Rétro 2021 : AKAA, le retour attendu
Au Carreau du Temple, AKAA Also Known As Africa signait en novembre dernier une édition du renouveau en exposant le meilleur et le futur de la scène contemporaine du continent africain et de sa diaspora, aux thématiques actuelles.
Comme un signe de la présence grandissante de la création africaine à l’internationale, Akaa 2021 revenait au moment où les enseignes Marianne Ibrahim et Cécile Fakhoury, dédiées à ce marché, s’implantaient à Paris. Après un an d’absence, le salon rassemblait 34 galeries, dont huit nouvelles et exposait 133 artistes. Au sein de son espace Rencontres, une carte blanche avait été confiée à Aristote Mago, brodant sur des sacs en lin de mystérieux personnages. Ses pièces aux propos à la fois personnels et économiques dialoguaient avec celles, oniriques, de la jeune Tiffanie Delune. Le centre de la foire était également investi d’une pièce monumentale textile, chargée de sens, de Morné Visagie.
Côté grandes galeries françaises, on retrouvait chez Magnin-A de chatoyants tableaux de Chéri Samba, tandis que Georges-Philippe & Nathalie Vallois, entre autres, proposaient des céramiques design de King Houndekpinkou, ou encore des sculptures-fétiches à clous version 2021, de Franck Zannou, dit ZanFanhouede. Quant à Anne de Villepoix, elle révélait quelques-uns des tableaux très verdoyants et poétiques de Leslie Amine ou Souleimane Barry.
À travers la photographie, cette scène se révèlait toujours aussi pointue et ambitieuse. Notre coup de cœur va à Gosette Lubondo, Prix Maison Ruinart 2021, dont les œuvres étaient aussi visibles sur le salon Paris-Photo. Chez Angalia, ses tirages de 2016 évoquaient la mémoire et ses fantômes, à travers des jeux de reflets et de couleurs. De nombreux portraits comme ceux de Saïdou Dicko ou Justin Dingwall chez ArtCo, de Bruno Cattani chez Vision Quest4 Rosso ou encore ceux d’Angèle Etoundi Essamba, chez Carole Kvanesvki, illustrent l’usage fréquent et sublimé de ce médium. Le fonds de dotation Ellipseartprojects était également présent à travers des épreuves d’Ibrahima Ndomi, lauréat 2021 du prix éponyme et membre du collectif sénégalais atelier Ndokette.
Au-delà de leur beauté plastique souvent flamboyante, les œuvres exposées parlaient d’identité, de métissage, de discriminations, comme de la violence de l’histoire, du politique, des religions et de l’environnement. En 2021, Akaa reste le meilleur baromètre de l’art africain actuel, confirmé et prospectif.