Recyclage et économie circulaire à Stockholm
Chaise HÅG Tion © Flokk

Recyclage et économie circulaire à Stockholm

Les questions de recyclage et d’économie circulaire font partie intégrante des réflexions les plus actuelles des designers. Une tendance largement constatée en septembre dernier lors de la Stockholm Design Week, tant du côté des projets en cours de studios aussi emblématiques que Form Us WIth Love, que dans les présentations de plusieurs nouveaux produits sortant des ateliers et showrooms des créateurs locaux.


Pour le studio/collectif de designers Form Us With Love, désormais implanté dans son tout nouvel espace de création à Stockholm, la grande question est désormais de savoir comment le design peut aider les entreprises à réfléchir à de meilleures façons de gérer les déchets et de penser le recyclage.

Le recyclage au cœur du design

Depuis quelques temps, le studio de Stockholm Form Us With Love collabore avec de grandes marques suédoises comme par exemple le fabricant de produits d’aménagements intérieurs Baux, avec lequel il a notamment conçu et développé un matériau d’isolation acoustique totalement écologique, Acoustic Pulp, qui associe les qualités fondamentales exigées par cette industrie (résistance au feu et à l’humidité en particulier) à une biodégradabilité totale.

Form Us With Love Exposition lors de la Stockholm Design Week

Dans le sillage de cette collaboration, Form Us With Love s’est aperçu que l’un des principaux défis aujourd’hui consistait à savoir comment traiter les énormes quantités de déchets existants pour les transformer en une nouvelle source de matière première. Avec Baux, le studio a donc travaillé sur des chutes de matières textiles pour imaginer une matière en feutre acoustique réutilisable afin de créer des panneaux isolants pour des environnements professionnels. Dans le même ordre d’idée, Form With Us Love travaille d’ailleurs également en ce moment avec l’entreprise Ludwig Svensson, spécialisée dans les matières technologiques pour l’agriculture sous serres, sur un projet de création de feutre traçable à partir d’écrans climatiques recyclés. Form Us With Love a également récemment collaboré avec IKEA pour créer la chaise Odger à partir de plastiques recyclés et de déchets de copeaux de bois récupérés.

Form Us With Love et le Royaume du Verre

Le principal souci dans le recyclage des énormes quantités de déchets industriels est que ceux-ci sont parfois impurs, car issus du mélange de différents matériaux ou contenant des matières toxiques, ce qui rend les processus de recyclage très complexes. C’est par exemple le cas du verre, dans lequel on peut trouver de l’arsenic ou du cadmium, rendant la réutilisation de ce matériau particulièrement sensible. Form Us With Love s’est donc associé sur un projet de recherche avec Rise, un laboratoire spécialisé dans le verre, et le groupe industriel suédois Ragn-Sells, spécialiste du recyclage, quant à la façon dont on pouvait recycler les nombreux déchets de l’industrie du verre encore stockés sur les sites industriels historiques du Småland, une région du sud du pays, historiquement connue sous le terme de « Royaume du Verre ». Le but de ce consortium est ainsi de trouver des moyens techniques de séparer les toxines du verre, mais pour Form Us With Love, l’objectif est avant tout d’identifier et de donner un aperçu pratique sur la façon dont ce verre décontaminé pourrait être recyclé dans des objets fonctionnels et produits à grande échelle. Comme l’indique Jonas Pettersson, directeur de Form Us With Love, « la diversité d’expertise de ce groupe offre une approche globale du problème qui est bénéficiaire pour tous. Nous apprenons ensemble, nous apprenons les uns des autres et tentons de mettre ce nouveau savoir partagé au service de nouvelles applications. »

Form Us With Love Exposition lors de la Stockholm Design Week
Form Us With Love Exposition lors de la Stockholm Design Week

Projets et prototypages en cours : Unit System

Structure collaborative par excellence, associée à différentes entreprises comme nous l’avons vu, mais regroupant aussi différents designers en son sein, Form Us With Love a d’ailleurs profité de l’occasion de la Stockholm Design Week pour présenter dans son atelier flambant neuf quelques projets de design en cours de prototypage ou de conception. Parmi eux, on peut citer le projet Unit System qui questionne la longévité d’objets conditionnés pour contenir des liquides ou des produits impropres à la consommation humaine (par exemple des lessives). Souvent, ces contenants sont jetés après usage. Form Us With Love réfléchit à la façon dont leur durée de vie peut être prolongée par le biais du réemploi (un peu comme des recharges que l’on pourrait reremplir et réutiliser). Des matériaux métalliques, comme l’aluminium ou l’acier, sont particulièrement étudiés pour leur capacité à être « reconfigurés » à multiples reprises et constituent en ce sens le cœur du système.

Form Us With Love, Exposition lors de la Stockholm Design Week

Zoom sur quatre mobiliers design et recyclés

Retour sur quatre collections et mobiliers présentés à la Stockholm Design Week qui mettent particulièrement en avant la notion de recyclage et d’économie circulaire, tant dans leur composition que dans leurs principes de réutilisation.

Lancée par la marque Flokk, la nouvelle série de chaises HÅG Tion se caractérise par sa fabrication réalisée avec 75% de matériaux recyclés (94 % pour les matières plastiques du siège et du dossier, et 98% en ce qui concerne les parties en aluminium) et un bois produit de manière durable. Sa création relève d’une collaboration entre l’équipe de design interne de Flokk (dirigée par Christian Lodgaard) et trois autres studios de design, dont le studio Hunting & Narud.  Sa conception avec un minimum de composants – ce qui permet de limiter son temps de production et la consommation énergétique attenante – et sans colle en facilite à la fois la réparation et le recyclage. Par ailleurs, les peintures ayant servi au vaste choix de couleurs de ces chaises pratiques et élégantes se révèlent elles aussi à 100% recyclés et ne contiennent aucun additif chimique.

Chaise HÅG Tion © Flokk
Chaise HÅG Tion © Flokk

Le modèle de chaises hautes Nomole, créé par la designer Ronja Reuber pour Offect Sweden, se caractérise visuellement par son aspect minimaliste, épuré et presque ludique avec sa barre d’appui pour les pieds et son dossier court légèrement décroché, dessinant une silhouette très graphique et linéaire.  Son nom même procède de cette tentation du « No More, No Less » (ni plus, ni moins) qui s’applique d’ailleurs à sa fabrication elle-même. Celle-ci est en effet basée sur l’utilisation de matériaux durables et recyclables, et vise comme le précise Ronja Reuber à « aller à l’essentiel, en utilisant le moins de matériel possible sans sacrifier l’expressivité ou l’usage ». La chaise Nomole peut ainsi être adaptée à différentes environnements, professionnels ou domestiques, et peut être facilement modifiée, réparée ou même réutilisée dans de nouveaux usages.

Tabouret Nomole, design Ronja Reuber pour Offect Sweden

Issu des Ekbacken Studios de la designer Kristina Tjäder, la chaise lounge Eel (et les modèles annexes de table basse Eel Side et Octopus Side) se caractérise par son amusant aspect torsadé, évoquant les formes fluides et recourbées de l’anguille (ou de la pieuvre) donnant ainsi son nom au produit. Pour autant ce modèle et l’activité même des Ekbacken Studios s’inscrivent dans un principe généralisé d’économie circulaire ne se référant pas seulement à la mer pour de simples soucis esthétiques. Dans le sillage de l’initiative Peniche Ocean Watch et des recherches en nouveaux matériaux menés par Ocean Techno Hub (deux structures initiatrices à l’arrivée des Ekbacken Studios), l’idée conductrice est de permettre à travers cette conception de mobiliers le recyclage de vieux filets de pêche collectés directement auprès des pêcheurs locaux au Portugal. À partir de ceux-ci, un nouveau matériau, le PENYLON© a même été créé.

Chaise Loung Eel, design Kristina Tjäder

Le nouveau modèle de chaises Gemla Open Chair, imaginé par la marque Gemla, l’une des plus anciennes marques de mobilier suédoise, se caractérise par sa réalisation, entièrement faite à la main, via la technique du bois courbé. Cette technique, associée à l’utilisation d’essences de bois bien spécifiques (hêtre, frêne), est particulièrement économe tant dans son impact carbone que dans son usage de matériaux bruts. Elle entraîne de ce fait très peu de pertes de bois, et donc de déchets. Elle permet de créer des produits très légers, mais aussi particulièrement structurés dans leur forme, et s’inscrit pleinement dans un cercle vertueux de durabilité associant résistance et solidité du produit. Sa fabrication est également optimisée pour la gestion des stocks, puisque chacune des chaises Gemla Open est faite uniquement sur commande.

Gemla Open Chair © Gemla
Gemla Open Chair © Gemla

Rédigé par 
Laurent Catala

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26/3/2025
warren & laetitia : quand le design fait bonne impression

Le studio warren & laetitia, qui célébrait ses cinq ans en décembre, fabrique divers objets en plastique recyclé grâce à l’impression 3D, depuis son atelier parisien. Un parti pris que le duo revendique fièrement et qui leur a permis de développer une identité créative forte.

« Dès qu’on réfléchit à un objet, on doit anticiper le fait qu’il va être imprimé en 3D et donc le concevoir pour qu’il s’adapte à ce mode de fabrication. » Warren Blauvac et Laëtitia Bou Acar se rencontrent sur les bancs de la fac à la Sorbonne et découvrent l’impression 3D dans le cadre d’un processus de prototypage et décident de pousser le processus plus loin. « C’était un mode de fabrication intéressant, car il nous permettait d’obtenir rapidement des objets en volume. Nous avons pu assez vite nous équiper d’une machine et commencer à créer en petite quantité, depuis chez nous et à moindre coût » explique le duo.

Bougeoirs 2.20, design : warren&laetitia

En 2020, ils créent leur studio et lancent leur premier objet : le double bougeoir, qui a la particularité, comme son nom l’indique, d’avoir un double usage. Il peut en effet servir de chauffe-plat ou de chandelle selon son inclinaison. Depuis, ils conçoivent toutes sortes d’objets du quotidien, du pot à crayons Henri au calendrier Joe, en passant par la collection de vases Alvarò. Et si se spécialiser dans l’impression 3D a été une évidence pour eux, utiliser un matériau recyclé  et recyclable l’était tout autant. Ils privilégient ainsi le rPLA ou encore le r-PETG, des plastiques issus du recyclage d’emballages alimentaires ou de bouteilles en plastique.

Pot à crayons Henri, Vase Alvarò XL et Bougeoir 2.20, design : warren&laetitia

Jouer sur les assemblages de pièces

Très vite, warren & laetitia s’intéressent aux luminaires. Mais, contraints par la taille des pièces qu’ils peuvent concevoir, ils imaginent des modèles à assembler en plusieurs éléments. La suspension Gigi, initiée en 2021 et devenue l’un de leurs best-sellers, est ainsi proposée en quatre versions différentes. Celles-ci sont toutes composées des mêmes pièces, interchangeables et modulables. Ce qui fait varier la lampe, c’est la manière dont les éléments sont assemblés. « On aime créer des luminaires, il se passe quelque chose de particulier avec ces objets lumineux. Ce que nous recherchons, c’est surtout que les gens puissent s’approprier leur lampe et avoir l’impression que les possibilités sont infinies. »

Suspension Gigi, design : warren&laetitia

La version en applique, Mina, a ensuite été développée en deux tailles et trois couleurs différentes, tandis que la Gigi a quant à elle été déclinée en lampe à poser. Toujours en luminaire, ils dévoilaient en septembre 2024, le modèle d’appoint Nour, très différent de ceux qu’ils avaient proposés jusqu’ici, et pouvant s’adapter à tous les usages. Début mars, ils présentaient leur nouvelle suspension Romi qui, dans le même esprit que Gigi, se compose de plusieurs pièces modulables en trois configurations.

Lampe à poser Nour, design : warren&laetitia

Repousser les limites de l’impression 3D

Aujourd’hui, le studio gère sa production grâce à 45 machines semi-automatisées qui tournent en permanence. Une production à l’échelle du studio, qui a tout de même permis de fabriquer 6 000 lampes en 2024. « Nos objets sont composés de plusieurs éléments, avec une approche un peu totémique, ce qui nous permet de proposer des pièces plus imposantes que ce que nos machines pourraient produire en une seule fois. » Et opter pour l’impression 3D présente des avantages, mais implique aussi des contraintes. Bien que le duo anticipe au maximum le design de ses objets pour qu’il corresponde aux exigences de leurs machines, le risque zéro n’existe pas. Pour autant, se confronter à ces défis techniques est une véritable motivation. « Il est généralement compliqué de créer des objets avec de grandes parties en porte-à-faux. Comme ils sont creux à l’intérieur, il faut jouer avec les réglages. Mais nous aimons ce challenge : pousser la technique à l’extrême pour voir si nous parvenons à obtenir une forme inédite. » Une problématique qui s’était notamment posée avec la patère Amy, en raison de la complexité de l’assemblage entre la pièce imprimée et l’élément en bois.

Série de patères Amy, design : warren&laetitia

Une volonté de repousser les limites qui s’accompagne finalement d’une ambition grandissante, celle de concevoir des pièces encore plus grandes et, pourquoi pas, tester d’autres matériaux. « Nous aimerions un jour créer un lampadaire, voire aller encore plus loin. Nous avons bâti toute une identité autour de l’impression 3D, mais pas seulement. Il y a aussi un véritable travail sur la couleur et la modularité des pièces qui sont des aspects que nous souhaitons continuer à développer. »

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21/3/2025
Intramuros #223 : Italia !

L’Italie, l’amour et nous

Un Italien, c’est un Français amoureux. Amoureux du beau, de l’usage, du confort, mais aussi du risque. Un Français faisant confiance à l’intuition des créateurs, à leur inventivité, à leur folie.

Durant la Renaissance et lors de l’après-guerre, l’Italie fut le centre du monde créatif. Ne cessant de se remettre en question, des années 1930 jusqu’aux années 1980, du Gruppo 7 jusqu’à la Tendenza ayant abouti, in fine, au postmodernisme, le design italien a su s’appuyer sur un esprit entrepreneurial intuitif parce que culturel.
Comme les plus belles des idées ne peuvent changer le monde qu’à condition d’être appliquées, l’Italie a su construire un tissu industriel puissant, performant et innovant, fait de grandes entreprises mais également d’artisans au savoir-faire unique, mêlant traditions et recherche perpétuelle de progrès, au service d’une qualité reconnue dans le monde entier.

Et ce sont peut-être les Français qui en parlent le mieux, de Norguet à Massaud en passant par Jouin et Gallina : tous, s’ils vantent un sens aigu de la compréhension des créatifs, reconnaissent les vertus du modèle italien où chaque artisan ou petite entreprise est ultraspécialisé, ne cherche pas à cannibaliser son voisin, préférant la collaboration fidèle au grignotage de parts de marché, la fraternité et la solidarité à la diversification tous azimuts.

Cet esprit de famille, que l’on retrouve dans la genèse des grands éditeurs, semble être la valeur fondamentale de la success-story du design italien. Une solidarité, une entraide, une forme d’approche clanique dans la recherche de croissance et, surtout, de qualité, faisant de bâtisseurs sur plusieurs générations les phares internationaux dans la recherche immuable du dessin parfait transformé en bel objet.

Et si nous rassemblons, pour la première fois, des entreprises et des institutions françaises au sein d’Intramuros Milano x Labò, c’est parce que nous aussi, en France, nous avons de grands éditeurs et de grandes institutions, d’uniques savoir-faire et de talentueux créateurs.
Plus que jamais, « Intramuros » doit les soutenir et les valoriser pendant cette semaine internationale du design, à travers un investissement humain mais aussi matériel, faisant rayonner les Français ayant pris le risque fou de rendre notre pays plus beau.

Sommaire

Design 360

Italian Story

Design industriel, un ancrage territorial et durable

Esprit de famille(s)

Luce

Lien affectif, le design au quotidien

Made in Italy, quand les mains s’expriment

Brionvega, Technogym, Boffi : le design comme ADN

Prada : La liberté de créer depuis plus de cent ans

Vespa et Fiat 500 : Iconico per l’eternità

Milan, capitale mondiale du design

Rising Talents

Formafantasma, ou le design analytique

E-ggs : le sens du collectif

Alessandro Stabile : le design sans limites

Dans le laboratoire de Marco Campardo

Elena Salmistraro. Hybride et joyeux

Draga & Aurel, Grands écarts

Les racines de Giuseppe Arezzi

Simone Bonanni, un designer visionnaire au service de l’émotion

Alessandro Zambelli, conteur d’objets

Elisa Ossino : formes, volumes et abstraction

Brogliato-Traverso : La méthode d’appropriation

Marni, dans les bras de Francesco Risso

Valerio Sommella, L’alliance parfaite entre innovation et tradition

French Touch

Jouin, Norguet, Massaud, Gallina : born in France, made in Italy

Intramuros Milano x Labò

Labò

Mobilier National

Campus MaNa

K3

Duvivier Canapés x Lelièvre

Source Edition

Bureau du Design, de la Mode et des Métiers d’Art de la Ville de Paris

Ego Paris

Objekto

International Design Expeditions

Prix Amour Vivant

L'ameublement Français exporte les savoir-faire

Brossier Saderne

Roger Pradier x Pyrex

Marc Brétillot

Extreme

Experimenta

Laboratoires des pratiques durables

In the Air

Biennale de Saint-Etienne

Agenda

Retrouvez ce numéro en kiosque mais aussi directement sur notre boutique en ligne.

Temps de lecture
20/3/2025
Mynt : la mécanique du confort selon Erwan Bouroullec

Erwan Bouroullec et Vitra présentent Mynt. Une chaise ergonomique et polyvalente, inscrite dans la continuité du travail du designer, et rendue possible grâce au développement d'un nouveau mécanisme répondant aux besoins du corps.

C'est une assise dont l'apparente simplicité structurelle s'inscrit dans un parti-pris design basé sur l'innovation mécanique. Éditée et développée avec l'aide de Vitra, la dernière création d'Erwan Bouroullec, Mynt, est une chaise polyvalente aux lignes fines et discrètes. Pourtant, derrière cette allure passe-partout, se cache un objet particulièrement technique et innovant. Imaginée pour être « véritablement ergonomique » grâce à son mécanisme central dissimulé, Mynt réunie l'approche contemporaine du designer et l'histoire moderniste de cet incontournable : la chaise.

©Vitra

Une matérialisation de la vision Bouroullec

C'est une chaise dont la genèse est surtout celle d'une vision. « Lorsque Ronan et moi avons commencé à travailler avec Vitra il y a plus de 20 ans, nous nous sommes attaqué à la question du meuble qui, jusqu'alors, allait souvent de pair avec une personne et une fonction donnée. Ça donnait parfois des espaces un peu ratés parce que l'objet était machinique, la décoration forcée ou les matériaux mal choisis. Nous nous sommes dit qu'il ne fallait plus penser l'ergonomie du poste de travail, mais progressivement s'attaquer à l’endroit dans sa globalité, penser l'ergonomie de groupe. » raconte Erwan Bouroullec. Le duo de designer se lance alors - entre autres choses - dans la chaise de bureau, avec pour volonté de « despécifier » les objets. « Si vous installez des chaises de bureau dans une cafétéria, vous aurez tendance à figer les utilisateurs. L'idée a donc été de mettre des meubles polyvalents. Au lieu de faire des chaises de travail, on a fait des chaises. Au lieu de faire des tables de travail, on a fait des tables comme Joyn. » C'est selon cette ligne polyvalente et adaptable que Mynt a été pensée.

©Vitra

Faire corps avec l'objet

« Ma vision du design est assez darwiniste. Je vois les choses à travers leur évolution. Comme le premier canapé résulte d'une déformation progressive du banc, la chaise de travail vient de la machine à écrire, puis du clavier, puis de l'écran. Bref, une nouvelle manière de travailler qui a progressivement rendu le corps statique. » Un constat sur lequel le designer a construit sa réflexion combinant l'impératif contemporain de produire en étant assis, et le besoin instinctif de bouger. Autrement dit, favoriser la concentration grâce au maintien du corps dans un état d'équilibre actif (comme sur un vélo par exemple). Pour cela, Erwan Bouroullec s'est notamment intéressé à l'évolution mécanique des assises. « Au XIXe siècle, les premiers mouvements du dos ont été permis grâce à l'invention de la chaise tournante. Un siècle après, le tilt (inclinaison simultanée de l'assise et du dossier) a fait son apparition permettant la création du mouvement synchronisé dans les années 70 et 80. » Ce dernier permet selon un rapport de proportionnalité représenté sous forme d'une courbe, d'incliner le dossier de 5 ou 10 degrés lorsque l'assise est penchée de 10 ou 20 par exemple. « Mynt c'est donc ça, désynchroniser encore plus le mouvement synchronisé de sorte à libérer davantage le corps et ses mouvements inconscients. »

©Vitra

Mécaniser efficacement le mouvement

Fruit d'une collaboration de longue date entre la maison d'édition spécialisée dans la création de mécanismes et le designer, Mynt a nécessité de longs échanges. « Le principe même n'était pas très complexe, mais j'avais besoin d'un système novateur et précis adapté à des sièges grand public. On ne fait pas un vélo avec un moteur de Ferrari ! Je ne voulais pas faire une chaise toujours plus qui se rapproche de l'univers du gaming ou tout est réglable, mais au contraire, un travail d’ingénierie qui permette de faire le minimum, mais efficacement » résume le designer. Car si le siège du gameur à l'avantage du tout réglable, il n'est « ni plaisant esthétiquement (trop de boutons et de rampes) ni polyvalent dans la vie quotidienne car il est si personnalisable que chacun finit par avoir besoin du sien ».

Pour Mynt, Ronan Bouroullec a de fait évacué tout le superflu. Le cinquième pied – traditionnel sur les chaises de bureau - a disparu après de nombreuses études techniques visant à amincir au maximum les quatre autres, et l'axe central à lui été diminué de quelques centimètres, supprimant ainsi les positions les plus hautes ainsi que les plus basses, peu utilisées. Deux démarches visant à simplifier et à alléger formellement et environnementalement la chaise. « Une branche d'arbre est élégante et naturelle parce que les embranchements eux-mêmes sont utiles. Il y a donc un lien entre l'élégance et l'efficience structurelle. » Une inspiration visible au niveau du rattachement fluide des accoudoirs à la partie basse. Réalisé par encastrement, il permet de relier le dossier flottant à l'assise de manière visible. Un parti-pris tout aussi technique qu'esthétique voulu par le designer pour qui « l'élégance permet au corps de se sentir bien ».

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17/3/2025
Les solutions AxProconcept présentées au salon HR Meetings

L’entreprise spécialisée dans la fabrication de matériaux de finition à destination de l’hôtellerie AxProconcept sera présente au salon HR Meetings, à Cannes du 18 au 20 mars. L’occasion de découvrir les solutions innovantes et durables de l’entreprise, notamment sa dernière nouveauté : la moquette AxBio®.

C’est au sein du Palais des festivals et des congrès, le salon Hotels&Restaurants Meetings, salon de référence one to one à destination du secteur de l’hôtellerie et de la restauration, accueille une nouvelle édition les 18,19 et 20 mars. Parmi les exposants, l’entreprise AxProConcept, donne rendez-vous aux professionnels de l’hôtellerie sur le stand A20 afin de présenter ses produits et dernière solutions.

AxBio®, une solution qui allie innovation et durabilité

Parmi son offre complète de solutions FF&E clés en main pour les hôtels et les navires de croisière, l’entreprise souhaite mettre l’accent sur sa dernière nouveauté en date et unique sur le marché : l’AxBio®. En effet, le produit est une moquette tissée en Axminster, 100 % biodégradable, fabriquée exclusivement à partir de matières naturelles. “Chez AxPro Concept, nous croyons fermement que le design doit allier beauté et responsabilité. Le lancement d’ AxBio® marque une étape clé dans notre engagement à offrir des produits respectueux de l’environnement tout en répondant aux exigences des secteurs comme l'hôtellerie et croisières” déclarait notamment le CEO de la marque Robert Lenko. La moquette AxBio® est fabriquée à partir de fibres de laine naturelles, lui offrant une résistance au feu et lui permettant de réguler l'humidité intérieure. Un produit d’avancée majeure pour le secteur, tant pour ses avancées écologiques que pour son offre en termes de confort et d’esthétisme, qui permet par ailleurs aux hôteliers de participer activement à la démarche ESG (Environnement, Social, Gouvernance).

En plus de sa présence sur le stand, le produit AxBio® a été sélectionné parmi les finalistes du concours Innovation Award, organisé dans le cadre d’Hotel & Restaurant Meetings, dont les lauréats seront dévoilés lors du salon.

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