Rénovation
Imaginé par les architectes Marguerite Cordelle et Maël Esnoux, le siège parisien de REV Mobilities incarne la vision de la société grâce à un parti-pris visuel très fort traduisant un saut entre les époques. Une conception inaugurée en décembre 2022 et récemment récompensée du Paris Shop & Design 2024.
« C'est un projet comme nous n'en avons jamais fait, et qui ne ressemble à aucun autre » annonce Maël Esnoux de Core Architectures qui a collaboré avec Marguerite Cordelle de Studiokokumi sur ce projet très visuel. Derrière une idée somme toute relativement simple, se trouve une réalisation surprenante et très réussie. Sorte d'avant-après figé dans le temps, le projet mené pour l'entreprise REV Mobilities, est une approche globale au sens sémiologique du terme, mais on ne peut plus divisée au sens artistique. Réunissant un bureau d'étude, un garage et deux espaces à destination de jeunes start-up, ce projet est un reflet de la philosophie du duo d'architectes : offrir au travers de moyens simples et suite à un programme ordinaire, un lieu de convergences pour des usages multiples.
Refléter une vision nouvelle dans un espace préexistant
Derrière l'idée de cette architecture design, se cache une volonté de nouer le passé au présent à l'image du rétro-fit - remplacement de motorisations thermiques par des électriques - exercé par le nouvel occupant. « Nous ne voulions pas faire disparaître le passé de cet ancien garage Saab au profit d'un lieu entièrement neuf. S'implanter ici avait une logique évidemment technique – bons rayons de giration, accès à la rue possible, présence de ponts mécaniques... - mais également historique. Il s’agit d'une typologie d'espace en train de disparaître de nos centres-villes puisque ces édifices sont fréquemment transformés en loft ou en lieux d'exposition, analyse Maël Esnoux. Les restaurer en gardant architecturalement ce qu'ils étaient à l'origine avait donc un sens tout particulier, et notamment dans le cadre de REV Mobilities où le garage devient une unité vertueuse. » Pour Arnaud Pigounides, fondateur de la société qui a découvert le rétro-fit lors d'un road-trip sur la route de San Diego aux États-Unis, « l'architecture devait être une métaphore de l'activité du lieu. Ce chantier devait être à l'image d'une opération, une sorte de remise à neuf de l'endroit mais sans pour autant faire disparaître son identité. »
Une conception astucieuse
Dessiné en à peine un mois et demi, le projet est apparu comme une sorte d'évidence pour les créateurs qui ont eu carte blanche. Parti-pris central, la conservation d'une partie du garage tel qu'il était au moment de son rachat s'explique par le besoin d'adéquation entre le lieu et la marque, mais également par le budget restreint, reconnaissent les créateurs. « En ne touchant qu'à la moitié de l'espace, nous réalisions de grosses économies » et un gain de temps puisque la restructuration s'est faite en à peine 5 mois. Une rapidité due notamment au « peu de casse et la facilité technique du projet. La structure était saine et l'espace très ouvert donc nous avons pu facilement travailler de part et d'autre de la verrière. » Un élément architectural historique et central que le duo a « transformé en ligne de démarcation entre passé et présent. » précise Marguerite Cordelle.
La neutralité au service de la matière
« Lorsque nous avons dessiné le projet, nous voulions que le lieu vive et qu'il ne soit plus vraiment un garage au sens propre, mais plus un laboratoire comme l'avait imaginé Arnaud. Pour faire émerger l'ingénierie du lieu sans pour autant effacer sa dimension mécanique, nous avons mis en place des bureaux là où se trouvait auparavant un espace de stationnement. » Séparée du reste de l'atelier, cette partie a été entièrement vitrée par un ensemble de baies amovibles permettant à la lumière zénithale d'y pénétrer. Voulu complètement aseptisé, le traitement de l'espace dans un blanc monochrome appliqué aux murs comme au mobilier s’inscrit dans la continuité de la partie rénovée du garage. Une zone elle-même très artificialisée par la présence rythmée de néons blancs se reflétant dans le sol en résine. Un revêtement comme seul dénominateur commun entre la partie contemporaine et la partie « sale » où une époxy transparente a été appliquée pour limiter la dégradation et faciliter l'entretien du sol. Un traitement de la matière assez différent des habitudes du duo. « Habituellement, nous aimons travailler un ou deux matériaux très spécifiques sur nos projets, mais dans le cadre de celui-ci, la matérialité était déjà omniprésente donc nous voulions au contraire une forme de neutralité. C'est pour cette raison qu'une absence de couleur et des lignes très sobres se sont imposées » explique la fondatrice de Core Architectures. Une vision qui parvient ici à faire mouche et place l'architecture comme élément moteur du changement.
En osmose avec son environnement, après rénovation, cette maison dans les pins a été repensée par l’architecte Delphine Carrère, basée à Biarritz. L’ architecture contemporaine mise sur la sobriété brute du bois et du béton, dans une refonte du bâti sophistiquée et décontractée.
D’une construction récente encore sous garantie décennale, l’architecte Delphine Carrère, a redessiné le plan existant des intérieurs, tout en ajoutant deux extensions de part et d’autre de la maison. La maison de vacances, c’est 90 % des projets de son agence, projets boostés par la pandémie et les changements de vie qui en découlent. Quatre hôtels sont aussi au programme des chantiers de cette architecte, ancrée entre Pays basque et le début des Landes. La maison dans les pins est située dans le quartier de Ciberta, à Anglet, « Nous l’avons intégralement rénové, du sol au plafond, créer deux extensions, la piscine et les terrasses, remanié les volumes sauf l’escalier et le grand mur en béton qui sépare l’espace jour de l’espace nuit. » Objectif pour les propriétaires, une famille originaire du nord de la France : vivre en adéquation avec le mode de vie simple et la douceur balnéaire. Très vite, le choix des matériaux s’est imposé dans une palette restreinte, sublimée par la lumière naturelle : le bois, afin d’insérer l’ensemble du projet à l’environnement, et le béton, matériau de la maison d’origine.
Une rénovation pour ouvrir les volumes
De plain-pied sur la piscine et les terrasses, les volumes sont ouverts par de larges baies vitrées coulissantes tandis que le salon et la salle à manger trouvent leur place, naturellement. Un étage partiel agrandit discrètement la maison, avec une chambre supplémentaire, une salle de bain commune et un dortoir pour les enfants. Les matériaux, béton ciré pour le sol reliant salon et salle à manger, bois dans toutes ses teintes, créent l’unité dans une atmosphère facile à vivre. « Notre show-room à Biarritz est une opportunité pour les clients, de trouver des propositions et des conseils, comme les tables et chaises De La Espada, les suspensions Bomma. » Delphine Carrère a soigné les éclairages en lumière artificielle, encastrés ou en joints creux, afin qu’ils répondent à l’architecture d’intérieur.
Fondue dans la nature
À partir des 1500 m2 de terrain, le beau travail réalisé par le paysagiste Michel Mendiboure harmonise habitat et environnement. En mélangeant les essences locales et redessinant le jardin, autour du chêne liège existant, la rénovation de la maison des pins trouve un second souffle près de la piscine, en accord avec le bardage en pin canadien traité et vieilli.
Après quatre ans de fermeture, le Pullman Paris Montparnasse a réouvert ses portes, plus en beauté que jamais. Une rénovation menée par le cabinet CUT Architecture, dans le cadre du projet « Les Ateliers Gaité » géré par le groupe Unibail-Rodamco-Westfield. Un nouvel hôtel aux multi-tâches, offrant à la fois des espaces où dormir, manger, travailler, faire du shopping ou même faire la fête.
Inauguré en décembre 2021, le nouveau Pullman Paris Montparnasse, fraichement rénové après quatre ans de travaux, offre son lot de surprises. Haut de 32 étages, l’hôtel abrite en effet 957 chambres, mais pas que. En effet, le Pullman Montparnasse c’est aussi : 1200m2 de bureaux exploitables dont une salle de réception de 742m2, deux restaurants, un centre commercial de 70 boutiques, une crèche ainsi qu’un tout nouveau Skybar perché à 115 mètres de hauteur. Un nouvel espace tout-en-un en adéquation avec la volonté de rendre le quartier de la Gaité-Montparnasse de plus en plus attractif. « Le Pullman Montparnasse fait partie des quatre gros porteurs parisiens qui avaient été construits dans les années 70. En fermant l’hôtel pendant si longtemps, on a fait en sorte de le repenser pour les 50 prochaines années. » témoigne le directeur général de l’hôtel, Jérome Cherpin.
Le cabinet CUT Architectures en charge du projet
Pour la rénovation de l’hôtel, le groupe Accor a fait confiance au cabinet d’architecture CUT. Pour cette agence pluridisciplinaire composée alors de 7 personnes au moment de l’acquisition du projet (ils sont aujourd’hui 12), il s’agissait d’un vrai défi à relever. « Le cabinet n’avait jamais travaillé sur un projet d’hôtellerie auparavant, c’était tout nouveau pour nous. Et finalement, l’hôtel combine plusieurs programmes : on y retrouve de la restauration, de l’aménagement d’espaces de travail, de chambres et d’espaces communs. » explique Benjamin Clarens, l’un des co-fondateurs de CUT.
En effet, le groupe Accor avait lancé un concours fin 2015 pour définir quel serait le cabinet en charge des rénovations. De la conception des chambres aux nouveaux restaurants en passant par l’impressionnante salle de réception, la ball room, ce projet a été l’occasion pour la cabinet d’évoluer de manière significative.
Parti avec peu de contraintes, si ce n’était d’avoir plus d’espaces dotés de lumière naturelle et respecter les contraintes matérielles liées à la condition d’IGH (Immeuble à grande hauteur) de l’hôtel, le cabinet est très satisfait du résultat. « À notre grande surprise, nous avions eu peu de contraintes dès le début du projet. Et au vu du résultat, nous sommes vraiment contents et fiers d’avoir tenu notre projet jusqu’au bout » confie l’autre co-fondateur de CUT, Yann Martin.
Le Skybar Paris, plus haut rooftop de la capitale, inauguré au Pullman Montparnasse
Perché à 115 mètres de hauteur au 32e étage, le Skybar Paris est la premier à ouvrir en Europe et va pour sûr devenir l’un des nouveaux espaces branchés de la capitale. Le plus : la terrasse qui offre une vue à 180° sur la Tour Eiffel, le Panthéon ou le quartier de la Défense. Un lien pensé pour vivre une expérience unique, et dont la gestion a été confiée à Guillaume Gerbois, habitué des hôtels renommés. Entre cocktails signatures et plats raffinés, le ton est donné.
Un comptoir d’embarquement, des ballons multicolores, des fresques peintes… Bienvenu dans ce nouvel espace dédié au coworking, du groupe Wojo, imprégné de la culture éclectique du 13 ème arrondissement parisien.
Projet : Wojo
Lieu : Paris
Surface : 7500 m2 sur 9 niveaux
Année : 2021
Un nouvel espace de travail dans Paris ? Oui et des m2 dédiés aux bureaux plutôt stimulants à deux pas de la BNF… Créer l’inattendu et la surprise à chaque étage, tel a été le brief du commanditaire, le groupe Wojo, fondé en 2015, puis de la fusion Bouygues Immobilier et Accor en 2017, à l’agence Tétris en charge du projet. L’ensemble des créatifs ont embarqué ce projet d’espaces flexibles de la rue de Tolbiac, 14 ème site de co-working du groupe, sur le thème d’un voyage imaginaire. La refonte et le design des espaces ont été pensés comme un lieu de vie selon une déambulation qui se déploie sur les neuf niveaux du bâtiment. Plus de 800 bureaux, salles de réunion, salles privatives et open space, se succèdent, rythmés par une signalétique colorée spécifique à chaque étage, et repérable à l’entrée sous forme d’un bouquet de ballons aux couleurs arc en ciel, réalisé par L2B2.
Si le mobilier a été conçu par Cocorico Paris, agence pluridisciplinaire et Cider, éditeur de mobilier de bureau, mais aussi les marques Fermob, Fatboy, ou Mojow (fauteuils gonflables), les concepteurs se sont aussi engagés dans une démarche RSE, avec, en autres, des labellisations HQE et Bream pour le bâtiment. En faisant fait appel à l’entreprise créative lilloise Etnisi, spécialisée dans la revalorisation et le recyclage des matières usagées locales, certaines tables des espaces communs ont été éco-conçues à partir de marc de café, porcelaine et coquilles. Pas d’espace de coworking sans son rooftop !
Et au dernier étage, on découvre la vue panoramique à 360° sur la capitale ! Le street artiste Big Oh! a créé plusieurs fresques peintes, un grand ciel en trompe l’œil et le mur toute hauteur sur le thème des toits de Paris qui englobe le hall d’entrée jusqu’au dernier étage. Autre intervention artistique, la façade, dont l’enveloppe a été créée par la plasticienne Carmen Perrin, qui fait jouer la lumière naturelle et les nuances colorées des briques de verres.
A partir d’un logement sur deux niveaux et balcons des années 60, l’architecte Caroline Rigal a conçu un duplex confortable et fluide qui fourmille d’idées de rangements à l’esthétique adoucie.
Projet : appartement privé
Lieu : Vincennes, Val de Marne
Surface : 60 m2
Année : 2019
L’appartement est composé de deux plateaux de 25 m2 réunis par un escalier étroit. Pour ce premier projet d’architecture intérieure, Caroline Rigal a décidé, dès le début, de séparer les fonctions : l’espace nuit à l’étage, l’espace jour en rez-de-chaussée. Autre particularité, elle a conservé les deux portes palières à chaque niveau, qui donnent accès au duplex. L’une d’entre elles à l’étage ne pouvant être condamnée, se dissimule derrière un linéaire de rangements : la porte est accessible si besoin. La nouvelle répartition des pièces a permis de créer une salle de bain située désormais à l’étage, tout en réduisant la surface de la (trop) grande chambre d’amis. L’autre chambre reste inchangée.
Le rez-de-chaussée a fait l’objet de transformations importantes. D’une part, la cuisine, bien équipée, est semi-ouverte sur l’espace des repas, équipée d’étagères puis le salon, tandis que le mur porteur, un élément de design compact, intègre un écran plat toute la connectique et des étagères étroites. D’autre part, une séparation, avec bibliothèque d’un côté et penderie de l’autre, a été créée, ce qui ressert le salon devenu plus intime, afin d’y adjoindre une mini entrée qui n’existait pas auparavant. L’espace sous l’escalier n’est pas perdu, mais aménager en cellier, bien utile, quand les m2 sont comptés. Si les intentions de l’architecte d’intérieur et designer étaient déterminées dans la répartition des volumes, elles l’étaient tout autant dans le soin apporté aux détails et aux finitions. Les bords arrondis des radiateurs reprennent ceux du mur porteur, tandis que les placards de la cuisine (Mobalpa) offrent des solutions de rangements impeccables, ajustés sur toute la hauteur. Quant aux sols, le carrelage en grès cérame,- modèle Puzzle (Mutina) des designers Barber et Osgerby -, dialogue avec le parquet massif à lames droites (Parqueterie nouvelle).
Et son calepinage géométrique aléatoire dessine un chemin dans l’appartement, dont les espaces, même ouverts, gagnent en lisibilité, sans en perturber les perspectives. Quelques pièces de design se mêlent discrètement aux meubles de famille. Un choix assumé, pour cette jeune designeuse d’espace, qui enchaine les projets d’architecture intérieur, elle, qui fut repérée à la Paris Design Week 2018, pour son fauteuil Dune, objet de son diplôme, (à retrouver dans Intramuros n° 198).
En osmose avec son environnement et attaché à son architecture vintage, le chalet sur la pointe, rénové par Paul Bernier Architecture, a conservé son volume initial tout en y intégrant une surélévation.
Construit en rondins de bois, une tradition ancestrale au Canada, le chalet sur la pointe appartient à la même famille depuis 40 ans. Et l’on comprend bien pourquoi. Le contexte spectaculaire de la nature sauvage entourée d’eau a séduit les propriétaires depuis plusieurs générations, avec son ancrage sur une avancée rocheuse. Rénover le bâti d’origine et envisager son extension, tels ont été les défis des architectes. Mais la proximité avec la rive, rendant compliquée la surface supplémentaire au sol, les a orientés vers l’ajout d’un étage intégré à la construction d’origine ; seule une pièce véranda plus réduite a été conçue au niveau du sol. Sans dénaturer le chalet d’origine, en conservant la lecture explicite et fondu dans l’espace boisé des strates et des marques du temps, le projet s’est remodelé aux quatre points cardinaux vers les vues en surplomb sur le lac.
Contraste et continuité de deux époques de construction
Le chalet sur la pointe rustique et l’extension contemporaine se répondent en formant désormais une entité : le toit en pente à larges débords traditionnels côtoie l’épure monolithique dont la structure reprend les particularités architecturales (bois sombre, pente). On retrouve par ailleurs dans le chalet un certain mélange des genres. Les traits spécifiques des années 50 à 70 se fondent dans les espaces : les fenêtres inclinées ou la cheminée existante en pierres ont été restaurées. Visible sur toutes ses faces, cette dernière est un pilier central, tandis que le nouvel escalier, léger et épuré devient le fil conducteur habile de la surélévation. Enfin, la hauteur sous plafond initiale a été préservée, mais l’ancien toit fragilisé, a été déposé, et remplacé par une structure en sapin Douglas supportant le nouvel étage.
La lumière comme guide
Les architectes ont particulièrement bien pensé l’orientation des extensions en fonction du parcours de la lumière tout au long de la journée. Au rez-de chaussée, les deux puits de lumière insérés discrètement dans la structure de la nouvelle pièce installée au sud, créent le lien avec la lumière extérieure et intérieure. Grâce à la hauteur supplémentaire, l’étage bénéficie d’une vue magnifique sur le lac et sur le ciel, ce qui permet également d’éclairer en lumière naturelle le rez-de-chaussée. Depuis la chambre principale haut perchée et sa salle de bain attenante, on peut apprécier la quiétude du panorama sur le lac. Par une grande ouverture verticale à l’est, la lumière du matin filtre jusqu’au rez-de-chaussée à travers le plancher de la passerelle en verre translucide. Une grande fenêtre en haut de l’escalier joue aussi ce rôle de puits de lumière.
De bois et de pierre
Le chalet sur la pointe, construit de manière classique en rondins de bois, repose sur une fondation en pierres dont on peut voir les contours. Ancrée sur le site, cette base solide contribue à intégrer le chalet à son environnement naturel. La pierre et le bois massif sont utilisés aussi à l’intérieur, créant une belle harmonie de tons.
Les Franciscaines sont censées ouvrir leurs portes au public le 21 mars et annoncer un printemps culturel à Deauville. Rénové par Alain Moatti et son équipe, cet ancien couvent se veut reconverti en lieu hybride : un rendez-vous chaleureux où l’on vient flâner, boire un café en consultant des livres, et un site événementiel, entre musée du peintre André Hambourg et collections de la ville, expositions temporaires, conférences et concerts. Cet espace traverse les époques avec simplicité, par un aménagement bien pensé et une fluidité dans la circulation des espaces.
Comme les lieux naturellement chargés d’histoire, le couvent des Franciscaines de Deauville est riche en aventures humaines. À l’origine de sa création, en 1875, deux filles de marin décident de financer un orphelinat. Elles en confient la gérance à deux sœurs franciscaines, qui finiront y établir une congrégation. Bien plus tard, les bâtiments accueilleront un dispensaire, puis une clinique, un lycée technique… jusqu’au projet culturel d’aujourd’hui, qui allie médiathèque, musée et salle de spectacle.
Ce projet résulte de deux démarches concomitantes : en 2011, la famille du peintre André Hambourg décide de donner ses œuvres à la ville pour en faire un musée, tandis que la trentaine de sœurs qui résident encore aux Franciscaines cède le bâtiment à la ville pour s’installer juste à côté. La conjugaison de cette donation et de cet espace libéré va déterminer le caractère hybride du programme, dans un partage d’objectifs inscrits dans un même site : musée dédié au peintre, valorisation du fonds iconiques de Deauville, lieu d’exposition temporaire, médiathèque… Cet espace culturel doit être aussi un espace de vie, que les visiteurs, le public puisse s’approprier. Un défi inspirant pour l’architecte Alain Moatti, qui doit ouvrir sur la ville un lieu par nature fermé, et de plus doit composer un projet qui conserve la façade et couvre le patio.
Une lumière tranquille
Pour jouer la carte de l’appropriation du lieu, Alain Moatti cherche à faire dialoguer les époques, et rend les lieux chaleureux par une gestion de la lumière. Le patio recouvert d’une verrière dévoile un nuage sculptural inspiré des œuvres d’André Hambourg, qui multiplie sur les reflets de l’éclairage naturel sur les murs en pierre des alcôves, et fait paradoxalement « rentrer le ciel à l’intérieur » selon l’architecte. Dans les espaces d’exposition, la création de puits de lumière (qui peut être occulté au besoin) renforce la sérénité du lieu, et évite une impression d’austérité qui pourrait habiter les pierres. Si l’espace du musée dédié au peintre commence par un premier étage très intimiste, le deuxième étage, qui conjugue lumière naturel et éclairage ciblé, fait respirer l’espace, et rejoint naturellement le secteur dédié aux enfants.
Un espace structuré autour de 5 thématiques
Plutôt que d’opter pour un lieu structuré par fonction (une zone médiathèque, visionnement… ), l’espace s’est ici organisé autour de thématiques où tous les usages sont possibles : lire, se reposer, écouter de la musique, voir une vidéo, découvrir des oeuvres d’art… Ainsi les coursives des deux étages sont divisées en 5 secteurs (Deauville, jeunesse, art de vivre, cinéma et spectacle, cheval). La cohérence de l’ensemble est assurée par une ligne d’étagères tout en circonvolutions, conçue par Alain Moatti pour évoquer un « ruban de la connaissance », qui à la fois servent d’accroches ponctuelles d’œuvres de la collection permanente de la ville, de bibliothèques, de séparateurs d’espace pour définir des zones où se poser. Au-delà d’une couleur signalétique par thème et du mobilier différencié (on reconnaît au passage des collections chez Kristallia, Pedrali, Fatboy…), le choix des matériaux personnalise aussi « l’univers » créé : un revêtement en cuir au mur de l’espace consacré au cheval, une longue « plage » en bois dans la section bien-être qui accueillera aussi des transats…
Entre symboles et traces
À l’extérieur, deux monolithes imposants signalent l’entrée du site : une invitation à venir déambuler dans ce bâtiment autrefois privé, aujourd’hui à usage public. Dans la chapelle reconvertie en salle de spectacle ou lieu de réception, seuls les vitraux racontent l’histoire de Saint François d’Assise. En appui aux conques suspendues, les murs ont été travaillés pour garantir une bonne acoustique. En parcourant le lieu, ce sont les petites arcades conservées ou recréées, qui vont garder la trame de cet ancien couvent. Comme l’exprime Alain Moatti, « ce qui m’intéresse c’est de chercher des figures, retrouver des éléments symboliques qui échappaient aux religieuses : le “nuage“du cloître en est un. On habite dans des lieux reconnaissables, c’est cette couche d’imaginaire que je recherche dans les objets ou figures que je récupère, le dialogue entre les arcades d’époque, qui évoquent le cloître, et leur reprise dans les espaces d’exposition. »
Le programme culturel
Ce partage instinctif de l’imaginaire, qui donne envie de s’approprier un lieu, l’équipe dirigeante des Franciscaines entend bien en faire son credo pour fidéliser des visiteurs, et les impliquer directement dans l’espace pour faciliter la découverte des œuvres disséminées en parties dans un lieu ouvert.
Ici, chacun peut y venir et consulter des livres et différents médias, et un espace fablab accueillera également différents publics. Bien sûr emprunter sous-entend une adhésion mensuelle, et bien sûr les événements font l’objet d’une billetterie. Ce que défend particulièrement l’équipe, ce sont sur les coursives la mise à disposition des consoles numériques en libre service, à partir desquels le visiteur peut projeter des images sur de grands écrans numériques qui viennent habiller le lieu, choisies dans une banque d’images représentatives du fonds des collections. Car ici, avant tout, il s’agit de valoriser et faire connaître les collections, que ce soit celle du musée (donc cédée par la famille …) ou de l’important fond iconographique : dans un principe « d’imaginaire à l’œuvre » qui tient de la « mise en commun ».
Le lieu devrait ouvrir le 21 mars avec pour première exposition temporaire « Les chemins du paradis », comme un clin d’œil à sa mémoire cultuelle. Au regard du superbe catalogue à paraître mi-mars chez Hazan, la programmation rassemblera des œuvres d’époques différentes, d’images pieuses à l’interprétation du thème paradisiaque par des artistes contemporains tels que Bill Viola ou Pierre et Gilles.
L’École du Louvre lance son projet “École du Louvre 2021”, qui bénéficie du mécénat de la Francis Bacon MB Art Foundation. Un programme de rénovation qui vise à faire de l’École un incontournable national et international dans l’enseignement supérieur avec notamment la création d’un centre de recherche.
À une époque où la réflexion sur l’enseignement supérieure s’intensifie, interrogeant la place des écoles face à la tradition universitaire et les mutations induites par les technologies numériques, l’École du Louvre annonce la mise en marche de son projet “École du Louvre-2021”. Le 8 juin dernier, le ministre de la Culture Franck Riester, la directrice de l’École du Louvre Claire Barbillon et Majid Boustany, fondateur et président de la Francis Bacon MB Art Foundation, entérinent le programme des travaux : la rénovation de la bibliothèque, la création d’un centre de recherche et la réorganisation des services documentaire, informatique et de la cafétéria. Ce vaste programme, dont le coût s’élève à 2 millions d’euros, sera réalisé grâce au mécénat du président de la Francis Bacon MB Art Foundation. Le chantier a été confié à l’agence Hart Berteloot Architectes, qui a notamment réalisé le marché couvert de Saint-Lô.
Partenaire de l’École du Louvre depuis 2016, avec notamment la création d’une bourse de recherche quadriennale visant à soutenir les travaux d’un doctorant qui portent sur le peintre Francis Bacon, Majid Boustany tenait à porter sa pierre à l’édifice pour des raisons personnelles : “ma décision de financer cet ambitieux programme vient également de ma passion pour le plus francophile des peintres anglais : Francis Bacon. Celui-ci était un visiteur régulier des musées parisiens et notamment du musée du Louvre, dont certaines oeuvres furent d’ailleurs sources d’inspiration pour ses propres toiles”.
Adapter la bibliothèque aux pratiques de demain
La bibliothèque de l’École du Louvre est installée dans l’aile Flore du Palais depuis 1972. Rénovée une première fois en 1997 lors des travaux du Grand Louvre, ce “lieu fondamental de la vie d’un élève de l’École” fera peau neuve explique Claire Barbillon. Celle qui constitue un fond multi support pour accompagner l’enseignement en histoire de l’art, en archéologie et en muséologie “doit être repensée comme un complexe d’étude et de recherches contemporains au coeur de l’École et de sa pédagogie.” Les travaux viseront à optimiser les espaces de la bibliothèque et à actualiser la politique documentaire afin “d’offrir des espaces de consultation multimédia, un accès libre aux livres, des outils de recherche digitaux dédiés, la possibilité de travailler à plusieurs, de s’isoler…le tout dans des espaces ergonomiques, esthétiques et écoresponsables”.
Un centre de recherche dynamique
En tant qu’établissement d’enseignement supérieur du ministère de la Culture, l’École du Louvre participe à la recherche scientifique. “Philippe Durey [son prédécesseur, NDLR] a créé une équipe de recherche qui s’est développée en animant des projets mais en accompagnant aussi les doctorants, par des ateliers méthodologiques, des séminaires d’actualité, du suivi individuel” précise la directrice de l’École, dans les domaines de l’histoire de l’art, l’histoire des civilisations, l’archéologie, l’anthropologie et de la muséologie. La création d’un centre de recherche “donnera une dynamique supplémentaire au projet” et coordonnera les les travaux de recherche nationaux et internationaux, en plus d’offrir une visibilité à la recherche menée à l’École du Louvre.
Les services documentaire et informatique seront eux réaménagés, avec une réorganisation globale pour améliorer les conditions de travail du personnel. La cafétéria sera rénovée et reconfigurée en un “tiers lieu” de convivialité et d’échange.