Lancement du projet de rénovation "École du Louvre 2021"

Lancement du projet de rénovation "École du Louvre 2021"

L’École du Louvre lance son projet “École du Louvre 2021”, qui bénéficie du mécénat de la Francis Bacon MB Art Foundation. Un programme de rénovation qui vise à faire de l’École un incontournable national et international dans l’enseignement supérieur avec notamment la création d’un centre de recherche.

À une époque où la réflexion sur l’enseignement supérieure s’intensifie, interrogeant la place des écoles face à la tradition universitaire et les mutations induites par les technologies numériques, l’École du Louvre annonce la mise en marche de son projet “École du Louvre-2021”. Le 8 juin dernier, le ministre de la Culture Franck Riester, la directrice de l’École du Louvre Claire Barbillon et Majid Boustany, fondateur et président de la Francis Bacon MB Art Foundation, entérinent le programme des travaux : la rénovation de la bibliothèque, la création d’un centre de recherche et la réorganisation des services documentaire, informatique et de la cafétéria. Ce vaste programme, dont le coût s’élève à 2 millions d’euros, sera réalisé grâce au mécénat du président de la Francis Bacon MB Art Foundation. Le chantier a été confié à l’agence Hart Berteloot Architectes, qui a notamment réalisé le marché couvert de Saint-Lô.

Claire Barbillon, Majid Boustany et Franck Riester © EDL/M. Ledur

Partenaire de l’École du Louvre depuis 2016, avec notamment la création d’une bourse de recherche quadriennale visant à soutenir les travaux d’un doctorant qui portent sur le peintre Francis Bacon, Majid Boustany tenait à porter sa pierre à l’édifice pour des raisons personnelles : “ma décision de financer cet ambitieux programme vient également de ma passion pour le plus francophile des peintres anglais : Francis Bacon. Celui-ci était un visiteur régulier des musées parisiens et notamment du musée du Louvre, dont certaines oeuvres furent d’ailleurs sources d’inspiration pour ses propres toiles”.

Adapter la bibliothèque aux pratiques de demain

La bibliothèque de l’École du Louvre © EDL/M. Ledur

La bibliothèque de l’École du Louvre est installée dans l’aile Flore du Palais depuis 1972. Rénovée une première fois en 1997 lors des travaux du Grand Louvre, ce “lieu fondamental de la vie d’un élève de l’École” fera peau neuve explique Claire Barbillon. Celle qui constitue un fond multi support pour accompagner l’enseignement en histoire de l’art, en archéologie et en muséologie “doit être repensée comme un complexe d’étude et de recherches contemporains au coeur de l’École et de sa pédagogie.” Les travaux viseront à optimiser les espaces de la bibliothèque et à actualiser la politique documentaire afin “d’offrir des espaces de consultation multimédia, un accès libre aux livres, des outils de recherche digitaux dédiés, la possibilité de travailler à plusieurs, de s’isoler…le tout dans des espaces ergonomiques, esthétiques et écoresponsables”.

Un centre de recherche dynamique

École du Louvre © EDL/M. Ledur

En tant qu’établissement d’enseignement supérieur du ministère de la Culture, l’École du Louvre participe à la recherche scientifique. “Philippe Durey [son prédécesseur, NDLR] a créé une équipe de recherche qui s’est développée en animant des projets mais en accompagnant aussi les doctorants, par des ateliers méthodologiques, des séminaires d’actualité, du suivi individuel” précise la directrice de l’École, dans les domaines de l’histoire de l’art, l’histoire des civilisations, l’archéologie, l’anthropologie et de la muséologie. La création d’un centre de recherche “donnera une dynamique supplémentaire au projet” et coordonnera les les travaux de recherche nationaux et internationaux, en plus d’offrir une visibilité à la recherche menée à l’École du Louvre.
Les services documentaire et informatique seront eux réaménagés, avec une réorganisation globale pour améliorer les conditions de travail du personnel. La cafétéria sera rénovée et reconfigurée en un “tiers lieu” de convivialité et d’échange.

Rédigé par 
Rémi de Marassé

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18/2/2025
La Redoute s’associe à huit designers pour le projet « Les Uniques »

Dans le cadre du projet « Les Uniques », La Redoute Intérieurs a fait appel à huit designers pour personnaliser une pièce choisie parmi les collections La Redoute, avec une seule règle : qu'il n'y en ai aucune. Une initiative qui donnera lieu à une vente aux enchères le 11 mars prochain, au sein de l’Hôtel Drouot.

Kevin Germanier, Jeanne Friot, Mathieu Tran Nguyen, Elisa Uberti, Benjamin Benmoyal, Charles de Vilmorin, Pascaline Rey et Alexandre Blanc : voici les huit créateurs sélectionnés pour participer à ce projet d’envergure lancé par La Redoute Intérieurs. Intitulé « Les Uniques », ce projet de collection capsule a un objectif simple : donner une seconde vie à des pièces de mobilier issues de la boutique Les Aubaines, située à Roubaix. L’occasion pour ces créateurs, issus de divers horizons du design, d’exposer leur singularité et leur personnalité à travers une pièce unique.

Les Uniques x Pascaline Rey © La Redoute
Les Uniques x Alexandre Blanc © La Redoute

Manifeste créatif

Au-delà du projet créatif et caritatif, ce projet soulève une question plus large sur notre rapport aux objets et à leur temporalité. En effet, certaines pièces, une fois transformées, sont méconnaissables et laissent penser qu’il est possible de réinventer le mobilier à l’infini à partir d’objets existants. Un travail de pièce unique qui porte également un message et un engagement sur l’avenir du design. Mais jusqu’où peut-on déconstruire et réécrire un design sans en effacer l’âme ? C’est justement la question que se sont posée les huit invités du projet.

Les Uniques x Kevin Germanier © La Redoute

Huit créations singulières

Connu pour son travail sur le tissage de bandes magnétiques VHS, Benjamin Benmoyal s’est emparé du fauteuil en rotin Malu pour l’habiller d’un tweed étoilé, faisant de l’assise une extension de ses explorations textiles. Alexandre Blanc, quant à lui, dont la pratique oscille entre peinture et couture, transforme la table en chêne Adelita en un tableau en trompe-l’œil, jouant sur les ombres et les transparences pour en exalter les lignes architecturales. Avec Charles de Vilmorin, la méridienne Tapim devient un écrin textile, revêtue d’un jacquard sur-mesure tissé dans la plus pure tradition lyonnaise.

Les Uniques x Benjamin Bnemoyal © La Redoute

Jeanne Friot, de son côté, impose son langage mode en sanglant un duo de chaises Sarva avec ses ceintures signature. Pour Kevin Germanier, qui s’est attaqué au luminaire Moricio, l’objet devient sculpture, saturé de perles brodées et oscillant entre artefact décoratif et œuvre précieuse, dégageant un éclat baroque. Pascaline Rey, quant à elle, opte pour une approche contemplative en intégrant au bureau Tristan une céramique évoquant une banquise suspendue, entre rêverie et fragilité du monde.

Les Uniques x Charles de Villemorin © La Redoute

Chez Mathieu Tran Nguyen, la desserte Hiba initialement métallique, disparaît presque sous les ajouts sculpturaux de bois laqué, rappelant les jeux de panneaux et de paravents. Enfin, Elisa Uberti, fidèle à son approche du design sculptural, insère une lampe en céramique directement dans la structure de la desserte Crueso, abolissant la frontière entre mobilier et œuvre d’art.

Les Uniques x Elisa Uberti © La Redoute
Les Uniques x Jeanne Friot © La Redoute

Une vente aux enchères caritative

Pour ce projet collectif multidisciplinaire, La Redoute Intérieurs exposera dans un premier temps les huit pièces du 7 au 11 mars prochain au sein d’une salle de l’Hôtel des Ventes Drouot. Puis, le mardi 11 mars à partir de 19h, une vente aux enchères exclusive aura lieue et sera retransmise en direct sur le site internet de ce dernier. Tous les bénéfices de la vente seront ensuite reversés à l’association Solfa (Solidarité Femmes Accueil), qui vient en aide aux femmes et aux enfants victimes de violences. Cette association, soutenue par La Redoute depuis de nombreuses années, renforce l’aspect solidaire de ce projet unique.

Les Uniques x Mathieu Tran Nguyen © La Redoute
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6/1/2025
Faye Toogood, artistique éclectisme

Faye Toogood aime croiser les disciplines dans tout ce qu’elle propose. Rédactrice en chef du magazine anglais « The World of Interiors » pendant huit ans, elle décide de monter son studio en 2008. Depuis, elle enchaîne les projets et les collaborations, des intérieurs au mobilier en passant par le textile.

Journaliste, designer, architecte d’intérieur, créatrice de mode… La liste des expériences de Faye Toogood est longue, et nous donne l’impression qu’elle a vécu plusieurs vies en une. Née en 1977, la designer britannique, qui a étudié l’histoire de l’art à l’université de Bristol, s’est d’abord essayée au poste de rédactrice en chef de « World of Interiors » avant de se lancer à son compte. Aujourd’hui, nombre de ses créations font partie des collections permanentes de plusieurs musées internationaux, à l’instar du musée du Verre de Corning à New York, du Fabergé Museum à Saint-Pétersbourg ou encore du Musée national du Victoria à Melbourne. Elle est fascinée par les matériaux, les formes et l’artisanat depuis toujours, et la création de son studio en 2008 n’était finalement pas une grande surprise. Au sein de ce dernier, elle propose des projets toujours plus éclectiques, mêlant le design à la mode ou encore l’architecture d’intérieur à la nourriture. « Je me décris souvent comme un outsider dont le travail défie toute catégorisation. Ma pratique englobe le design d’intérieur, le mobilier et les accessoires pour la maison, les beaux-arts et la mode. Je refuse d’être contrainte par une seule discipline ou une méthode de travail définie. »

Canapé Cosmic, design : Faye Toogood pour Tacchini © Andrea Ferrari

Une pratique focalisée sur la forme

Influencée par l’art, l’architecture, le design ou encore la nature, Faye Toogood utilise un processus de création qui se tourne plutôt vers les formes que vers la fonction. « Je suis une designer axée sur la forme et j’aime remettre en question la fonction. Pourquoi une chaise doit-elle avoir cette forme, cette hauteur, cette proportion ? Pourquoi les poches de votre manteau doivent-elles se trouver dans ces positions ? Dans mon travail, je fais confiance aux gens avec qui je travaille pour trouver la fonction, je considère que c’est un processus engageant et passionnant. »

Collection Cosmic, design : Faye Toogood pour Tacchini © Andrea Ferrari

Son objectif au sein de ses projets est avant tout de proposer des pièces ludiques et inattendues, créées grâce à un savoir-faire particulier. Et c’est justement cet équilibre qui fait partie intégrante de tout ce qui est imaginé et conçu au sein de son studio. « En tant que cabinet pluridisciplinaire, nous nous influençons toujours les uns les autres – qu’il s’agisse d’un meuble qui s’inspire d’un tissu de vêtement ou de la silhouette d’une robe qui prend forme à partir d’une sculpture. Nous commençons souvent par des mini-maquettes en argile, en papier d’aluminium ou en carton, pour trouver des formes organiques que nous développons ensuite. »

Des collaborations remarquées et remarquables

Durant l’année 2024, Faye Toogood a su surprendre le public avec ses installations, à Milan et à Copenhague notamment. Pour la Milan Design Week, en avril dernier, elle présentait sa collection de tapis Rude, imaginée avec cc-tapis – la troisième collaboration du studio avec la marque –, ainsi que la collection de mobilier Cosmic avec Tacchini. « Le fait de pouvoir combiner le savoir-faire inégalé de cc-tapis et de Tacchini avec mon propre langage de conception a été ressenti comme une renaissance créative. » Plus récemment, en juin, à l’occasion des 3daysofdesign, à Copenhague, Faye Toogood s’est associée au studio Frama pour proposer « Collage », une installation qui mêlait plusieurs univers en un.

Installation "Collage" en collaboration avec Frama pendant les 3daysofdesign à Copenhague © John William

« Nous voulions explorer l’intersection de l’art, du design, de la nourriture et des gens, en nous réunissant pour une exposition collaborative au sein du showroom de Frama à Copenhague. Une première collaboration durant laquelle nous avons voulu présenter une vue amplifiée de l’une de nos expériences les plus humaines : le partage d’un repas. » Une installation présentée dans le prolongement du restaurant voisin du showroom, l’Apotek 57, dans laquelle les visiteurs ont été invités à manger dans tout l’espace sur des sculptures tactiles, dont les choix des couleurs ont été apportés par l’expertise de Toogood.

Installation "Collage" en collaboration avec Frama pendant les 3daysofdesign à Copenhague © John William

Des collections conviviales

En plus des collaborations avec les marques et les éditeurs, le studio de Faye Toogood élabore également ses propres collections. En avril, toujours pour la Design Week de Milan, elle dévoilait son projet « Assemblage 8: Back and Forth », composé des collections Gummy et Palette. La première est une chaise rembourrée qui a été pensée de manière durable et dont les matériaux utilisés sont tous naturels, puisque aucune mousse ignifuge cancérigène ou synthétique n’est utilisée, ce qui constitue une réelle prouesse technique et environnementale. « Je voulais créer une chaise avec beaucoup de personnalité, qui puisse s’intégrer dans n’importe quel intérieur, qu’il soit historique, grandiose, moderne ou familial. » Quant à Palette, il s’agit d’un ensemble de tables en bois – une table basse, une table d’appoint et une console –, dont les formes courbes se croisent et semblent s’emboîter. Le nom fait référence au contour organique de chaque plateau qui rappelle la palette de peinture d’un artiste. Un projet que la designer dit être une « célébration de la nature et de l’éducation. »

Fauteuils Gummy et Table basse Palette © Angus Mill


Désignée comme « designer de l’année » pour la prochaine édition du salon Maison & Objet du 16 au 20 janvier 2025, Faye Toogood présentera « Womanifesto », une installation inspirée du thème de l’année : « Sur/Reality.» Une mise en scène surréaliste, dans laquelle elle invitera les visiteurs dans son propre cerveau, pour comprendre et décortiquer son processus créatif.

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23/12/2024
4 RUE DES CRAYÈRES, la nouvelle bulle japonisante de Ruinart

La maison Ruinart dévoile le 4 RUE DES CRAYÈRES, à Reims. Un lieu historique que la marque a réinvesti en faisant appel à l'architecte Sou Fujimoto pour la réalisation d'un nouveau pavillon. Un vaste projet auquel le paysagiste Christophe Gautrand et l'architecte d'intérieur Gwenaël Nicolas ont participé.

C'est un projet architectural imaginé comme une liaison entre l'histoire ancienne et le présent. Inscrit dans le paysage viticole de Reims, ce site historique de la maison Ruinart fondée il y a 300 ans a été entièrement repensé pour accueillir les visiteurs. Un projet d'ampleur mené par l'architecte Sou Fujimoto, le paysagiste Christophe Gautrand et l'architecte d'intérieur Gwenaël Nicolas. Fruit d'une réflexion sur l'image de la marque et l'évocation du champagne, la construction s'ancre dans un jardin très scénographié, entièrement repensé pour l'occasion. Un site « empreint d’histoire et métamorphosé dans lequel savoir-faire et innovation s’expriment harmonieusement; où la nature coexiste avec la culture et le patrimoine » relate Frédéric Dufour, président de la Maison Ruinart.

Le pavillon de Sou Fujimoto s'intègre dans un espace historique ©Raul Cabrera



Une architecture japonaise inspirée du lieu

C'est un édifice dont la forme très épurée et contemporaine pourrait surprendre au sein d'un site historique tel que celui-ci. Pourtant, « notre projet n'est pas en rupture avec le lieu, au contraire » affirme Marie de France, architecte en charge de l'agence française de Sou Fujimoto. En effet, outre l'inspiration formelle de la construction issue de l'évanescence des bulles de champagne, la construction rappelle par l'utilisation de la pierre de Soissons et sa charpente en bois, les constructions environnantes avec lesquelles « la hauteur du pavillon vient flirter de sorte s'inscrire en harmonie » avec les façades 19e. Néanmoins, et dans une optique de renouvellement du domaine, l'édifice s'ouvre sur la cour d'honneur par une façade entièrement vitrée. Un apport visuel renforcé par le traitement apporté au verre. « Également inspiré de bulles de champagne remontant à la surface du verre, le dégradé créé sur la façade protège l'intérieur du soleil de l'ouest, mais permet avant tout de cadrer la vue. Le regard des visiteurs se trouvant à l'intérieur se porte ainsi sur la maison historique du domaine plutôt que le ciel. Pour autant, l'effacement du traitement en dessous de deux mètres permet de conserver une dimension humaine malgré la hauteur sous plafond haute de 10 mètres à certains endroits. »

Imaginé pour accueillir, des œuvres d'art, le jardin a également pour but d'abriter une biodiversité ©Ruinart

Premier projet de Sou Fujimoto à s'inscrire dans un vignoble, le 4 RUE DES CRAYÈRES est également représentatif du travail de l'agence, souligne Marie de France. « Nous n'avons pas souhaité entrer en concurrence avec l'existant, mais trouver une manière de le sublimer tout en proposant quelque chose de très nouveau. Le bâtiment s'inscrit ainsi dans l'axe du jardin avec légère asymétrie typique de l'architecture japonaise. Par ailleurs, nous retrouvons dans ce projet les principes récurrents de notre architecture à savoir la simplicité et la sobriété visuelle. » Pensée en premier, l'architecture du pavillon a par la suite été mise en valeur grâce au travail mené à l'intérieur pour la mise en scène de la marque, et à l'extérieur pour la mise en avant du bâti et de l'histoire.

L'intérieur, lumineux et ouvert sur l'extérieur, propose une découverte des différents crus de la marque ©Chloé le Reste



Une expérience sensorielle

Véritable faire-valoir de l'architecture, le jardin se déploie au sein d'un parc arboré de 7 000m². Destiné originellement à accueillir des œuvres d'art in-situ, il a été pensé par l'artiste paysagiste Christophe Gautrand comme une expérience à part entière. Prenant le parti-pris de faire revivre les crayères inscrites depuis 2015 au patrimoine mondial de l'UNESCO, il propose une approche très scénographique jusqu'au pavillon de Sou Fujimoto. Les visiteurs empruntent ainsi un itinéraire tracé entre deux murs de calcaire blancs, porteurs de la trace des outils. Des stigmates volontairement mis en valeur comme un marqueur du temps. Ponctué d'angles, ce couloir offre une déambulation immersive, rythmée par des jeux de vues et de lumière passant d'un monde presque souterrain à la lumière du domaine, et notamment le pavillon de Sou Fujimoto face auquel le visiteur se retrouve. Le passage aux perspectives très rectilignes tranche alors radicalement avec la courbe du pavillon et marque de fait une rupture visuelle. Le jardin devient la source d'un dialogue cette fois-ci architectural entre le bâti ancien et le contemporain. « L’histoire de Ruinart et de ce terroir champenois se retrouve ainsi dans les moindres détails du projet paysager : un jardin à parcourir et à expérimenter, où se révèle l’esprit de la Maison » conclut Christophe Gautrand.

Les chemins taillés à même les crayères en calcaire blanc ©Chloé le Reste
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20/12/2024
Prix Amour Vivant : 4 lauréats pour la 1ere édition

Soutenu par l’Association Un Design Soutenable, le prix Amour Vivant célébrait sa première édition, dont les quatre lauréats ont été annoncés le 10 décembre à la Fondation Akuo.

Portée par Hélène Aguilar, Marie-Cassandre Bultheel et Armelle Lalo, l’Association Un Design Soutenable est la première association d’intérêt général à mettre en lumière une problématique majeure en écologie : le plastique invisible. En effet, nous qui passons une grande partie de notre temps à l’extérieur, nous respirons cependant un air pollué par des particules invisibles de plastiques, ajoutées à celles respirées dans nos intérieurs contenues dans les peintures, meubles, tapis et colles... Pour offrir une nouvelle alternative à ces problématiques, l’association a lancé le prix Amour Vivant, dont l’objectif est d’accélérer la transition vers des intérieurs libérés de cette empreinte toxique, soucieux de l’impact hydrique et ancrée dans les cycles naturels. Un prix qui a récompensé deux lauréats et deux coups de cœur, destiné à célébrer des créations dépourvues de plastique aux pratiques vertueuses. Une première édition, dont le jury était composé de Philippe Brocart, Matali Crasset, Laurent Denize d'Estrées, Nathalie Gontard et Godefroy de Virieu qui a sélectionné fin novembre 6 finalistes : Alea, Thomas Guillard, Hors Studio, Sacha Parent, Aurore Piette et Lucie Ponard. Le 10 décembre, ils ont été 4 à être récompensés.

Deux lauréates ex-æquo : Sacha Parent et Aurore Piette

Pour ce premier prix Amour Vivant, le jury a distingué deux lauréates dont les projets étaient en adéquation avec une démarche respectueuse et ancrée dans les territoires qu’elles côtoient. D’abord Sacha Parent, récompensée pour son projet Paille de Seigle +++, dans lequel la designeuse réinvente le mobilier paillé avec des matériaux bruts ou peu transformés, tels que la paille de seigle et le frêne teint par des réactions tanniques naturelles. Des créations assemblées par auto-blocage, qui mettent en avant les propriétés intrinsèques des matériaux, tout en facilitant leur entretien. Pour toutes ses pièces, la colle utilisée est faite à base de farine végétale, renforçant ainsi son approche écologique. Dans ses futurs projets, elle envisage le développement de panneaux alvéolaires en paille de seigle.

Paille de Seigle +++ © Sacha Parent

Aurore Piette quant à elle, a été remarquée pour son projet Desserte Rocaille, un mobilier conçu à partir de matériaux locaux comme le bois flotté, les fibres de cultures locales et les sédiments argileux d’un estuaire. Les sédiments d’argile sont ici la clé de voûte du projet puisque que chaque année, près de 5 millions de tonnes de sédiments d’argile issus de la précipitation chimique sont collectés et relâchés au large, avant de revenir dans les marais côtiers, inutilisés. Avec ce projet, Aurore Piette leur trouve un usage et pose ainsi un regard neuf sur une ressource abondante mais négligée. Une démarche qui invite à repenser des matières perçues comme des « déchets », mais qui méritent d’être considérées comme une richesse à exploiter.

Desserte Rocaille-BoisFlotté & Torchis © Aurore Piette Studio

Deux prix coup de cœur : Thomas Guillard et Lucie Ponard

Bien que le prix ne devait récompenser qu’un seul lauréat, face à la richesse et à la qualité des projets proposés, le jury a spontanément créé une nouvelle catégorie « coups de cœur » pour célébrer deux projets dont la force d’innovation et la portée écologique méritaient d’être reconnues. Parmi eux, Thomas Guillard, qui, avec Fournitures agricoles végétales, réinvente les outils agricoles dans un univers dominé par le plastique. N’utilisant que des ressources végétales locales, il développe ainsi des gaines de protection en noisetier tressé pour les jeunes arbres, des goupilles en bambou fumé, des attaches rapides en papier de chanvre entièrement biodégradables, et des textiles de paillage en paille de seigle.

Lin, noisetier, seigle, bambou et chanvre © Thomas Guillard

Lucie Ponard s’est de son côté distinguée pour son projet de Terres émaillées, qui valorisent les terres de chantier et les déchets de démolition pour créer des céramiques uniques. Elle exploite les textures et couleurs spécifiques des sites d’origine pour ses créations et réduit donc l’empreinte écologique des matières premières tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour le mobilier, les crédences ou les revêtements. Une initiation de projet rendue possible par Faire Paris (Pavillon de l’Arsenal) et le Fonds de production Enowe-Artagon.

Terre brune © Lucie Ponard

Des projets ambitieux et engagés, qui incarnent à eux quatre l’ambition forte du prix Amour Vivant qui est de contribuer au développement de nouvelles techniques et manières de penser le designer soutenable et respectueux de l’environnement.

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