Mobilier
La marque italienne Living Divani présentait à Milan sa nouvelle collection, avec des pièces réalisées par les designers Piero Lissoni, David Lopez Quincoces, Marco Lavit et Giacomo Moor.
Pour sa collection 2023, Living Divani a fait appel à quatre designers pour imaginer ses nouvelles pièces, caractérisées par leur propre identité et qui s’intègrent parfaitement aux produits du catalogue, dans des combinaisons capables d’interpréter les différents besoins.
La collection Sumo et le sofa Clan de Piero Lissoni
Pour cette collection 2023, le designer Piero Lissoni a collaboré sur deux réalisations. D’abord, la collection Sumo, d’ores et déjà composée de canapés, de fauteuils, de dormeuses, de bancs et de tables basses, s’enrichit d’un lit simple ou double et d’un nouveau banc-lit.
Le designer a également imaginé le sofa Clan, un canapé défini par un haut dossier à la ligne arrondie, qui permet de faire entrer les personnes qui y siègent dans un dialogue convivial, assurant leur intimité.
Le fauteuil Ark de David Lopez Quincoce
Avec sa structure en bois, le fauteuil Ark est travaillé et courbé pour créer une forme dynamique, jouant sur le contraste avec les pieds en tige de métal. Conçu par David Lopez Quicoce, ce fauteuil était présenté pour la première fois pour Six Gallery et entre maintenant dans le catalogue Living Divani en tant que meuble sculptural.
Le miroir Paradigma et la console Alvea par Marco Lavit
Parmi ses nouveaux accessoires, Living Divani dévoile le miroir Paradigma, designé par Marco Lavit. Une pièce inspirée de la grille de Vitruve : la rondeur de la surface du miroir accueille quatre axes de guidage le long desquels il est possible d’insérer différents accessoires en bois pour compléter sa fonctionnalité, offrant un produit personnalisable, intime et sur mesure.
Marco Lavit collabore également une seconde fois pour cette nouvelle collection sur la console triangulaire tout en bois Alvea, dont la transparence et le jeu d’ombre et de lumière du plateau mettent en évidence la cavité du volume en bois qui trouve sa stabilité grâce aux traverses métalliques qui sont les seuls supports du plancher.
La commode Railway de Giacomo Moor
Railway est un meuble de rangement imaginé par Giacomo Moor, qui alterne des parties ouvertes et des compartiments fermés. Ce modèle est conçu en deux hauteurs différentes : dans la version inférieure, il peut être un simple meuble de rangement ou un meuble de télévision tandis que dans la version à deux niveaux, il peut devenir un buffet servant la table à manger.
Lors de cette semaine milanaise, la marque française Matière Grise a présenté sa nouvelle collection Delta, réalisée en collaboration avec le duo de designers Natasha.Sacha.
Du 16 au 20 avril, Matière Grise a dévoilé ses nouvelles collections au sein du nouvel espace dédié au design de recherche et à l’art situé dans la quartier de Barona. Il s’agit du projet, LABÒ accueillit par la Fondation Rodolfo Ferrari. L’occasion pour Matière Grise de présenter en avant-première la collection Delta, réalisée par le studio Natacha.Sacha, formé en 2019 et composé de Natacha Poutoux et Sacha Hourcade.
Une collection en tôle pliée
Delta est une collection qui incarne la volonté de combiner style et modernité en se distinguant par la singularité de ses formes au design singulier et généreux. Composée principalement de tables en tôle pliée, Delta est un objet de décoration à la fois raffiné et fonctionnel pour une utilisation quotidienne, et idéale pour se fondre dans des décors épurés ou dans des univers plus sophistiqués.
La collection Delta se compose de plusieurs typologies de meubles : tables à manger rondes ou rectangulaires, tables basses, consoles et des bancs. Au niveau de sa structure, celle-ci est formée par deux tôles en acier pliées et reliées par une traverse en chêne et des vis.
La 61 e édition du Salone del Mobile vient de fermer ses portes, avec des attentes dépassées en termes de fréquentation. Premiers bilans et impressions de cet événement très dense, marqué par le retour d’Euroluce.
Le Salon du Meuble de Milan vient de fermer ses portes avec une fréquentation estimée à 307 418 participants, soit une hausse de 15 % par rapport à l’édition 2022. Une évidence pour ceux qui ont arpenté les allées de la Fiera la semaine dernière, patientant parfois jusqu’à 20 min pour rentrer sur certains stands.
65% du visitorat provenait de l’étranger : avec le retour fort de la Chine, suivie de l’Allemagne, de la France, des États-Unis, l’Espagne et le Brésil étant ex aequo, sur les 181 pays d’origine identifiés. Une attente, et une réponse en présentiel, qui confirme toujours le rôle incontournable de l’événement sur la scène internationale. Du point de vue des exposants, plus de 2000 marques étaient présentes, en provenance de 37 pays différents. Sur un air de retrouvailles, les stands réoccupaient à nouveau de très grandes superficies, qui permettaient habilement de jongler entre pièces iconiques, best-sellers et nouvelles collections, saluant aux passages des déclinaisons de matériaux, la poursuite d’un travail des fabricants autour de la recyclabilité des produits (choix des matériaux, modularité, réparabilité). Bien sûr les Italiens recevaient en maîtres des lieux, dans des scénographies soignées, certaines aux clins d’œils sensibles : Pedrali, revenant à ses fondamentaux, ouvrait avec la chaise Nari, coréalisée par Andrea Pedrali et son grand-père Mario, fondateur de l’entreprise.
Parmi les premières impressions sur ce que va devenir le marché, on note la porosité des propositions des éditeurs à d’autres secteurs. Déjà largement amorcée depuis quelques années, l’ouverture des éditeurs indoor à l’outdoor devient une constante : ce qui pousse peut-être les fabricants de mobilier extérieur à s’identifier en retour sur d’autres créneaux. À titre d’exemple, Fermob marquait sa légitimité dans l’indoor, et notamment le secteur du contract, en présentant des versions de la Study (design Tristan Lohner) ou la chaise Bistro gantée de cuir, et un secrétaire, tout en se posant en fabricant de luminaires avec un autre stand dédié à Euroluce. Autre illustration, Ethimo élargissait son approche de l’outdoor comme un mode de vie à considérer, d’un point de vue structurel, avec en entrée de stand une pergola, et de celui des activités, avec des accessoires et produits liés par exemple à la cuisine extérieure ou le sport.
Un retour réussi pour Euroluce
Cette 61e édition était très fortement marquée par le retour d’Euroluce, très attendu, et pensé comme un test préfigurant les développements à venir du salon. D’une part, la scénographie était centrée sur l’expérience visiteur, pour qu’il puisse voir un maximum de stands sur son temps de visite, tout en tenant compte de ses besoins (repos, connexion…). Ce défi a été relevé par les Formafantasma : s’il n’était pas toujours simple de repérer les stands à partir de la numérotation attribuée, la déambulation était beaucoup plus fluide – d’autant appréciable dans la foule de visiteurs, comparativement aux halls dédiés au mobilier –, ponctuée, de mini-expositions, d’installations d’œuvres d’artistes, ainsi que d’aires de pauses multipliées. L’espace de talks, ouvert, était adjoint d’un espace librairie très richement doté. Participant à cette qualité de visite, les halls dédiés à Euroluce n’étaient pas éclairés, laissant la totalité de l’éclairage à chaque stand : cela donnait une visite apaisée, valorisait l’univers de chaque fabricant, quelle que soit la taille de son stand. Enfin, parmi les produits, d’Artemide à Flos, en passant par Brokis et bien d’autres, on notait surtout des innovations techniques, très subtiles, pour des éditeurs au service de solutions d’aménagement d’architectes, dans une multiplication d’éléments pouvant aussi bien vivre seuls que dans une combinaison de systèmes modulables à souhait.
In fine, cette édition 2023 dévoilait la transition que semble opérer le Salon dans son ensemble en confortant un positionnement sur l’intérêt de la prescription, particulièrement flagrante sur Euroluce. Ainsi, à terme, le défi pour les exposants à venir ne serait plus de présenter des nouveaux produits en tant que tels, mais avant tout de montrer leurs capacités à répondre à des projets des professionnels de l’aménagement, à se positionner sur une préconisation de solutions : un vrai retour aux fondamentaux du design ?
À l’occasion de la Milan Design Week, le projet LABÒ, dédié à la recherche sur le design et l’art, a exposé le travail de 40 professionnels : une première édition très réussie, notamment par les synergies proposées sur l’expérimentation comme source d’inspiration.
C’est un fait, c’est loin, mais le déplacement en valait largement la peine : c’est dans le quartier de Barona, au sein de l’immeuble SPA – Società Prodotti Antibiotici -, que les créations de 40 designers, entreprises et galeries d’arts internationales ont exposées dans le cadre du projet LABÒ. Un évènement promu par la Fondation Rodolfo Ferrari, sous la commission de The Design Blender composé par Elsa Lemarignier and François Leblanc of Cicilia, et d’Alisée Matta, présidente d’SPA et de la fondation.
Un laboratoire du design
En pleine synergie avec le lieu, jusqu’alors dédié à la recherche dans le domaine médical depuis sa fondation en 1947, le projet LABÒ un laboratoire d’idées créatives et de recherche : un processus d’expérimentation qui part d’une idée ou d’un concept pour devenir un produit ou une œuvre d’art. « L’altérité des formes et les sensations transmises par ce lieu exceptionnel ont été les principales sources d’inspiration de ce projet. La recherche devient source de création dans un parcours d’innovation entre hier et demain, entre art et savoir-faire, où le designer est au centre du processus » expliquaient les curateurs Elsa Lemarignier et François Leblanc de Cicilia.
Un lieu de transmission et d’expositions
L’expérience LABÒ proposait de découvrir le travail et le savoir-faire de designers, artisans d’art, entreprises et galeries d’art. Une suite d’expositions successives qui dévoilaient différents champs du design. La visite s’ouvrait avec l’exposition « Studio of Colors » qui abordait le thème de la couleur à travers la production de quinze designers et artisans.Ensuite, au sein des espaces qui accueillaient auparavant des investigations pharmaceutiques, étaient présentées des recherches sur les processus de transformation des matières premières dans une optique d’éco-responsabilité et d’utilisation de l’énergie. Cela concernait des pièces de mobilier, de verre, de bijoux et d’objets du quotidien. Autour de la recherche de matières ou de techniques, on y découvrait notamment les recherches spécifiques de Caroline Besse sur la couleur, lauréate des Grands Prix de la Création de la ville de Paris, les expérimentations autour du bois de Steven Leprizé, et le transfert de technique d’heliogravure de Marie Levoyet.
Plus loin, les espaces Relax et Elettrico, initialement destinés au club de loisirs des employés de l’entreprise et au stockage des matières premières et à la production pharmaceutique, accueillent quant à eux une sélection de créations haut de gamme et de collections, ainsi que des éditions limitées et pièces uniques. Parmi les exposants, en bel exemple des synergies art et design, la maison d’édition ColAAb offrait une proposition intéressante de son travail avec des artistes contemporains, parmi lesquels on retrouvait Mounir Fatmi, Morgane Tschiember et Nicolas Momein.
L’Elettrico présentait également une exposition consacrée aux travaux de design de l’artiste surréaliste Roberto Matta. Enfin, la visite se terminait par un espace dédié au design de collection. Ici, de nombreuses entreprises spécialisées dans la conception et la production de meubles et d’accessoires étaient exposées. On y retrouvait aussi des pièces récemment acquises récemment par le Mobilier national dans son soutien à la jeune création. Pour cette première édition, ils ont été nombreux à répondre présents. On peut citer par exemple la présence de Carbone 14, Matière Grise, Samuel Accoceberry Studio, Reda Amalou, Sollen ou encore Veronese.
La plateforme de promotion du design contemporain Alcova était de retour pour sa 5e édition pendant la Milan Design Week, du 17 au 23 avril. Un condensé de la jeune création bien éclectique, entre pièces uniques et séries limitées, recherche formelle et innovation matériaux.
C’est au sein des espaces de l’Ex-Macello di Porta Vittoria, ravivés pour l’occasion, que 90 projets de design contemporain ont été présentés pour cette nouvelle édition d’Alcova. Plateforme créée pour les designers et les entreprises qui étudient l’avenir du design et de la fabrication, Alcova a été fondée en 2018 par Joseph Grima (Space Caviar) et Valentina Ciuffi (Studio Vedèt). Chaque année, pendant la Milan Design Week, Alcova fait en sorte de rassembler acteurs et institutions qui définissent le design d’aujourd’hui en présentant des travaux novateurs sur les environnements de vie, les produits, les systèmes et les matériaux.
Un programme riche dans un lieu atypique
Au cours des cinq dernières années, ils sont plus de 300 designers, entreprises, galeries et institutions culturelles de tous les continents à avoir pris part au projet Alcova. L’événement, qui est devenu l’un des plus visités au monde dans le domaine du design, a continué cette année son ascension avec un programme très riche, conjuguant expositions immersives, installations spécifiques et conférences.
Les visiteurs ont ainsi par exemple découvert une scénographie immersive et dans le monde la matière coordonnée par Jan Boelen pour l’Atelier LUMA ou encore l’installation de la plateforme finlandaise, Habita rematerials, organisée par Nemo Architects, où les visiteurs exploraient une encyclopédie à grande échelle d’échantillons de matériaux nouveaux et respectueux de l’environnement. D’autres expositions en liens avec le développement durable ont été également présentés avec des projets de la start-up Chair 1:1, du duo californien PROWL ou encore de STACKLAB.
Qu’il s’agisse de designers, de galeries, de musées, d’écoles ou d’entreprises, les recherches et créations proposées dans les différents bâtiments d’Alcova dressaient un panorama vivant de la jeune création actuelle, comme une vitrine tangible de ce que l’on peut consulter rapidement sur les réseaux sociaux. Et au regard de la foule qui se pressait dès l’ouverture – sans se soucier des aléas de la météo !– , ces découvertes sont les plus attendues du « off » de Milan.
Le banc IMIROIR est le fruit des recherches et du brevet délivré en 2021 sur l’écoute et l’accessibilité auditive à la designeuse Cécile Planchais. Posé dans un jardin, il se révèle silencieux. Audio connecté, IMIROIR, devient ainsi un « objet d’émerveillement et de partage ».
Sensible à l’accessibilité auditive et aux espaces recevant des publics (ERP), elle voulait que le banc Miroir « parle discrètement à chacun et à tous en particulier ». Le banc IMIROIR transmet dans la même qualité que ses reflets, des documents sonores avec une programmation facile à renouveler. Autoportant ou scellé, ses accoudoirs embrassent 5 à 6 personnes pour ressentir la moindre nuance musicale ou vocale. Il s’adresse aux personnes privées des sens auditifs et visuels ou à toute personne ayant besoin de se reconcentrer ou de se détendre. « Écoutez-le, laissez-le vous emporter » comme sur les salons SITEM (Salon international des musées), sans casque, ni smartphone. C’est un accessoire de rue destiné à toutes les personnes dans le monde qui n’ont pas accès à des solutions auditives de haut niveau.
Un dispositif pensé pour l’accessibilité
« J’ai considéré que si les usages sonores et le design sonore se renouvelaient, il était indispensable de concevoir des supports immersifs, attractifs, confortables, de haute définition ne nécessitant pas de travaux. IMIROIR, s’adresse à tout type d’auditeurs et de population. Écouter sans subir les bruits ambiants désagréables, nécessite une diffusion discrète qui respecte le site et les personnes » expliquait Cécile Planchais à propos de son projet.
IMIROIR a fait l’objet d’une installation immersive dans le cloître de l’Abbaye de Noirlac, à 20 km au sud de Bourges, dans le centre de la France, où les visiteurs étaient plongés dans un environnement sonore naturel et historique interprété par deux compositeurs. Ses dernières installations en 2022 de ce banc en inox poli miroir, sur pieds brossés, pour un poids moyen de 100 kg sur 2,30 m, étaient sur le salon architect@work à Paris et à Milan.
Pour la Milan Design Week, Ethimo dévoile le fauteuil dining Allaperto Bistrò et le fauteuil Grand Life, deux nouveautés qui viennent agrandir respectivement les collections Allaperto et Grand Life.
Pour cette nouvelle édition de la Milan Design Week, la marque italienne Ethimo propose de découvrir en exclusivité deux nouvelles assises. D’une part, le fauteuil Allaperto Bistrò, qui vient compléter la collection lounge emblématique Allaperto, imaginée par Matteo Thun et Antonio Rodriguez ainsi que le fauteuil Grand Life, imaginé par Christophe Pillet.
Allaperto Bistrò, fauteuil d’inspiration parisienne
Inspiré par l’atmosphère chaleureuse des cafés français, Allaperto Bistrò est un petit fauteuil dining, réinterprété par Ethimo, Matteo Thun et Antonio Rodriguez. Il se caractérise par le confort ergonomique de son assise, mais aussi par son allure singulière, conservant le charme intemporel du tressage.
Un modèle avec une forte inspiration parisienne, associée à un design simple et fonctionnel, qui reflète parfaitement l’esprit dynamique de la collection Allaperto dans son ensemble. Pratique, fonctionnel et facilement empilable, le fauteuil Allaperto Bistrò peut ainsi s’associer à n’importe quel type de tables, peu importe leur forme, usage ou matière.
Grand Life, générosité et élégance
La collection Grand Life, designée par Christophe Pillet, se raconte à travers des meubles lounge à l’ergonomie accueillante, synonyme d’une vie en plein air décontractée et d’un quotidien raffiné. Elle se complète ainsi d’un nouveau fauteuil de table inspiré de l’emblématique bergère. Un fauteuil aux proportions généreuses, qui révèle une élégance et un esprit haute couture, en parfaite cohérence avec toute la gamme.
Le Grand Life reprend la même composition formelle et matérielle que la bergère : sa structure est réalisée en teck naturel, tandis que son dossier prend forme dans l’entrelacement d’une corde acrylique, qui évoque le travail artisanal de l’ancienne paille de Vienne. Ses coussins d’assise et de dossier sont entièrement déhoussables et sont spécialement conçus pour l’extérieur.
Si la pandémie aura été une véritable prise de conscience pour de nombreux acteurs de la production face à l’environnement, Jean-Sébastien Blanc et Nicolas Sommereux ont poussé le curseur un peu plus loin encore. Le binôme a tout simplement pris en compte un facteur de base : le bon sens pour créer leur marque Demain Jardin.
Engagée, Demain Jardin est une nouvelle marque de mobilier d’extérieur réfléchi et durable. À sa tête, Nicolas Sommereux, entrepreneur responsable d’une entreprise de mobilier de jardin, et Jean-Sébastien Blanc, designer et co-fondateur du Studio 5.5. Leur point commun : une réflexion aboutie autour du respect de la nature.
Huit valeurs fortes
Aux questionnements sur la responsabilité du designer, l’épuisement des ressources naturelles, la pollution générée par le recyclage, le duo répond avec 8 valeurs fortes qu’ils mettent en avant à l’instar d’un manifeste. Au programme, pas de collection mais des produits intemporels et utiles qui s’inscrivent dans la durée et auxquels d’autres viendront s’ajouter. Ces premiers s’articulent autour de 3 objets : la banquette « Orage », déclinée en trois tailles avec un coffre de rangement intégré, les tables « Nuage » et la lampe « Tempête ».
Les formes sont volontairement simples pour être atemporelles et transmissibles. Leur architecture est dissociée pour permettre la réparation d’éventuelles pièces à changer. Vendus à prix juste, mobilier et accessoires le sont uniquement en ligne afin d’éviter les intermédiaires.
Canapé Orage, disponible en trois tailles, avec coffre de rangement intégré © Demain Jardin
Livrés à plat pour une meilleure optimisation du transport, les éléments en aluminium, verre et liège sont fabriqués à 85% en France avec des filières de recyclage existantes. Si faire autrement passe par un retour aux sources, alors le pari est réussi !
Jusqu’au 9 mai, Kann Design présente ses nouvelles collections au showroom Kvadrat. L’occasion de découvrir en avant-première la collection Atlas et la nouvelle version de la chaise Tal imaginées par Leonard Kadid, ainsi que les tables Toucan d’Anthony Guerrée.
Crée en 2010 par Houssam Kanaan, Meghedi Simonian et Rudy Bou Chebel qui partage une même passion du design moderne et fonctionnel, Kann Design s’est très vite démarqué en multipliant les collaborations avec les designers. Toutes les pièces sont réalisées à l’atelier Kanaan dans un petit village du Liban. Un héritage du père d’Houssam, ancien artisan ébéniste et gage d’un véritable savoir-faire et d’une maîtrise de l’ensemble de la chaîne de production : des premières ébauches à la commercialisation.
Des collections qui allient confort, durabilité et fonctionnalité
Pour la collection de canapés et fauteuil Atlas, Léonard Kadid a effectué de nombreuses recherches sur le confort et la durabilité. Avec une structure intégralement réalisée en acier tubulaire thermolaqué, celle-ci est facile à transporter et peut être installée aussi bien en intérieur qu’en extérieur. Par ailleurs, tous les coussins fixés sur la structure grâce à un système de clips sont amovibles et peuvent être retirés facilement. La forme « ouverte » de l’assise, offre une diversité de positions à ses utilisateurs. Disponible en plusieurs couleurs, le tissu Kvadrat choisi pour couvrir les coussins peut être adapté à une utilisation intérieure ou extérieure.
Aussi, pour l’occasion, Léonard Kadid présente une version grise de sa chaise Tal. Une réalisation dont la structure est faite d’aluminium et de bois, et dont les profilés en aluminium en T renforcent l’assise en contreplaqué et permettent aux pieds en bois massif de s’y verrouiller. Assemblés en quelques mouvements seulement, tous les modèles sont livrés en kit, à plat.
Kann Design présente également les nouvelles tables Toucan, dessinées par le designer Anthony Guerrée. Une collection particulière puisque les plateaux de ces dernières sont réalisés à partir de tissu recyclé Kvadrat Really.
La maison italienne Giorgetti, qui fête ses 125 ans cette année, dévoile en exclusivité deux pièces de sa collection 2023 : le tabouret Skirt et Woody & Mia, un ensemble de tables basses et poufs.
Fondée à Meda en 1898, Giorgetti est une entreprise spécialisée dans le bois massif, manipulé par des artisans au savoir-faire unique, propre à l’Italie. À l’occasion des 125 ans de l’entreprise, Giorgetti organise un ensemble d’évènements, dont la sortie de sa nouvelle collection 2023 ainsi que l’ouverture de nouveaux lieux avec notamment l’inauguration de deux showrooms, à Milan et New York.
Skirt, le tabouret imaginé par M2Atelier
Imaginé par M2Atelier, le studio de design de Marco Bonelli et Marijana Radovic, le tabouret Skirt esrt basé sur une approche créative en référence aux années 1960. Le nom du tabouret, Skirt (Jupe en anglais), a été choisi pour faire référence à l’arrière de celui-ci, recouvert de cuir, qui fait penser à la silhouette d’une jupe. Un design axé sur le confort et la fonctionnalité, pensé pour répondre aux besoins de l’hôtellerie mais qui peut tout à fait avoir sa place dans les espaces domestiques.
Woody & Mia, collection puzzle
Développé par Giorgetti R&D, l’équipe de recherche interne de l’entreprise, la collection Woody & Mia incarne deux récits liés par un trait commun. La table basse Mia est conçue pour être le point central de la salle de séjour. Le plateau de la table en noyer, laisse distinguer une entrée courbée sur un coin, qui s’emboîte avec la table d’appoint Woody, dont les formes sont moulées dans le bois. Woody est également disponible en une version « pouf », en tissu ou en cuir, toujours conçu pour s’aligner, comme deux pièces d’un puzzle, avec Mia.
Avec le développement de solutions nomades de luminaires et d’enceintes, le jardin prend vie jour et nuit… et est investi le plus longtemps possible dans l’année. Un marché d’accessoires en devenir.
Retrouver le dossier spécial outdoor dans le nouveau numéro d’Intramuros 215.
À l’intérieur, la led a engendré une révolution du luminaire, dont on a hâte de constater les dernières évolutions au prochain Euroluce. Le développement de batteries fonctionnant à l’énergie solaire ou rechargeables a été son corollaire au jardin. Au-delà de l’éclairage du site pour en profiter la nuit, par des bornes, appliques, balises, comme le proposent les éditeurs spécialisés tels Flos ou Nemo Lighting, les fabricants de mobilier se sont à leur tour emparés de ces évolutions techniques pour accompagner la liberté de déambuler, inhérente à l’espace extérieur, avec des déclinaisons de lampes à poser, voire de lampadaires et autres accessoires. Il s’agit toujours de transposer – entièrement– le salon au jardin, et de profiter durablement de l’espace, jour et nuit.
Cette tendance n’est pas près de s’arrêter, si l’on suit l’exemple de Fermob. Lors de la dernière édition de Maison & Objet, l’entreprise faisait le choix d’un stand exclusivement dévolu aux luminaires : une diversification portée par le succès premier de la lampe Balad, lancée en 2015, et surtout par le rapprochement du fabricant avec Smart & Green, spécialiste du domaine. Comme le spécifie Bernard Reybier, pour ce segment : « Aujourd’hui, nous sommes à un niveau de fabricant de luminaires. » Et les gammes se sont diversifiées, du luminaire nomade sur batterie aux collections connectées. Le studio interne a développé une appli et un interrupteur (autrement dit, une télécommande intuitive ultra-simplifiée) pour permettre de gérer, via le Bluetooth, allumage et intensité. Un investissement réel dans ce secteur, si l’on considère la formation transmise aux revendeurs spécialisés et le développement à venir de corners, après l’expérience temporaire à Marseille du concept-store 100% Lighting. Et ces développements ont pu être constatés chez d’autres fabricants comme Maiori qui se sont aussi penchés sur les questions d’autonomie.
L’apport de la led
René Adda, expert en sonorisation et mise en lumière des lieux, souligne que « l’évolution technique a fait exploser la capacité à mettre en lumière et en son les espaces. La miniaturisation de la technologie, le passage aux leds (Light Electroluminescent diods) et autres batteries rechargeables contenant du Lithium, ont permis le développement d’une nouvelle génération de lampes dont Ingo Maurer und Teams, Foscarini et autres ont su développer la technologie en Europe. Lampe et audio se combinent sur le même support, le son et la lumière se rejoignent dans la même lampe. La bougie électronique avec sa flammèche en leds qui vacille fait que plus personne ne dîne dans la pénombre. Le dîner aux chandelles a trouvé sa version moderne. Et cette technologie vient de Chine ou revient de Chine après exportation et copie. Même si la première lampe à incandescence continue de brûler à Chicago, l’obsolescence programmée des luminaires passe d’abord par l’ampoule. Sony fabrique en Chine, Samsung est Chinois et Thomson, marque française qui fabriquait en Chine est devenue chinoise profitant d’une organisation en pyramide tout d’abord tournée vers le client. La technologie leds a changé également vers toujours plus de miniaturisation, allant jusqu’à imiter le fil à incandescence que l’on enveloppe aujourd’hui d’un globe de verre. C’est peut-être dans l’industrie automobile que l’on constate le plus ce renouvellement des leds avec des surlignages des silhouettes des véhicules parfois surprenant dans la nuit comme le logo Peugeot en rétro éclairage sur le flanc de la voiture aux 24h du Mans. Néanmoins, grâce aux leds, la consommation d’électricité, cette fée Electricité, se réduit de 20 ou de 30%. Mais leds et audio doivent être étanches et passer tous les tests de conformité dans des usines gigantesques en Chine (chez SGS), un centre de contrôle suisse qui fait passer aux produits tous les tests de certification à l’international. Les douze normes obligatoires pour pouvoir voyager dans le monde entier sont acquises en deux à trois mois. » Temps long, temps court ?
Aménager durablement son espace sonore
Outre l’utilisation ponctuelle des enceintes nomades, l’aménagement sonore de l’extérieur est encore un secteur qui requiert des compétences techniques importantes, pour peu que l’on souhaite des enceintes fixes. Des sociétés comme Henri qui gèrent de A à Z les installations pour l’intérieur ont cependant élargi leur intervention à l’extérieur. Ces prestations relèvent pour le moment de services très haut de gamme, comme ceux du Cercle Parnasse. Service haut de gamme de Orange, il fête discrètement ses 15 ans avec une clientèle de qualité co-optée, sélectionnée. Le profil des 3000 adhérents : grands voyageurs d’affaires qui vont de la Zone Afrique à la zone Amérique avec coach privés installés en région Rhône Alpes, sur la côte méditerranéenne ou dans les Alpes sur les hauts sommets.
À 37 ans, Younesse Bouzahzah est le responsable des prestations sur mesure Parnasse Sud. Il accompagne les clients sur les transferts des enceintes Bose, Bang Olufsen, Sonos, Origine Acoustics, Architectura Sonora, Bluesound…sous la direction de Xavier Righini, directeur de Parnasse Sud à Mougins. Depuis 2023, le cercle s’est développé avec une agence à Aix (Bouches du Rhône et Vaucluse), Lyon (Ain, Rhône), Annecy (Haute Savoie), Ajaccio et Bastia (Corse). « Pour toute installation, un audit avec diagnostique est nécessaire pour une couverture indoor ou outdoor. L’étude technique est nécessaire pour le câblage des résidences de grande superficie et en fonction du son et du design qu’il souhaite, on lui propose des choses différentes. Des produits qui se marient avec la végétation ou se noient dans la pierre, les rochers, de qualité, souvent anthracite. Pour être totalement indépendant, le client est accompagné à distance. Avec quatre ans de recul, nous constatons que nos installations pérennes, parfois plus coûteuses, satisfont une clientèle classique qui ne tient pas à changer d’installation tous les trois ans. Chez Parnasse, nous vendons avant-tout une relation humaine et notre clientèle touche les Grands Particuliers, notaires, médecins, architectes…cooptés par le bouche-à-oreille. Nos installations s’arrêtent à moins de 1000 mètres. »
En septembre dernier, durant la Paris Design Week, le French Design by VIA présentait les résultats de sa session annuelle d’incubateurs. On y découvrait le module Parta, fruit de la collaboration entre le designer Samuel Accoceberry et la toute récente entreprise Ekkin : ce module de cuisine extérieure comprend un ingénieux système d’ouverture qui permet notamment de doubler la surface du plan de travail en glissant les parties supérieures vers le côté. Retour sur cette collaboration avec Florent Canini, fondateur d’Ekkin.
Retrouvez le dossier spécial outdoor dans le numéro 215 d’Intramuros.
Vous avez monté EKKIN récemment : quel a été votre constat de départ ?
Nous avons été fortement influencés par le mode de vie dans le Sud-Ouest, très marqué par l’Espagne où l’extérieur a une place prépondérante dans les modes de vie ainsi que la convivialité et la gourmandise. Et nous avons vite fait le constat d’un éparpillement des meubles qui existaient, souvent trop petits, étriqués, qui imposent d’agréger plein d’éléments hétéroclites pour rassembler toutes les fonctionnalités. Nous avons choisi dès lors de transposer en un seul module tout le confort et l’ergonomie d’une vraie cuisine. Sans oublier la convivialité qu’elle engendre dans de nombreuses occasions, comme ces moments très sympas où tout le monde se réunit un verre à la main autour de celui qui met une touche finale à la préparation du dîner.
Combien de temps a pris la finalisation de ce premier produit présenté en 2022 ?
Entre la première rencontre et la finalisation : 2 ans. C’était aussi la création d’une marque, EKKIN, en plus de celle d’un produit, Parta, donc une nouvelle aventure très complète pour nous.
En faisant appel à un designer externe, quelle était votre attente ?
Je cherchais une compétence technique doublée d’une compétence créative. Samuel Accoceberry s’est tout de suite intéressé à notre outil industriel et au travail du métal qu’il connaissait déjà un peu, ce qui m’a plu. Je voulais qu’il apporte son regard extérieur et nous garantisse une cohérence du produit avec le marché, que celui-ci soit innovant et en phase avec les usages. Mais évidemment, rien de tout ça n’aurait pu se passer si une bonne entente et une confiance n’étaient pas nées dès le départ. L’humain est primordial.
Votre brief ?
Une cuisine extérieure : quelque chose où l’on puisse se réunir, debout ou posé, facile, pratique, avec un condensé d’une cuisine la plus compacte possible autour d’une plancha.
Que vous a apporté concrètement l’inscription dans l’incubateur French Design ?
Bénéficier de l’incubateur du French Design by VIA nous a apporté pa mal de choses, comme des rencontres avec des gens du milieu de l’hôtellerie et un questionnement sur le produit sur son impact environnemental notamment. Une aide sur l’aspect normatif, indispensable pour des produits intégrant des appareillages électriques. Ils sont allés loin, en faisant tester nos produits par des bêta-testeurs ; Ils nous ont fait des retours intéressants sur la préhension du produit, sa perception en situation réelle de cuisine. Ça a suscité des questions pertinentes et des améliorations. Et nous avons aussi pu faire une première présentation du produit au grand public lors d’une exposition et nous roder un peu.
Comment se répartissent vos clients ?
Ce produit s’adresse non seulement à des particuliers qui disposent d’un extérieur, terrasse ou jardin, mais aussi à des professionnels, hôteliers, restaurateurs, traiteurs, dans ou intervenants dans l’événementiel par exemple.
Acteur majeur de la diffusion de mobilier en France, RBC fêtait en 2022 ses trente-cinq ans. Si le marché du résidentiel reste une part importante de l’activité de l’entreprise, elle intervient de plus en plus dans le secteur du contract sur des projets majeurs. Directeur adjoint, François Basilien témoigne de l’évolution du marché du mobilier outdoor.
Retrouvez le dossier spécial outdoor dans le numéro Intramuros 215.
Comment avez-vous vu évoluer le marché de l’outdoor ces dix dernières années ?
L’aménagement de terrasse au bureau, voire l’aménagement de bureaux en terrasse s’inscrit dans une démarche globale d’entreprise afin de valoriser la cohésion des équipes et l’intégration de nouvelles recrues. La terrasse au bureau est promesse de détente et de bien-être. Si pendant un temps, elles ont été délaissées, aujourd’hui elles sont intégrées dans la stratégie d’entreprise. Un atout supplémentaire en termes de critère d’employabilité de celle-ci. En termes d’aménagement, une terrasse doit intégrer différentes sortes de mobilier mais aussi de jeux extérieurs pouvant supporter les aléas climatiques.
Si l’on y regarde de plus près, l’objectif d’aménagement de ces terrasses est double. Il est également pensé pour offrir des espaces de réunion informels, permettant aux salariés de poursuivre leurs échanges, en extérieur, dans un cadre différent et plus amical. De cette façon, le mobilier outdoor gagne du terrain en termes d’aménagement d’espaces tertiaires. Dans la mouvance du Flex Office, et au même titre que les espaces de convivialité « indoor », le bureau en terrasse répond à cette logique de créer des conditions favorables à une activité professionnelle à l’extérieur. Ce postulat s’applique à l’univers tertiaire, mais également aux acteurs de l’hôtellerie – restauration.
Des nouveaux segments sont-ils apparus ?
Le concept de « l’outdoor living » ne cesse de croître. La volonté de traiter l’espace extérieur comme un prolongement de l’espace à vivre est devenue une constante que la crise sanitaire a accélérée. Nombreux éditeurs ont élargi certaines de leurs collections pour les adapter à l’univers outdoor, à l’image de MDF Italia. On observe aujourd’hui une tendance inverse où les collections outdoor peuvent trouver leur place à l’intérieur. Il y a quelques années encore, l’offre de mobilier outdoor était très restreinte et sélective. C’était vraiment un savoir-faire spécifique, voire une offre de niche.
Aujourd’hui, au même titre que l’offre de mobilier d’intérieur, nous n’avons jamais eu autant de propositions de mobilier outdoor. Le mobilier d’extérieur fait partie de la logique et de la stratégie de toute marque. Plus flagrant encore, dans un contexte de télétravail accru, on assiste à l’émergence de bureaux résidentiels outdoor. Cela fait écho à une certaine mutation du commerce. Les ponts entre les métiers et les univers formels se créent. Aujourd’hui un distributeur comme RBC a toute sa place dans un projet d’aménagement global, dans la mesure où il répond à un projet d’ensemble. Force est de constater que l’extérieur, au même titre que la cuisine n’est plus considérée comme une pièce en soi, participe d’un projet d’aménagement global impliquant. Autre constat, l’usage du mobilier outdoor à destination initiale résidentielle, prend place dans le paysage urbain. C’est le cas par exemple de Bla Station, qui propose une collection Oppo Betong, de Stefan Borselius, pour l’espace public.
Comment percevez-vous les attentes des consommateurs ?
Dans le domaine du privé, on constate un changement de mentalité concernant le choix des matériaux, l’approvisionnement. Nous allons privilégier les matériaux éco-responsables, recyclables, transformables- réutilisables et surtout, nous favorisons les circuits courts. Les bois exotiques n’ont plus autant la « cote ». Les processus de fabrication de certains éditeurs et fabricants sont également largement impactés, comme par exemple le laquage à basse température de l’acier (largement utilisé pour le mobilier d’extérieur). Une cuisson basse température permettant un temps de cuisson plus faible, et donc une consommation énergétique moindre. Matière Grise est un éditeur français, précurseur en la matière.
En termes d’acteurs du secteur ?
De nouveaux acteurs émergent sur le secteur. Par exemple le Groupe Segneré, acteur industriel spécialisé dans l’aéronautique s’est lancé dans le développement et la fabrication d’une collection de mobilier d’extérieur en aluminium : S Collection qui incarne l’alliance du design et de l’industrie aéronautique.
Comment avez-vous été impacté par le Covid ?
Des délais plus longs chaque année, mais une offre plus vaste. Nous stockons la marchandise pour pouvoir répondre à la demande. Et ce, dés le mois de janvier.
Comment voyez-vous l’évolution du secteur dans les dix prochaines années ?
Le mobilier d’extérieur devra prendre en compte plusieurs critères. Au même titre que le mobilier indoor, le confort d’assise et sa modularité sont des critères importants, tant assis que debout. Prévoir des systèmes de positionnement pour l’ordinateur sécurisés, ainsi qu’une protection au regard des éléments météorologiques. Envisager des abris, voire des cabines acoustiques spéciales pour l’extérieur afin de se protéger du soleil, de la pluie et créer des espaces de confidentialité, avec un effet de fraicheur naturel.
La terrasse, l’espace extérieur sont devenus des éléments de distinction à part entière, notamment pour les hôtels et restaurants. Mama Shelter a lancé le concept : créer des espaces spécifiques pour engager et fidéliser la clientèle. L’espace outdoor est une signature de chaque lieu, de chaque projet architectural avec se spécifités. Pour le projet de l’hôtel Brach, nous avons sélectionné du mobilier outdoor en bois, éclectique faisant écho au potager de la terrasse.
Au début des années 60, Mario Pedrali crée un atelier avec lequel il produit des meubles de jardin en fer forgé : le mobilier extérieur sera ainsi le fondement de Pedrali, qui s’est depuis bien élargi à l’aménagement résidentiel, le mobilier de bureau, comme celui de l’hospitality. Aujourd’hui à la pointe de la technologie, la grande entreprise italienne fêtera cette année ses 60 ans, sans oublier ses racines. Sa présidente actuelle, Monica Pedrali, fille du fondateur, et son frère nous partagent leur vision du secteur de l’outdoor.
Retrouvez notre dossier spécial dédié à l’outdoor dans le numéro 215 d’Intramuros.
Quelles évolutions avez-vous constaté sur le secteur de l’outdoor ?
Ces dernières années, nous avons constaté l’émergence d’une nouvelle façon de vivre, d’expérimenter et de partager les espaces, en accordant de plus en plus d’importance à l’ameublement de nos maisons, aux espaces en plein air des restaurants et cafés, ainsi qu’aux espaces communs des lieux de travail. Ils sont de plus en plus conçus pour assurer le bien-être, et l’objectif est d’apporter la même qualité et le même soin à l’extérieur qu’au mobilier intérieur. Pour le marché résidentiel, ces dernières années, nos maisons ont été réaménagées pour nous accueillir plus longtemps. Les espaces extérieurs, tels que les terrasses, les jardins et les vérandas, se sont imposés, contribuant de manière significative à notre sérénité et à notre humeur. Accueillants, intimes, ils possèdent les mêmes qualités que celles que l’on retrouve à l’intérieur. Dans le monde entier, nos collections meublent nombre d’espaces plein air de résidences privées : la collection Panarea de CMP Design et Reva Twist de Patrick Jouin se trouvent sur la terrasse d’une résidence privée surplombant le lac d’Iseo, les chaises Tribeca de CMP Design définissent les espaces extérieurs de villas privées en Grèce, la collection Remind d’Eugeni Quitllet a été choisie pour la Casa Lo Alto en Espagne…
De même, dans le secteur du contract, parmi les projets récemment réalisés avec nos collections d’extérieur, nous pouvons citer le Khufu’s Restaurant à Giza où les fauteuils Panarea de CMP Design meublent la terrasse extérieure à la vue splendide sur les pyramides. La collection Panarea décore également les extérieurs de l’Osteria BBR d’Alain Ducasse à l’hôtel Raffles de Singapour, la terrasse du restaurant DAV Milano by Da Vittorio dans le cœur moderne de Milan, et le restaurant Amandus de l’hôtel cinq étoiles Villa Lario Resort, qui surplombe le lac de Côme.
De nouveaux segments de marché ont-ils émergé ?
Le besoin d’espaces extérieurs se fait de plus en plus sentir dans les espaces de travail, en raison des nombreux avantages que la verdure apporte au bureau : lorsqu’il y a des espaces extérieurs pour se détendre ou lorsque des éléments naturels sont introduits sur le lieu de travail, la satisfaction et la productivité augmentent, ce qui permet de maintenir des niveaux élevés de concentration.
Quels sont les secteurs avec lesquels vous travaillez ?
Nous nous adressons principalement aux architectes et aux décorateurs d’intérieur qui souhaitent inclure des produits avec des finitions qui ennoblissent les matériaux utilisés. L’utilisation de la couleur est aussi très importante pour Pedrali, c’est un élément distinctif de notre marque, nos collections sont présentées dans des tonalités chaudes et vives. Lors de la conception de produits outdoor, l’accent est mis sur le bien-être. Pour ne citer qu’un exemple, le nom de la collection Reva de Patrick Jouin évoque des atmosphères relaxantes et rêveuses.
Comment traitez-vous les contraintes propres à la conception outdoor ?
Nous accordons une attention particulière à la qualité croissante des matériaux, de plus en plus innovants, à l’excellence des performances techniques et esthétiques. Je pense aux cordes en polypropylène résistant aux intempéries, pour un aspect vraiment naturel, ou le béton, un matériau très résistant qui, grâce à l’ajout d’additifs soigneusement sélectionnés, garantit d’excellentes performances techniques, notamment la facilité de nettoyage, une plus grande résistance aux contraintes mécaniques et aux intempéries, et une faible perméabilité aux liquides et aux taches.
Quelle est la demande principale qui vous est faite ?
On nous demande surtout des produits polyvalents répondant aux besoins de reconfiguration et d’évolution de l’agencement des espaces. Ceux-ci peuvent changer considérablement en fonction des besoins. En outre, les architectes et les décorateurs d’intérieur recherchent principalement la qualité et la durabilité des matériaux de nos meubles. La fonctionnalité va également de pair avec le design : un meuble est demandé et apprécié lorsqu’il est à la fois fonctionnel et beau. Nous faisons beaucoup de recherches dans le choix des tendances, des couleurs et des lignes, et nous offrons une large gamme de finitions personnalisées. Nous étudions des meubles qui s’adaptent à des environnements de styles différents, où le dialogue entre l’extérieur et l’intérieur est continu et efficace.
Ces attentes ont-elles eu un impact sur le positionnement de votre marché, de votre stratégie, de votre activité commerciale ou même de votre produit?
Notre entreprise peut être définie par les concepts d’esthétique, de tradition et d’innovation. En ce qui concerne ce dernier point, l’innovation est liée à une connaissance approfondie et de longue date des matières premières, des processus et des solutions technologiques, transformant le design en une production industrielle de grande valeur. Pedrali produit « juste à temps », « ce dont vous avez besoin quand vous en avez besoin », et grâce à la production allégée, elle réduit les déchets de matières premières. L’entreprise dispose non seulement de plus d’espace pour stocker les produits, mais elle gagne également en efficacité dans la production de produits « sur mesure ». L’objectif est d’offrir un meilleur service aux clients et de respecter les délais de plus en plus stricts des projets d’ameublement.
Avez-vous une équipe de conception interne ?
Oui, nous disposons d’un département de recherche et développement qui s’occupe de la conception et de l’industrialisation des produits. Des designers professionnels, au sein d’une équipe dirigée par mon frère Giuseppe, développent leurs concepts de design sur la base d’un mélange d’héritage, de savoir-faire technique et de créativité. Travaillant en étroite collaboration avec les départements de production et de qualité, les produits sont développés à partir d’une recherche rigoureuse. Le résultat est une ligne de produits industriels fonctionnels et polyvalents en métal, plastique, bois et tissus d’ameublement, mais aussi en combinaison les uns avec les autres. Le processus allie tradition et innovation, excellence technique et ingéniosité créative.
Que vous apporte la collaboration avec des studios de design indépendants ? Comment cela s’articule avec vos propres équipes ?
Pedrali est présent sur le marché français depuis de nombreuses années et nous sommes fiers de collaborer avec des designers français tels que Patrick Jouin et Patrick Norguet. En outre, la combinaison de notre savoir-faire et de l’historicité des terrasses et des dehors français, des cafés aux restaurants, donne naissance à des projets prestigieux. Par exemple, notre mobilier a été choisi pour l’espace extérieur du Café Jacques d’Alain Ducasse au Musée du quai Branly, où les fauteuils Tribeca de CMP Design ont été utilisés. Pour la terrasse du restaurant Les Ombres, avec une vue spectaculaire sur la Tour Eiffel, les chaises Nolita, également de CMP Design, ont été utilisées.
Les collections Pedrali naissent de la collaboration synergique de l’entreprise avec des designers italiens et internationaux qui adhèrent à sa philosophie et l’enrichissent de leurs précieuses contributions. Les designers externes travaillent avec notre équipe de techniciens : ingénieurs, prototypistes, dessinateurs, graphistes et concepteurs d’expositions. Le défi consiste non seulement à créer de nouveaux produits, mais aussi à compléter les gammes avec de nouveaux matériaux et technologies, avec le soutien précieux de spécialistes techniques issus du savoir-faire de notre territoire.
Ces collaborations nous ont permis d’obtenir d’importantes récompenses comme, en 2011, le Compasso d’Oro adi pour la chaise Frida conçue par Odo Fioravanti, celui-là même qui a conçu le fauteuil Babila Twist, un siège d’extérieur caractérisé par une coque tissée avec une corde plate en polypropylène résistant aux intempéries. Je pense que le design, pour être efficace, doit suivre les besoins du consommateur, être capable de s’adapter et de caractériser les espaces dans lesquels les produits sont placés, dans le but d’assurer le bien-être des individus, leur sérénité, de faciliter leurs activités et leurs opérations, et d’être le promoteur d’un style de vie respectueux de l’environnement et des ressources.
Avec qui collaborez-vous pour les espaces extérieurs ?
Notre entreprise collabore avec des architectes et des décorateurs d’intérieur en Italie et à l’étranger. Mon père Mario, fondateur de l’entreprise, a commencé à collaborer avec des architectes dans les années 1970, en produisant des meubles pour leurs projets d’hôtels et de restaurants. La collaboration avec l’architecte Luigi Vietti remonte à cette époque. Mario a créé le mobilier de certains de ses projets les plus connus sur la Costa Smeralda. De cette époque date également le projet de l’hôtel Santa Tecla à Acireale, pour lequel il a fourni les meubles : des sièges aux tables, des têtes de lit aux cadres des miroirs. Un projet complet. Les architectes sont également sensibles à la question de la durabilité environnementale et nos produits reflètent parfaitement cette philosophie.
Quelles évolutions technologiques majeures caractérisent Pedrali ?
Pedrali est une entreprise de l’industrie 4.0 dont les usines sont équipées de machines interconnectées. Chaque année, une part importante du chiffre d’affaires est investie dans l’innovation, la technologie, ainsi que la production numérisée. Les machines technologiquement avancées et l’automatisation des processus garantissent une production, une manutention interne et une livraison plus rapides, ainsi que le respect des délais de livraison. Il en résulte une plus grande flexibilité pour répondre aux exigences des clients, tout en maintenant l’accent sur la qualité des produits.
L’innovation est liée à une connaissance approfondie et de longue date des matières premières, des processus et des solutions technologiques, transformant le design en une production industrielle de grande valeur. En outre, en 2020, l’entreprise a fabriqué ses premiers produits « gris recyclés », fabriqués à partir de polypropylène recyclé : 50 % de déchets plastiques de postconsommation et 50 % de déchets plastiques industriels. Les déchets plastiques postconsommation proviennent de produits qui ont été utilisés puis dûment recyclés par les consommateurs, tels que les bouteilles en plastique ou les emballages alimentaires. Les déchets plastiques industriels proviennent des conteneurs et des films en plastique. Tous les produits fabriqués à partir de ce nouveau matériau durable partagent une teinte grise caractéristique, une couleur neutre choisie pour égaliser et dissimuler les imperfections typiques des matériaux recyclés. Sous le nom de « gris recyclé », les produits sont marqués de l’inscription tamponnée « 100 % recyclé », afin de souligner leur caractère écologique.
Comment organisez-vous votre approche de la durabilité ?
Pedrali poursuit son engagement en faveur de la durabilité environnementale en mettant en œuvre de meilleures stratégies. Pour citer quelques exemples concrets d’opérations récentes visant à améliorer son impact environnemental, nous avons installé plus de 3 000 panneaux photovoltaïques sur ses usines, produisant une quantité totale de 1,2 MW d’énergie, capable de couvrir les besoins énergétiques de l’entreprise. Pour réduire la consommation d’énergie, pendant la saison froide, l’eau chaude produite dans les processus de moulage des matières plastiques est récupérée et acheminée vers les autres départements de production pour les chauffer. De même, pendant la saison chaude, un système composé de cinq tours de refroidissement aide les refroidisseurs à abaisser la température de l’eau des moules. Notre engagement pour la préservation de la planète est démontré par les investissements importants réalisés pour certifier ses produits et ses systèmes, ainsi que par des actions concrètes liées à la qualité des matières premières et des usines de production.
Vous défendez une stratégie globale d’évaluation de l’impact de votre production ?
Les certifications des systèmes de l’entreprise comprennent UNI EN ISO 9001:2015 pour son système de gestion de la qualité et UNI EN ISO 14001:2015 pour sa gestion environnementale durable, qui s’étend à toutes les phases du processus de production. Nous avons également terminé l’étude de l’empreinte carbone de l’entreprise et obtenu la certification conformément à UNI EN ISO 14064-1:2019. L’évaluation a mesuré le total des émissions de gaz à effet de serre produites, directement et indirectement, par les activités commerciales de l’organisation sur une période donnée.
En analysant la quantité de CO₂ que nous produisons, nous pouvons déterminer l’impact de l’ensemble de notre cycle de production sur l’environnement. Avec des données concrètes à portée de main, nous pouvons définir des objectifs d’amélioration continus, contrôlables et donc réalisables. Comme je le disais, en 2020, l’entreprise a lancé ses premières collections fabriquées à partir de polypropylène recyclé. Chaque produit fabriqué à partir de bois est certifié FSC C114358, certifiant l’utilisation de bois provenant de forêts gérées de manière responsable et adéquate, conformément à des normes environnementales, sociales et économiques strictes. De plus, depuis 2018, l’entreprise utilise des revêtements à base d’eau composés principalement de résines d’origine végétale pour ses collections en bois.
Dans les 10 prochaines années, comment imaginez-vous l’avenir du marché du mobilier d’extérieur ?
Le mobilier d’extérieur doit être accueillant pour la maison, mais également pour l’hôtellerie, il doit remplir différentes fonctions, être polyvalent et facile à entretenir et à nettoyer, un mobilier de haute qualité qui peut durer. À une époque où l’exploitation des ressources et du territoire est monnaie courante, il est important que ces produits soient également valables d’un point de vue éthique, produits de manière responsable et correcte, et conscients de la durabilité. La production de nos collections suit l’optimisation des ressources et la minimisation des déchets.
En termes de durabilité, nous sommes une entreprise qui a développé, au fil des ans, une philosophie « verte » avec des choix qui deviennent l’expression de la manière dont le respect de l’environnement est une pratique établie depuis des années. En partant de la conscience que, dans un moment historique caractérisé par une maximisation perturbatrice et excessive des ressources environnementales disponibles, s’engager dans la responsabilité sociale ne consiste pas à faire des choix « verts » concernant la production et l’éthique des produits d’une entreprise, mais il s’agit de faire de la durabilité environnementale un élément central de la culture d’entreprise, et un objectif commercial clé à moyen et long terme. Avec des données objectivement mesurables, l’entreprise peut fixer des objectifs d’amélioration continue indicatifs de sa pleine adhésion à l’Agenda 2030 pour le développement durable promu par les Nations unies.
Depuis une vingtaine d’années, Ego Paris s’est tranquillement imposé sur le marché de l’outdoor avec notamment des systèmes modulables devenus de véritables best-sellers. Si le design a d’abord été une affaire interne, le fabricant français a peu à peu fait appel à des designers externes, et développé depuis quelques années une collaboration forte avec les 5.5 pour un repositionnement clair de la marque.
Retrouvez le dossier spécial outdoor dans le nouveau numéro 215.
Fondée en 2003, Ego Paris, société familiale gérée par deux frères, Nicolas et Yann Sommereux, a l’ambition de tout fabriquer en France, dans le Beaujolais et dans les délais les plus courts (3 semaines). Leur atelier de fonte d’aluminium produit les structures, l’atelier de soudure les ajuste, leur atelier de peinture propose 40 couleurs au choix. Pour un développement à l’international, ils ont noué des partenariats avec de grandes marques françaises comme Serge Ferrari Group pour sa toile Batyline anti-tâches appliquée au parasol Helios, la marque espagnole Docryl pour ses tissus acryliques qui résistent à toutes les conditions du outdoor ou des tissus d’éditeurs spécialement conçus pour l’extérieur comme Missoni ou Rubelli. Nouveauté de cette année : une collaboration avec Lelièvre sur une collection outdoor. Ego Paris réalise 60 à 70% de son CA à l’international, Benelux, Allemagne, Émirats Arabes Unis…
De nombreuses collaborations
Avec les 5.5 Designers, ils développent la ligne Sutra depuis 3 ans, une collection de lounge qui a évolué vers le repas, une association d’aluminium et teck idéale pour résister à l’extérieur. Inspiré par les ganivelles en châtaigniers ou acacia des plages de l’Atlantique ou de la Méditerranée, elle structure l’espace. Avec Fabrice Berrux, éternel romantique, ils ont mis au point un Bain de soleil Forever en forme de cœur, une pièce icônique qui en frappera plus d’un ou plus d’une.
Depuis 2008, la collection Kama de Benjamin Ferriol, assure le rôle de ‘Togo’ de la marque : un canapé trois places modulable avec des coussins qui font passer du deux places à la méridienne en passant par le Bain de soleil. La table Extrados s’étend de 180 cm à 300 cm avec un chemin de table central amovible où l’on peut glisser plantes aromatiques, porte serviettes ou billots de couteaux.
Avec 11 collections, ce sont 150 produits – chaises, fauteuils avec coussins, roues ou traverses (pour ne pas s’enfoncer dans l’herbe) -, qui sont livrables en moins de 3 semaines grâce à l’engagement d’une vingtaine de personnes. Période cruciale, Pâques voit les commandes affluer. Pour les grands chantiers ou les hôtels d’architectes, c’est 4000 à 5000 pièces par an.
The Tokyo Toilet s’attaque à l’insalubrité des toilettes publiques de la capitale japonaise par la rénovation de 17 d’entre elles dans le quartier de Shibuya. Conçus par de grands noms de l’architecture et du design japonais, ces sanitaires publics sont également l’occasion de sensibiliser la population nippone à l’importance de garder ces lieux propres et accessibles pour autrui.
Enclenché en août 2020 avec la rénovation d’une première toilette publique, le projet The Tokyo Toilet devrait bientôt arriver à son terme. Alors que 14 d’entre elles sont aujourd’hui terminées, la totalité des 17 toilettes publiques constitutrices du projet devrait être achevée dans les mois à venir.
Ces rénovations sont à l’initiative de l’ONG japonaise spécialisée dans l’innovation sociale The Nippon Foundation, en collaboration avec le quartier de Shibuya, l’un des 23 arrondissements de la capitale Tokyo. Pour l’occasion, l’ONG a confié la conception de ces sanitaires publics à 16 architectes et designers de renommée mondiale, dont Tadao Ando, Shigeru Ban, Fumihiko Maki, Toyo Ito, tous les quatre récipiendaires du prix Pritzker. Presque entièrement libres dans leur conception, ils se devaient toutefois de proposer un espace sanitaire universel, pouvant être utilisé par tous. Ainsi, chacun des projets proposés offre une expérience sanitaire différente selon le lieu d’implantation : les toilettes font office de lanternes dans les zones peu éclairées et illuminent les alentours, tandis que dans les parcs elles arborent des lignes sculpturales, par exemple.
Favoriser l’esprit d’hospitalité
The Tokyo Toilet s’apparente à une expérience sociale dans sa volonté de promouvoir une société inclusive, où les toilettes publiques sont accessibles à tous, nonobstant de l’âge, du sexe ou du handicap. Il s’agit notamment de favoriser l’esprit d’hospitalité, notion extrêmement importante au Japon. En effet, les toilettes y sont considérées comme un miroir de la société. Cela implique donc des protocoles de nettoyage renforcés et des comportements irréprochables pour garantir un espace propre à l’utilisateur suivant.
Outre la dimension esthétique, le projet The Tokyo Toilet met ainsi l’accent sur l’entretien et la maintenance de ces espaces sanitaires publics. Chacun d’entre eux est nettoyé trois fois par jour, inspecté mensuellement par un agent dédié et connaît un lavage annuel soigné de ses murs extérieurs, de ses appareils d’éclairage et de ses ventilateurs.
Dans un souci de sensibilisation des populations les plus jeunes, des ateliers pratiques de nettoyage à destination des enfants sont mis en place, afin de leur faire comprendre l’importance des installations publiques, et de les inciter au civisme. L’image des agents d’entretien est également redorée auprès des adolescents par l’intermédiaire du bleu de travail : l’uniforme est rendu trendy grâce à Nigo, directeur artistique chez Kenzo, qui a été chargé de le dessiner.
Les quatre “K”
The Tokyo Toilet s’inscrit dans une démarche de revalorisation de l’image de ses toilettes publiques, surnommées quatre “K”, lancée il y a près de quarante ans. En effet, dès 1985 par le professeur Nishioka de l’université Keio et son groupe de recherches composé de médecins, d’urbanistes et de fabricants de toilettes cherchent un remède à ces toilettes kitanai (“sales”), kusai (“malodorantes”), kurai (“sombres) et kowai (“effrayantes”), délaissées par les habitants, à l’exception de quelques rares personnes comme les chauffeurs de taxi. Un paradoxe lorsqu’on connaît la réputation exemplaire des toilettes japonaises, mondialement reconnues pour leur propreté et leur fonctionnalité.
Retrouvez notre dossier spécial outdoor avec un portfolio de projets innovants dédiés à l’espace public dans le numéro 215 d’Intramuros.