin de garder ma passion pour produire le meilleur travail », a-t-il relaté. John Glasgow s’est quant à lui délocalisé de Londres à New York après après avoir été découvert par le magazine Dazed & Confused pour ses oeuvres de street art. Le jeune homme a créé le studio Vault 49 avec son associé Paul Woodvine il y a 20 ans et continue d’insuffler l’énergie de la rue à ses collaborations (Pepsi, Baileys, Smirnoff, SKII…). « Nous réunissons des typographes, des imprimeurs, des créateurs de fresque murale. Nous nous sommes également engagés dans le mouvement Black Lives Matter et nous offrons des programmes d’échanges à des étudiants de couleur, peu représentés dans nos métiers » a défendu le dirigeant, lui-même métis.
Mathieu Reverte, associé de Team Créatif à Sao Paulo, a vanté à son tour la société métissée du Brésil, « un pays plein de problèmes mais où les relations entre les gens sont très simples et directes. Nos projets célèbrent la diversité du pays : l’eau de coco Obrigado inspirée par l’héritage africain de la région de Bahia, l’organisme gouvernemental de soutien aux PME qui montre toutes les couleurs du pays, le logo du mouvement de défense des favelas que nous avons réalisé gratuitement. » La conférence a dépassé les frontières de l’Europe et du design classique en présentant l’identité sonore réalisée par Sixième Son pour la compagnie aérienne d’Abu Dabhi Etihad Airways : un mélange de musiques moyen-orientales et occidentales jouées par des musiciens du monde entier, comme un éloge des échanges féconds.

Projections virtuelles et retour à la matière : notre époque, riche en paradoxes, dresse des ponts entre des univers autrefois étanches, voire antinomiques. Entre mondes réels et virtuels, Maison et Objet choisit d’orienter son édition de septembre sur des expériences sensibles et sensorielles, attentif à une société en quête d’émotion et d’évasion, entre défiance et renaissance. Décryptage par Vincent Grégoire, directeur Consumer Trends & Insights chez NellyRodi.
« En 2020, nous avons tous été en mode résistance, en 2021, en mode résilience. 2022 marque une volonté de renaissance. » Avec le Covid, la peur de perdre le goût, l’odorat, et la sensation de vase clos qui donne un sentiment de limiter l’espace où porte le regard, s’est développée une réaction de retour à la prise en compte des sens… voire un rapport au monde en mode « hypersensible ». Depuis la maison-refuge, à côté des digital native, les boomers se sont mis à apprivoiser le numérique, une appropriation du digital accélérée, qui n’appelle pas de marche arrière. Vincent Grégoire observe ainsi une fracture générationnelle avec des «quinquados » qui refusent un éventuel déclassement par l’âge, qui côtoient une jeune génération qui a enchaîné des périodes de crise et qui n’a pas connu la vie sans Internet et qui gère parallèlement au quotidien une vie numérique à travers les réseaux sociaux, en mode ludique comme en mode projet. Le digital devient un média comme un autre, il accompagne naturellement l’expérience physique, et l’augmente plus que s’y substitue.
Hybridation des univers
Un choc d’expériences, qui tend à rendre poreuses les frontières entre les mondes réels et virtuels. Un besoin de tangible parallèlement à une volonté de se projeter, et vite, de s’immerger, car les outils technologiques ont depuis bien longtemps modifié notre rapport au temps. Visite virtuelle en preview de la visite physique d’un showroom, création NFT en complément de l’objet édité… les nouveaux entrepreneurs brouillent les pistes et testent dans le métaverse des projets avant de les éditer, utilisent les réseaux sociaux comme des mondes inspirants.
C’est cette fusion des mondes que Maison et Objet a choisi de mettre en avant, à travers le thème « Méta-sensible » qui va porter son édition de septembre, et infuser la Paris Design Week.
En mode ludique
Une volonté de mettre en avant de nouvelles énergies, des esthétiques détonantes, d’observer des nouveaux usages après cette réappropriation du « chez-soi » qui a marqué ces années rythmées par différents confinements. Le « cocon » de l’habitat évolue doucement vers un cadre toujours protecteur mais plus joyeux, aux formes rebondies, dans le développement d’une esthétique fantasmatique… irriguée par les passages entre les mondes : à l’image des collections de Pink Stories, PolsPotten, Mojow ou l’Italien Saba (qui propose déjà ses canapés sous forme de NFT).
Maison et Objet : détecteur de talents
Si Maison et Objet cherche à traduire dans son choix de « tendances » le cœur vivant de la société, le salon aussi a décidé d’accentuer sa volonté de mettre en avant la jeune création. Parallèlement aux Rising Talents Awards (en septembre consacrés à la scène néerlandaise), le label Future on Stage mettra l’éclairage sur de jeunes maisons d’édition.
Parallèlement, la Paris Design Week – notamment dans la section Factory – se fera l’écho de cette époque résolument « phygital », en présentant des projets dédiés à la matière, que ce soit dans sa valorisation par le geste ou sous l’angle de l’innovation écologique, dans une promesse de mises en scène faisant appel au design numérique.
Une édition qui s’annonce généreuse, enthousiaste, éclectique, dans un « besoin de sens et d’émotion » : l’attente est créée, aux exposants de répondre à cette envie du public d’être surpris.
Du 8 au 12 septembre
Maison et Objet (Parc des Expositions – Villepinte)
Paris Design Week


Jusqu’ au 6 novembre, la Fondation Martell accueille une nouvelle exposition intitulée « La fin est dans le commencement et cependant on continue ». Un titre extrait d’une pièce de Samuel Beckett, qui trouve un écho étrange dans ce monde de « l’après confinement ». Une exposition pensée par la commissaire, Nathalie Viot autour des cinq sens, augmentés de deux nouveaux, la vulnérabilité et le mouvement, dans une approche synesthésique. Explications.
À Cognac, au cœur de la fondation Martell, l’exposition « La fin est dans le commencement et cependant on continue » prend forme dans le dédale de cuves ouvertes. À la demande de Nathalie Viot, ex-directrice de la fondation aujourd’hui dirigée par Anne-Claire Duprat, elles ont été réalisées par le groupe Chalvignac pour l’exposition précédente, et depuis conservées. Un jeu de dédales et de connexions, comme autant d’écrins offerts aux artistes et artisans pour s’exprimer.
Comme une mise en conditions, c’est une installation sonore du Berlinois Reto Pulfer qui accueille le spectateur des l’entrée. Allongé sur des coussins, le casque sur les oreilles, le spectateur est invité à se plonger dans des conversations fortuites – et récits « mnémoniques » pour « se mettre à l’écoute » de Gina, héroïne du roman post-apocalyotrique écrit par l’artiste en plein confinement. Prêtée par le FRAC Limousin Nouvelle Aquitaine, c’est aussi la seule œuvre de l’exposition qui n’a pas été conçue in situ.

Alchimie mécanique
Mis en condition, le visiteur contemple dans l’écrin suivant une étrange alchimie autour du mouvement. Une installation qui réunit la designeuse textile Jeanne Vicérial, qui poursuit son travail de « clinique vestimentaire » et la danseuse et fasciathérapeuthe Julia Cima. Ses sculptures textiles prennent littéralement corps et vie lors de temps de rituels dansés. Un étrange échange, entre un robot qui tisse à mouvement lent une robe à partir d’un fil, et une présence habitée de l’artiste. Une alchimie incroyable, entre la mécanique adoucie, qui bruisse comme une respiration, reliée par le prisme du tissage proche du corps. Le dispositif a été conçu avec l’aide de la société Ingeliance pour la programmation robotique. Cet espace est habité comme un sanctuaire; la machine vient relayer le corps, la sculpture dicte le mouvement… et interpelle ce que d’aucun appelle le 6e sens : la proprioception. Ce sens , »permet d’avoir une conscience plus ou moins précise de la position de son corps dans l’espace ». (cf Science et avenir, 27/9/2016).
Pédagogie active
Plus que la démonstration, c’est le ressenti qu’a privilégié l’artiste Odile Soudant pour évoquer la vue : le visiteur est invité à expérimenter physiquement dans un dispositif lumineux la création de phosphènes, ces images lumineuses que crée notre cerveau à la suite d’un éblouissement.
Le goût et l’odorat sont interrogés par Julie C. Fortier, dans un premier dispositif, de mise en résonance de ces deux sens, dans lequel un aliment est accompagné d’un parfum, à l’instar d’un condiment. Dans un second espace, un tapis en laine tufté laisse à celui qui s’y roule des impressions olfactives, comme un minipaysage improvisé. Les différents éléments – récipients en porcelaine, tapis; ont été faits sur place.


La nature est présente dans le parcours, par sa force de résilience. Partant du constat que l’on va développer une intuition par la prise de conscience de notre vulnérabilité– qui pourrait être le 7e sens de l’exposition ?–, Nathalie Viot a invité le botaniste Marc Jeanson à concevoir avec le duo de designers Alexandre Willaume et Marie Corail des installations valorisant la force d’adaptation des plantes. Plus loin, Rachel Marks invite au toucher, en dévoilant des sculptures de troncs d’arbre majestueuses, modelées à partir d’assemblage de véritables lianes de papier, dans une mise en scène incandescente, qui traverse littéralement les cadres porteurs de l’espace.
Amateurs éclairés et grand public, la force de ce parcours est de s’adresser à tous, dans une déambulation poétique qui donne aussi bien aux plus curieux l’envie de creuser le sujet après la visite.


Jusqu’au 6 novembre, Fondation d’entreprise Martell 16 avenue Paul Firino Martell 16100 Cognac,
Du jeudi au samedi de 14h à 20h – Le dimanche de 11h à 17h
Visites racontées le mercredi à 11h et 16h30

À l’initiative de l’Institut français, une quinzaine de professionnels étrangers viennent de participer à un Focus Design sur le territoire français. Du 8 au 15 mai, ils ont suivi un programme très dense de rencontres et de workshops, pour les sensibiliser à l’expertise française et développer des échanges.
Organisés par l’Institut français, les Focus sont des voyages thématiques, visant le partage de pratiques, l’échange d’idées et de projets, l’objectif étant de développer les réseaux professionnels et les maillages de partenaires, voire des mutualisations de programmes et de pratiques. Mis au point par l’Institut, ils permettent à des interlocuteurs étrangers de rencontrer les acteurs majeurs d’un secteur dans un temps concentré.
C’est dans ce cadre que la semaine passée, un groupe de professionnels a effectué un véritable marathon autour du design français de Paris à la Biennale de Saint-Etienne. Japon, Costa Rica, Danemark, Maroc, Pologne, Indonésie, Inde, Corée… Les participants étrangers provenaient de plus 13 pays, de tous les continents.
Un programme très éclectique
Du Mobilier national au département recherche de l’Ecole des Arts décoratifs, du French Design by Via à la en passant par des galeries et des ateliers, le planning de rencontres immergeait volontairement les participants au cœur du design français : écoles, recherches, savoir-faire artisanaux et industriels, patrimoine… De Jean-Louis Fréchin à Rudy Bauer, en passant par Goliath Dyèvre, Constance Guisset, Les Sismo, Mathilde Brétillot, Alexandre Imbert, Samy Rio…ce Focus s’est attachée à montrer la diversité des approches, de la conception de produits à celle de services, et surtout de la diversité des champs d’intervention.
Dans la logique de l’engagement de l’Institut français sur le design, la conjugaison des interventions dressait un panorama français dynamique, attentif à la créativité des nouvelles générations (lauréats « Mondes nouveaux »…), engagé dans les grands défis sociétaux (le secteur du« Care », les biomatériaux, la transformation numérique…), acteur pour le développement de nouveaux écosystèmes économiques (savoir-faire artisanaux, circuits courts…).
Développer les marchés
En créant les programmes Focus, l’objectif de l’Institut français est aussi de faciliter les échanges pour enrichir concrètement les programmations des postes à l’étranger. Ainsi les participants ont découvert des projets, des collaborations, des expos déjà réalisées, qu’ils pourraient reprendre, comme des projets en cours de préparation, en France ou à l’étranger.



Le 17 mai prochain, à l’initiative de Guillaume Foissac responsable d’EDF Pulse Design, la Biennale internationale du design accueillera le premier séminaire « Inspire » pour questionner l’évolution du rôle du design dans la recherche et développement. Une journée configurée autour de 4 tables rondes, qui réuniront des responsables design de laboratoires de grands groupes (EDF, AREP, Essilor, Saint-Gobain, Malakoff Humanis, Decatlhon, le CEA…), des agences de design et des représentants d’universités ( l’ENSCI, l’Université de Paris, l’UQAM), …. Le séminaire est accessible en présentiel et en streaming.
Une première : Universitaires et chercheurs- designers d’une douzaine de groupes seront présents pour le séminaire « Inspire » le 17 mai à la Cité du design de Saint-Etienne. L’objectif ? Débattre autour de cette question « la recherche design est-elle un accélérateur de mutations et de progressions pour les entreprises ? » Chercheurs-designers en entreprise et acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche seront réunis pour partager expériences et points de vue, et considérer l’élargissement actuel du champ du design, au-delà de la conception traditionnelle de conception de produits et de services en lien avec l’innovation, vers un positionnement à la pointe de l’exploration de l’avenir, dans le développement de la recherche-action. Comme le souligne Guillaume Foissac dans la présentation du séminaire « Bien au-delà de tout enjeu strict de production ou d’usage, la recherche design a la capacité d’orienter l’exploration du champ des possibles. A travers la mise en lumière des enjeux environnementaux, sociétaux, culturels et émotionnels qui composent un milieu – quel que soit son échelle – ses résultats doivent conduire à favoriser une opérationnalisation souhaitable du futur. »
La journée sera articulée en 4 séquences
– Comment la recherche design en entreprise permet d’ouvrir de l’intérieur des orientations stratégiques à plus long terme pour l’entreprise ?
– Comment passer d’une dimension d’exploration à une dimension d’exploitation des résultats de la recherche design en entreprise ?
– Méthodes et protocole de recherche dans le contexte et la temporalité de la vie de l’entreprise, quels sont les enjeux des dispositifs Cifre ?
– Quelle est la valeur des ressources produites par la recherche design en entreprise pour les chercheurs académiques ?
Chaque séquence fera l’objet d’une table ronde, dont un expert attitré fera la synthèse.
Parmi les intervenants, on notera la présence de :
– Helene Allain Directrice des programmes, Liberté Living lab
– Marie Virginie Berbet, Product & Service Design Manager Essilor
– Charles Cambianica, Decatlhon Advanced design project leader
– Marc Chassaubéné Adjoint au maire de Saint-Étienne, Vice-président de Saint-Étienne Métropole et Président de la Cité du design
– Katie Cotellon, Head of Design and User Experience Saint-Gobain
– Guillaume Foissac, Responsable du Département Design EDF
– M. Antonietta Grasso Principal Scientist, User Experience and Ethnography, Naver Labs Europe
– Guillian Graves, Founder, designer & CEO. Agence Big Bang Project
– Samuel Lacroix Designer, EDF
– Thierry Mandon Directeur Général de Cité du design
– Raphaël Ménard, Président du Directoire – Arep
– Caroline Nowacki, Design Manager & Research Lead ReGeneration at frog, part of Capgemini
– Ioana Ocnarescu, Directrice de la recherche Strate l’école de design
– Sophie Pène, Professeure Université de Paris (CRI)
– Olivier Peyricot Directeur de la Plateforme de recherche Cité du design – Esadse
– Julie Sahakian, Strategic Design Lead, Researcher & Lecturer (Ph.D.) Malakoff Humanis
– Bruno Truong, Head of Design at Y.SPOT Labs CEA
– Stéphane Vial, Professeur à l’École de design de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Titulaire de la Chaire Diament
Les animateurs des tables rondes :
– Rudy Cambier , co-dirigeant Liberté Livinglab
– Annie Gentes,Directrice de la Recherche CY L’école de design–
– Samuel Huron, Associate Professor of Design and Information Communication Technology · Institut Mines – Télécom
– Frédérique Pain, Directrice de l’ENSCI
Les experts concluants les tables rondes :
–Valérie Dijkstra, directrice Performance et développement EDF
– Stéphane Vial, Professeur à l’École de design de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Titulaire de la Chaire Diament
– Nawelle Zaidi et Dorian Reunkrilerk pour Design en Recherche
Les grands témoins qui formuleront une synthèse de la journée :
– Sophie Pène, Professeure Université de Paris (CRI)
– Emmanuel Mahé : Directeur de la Recherche ENSAD
– Dominique Sciamma : Directeur de l’APCI
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Capitale de la culture 2022, la cité luxembourgeoise d’Esch-Sur-Alzette a notamment choisi de mettre en valeur les connexions entre design numérique et histoire patrimoniale de son bassin minier à travers deux expositions valorisant l’impressionnant site industriel reconverti d’Esch Belval. Une interaction du multimédia et de l’architectural qui induit un principe très actuel du « remix », dans un saisissant mélange esthétique entre réalités d’hier et d’aujourd’hui.
Impressionnant. Telle est la première pensée qui saisit le visiteur lorsqu’il arrive sur le site d’Esch Belval, une grande friche industrielle reconvertie en site culturel et universitaire, où trône encore tel un géant majestueux et endormi l’un des énormes haut-fourneaux qui a fait la renommée de l’acier luxembourgeois et en particulier de celui produit dans la cité frontalière d’Esch-sur-Alzette. Aujourd’hui, la dimension sidérurgique du site a vécu. Mais la grande opportunité donnée à la ville de valoriser à la fois son patrimoine passé et sa dynamique artistique et créative actuelle, à travers sa nomination comme capitale européenne de la culture 2022, trouve toute sa dimension dans les deux installations-phares qu’accueille l’endroit à cette occasion.

Identité et diversité sur le gril
Conçue en partenariat avec le ZKM de Karlsruhe, temple de l’art numérique allemand lui-même situé dans un ancien ensemble industriel, l’exposition « Hacking Identity / Dancing Diversity » offre au cœur du gigantesque bâtiment de la Möllerei (un grand volume construit en 1910 et qui servait à l’origine à la préparation du minerai de fer et des charges de coke pour le haut fourneau voisin) une intrigante convergence de l’ancien vers nouveau, mettant en avant des problématiques sociétales très actuelles dont la création numérique aime s’emparer (questions d’identité, de diversité, de manipulation/utilisation des données). « Hacking Identity / Dancing Diversity » scénographie donc dans l’immense structure 25 installations dont le regard, pourtant serti dans le foncier passé, résonne avec une dimension fortement contemporaine, à l’image de l’énorme fresque digitale qui sert de point de repère visuel immédiat sur la grande passerelle centrale.
Long défilé d’animaux virtuels sur un écran de plusieurs dizaines de mètres épousant la dimension démesurée des lieux, le Marathon Der Tier (Marathon des Animaux) des Allemands Rosalie et Ludger Brümmer s’inspire de la radiographie, de la radioscopie et de la chronophotographie de la fin du XIXe siècle pour traquer l’intemporel. Son inspiration art/science colle à la dimension technicienne des lieux. Un axe très prisé des arts numériques actuels que l’on retrouve également au niveau inférieur, dans l’étrange sculpture robotique Deep And Hot de Thomas Feuerstein, liant machinisme et biologisme à travers cette forme industrieuse du réacteur, constellée de sphères polies renvoyant à la dimension moléculaire du vivant.

C’est à ce niveau que se trouve la grande majorité des pièces. On y découvre notamment l’imbrication de la complexité grandiose de l’espace physique à la complexité plus intérieure de l’humain, à travers l’installation à technologie de reconnaissance faciale Captured de la Finlandaise Hanna Haaslahti : un étrange ballet chaotique d’avatars à l’écran, saisis à partir d’une caméra scannant le public volontaire, et induisant une réflexion sur la manière dont la violence est exercée et perçue au sein d’un groupe d’individus.

La prouesse d’intégration technologique dans un environnement architectural immersif encore très industriel se poursuit dans les sous-sols de la Möllerei. L’impression de descendre dans les organes internes de l’usine est très forte tant le décor demeure brutaliste. Et c’est là que l’on découvre la pièce la plus curieuse : le Formae X 1.57 du studio de design numérique allemand Onformative. Cette coupole aux couleurs variables, posée à même les scories, réagit aux modifications atmosphériques du lieu (lumière, air humidité), mais aussi au mouvement du public. Une partition commune entre l’homme et la machine qui tombe sous le sens.

Dispositif technologique et mémoriel
Car c’est justement là, dans cette interaction en temps réel de l’industriel ancien et du numérique moderne, que perce ce principe actif du « remix », renvoyant aux musiques actuelles et aux cultures du DJing. Un modus operandi qui se retrouve au centre même de la deuxième exposition présentée sur le site et justement dénommée Remixing Industrial Past (Constructing The Identity of The Minett) – Le Minett étant le nom du district minier du sud-est du Luxembourg dont Esch est le pôle névralgique.

Mis en place dans la Massenoire, un bâtiment qui abritait les divers équipements servant à la fabrication de la masse de bouchage du trou de coulée (à base de goudron), le dispositif propose ici une collision plus concentrée mais tout aussi spectaculaire entre patrimoine et création numérique. Dû au travail du collectif d’artistes et designers italiens Tokonoma, en collaboration avec leurs compatriotes de la compagnie de design intérieur 2F Archittetura, l’installation dévoile une kyrielle d’écrans suspendus à taille multiples et de boxes thématiques entrant en résonance avec des lieux encore très perméables à leur passé industriel. L’enchevêtrement très structuré des différents éléments multimédias dans cet espace lui aussi préservé, où les machines sont encore en place, délivre une scénographie captivante et totalement vivante. À l’écran ou en bande-son, archives et bruitages du travail des anciens mineurs et ouvriers y surlignent en effet la tonalité humaine et la perpétuation d’un travail de mémoire particulièrement mis en valeur.

À l’arrivée, il est donc plutôt agréable de constater à quel point le design numérique peut être vecteur de rapprochement esthétique et intemporel entre patrimoine architectural, identités humaines et création artistique contemporaine. Une transversalité des formes et des enjeux territoriaux que le concept de « remix » marie plutôt bien autour de l’ancrage territorial d’Esch 2022.

Selon Olivier Peyricot, cette édition de la Biennale de Design présente un « design modeste, pas de grands gestes », et donne des pistes, des outils, pour alimenter le débat sur les grands enjeux actuels : l’environnement, la production, la mobilité et la façon d’habiter. En prenant pour thème « Bifurcation(s) », la manifestation dresse un constat sans appel – nous sommes à un tournant où il est urgent d’agir – et positionne les designers comme des acteurs essentiels des mutations à l’œuvre. À noter, que pour la première fois, la Biennale durera 4 mois, jusqu’au 31 juillet.
« Ici vous ne trouverez pas de solutions, mais de quoi vous interroger et débattre » : c’est en substance le credo d’Olivier Peyricot, directeur scientifique de la 12e Biennale Internationale Design Saint-Etienne, lorsqu’il présente cette édition.
Et c’est peu dire : dans l’ensemble du parcours des expositions proposées à la Cité du design jusqu’au 31 juillet, les thématiques rivalisent de questionnements, pour peu que le visiteur prenne le temps de se plonger dans les nombreuses explications inscrites sur les cartels.
Biomimétisme, nouvelles mobilités, radioscopie de nos vies domestiques, modes de production… toutes les expositions expriment une expérience ou une nécessité de « bifurcation (s) » qu’elle soit «subie ou choisie » comme l’exprime Thierry Mandon, directeur général de la Cité du design.
Une affirmation de l’événement comme une laboratoire de recherches, renforcée par les nombreux work in progress et conférences qui auront lieu tout au long de ces quatre mois sur les différentes sites. En effet, si l’on a connu dans la dernière décennie de biennales portées par des commissaires inspirants, à la ligne artistique radicale ou quasi philosophique – on se souvient par exemple de l’édition autour de la « Beauté » portée par Benjamin Loyauté en 2015 –, depuis deux ou trois éditions, la Biennale vient nourrir des réflexions plus sociétales – à l’image de la très dense édition « Working promesses » en 2017. L’événement international affirme ainsi un positionnement fort du design au cœur des sciences humaines, comme un outil d’exploration et d’expérimentations pour accompagner les mutations.
Ainsi, si les expositions comportent dans l’ensemble une grande présentation de design produit, elles ouvrent aussi le rôle du designer comme concepteur de processus, de services, en réponse à des usages, des évolutions nécessaires, des comportements, et des questions économiques. Le design est stratégique, artistique, et politique, dans le sens « au service de la cité ».

Récits et recherche à la Cité du design
Parmi les expositions qui viennent appuyer ce positionnement, on citera la passionnante « Autofiction, une biographie de l’automobile », Olivier Peyricot et Anne Chaniolleau abordent le design automobile d’un point de vue avant tout anthropologique, en interrogeant les imaginaires générés et les codes d’appropriation. Le récit proposé n’en oublie pas l’éternelle question de la ressource et des matériaux, les recherches en design de ce « phénix technologique qui ne cesse de renaître », avec ses espoirs et tâtonnements, notamment autour de l’échec de la voiture dite « autonome ».
Autre signe des temps, c’est un continent entier – et non plus une ville ou un pays, comme ce le fut avec Detroit pour l’édition de 2017 ou la Chine en 2019 – qui est à l’honneur, à travers l’exposition «Singulier plurielles » de Franck Houndégla. Entre design graphique, macro-systèmes et micro-systèmes, l’exposition explore d’autres façons de concevoir, de produire et d’habiter. « Ce sont des projets nés de concepteurs divers, mais qui dans leur démarches partagent les modalités du design » souligne le commissaire. Designers, makers, architectes, ingénieurs, inventent, transposent des process, détournent des objets, des services pour le collectif. Cela va du créateur d’effets spéciaux qui transpose ses compétences pour la réalisation de prothèses, l’association d’un bijou connecté à une plateforme de données pour la mise en place d’un dispositif de e-santé, la construction d’automobile non standard répondant ainsi à une utilisation plurielle (confection textile, agriculture, hôtellerie…), l’utilisation de matériaux locaux pour l’architecture jusqu’à la recherche de « brique sans déchets »…
Enfin, parmi la dizaine d’expositions présentées sur le site de la Cité, on retiendra aussi la note de fraîcheur, d’optimisme, apportée par « Le Monde sinon rien » : un commissariat mené par Benjamin Graindorge, designer et enseignant à l’ENSADSE et la chercheuse Sophie Pène au Learning Planet Institut, qui part du postulat de la richesse des territoires de création de la jeunesse. Le pari est fait d’explorer sur dix ans les projets de diplômes d’étudiants d’un réseau d’établissements, et d’y déceler les germes d’un « New Bauhaus », autour du « vivant ». Selon Sophie Pène, il s’agit de « montrer la puissance de la création dans les moments de transition. On parle facilement d’innovations tech, mais peu d’habitudes, de comportements, de culture, de création. La deuxième idée est de montrer que la créativité de la jeunesse tire les transitions, est nécessaire, que le rapprochement entre les sciences et les arts, et les frontières poreuses qu’on peut mettre en place sont vraiment les conditions de l’émergence de projets puissants. » L’exposition englobe ainsi dans le concept d’ « école de création » les laboratoires scientifiques, les makers labs, les tiers-lieux, les écoles d’art et de design. À travers des projets très divers – d’objets musicaux pour autisme à une distillerie pirate !– il s’agit surtout de montrer la fertilité des territoires d’exploration, leurs résonances, et surtout une énergie, un désir, et un pouvoir d’agir.
Des événements en ville et en périphérie
Sur le site de Firminy, l’église Saint-Pierre accueille une exploration de Döppel Studio autour du cabanon de Le Corbusier : autour de 6 prototypes, disséminés dans le lieu, le duo de designers imagine des micro-architectures à poser dans un champ, pour se détendre, se reposer, partager des moments de pause dans une utilisation nouvelle des parcelles en jachère avec des constructions facilement déplaçables et exploitant un autre rapport au paysage.
Au cœur de la ville, le musée d’art et d’industrie propose pour sa part une habile mise en situation d’oeuvres contemporaines d’artistes en résidence au Creux de l’enfer. On retiendra par exemple l’installation au milieu des armes de l’œuvre de Vivien Roubaud, qui fige dans du verre des explosions, comme un arrêt sur image hors du temps.
Enfin, parmi les nombreuses autres événements, le collectif Fil Utile composé de 17 membres dont la designeuse textile Jeanne Goutelle propose au sein de l’ancienne école des Beaux-Arts,« Relier-délier ». Cette exposition met en scène des installations de créateurs mis au défi d’intégrer un nouveau matériau à leur savoir-faire. Se répondent des installations étonnantes, depuis la délicate association du ruban et de la porcelaine à des « graphiques en laine» réalisés à la main, donnant sous cet aspect doux et lumineux, une vision assez glaçante de l’industrie textile.
Englobant plus de 200 événements diversifiés autour de 7 expositions majeures, la Biennale de design cherche à toucher tous les publics. Bien sûr, on rêverait d’avoir une grande rétrospective exposée – à l’image par exemple de la didactique «Designers du design» à Lille Capitale du design en 2020–, mais au sortir des expositions, il reste une telle impression d’effervescence de recherches, de bouillonnement créatif, de pistes explorées, que l’on pressent un avenir inventif, avec des solutions à portée de mains. Et sans pour autant en dresser un état des lieux bien clair, on ressent combien le secteur du design a un rôle décisif à jouer dans la transformation de notre monde. Pour peu qu’on le reconnaisse et lui donne les moyens de nous aider à prendre la bonne bifurcation.
La Biennale de design de Saint-Etienne en quelques chiffres
> 4 mois d’ouverture
> 48 installations
> 7 expositions sur le site Cité du design
> Plus de 235 designers représentés
> 222 événements sur la métropole stéphanoise
> 24 colloques et conférences

Si le terme design est un anglicisme galvaudé aujourd’hui, il découle du verbe « designer » en ancien français qui signifie à la fois concevoir et dessiner. Au XVIe siècle, desseign est alors synonyme d’intention et de projet. Idée et concept ne font plus qu’un, grâce au dessin à main levée. Les dessins de machines de Léonard de Vinci en sont un bel exemple ! Ces quinze dernières années, le dessin assisté par ordinateur a pris le pas sur le dessin à main levée avec la démocratisation des écrans tactiles. Aujourd’hui, il retrouve ses lettres de noblesse dans les écoles. Retrouvez l’ensemble des témoignages dans le dernier numéro d’Intramuros.
« La magie du trait autant que celle des mots »
Tour à tour architecte DPLG, designer, scénographe et enseignant au Royal College of Arts, à l’école La Cambre, à l’ESAD, à l’école Camondo et à l’ESAM, Olivier Védrine fonde l’agence (o,o) avec Olivier Guillemin en 2001(www.ooparis.fr). Il apprend à créer un vocabulaire et à hiérarchiser ses propos par le biais du dessin au cours de ses études. C’est grâce à cette pratique qu’il découvre une diversité d’outils d’expression : du brou de noix à la plume en passant par la peau ou le papier, Olivier teste tout. A tel point qu’il prend le parti de dessiner son diplôme alors que les autres étudiants n’en présentaient aucun.

En 1990, Olivier débute une carrière au Japon, pays qui influence son travail. « En tant qu’enseignant, je favorise le trait, le dessin main, de la recherche au rendu. J’aide les étudiants à exprimer leurs idées sociales ou esthétiques via le dessin dans un premier temps. » Le combo dessins manuel et numérique est enrichissant car il donne la possibilité de s’intégrer dans la vie professionnelle. La 3D est rapide et efficace en termes d’exécution. » La technique 3D s’apprend, on apprend maîtriser le dessin. Il se transmet par l’observation, le cadrage ou encore la notion d’usage. » Olivier le détourne par le biais de différents médias : collage, photo, calque, voire GIF sont au programme et ouvrent de nouveaux champs des possibles. « Mes maîtres japonais ne tracent pas spontanément une idée sur le papier, car ce serait trop défini. Les architectes nippons posent, orientent des tiges de végétaux sur une feuille blanche, et le trait vient après ces gestes réfléchis. » Le dessin main est un outil d’échange tant entre étudiant et enseignant qu’entre designer et client.

Créer à l’infini et noircir des pages
De son point de vue d’étudiant de 3e année à l’école Camondo, Axel Magot-Cuvru représente et s’exprime au travers du dessin. « La main est le prolongement de l’esprit et le dessin est l’expression d’un ressenti propre à soi. Il a une valeur affective en plus du reste.» À seulement 21 ans, le jeune homme utilise la 3D, mais il la trouve aseptisée et lisse. « Rien ne dépasse et elle manque de sensibilité. Le DAO freine dans la recherche du détail que le dessin à main levée permet. Mais les plans techniques sont d’une précision telle que tout peut être retravaillé sans avoir à tout revoir, ce qui est incroyable ! » Les deux techniques sont fondamentales pour ce passionné de l’histoire des années 70-80. Le dessin, Axel l’utilise pour créer une ambiance, en plusieurs étapes : du croquis très libre et parfois incompréhensible des autres, il passe à l’esquisse plus définie avant de terminer par la précision du dessin. « Le dessin est aussi important que l’objet car il lui donne son âme. » Mais avant tout, c’est en créant à main levée des univers qu’Axel s’évade en toute liberté !

