Stockholm Design Week
La Stokholm Design Week revient du 5 au 9 septembre avec un programme riche d’expositions, de conférences, d’ateliers… Une semaine pop-up qui a pour objectif de renforcer le design dans la capitale suédoise.
Après une édition d’automne réussie l’an dernier, la Stockholm Design Week est de retour avec cette fois-ci une édition pop-up en septembre. Une semaine qui propose notamment de créer des réseaux grâce à sa plateforme dédiée, découvrir les nouveautés, trouver de l’inspiration et échanger les idées ensemble.
Un large panel de marques attendues
De nombreuses enseignes telles que Bolon, Montana, Occhio, Kinnarps, Fogia, Layered, Swedese et Svenskt Tenn présenteront leurs nouveautés dans au sein de leur showrooms. La marque d’éclairage Belid présentera quant à elle une nouvelle collaboration avec le duo de designers Färg & Blanche, tandis que le designer Nick Ross présentera une exposition dans l’une des salles impressionnantes du musée d’histoire suédois. Autre actualité : l’architecte Andreas Martin-Löf lancera sa nouvelle marque de luminaires et le studio de design Gustaf Westman prévoit plusieurs événements au sien de son nouveau studio durant les cinq jours. Audi, marque engagée de la Stockholm design week, organisera plusieurs conférences et événements inspirants dans son showroom.
Au cours de ces cinq jours, la Stockholm Design Week profitera également de l’occasion pour présenter les nouveautés à venir lors de la prochaine édition de la Stockholm Furniture Fair en février 2024, ainsi que The Guest of Honour 2024.
Depuis 2002, Taf Studio n’a de cesse de conjuguer processus artisanaux et industriels dans le développement de leurs projets. Basé à Stockholm, le binôme travaille à l’échelle internationale tant en design produit qu’en architecture d’intérieur. Lors de la dernière Stockholm Design Week, Taf Studio a présenté une nouvelle collection avec Artek et a exposé à la Auction House Bukowskis une série de piédestaux et de podiums. « Fundament », un hommage à la fonction et à l’humilité, mettait en lumière des éléments de présentation à nu, un clin d’œil à l’interprétation des codes revue par le duo. Rencontre avec Gabriella Lenke et Mattias Stahlbom, un studio prolifique qui met en avant toute la subtilité de la conception.
C’est au cours de leur cursus en architecture d’intérieur et design de mobilier, à l’école d’art Konstfack, que Gabriella Lenke et Mattias Stahlbom se sont rencontrés. En partant du constat que tout ce qui les entoure a un impact sur la vie quotidienne, ils accordent une grande importance à la qualité de fabrication, aux détails, aux couleurs, voire aux textures qui interagissent sur l’environnement. Remportant un concours pendant leurs études, ils décident de travailler ensemble et fondent Taf Studio dé à l’issue des examens de fin d’études.
L’esprit du design scandinave
Quand on leur demande les spécificités du design scandinave, ils évoquent l’infiuence de certains éléments naturels sur la création : « Les conditions géographiques, le manque de lumière en hiver, le bois environnant utilisé de manière intensive ont façonné un style scandinave qui reste très varié et influencé par le reste du monde. Le design scandinave conserve une pertinence dans la création grâce à des valeurs sociales qui font partie de sa réputation. Notre production est, à notre sens, notre façon de comprendre et donc de contribuer au monde actuel, par le biais, notamment de changements subtils mais efficaces tant dans l’apparence que dans le fonctionnement des produits et des espaces. »
Processus créatif
Dans leur atelier, les étagères sont meublées de nombreuses maquettes de projets, à des échelles très variées. Chaque projet commence par une discussion qui permet d’établir un cahier des charges. Ils ont une prédilection pour le papier, et c’est lui qui va donner le la au processus de création. Il est à la fois support pour dessiner et construire modèles et maquettes : ‘Nous faisons aussi beaucoup de modélisation et d’impressions 3D. La phase la plus importante réside dans l’élaboration des modèles physiques et analogiques. Notre vision est avant tout inclusive, elle intègre fonction et esthétique. C’est une approche post-moderniste. Nous ne faisons pas de distinction entre espace et produit, dans le sens où nous intégrons l’espace dans la conception de nos meubles, et vice-et-versa. Bien entendu, la fonction reste primordiale. L’objet utilitaire est partie intégrante de notre pratique. »
Inspiration et créativité
Encore une fois, c’est le papier qui est leur source d’inspiration. L’observation est élémentaire : que ce soit celle des objets du quotidien, de l’héritage ou des connaissances des entreprises avec lesquelles ils travaillens contribuent à enrichir la créativité. : « Le Japon est une source d’inspiration forte, tout comme les réalisations du cinéaste Roy Anderson. Certains designers, comme Achille Castiglioni, Dieter Rams, Alvar Aalto, Jean Prouvé ou encore Enzo Mari nous ont transmis un héritage évident, mais nous nous tournons plus naturellement vert l’art et le septième art. »
Collaborations longue durée
Au départ, « comme nous ne sommes pas formés à l’entreprenariat, nous devions démarcher les éditeurs. Essuyer un refus est toujours compliqué à gérer…. Depuis, cela fonctionne dans les deux sens. Nous entretenons de bonnes relations avec quelques grandes entreprises. C’est surtout à partir de briefs que nous travaillons. Mais nous sommes force de propositions et à l’origine de projets divers. C’est sans doute le meilleur combo, en termes de stimulation et de créativité. Nous évoluons alors différemment. » Ils ont construit des collaborations durables avec Artek et Muuto. Mais travaillent aussi avec Svenskt Tenn, Gärsnaäs, Fogia et String Furniture, sans compter des projets en devenir avec de nouvelles marques.
Ils ont aussi été sollicités par le Copenhagen Design Museum et le Musée National de Stockholm : « Pour le second, nous avons conçu du mobilier, et nous étions en charge de l’architecture intérieure du nouveau restaurant, avec la réalisation des arts de la table en prime. «
Une question de matériau
Leur production est marquée par un travail des matériaux rigides. « Nous nous intéressons surtout aux matériaux « classiques » comme le bois, le verre, l’acier et l’aluminium, sans doute par tradition scandinave. Nous nous intéressons aussi aux matériaux innovants, mais pour le moment, nous avons du mal à leur trouver suffisamment de durabilité pour les utiliser. Par ailleurs, nous prenons en compte le savoir-faire de nos clients qui travaillent surtout ces matériaux « classiques » .» Mais ils se tournent aussi vers les matériaux souples : « Nous avons exploré le textile pour la création de canapés et de tissus d’ameublement, ce qui nous a fait plaisir. Mais le manque de précision de ce matériau souple rend la tâche plus compliquée qu’avec une matière dure. Cela dit, nous aimerions vraiment développer le sujet.»
Des projets emblématiques
La chaise Atelier pour Artek a été un projet fort dans leur parcours : « Elle a été conçue pour le Musée National de Stockholm, dans le cadre de sa rénovation. Il s’agit d’une assise à la fois universelle, empilable et polyvalente, donc intemporelle. Nous avons aussi dessiné une lampe de bureau en bois, réalisée avec des matériaux simples. Ramener l’esthétique à l’essentiel est ce à quoi nous tendons. Nous traitons chaque mission de manière unique, mais un fil rouge les relie toutes, c’est une sorte de signature puisqu’elle découle de notre fonctionnement. »
Orrefors est une manufacture réputée internationalement pour la qualité de la transparence du verre. À la Stockholm Design Week était exposée la récente collaboration avec la designeuse Monica Förster, pour la collection Reed.
En juillet 2020, Monica Förster profitait en plein été d’une île désertée par les touristes pour raison de Covid. En résidence à la Villa San Michele d’Anacapri, elle s’est inspirée du magnifique jardin, et de tout le paysage environnant pour dessiner une collection pour Orrefors baptisée Reed. L’idée ? retranscrire dans la sensualité du verre, les mouvements délicats perçus dans la nature, celui des végétaux sous une brise, du murmure de la mer, des jeux d’ombres et de lumière. S’appuyant sur la haute technicité des artisans de la manufacture, elle a décidé – en bonne designeuse ! – de déjouer la contrainte pour en faire son atout. Elle s’est donc appuyée sur les jonctions des différentes sections du verre, pour accentuer ces arêtes justement, et donner subtilement du mouvement à cette série de vases sculpturaux. Juste sublime ! Mise en scène dans un décor végétal et accompagnée d’une composition sonore très douce, la présentation de la collection offrait un moment d’une belle poésie dans la frénésie de la Stockholm Design Week.
La Stockholm Furniture Fair a démarré en grandes pompes avec la première édition des Scandinavian Design Awards. Dans la catégorie Mobilier de l’année, c’est la chaise longue 4PM, designé par Chris Martin pour l’éditeur suédois Massproductions, qui a été récompensée.
Massproductions est un fabricant engagé dans le développement durable : il s’est vu d’ailleurs doublement récompensé lors des Scandinavian Design Awards. La chaise longue 4PM a été dévoilée à la Stockholm Furniture Fair. Ses formes dessinées par Chris Martin sont un hommage au designer italien Enzo Mari. Elle est conçue à partir de pin Douglas ou de cerisier, et joue sur le contraste entre ce matériau brut et l’ergonomie qui assure le confort. Comme le précise Chris Martin « « Une chaise longue n’est pas vraiment un meuble dont on aura jamais besoin, mais si on peut se l’offrir, elle peut dorer le quotidien. Et quand je dis peut se permettre, je veux dire peut se permettre en termes d’espace, car une chaise longue prend beaucoup de place par rapport à sa fonction. » Il ajoute : « « Le design d’Enzo Mari était d’un autre niveau. Il prenait soin de ne pas polluer le monde avec des objets. Il ne présentait rien qui ne puisse être justifié comme un produit durable. Il avait un talent qui vous inspire. » A noter, les informations peuvent être gratuitement téléchargées pour que chacun puisse éventuellement se construire l’assise.
À la Stockholm Furniture Fair, la section Greenhouse recelait de talents prometteurs. Parmi eux, le studio Yellowdot exposait des petites séries, véritables surprises visuelles.
Yellowdot est un jeune studio de design qui réunit Bodin Hon, et Dilara Kan. Tous deux se sont rencontrés lors de leurs études à l’Istituti Europeo Di Design à Milan, et ils partagent une appétence pour allier technologie et artisanat dans des créations très variées, utilisant ici la transparence de la coquille d’œuf pour un paravent ; là, jouant sur le contraste d’une sculpturale table en marbre, dont le plateau tourne avec une légèreté déconcertante. Sur leur stand de la Greenhouse, à la Stockholm Furniture Fair, ils ont notamment présenté leur nouvelle collection de luminaires Lattice, en impression 3D. Pour cette mini-série inspirée des néons et gratte-ciels de Hong Kong, l’ingéniosité est d’avoir trouvée la technique pour concevoir ce «treillis » de filaments thermoplastique de PLA , biosourcé. Un duo à suivre.
À la Stockholm Furniture Fair, Artek dévoilait la collection Kori, fruit d’une collaboration qui se poursuit tranquillement avec les designers de TAF Studio.
C’est une collection pensée pour durer comme le veut la ligne éditoriale d’Artek : pour cela, les designers de TAF studio ont d’abord travaillé à partir de l’élément principal de l’éclairage, l’ampoule, autour de laquelle ils ont décliné la forme du cône, dans une esthétique codifiée dans nos imaginaires (en référence au phare par exemple). Cette collection joue ainsi habilement sur les éclairages directs et indirects.
La collection Kori se compose d’une suspension qui est l’élément de base : dans un principe d’un réceptacle sous forme de « panier » l’éclairage combine une lumière directe (pour un cône étroit ) ou plus diffuse (cône plus large). Équipée d’un disque qui fait office d’abat-jour, la suspension propose pour un éclairage plus important, mais qui reste doux. De même équipée d’un abat-jour ,« en forme de dune » selon les designers, la suspension projette alors un éclairage direct.
La collection comprend aussi une lampe à poser, disponible en blanc et en orange vif. Son originalité ? inverser le principe du cône pour pour modeler la diffusion de la lumière. Une version lampadaire est aussi proposée.
C’est dans le prestigieux city hall de Stockholm, hôte de la traditionnelle cérémonie de prix Nobel, que la première édition des Scandinavian Design Awards s’est déroulée le 6 février, donnant le top départ de la Stockholm Furniture Fair et de la Stockholm Design Week. Huit prix ont été décernés.
Fruit d’un partenariat entre la société d’édition It Is Media et le Stockholm Furniture Fair, les premiers Scandinavian Design Awards ont été attribués le lundi 6 février. Des prix décernés par un jury présidé par l’historien de l’architecture et écrivain Martin Rörby, et composé de 19 autres membres, tous issus des secteurs de l’architecture et du design en Suède, Norvège, Danemark et en Finlande. Un prix visant à célébrer les acteurs scandinaves, établis ou jeunes talents, dans le domaine de l’architecture, de l’architecture d’intérieur, du design et du paysagisme. Une soirée réussie, qui, loin d’être ultra protocolaire, distillait une énergie bienveillante, de l’humour et des pauses musicales.
Un prix, 8 catégories
Pour son lancement, les organisateurs ont déterminé 8 catégories. Les 4 premières concernaient des produits ou projets remarquables et les 4 autres catégories distinguaient des professionnels dans chaque domaine précité. Les lauréats 2023 sont ainsi :
- Designer de l’année : le duo suédois Folkform, formé par Anna Holmquist et Chandra Ahlsell
- Architecture de l’année : projet The Plus mené par BIG (Bjarke Ingels Group) pour Vestre
- Editeur de l’année : Massproduction
- Etoile montante de l’année : le designer finlandais Antrei Hartikainen
- Paysagiste de l’année : remis à Mariann Gundersen pour « Vill hageglede » (jardin privé du propriétaire)
- Mobilier de l’année : chaise longue 4PM, designée par Chris Martin pour Massproductions
- Elément d’architecture d’intérieur de l’année : la Lampe The Soft Serve par Crème Atelier
- Prix du développement durable de l’année : Vestre pour le site The Plus
Les projets des lauréats sont exposés à la Stockholm Furniture Fair, et l’on peut également découvrir une exposition scénographiée par Folkform à la Stockholm Design Week, chez Svenskt Tenn.
Les questions de recyclage et d’économie circulaire font partie intégrante des réflexions les plus actuelles des designers. Une tendance largement constatée en septembre dernier lors de la Stockholm Design Week, tant du côté des projets en cours de studios aussi emblématiques que Form Us WIth Love, que dans les présentations de plusieurs nouveaux produits sortant des ateliers et showrooms des créateurs locaux.
Pour le studio/collectif de designers Form Us With Love, désormais implanté dans son tout nouvel espace de création à Stockholm, la grande question est désormais de savoir comment le design peut aider les entreprises à réfléchir à de meilleures façons de gérer les déchets et de penser le recyclage.
Le recyclage au cœur du design
Depuis quelques temps, le studio de Stockholm Form Us With Love collabore avec de grandes marques suédoises comme par exemple le fabricant de produits d’aménagements intérieurs Baux, avec lequel il a notamment conçu et développé un matériau d’isolation acoustique totalement écologique, Acoustic Pulp, qui associe les qualités fondamentales exigées par cette industrie (résistance au feu et à l’humidité en particulier) à une biodégradabilité totale.
Dans le sillage de cette collaboration, Form Us With Love s’est aperçu que l’un des principaux défis aujourd’hui consistait à savoir comment traiter les énormes quantités de déchets existants pour les transformer en une nouvelle source de matière première. Avec Baux, le studio a donc travaillé sur des chutes de matières textiles pour imaginer une matière en feutre acoustique réutilisable afin de créer des panneaux isolants pour des environnements professionnels. Dans le même ordre d’idée, Form With Us Love travaille d’ailleurs également en ce moment avec l’entreprise Ludwig Svensson, spécialisée dans les matières technologiques pour l’agriculture sous serres, sur un projet de création de feutre traçable à partir d’écrans climatiques recyclés. Form Us With Love a également récemment collaboré avec IKEA pour créer la chaise Odger à partir de plastiques recyclés et de déchets de copeaux de bois récupérés.
Form Us With Love et le Royaume du Verre
Le principal souci dans le recyclage des énormes quantités de déchets industriels est que ceux-ci sont parfois impurs, car issus du mélange de différents matériaux ou contenant des matières toxiques, ce qui rend les processus de recyclage très complexes. C’est par exemple le cas du verre, dans lequel on peut trouver de l’arsenic ou du cadmium, rendant la réutilisation de ce matériau particulièrement sensible. Form Us With Love s’est donc associé sur un projet de recherche avec Rise, un laboratoire spécialisé dans le verre, et le groupe industriel suédois Ragn-Sells, spécialiste du recyclage, quant à la façon dont on pouvait recycler les nombreux déchets de l’industrie du verre encore stockés sur les sites industriels historiques du Småland, une région du sud du pays, historiquement connue sous le terme de « Royaume du Verre ». Le but de ce consortium est ainsi de trouver des moyens techniques de séparer les toxines du verre, mais pour Form Us With Love, l’objectif est avant tout d’identifier et de donner un aperçu pratique sur la façon dont ce verre décontaminé pourrait être recyclé dans des objets fonctionnels et produits à grande échelle. Comme l’indique Jonas Pettersson, directeur de Form Us With Love, « la diversité d’expertise de ce groupe offre une approche globale du problème qui est bénéficiaire pour tous. Nous apprenons ensemble, nous apprenons les uns des autres et tentons de mettre ce nouveau savoir partagé au service de nouvelles applications. »
Projets et prototypages en cours : Unit System
Structure collaborative par excellence, associée à différentes entreprises comme nous l’avons vu, mais regroupant aussi différents designers en son sein, Form Us With Love a d’ailleurs profité de l’occasion de la Stockholm Design Week pour présenter dans son atelier flambant neuf quelques projets de design en cours de prototypage ou de conception. Parmi eux, on peut citer le projet Unit System qui questionne la longévité d’objets conditionnés pour contenir des liquides ou des produits impropres à la consommation humaine (par exemple des lessives). Souvent, ces contenants sont jetés après usage. Form Us With Love réfléchit à la façon dont leur durée de vie peut être prolongée par le biais du réemploi (un peu comme des recharges que l’on pourrait reremplir et réutiliser). Des matériaux métalliques, comme l’aluminium ou l’acier, sont particulièrement étudiés pour leur capacité à être « reconfigurés » à multiples reprises et constituent en ce sens le cœur du système.
Zoom sur quatre mobiliers design et recyclés
Retour sur quatre collections et mobiliers présentés à la Stockholm Design Week qui mettent particulièrement en avant la notion de recyclage et d’économie circulaire, tant dans leur composition que dans leurs principes de réutilisation.
Lancée par la marque Flokk, la nouvelle série de chaises HÅG Tion se caractérise par sa fabrication réalisée avec 75% de matériaux recyclés (94 % pour les matières plastiques du siège et du dossier, et 98% en ce qui concerne les parties en aluminium) et un bois produit de manière durable. Sa création relève d’une collaboration entre l’équipe de design interne de Flokk (dirigée par Christian Lodgaard) et trois autres studios de design, dont le studio Hunting & Narud. Sa conception avec un minimum de composants – ce qui permet de limiter son temps de production et la consommation énergétique attenante – et sans colle en facilite à la fois la réparation et le recyclage. Par ailleurs, les peintures ayant servi au vaste choix de couleurs de ces chaises pratiques et élégantes se révèlent elles aussi à 100% recyclés et ne contiennent aucun additif chimique.
Le modèle de chaises hautes Nomole, créé par la designer Ronja Reuber pour Offect Sweden, se caractérise visuellement par son aspect minimaliste, épuré et presque ludique avec sa barre d’appui pour les pieds et son dossier court légèrement décroché, dessinant une silhouette très graphique et linéaire. Son nom même procède de cette tentation du « No More, No Less » (ni plus, ni moins) qui s’applique d’ailleurs à sa fabrication elle-même. Celle-ci est en effet basée sur l’utilisation de matériaux durables et recyclables, et vise comme le précise Ronja Reuber à « aller à l’essentiel, en utilisant le moins de matériel possible sans sacrifier l’expressivité ou l’usage ». La chaise Nomole peut ainsi être adaptée à différentes environnements, professionnels ou domestiques, et peut être facilement modifiée, réparée ou même réutilisée dans de nouveaux usages.
Issu des Ekbacken Studios de la designer Kristina Tjäder, la chaise lounge Eel (et les modèles annexes de table basse Eel Side et Octopus Side) se caractérise par son amusant aspect torsadé, évoquant les formes fluides et recourbées de l’anguille (ou de la pieuvre) donnant ainsi son nom au produit. Pour autant ce modèle et l’activité même des Ekbacken Studios s’inscrivent dans un principe généralisé d’économie circulaire ne se référant pas seulement à la mer pour de simples soucis esthétiques. Dans le sillage de l’initiative Peniche Ocean Watch et des recherches en nouveaux matériaux menés par Ocean Techno Hub (deux structures initiatrices à l’arrivée des Ekbacken Studios), l’idée conductrice est de permettre à travers cette conception de mobiliers le recyclage de vieux filets de pêche collectés directement auprès des pêcheurs locaux au Portugal. À partir de ceux-ci, un nouveau matériau, le PENYLON© a même été créé.
Le nouveau modèle de chaises Gemla Open Chair, imaginé par la marque Gemla, l’une des plus anciennes marques de mobilier suédoise, se caractérise par sa réalisation, entièrement faite à la main, via la technique du bois courbé. Cette technique, associée à l’utilisation d’essences de bois bien spécifiques (hêtre, frêne), est particulièrement économe tant dans son impact carbone que dans son usage de matériaux bruts. Elle entraîne de ce fait très peu de pertes de bois, et donc de déchets. Elle permet de créer des produits très légers, mais aussi particulièrement structurés dans leur forme, et s’inscrit pleinement dans un cercle vertueux de durabilité associant résistance et solidité du produit. Sa fabrication est également optimisée pour la gestion des stocks, puisque chacune des chaises Gemla Open est faite uniquement sur commande.
À l’occasion de la Stockholm Design Week de septembre, le fabricant de luminaires Wästberg et le studio de design et d’architecture Claesson Koivisto Rune profitent du lancement de la nouvelle série w221 medium pour proposer une scénographie brute et immersive de leur collaboration dans le cadre éphémère d’une ancienne laverie.
En septembre, La Suède retrouvait des couleurs en termes de design avec la tenue d’une Stockholm Design Week exceptionnelle, marquant à la fois la fin d’une période pandémique particulièrement difficile pour les créateurs locaux et une préfiguration de la tenue normale de la manifestation, qui aura lieu l’an prochain en février à ses dates habituelles, parallèlement à la Stockholm Furniture & Light Fair. Si l’exposition officielle consacrée aux tendances actuelles du design scandinave, Moving Forward, occupait l’un des espaces du grand magasin NK au cœur de la capitale, de nombreux autres lieux, en particulier des showrooms de designers locaux comme Hem ou Flokk, marquaient l’évènement en invitant à venir découvrir leurs produits et créations. Dans ce cadre, une collaboration détonne : celle réunissant le fabricant de luminaires Wästberg et le studio de design et d’architecture Claesson Koivisto Rune autour du lancement de la nouvelle gamme de lampe à suspension medium w221.
Ballet de lampes
C’est en effet dans les sous-sols d’une ancienne laverie du centre de Stockholm que la marque et le studio de design avaient décidé de créer une véritable exposition en mode pop-up pour une semaine de durée. L’idée : présenter non seulement la nouvelle gamme, mais également les deux précédentes issues de la collaboration entre Wästberg et Claesson Koivisto Rune, à savoir les modèles extra petite w201 et extra large w151.
Dans cet espace réduit mais confortable en profondeur, brut de décoffrage avec ses murs en béton mais épousant parfaitement l’esthétique minimaliste des lampes, le rendu visuel est saisissant. Un véritable ballet de lampes coniques aux tailles variables, plus ou moins évasées dans leurs formes exagérées, et où le contraste de couleurs entre les blancs et les noirs renforcent la nature brutaliste, se dévoile. « C’est le seul moment où l’on peut voir tous ces modèles réunit ensemble » se réjouit Eero Koivisto, en se réjouissant d’avoir pu mener à bien ce projet d’exposition éphémère et de scénographie des lieux en si peu de temps. « Notre idée était de mettre en valeur les lampes tout en préservant la nature brute des lieux dans la façon de les montrer. Il y a un choix d’harmonie brute dans le fait d’accorder les lampes en coloris noir du côté des murs les plus blancs, et inversement, les lampes en coloris blancs du côté des murs plus sombres. Nous avons également pensé le mobilier qui enserre le dispositif des lampes en réemployant des canapés eux aussi très bruts et minimalistes dans leur format ».
Opportunément, la série de lampes à suspension w221 vient s’intercaler entre les plus grands modèles x151 et les petits modèles x201. Les jeux de proportion entre les différentes pièces sont donc eux aussi particulièrement valorisés dans la mise en scène. « Nous avons introduit une distance progressive entre les différentes pièces, les plus petites et les plus grandes, afin de créer une véritable perspective visuelle », poursuit Eero Koivisto.
Éloge de la durée
Le rapport au béton se fait encore plus pertinent quand on en vient à son point de convergence avec les luminaires Wästberg dans cette scénographie très spéciale. « Le symbole de qualité d’un produit est sa capacité à durer », rappelle Eero Koivisto. « Le rapport avec cet écrin d’exposition en béton, lui-même fait pour durer, fait donc sens. » Cette qualité temporelle des produits Wästberg transparaît notablement dans cette nouvelle gamme de lampes à suspension médium. Quatre ans après avoir sorti la gamme extra large x151 et trois ans après avoir édité la gamme extra petite x201, le modèle médium en reprend les grandes lignes dans des dimensions plus abordables : solidité, avec ce travail de manufacture métallique semblant toujours repousser les limites du potentiel de l’aluminium ; utilisation de LED pour un éclairage économique et écologique ; capacité à jouer de l’articulation des formes et des silhouettes des lampes pour créer des environnements originaux et intimistes.
« Nous avons une nouvelle fois pris le temps pour penser les différentes formes de cette gamme, réfléchir aux questions de dynamique et de symétrie, et la rendre cohérente avec les autres gammes », précise Eero Koivisto. « Cela nous a pris deux ans de travail, mais nous aimons prendre du temps pour travailler et ainsi parfaitement réfléchir au produit que nous concevons. »
Un contraste entre temps de création et temps de monstration qui renvoie à l’autre grande actualité du studio cette année, la sortie de la collection 822 pour la marque Ton, conçue elle aussi pour durer de longues années. Inspirée du modèle années 30 de la chaise 811 de l’architecte/designer Josef Hoffmann, la collection 822 transpose la patte Claesson Koivisto Rune et un caractère nordique plus moderne dans l’univers maîtrisé de la courbure du bois cintré chère au fabricant de mobilier tchèque.
Les performations dans le siège et le dossier donnent une dimension particulièrement légère et graphique à une collection où tous les éléments arrondis et cintrés caractéristiques de Ton ont justement été redressés pour paraître plus géométriques dans toutes les déclinaisons colorées et parfois atypiques de la collection (fauteuil lounge, tabouret de bar ou tabouret bas). Une manière également pour Claesson Koivisto Rune, comme dans la dimension scénographique de l’exposition pop-up Wästberg, de toujours réfléchir à l’adaptation d’un design existant à de nouveaux lieux et à de nouvelles fonctions.
Repérée par le designer Alexander Lervik avec lequel elle collabore désormais, la jeune designeuse Anna Herrmann présentait ses créations à la Stockholm Design Week, dont un étonnant modèle de chaise/fauteuil baptisé The Poodle, dont on peut dire qu’il a du chien !
Anna Herrmann est sans doute l’un des noms qu’il faut retenir de la Stockholm Design Week de Septembre. Elle y présentait en effet trois produits : la chaise et le fauteuil The Poodle, créés pour la marque de mobilier Johanson, et la lampe murale The Juno, conçue pour la collection Noon. Le point commun de ces différentes pièces réside en la présence en tant que figure tutélaire du célèbre designer suédois Alexander Lervik qui l’a repérée après qu’elle a obtenu son diplôme – comme lui, vingt-cinq ans plus tôt – au réputé Beckmans College of Design de Lidingö, à côté de Stockholm. Lervik ayant constaté que le nombre de jeunes étudiantes en design était plus important que le nombre de femmes travaillant effectivement ensuite comme designer à l’échelle professionnelle, il souhaitait particulièrement donner un coup de pouce à une jeune designeuse talentueuse. Le choix d’Anna Herrmann s’avère pour le coup particulièrement judicieux.
Partagée entre Stockholm et son propre studio de travail à Munich, la designeuse germano-suédoise a en effet de la suite dans les idées, qu’elle exprime dans le sillage de ses origines personnelles, entre minimalisme scandinave et esprit bavarois plus bohème. Pour la collection de luminaires Noon dirigée par Alexander Lervik, elle a imaginé le modèle The Juno, dont le dessin s’avère particulièrement poétique, avec cette ligne fluide et ses éléments astraux dont les ombres semblent flotter et se projeter sur le mur d’applique.
The Poodle : du volume et du caractère
Dans le cadre du projet PLUS1 mené pour la marque de mobilier Johanson, elle a travaillé avec Alexander Lervik sur le design de la chaise et du fauteuil The Poodle, dont les formes amples, découpées et relevées évoquent les courbes franches des coupes et tontes (coupe mouton-pantalon, coupe mouton-tondeuse) opérées sur les caniches. Une opération de toilettage textile insolite tant l’assise de The Poodle s’avère des plus surprenantes et mimétiques avec les formes du caniche qui lui donne son nom.
Le plus amusant est que l’idée du design est venue à Anna Herrmann alors qu’elle cherchait sur internet des modèles de coupe pour son propre toutou. « En fait, mon algorithme web a été bombardé de solutions de toilettage pour chiens car je passais mon temps à chercher des tutoriels en ligne pour le mien, un cockapoo, puisque tous les salons étaient fermés à cause du COVID », explique-t-elle. « Dès que je suis tombée sur la photo du caniche, j’ai su qu’il y avait là un potentiel pour créer quelque chose. L’idée a été ensuite d’essayer de capturer toute l’essence formelle de ce caniche. Pas seulement le volume, le côté ʺhugs/câlinʺ, mais aussi quelque chose tenant du caractère, de la personnalité et de l’attitude du caniche sur cette photo. » L’incidence du caniche sur le travail de design de la chaise/fauteuil The Poodle s’est d’ailleurs aussi traduite dans le choix de la matière, en coton Teddy Fabric.« Ça a permis de soutenir l’expérience tactile, avec ce tissu légèrement bouclé qui évoque une sensation de fourrure, sans en être complètement », poursuit-elle.
Travail croisé
Un autre aspect intéressant du produit est la façon dont il met en avant ce principe de travail en collaboration entre un designer aussi renommé qu’Alexander Lervik et une jeune fraîchement diplômée. « Le projet de lampe Juno, qui a été édité dans la collection Noon d’Alexander, est complètement mien et remonte à mes années étudiantes », remarque-t-elle. « Mais The Poodle est un véritable travail collaboratif. Pour autant, Alexander a bien voulu progressivement me laisser plus de place dans celui-ci jusqu’à se contenter d’un simple rôle de mentor. C’était très important pour lui que je puisse avoir la latitude de développer un vrai travail personnel de création en connexion avec le style de design de la marque Johanson. »
Les premiers croquis ont donc été dessinés et travaillés à quatre mains, avant qu‘Anna ne prenne progressivement plus nettement les rênes du projet. « D’abord, comme j’étais encore basée à Munich, nous avons beaucoup échangé d’idées, de croquis et d’inspiration à distance, via Zoom. Puis, j’ai fini par être prioritairement impliquée dans la communication avec Johanson, pour faire les présentations, régler les questions techniques de développement du produit et d’usinage, faire les ajustements nécessaires, etc. Mais, Alexander était toujours disponible pour me donner les bons conseils. » Une manière de signifier que le savoir-faire du design suédois ne repose pas seulement sur sa qualité technique, mais aussi sur la qualité relationnelle des créatifs qui en sont les garants.
Du 5 au 11 septembre, la Stockholm Design Week fait son grand retour dans la capitale suédoise après deux ans d’absence. Au cours de cette semaine, plus d’une cinquantaine d’entreprises de mobiliers et d’éclairage présenteront leurs nouveaux produits, en même temps que des expositions dédiées design seront organisées dans toute la capitale.
« Après deux ans et demi de silence, Stockholm peut à nouveau présenter des événements de design de classe mondiale. Durant la semaine, de jeunes designers et de jeunes marques se présenteront aux côtés de sociétés de design et de mobilier bien établies », déclarait en juin Hanna Nova Beatrice, chef de projet pour la Stockholm Design Week. Cette nouvelle édition sera ainsi l’occasion de découvrir des expositions présentées dans des studios de design, des galeries et des salles d’exposition de Stockholm.
Parmi la cinquantaine d’entreprises participantes cette année, on peut citer Astrid, Bemz, Bolon, Blå Station, Fogia, Gemla, Massproductions, Montana, Noon, Occhio, Offecct, Stolab, Svenskt Tenn, Verk et Vitra, entre autres. « Le moment est venu pour Stockholm de rassembler l’industrie du design de meubles et de consolider une fois de plus notre position en tant que capitale du design forte et innovante, attirant des entreprises de design suédoises et internationales », ajoutait Hanna Nova Beatrice.
Nouveauté : une application interactive pour mieux se repérer
Pour cette édition exceptionnellement organisée en septembre – l’évènement ayant normalement lieu en février en même temps que la Stockholm Furniture & Light Fair -, l’encadrement de la Stockholm Design Week sera cette année renforcé par la création d’une application interactive. Celle-ci répertoriera toutes les entreprises participantes ainsi que les expositions, les salles d’exposition et les événements organisés dans la ville.