Paris Design Week : Made in Design by Printemps mise sur l'éclectisme

Paris Design Week : Made in Design by Printemps mise sur l'éclectisme

Driade, Muuto, Seletti, Hay… Pour la Paris Design Week, Made in Design by Printemps concocte un panel extrêmement varié de mobilier et d’accessoires, dont des séries limitées, mis en avant au Concept Store Intramuros.

Du 3 au 8 septembre, le Concept Store Intramuros abrite une vaste sélection de pièces de mobilier et d’accessoires concoctée par Made in Design by Printemps. Ce panel éclectique réunit également des éditions limitées conçus pour les 20 ans de l’éditeur l’an passé. On y retrouve ainsi un tapis signé Guillaume Delvigne, des icônes par Ettore Sottsass ou encore des bestsellers édités par Driade.

Le bestseller Roly Poly

L’étonnant fauteuil Roly Poly, signé Faye Toogood, complète la collection Assemblage de Driade. Pour cette série, la designeuse a travaillé autour de formes simples et massives en s’inspirant de l’art brut et du primitivisme. Les rondeurs rassurantes de ce fauteuil oversize servent un design au style naïf presque enfantin. Les formes courbes et douces établissent une rupture avec les environnements très stricts et linéaires qui composent notre quotidien.

La sculpturale boîte Georgia

Issue de la collection Muse de Jonathan Adler, cette boîte rend hommage à la peintre américaine Georgia O’Keeffe qui fut l’épouse et la muse du photographe Alfred Stieglitz.
Sculpturale et atypique, cette boîte présente une étonnante grappe de seins en porcelaine blanche. Ces segments de corps humain, montrés comme des sculptures parcellaires, possèdent une force expressive qui invitent à recomposer l’univers d’où provient le fragment, à reformer le corps complet.

L’édition limitée Cumulus

Imaginé par Guillaume Delvigne à partir de ses carnets de croquis, et édités en édition limitée par Made In Design, pour célébrer les 20 ans de l’éditeur en ligne français, le tapis Cumulus reflète l’univers du designer au travers de son medium de prédilection : le dessin.
Des formes organiques et abstraites attirent ainsi le regard du spectateur, jouant avec ses perceptions à travers des superpositions et des effets de profondeur, le tout dans un esprit de douce géométrie.

L’iconique tabouret Pilastro

Kartell rend hommage à Ettore Sottsass avec la collection capsule ‘Kartell goes Sottsass. A tribute to Memphis. On y découvre notamment une pièce inédite conçue par l’Italien en 2005 : le tabouret Pilastro, à la fois objet du quotidien et objet d’art. Ludique et expressive, cette pièce présente  tous les éléments caractéristiques du style de Sottsass : anticonformisme, jeu sur la couleur, superposition de formes géométriques simples, silhouette totémique.

Les bougies de couleurs Pillar

Les bougies Pillar, signées Lex Pott et éditées par Hay, présentent une superposition de cylindres de différentes tailles, déclinés dans une palette de teintes flashy ultra tendance. Cet assemblage de blocs de couleurs crée une composition rythmée avec une expression très contemporaine.

L’emblématique chaise Série 7

Pour célébrer ses 20 ans, Made in Design réédite une pièce intemporelle et mythique : la chaise Série 7. Certainement la chaise la plus vendue au monde, la chaise Série 7 a été souvent copiée mais jamais égalée. Fritz Hansen réédite la version originale, dessinée en 1955 par l’architecte et designer danois Arne Jacobsen. Série 7 est une chaise pratique, légère, confortable et empilable, conçue pour s’adapter à tous les types d’environnements : cuisines et salles à manger bien sûr, mais aussi restaurants, cafés ou encore salles de conférence… Cette chaise se compose d’une assise et d’un dossier en une seule pièce : une coque en bois contreplaqué moulé. Son design est à la fois épuré, fonctionnel et organique avec une incroyable fluidité des lignes.

Le vase renouvelé avec Kink

Dessiné par Earnest Studio, fondé par la créatrice américaine Rachel Griffin, le vase Kink combine artisanat traditionnel et technologie moderne : la forme en apparence simple a en effet été produite numériquement. À la fois simple, énigmatique et ludique, ce tube plié en céramique, édité par Muuto, attire l’attention et stimule l’imagination. La double ouverture suggère une nouvelle façon d’organiser les fleurs.

Plissé, la bouilloire haute couture

Pensée par Michele de Lucci, Plissé est une bouilloire électrique en résine thermoplastique qui se caractérise par de jolis plis qui lui donne une forme particulièrement chic. Provenant d’une technique très ancienne, cette méthode de plissage appliquée sur cette bouilloire s’apparente indéniablement à celle que l’on peut retrouver sur les vêtements en haute couture. Élégante jusque dans les moindres détails, Plissé dissimule sa base d’alimentation électrique à l’intérieur de la bouilloire. Très pratique, elle dispose également d’un fond isolé thermiquement, ce qui permet de la poser directement en tout sécurité sur n’importe quelle surface.
Elle se décline dans diverses coloris chez Alessi.

Du 3 au 8 septembre
5 rue Saint Merri, 75004  Paris (Métros Beaubourg / Hôtel de ville)
11h-19h / Entrée libre

Rédigé par 
Rémi de Marassé

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28/10/2024
Les contrastes, caractéristiques communes d’ATRA

Spécialisée dans des pièces de mobilier à l’allure futuriste à mi-chemin entre la technologie contemporaine et l'artisanat d'hier, la marque mexicaine ATRA s’exposait en octobre à Paris. Retour avec son directeur créatif, Alexander Diaz Andersson, sur l'identité créative du studio et sa transposition dans les pièces haut de gamme, souvent uniques.

Atra, c'est la finesse de la pierre qui en fait oublier son poids, c'est l'allure qui en fait oublier la matière, quand ce n'est pas cette dernière qui semble primer sur l'usage. Nous pourrions dire qu'Atra est une marque dictée par la radicalité sculpturale des formes et l'éloignement de tout classicisme, mais son directeur créatif, Alexander Diaz Andersson, préfère lui parler « de créations motivées par un sentiment d'émerveillement. ». Une vision défendue par « CARE INSTRUCTIONS », la première exposition parisienne de la marque qui s'est tenue mi-octobre.

De chaque côté de la table d'appoint Trilith, les fauteuils Egge ©ATRA

Fondée en 2014 comme une entreprise dédiée au mobilier sur mesure de luxe, ATRA s'est progressivement transformée en studio pluridisciplinaire, devenu au fil des ans une « petite école de pensée et d'expérimentation des processus de conception. » En découlent des pièces - dont une douzaine étaient exposées - aussi diverses dans leurs usages, que dans leurs formes et leurs matériaux. Ainsi gravitaient autour d'un sofa Beluga disproportionnelement grand en alpaga noir bouclé et laiton vieilli, la table basse Pebble en onyx blanc et la table d'appoint Neptuno en marbre vert veiné. Autour, un corpus de luminaires disparates en argent ou en laiton apportaient çà et là, une lumière diffuse. Chez ATRA le décoratif prime sur le fonctionnel et ouvre les portes de « la nouvelle esthétique du futurisme » née d'une « vision utopique de l'avenir où le design, l'architecture, l'humanité et la nature coexistent en harmonie et se nourrissent mutuellement. »

Au premier plan la table Atlas et au second plan les canapés Beluga ©ATRA

Un design hérité de mondes opposés

« Mes origines suédoises et mexicaines se reflètent dans nos créations » où se mélangent des lignes modernes épurées et la minéralité de matériaux à forte présence visuelle. Éclectique, « CARE INSTRUCTIONS » est le fruit d'inspirations tout autant complémentaires que contradictoires. Outre sa double culture, Alexander Diaz Andersson évoque une « fascination pour le point de tension entre le terrestre et le céleste, le monolithique comme le lourd et le léger, le brutal et le raffiné. » Des oxymores réunis dans des créations luxueuses souvent hors du commun. « C'est le contraste de ces concepts qui définit véritablement le style ATRA. » Mais derrière ces notions, c'est surtout d'idées dont il est question. Créateur de pièces à la fois naturelles dans leurs matériaux mais très artificielles dans leurs styles, c’est donc avec une logique assez paradoxale que le designer dit avoir pour principale source d'inspiration l’écosystème. « Qu'il s'agisse du design cosmique ou de la perfection de la nature, mes idées me viennent de ce qui m'entoure et de ce que je vois en me promenant. »

La table Pebble en Onyx blanc répond aux canapés Beluga et à la table d'appoint Geometrik Cantilever ©ATRA

La conception trait d'union entre passé et futur

Imaginées comme des ponts entre le passé et le présent, les pièces éditées par ATRA font « coexister harmonieusement l'innovation et la tradition. » Une philosophie temporelle et conceptuelle évoquée depuis quelque temps par l'idée de « Future Relics ». Une appellation qui fait le lien entre les époques et amène par l'objet de nouvelles pistes de réflexion. « CARE INSTRUCTIONS » s'offre ainsi au visiteur comme la continuité d'ATRA2100, une première série de pièces présentée lors de Design Miami 2021. Une collection qui avait alors pour but « d'interroger les valeurs futures de l'objet et les aspirations de notre mode de vie à la fin du siècle. » Une philosophie inscrite parallèlement à la démarche du studio entre questionnement temporel et design. « Nous concevons des objets en pensant à l'avenir, c'est-à-dire à la manière dont l'objet vieillira, se patinera. Pour certains, cette empreinte du temps sur leurs objets est quelque chose qu'il faut chérir, tandis que pour d'autres, elle représente exactement le contraire - une aversion à laisser l'entropie entrer dans leur vie. » Deux approches radicalement opposées, que le designer à souhaité soulever discrètement à Paris en disposant en face-à-face deux canapés Beluga blancs dont l'un était entouré d'une Peau en polymère et scellé. L'occasion de recréer « une réflexion sur le passage des ans en juxtaposant un objet sur lequel le temps fait son œuvre et un second ou la notion de temps est suspendu par la préservation et l'inutilisation de l'objet. » Une création concept à la limite du design, de l'Art et de la métaphysique, qui intégrait une autre grille de lecture à cet ensemble luxueux signé ATRA.

©ATRA
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22/10/2024
EspritContract : Sifas, l’expert outdoor haut de gamme

Acteur majeur du mobilier outdoor depuis sa création en 1964, la marque originaire du sud de la France Sifas propose des projets contract sur mesure. Un axe majeur pour la marque que Julien Armaroli, actuel co-dirigeant, nous détaille plus précisément.

Après une première édition lancée en 2023, le salon EspritContract, organisé en parallèle d’EspritMeuble, sera de retour au Pavillon 1 de la Porte de Versailles avec 110 nouveaux exposants. Parmi eux, la marque française Sifas, spécialiste du mobilier outdoor haut de gamme, qui livre de nombreux projets pointilleux chaque année et qui s’accompagnent de designers de renom pour imaginer ses collections. Concernant les projets contract, la marque n’a pas hésité à mettre en place une stratégie forte pour accompagner au mieux les professionnels dans la mise en place de leur projet.

Dans votre activité, que représente le secteur contract ?

Le secteur contract représente un axe stratégique majeur pour le développement de Sifas. Nous avons pris conscience de l'importance du mobilier dans les projets professionnels qui est en pleine croissance, c’est pourquoi nous avons investi dans la création de produits et de gammes dédiées pour répondre aux attentes des professionnels de l'hôtellerie, de la restauration et des espaces publics. Des solutions pensées pour conjuguer esthétique, fonctionnalité et durabilité, permettant à nos partenaires de proposer des expériences uniques à leurs clients. Et cette orientation spécifique vers le secteur contract a eu un impact significatif sur notre chiffre d’affaires, consolidant notre position de leader dans le secteur outdoor haut de gamme.

Hôtel Divani Acropolis à Athènes (Grèce), collection Oxford par Christophe Pillet © Sifas

Comment s'organisent les projets contract ? Avez-vous une filière dédiée ?

Nos projets contract s'organisent autour d'une équipe dédiée composée de commerciaux spécialisés pour répondre aux besoins spécifiques et aux contraintes de chaque client. Cette approche nous permet de proposer des solutions sur-mesure, en tenant compte des problématiques inhérentes à chaque projet. Nous avons également un service d'architectes 3D, qui, grâce à des maquettes détaillées, accompagne les clients dans la projection de leur projet en termes de style et de rendu. Une technologie qui permet de mieux visualiser le résultat final et ainsi assurer une parfaite adéquation entre le design et les attentes. En plus de cette approche personnalisée, nous proposons une large gamme de couleurs, de matières et de tissus, permettant aux clients de créer des produits uniques en harmonie avec le style et l'ADN de leur établissement. Une flexibilité qui leur permet à la fois de démarquer et de renforcer leur identité visuelle tout en garantissant des produits à la fois esthétiques et fonctionnels.

Quelles évolutions du secteur avez-vous pu constater ces dernières années ?

Le mobilier est devenu un élément essentiel de l’identité et de l’ADN des établissements. Il ne s’agit plus simplement d’ameublement fonctionnel, mais d’un vecteur clé de l’expérience client. Les établissements cherchent désormais à se différencier en peaufinant chaque détail et cela passe par un mobilier de qualité, conçu pour créer des environnements uniques et mémorables.

Collection Oxford par Christophe Pillet © Sifas

Vous êtes spécialisé dans l'univers outdoor haut de gamme. Quelles sont les spécificités et exigences à prendre en compte au niveau du contract ?

L’univers outdoor, particulièrement dans le haut de gamme, exige une attention particulière à la durabilité des produits. Les clients recherchent des meubles résistants avec un style intemporel, capables de traverser les modes. De plus, les professionnels privilégient des solutions pratiques : les produits doivent être légers, faciles à entretenir et à stocker pendant les périodes creuses. Cependant, la fonctionnalité ne doit jamais compromettre l’esthétique. Chaque pièce doit allier design élégant et performances techniques, afin de répondre aux attentes des clients les plus exigeants.

Un projet significatif à nous détailler ?  

Un projet récent qui incarne parfaitement notre savoir-faire est celui réalisé au cœur d’Athènes, avec la collection Oxford déclinée en structure noire pour le prestigieux Divani Palace Acropolis, situé à 200 mètres de l’Acropole. Cette collaboration a permis de sublimer les espaces extérieurs du restaurant de l’hôtel avec une interprétation contemporaine de la chaise d’extérieur aristocratique classique. La collection Oxford a été choisie pour apporter une touche de raffinement intemporel, en parfaite harmonie avec l'architecture et l'atmosphère du lieu. Ce projet reflète notre capacité à proposer des produits qui allient design et fonctionnalité, tout en s'adaptant au style et à l’ADN des établissements qui nous font confiance.

Hôtel Divani Acropolis à Athènes (Grèce), collection Oxford par Christophe Pillet © Sifas

Quels sont les objectifs derrière votre participation au salon ?

Notre participation au salon vise principalement à mettre en avant notre nouvelle gamme spécialement pour le secteur contract. Cette collection incarne notre engagement à proposer des produits à la fois durables, fonctionnels et esthétiques, parfaitement adaptés aux besoins des professionnels. Un de nos objectifs clés est de montrer la flexibilité et l’étendue des options de personnalisation que nous offrons. Ce salon est une opportunité idéale pour démontrer comment nos solutions sur-mesure peuvent s'adapter aux différents styles et aux ADN des lieux tout en garantissant une qualité et une durabilité optimales.

Quels sont les challenges/actualités à venir pour Sifas ?

L'un des défis majeurs à venir pour la marque est de réussir à anticiper les évolutions les attentes des professionnels et du marché. Le monde du contract évolue rapidement, avec une demande accrue pour des solutions sur mesure, adaptées à des contextes de plus en plus divers. Nous devons rester flexibles tout en gardant notre ADN de qualité et d’innovation. Nous voulons également renforcer notre engagement envers des pratiques plus durables. Cela se traduit notamment par une recherche constante de matériaux éco-responsables, tout en maintenant notre niveau d’excellence en termes de design et de confort. L'optimisation de nos processus de production pour minimiser l'empreinte écologique est une priorité pour l’avenir.

En termes d’actualité, nous avons des collaborations passionnantes en cours avec de nouveaux partenaires dans le secteur de l'hospitalité de luxe, ce qui ouvrira la voie à des projets inédits. Nous continuons à investir dans l’innovation et la recherche de solutions pratiques qui répondent aux besoins futurs de nos clients, tout en maintenant notre positionnement haut de gamme.

La seconde édition d'EspritContract se tiendra du 16 au 19 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/fr/secteur/contract.

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15/10/2024
Flos expose ses Icons

Plus de dix ans après sa dernière exposition, Flos dévoile Icons, un nouveau récit visuel balayant douze créations célèbres.

De Snoopy – nouvellement disponible en bleu - à la collection IC en passant par les modèles Parentesi et Taraxacum 88, tous constituent Icons. Les luminaires de la maison d'édition italienne Flos sont nombreux à avoir marqué visuellement l'histoire du design. C'est en guise d'hommage, mais également comme témoignage de la pérennité de leur design que la maison d'édition a décidé, plus de dix ans après sa dernière exposition, de consacrer un nouveau travail photographique à 12 de ces objets. Coordonné par Barbara Corti, la directrice de création, ce projet artistique décliné en formats digital, print et vidéo, est né dans l'esprit d'Omar Sosa, co-fondateur d'Apartamento Studios.

Snoopy ©Daniel Riera

L'objet architecturé

Plus d'un demi-siècle de création au sein d'un même projet. Pour cet ensemble, le directeur artistique a souhaité conjuguer les styles et les époques en associant ce qui traduit le mieux l'évolution du temps à travers l'art de la lumière : la couleur et le monochrome. Conçu comme un dialogue visuel, cette lecture parallèle propose d'aborder les luminaires par une dualité entre l'éclat du matériau et sa forme sculptée par des clichés en noir et blanc léchés. Capturés au sein d'architectures milanaises datant des années 30 à 60, chaque cliché est une ode à l’Italie. Les grands noms de l'architecture tels que Renato Ferrari, Gio Ponti, Alberto Rosselli et Vito côtoient leurs cousins du design parmi lesquels Gino Sarfatti, Pier Giacomo Castiglioni ou Michael Anastassiades. Autant de maîtres modernes dont les conceptions géométriques ont été figées par Daniel Riera.

2097 ©Daniel Riera



Valeurs d'images et valeurs de marque

Choisi pour sa résonance avec l'objet, le cadre de la prise de vue fait converger au-delà de l'architecture et du design, trois autres facteurs chers à Flos, et en premier lieu une esthétique contemporaine. Pour Matteo Luoni, Directeur général adjoint de Flos, « Il n’y a pas la moindre pointe de nostalgie dans ce récit. Bien au contraire, Icons incarne notre volonté de continuer à puiser notre inspiration dans notre identité historique pour regarder toujours vers l’avant et proposer un design qui place au centre de ses préoccupations l’humain, la planète et la culture. » Trois éléments dissimulés autant que révélés par l'utilisation de la photographie monochrome au sein de laquelle se greffe un second plan fait d'ombres et de silhouettes humaines aux styles contemporains. Une manière d'inscrire chaque image dans nos années 20, celles du XXIe siècle, et de prouver que « certes, le design ne se porte pas, mais il demeure un puissant intermédiaire entre nous et les endroits que nous habitons » précise Barbara Corti.

Taccia ©Daniel Riera
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16/10/2024
Exposition Richard Peduzzi : scénographier la diversité

La galerie des Gobelins accueille jusqu'au 31 décembre l'exposition « Perspective » dédiée à  Richard Peduzzi. Un événement qui rassemble une grande variété de créations ayant pour constante la théâtralité et le goût des lignes architecturales.

« Perspective ». Derrière le nom de cette exposition dédiée à Richard Peduzzi, une sorte d'évidence. Depuis plus d'un demi-siècle, le créateur pluridisciplinaire a touché à tout, de la scénographie théâtrale à la mise en scène muséale en passant par la conception design. Une diversité liée d'un fil rouge, ou devrait-on dire d'un trait rouge, par le dessin. Retracée par une multitude de projets et de médiums, la carrière du créateur s'étale sur les deux niveaux de la galerie des Gobelins. Jonglant entre onirisme et radicalité, l'exposition propose une approche plurielle et scénique du monde Peduzzi.

Mettre en scène une vie de scénographe

Scénographiée par Richard Peduzzi lui-même et sa fille Antonine - et mise en lumière par Simon Broggini -, l'exposition trouve certainement sa force et son caractère dans ce lien direct entre le sujet et les concepteurs. En résulte un ensemble qui, outre son contenu, permet de cerner un esprit pour mieux en comprendre l'univers. Car ce que propose « Perspective », ce n'est pas simplement exposer, mais établir un dialogue entre les projets d'hier et ceux d'aujourd'hui. Un défi rendu possible par la pluralité des éléments présentés dans une mise en scène délicate très chorégraphiée. Au rez-de-chaussée, sous les luminaires en laiton brossé d'inspiration religieuse, les chaises volent, les salons s'animent au rythme des praticables géométriques bleu nuit inclinés tandis que les cimaises disproportionnellement grandes tracent en reflets et en surface, les limites d'un monde onirique. « J'avais besoin que l'exposition soit en mouvement. Rien n'est jamais terminé. Il reste encore plein de choses à faire et à dire » explique Richard Peduzzi. Une volonté maintenue à l'étage dans un décor inspiré des couleurs douces de Giorgio Morandi et tapissé de photographies, de créations et de croquis furtivement accrochés sur le mur et les tables.

Au rez-de-chaussée, des pièces des années 80 côtoient celles plus contemporaines réalisées pour un projet d'appartement à Vienne ©Simon d'Exéa

Le dessin, porte d'entrée dans l'univers architectural de Peduzzi

Véritable ode à la pluridisciplinarité des Arts décoratifs - dont il fut directeur de l'école de 1990 à 2002 avant de prendre les rênes de la Villa Médicis pendant six ans -, le parcours laisse percevoir la sensibilité du créateur par le biais d'une centaine de dessins. Gouache, huile, aquarelle, mais également mine de plomb se succèdent tantôt avec une forme de naïveté formelle rappelant Matisse, tantôt avec la précision d'une gravure romantique. Une complémentarité stylistique qui fait du crayon, la colonne vertébrale de son œuvre. Mais si le papier a toujours été la préface de toute matérialisation design ou scénique, il n'a pour autant jamais été dénué d'une forme d'architecture. « Parfois, dans les lignes, dans les perspectives et les formes d’un meuble, apparaissent de nouvelles architectures. Inversement, dans certaines architectures, je trouve le dessin d’une table, d’un secrétaire ou d’une vitrine » décrit Richard Peduzzi qui parle alors de « construire sa peinture. » Une qualification, traductrice d'une certaine vision de la conception, et qui se concrétise en 1967 lors de sa rencontre avec le metteur en scène Patrice Chéreau. Une collaboration dont naîtront plusieurs décors souvent métaphoriques. Visibles dans une salle confidentielle de l'exposition, les maquettes évoquent dans l'intimité d'un abat-jour central, les inspirations urbaines relatives à l'enfermement ou l'industrie parfois construites sous les traits d'une cité perdue. Des thématiques issues de l'enfance du créateur passée loin de ses parents, au Havre, ville portuaire d'après-guerre, et misent en exergue dès 1972 dans Massacre à Paris.

Réunies dans un petit espace, les maquettes de scénographies théâtrales proposent un rapide aperçu de l'univers de Richard Peduzzi ©Simon d'Exéa



Le design au cœur

Reconnu très tôt pour son apport au théâtre, il faut attendre 1988 pour que Richard Peduzzi mette un premier pied dans le monde du design. Et c'est par les planches qu'il le fait en dessinant Chaise longue pour Le conte d'hiver de Shakespeare. Une relation transversale entre ces deux arts, éminemment présente dans l'exposition où se répondent esquisses scénographiques et éléments de mobilier. Parmi eux, le célèbre rocking-chair et la table Pyramide réalisés en 1992 par l'Atelier de Recherche et de la Création (ARC) du Mobilier national. Une institution pour laquelle le créateur réalise une trentaine d'œuvres entre 1989 et 2013. Une activité prolifique mais également diversifiée comme en témoignent les lampes en métal, les tapisseries ou encore les tableaux en marqueterie de paille présentés ici. Une richesse technique et esthétique où les lignes courbes esquivent astucieusement les lignes tendues de leurs voisines alors même que les pleins et les vides se confrontent. Sorte de conte moderne, cette exposition – et « ne parlez pas de rétrospective », car du haut de ses 81 ans, l'artiste « est encore trop jeune pour entendre ça ! » - propose une déambulation entre les variations créatives de celui qui considère le décor comme un acteur à part entière.

À l'étage, la conception donne à l'espace des airs d'atelier ©Simon d'Exéa
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