Culture
Organisée par le collectif “United Artists for Ukraine », et sous l’égide de la fondation franco- britannique Hexagon Society, une vente aux enchères en faveur des institutions culturelles ukrainiennes se tiendra le dimanche 6 novembre, à l’Institut du Monde Arabe.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, de nombreuses institutions culturelles ont été affectées. Pour apporter leur soutien, le collectif “United Artists for Ukraine » a décidé d’organiser une vente aux enchères, dont la totalité des bénéfices sera reversée à ces institutions. Avec l’aide de l’institut Ukrainien de la Culture, huit projets ont été soigneusement sélectionnés parmi les principales institutions culturelles du pays : Odesa Fine Arts Museum, The National Art Museum of Ukraine, The Ukrainian Institute, The Ukrainian Cultural Foundation. Cette vente aux enchères se tiendra le dimanche 6 novembre, à l’Institut du Monde Arabe à Paris, à partir de 19h, en présence de Jack Lang et de l’ambassadeur d’Ukraine en France.
La soirée sera ponctuée de plusieurs performances, dont un concert de Pop-ukrainienne, un DJ Set de « La Boum », ou encore la projection en avant-première du ballet-hologramme « HOPE » de l’artiste du collectif Marie Beltrami.
Des lots sous forme de NFT
De plus en plus actuels, les NFT s’inviteront à la fête et seront même au coeur de cette vente aux enchères. En effet, les lots proposés sont sous forme des cartes de membres au format NFT, créées par l’artiste Iryna Ozarinskaya. Celles-ci donnent à leurs acquéreurs accès à des visites d’ateliers et des rencontres chez les artistes du collectif, à des moments privilégiés avec des personnalités du monde de l’art, à des vernissages et des soirées privées. Les cartes de membres seront mises en vente à partir du 2 novembre sur le site de la plateforme Collection : https://bit.ly/3zadoJd. Chaque NFT est authentifié, approuvé par le musée, la galerie ou l’artiste concerné, et sécurisé sur la blockchain.
Pour cette vente, les galeries Aika, Diapo Gallery NFT, DSL Collection, Opera Gallery, Galerie PACT, Perrotin, Shifting Vision, Thaddaeus Ropac gallery, T&L gallery, Wizard Gallery ainsi que les magazines spécialisés Whitewall magazine, Purple magazine et The Art Newspaper sont partenaires de l’évènement.
Pour assister à la vente : UAFU.eventbrite.com
Au Carreau du Temple, AKAA Also Known As Africa signait en novembre dernier une édition du renouveau en exposant le meilleur et le futur de la scène contemporaine du continent africain et de sa diaspora, aux thématiques actuelles.
Comme un signe de la présence grandissante de la création africaine à l’internationale, Akaa 2021 revenait au moment où les enseignes Marianne Ibrahim et Cécile Fakhoury, dédiées à ce marché, s’implantaient à Paris. Après un an d’absence, le salon rassemblait 34 galeries, dont huit nouvelles et exposait 133 artistes. Au sein de son espace Rencontres, une carte blanche avait été confiée à Aristote Mago, brodant sur des sacs en lin de mystérieux personnages. Ses pièces aux propos à la fois personnels et économiques dialoguaient avec celles, oniriques, de la jeune Tiffanie Delune. Le centre de la foire était également investi d’une pièce monumentale textile, chargée de sens, de Morné Visagie.
Côté grandes galeries françaises, on retrouvait chez Magnin-A de chatoyants tableaux de Chéri Samba, tandis que Georges-Philippe & Nathalie Vallois, entre autres, proposaient des céramiques design de King Houndekpinkou, ou encore des sculptures-fétiches à clous version 2021, de Franck Zannou, dit ZanFanhouede. Quant à Anne de Villepoix, elle révélait quelques-uns des tableaux très verdoyants et poétiques de Leslie Amine ou Souleimane Barry.
À travers la photographie, cette scène se révèlait toujours aussi pointue et ambitieuse. Notre coup de cœur va à Gosette Lubondo, Prix Maison Ruinart 2021, dont les œuvres étaient aussi visibles sur le salon Paris-Photo. Chez Angalia, ses tirages de 2016 évoquaient la mémoire et ses fantômes, à travers des jeux de reflets et de couleurs. De nombreux portraits comme ceux de Saïdou Dicko ou Justin Dingwall chez ArtCo, de Bruno Cattani chez Vision Quest4 Rosso ou encore ceux d’Angèle Etoundi Essamba, chez Carole Kvanesvki, illustrent l’usage fréquent et sublimé de ce médium. Le fonds de dotation Ellipseartprojects était également présent à travers des épreuves d’Ibrahima Ndomi, lauréat 2021 du prix éponyme et membre du collectif sénégalais atelier Ndokette.
Au-delà de leur beauté plastique souvent flamboyante, les œuvres exposées parlaient d’identité, de métissage, de discriminations, comme de la violence de l’histoire, du politique, des religions et de l’environnement. En 2021, Akaa reste le meilleur baromètre de l’art africain actuel, confirmé et prospectif.
En imbriquant dispositifs numériques aux humeurs dystopiques de l’anthropocène et pièces organiques où le design d’objets ouvre des pistes plus poétiques, l’exposition Hyper Nature du festival nantais Scopitone donne un aperçu intrigant du mélange d’hommage et de fantasme que la nature peut susciter chez l’artiste. À voir jusqu’au 19 septembre
Le parcours déambulatoire au sein des différents espaces de Stéréolux – le bâtiment vaisseau-mère de Scopitone – instille en effet un rapport plutôt complexe et intriqué avec une nature interprétée ici sous différentes coutures. Plusieurs pièces alternent ainsi hommage à la nature et questionnement des artistes sur notre relation à celle-ci, à l’ère de l’anthropocène où l’impact humain sur nos écosystèmes devient problématique.
Le glacier artificiel miniature sous cloche de verre du Tipping Point de Barthélemy Antoine-Lœff renvoie donc au temps nécessaire pour qu’un glacier se crée… ou se régénère. Le Soleil Vert de Cécile Beau rejoue dans son aquarium l’hymne à la terre du triptyque minéral / végétal / animal en mettant en scène sphère d’algues, roches immergées et fossiles de crevettes. Les écrans et dispositifs numériques rallient la célébration technologique dont Scopitone est coutumier sous le même prisme, comme dans la collection d’archives virtuelles d’espèces végétales disparues du Floralia de Sabrina Ratté.
Le questionnement se porte en particulier sur les signaux et les indicateurs que la nature peut transmettre à l’homme quant à un état des lieux plutôt inquiétant. Le projet très art / science Spring Odyssey d’Elise Morin – mené en partenariat avec des scientifiques de Paris-Saclay – s’appuie ainsi sur la création d’une plante réactive au stress radioactif, à la fois transposée dans des environnements virtuels de réalité augmentée et dans la réalité de la « Forêt Rouge » de Tchernobyl où elle a d’ailleurs muté. Plus allégorique, la sphère terrestre enfermée dans une boîte baignant dans le liquide fluorescent et trouble du Laboratory Planet II du collectif Hehe rappelle que la pollution est désormais un poison global.
Physique quantique et activité électromagnétique : la nature fantasmée
Pour autant, l’exposition sait aussi brouiller les pistes en mettant en perspective la manière un peu fantasmée dont les artistes s’inspirent de la nature, et notamment de ses phénomènes physiques invisibles ou inexplicables, dans leur travail. Une façon pour eux de créer les scénarios d’un futur spéculatif dans lequel le design d’objet s’octroie une véritable place.
L’impressionnante machine de mécanique des fluides du Soudain Toujours de Guillaume Cousin crée ainsi par ses propulsions de fumée chaotiques un environnement systémique et organique renvoyant à la physique quantique et à ses inconnues. Les expériences atmosphériques du dispositif Zoryas de Claire Williams s’articulent autour d ‘une matière-énergie de plasma combinant gaz d’extraction interstellaire (argon, néon, Krypton, xénon, etc.) et activité électromagnétique solaire, introduite dans des sculptures en verre où elle révèle d’intrigantes chorégraphies de contraction électriques dignes des fameuses bobines Tesla. Des ondulations sonifiées – que Claire Williams décline encore avec son ondoscope, un appareil de captation des variations électromagnétiques naturelles, dans son autre installation, Les Aethers – que l’on peut même entendre tactilement à partir des vibrations émises depuis la table circulaire d’écoute entourant l’œuvre.
Dans ce registre design d’objets et scénographie symbiotique, la vingtaine de sculptures robotisées du Supraorganism de Justine Emard fait sans doute figure de morceau de choix. Inspirée du comportement des essaims d’abeilles, la pièce associe récipients en verre soufflé et petits dispositifs mécaniques et lumineux intrusifs en jouant une partition collective impromptue. Une note d’espoir peut-être pour une narration futuriste moins dystopique que celle d’autres artistes de l’exposition. Laura Colmenares Guerra par exemple, chez qui l’expression plastique prend la forme de sculptures imprimées en 3D donnant une représentation volumétrique des menaces environnementales pesant sur l’Amazonie (déforestation, prospection minière).
Festival Scopitone, Nantes, jusqu’au 19 septembre.