Les Franciscaines : d’un lieu de culte à un lieu culturel

Les Franciscaines : d’un lieu de culte à un lieu culturel

Les Franciscaines sont censées ouvrir leurs portes au public le 21 mars et annoncer un printemps culturel à Deauville. Rénové par Alain Moatti et son équipe, cet ancien couvent se veut reconverti en lieu hybride : un rendez-vous chaleureux où l’on vient flâner, boire un café en consultant des livres, et un site événementiel, entre musée du peintre André Hambourg et collections de la ville, expositions temporaires, conférences et concerts. Cet espace traverse les époques avec simplicité, par un aménagement bien pensé et une fluidité dans la circulation des espaces.


Les Fransciscaines, janvier 2018 Deauville

Comme les lieux naturellement chargés d’histoire, le couvent des Franciscaines de Deauville est riche en aventures humaines. À l’origine de sa création, en 1875, deux filles de marin décident de financer un orphelinat. Elles en confient la gérance à deux sœurs franciscaines, qui finiront y établir une congrégation. Bien plus tard, les bâtiments accueilleront un dispensaire, puis une clinique, un lycée technique… jusqu’au projet culturel d’aujourd’hui, qui allie médiathèque, musée et salle de spectacle.

Jeux de lumière dans le cloître ©ND
Les Franciscaines novembre 2020, Chapelle, Deauville.

Ce projet résulte de deux démarches concomitantes : en 2011, la famille du peintre André Hambourg décide de donner ses œuvres à la ville pour en faire un musée, tandis que la trentaine de sœurs qui résident encore aux Franciscaines cède le bâtiment à la ville pour s’installer juste à côté. La conjugaison de cette donation et de cet espace libéré va déterminer le caractère hybride du programme, dans un partage d’objectifs inscrits dans un même site : musée dédié au peintre, valorisation du fonds iconiques de Deauville, lieu d’exposition temporaire, médiathèque… Cet espace culturel doit être aussi un espace de vie, que les visiteurs, le public puisse s’approprier. Un défi inspirant pour l’architecte Alain Moatti, qui doit ouvrir sur la ville un lieu par nature fermé, et de plus doit composer un projet qui conserve la façade et couvre le patio.

Une lumière tranquille

Le “Nuage” dans le cloître, les Franciscaines © J.Jacquemot

Pour jouer la carte de l’appropriation du lieu, Alain Moatti cherche à faire dialoguer les époques, et rend les lieux chaleureux par une gestion de la lumière. Le patio recouvert d’une verrière dévoile un nuage sculptural inspiré des œuvres d’André Hambourg, qui multiplie sur les reflets de l’éclairage naturel sur les murs en pierre des alcôves, et fait paradoxalement « rentrer le ciel à l’intérieur » selon l’architecte. Dans les espaces d’exposition, la création de puits de lumière (qui peut être occulté au besoin) renforce la sérénité du lieu, et évite une impression d’austérité qui pourrait habiter les pierres. Si l’espace du musée dédié au peintre commence par un premier étage très intimiste, le deuxième étage, qui conjugue lumière naturel et éclairage ciblé, fait respirer l’espace, et rejoint naturellement le secteur dédié aux enfants.

Cour des expositions © Moatti-Rivière
Le cloître © Moatti-Rivière

Un espace structuré autour de 5 thématiques

Plutôt que d’opter pour un lieu structuré par fonction (une zone médiathèque, visionnement… ), l’espace s’est ici organisé autour de thématiques où tous les usages sont possibles : lire, se reposer, écouter de la musique, voir une vidéo, découvrir des oeuvres d’art… Ainsi les coursives des deux étages sont divisées en 5 secteurs (Deauville, jeunesse, art de vivre, cinéma et spectacle, cheval). La cohérence de l’ensemble est assurée par une ligne d’étagères tout en circonvolutions, conçue par Alain Moatti pour évoquer un « ruban de la connaissance », qui à la fois servent d’accroches ponctuelles d’œuvres de la collection permanente de la ville, de bibliothèques, de séparateurs d’espace pour définir des zones où se poser. Au-delà d’une couleur signalétique par thème et du mobilier différencié (on reconnaît au passage des collections chez Kristallia, Pedrali, Fatboy…), le choix des matériaux personnalise aussi « l’univers » créé : un revêtement en cuir au mur de l’espace consacré au cheval, une longue « plage » en bois dans la section bien-être qui accueillera aussi des transats…

Univers Spectacles © Naïade Plante
Univers Deauville © Naïade Plante

Entre symboles et traces

À l’extérieur, deux monolithes imposants signalent l’entrée du site : une invitation à venir déambuler dans ce bâtiment autrefois privé, aujourd’hui à usage public. Dans la chapelle reconvertie en salle de spectacle ou lieu de réception, seuls les vitraux racontent l’histoire de Saint François d’Assise. En appui aux conques suspendues, les murs ont été travaillés pour garantir une bonne acoustique. En parcourant le lieu, ce sont les petites arcades conservées ou recréées, qui vont garder la trame de cet ancien couvent. Comme l’exprime Alain Moatti, « ce qui m’intéresse c’est de chercher des figures, retrouver des éléments symboliques qui échappaient aux religieuses : le “nuage“du cloître en est un. On habite dans des lieux reconnaissables, c’est cette couche d’imaginaire que je recherche dans les objets ou figures que je récupère, le dialogue entre les arcades d’époque, qui évoquent le cloître, et leur reprise dans les espaces d’exposition. »

Les Franciscaines – Vitrail La Chapelle 2 ©Naïade Plante
Le cloître (détail) – © DR

Fenêtre © Naïade Plante
Le cloître (détail) 3 – © DR

Le programme culturel

Simulation Expo “Sur les chemins du paradis”

Ce partage instinctif de l’imaginaire, qui donne envie de s’approprier un lieu, l’équipe dirigeante des Franciscaines entend bien en faire son credo pour fidéliser des visiteurs, et les impliquer directement dans l’espace pour faciliter la découverte des œuvres disséminées en parties dans un lieu ouvert.

Ici, chacun peut y venir et consulter des livres et différents médias, et un espace fablab accueillera également différents publics. Bien sûr emprunter sous-entend une adhésion mensuelle, et bien sûr les événements font l’objet d’une billetterie. Ce que défend particulièrement l’équipe, ce sont sur les coursives la mise à disposition des consoles numériques en libre service, à partir desquels le visiteur peut projeter des images sur de grands écrans numériques qui viennent habiller le lieu, choisies dans une banque d’images représentatives du fonds des collections. Car ici, avant tout, il s’agit de valoriser et faire connaître les collections, que ce soit celle du musée (donc cédée par la famille …) ou de l’important fond iconographique : dans un principe « d’imaginaire à l’œuvre » qui tient de la « mise en commun ».

FabLab © Naïade Plante
La Grande Galerie © Moatti-Rivière

Le lieu devrait ouvrir le 21 mars avec pour première exposition temporaire « Les chemins du paradis », comme un clin d’œil à sa mémoire cultuelle. Au regard du superbe catalogue à paraître mi-mars chez Hazan, la programmation rassemblera des œuvres d’époques différentes, d’images pieuses à l’interprétation du thème paradisiaque par des artistes contemporains tels que Bill Viola ou Pierre et Gilles.

Rédigé par 
Nathalie Degardin

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3/7/2025
Intramuros #224 : Sun

Plein Soleil

Quand le soleil dicte les formes, les usages et les idées, le design s’adapte, invente, rayonne. Ce nouveau numéro d’« Intramuros » s’ancre dans le Sud, là où l’extérieur devient une pièce à vivre, un terrain d’expérimentation pour les designers, un laboratoire de matière, de lumière et d’énergie. À Marseille, ville-monde, une scène créative s’affirme. Axel Chay, Emmanuelle Roule, Juliette Rougier, Aurel design urbain : tous dessinent un design solaire, sensoriel, entre artisanat, architecture et innovation. Une approche libre, ambitieuse, toujours connectée à la matière, au contexte et même à la mode, à l’image de Marianne Cat qui chine les talents depuis quatre décennies. Ora-ïto, designer touche-à-tout et enfant du pays, nous livre ses adresses marseillaises, entre lieux cultes et concepts audacieux.

Dans ces pages baignées de lumière, le mobilier d’extérieur ne se contente plus d’habiller une terrasse. Il devient mobile, intelligent, durable – parfois même autonome. Comme un miroir de nos modes de vie en mutation, il s’inscrit dans un écosystème plus large, où design, écologie et technologie avancent main dans la main, à l’image des innovations techniques permises par la préhension d’une énergie omniprésente. SUN, c’est donc plus qu’un thème estival. C’est une invitation à penser un design conscient, ancré dans les usages et ouvert sur le monde. Un design qui compose avec le climat pour mieux en révéler la beauté.

Sommaire

Design 360

Design Story

Atelier Baptiste & Jaïna : Entre matière, temps et imaginaire

Julien Renault, aventurier du design

Fumie Shibata : L’art du design silencieux

Studio 5.5, Designer à dessein

Teun Zwets : Éloge de la matière trouvée

Morrama design, objets intuitifs

Maria Jeglinska : Entre dessin, espace et usage

Gaspard Fleury-Dugy : Nouvelle pensée textile

R100, ou la révolution circulaire d’Hydro

13Desserts, design gourmand

Coperni : Esprit visionnaire

Tristan Auer Car Tailoring : Automobile (très) particulière

Sun

Sélection outdoor, à ciel ouvert

Marseille

Ïto trip

Axel Chay, designer pop’ulaire

Marianne Cat : Éternelle pionnière

Aurel design urbain : Marseille-Paris, transferts à succès

Juliette Rougier : Guidée par l’émotion

Emmanuelle Roule, la terre comme manifeste

L’Ingénieur Chevallier : Une oeuvre d’art sur le bout du nez

Soleil vertueux

Experimenta

Laboratoire des pratiques durables : de sources sûres

Roger Pradier : l’éclairage haut de gamme au service de la transition écologique

In the Air

Who’s Next Home : Cinq questions à Frédéric Maus, et Matthieu Pinet

Biennale de Saint-Étienne, une édition tournée vers demain

News

Demain, les designers : entre pouvoir et influence ?

Osaka 2025, l’hymne à l’amour de la France au Japon

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2/7/2025
Les six projets de Muller van Severen dévoilés à 3daysofdesign

À l'occasion des 3daysofdesign à Copenhague, le duo belge Muller van Severen a présenté six nouvelles collections. Retour sur ces projets en résonance avec l'esthétique du studio.

Fondé au printemps 2011 par les Belges Fien Muller et Hannes van Severen, le studio éponyme était cette année présent dans la capitale danoise à l'occasion des 3daysofdesign. Fort de quatre collaborations avec les marques BD Barcelona, valerie_objects, Hay et Blēo, les deux créateurs ont dévoilé six collections. Un corpus de projets diversifiés destinés majoritairement à l'intérieur, mais unis par le goût du studio pour la couleur et la simplicité des lignes.

BD Barcelona x OFFICE KGDVS : une première collection en bois

Imaginée pour BD Barcelona et réalisée en collaboration avec OFFICE Kersten Geers David Van Severe, Rasters est une collection d'armoires et de paravents modulaires. Initialement imaginé en métal, sur une grille industrielle pouvant servir de base structurelle, le rangement a été décliné par le studio dans une version plus naturelle. Conservant la trame centrale dans l'esthétique du projet, les designers ont travaillé des panneaux de MDF plaqués en hêtre. Une première dans l'histoire du studio qui n'avait jusqu'alors jamais laissé l'aspect naturel du bois sur ses objets. Assortis de panneaux colorés en acier thermolaqué. Les meubles peuvent être assemblés entre eux grâce à la présence de connecteurs en polyamide noir moulés par injection. De quoi créer de vastes ensembles et exploiter la diversité chromatique des étagères et des portes.

Collection Rasters de Muller van Severen et chaises de Sabine Marcelis ©Nacho Alegre

HAY : une énième aventure

Avec déjà douze collaborations à leur actif, le studio belge et la marque danoise se réunissent une nouvelle fois et dévoilent The Perforated Cabinet. Jouant sur la linéarité des modules et la trame resserrée en acier thermolaquée perforé, cette collection joue sur la transparence du rangement. Également semie-transparente sur le dessus, chaque pièce évoque une boite secrète suscitant la curiosité. Disponible en version murale ou sur pied et en plusieurs tailles et coloris, le meuble convoque l'esprit industriel avec l'approche contemporaine et colorée de la marque.

The Perforated Cabinet par Muller van Severen ©HAY

valerie_objects : réinventer l'existant

C'est une sorte de retour aux sources que le duo de designers opère en collaborant avec valerie_objects. Alors que les designers belges ont été parmi les premiers à travailler avec la marque, les voici de retour pour le dixième anniversaire de celle-ci. L'occasion pour eux de rééditer et de réinventer quelques-unes de leurs créations les plus connues. Parmi elles, la réédition des Hanging lamp sorties il y a une quinzaine d'années, et l'arrivée de la Standing lamp marble, un nouveau modèle au design tout aussi filaire posé sur un socle en marbre. Côté assises, le studio réédite également deux modèles existants, Rocking chair et Solo seat, dans deux versions extérieures. Quant à la Alu chair sortie en 2015 pour le pavillon du Bahreïn d’Anne Holtrop à l’Expo mondiale de Milan, elle est cette fois-ci déclinée dans une version tabouret sous le nom d'Alu stool. Un nouveau modèle inscrit dans la lignée de sa grande sœur, et développé en collaboration avec le Bjarke Ingels Group (BIG) pour le lounge bar du siège du studio.

Deux modèles alu chair complétés d'un nouveau alu stool par Muller van Severen ©Elias Derboven

Blēo : une mosaïque de couleurs

Comme un petit pas de côté par rapport à l'univers du meuble, Fien Muller et Hannes Van Severen  ont collaboré avec la marque Blēo, pour l'élaboration d'une gamme de carreaux. Une première approche de la céramique pour la marque habituellement spécialisée dans la peinture. Connus pour leur usage expressif de la couleur, les créateurs belges ont imaginé une palette de 12 couleurs. Réalisé à la main à Fès au Maroc, chaque élément est recouvert d’un émail brillant attirant le regard à l'image des pièces du studio constamment ponctué de couleurs.

Les carreaux couleurs pastels de Muller van Severen ©Blēo
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30/6/2025
Avec TA.TAMU, Patrick Jouin fait plier les contraintes

Le studio de design Patrick Jouin iD présente TA.TAMU, une chaise pliable imprimée en un seul bloc. Un défi rendu possible grâce à la collaboration de Dassault Systèmes.

Monobloc et pliable. Radicalement opposées sur le plan structurel, ces deux notions ont pourtant été réunies par le Studio Patrick Jouin iD. Avec son allure squelettique inspirée du corps humain, et ses 3,9 kg, la chaise TA.TAMU a été développée conjointement avec les équipes design de Dassault Systèmes, dirigées par Anne Asensio. Fruit d'un dialogue prospectif entre la créativité humaine et la technologie, l'assise s'inscrit dans la lignée de la famille de meubles Solid, dévoilée en 2004. Une période au cours de laquelle le designer s'intéresse aux logiciels de CAO permettant de concevoir des pièces nouvelles, en rupture avec les techniques industrielles traditionnelles. Une aventure poursuivie en 2010 avec la création du banc Monolithique pour le Palais de Tokyo et imaginé avec le professeur Jacques Marescaux (spécialiste de la chirurgie mini-invasive). Cette période marque les premiers pas du designer dans l'univers du biomimétisme, rapidement assorti du mouvement avec la création de la lampe Bloom et du tabouret One Shot, deux nouveaux paradigmes marquant une nouvelle piste de réflexion pour le designer. Mais c'est véritablement en 2018 et avec l'aide d'Anne Asensio rencontrée au début des années 2000, que le projet se concrétise. Réunis par la passion commune du design et la quête d'optimisation, les deux concepteurs exposent TAMU - qui signifie pliage en japonais - en 2019 à l'occasion du salon de Milan. Une réalisation alors davantage manifeste que réellement fonctionnelle en raison d'un maillage imprimé trop fin et de fait trop fragile. C'est donc après six nouvelles années d'exploration menées sans trahir l'idée de départ, que la version TA.TAMU, comprenez l'art du pliage, a vu le jour.

La chaise TAMU présentée à Milan en 2019 et son tissage numérique extrèmement fin ©Thomas Duval

Une impression laser au cœur de l'énigme

Forte de sa genèse, TA.TAMU demeure avant tout un meuble guidé par deux grands enjeux. D'une part, le besoin d'une assise légère et mobile mais fonctionnelle et d'autre part, le défi d'une pièce imprimable en une fois, sans assemblage. Pour ce faire, le studio a réalisé la chaise en polyamide selon un procédé de frittage de poudre. Une technologie qui consiste à solidifier uniquement certaines parties d'un bloc de poudre grâce à des lasers, permettant l'assemblage d'articulations en une seule pièce. Un choix qui a imposé au studio la réalisation de nombreux prototypes afin de concevoir 33 articulations à la fois facilement pliables mais également résistantes sous le poids d'un corps.

À la fin du processus d'impression, la pièce est extraite du reste de la poudre non solidifiée, puis nettoyée ©Patrick Jouin iD

C'est donc en 2020 que l'aspect définitif de l'armature monobloc composée de 23 pièces a été définie, permettant aux ingénieurs et aux designers de réaliser les surfaces de contact. D'abord imaginée en tension grâce à des câbles, puis en textile technique, l'assise se rapproche finalement de l’armature biomimétique du banc Monolithique développé une quinzaine d'années auparavant. Un positionnement qui donne naissance à une première chaise en mars 2025. Toujours trop fragile, elle est de nouveau analysée par de nombreux logiciels qui repèrent les manques du module et donnent naissance à une seconde version trois semaines plus tard. Le squelette est alors épaissi et certains segments sont ajoutés offrant une version optimisée (photos ci-dessous) et aujourd’hui disponible, comme un clin d'œil ultra-contemporain aux pliages japonais si connus. Si le modèle n'existe qu'en blanc, le studio explore désormais la piste d'une version entièrement réalisée en métal.

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30/6/2025
Polène Champs-Élysées : un écrin entre mode et design

Officiellement inauguré en mars dernier, le nouveau flagship de la pépite française Polène a pris place au pied de la plus belle avenue du monde, rond-point des Champs-Élysées. Une boutique sur deux niveaux aux lignes minimalistes et graphiques, qui a également bénéficié de la contribution de plusieurs designers pour imaginer ses pièces de mobilier.

On pouvait difficilement rêver meilleur emplacement. Non loin des luxueuses boutiques Gucci et Jacquemus, cet espace de 450 m² est la seconde adresse parisienne de la marque, après celle située rue de Richelieu. Fondée en 2016, la maison spécialisée dans le travail du cuir développe depuis près de dix ans des modèles de maroquinerie devenus iconiques, à l’image du Numéro Dix ou du Cyme. Pour ce nouvel écrin, l’agencement intérieur a été confié au cabinet coréen WGNB, déjà à l’origine des boutiques de Londres et de Séoul. L’objectif : créer une singularité propre à chaque espace tout en conservant une ligne directrice cohérente avec l’image de Polène.

Boutique Polène Champs-Elysées

Mêler artisanat et design

Avec une hauteur sous plafond de plus de cinq mètres, la boutique impressionne dès l’entrée grâce à son escalier en colimaçon en noyer américain. Au rez-de-chaussée, les sacs sont exposés sur des murs ou des étagères en travertin sourcé en Italie, ainsi que sur des présentoirs conçus à partir de chutes de cuir. Deux tables rondes en bois, confectionnées par l’ébéniste français Robin Poupard, sont recouvertes d’un plateau également réalisé à partir de cuir recyclé. Les comptoirs d’accueil, qui servent aussi d’espace de caisse, ont été conçus par le studio Hors-Studio. Pensé spécifiquement pour Polène, le duo formé par Élodie Michaud et Rebecca Fezard y déploie tout son savoir-faire à travers un nouveau matériau innovant, le Leatherstone©, qui transforme le cuir en une sorte de pierre. Polis et lissés à partir de granulats de cuir, ces déchets deviennent matière noble, pour un résultat aussi intriguant qu’impressionnant.

Boutique Polène Champs-Elysées

À l’étage, l’espace s’ouvre sur un canapé circulaire réalisé par Marianna Ladreyt — plus habituée à travailler la bouée — qui a ici transformé des chutes de cuir en une pièce singulière. Si la marque s’est d’abord imposée dans la maroquinerie, elle a également lancé une ligne de bijoux en 2023, confectionnés en Italie dans la région de Florence. Pour cette boutique parisienne, la collection est présentée sur une table imaginée par la céramiste Clémentine Debaere-Lewandowski. Composée de 500 pièces en grès blanc, elle résulte d’empreintes de roches réalisées près des ateliers de confection à Ubrique, en Espagne. « Dans chaque boutique, nous cherchons des artistes avec une identité propre, mais avec lesquels on peut créer des synergies », explique Émilie Massé, responsable de la communication et de l’influence.

Boutique Polène Champs-Elysées

L’importance de l’upcycling

Fabriqués par quelque 2 200 artisans dans les ateliers espagnols de la marque, les modèles Polène ne sont pas de simples sacs en cuir. Pour valoriser pleinement la matière, les équipes s’efforcent de réutiliser au maximum les chutes de cuir. Plusieurs modèles sont ainsi réalisés à partir de cuir 100 % upcyclé, comme les sacs Solé et Wilo. Côté accessoires, Polène a également développé une gamme de fleurs, de miroirs et de petite maroquinerie (étuis AirPods, porte-clés, porte-cartes, portefeuilles), tous conçus à partir de cuir recyclé.

Boutique Polène Champs-Elysées

Une boutique éphémère inaugurée à Paris

Jusqu’au 26 juillet, la marque investit le 67 rue Montmartre avec un pop-up inédit pour promouvoir son savoir-faire artisanal. Intitulé « Le Fleuriste Maroquinier », cet espace réinvente l’expérience du fleuriste en la mêlant au travail du cuir, avec la possibilité pour les clients de composer des bouquets mêlant fleurs en cuir et végétaux séchés. Pour cette installation, Polène a fait appel au designer floral Rym Boughatene. Un espace qui célèbre à la fois l’artisanat et la poésie, pour des compositions aussi jolies que durables.

Pop-up store Le Fleuriste Maroquinier, Paris © Benoit Florencon
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