Mode
À Genève, Dior ouvre une nouvelle boutique signée par l'architecte Christian de Portzamparc.
Aux yeux de Christian Dior, la mode est avant tout une histoire d'exploration. Ce terrain de jeu exprimé au travers de formes et des couleurs, mais aussi sur les transparences et les jeux d'ombres, a depuis longtemps franchi les frontières de la mode. Questionnées et réinterprétées, ces notions résonnent avec celles de l'architecte français, Christian de Portzamparc. Une concordance qui a valu à l'architecte de réaliser la nouvelle boutique de la marque. Situé en plein cœur de la rue du Rhône, épicentre du luxe helvétique, ce nouvel écrin a ouvert ses portes le 27 février.
Une architecture singulière
Pour sa seconde collaboration avec Dior, l'architecte a fait la part belle à la sobriété. Avec un jeu délicat de courbe et l'utilisation du blanc, Christian de Portzamparc signe un édifice de six étages où s'entremêlent complexité et raffinement. Faite d'un bloc central en verre habillé de six pétales en résine élancés vers le ciel, la construction joue avec la lumière et la transparence. Dans une alliance de courbe et de linéarité, ce nouvel établissement s'illustre – à la manière du flagship de la marque Dior construit à Séoul il y a une dizaine d'années - comme un hommage à l'art de l'habillement.
Un espace où se côtoient les Arts
Au-delà de cette esthétique contemporaine, sculpture le jour, lanterne la nuit, le bâtiment est une curiosité qui se mut en véritable musée passé la porte. Véritable amateur d'art, l'empreinte du couturier se retrouve sur chaque mur. Outre ses croquis laissés en guise d'héritage, la boutique de la rue du Rhône revêt de nombreuses œuvres. Parmi les artistes, se trouvent Pamela Rosenkranz, Ugo Rondinone, William Coggin ou encore la photographe Brigitte Niedermair. Des œuvres en deux dimensions auxquelles font écho les diverses collections de la maison, qualifiées de « royaume des rêves » selon les mots de son fondateur.
Une relation privilégiée avec la Suisse
Pour Christian Dior, la nation transalpine avait une saveur particulière. Voyageur fréquent, il y trouvait une certaine inspiration pour ses collections dont il adapta les formes et les matières aux températures plus fraîches du pays. Ainsi en 1954, huit ans après avoir fondé sa marque, il proposait un premier modèle baptisé Genève. S'en suivront d'autres créations aux noms évocateurs comme Montreux, Suisse, ou encore Week-end à Genève par Marc Bohan en 1962. C'est d'ailleurs un an plus tard que Dior ouvrait sa première boutique de souliers à Bâle, bientôt renforcée par d'autres adresses à Genève, Lausanne et Gstaad.
Le créateur star des années 80 est décédé à la fin du mois de février 2024, à l’âge de 76 ans.
Avec ses looks de femmes puissantes bien avant l’heure, roulant des épaules et des mécaniques, Claude Montana a marqué la mode. Figure des années 80 et inventeur de la panoplie incontournable de cette décennie flamboyante, le créateur star de ces années fric et frime a tiré sa révérence. Après plus de vingt ans à modeler les contours des guerrières de night-club, mais aussi des working girls augmentées de paillettes, de couleurs flashy et de fulguropoings, il s’était retiré de la scène et des podiums pour laisser la place à d’autres jeunes amoureux des femmes fortes et sensuelles, sexy en diable. Numéro Un de la Cote des créateurs du Journal du Textile, l’hebdomadaire des professionnels de la mode, qui l’ont élu, chaque saison, durant toute cette période, couturier le plus inventif du moment, il a précédé un autre architecte de la silhouette powerful des femmes, Jean-Paul Gaultier. Souvent comparé à Thierry Mugler, qui a été d’ailleurs son colocataire avant de devenir son rival, Claude Montana a imposé des canons de beauté à rebours des codes bourgeois et sophistiqués de l’époque. Pour eux deux, les courbures du corps de la femme épousent une ligne de sablier, taille très fine, hanches arrondies et surtout épaules XXL et sublimées de décors, d’ornements et de maxi épaulettes, sur une gorge généreuse et déployée à l’envi.
Apparat et costumes
Né à Paris le 29 juin 1947, Claude Montana s’est découvert très tôt une passion pour l’apparat et les costumes. Le Dictionnaire de la Mode au xxe siècle - dont l’auteur n’est autre que Didier Grumbach, fondateur de « Créateurs et Industriels » et cheville ouvrière du déploiement du concept de « créateurs de mode » (avant on parlait de stylistes ou de couturiers) presque inventé pour Claude Montana - , le rappelle très bien. « Ses parents, bourgeois parisiens, ne voulaient pas entendre parler des aspirations de leur enfant. Alors, avec sa petite sœur, Jacqueline, il s’échappe en douce de l’appartement familial pour aller fureter à l’Opéra Garnier, humer l’odeur des costumes, découvrir l’art des drapés et des étoffes. A 16 ans, il devient ainsi figurant dans Don Carlos, de Verdi, sur les planches de l’Opéra de Paris, à l’insu de ses parents. »
Son idée de la mode et de la femme sera néanmoins influencé par un tout autre milieu. C’est après un séjour du côté du Swinging London que commence à se dessiner dans sa tête les contours de sa femme idéale : son Amazone sera enveloppée de cuir. Claude Montana a en effet commencé dans la mode auprès de Mac Douglas, une enseigne spécialisée dans cette matière. Elle restera donc sa préférée tout au long de sa carrière. Mais Claude Montana l’a traitée comme de la soie ou n’importe quelle étoffe noble, moulée directement sur des corps nus pour des fourreaux étirés à l’extrême, miroitant et vernis, juste élargies aux épaules. Le cuir sera surtout la matière de ses tailleurs. Mais pas les tailleurs des dactylo ! Claude Montana va proposer aux femmes de pouvoir leur uniforme fétiche, doublement paddé aux épaules, croisé sur le plexus et bouclé à double tour sur une taille exagérément fine.
Bombe
C’est avec cette signature stylistique qu’il impressionne, dès son premier défilé en 1975. Un peu après, en 1979, il lance sa propre marque et ses bombes pétaradantes de couleurs et de brillances jaune, mauve, rouge éclatent dans le ciel de la mode parisienne alors plutôt Jolie Madame. Montana est vraiment un Ovni dans le paysage bourgeois de la mode française portée par l’élégance d’un Yves Saint Laurent, ou les inspirations multiculturelles de Kenzo Takada ou d’Issey Miyake.
Son autre signature, ce sont les défilés spectacle. Véritables productions hollywoodiennes, ses shows étaient les rendez-vous les plus courus de la fashion sphere. Il fallait y être vu, naturellement revêtu de la cuirasse sexy Montana, et il fallait ne pas rater une miette des propositions de styles, parfaitement dans l’air du temps … et parfaitement adaptées pour le cœur du marché.
Même après son retrait et la faillite, en 1997, de son entreprise, ses créations ont continué à marquer l’imaginaire collectif. Le style Montana est et restera une source d’inspiration pour de nombreux créateurs des années 1990 et 2000. Et dès que les soubresauts de la tendance remettent l’accent sur les épaules, sur la ligne en sablier ou sur les tailleurs powerful, l’allure Montana ressuscite.
Les Ateliers de Paris, l'incubateur de la ville de Paris dédié au développement des entreprises de création, ouvre ses candidatures jusqu'au 9 avril.
Pièce maîtresse du soutien de la capitale aux métiers de la création, Les Ateliers de Paris constituent un véritable bouillonnement artistique. Créé en 2006, cet incubateur accueille chaque année une sélection de créateurs afin de les accompagner dans leurs projets. Un espace prolifique donc, qu'il est possible d'intégrer en candidatant jusqu'au 9 avril.
La porte ouverte aux opportunités
Afin de promouvoir les différents champs de l'innovation, la mairie de Paris propose aux entrepreneurs un atelier et l'accès à des salles de réunions. Convaincu par la place centrale de l'humain dans ces projets, l'incubateur accompagne chaque créateur dans sa démarche par le biais de rendez-vous avec des experts en développement et des rencontres avec des professionnels de l'artisanat. Et pour accroître le rayonnement de chacun, Les Ateliers de Paris promeuvent également leurs locataires sur des événements d'ampleur tels que la Paris Design Week ou encore la biennale Révélations.
Une vitrine et un vivier pour la capitale
Le besoin de repenser la ville et ses usages en construisant un futur viable tant sur le plan écologique que social et aujourd'hui au centre des préoccupations de nombreuses grandes agglomérations. Mais ces perspectives se trouvent depuis plusieurs années déjà, au cœur des intentions des designers, artisans ou stylistes. Que ce soit par l'utilisation de matériaux plus vertueux, l'application de savoir-faire ancestraux, la relocalisation d'actions ou l'hybridation des produits, les inventions de demain sont autant de leviers essentiels à la transformation des villes. C'est notamment dans cette optique que la mairie a créé en 2006 Les Ateliers de Paris.
Et pour candidater, c'est par ici !
Nathalie Crinière, scénographe de l’exposition «Sculpting the senses», visible au Musée des Arts Décoratifs de Paris du 29 novembre 2023 au 28 avril 2024, revient sur son choix d’une mise en scène sobre. Un travail d’un an et demi qui permet d’admirer les œuvres oniriques et surnaturelles d’Iris van Herpen.
Au travers d’une centaine de robes, le visiteur est invité à découvrir l’univers d’Iris Van Herpen où s’entremêlent technologie et nature. Depuis la fondation de sa marque éponyme en 2007, la styliste de 39 ans propose une réinterprétation totale des codes de la mode. Un monde surprenant mis en scène par Nathalie Crinière, créatrice sans frontière; à l’origine de l’exposition Schiaparelli qui s’était également tenue au MAD en 2022, ainsi que du musée de la boutique Dior, avenue Montaigne. Entretien avec cette scénographe à l'œil rieur.
La complexité esthétique des œuvres d’Iris van Herpen a-t-elle été plus difficile à scénographier que d’autres maisons de couture ?
Celle-ci ne l’était pas plus. Elles sont toutes complexes. La contrainte principale était la présence de grandes robes et d’immenses œuvres. Il fallait avoir l’espace nécessaire, mais également penser au recul pour les contempler. Au musée des Arts décoratifs, nous sommes très dépendants de l’architecture et c’est assez délicat car il y a 12 travées et un escalier. Nous avons en revanche pris le parti de laisser occasionnellement le béton et les parpaings apparents pour jouer avec l’intérieur brut du musée. Donc c’est tout un jeu de discussions et de fabrications sur mesure qui s’opère pour utiliser l’espace à sa juste valeur.
Pourquoi avez-vous dessiné un espace avec tant de sobriété ?
Notre scénographie simple et discrète, est faite de noir et de blanc, sans effets de matières, car les robes d’Iris Van Herpen ne sont pas très colorées, mais ont une présence très forte. Pour soutenir les tenues, c’est un dispositif tout en courbe, en écho aux formes organiques des créations, qui prend place au ras du sol. Je voulais qu’on puisse regarder les robes dans les yeux.
D’autant que la plupart ne se trouvent pas dans des vitrines…
Oui, la créatrice nous a autorisés à exposer les trois-quarts de sa collection sans protection. C’est une chance car on ne regarde pas une robe en direct comme on la regarde à travers du verre. Pour les protéger, nous avons simplement conçu une rivière de miroir au sol qui évoque la limite à ne pas franchir et permet aux visiteurs de voir les créations autrement.
Était-ce votre choix d’enrichir le parcours d’un panel hétéroclite d'œuvres ?
L’enjeu central posé dès le début par la commissaire d’exposition, Chloé Pitiot, était de mettre les robes d’Iris Van Herpen en parallèle d'œuvres qui contextualisent son travail inspiré de l’Art et de la nature. Pour mieux comprendre son univers, nous sommes allés dans son atelier, à Amsterdam, où nous avons vu les éléments de près ainsi que ses nombreuses recherches. De là, nous avons conçu une scénographie qui ne s’inspire pas d’une collection ou d’une tenue, mais de son travail global.
Y a-t-il eu un désir de rendre la technologie prégnante en raison de la place centrale qu’elle occupe dans le travail de la créatrice ?
Nous n’avons pas directement mis en avant la technologie présente au cœur de son processus de création. Bien qu’il y ait des impressions 3D, il y a aussi beaucoup de bouts de ficelle et du papier qui jouent parfois sur la multiplication d’images ou la profondeur. C’est donc très intéressant, car il y a dans l’exposition une impression de technologie qui est parfois très low-tech [mouvement technocritique en opposition au high-tech].
Dans ses défilés, Iris Van Herpen prône une certaine sobriété contrairement à d'autres maisons. Êtes-vous allé à l’encontre des mises en scène habituelles de votre agence ?
Nous n’avons pas d’habitudes scénographiques. Nous sommes à l’écoute des créateurs et des maisons pour comprendre ce qu’ils veulent transmettre. Dans ce projet, la mise en scène est très simple et très sobre à l’inverse d’autres maisons de couture, mais nous n’aurions jamais fait ça pour Dior ou Schiaparelli. Nous essayons de comprendre les personnes pour nous adapter aux contenus et faire quelque chose d’unique ! La sobriété n’était pas une demande de la créatrice mais ça s’est imposé de par la complexité de ses robes et sa personnalité. Lorsque vous écoutez les gens, ça vous fait déjà un petit peu d’espace en trois dimensions. Dans votre profession, vous concevez des espaces tandis qu’Iris Van Herpen crée des robes très architecturales.
Finalement, vos professions sont assez similaires ?
Dior voulait être architecte... donc oui, il y a des liens. Selon moi, le point le plus probant, c’est l’espace en trois dimensions. Un vêtement, c’est une petite architecture qui vient habiter et habiller l’espace. C’est ce que fait Iris Van Herpen avec les volumes qu’elle dessine. Pour nous, en tant qu’architecte d’intérieur, c’est la même chose sauf que la mode se met sur des corps et que nous nous inscrivons dans des espaces existants.
Dans son dernier numéro, Intramuros vous propose de découvrir une sélection d'objets sortis cette année. De la paire de baskets au chandelier en passant par des luminaires, la rubrique « Design 360 » regorge de potentielles idées cadeau. Focus sur 10 coups de cœur de la rédaction en 2023 !
Chaise autoproduite, design Pierre Charpin pour Yvon Lambert
Conçue avec l'idée de « faire une chaise comme un dessin », le designer à fabriqué cet objet rectiligne grâce à une scie circulaire dont le déplacement n'était que horizontal ou vertical. Assemblée très simplement avec de la colle et des vis, son confort ne repose que sur les inclinaisons précises.
Chandelier Chunk, design Ward Wijnant pour Object with narratives
Chunk est un objet conçu avec plusieurs feuilles d'étain pressées sous haute pression. Une technique qui permet d'obtenir des formes diverses tout en conservant la puissance évocatrice de la matière. Le métal offre ainsi au chandelier un aspect brillant et extravagant dans lequel la lumière se reflète.
Exp mug, design Peter Shire pour momosanshop.com
Pour Peter Shire, cette tasse est à l'image de son travail ; à l'intersection de l'artisanat, des beaux-arts et du design industriel. Chacun de ses produits aux formes non-consensuelles est peint à la main. En résulte un objet du quotidien unique imprégné d'art pictural.
Nike Air more Uptempo Low x Ambush
Fruit d'une collaboration entre l'artiste Yoon Ahn et Nike, la Uptempo s'inscrit dans la lignée des Limestone et Black White. Cette fois-ci, le modèle initialement conçu en 1996, allie le vert sapin et le lila. Un changement qui élève l'imposante chaussure au rang d'accessoire audacieux.
Hydrofoil électrique, design Marc Newson pour Flite
Marc Newson, designer australien passionné de surf, propose un efoil (surf électrique volant) ultra léger de moins de 20 kilos. Réalisé en fibres de carbone monobloc, il est connecté et permet aux utilisateurs de connaître leurs performances.
Lampe iJobs, design Jean-Sébastien Blanc (du studio 5.5)
Pour cette lampe, le designer du studio 5.5 Jean-Sébastien Blanc, spécialisé dans le réemploi et dans la revalorisation des matériaux, détourne le célèbre pied des ordinateurs MacBook d'Apple. En venant simplement appliquer un tube d'éclairage à son sommet, Jean-Sébastien Blanc propose un éclairage de bureau design et complémentaire de l'usage originel de l'objet. Il s’agit d’ailleurs du premier produit Apple en réemploi.
Enceinte Demerbox DB2 Indestructible bluetooth speaker
Résistante aux chocs et à l'eau grâce à sa coque étanche, l'enceinte Demerbox DB2 propose également un compartiment pour y ranger ses affaires. Malgré sa petite taille et son poids plutôt léger, elle dispose de 40 heures d'autonomie.
Citadine 100% électrique Microlino
Avec une autonomie pouvant atteindre les 230 kilomètres, Microlino est la citadine par excellence. Avec un espace optimisé pour deux adultes « et trois caisses de bières », elle permet de se garer perpendiculairement au trottoir. Idéal pour les centres-villes encombrés.
Montre customisée GP10010C Green label chez WMT Watches
Cette pièce d'horlogerie avec mouvement à quartz Miyota FS20 et résistante à l'eau propose un design à la fois rétro et moderne. La numérotation ainsi que les aiguilles dessinées à la main, apportent une touche d'originalité à cet ensemble sobre et élégant.
Lampe Farfalline, design Julian Grégory pour Ukurant.com
Ce luminaire propose un design simple et épuré mettant élégamment à l'honneur le pliage de la tôle. Réalisés en une seule feuille de métal pincée en son milieu pour évoquer le faisceau de lumière, ses deux volumes de part et d'autre permettent un éclairage doux et orienté. À cela, s'ajoute un délicat jeu de reflet sur les courbures du produit.
Retrouvez la totalité de la sélection dans la rubrique "Design 360" dans le numéro 218 d'Intramuros, disponible partout.
La maison de couture RIVES à l’origine de pièces élégantes et minimalistes a sorti en septembre sa quatrième collection. L’occasion de revenir avec Sylvain Fischmann, sur sa vision du tailoring.
La maison fondée à Paris mais également présente à Bordeaux, manie avec habileté l'art d'un tailoring contemporain et haut de gamme depuis maintenant 8 ans. « C’est la rencontre avec Antoine Salmon-Peugnet qui m’a donné l’idée de créer RIVES » explique le cocréateur, Sylvain Fischmann. Souhaitant s'affranchir de l'image traditionnelle du costume et de ses codes, le styliste qui n'a « pas mis les pieds dans un magasin de mode, si ce n'est pour des sneakers, depuis la création de la marque », présente un vestiaire chic se voulant multi-occasionnel. Une vision qui a germé dans l'esprit du couturier ayant « grandi avec l’idée que pour être musicien, il fallait être Bowie et Jean-Paul Gaultier pour devenir créateur de mode. Ce postulat d’exigence m’a fait prendre des détours malgré ma passion absolue pour cette dernière. » Désormais riche de 4 collections auxquelles viennent s'ajouter quelques capsules, Sylvain Fischmann et Antoine Salmon-Peugnet ont aujourd'hui réussi à inscrire Rives, tailleur parisien, dans le paysage mode de la capitale.
Tout part de la silhouette
« Je me souviens encore de ce que j’ai ressenti quand j’ai découvert la silhouette de Luke Skywalker, d’Albator, de Clint Eastwood. » L'essence même de Rives c'est justement cela : casser les codes pour mettre à l'honneur la silhouette par une simplification du vêtement lui-même. Selon Sylvain Fischmann « les personnes n'ont plus envie d'être engoncées et serrées. L'évolution vers plus d'aisance, en marche depuis une quinzaine d’années, s'est accélérée avec le confinement. Celles qui portaient déjà ce type de vêtements avant désirent continuer mais de manière différente. » Une vision qui justifie également pour le créateur l'intérêt de jouer sur la déstructuration de ses pièces. Un vecteur d'inattendu également moteur pour la marque qui accorde une attention toute particulière aux détails des coupes mais également des matières.
Un point particulièrement important dans la mesure où la marque se positionne en marge de la saisonnalité habituelle pour proposer des collections thématiques : Business and casual pour le vestiaire du quotidien, plus ou moins formel ; et Mariage, pour accompagner les futurs mariés dans la création de tenues uniques. « Le costume de mariage, trop longtemps, a été perçu comme l’enfant honteux de la mode. J’y vois au contraire une occasion de s’exprimer plus librement et d’explorer des pièces, des couleurs, des styles difficiles à porter au quotidien. Le smoking et ses dérivés en sont un bon exemple », nous raconte Sylvain Fischmann.
Faire fi du superflu
Sortie en septembre, la collection 04 joue avec assurance la carte du « preppy ». Des touches de rouge et de vert viennent rehausser les coupes les plus épurées, et un subtil camaïeu de beiges vient se proposer comme une alternative aux plus traditionnels pantalons gris. Le tout sur fond d'une bibliothèque dont la composition très cinématographique évoque avec style l'esprit huppé et raffiné des années 50. Pour autant, si la marque pioche dans le siècle passé, elle conserve très nettement son ADN en faisant fi du superflu. « Être minimaliste ne veut pas dire être chiant et brutaliste » souligne Sylvain Fischmann, précisant « enlever ce qui n'est pas fonctionnel ou nécessaire comme les boutonnières ou encore les passants de ceintures. » Une vision qui permet à la marque de ne pas sombrer dans une esthétique « BCBG » au profit d'une identité plus intemporelle et d'une liberté créative ou déstructuration et dépareillement sont maîtres mots.
« Le preppy a fait son apparition dans le vestiaire masculin il y a très longtemps, mais il n'en est jamais ressorti » analyse le styliste. « Cependant, notre garde-robe est également remplie d'éléments plus “sports”. Nous avions donc le souhait de grossir ce trait. » Un pari osé, mais réussi avec, entre autres, la création d'un modèle type bomber aux manches tailleurs offrant une touche sportwear dans un univers raffiné. Une collection à l'ADN résolument RIVES dont le pas en arrière offre un bel hommage à l'univers sartorial.
RIVES
23 rue Pasquier Paris 8ème