Le dessin à main levée, carnet d'Olivier Védrine
Védrine Expérience, dessins par © Olivier Védrine

Le dessin à main levée, carnet d'Olivier Védrine

Si le terme design est un anglicisme galvaudé aujourd’hui, il découle du verbe « designer » en ancien français qui signifie à la fois concevoir et dessiner. Au XVIe siècle, desseign est alors synonyme d’intention et de projet. Idée et concept ne font plus qu’un, grâce au dessin à main levée. Les dessins de machines de Léonard de Vinci en sont un bel exemple ! Ces quinze dernières années, le dessin assisté par ordinateur a pris le pas sur le dessin à main levée avec la démocratisation des écrans tactiles. Aujourd’hui, il retrouve ses lettres de noblesse dans les écoles.  Retrouvez l’ensemble des témoignages dans le dernier numéro d’Intramuros.


« La magie du trait autant que celle des mots »

Tour à tour architecte DPLG, designer, scénographe et enseignant au Royal College of Arts, à l’école La Cambre, à l’ESAD, à l’école Camondo et à l’ESAM, Olivier Védrine fonde l’agence (o,o) avec Olivier Guillemin en 2001(www.ooparis.fr). Il apprend à créer un vocabulaire et à hiérarchiser ses propos par le biais du dessin au cours de ses études. C’est grâce à cette pratique qu’il découvre une diversité d’outils d’expression : du brou de noix à la plume en passant par la peau ou le papier, Olivier teste tout. A tel point qu’il prend le parti de dessiner son diplôme alors que les autres étudiants n’en présentaient aucun.

Védrine Expérience, dessin par © Olivier Védrine

En 1990, Olivier débute une carrière au Japon, pays qui influence son travail. « En tant qu’enseignant, je favorise le trait, le dessin main, de la recherche au rendu. J’aide les étudiants à exprimer leurs idées sociales ou esthétiques via le dessin dans un premier temps. » Le combo dessins manuel et numérique est enrichissant car il donne la possibilité de s’intégrer dans la vie professionnelle. La 3D est rapide et efficace en termes d’exécution. » La technique 3D s’apprend, on apprend maîtriser le dessin. Il se transmet par l’observation, le cadrage ou encore la notion d’usage. » Olivier le détourne par le biais de différents médias : collage, photo, calque, voire GIF sont au programme et ouvrent de nouveaux champs des possibles. « Mes maîtres japonais ne tracent pas spontanément une idée sur le papier, car ce serait trop défini. Les architectes nippons posent, orientent des tiges de végétaux sur une feuille blanche, et le trait vient après ces gestes réfléchis. » Le dessin main est un outil d’échange tant entre étudiant et enseignant qu’entre designer et client.

Védrine Expérience, dessin par © Olivier Védrine

Créer à l’infini et noircir des pages

De son point de vue d’étudiant de 3e année à l’école Camondo, Axel Magot-Cuvru représente et s’exprime au travers du dessin. « La main est le prolongement de l’esprit et le dessin est l’expression d’un ressenti propre à soi. Il a une valeur affective en plus du reste.» À seulement 21 ans, le jeune homme utilise la 3D, mais il la trouve aseptisée et lisse. « Rien ne dépasse et elle manque de sensibilité. Le DAO freine dans la recherche du détail que le dessin à main levée permet. Mais les plans techniques sont d’une précision telle que tout peut être retravaillé sans avoir à tout revoir, ce qui est incroyable ! » Les deux techniques sont fondamentales pour ce passionné de l’histoire des années 70-80. Le dessin, Axel l’utilise pour créer une ambiance, en plusieurs étapes : du croquis très libre et parfois incompréhensible des autres, il passe à l’esquisse plus définie avant de terminer par la précision du dessin. « Le dessin est aussi important que l’objet car il lui donne son âme. » Mais avant tout, c’est en créant à main levée des univers qu’Axel s’évade en toute liberté !

@decoration.axelcurvu-Intramuros

Rédigé par 
Cécile Papapietro-Matsuda

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À la Tools Galerie, Döppel Studio mets la lumière sur l’amphore avec « Néophore »

Jusqu’au 11 janvier, Döppel Studio présente à la Tools Galerie son exposition de 12 pièces uniques intitulée « Néophore ». Un projet qui croise les matières et surtout les usages avec un seul objectif : faire entrer la lumière.

Créer des objets lumineux à partir d’objets d’atmosphère, d’était un peu l’idée directrice de « Néophore ». Un projet carte blanche mené par Lionel Dinis Salazar et Jonathan Omar qui forment Döppel Studio depuis 2016. « On a fait beaucoup de collaborations avec des marques et on voulait repasser sur de la pièce unique avec une galerie. On a très vite pensé à Tools pour son esprit avant-gardiste et les prises de risques qu’elle avait pu prendre sur certaines collections. Nous avons rencontré le directeur Loïc Bigot il y a un an et demi avec qui il y a eu un réel échange d’idées tout au long du projet » raconte le duo.

Un symbole : l’amphore

L’idée de partir de la symbolique de l’amphore, ce vase antique le plus souvent utilisé comme contenant, est venu assez instinctivement. Le duo avait en effet eu l’occasion de travailler sur le thème de l’amphore lors de sa participation au concours de la Villa Noailles en 2016. Pour cette exposition, l’objectif de cette collection était cette fois-ci de lui faire prendre une toute autre fonction. « On a voulu retravailler la valeur d’usage de l’amphore en lui retirant cette faculté de contenant pour apporter de l’immatériel avec la lumière. On a confronté l’artefact de ce vase avec un objet plus technique, qui est ici le néon flex. » Pour réaliser les pièces, le duo s’est accompagné de la céramiste tourneuse Aliénor Martineau de l’atelier Alma Mater, situé à la Rochelle. Une première pour le duo, qui a dû sortir de l’aspect industriel pour se tourner vers l’artisanat et accepter l’aléatoire. Toutes les pièces sont par ailleurs recouvertes d’un émail avec nucléation, dont la composition permet d'obtenir des effets complexes qui laissent une part d’imprévu et rendent ainsi chaque pièce unique.

Exposition "Néophore" par Döppel Studio à la Tools Galerie © Ophélie Maurus

3 dessins, 12 possibilités

L’exposition « Néophore » présente ainsi douze pièces, sur une base de trois dessins qui ont ensuite été déclinés en fonction du passage du néon dans le vase. « On a volontairement pensé à des formes simples et archétypales, car on savait que la complexité, on l’amènerait avec le tressage et le néon. » Une technique minutieuse, puisque chaque vase est entouré ou enroulé de 2 à 3 mètres de néon, tressés par le duo lui-même. Une exposition qui ne manquera pas de retenir l’attention, à l’heure où les journées se raccourcissent et la lumière naturelle se fait de plus en plus rare…

Exposition "Néophore" par Döppel Studio à la Tools Galerie © Ophélie Maurus
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18/11/2024
Meljac au salon Interior Exterior & Design Meetings !

Organisé à Cannes du 19 au 21 novembre, le salon Exterior & Design Meetings prend ses quartiers au Palais des Congrès. Un salon axé sur l’échange entre professionnels, pour présenter une large gamme de matériaux, d’objets et de mobilier pour les projets de luxe et haut de gamme. Parmi eux, le fabricant français d’appareillages électriques haut de gamme Meljac.

Sur le stand D18 du salon, la marque française Meljac, spécialisée dans la conception d’interrupteurs haut de gamme présentera une large gamme d’interrupteurs, prises de courant, liseuses. En effet, les visiteurs pourront découvrir les diverses gammes standards mais également quelques exemples de réalisations sur-mesure, qui sont un des incontestables atout de la marque.

Allier savoir-faire, qualité et personnalisation

Meljac c’est surtout des pièces qui mettent en avant la noblesse du laiton, proposé sous divers formats et combinaisons possibles de mécanismes. La marque présentera également à ses visiteurs tous les offres en termes d’habillages, qu’il s’agisse de thermostats, de systèmes domotiques, de commandes de climatisation, de stores, de son… Des pièces proposées avec 29 finitions, issues d’un traitement de surface effectué en interne, gage du savoir-faire minutieux de la marque, permettant de fait de pouvoir proposer des Nickels, des Chromes, des Canon de Fusil, des Bronzes ou encore de la dorure.

En parallèle, la marque propose une offre de personnalisation qui fait sa force. En effet, qu’il s’agisse de gravures, de résines, de leds, rétroéclairage… Meljac offre de nombreuses options avec plusieurs designs et finitions de leviers ou de boutons-poussoirs, que les visiteurs auront l’occasion de découvrir sur le stand.

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Unheimlichkeit, « l'inquiétante étrangeté » d'Edgar Jayet

Le designer Edgar Jayet propose Unheimlichkeit, une nouvelle collection plus complète que ses précédentes et pensée comme un hommage au siècle des Lumières.

Voici une collection aux origines aussi diverses qu'à l'inspiration hors du temps. Hommage aux métiers d'art du XVIIIe siècle ainsi qu'au tissage vénitien, Unheimlichkeit est une collection contemporaine construite sur l'héritage du passé. Une dualité porteuse d'un concept et « d'un supplément d'âme » évoqué dans le nom même de la collection : Unheimlichkeit. Un mot concept inventé par Freud et traduit il y a plus de trois siècles par la reine Marie Bonaparte comme une « inquiétante étrangeté ». Une évocation aussi floue que intrigante réhabilitée par le designer, Edgar Jayet, dans cet ensemble de sept modules.

©Stéphane Ruchaud

Une association de techniques et de connaissances

Derrière son nom allemand, Unheimlichkeit est le fruit d'une rencontre transalpine. Inspiré par l'Hôtel Nissim de Camondo et sa vaste collection de pièces du XVIIIe siècle, Edgar Jayet avait depuis quelque temps l'idée de conjuguer son goût pour le mobilier d'antan et la création contemporaine. Une envie « de prolonger l'histoire » concrétisée en 2022 lorsqu'il rencontre à Venise où il séjourne fréquemment, la designer textile Chiarastella Cattana. Débute alors une collaboration faite de savoir-faire croisés où le travail de l'ébénisterie historique rencontre celui du tissage. Un projet nouveau pour le designer qui mêle ainsi « la structure d'un meuble typiquement français du XVIIIe siècle réalisée avec des pièces en fuseau (modules de forme pyramidale) reliées entre elles par des dès d'assemblages (petits cubes situés aux intersections du meuble), et un travail de passementerie issu d'un tissage italien originellement utilisé pour les lits de camp et nommé branda. » Une association esthétique mais également technique. « Avec la réutilisation de cette structure constituée de modules développés au XVIIIe siècle, nous pouvons facilement ajuster nos pièces en fonction des besoins de nos clients. » Un atout renforcé par l'absence de contrainte structurelle de l'assise, uniquement maintenue par deux cordons de passementerie. Une finesse grâce à laquelle « la toile semble flotter sur le cadre comme par magie, dégageant ainsi cette notion d'inquiétante étrangeté » résume le créateur.

©Stéphane Ruchaud

Travailler le présent pour ne pas oublier le passé

« Concevoir des collections contemporaines en y incorporant les techniques du passé est presque un exercice de style auquel je m'astreins pour faire perdurer ces savoir-faire, explique Edgar Jayet. C'est la raison pour laquelle on retrouve la passementerie dans plusieurs de mes créations. » Convaincu par l'importance de rassembler les époques, le designer précise avant tout travailler l'épure de chaque projet. « Unheimlichkeit montre qu'il est possible de faire du contemporain avec les techniques anciennes. Mais cela passe par la nécessaire obligation de faire fit de l'ornementation car c'est elle qui vieillit dans un projet, pas la structure. Ce décor servait autrefois à transmettre des messages ou des idées. Au XIXe siècle son utilisation surabondante et en toute direction menant à l'éclectisme signe véritablement sa fin et conduit progressivement vers le XXe siècle et sa maxime : form follows function. » Une lignée dans laquelle le designer s'inscrit. « A l'agence, nous essayons de récupérer l'essence même du mobilier en le dégageant au maximum de l'ornementation contextuelle et souvent anachronique. De cette façon, nous pouvons restituer des pièces de notre temps, mais semblant malgré tout flotter entre les époques. » Une démarche engagée dans les dernières collections d'Edgar Jayet où se retrouvent des typologies de meubles aujourd'hui disparues. On note par exemple le paravent d'un mètre de haut présenté à la galerie Sofia Zevi à Milan en 2023, mais également le siège d'angle. « Finalement, je crois que la permanence du style passe par le travail de la main. C'est elle qui apporte le supplément d'âme, le Unheimlichkeit théorisé par Freud, mais c'est également par son biais que les techniques refont vivre les époques passées » conclut-il.

©Stéphane Ruchaud
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