Exposition

À un peu plus de deux mois de l’ouverture de la 59e édition de la Biennale d’art contemporain de Venise, la curatrice générale italienne Cecilia Alemani a dévoilé à la presse les thèmes et artistes de l’exposition internationale. Résumé dans ses grandes lignes de la manifestation, en attendant le détail prochain du pavillon français, qui vient d’annoncer accueillir l’artiste Zineb Sedira.
Du 23 avril au 27 novembre 2022 aura lieu la 59e édition de la Biennale d’art contemporain de Venise dont l’exposition internationale rassemblera 213 artistes de 58 pays dont cinq nouveaux venus (Cameroun, Namibie, Népal, Oman et Ouganda) pour 1433 œuvres et objets exposés. Une édition d’autant plus attendue que retardée d’un an, fait inédit depuis la SecondeGuerre mondiale. The Milk of the Dreams / Il latte dei Sogni, en français « Le Lait des Rêves » en est son titre, qui sonne comme le récit d’un conte merveilleux, emprunté au livre éponyme de l’écrivaine mexicaine Leonora Carrington (1917-2011), où « des créatures fantastiques et de multiples figures métamorphiques sont des compagnes d’un voyage imaginaire à travers les métamorphoses du corps et des définitions de l’être humain ».

Courtesy Schirn Kunsthalle Frankfurt © SIAE
Une Biennale sur le corps et le relationnel
Née des longues discussions entre les artistes et la commissaire via leurs écrans interposés, l’exposition internationale qui se tiendra au pavillon central et dans les espaces des Corderies, propose de réfléchir sur des interrogations actuelles, à travers trois thématiques : la représentation des corps et ses métamorphoses, la relation entre les individus et les technologies, ainsi que les liens entre les corps et la Terre. Cinq autres petites expositions « trans-historiques », conçues par le laboratoire de recherche Design Forma fantasma, vont également porter de nouveaux regards sur les sujets traités au sein de la grande manifestation, à travers la mise en parallèle de documents, objets trouvés et œuvres d’art à caractère muséal.


Une Biennale qui met à l’honneur les femmes et la peinture
De ceci, il en ressort un accent porté aux artistes féminines et féministes, comme parmi beaucoup, Eileen Agar, Leonora Carrington, Claude Cahun, Leonor Fini, Ithell Colquhoun, Loïs Mailou Jones, Carol Rama, Augusta Savage, Dorothea Tanning, en passant par Aneta Grzeszykowska, Julia Phillips, Christina Quarles, Shuvinai Ashoona, Birgit Jurgenssen, plasticiennes mettant en exergue les corps en mutation, qui remettent en cause la vision humaniste occidentale héritée de la Renaissance, à travers leurs mondes hybrides et connectés. Également, la prédominance de la peinture et des arts appliqués comme en témoignent, parmi tant d’autres – et la liste est longue –, les toiles narratives de l’Américaine octogénaire Jessie Homer, les dessins à la cire de l’artiste chilienne Sandra Vásquez de la Horra ou les installations de tissage métallique de la Mexicaine Ruth Usawa (1926-2013).


Cette 59e Biennale, qui ne se veut en aucun cas une édition sur la pandémie, cherche à dépasser les postulats érigés par l’homme blanc sur notre monde, en proposant des visions prospectives à la fois inquiétantes et merveilleuses, héritées de celles des Surréalistes, mêlant aux mythes intimes et universels, les nouvelles technologies et les pratiques amateures et locales. À suivre.
Il latte dei Sogni, the Milk of Dreams, Biennale internationale d’art contemporain, du 23 avril au 27 novembre 2022, Venise.
Plus d’informations sur www.labiennale.org




Design Miami/ vient annoncer le lancement de sa toute première édition parisienne en octobre prochain, pour coïncider avec le lancement de la foire sœur Art Basel au Grand Palais. En outre, Design Miami/ a annoncé la nomination de Maria Cristina Didero, conservatrice, consultante et auteure de design, à la tête du commissariat de l’événement.
Ce vendredi 28 janvier, Jennifer Roberts, PDG de Design Miami/, a annoncé : « La décision de présenter un événement à Paris en octobre prochain est la prochaine étape naturelle de l’évolution de Design Miami. » Pour l’organisation, la ville s’inscrit parfaitement dans l’engagement de Design Miami/ à présenter le meilleur du design de collection pour des pièces tant historiques que contemporaines.
Elle souligne le rôle de la capitale sur le marché, par son rôle dans le domaine des arts décoratifs, mais aussi par la présence de galeristes spécialisés dans le design. Les exposants français fondateurs et de longue date, dont la Galerie Patrick Seguin, Laffanour – Galerie Downtown, la Galerie kreo, Maria Wettergren, Jousse Enterprise et la Galerie Jacques Lacoste, parmi beaucoup d’autres, ont en effet constitué la base du programme renommé de la foire au fil des ans, et pour beaucoup depuis sa création en 2005. Depuis lors, Design Miami/ s’est transformé en une plateforme multidimensionnelle, opérant à l’intersection du design, de l’art, de l’innovation et de la technologie, à travers les mondes réels et virtuels.
Maria Cristina Didero, commissaire de l’événement
Jennifer Roberts a également annoncé l’arrivée de Maria Cristina Didero au commissariat de l’événement parisien : « Maria Cristina jouit d’une réputation exceptionnelle parmi ses pairs et, en tant que collaboratrice de longue date de Design Miami/, nous apprécions déjà profondément sa vision créative. Nous sommes impatients de voir comment ses idées uniques vont façonner nos événements à Bâle et à Miami, et maintenant à Paris ».
Conservatrice, consultante et auteure de design indépendante, basée à Milan, Maria Cristina Didero a été commissaire de nombreuses expositions pour des institutions, des galeries et des marques du monde entier, notamment au National Building Museum de Washington DC, au Design Museum Holon, en Israël, et au Museum of Applied Arts de Dresde… Elle a été commissaire d’expositions pour des foires internationales telles que la semaine du design de Milan, Design Miami/, The Armory Show à New York, miart à Milan, Maison&Objet à Paris et Experimenta Design à Lisbonne.
En tant que consultante, elle a travaillé avec des marques internationales telles que Vitra, Fritz Hansen, Lexus, Fendi, Louis Vuitton, Valextra et Diesel, entre autres. Elle a mené également des projets avec des designers internationaux de renom tels que Campana Brothers, Philippe Malouin, Michael Young, Bethan Laura Wood, Richard Hutten, Snarkitecture…
Ànoter, elle prépare actuellement un projet pour le MK&G de Hambourg, intitulé Ask Me if I Believe in the Future (ouverture le 1er juillet 2022) avec Objects of Common Interest, Erez Nevi Pana, Zaven, Carolien Niebling, ainsi qu’une série d’autres collaborations en cours : une exposition intitulée VELENI (Poisons) avec Lanzavecchia + Wai à l’ICA de Milan, et un projet de Mathieu Lehanneur pour la prochaine MDW22.
« L’âge d’or »
Pour Design Miami / à Paris, Maria Cristina Didero inscrit sa programmation dans une approche multidisciplinaire, sous le thème de « L’âge d’or ».« L’âge d’or est une idée partagée par différentes cultures à travers le temps et l’espace. Qu’il soit projeté sur un passé idéalisé ou sur un futur utopique, l’Âge d’or envisage un monde en paix, dans lequel les progrès des arts et de la technologie précipitent une facilité, une coopération, un plaisir et une beauté sans précédent ; une époque où chaque créature vivante sur Terre coexiste en harmonie ».
La première foire sous la direction de Didero sera Design Miami/ Basel, qui se tiendra du 14 au 19 juin à Bâle, en Suisse ; elle sera également présentée simultanément en ligne sur designmiami.com.
D’autres détails sur les événements de Design Miami en 2022 seront annoncés dans les mois à venir.

Après son exposition inaugurale, en septembre dernier, à sa seconde adresse, avenue Matignon, « Perrotin second marché » explore les relations entre l’art contemporain et le design avec des pièces de designers historiques, mises en regard d’œuvres des avant-gardes et du Pop art.
Sur les trois étages de l’immeuble, dans une scénographie très élégante, aux points de vue démultipliés, de Cécile Degos, réputée pour ses mises en scène en musée, « Perrotin Second marché » crée des « affinités électives » entre des « Totems » d’Ettore Sottsass, des sculptures animalières de François-Xavier Lalanne, deux meubles de Jean Royère et des toiles, gouaches, dessins de Matisse, Dali, Magritte, Giacometti, le Douanier Rousseau mais aussi d’Andy Warhol, Alain Jacquet, ainsi qu’un mobile de Calder. Au rez-de-chaussée, celles de Sottsass et des artistes Pop évoquent leur amour commun du quotidien et des coloris éclatants.

Dans une niche aux tons acidulés, les formes épurées et arrondies du totem « 5A » dialoguent paradoxalement avec « Usuyuki », toile de Jaspers John aux lignes géométriques, tandis que la pièce en verre et laiton « Maia Bowl » du chef de file du groupe Memphis et l’« étude pour nature morte avec jarre bleue et cigarette » de Tom Wesselmann nourrissent un même amour du bleu et des objets du quotidien. Ainsi l’expliquait Sottsass : « Ce qui m’a passionné, c’est que les artistes [Pop] prenaient pour thèmes les sujets du quotidien, la vie de tous les jours. La banalité était leur univers. À la place des madones, des christs, ils s’intéressaient à une coupe de fruits, à une boîte de soupe, à une voiture. Leur écriture était le langage de la rue. »
Les animaux, la nature et les hommes
Le second étage qui ressemble à une basse-cour très chic, parle d’amitié, d’inimitié et d’animaux. Là deux oies, un brochet, un « mouton transhumant » et un pacifique bélier en bronze conversent en silence, surveillés de près, sur les murs, par l’image en atelier du surréaliste Dali, très ami dans la vie avec le couple Lalanne, mais aussi par la délicate colombe semblant s’échapper d’un dessin de Magritte. Contre point à cette basse-cour idéale d’un autre monde, les gouaches et crayon aux lignes âpres et écorchées d’Alberto Giacometti, figure majeure de la sculpture, que n’appréciaient pas du tout les Lalanne, s’opposent à la rondeur de leur carpe en résine et feuille d’or.

Enfin, au troisième, dans une ambiance paisible où le naturalisme raffiné du « Cosy corner » de Royère en marqueterie de paille renvoie à la forêt luxuriante du « Nu au bain » du Douanier Rousseau, l’on apprend que le grand décorateur français réalisait également ses meubles en fonction de leurs ombres portées sur le sol ou les murs, comme Alexander Calder le faisait avec ses mobiles. Art & design, une affaire d’influences mutuelles ? A travers des pièces aux signatures prestigieuses, en « consignement », c’est-à-dire prêtées à la galerie, mais aussi achetées par Emmanuel Perrotin et ses associés Tom-David Bastok et Dylan Lessel, l’exposition « Tout n’est qu’influence » interroge la frontière ténue entre ces deux disciplines, par leurs regards communs sur les sujets, matières, couleurs et effets de lumière. Et remet quelque peu en question leur sacrosainte hiérarchie.

« Tout n’est qu’influence », exposition chez Perrotin Second Marché jusqu’au 19 mars 2022 (www.perrotin.com) au 8, avenue Matignon, Paris 8e.

Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de la visiter, découvrez en images la chambre de Chromosaturation qui anime le Pavillon français depuis mi-décembre jusqu’au 14 janvier, dans le cadre de l’exposition universelle Dubai 2020. Une sublime immersion dans la couleur.
Présenté au sein de l’exposition temporaire « Lumière, Lumières », accueillie au pavillon français de l’exposition universelle de Dubaï 2020, Chromosaturation est un environnement lumineux plaçant la couleur pure au cœur de son dispositif. L’installation, composée de trois chambres de couleur (une rouge, une verte, une bleue) baignant le visiteur dans une situation monochrome absolue, reprend de manière particulièrement immersive les expérimentations autour de la couleur du plasticien Carlos Cruz-Diez, grand penseur du courant cinétique.
Alors que notre vision est généralement habituée à percevoir simultanément d’amples gammes colorées, l’expérience pure de la couleur de Chromosaturation cajole autant qu’elle trouble la rétine. Fidèle aux principes de l’art cinétique, où le mouvement et le déplacement du spectateur participent directement à l’œuvre par effets optiques, Chromosaturation procède également de son interaction avec le mouvement des spectateurs qui génère sa mutation constante.
Dans ses œuvres, Cruz-Diez évoquait cette couleur qui « apparaît et disparaît au fil du dialogue qui s’établit entre l’espace et le temps réel ». En s’offrant au regard du public dans toute son épure physique, Chromosaturation rappelle cette « vision élémentaire » de la couleur, dépourvue de significations préétablies, et à travers laquelle Cruz-Diez pensait pouvoir « réveiller d’autres mécanismes d’appréhension sensible, plus subtiles et complexes que ceux imposés par le conditionnement culturel et l’information de masse des sociétés contemporaines. »
La chambre de Chromosaturation © Copyright 2022
Atelier Cruz-Diez Pavillon français Dubai 2020

C’était l’une des foires très attendues de cet automne 2021. Du 20 au 24 octobre dernier, Paris Internationale avait fait son grand retour pour une 7e édition remarquée. Pendant 5 jours, pas moins de 35 galeries venues de 21 pays différents ont été exposées dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement.
Si le grand raout du marché de l’art contemporain à Paris s’était fini en beauté avec l’annonce des bons résultats de la Fiac, la foire Paris Internationale s’était démarquée par son engagement toujours plus prégnant pour la création émergente, et son retour dans un hôtel particulier qui fait, depuis 2015, sa signature.


Après les espaces vacants d’un supermarché parisien en 2020, la foire avait retrouvé les moulures et papiers peints –dans leur jus– d’un hôtel du XIXe siècle, sis 186 avenue Victor Hugo, dans le XVI arrondissement, où 35 galeries de plus de 21 pays ont occupé les étages. Tenant ses promesses de découvertes et soutien aux artistes émergents, cette nouvelle édition présentait aussi des scènes trop rares sur le marché français. En témoignait la galerie Blitz de La Valette proposant des pièces du plasticien maltais Pierre Portelli, dans la cuisine du premier étage. Remarqué à la Biennale du Design de Saint-Etienne en 2008, celui-ci exposait ici The Blue Garden, rideau aux motifs de roses bleues résultant d’une hybridation génétique et de mouches venant interrompre l’image idyllique, mais aussi Homecoming, évoquant le tatouage. En remplaçant l’encre par des couverts de cuisine et la peau par le bois des tables, Portelli traduisait « les sentiments humains en un mélange tangible de matériaux quotidiens et artistiques », selon la galerie. Au deuxième niveau, l’enseigne française Crèvecœur faisait son show avec les peintures murales géométriques très vitaminées et les personnages-animaux à l’expression ambivalente de l’artiste engagée argentine, Ad Minoliti.


Parmi d’autres encore, le public avait pu découvrir les œuvres des lauréats et lauréates de la Bourse Révélations Emerige, présentées à l’étage supérieur. We are volcanoes de Loucia Carlier évoquait d’inquiétants objets en vitrines, telles des ruines archéologiques du futur, tandis que la vidéo poétique de Linda Sanchez présentait la course sur le fil d’une goutte d’eau. Non loin, chez le Néerlandais Wilfried Lentz, de facétieux sneakers flasques, en céramique, de l’Américain Michel Portnoy semblaient contester leur marchandisation excessive. Enfin, le continent africain avait trouvé une de ses plus belles expressions au quatrième étage, à travers les œuvres graphiques, entre tradition du faire et nouvelles technologies, de l’artiste sénégalais Mbaye Diop, à la galerie-résidence Selebe Yoon de Dakar. Dirigée par Silvia Ammon, cette foire décidément alternative compte toujours plus dans le paysage de l’art contemporain.



Du 26 novembre au 5 décembre, les œuvres du duo Antoine Lecharny et Henri Frachon, de Marie-Sarah Adenis et de Charlie Aubry, lauréats du concours Audi talents 2021, sont exposées au Palais de Tokyo. Organisée par le commissaire Gaël Charbau, l’exposition « Mind Map » allie quête du vivant, réalité virtuelle, intelligence artificielle et design abstrait.
Depuis 2007, le prix Audi Talents accompagne des jeunes créateurs (artistes et designers) dans la réalisation d’un projet. Inspiré du concept du Mindmaping (« carte mentale » en français), qui désigne une représentation graphique des différents chemins de la pensée, le nom de l’exposition « Mind Map » fait justement référence aux différents chemins et visions que peuvent prendre une réflexion, un concept ou un principe.
Henri Frachon et Antoine Lecharny : l’abstraction réfléchie
Seul duo parmi les lauréats, Henri Frachon et Antoine Lecharny sont les instigateurs de Abstract Design Manifesto. Un travail de recherche sur le design abstrait exposé à travers une sélection de 56 objets. Leur répartition en 4 rangées symbolise les 4 axes de recherche sur lesquels ils ont basé cette démarche créative : le trou, le triangle, la dissonance et le jonc doucine (seule technique d’assemblage par le repoussage). Dans leur démarche, ils ont cherché à définir ce qui permettait d’obtenir un trou ou un triangle par exemple, ce qui n’en faisait pas un, quels procédés permettaient d’en créer… L’axe de la dissonance a également créé des questionnements car le concept reste très large, et il a souvent été question de définir ce qui est dissonant et ce qui ne l’est pas, selon eux. Concernant la jonc doucine, le procédé très technique a offert des possibilités de travail intéressants.

© Thomas Lannes
Ils décrivent leur travail comme une expérimentation du design consistant à sortir de l’usage propre de l’objet. Tous les objets exposés n’ont effectivement pas vocation à avoir une utilité, ils sont simplement esthétiques et sont la réponse à des questions bien précises. « Nous partons d’un de ces 4 principes, nous nous posons des questions, élaborons des propositions de réponses et essayons ensuite de définir ses limites. Ce qu’on souhaite c’est faire ressortir l’essence même de l’objet. » Pour autant, ils insistent sur le fait que tous les objets sont des produits finis et n’ont plus vocation à être modifiés.

© Fabien Breuil

Un rendu qui a fait appel à différents savoirs-faire : taille de pierre, broderie, charpenterie, repoussage sur métal… De fait, la moitié des réalisations exposées ont été réalisées par les artistes eux-même, tandis que l’autre partie a été co-réalisée avec des artisans qualifiés, notamment pour le principe de jonc de doucine, qui est un savoir-faire très technique et peu répandu en France.
Marie-Sarah Adenis : quand biologie et formes ne tiennent qu’à un fil
Passionnée par la quête du vivant et le monde des sciences, Marie-Sarah Adenis présente Ce qui tient à un fil, une installation aux visions croisées entre biologie, technologies, philosophie et sociologie. « J’essaye de trouver et créer des formes qui portent le récit de ce que j’ai envie de raconter ». Passionnée par les liens de parenté entre les êtres vivants et l’ADN, elle tente de faire valoir une réflexion collective à travers les installations suspendues, celles présentent au sol et à travers les casques de réalité virtuelle mis à disposition.


© Thomas Lannes
Charlie Aubry : montre-moi ce que tu portes, Internet trouvera ta prochaine tenue
Le projet P3.450 de Charlie Aubry est le résultat d’une réflexion sur l’impact de l’intelligence artificielle, du partage des données et du questionnement autour de celles-ci. À l’ère des réseaux sociaux, des cookies et des tendances Internet, Charlie Aubry interroge les comportements sur internet. Une installation imposante, interactive : elle dissimule des capteurs vidéo programmés pour reconnaître et analyser les vêtements portés par les visiteurs. Les données retenues sont ensuite envoyées vers YouTube qui propose instantanément sur les nombreux écrans composant l’installation, des vidéos en lien avec le vestimentaire. L’artiste souhaite ainsi ouvrir une réflexion sur nos modes de consommation et la sollicitation permanente d’internet de proposer des contenus en lien avec nos habitudes et intérêts.

© Thomas Lannes

Jusqu’au 6 mars 2022, « Here We Are ! Les femmes dans le design de 1900 à aujourd’hui » honore les figures féminines qui ont marqué le monde du design.
Que ce soit au sein de la mode, du design de meubles, de l’industrie ou de l’aménagement d’intérieur, nombreuses sont les femmes qui ont apporté une touche cruciale au développement du design moderne. Comme un écho aux interrogations sur la place de la femme dans la société, le Vitra Design Museum de Weil am Rein en Allemagne leur dédie une exposition où près de 85 designeuses sont représentées.

© Christoph Sagel © VG Bild-Kunst, 2021
Une exposition chronologique sur 120 ans
Très didactique, l’exposition est divisée en quatre parties chronologiques. La première, qui démarre au début des années 1900, retrace l’histoire du design en Europe et aux Etats-Unis. Une période d’autant plus importante puisqu’elle rime avec reconnaissance de la profession en tant que telle. La deuxième partie s’étend de 1920 à 1950 et présente des figures marquantes de l’époque telles que la Française Charlotte Perriand, l’Irlandaise Eileen Gray ou encore la Cubaine Clara Porset. La troisième partie de l’exposition, étalée de 1950 à 1980, met en avant l’émergence d’une vague de figures féminines et féministes en totale opposition avec la mentalité conservatrice de l’après-guerre. La quatrième et dernière partie se concentre sur le design d’aujourd’hui et ses pionnières dont Matali Crasset, Hella Jongerius ou Patricia Urquiola sont quelques exemples. Plus spécifiquement, certaines femmes designers n’hésitent pas à repousser les limites pour se réinventer au sein de la discipline. Citons par exemple Julia Lohmann qui s’est affranchie d’un nouveau matériau durable et peu exploité : les algues marines, ou Christien Meindertsma dont l’approche unique s’intéresse aux processus de production et cherche à comprendre en profondeur les matériaux et les produits qui l’entourent.
Une exposition enrichissante et complète qui permet d’attribuer la place méritée à ces femmes qui ont contribué à l’évolution du design tel qu’il est aujourd’hui.

© Christoph Sagel © VG Bild-Kunst, Bonn 2021

© Christoph Sagel © VG Bild-Kunst, Bonn 2021
Le Vitra Schaudepot comme laboratoire
En parallèle, le Vitra Schaudepot, qui abrite près de 400 œuvres du musée, en a aussi profité pour se pencher sur les designeuses, en se basant toutefois sur un thème plus précis ; dévoilé en juin 2021, « Spot On : Les femmes designers dans la collection » s’intéresse au rôle des femmes dans le design de meubles. De nouvelles pièces inédites d’Inga Sempé, Zaha Hadid ou encore Gunjan Göttering y sont exposées tandis que des objets provenant des archives du musée, permettent en même temps d’illustrer le rôle des femmes dans la création de meubles.

© Christoph Sagel

© Christoph Sagel © VG Bild-Kunst, Bonn 2021

Jusqu’au 13 novembre, découvrez à la Galerie Chevalier la collection de tapis spécialement éditée pour les 20 ans des éditions Parsua.
20 ans ça se fête ! Pour l’occasion, Céline Letessier et Amélie-Margot Chevalier ont voulu marquer le coup. Pour cette collection anniversaire, elles sont parties d’un concept tout particulier en faisant appel à 10 designers remarqués pour leur démarche éco-responsable. Une spécificité est cependant à noter : les heureux élus n’avaient jamais créé de tapis jusqu’alors. Les designers se sont vu proposer deux missions : concevoir un tapis qui conjugue à la fois leur univers personnel et l’ADN de Parsua, et réinterpréter un modèle déjà existant.


Des tapis à la conscience éthique et écologique
Depuis sa création en 2001, Parsua a pour ambition de créer « les antiquités de demain ». Tous les tapis sont conçus sans produits chimiques, à partir de laines locales filées à la main avec une patine à l’eau et au soleil à la manière de ceux créés aux XVII et XVIIIe siècles. Un savoir-faire devenu le symbole de leurs créations.


Deux ans de conception pour fêter vingt ans
De la conception du projet à sa finalisation, deux ans se sont écoulés. Au vu du résultat donné par l’exposition, le défi a été relevé avec succès par Marie Berthouloux, Agostina Bottoni, Alexandre Logé, Arthur Hoffner, Charlotte Julliard, Clément Brazille, Garnier et Linker, Fabien Capello, Hors-Studio et Ibkki. L’exposition présente les tapis réalisés, scénarisés autour de quelques pièces emblématiques de ces designers. Au fond de la galerie, les dessins des réinterprétations sont exposés à côté des modèles les ayant inspirés..
L’exposition se tient à la Galerie Chevalier, située au 25 rue de Bourgogne à Paris jusqu’au 13 novembre 2021.

40 ans après son lancement par l’Italien Ettore Sottsass, le mouvement Memphis continue de nous en mettre plein les yeux. Jusqu’au 8 janvier 2022, la galerie Made In Design du Printemps Haussmann accueille l’exposition « Umeda & Memphis, Dialogues Sensoriels ». L’occasion de découvrir ou redécouvrir le mouvement.
Comme un écho à l’exposition-hommage à son précurseur au Centre Pompidou, le 6e étage du printemps Haussmann prend les couleurs de Memphis. En exclusivité, la galerie Made in Design présente la collection Night Tales du designer japonais Masanori Umeda, sortie en 2020, et propose de découvrir ces pièces en exclusivité mondiale. « J’ai tout de suite eu un coup de cœur pour cette collection. J’ai senti qu’il fallait la présenter, dans une mise en scène soignée, qui valorise la dualité de références avec laquelle joue Masanori Umeto. Et nous avons obtenu l’exclusivité mondiale de ces pièces jusqu’au mois de janvier » , confie Catherine Collin, fondatrice de Made in Design.
Masanori Umeda à l’honneur…
Night Tales dévoile ainsi des pièces inédites comme le Lit Utamaro – dont le rétroéclairage accentue un effet de lévitation – et le Fauteuil Utamaro, tous les deux limités à 12 exemplaires. Largement inspirés du célèbre ring de boxe Tawaraya, ils sont teintés aux couleurs subtiles des kimonos traditionnels et parés des rayures noires et blanches, propres à Memphis. En parallèle, la collection présente également des rééditions d’objets conçus dans les années 80 comme c’est le cas du Fauteuil animal et de la table Médusa, inspirés d’un dessin de 1982 et édités en seulement 24 exemplaires chacun.

© 2021 LEA BOEGLIN
… et des Françaises engagées dans le mouvement Memphis
Invitée à l’inauguration de l’exposition, la designeuse française Martine Bedin n’a pas caché sa fierté quant à l’engouement que suscitait toujours le mouvement Memphis, dont elle est elle-même une pionnière : « Il s’est écoulé 40 ans, mais j’ai l’impression que le mouvement n’a pas pris une ride. Je suis contente et assez fière de voir qu’il continue de susciter de l’intérêt et la curiosité après toutes ces années ». Parmi les pièces que l’on retrouve au fil du parcours, on reconnaît au premier coup d’œil sa Lampe Murale Negresco et sa lampe de table Super inspirée d’une petite voiture d’enfant.

© 2021 LEA BOEGLIN

© 2021 LEA BOEGLIN
Si l’exposition rend particulièrement hommage au travail de Masanori Umeda en présentant sa nouvelle collection, elle permet par la même occasion d’y retrouver des objets mythiques du mouvement. Ainsi, les passionnés de design retrouvent avec le célèbre Buffet Beverly ou la console Tartar d’Ettore Sottsass, aux côtés du vaisselier de George J. Sowden et du fauteuil Roma de Zanini. À noter, la mise en scène valorise particulièrement dans un jeu de réponses le travail du motif qu’a apporté au mouvement la Française Nathalie Du Pasquier, notamment dans la présentation de tissus peu exposés ou son tapis California.
L’exposition se tient au 6e étage du Printemps Haussmann jusqu’au 8 janvier 2022, situé au 64 boulevard Haussmann à Paris. Ouvert tous les jours de 11h à 19h.

© 2021 LEA BOEGLIN

Après avoir lancé avec succès l’Atelier Jespers, le galeriste Jean-François Declercq propose un lieu inédit la Bocca della Verità entre design et architecture.

Bruxelles offre sans cesse des découvertes à qui sait flâner, révélant ainsi l’histoire de son architecture singulière, de l’art nouveau et du modernisme. La capitale belge est le territoire de prédilection de Jean-François Declercq, à l’affut de nouveaux bâtiments empreints d’histoire à réhabiliter. Sa récente galerie La Bocca della Verità présente les œuvres de jeunes pousses du design dans le contexte particulier de bâtis historiques préservés. Derrière la Maison van Dijck classée, de Gustave Strauven, construite en 1900, se cache un bâtiment postmoderne, de 1989, édifiée par le jeune architecte Michel Poulain. Avec sa géométrie aux faux airs d’Ettore Sottsass, la façade de la Bocca della Verità s’inscrit dans une cour coiffée d’une lumineuse verrière. Dans une dynamique et une mouvance propres au travail de Jean-François Declercq, la galerie a pour ambition de soutenir les talents de la jeune création du design, avec trois expositions par an.
Le rez-de-chaussée et l’étage sont consacrés aux expositions collectives et individuelles. Le premier étage accueille la salle de projet du collectif Stand Van Zaken, qui invite un commissaire différent à chaque exposition et trois designers, artistes ou architectes. Le principe repose sur un concept de travail collectif visant à explorer des formes d’expressions émergentes, une référence au procédé initié par le « Cadavre exquis » des Surréalistes. Pour sa première édition, le collectif a choisi le jeune couple d’artiste et designer, Chloé Arrouy et Arnaud Eubelen, qui ont cogité ensemble autour de leurs univers personnels, composés d’assemblage de matériaux pour l’un et de reproduction d’objets pour l’autre.
L’exposition inaugurale montre également le travail de deux créateurs, plus confirmés. Le français, Thibault Huguet designer industriel de formation, explore les connexions entre les divers matériaux, et applique ses recherches à du mobilier épuré entre artisanat et technologie, comme la console en aluminium Plane, d’une simplicité déconcertante. Hélène del Marmol, quant à elle, est belge, expérimente la cire végétale, sous forme de grosses bougies totémiques, conçues dans une rigueur géométrique évoquant l’aspect subversif d’Ettore Sottsass et la poétique Constantin Brancusi. Pour un dialogue émotionnel avec les objets.
La Bocca della Verità, Boulevard Clovis 85 Clovislaan 1000 Brussels
Visite des expositions du 17.09.2021 au 17.12.2021

Table de l’architecte Theo de Meyer, du collectif Stand Van Zaken


L’histoire de l’art retient d’Ettore Sottsass son anticonformisme et sa contribution majeur au mouvement Memphis. Artiste designer protéiforme, il était aussi poète, voire gourou. Depuis le 13 octobre le Centre Pompidou dévoile une autre facette de cet humaniste génial à travers « Ettore Sottsass, l’objet magique ».

53,3 x 17 x 18,5 cm
© Adagp, Paris 2021
Si l’exposition retrace les quarante premières années de la carrière d’Ettore Sottsass, elle a surtout vocation à présenter son œuvre sous un nouveau jour. De Memphis on ne retiendra ainsi que la dernière salle, comme une ode aux possibilités novatrices et déconcertantes offertes par la collaboration avec Abet Laminati.

Meuble avec éclairage, placage en laminé Print d’Abet Laminati. Structure en multiplis.
© Adagp, Paris 2021 © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Service de la documentation photographique du MNAM/Dist. RMN-GP
Au gré du parcours, on retrouve un Sottsass enchanteur explorant tous les champs de la création avec une infinie liberté. Depuis ses débuts, on perçoit sa force créatrice qui s’assouvit dans autant de médiums – qu’il s’agisse du dessin, de la peinture, de la sculpture. Affranchit, il conçoit rapidement l’objet dans sa dimension symbolique faisant fi de sa fonctionnalité. Il dote ses créations d’énergies, composant une cosmogonie de formes, matières et couleurs comme autant d’éléments mystiques qui trouveront à s’incarner dans sa pratique de la céramique. Totémiques, les pièces monumentales présentées par Pontus Hulten en 1969 au Nationalmuseum de Stockholm sont une expérience spatiale à part entière comme autant de « montagnes impossibles à faire, à monter ou à déplacer » raconte Marie-Ange Brayer, empruntant les mots de Sottsass.

La culture anthropologique du designer transalpin est aussi largement mise à l’honneur. On le découvre à travers ses images filmées en Inde ou grâce à sa pratique compulsive de la photographie. Architectures vernaculaires, rites, sociétés de consommation, de l’Inde aux États Unis en passant par l’Égypte, rien n’échappe à son œil. En tout, ce sont près de 100 000 clichés, donnés à la Bibliothèque Kandinsky par Barbara Radice en 2013, qui composent ce paysage intime et délicieux offert à la vue du visiteur. Que dire de la nomenclature composée par Sottsass lui-même, si ce n’est qu’elle raisonne comme un doux poème et laisse entrevoir sa pratique quasi-ritualisée de l’archivage.
De l’exposition « Ettore Sottsass, l’objet magique », on ressort donc nécessairement envoûté par sa vision quasi-métaphysique des êtres et du monde, autant que des objets et des formes.
« Ettore Sottsass, l’objet magique », Paris, Centre Georges Pompidou, 13 octobre 2021-3 janvier 2022, Commissaire : Marie-Ange Brayer.

Etagère de rangement avec casiers et tiroirs encastrés.
Bois laqué et laiton, 250 x 200 x 50 cm.
Don de la Société des Amis du Musée national d'art moderne, 2010 .
© Adagp, Paris 2021 © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP

Armoire Bois, plastique peint, maquette d’armoire conçue pour Poltronova (Italie).
Don du designer, 1999.
© Adagp, Paris 2021
© Centre Pompidou, MNAM-CCI/Jean-Claude Planchet/Dist. RMN-GP

Strutture tremano, 1979 .
Haut guéridon à plateau en verre carré supporté par 4 colonnettes torses en métal laqué rose, bleu, vert et jaune, reposant sur une base parallélépipédique plaqué de mélaminé blanc Verre, acier laqué, stratifié
119 x 60,2 x 60,2 cm / Plateau : 60,2 x 60,2 x 0.5 cm

Fabricant : Bitossi & Figli, Italie, commande d'Irving Richards
Assiette plate Céramique, hauteur : 0,5 cm diamètre : 31 cm
© Adagp, Paris 2021 © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Jacques Faujour/Dist. RMN-GP

Photographie n°13, épreuve gélatino-argentique, 42 x 32 cm © Adagp, Paris 2021.

© Adagp, Paris 2021
Photography Erik and Petra Hesmerg/Courtesy The Gallery Mourmans

À chaque édition de « Genius Loci », c’est une expérience unique du lieu et du design que propose Marion Vignal, la curatrice de l’exposition à l’Ange Volant, à Garches. L’occasion de découvrir une vingtaine d’œuvres singulières dans l’unique maison en France imaginée par le génial architecte Gio Ponti.

Parmi les pavillons de cette banlieue paisible à l’ouest de Paris se niche un joyau de l’architecture, une maison signée de l’architecte italien de Gio Ponti. Construite en 1927, pour Tony Bouilhet, le propriétaire de la maison d’orfèvrerie et d’arts de la table Christofle, la villa l’Ange Volant, nous livre une lecture tout à fait personnelle de l’architecture. À première vue, une maison à échelle humaine, aux proportions justes et équilibrées de la façade, inspirée de l’architecture italienne palladienne et de ses jardins. Puis l’intérieur révèle le séjour à double hauteur d’une modernité stupéfiante qui est aussi un décor magistral, où le regard se perd un peu, tant il y a de beautés à voir. Si l’on s’arrête sur les courbes élégantes des fauteuils, les détails du plafond, le raffinement des teintes ou bien les poignées de porte, on constate que l’œuvre architecturale est totale ! Gio Ponti savait tout dessiner avec légèreté et théâtralité ! L’Ange Volant révèle aussi une ode à l’amour, puisque la villa a donné naissance au couple formé par Tony Bouilhet, le commanditaire du lieu, et par Carla Borletti, nièce de Gio Ponti, et ils s’y marièrent en 1928 un an après l’inauguration…


Genius Loci, l’esprit du lieu
Chaque édition de « Genius Loci « propose un programme dans un lieu privé, et offre à voir des œuvres d’artistes, de designers, d’architectes, dans une expérience immersive. « J’ai sélectionné les artistes intuitivement, afin qu’ils résonnent avec l’œuvre de Gio Ponti et, particulièrement, avec cette maison pour laquelle j’ai eu un coup de coeur », explique Marion Vignal, commissaire de l’exposition. On peut ainsi retrouver les sculptures de Nao Matsunaga dans le vestibule, le lampadaire de Michael Anastassiades, les tableaux miroirs de Maurizio Donzelli, ou encore la grande table en verre de la salle à manger de Studio KO, le banc en résine transparent de Studio Nucleo. On note ce choix judicieux du banc en pierre bleue de Hainaut, présenté sur la terrasse, des architectes belges Bas Smets et Éliane Le Roux, renvoyant à la passion de Ponti pour les ponts. La paire de fauteuils de trains de première classe en velours bleu du designer italien de1950 converse avec la table basse du salon en miroirs soudés et taillé comme un bloc de cristal, de l’artiste anglais Julian Mayor. L’une des commandes spéciales réalisées pour cet évènement.
À découvrir jusqu’au 24 octobre 2021, entrée libre sur réservation, toutes les informations sur www.geniusloci-experience.com




A St-Germain-des-Prés, l’hôtel la Louisiane a laissé place à Bienvenue Design, un évènement imaginé par Olivier Robert et Jean-François Declercq, dénicheur de talents belges et internationaux.
Un dédale de chambres au style vintage
La Louisiane, hôtel historique, un peu confidentiel, n’a pas été choisi par hasard. Souvent comparé au Chelsea Hotel de New York par ses résidents et fidèles voyageurs, les murs de La Louisiane sont chargés d’histoire. Ce bâtiment labyrinthique, à peine retouché, dans son jus, a été le lieu de rencontres et de pauses privilégiées des écrivains, peintres, plasticiens, musiciens, cinéastes, photographes. Depuis Verlaine et Rimbaud, de célèbres personnalités y ont séjourné, Juliette Gréco, Miles Davis, Nan Goldin, Lucien Freud, les Pink-Floyd, Quentin Tarantino. En 1943, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir en firent le QG des Existentialistes, un véritable refuge… De tous temps, l’établissement est un chez-soi à part, participant aux libertés artistiques, festives et amicales. C’est aussi l’hôtel, des fidèles clients et artistes tels que Picasso, César, le couple Dali, Amanda Lear, Giacometti, Takis, Cy Twombly ou encore le critique d’art Michel Leiris, Keith Haring qui dessinait sur les serviettes.
JEAN-FRANÇOIS DECLERCQ, DENICHEUR DE TALENTS, chambre 19
Pour le galeriste belge fondateur de l’Atelier Jespers à Bruxelles, ce lieu mythique de La Louisiane, où il séjourne régulièrement, résonnait comme une évidence. C’est un hôtel resté authentique, mystérieux, son histoire se mêle aux évènements éphémères, proche de mon travail de design historique et création contemporaine. Dans sa scénographie, il présente le collectif français Ker-Xavier et le designer belge Arnaud Eubeleun, les Chaises du Soir dessinée par Benoit Maire, rééditées en 100 exemplaires par WE DO NOT WORK ALONE, produites par Fermob. En1988 j’ai acheté ma première pièce vintage. Aujourd’hui j’ai absorbé le design historique, pour révéler les talents d’aujourd’hui. Ma sélection de de pièces de designers est une proposition personnelle hybride entre art et design. Ainsi, au sein du parcours sinueux des couloirs de l’hôtel, les créateurs invités ont investi quelques chambres, pour y installer des univers à la fois contemporains et poétiques étroitement liés à la nostalgie des lieux. Particularité de La Louisiane, on y refait la déco, on repeint les murs, on change la moquette le temps d’une exposition, en témoignent le travail de ces quatre artistes et designers.


LOU VAN’T RIET, DES TRIPTYQUES TACTILES, chambre 20
Cette jeune artiste bruxelloise est partie du constat suivant : dans les musées ouverts à tous, on pourrait transgresser le regard habituel du spectateur face aux œuvres. J’ai toujours été attirée par la perception des œuvres d’art, briser la règle du « ne pas toucher », rapprocher le spectateur, introduire une action. J’en ai même fait une thèse en observant tout simplement les gens, leurs attitudes, leurs comportements face à un tableau, une sculpture…. Son œil s’exerce dès ses études d’architecture et de design à Bruxelles, puis dans la mégapole de New-York où elle débute à la Chamber Gallery et en collaboration avec l’artiste pluridisciplinaire Katie Stout. Devant les œuvres de Lou van’t Riet, on est conquis par la plénitude des couleurs, l’évocation des grands espaces inspirés de ses voyages, l’acier laqué découpé à la perfection que l’on manipule aisément. Ces Triptyques, ultra résistants en acier émaillé, changent de formes, de couleurs, selon l’ouverture ou la fermeture des panneaux articulés sur des charnières. Avec du recul, on a une autre perception… A travers ses créations, l’artiste fait un pas de côté ; le spectateur est appelé à s’engager lui-même à interférer, avec l’œuvre et de changer son regard et son appréhension.

MARC BAROUD, CONFLUENCE DES FORMES, chambre 36
On ne présente plus ce designer inclassable, transdisciplinaire, aussi bien architecte d’intérieur que designer de produits ou de marque, oscillant entre deux cultures, libanaise et française. Bien qu’il soit plus habitué aux murs neutres des galeries qu’au décor vintage, Marc Baroud investit les lieux de la Louisiane en remodelant l’espace dans son intégralité. On a pu y découvrir ou re-admiré la collection Dot to Dots conçue entre 2021 et 2020. Les pièces, bibliothèque et étagères Intersections, tables ou bancs Segments, lampes Articulations, confirment l’étendu et l’éclectisme de ses recherches sur des structures souples ou des principes constructifs d’inspiration moderniste. Sa méthode de conception suit le passage de l’état d’idée à l’état d’objet et ouvre le champ des possibles vers des créations plus libres, évoluant vers des typologies de formes et de matériaux singulières. On plonge dans son univers organique et voluptueux. On est absorbé par la matière sophistiquée savamment polie, d’une bibliothèque en aluminium dont les modules non standardisés s’adaptent aux livres que l’on y place, ou d’un groupe de tables modulables et informelles, qui invite au toucher.


TIM LECLABART, INFLUENCE BRESILIENNE, chambre 38
Ce jeune créateur dessine depuis peu, après une première vie professionnelle à la galerie James, qui fut spécialisée dans le design brésilien. Si Tim Leclabart assume pleinement ses références à l’architecture et au design historique, c’est aussi pour mieux les comprendre les admirer et un jour, s’en éloigner. Représenté à Paris par la galerie Mouvements Modernes dirigée par Sophie Mainier-Jullerot qui installe ses collections dans des lieux invités, il créé de petites séries en autoédition, telles que les lampes Totems Axis, en bois brut de récupération, résine et verre soufflée. Se passionne pour l’histoire du design brésilien des années 70, dont il assure la continuité avec une sensibilité contemporaine. En témoigne le prototype d’assise, subtil mélange de noyer américain, de cannage à maille carré, fait main. J’ai conçu ce fauteuil avec la contrainte technique du triplis, pour la rigidité, du bois massif tourné et du cannage, pour rappeler l’esthétique des assises de Pierre Jeanneret. De même, s’inspire-t-il de la maison des Canoas, conçue par l’architecte Oscar Niemeyre en 1951 pour sa famille, en reprenant les plans de la forme du toit.


PALOMA GONZALEZ-ESPEJO : NAISSANCE D’UNE COLLECTION, chambre 40
Ce que l’on aime chez Paloma Gonzalez-Espejo, c’est sa volonté farouche d’aller à l’essentiel, sans détour. Sa voix douce et volubile, son léger accent espagnol, on est sous le charme ! Pourtant, sa vocation de designer est tardive. Après une carrière d’avocate, il y a dix ans, elle choisit la voie de la reconversion, suit son rêve et entreprend de créer des pièces de mobilier. S’en suivent ses études au CAD (College of Art and design) de Bruxelles, et à la clef, une table de chevet en guise de projet de fin d’études. Avec beaucoup d’humilité, d’enthousiasme, elle sait se montrer reconnaissante envers Jean-François Declercq, qui l’a soutenue sans réserve. Ainsi a débuté la collection Yume. Je voulais que ce chevet épouse la forme du lit, à droite ou à gauche, avec des tiroirs secrets pour certains modèles. Découvrant les beaux savoir-faire du bois et de la pierre des artisans, je sors de ma zone de confort, cela me fait grandir. Le mobilier en bois a été réalisé par Casimir Ateliers en Belgique, entreprise qui soutient les designers dans la fabrication de leurs prototypes ou petites séries. Le concept évolue sur le principe de l’élastique : le meuble s’étire d’un côté et de l’autre, se transforme ainsi en console. J’ai en tête déjà un banc et un bureau, qui vont compléter la famille Yume. Bientôt aboutie, cette collection déclinant le chêne européen, le noyer américain, le travertin, le marbre de Carrare, Calacatta Viola, Nero Marquina, est en quête d’éditeur…



Vivement demain !, c’est déjà aujourd’hui avec les jeunes diplômés des écoles du Campus Métiers d‘Art & Design! Dans le cadre de la Paris Design Week et le splendide écrin historique de la Sorbonne, rue des Ecoles, l’exposition qui a mis à l’honneur les travaux de 8 écoles supérieures et 14 établissements métiers d’art réputés, a présenté des créations traitant de sujets dont les jeunes pousses se font les meilleurs ambassadeurs. Des projets pluriels dans leurs formes et matières, qui parlent de questions environnementales – éthique, recyclage, préservation de l’environnement – mais aussi d’identité, d’intimité, du mieux vivre, pour certains aux savoir-faire à la fois respectueux des techniques traditionnelles et innovants. Focus subjectif et parcellaire sur 14 d’entre eux.

École Estienne, Projet « Kleenex 2021 », Nouvelles valeurs, nouvelle couleur
Romane Dède, Loraine Boudon, Morgan Gomez et Lea Jéquier ont conçu un projet fictionnel et global pour Kleenex, marque pionnière du mouchoir jetable, à travers la création d’un mouchoir non blanchi par le chlore, 100% biodégradable, doté d’un packaging parsemé de graines à planter. Dérivées de chutes de bois coupé, ses couleur et texture délestent l’objet de son image négative de « déchet ». Après la révolution hygiénique, place à la révolution écologique, et festive, à travers la « fête du moins », valorisant l’économie circulaire, dont cet objet « non-blanc » fait partie.

Lycée Octave Feuillet, Noémie Crosetti, chapeau
Le thème académique « mode et identité » imposé par l’école en Cap chapelier modiste impliquait de travailler sur le canotier, ce couvre-chef intemporel, réputé et très français. La pièce de la jeune élève Noémie Crosetti est à la fois esthétique et délicate, par l’usage du velours noir rebrodé de perles, comme elle témoigne du potentiel recyclable des objets du quotidien, par l’utilisation d’un set de table en fibre, pour ses bords.

Lycée Octave Feuillet, Daphné Cordesse, chapeau
Toujours dans la salle des Autorités de la Sorbonne où sont présentés des chefs-d’œuvre des Métiers d’Art, Daphné Cordesse, jeune apprentie plumassière au Lycée Octave Feuillet a imaginé un chapeau étrangement inspiré d‘une parure indienne en plumes de chef d’Amérique du Sud. Toutefois, elle y a ajouté une autre influence, celle du tartan, tissu d’origine celte, par le prisme de la broderie et des couleurs. Effet d’impression garanti.

Lycée Lucas de Nehou/ Ecole du verre, du cristal & du vitrail/Lycée Hector Guimard, Art de la pierre
Les nombreux CAP Arts et techniques du verre du Lycée Lucas de Nahou forment les jeunes artisans à l’excellence des savoir-faire dans ces domaines. En partenariat avec le Lycée Hector Guimard, certains élèves travaillent la peinture sur verre en lien, comme ici, avec le fenestrage de la cathédrale de chartre, réalisé par le tailleur de pierre François Tricoire. On note l’habileté à sortir des carcans de la restauration, à travers une peinture géométrique et minimaliste en regard de l’architecture gothique.

Lycée Lucas de Nehou, Ypeng Xin, Lampe à décor de hiboux
Ce jeune élève du CAP Arts et technique du verre, option décorateur sur verre, traite l’image du hibou sur verre plat, en utilisant la technique du sablage du verre. Même si l’excellence des finitions n’est pas encore atteinte, on remarque une grande maîtrise du procédé pour ce niveau. En outre, l’image animalière prend une envergure supplémentaire par l’effet de la lumière sur le verre.

ENSCI les Ateliers, Martin Tiessé, « Pignon sur rue »
Martin Tiessé est un jeune créateur visionnaire. « Pignon sur rue » s’intéresse « aux enjeux liés à la relocalisation d’une production pas chère et de proximité ». Son projet d’objets réalisés par moulage sous vide et systèmes d’assemblage questionne, entre autres, les procédés de fabrication mais aussi d’organisation du travail.

Ecole Nationale des Arts Décoratifs, Carla Genty, « Précieuse matière », diplôme architecture d'intérieur
« Précieuse matière » est un projet global, voire total et sensible, autour du lin, qui réinvestit un domaine agricole de cultivateurs. Comment ? En rénovant et considérant une ancienne ferme comme un « laboratoire de création, propice à la recherche et investi par des designers, artistes et chercheurs en résidences. » Un projet créateur de nombreux objets – comme ici des briques – liens, réintroduisant localement cette fibre.

-Ecole Nationale des Arts Décoratifs, « Tant que les fleurs existeront encore », Alexis Foiny, diplôme design d’objet
En réinventant l’Astiria Rosea, espèce botanique disparue de l’île Maurice au XIXème siècle, Alexis Foiny crée un poétique Memento Mori, selon ses termes. A partir de la collecte de nombreux documents avec des scientifiques, le designer a redonné forme et couleur à la plante, mais aussi « ressuscité » son parfum à travers un accord olfactif, avec un créateur parfumeur.

ENSAAMA, Vincent Noir, « Informer les formes » DSAA Mode textile
Entre tapis et tapisserie, cette belle pièce design est révélatrice d’un savoir-faire textile très abouti, et d’une attention poussée aux couleurs et formes. S’apparentant à une structure organique, presque mouvante, l’œuvre semble jouer sur sa fonction – un tapis utilitaire – et ce que l’on croit percevoir d’elle, une forme sans formes, au chromatisme vitaminé et pop.

ENSAAMA, Lola Mossino, « Mécanique de la pétasse », DSAA Métiers d’art
C’était certainement la pièce la plus truculente de l’exposition ! « Mécanique de la Pétasse » est une parure de bijoux en laiton, chaine et perles, qui va à contrecourant du cliché de la « pétasse », communiquant par et à travers son corps. En créant des bijoux sur cette figure féminine dépréciée, Lola Mossino questionne la notion de genre, d’identité avec beaucoup d’empathie, d’humour et de dérision. Et prouve comment une posture corporelle peut inspirer de nouveaux types de bijoux.

Ecole Camondo, Blanche Mijonnet « Cueillir la forêt »
Il s’agit d’une invitation à retrouver ce que la créatrice appelle le « luxe de l’essentiel » : dans le parc naturel régional de Chartreuse, elle imagine une cabane faite de matériaux glanés en forêt. Une architecture primordiale comme un retour à la vie sauvage, propice à un rapprochement avec soi-même. Un projet environnemental drainant de multiples interrogations sur le temps, l’individu, les besoins et désirs.

Ecole Boulle, Victoria Antunes « Brume »
Constituée de tubes d’acier plat recouverts de cuir d’agneau orangé et de laine pour les assises, cette pièce aux formes arrondies et lignes pures revisite la concept très tendance du télétravail. Pour pallier à la laideur de ses outils, elle a conçu un siège proposant diverses postures pour travailler de manière « invisible ». L’utilisateur peut s’asseoir sur le fauteuil, ou rester debout durant ses réunions virtuelles. Ainsi, le mobilier du télétravail disparaît pour se fondre avec celui du salon.

Ecole Bleue (école de design global), Justine Beets, « Henri »
La jeune créatrice s’est inspirée de la fameuse fraise portée par Henri IV, en travaillant plus précisément sur l’arrête, peu traitée de manière originale, de cette parure textile. Usant de feutre dont elle étudie la densité et la souplesse, elle crée une pièce unique, faite main, aux formes aléatoires qui épousent une structure métallique quasi invisible, et qu’elle envisage comme un lieu de discussion et de partage.

Ecole Bleue (école de design global), Nathan Laroche, « Candide »
Il s’agit d’un projet global, évoquant une maison d’édition fictive « Félicité », qui produirait un fauteuil intitulé « Candide », en référence au personnage littéraire, comme au rêve et à l’enfance. Nathan Laroche a inventé un siège inspiré des formes maternelles. Deux bras semblent envelopper l’utilisateur. Ce jeune designer a choisi un tissu de couleur unie verte, afin de valoriser les formes de l’objet, assorti d’un coussin dorsal.

Jusqu’au 31 juillet, il est encore possible de profiter à la galerie Perrotin de Paris des superbes expositions « Hartung 80 » et « Rothko Hartung, une amitié multiforme ». À ne pas manquer !
Représentant depuis 2017 l’estate Hartung-Bergman, Perrotin propose deux expositions d’envergure muséale sur l‘artiste français de l’abstraction lyrique, dans son espace principal et les trois salles de la rue Saint Claude.

2021 © Hartung / ADAGP, Paris 2021. Courtesy the artist and Hartung-Bergman Foundation Photo: Claire Dorn
L'une des salles de l'exposition Hartung 80
« Hartung 80 » met en exergue son ultime période, toujours féconde, découpée en sept séquences.
Pleines d’énergie, de fulgurances et de profondeurs chromatiques, les formes résultant d’un geste maîtrisé et d’accidents heureux s’émancipent. Et pour la première fois, la galerie organise un dialogue très étudié avec la pointure de l’expressionnisme abstrait américain et du Colorfield, Mark Rothko.

Sous le commissariat de Thomas Schlesser directeur de la fondation Hartung-Bergman, Rothko Hartung, une amitié multiforme évoque les relations plastiques et intimes des deux artistes aux nombreux points communs, à travers également des archives photographiques et un documentaire de Christopher Rothko, fils de l’artiste.
Prêt exceptionnel du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, N°14 Browns over dark peint en 1963 par Rothko converse avec quatre tableaux d’Hartung de la même époque. Ces expositions de haute volée, par l’expérience physique qu’elles procurent, sont immanquables.

Exposition Rothko-Hartung une amitié multiforme, à la galerie Perrotin, Paris - Jusqu’au 31 juillet 2021 (C) Hartung / ADAGP, Paris 2021. Courtesy Fondation Hartung Bergman & Perrotin Mark Rothko, N° 14 (Browns over Dark), 1963, Huile et acrylique sur toile, 228,5 x 176 cm. Centre Pompidou, Paris, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle. Achat de l'Etat, 1968. Attribution, 1976 (C) Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko / ADAGP, Paris 2021 Photo (C) Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI

Fantasmée, enchantée comme désenchantée, la mer est dans tous ses états à la fondation Carmignac.
Depuis plus d’une quinzaine d’années, l’art et son rapport à l’environnement ne cessent de questionner institutions, curateurs et artistes, à travers de nombreuses expositions, de débats et colloques internationaux sur le sujet. Pour sa quatrième saison, la Fondation Carmignac, créée en 2018 sur l’île de Porquerolles, au large de la presqu’île de Giens, pose un regard à la fois poétique et inquiet sur le thème.
Conçue par le commissaire invité américain Chris Sharp, l’exposition « La Mer Imaginaire » sonde la profondeur du lien de l’Homme au monde sous-marin.
Dans les nombreux espaces et jardins méditerranéens de la Villa, ce « muséum d’histoire naturelle » subaquatique imaginaire, version XXIe siècle, fait dialoguer les œuvres de la collection – la fontaine aux cent poissons de Bruce Nauman, la fresque sous-marine de Miquel Barceló ou encore homard perché sur une chaise de Jeff Koons – avec des productions créées pour l’occasion par, entre autres, les plasticiennes Bianca Bondi, Lin May Saeed, Kate Newby, ou encore des prêts d’artistes français et internationaux modernes et actuels.


Le visiteur plonge avec délectation parmi les poissons étranges d’Alisson Katz, les éponges d’Yves Klein le Monochrome, se perd dans la galerie voûtée transformée en grotte sous-marine de Miquel Barceló, s’interroge devant le corail réalisé en pain de mie du plasticien français Hubert Duprat …

Ressac, 2021. Œuvre in situ, Villa Carmignac, Porquerolles Coproduction Fondation Carmignac & Miquel Barceló © Miquel Barceló - ADAGP, Paris, 2021 © Fondation Carmignac - Photo Philippe Chancel

Coproduction Fondation Carmignac, Bianca Bondi et Mor Charpentier, Paris
© ADAGP, Paris, 2021 – Fondation Carmignac - Photographie : Marc Domage
Spectaculaire et menaçant, le squelette géant de baleine de Bianca Bondi en suspension en-dessous du bassin d’eau évoque, avec une poésie teintée d’inquiétude et de nostalgie, le cycle de la vie, de la mort, comme de la renaissance de la nature.
Tantôt mystérieuses, tantôt enchantées, souvent menacées, ces visions du monde marin et de ses écosystèmes en connexion avec l’esprit et l’architecture du lieu font réfléchir. Une exposition estivale immanquable, autant pour la beauté du site, des pièces exposées que pour la richesse de leurs propos.
