Hôtellerie
EquipHotel, salon B2B dédié au secteur de l’hôtellerie-restauration revient du 3 au 7 novembre à Paris Porte de Versailles. Une nouvelle édition sur le thème « Osons ! », qui révèlera son lot de surprises et que la directrice du salon Béatrice Gravier a développé plus en détails.
L’édition 2024 porte le thème « Osons! ». Qu’est-ce qu’il signifie exactement ? Sur quelles bases a-t-il été choisi ?
Depuis mon arrivée à la direction d’EquipHotel début 2020, nous avons souhaité mettre en place une dynamique globale autour d'un thème général qui servirait de fil conducteur. Le salon est toujours organisé avec des réseaux forts, notamment les syndicats hôteliers que sont l’UMIH et GHR ou encore l’Ameublement Français. Avec ces partenaires, nous avons balayés toutes les problématiques auxquelles sont confrontés les professionnels et à partir desquelles nous avons choisi un dénominateur commun qui permettrait de lier tous ces échanges. En 2024, avec la dynamique olympique qui était très forte et tout ce que cela allait impliquer pour le secteur, on s’est dit que le thème devait porter sur l’audace d’entreprendre, l’envie d’innover, l’esprit d’équipe… Le secteur est en pleine mutation, ce qui implique des changements avec la recherche de nouveaux partenaires, de nouvelles idées et derrière ce thème « Osons » il y a justement cette idée d’encourager les professionnels, de les accompagner, les aider à aller de l’avant en travaillant différemment et en osant sortir des sentiers battus.
Lors de la conférence de presse de juin vous avez évoqué le terme « d’audace collective » comme fil conducteur, quelle est l’idée derrière cette formulation ?
On sent que le collectif prend une place de de plus en plus importante, et pas seulement dans le secteur de l’hôtellerie. Personnellement, je l’ai ressenti fortement avec les Jeux Olympiques et Paralympiques qui nous ont bercés tout l’été, et cette audace est un peu ce qui guide notre société actuelle. Le monde change et la jeune génération aussi. Il y a beaucoup de problématiques dans le monde professionnel, particulièrement en hôtellerie-restauration, notamment en recrutement puisque le secteur peut être très difficile au quotidien. On cherche à apporter une réflexion nouvelle, plus d’audace et d’envie d’entreprendre concernant leurs projets actuels ou à venir. C’est d’ailleurs pour cette raison que le thème s’appelle « Osons » et pas « Osez », afin de renforcer cette dynamique d’esprit d’équipe et de collectif.
Quelles sont les grandes nouveautés de cette édition 2024 ?
Au fil des différents échanges avec les organisateurs et partenaires, il y avait l’envie commune de réussir à mixer les populations réparties en 3 piliers principaux : hôteliers, architectes et fournisseurs. La plupart du temps, le fournisseur arrive en aval des projets sans pouvoir intervenir et avoir la parole. Cette édition nous permet de prendre un nouveau virage stratégique, en donnant un peu plus la parole aux hôteliers et investisseurs. Cette nouvelle dynamique s’est accompagnée d’actions notables avec d’abord les « Think thank », en collaboration avec le cabinet de conseil MKG. Avec eux, nous avons eu 2 dynamiques de travail. La première, qu’on a appelée les « braintrust », ont été réalisés en amont du salon et ont rassemblé plusieurs fois des investisseurs hôteliers, des architectes et fabricants pour les faire réfléchir sur les nouveaux défis de l’hôtellerie. Il y avait 4 ateliers autour du design, du wellness, du foodservice et de la technologie avec comme questions directrices : quelles sont les pistes pour aider les hôteliers à maintenir la rentabilité, fournir un service de qualité et répondre aux exigences des clients ? Les restitutions de ces échanges seront par ailleurs partagées sur le salon. La 2e dynamique, un peu sur le même axe, se caractérise par l’accueil du réseau La Fabrique du Tourisme, initié par la BPI, Extendam et MKG, qui inviteront les investisseurs, architectes et fabricants sur le salon pour évoquer le sujet de l’Intelligence artificielle en se questionnant sur le rôle qu'elle peut avoir sur l’optimisation et l’usage des ressources au sein de l’hôtel, l’amélioration de l’expérience client et autre problématique. Aussi, un dernier Think Thank, dédié aux femmes à travers le collectif anglais Women in hospitality sera mis en place sur le salon autour d'une table ronde et d'un cocktail de mise en relation.
L’idée de ce nouveau virage stratégique de réflexion est que les participants sortent du salon avec des clés pour repositionner l’hôtel, se développer, recruter ou repenser différemment leur offre, avec des choses concrètes pour pouvoir avancer.
Qui sont les exposants, sont-ils français, européens, internationaux ?
Le salon EquipHotel est très développé au niveau international, avec un plus de 40 % d’internationaux. Il y a une offre assez diversifiée de fournisseurs, ce n’est pas franco-français. Quant aux visiteurs, ils sont seulement 15 % à venir de l’étranger pour le moment mais c’est un axe sur lequel on compte travailler dans les années à venir. On a d’ailleurs mis en place une programmation entièrement en anglais le mardi sur le thème du design avec une expertise internationale dans cette logique de développement. Bien évidemment, les échanges seront également traduits en français.
Il va aussi y avoir des changements au sein des espaces inspirations, lesquels ?
Nous avons essayé d’avoir une dynamique commune au sein des quatre halls. En termes de design cette année, sur le hall food service notamment, nous avons fait appel à des décorateurs et designers, avec Franck Lebrally par exemple qui a fait de grandes fresques ainsi que l'artiste Stéphanie Pioje. On a fait rentrer beaucoup plus d’artistes, et ça va encore une fois dans cette dynamique d’Oser. C’est aussi ce qu’on a mis en place au sein de notre espace inspirations, avec notamment la participation du studio Briand Berthereau ou encore Fanny Perrier. On a voulu faire participer des professionnels qui ne sont pas forcément spécialistes de l’hôtellerie, mais qui peuvent apporter une autre expertise et un regard neuf sur les projets.
EquipHotel 2024 c’est aussi une collaboration inédite entre Okko Hotels et l’Ameublement Français. Quel a été la genèse de ce partenariat et quel est son objectif ?
Il existe un partenariat de longue date avec l’Ameublement Français qui avait l'habitude de proposer des cycles de conférences jusqu’ici. Après le salon 2022, on a eu cette envie commune de réinventer un peu l’expérience. Nous avions tous fait le même constat qui était que le fabricant arrive trop tard dans la balance. L’idée a donc été de monter un projet avec Okko Hotels qui est ici l’investisseur, les partenaires - Laune Architecture, EROZ - et le réseau des fabricants de l'Ameublement Français, en incluant tous les acteurs dès le début du projet. Le cahier des charges de l’investisseur a été communiqué en amont aux fabricants, à savoir le made in France. Il s’agit d’un projet initié il y a plus d’un an, dont le but était d’imagier 2 chambres témoins « 100% Made in France », en prenant en compte les différentes contraintes que cela peut impliquer. Le retour d’expérience sera exposé sur le salon concernant les difficultés rencontrées et les moyens engagés pour les contourner avec une conférence dédiée par jour.
On parle beaucoup de renouvellement et d’hybridation du secteur de l’hôtellerie, est-ce que vous partagez cette idée ? À quoi est-ce dû d’après vous ?
Le monde de l’hôtellerie est très résilient et se remet en question tous les jours. Mais post-covid, la société a beaucoup changé. Il y a eu de nouveaux courants, de nouvelles inspirations du côté des clients et des collaborateurs. Les codes de l’hôtellerie « standard » ne font plus rêver aujourd’hui, il faut donc se réinventer. J’ai le sentiment que l’on revient beaucoup vers une mode de l’hôtellerie "à l’ancienne", avec ce côté maison commune, qui implique beaucoup plus les travailleurs extérieurs, les locaux… On retourne vers une offre plus généreuse et dans le partage, qui sont deux fondamentaux de l’hôtellerie selon moi. On est moins dans la recherche d’expertise pure et dure, mais plus dans de la créativité que l’on va aller chercher ailleurs. Les clients sont aujourd’hui à la recherche d’établissements multi-fonctionnels qui leur permettent de pouvoir travailler dans leur chambre, au sein des espaces de vie communs, ou de faire une séance de sport… C’est un aspect qui va d’ailleurs se retrouver au sein du salon puisqu’il y a beaucoup d’exposants qui proposent du mobilier modulaire qui s’adaptent à différents usages et types de clientèle.
Quels sont les enjeux principaux de cette édition 2024 ?
Notre objectif principal est d’apporter de la valeur à tous les professionnels qui visitent ou exposent sur le salon. On veut leur donner envie d’investir et de se lancer dans de nouveaux projets car on le sait, le secteur de l’hôtellerie peut être difficile, surtout avec la multitude d’offres d’hébergements qui existent aujourd’hui. On souhaite vraiment qu’ils sortent du salon avec des pistes, des idées et de nouveaux contacts qu’ils pourront les aider à se développer à l’avenir.
L'hôtel Art déco Montana, situé en Suisse, a récemment inauguré trois espaces repensés par Ina Rinderknecht pour s'inscrire dans l'élégance et le luxe de cet édifice helvétique.
Vaste paquebot Art déco ancré sur la rive du lac suisse des Quatre-Cantons, l'hôtel Art déco Montana construit par le cabinet d'architectes Möri & Krebs a été inauguré en 1910. Commencé en 2022, le rafraîchissement du bâtiment avait permis aux 62 chambres de retrouver un charme plus contemporain. Pour la deuxième partie des travaux d’une durée de douze jours, l'architecte d'intérieur Ina Rinderknecht s'est penchée sur les lieux de restauration. Une phase importante qui a permis à trois espaces tournés vers l'extérieur de voir le jour.
Se réimplanter dans une architecture historique
Bas-reliefs, colonnades, verticalité et géométries... Il ne fait aucun doute, l'hôtel a su conserver son architecture éponyme au fil du temps. Pensé comme une rénovation autant qu'un nouveau souffle, le projet mené par Ina Rinderknecht entremêle habilement les courbes contemporaines autour des structures Art déco dans les nouveaux espaces. Dédié à la restauration, le Scala -récompensé par le Gault & Millau - est complété par l'Hemingway Rum Lounge, un bar spécialisé dans le rhum, tandis que le Louis propose quant à lui de déguster l'un des 130 whiskies disponibles. Désireuse de faire renaître l'âme historique de ce bâtiment centenaire, l'architecte d'intérieur s'est appuyée sur la construction existante et l'environnement dans laquelle elle s’intègre.
Les matériaux comme inspiration
Outre les formes architecturales qui ont parfois guidé l'emplacement du mobilier, à l'image du restaurant où les banquettes viennent se lover entre les grandes colonnades sculptées, les matériaux ont été une réelle source d'inspiration. Les gammes rose et vert des marbres utilisés pour les murs et les cheminées du restaurant ont été reprises pour la conception de son mobilier. Des teintes douces misent en valeur par le parquet en chevron et un mur en bois dont les portes-fenêtres aux motifs géométriques reflètent la vue sur le lac en contrebas. Un paysage que l'on admire depuis la terrasse du Scala, mais implicitement évoqué à l'intérieur par l'imposant luminaire du studio Apparatus dont les multiples globes rappellent des bulles. Côté bars, si l'Hemingway se la joue speakeasy bohème et chic avec son plafond noir à caissons et ses assises rétro en cuir vert et marron, le Louis s'offre plus classique. Doté d'un vaste bar aux matériaux nobles, l'espace lumineux invite au partage et au plaisir de la dégustation. Considéré au siècle dernier comme l'un des matériaux nobles et chic par excellence, le laiton s'impose des piètements de table aux luminaires en passant par le bar. Une touche distinguée et sobre qui renforce l'élégance et le raffinement du lieu.
L'importance de l'environnement dans le projet
Diplômée de l’Istituto Europeo di Design et de la Domus Academy de Milan, l'architecte reconnue pour son expertise dans l’hôtellerie accorde une grande importance aux cadres dans lesquels elle s'implante. Consciente de la beauté du paysage au cœur duquel se situe l'hôtel, elle avait déjà souhaité tourner le regard vers l'extérieur lors de la rénovation réalisée dans les chambres il y a deux ans. Avec l'utilisation de couleurs douces rehaussées de bronze, de faïence blanche et de mosaïque contemporaine aux évocations d'antan, Ina Rinderknecht a conçu des intérieurs calmes et apaisants. Des chambres aux bars en passant par le restaurant, chaque fenêtre devient un tableau et attire le regard vers l'extérieur. En repensant l'intérieur, il ne s'agissait pas de rivaliser avec les Alpes suisses, mais bien de porter l'attention au-delà du bâti.
Le salon parisien dédié à l'hôtellerie et à la restauration s'est associé à l'ENSCI – Les Ateliers, pour proposer vingt projets. Pensés par les étudiants, ils dessinent les perspectives de ce que pourraient devenir ces espaces de convivialité et de détente.
Vivre, recevoir, se reposer, dîner... Ces notions quotidiennes qui occupent nos vies, ont été au cœur de la réflexion de vingt étudiants de l'ENSCI – Les Ateliers de Paris. Pendant quatre mois, ils se sont interrogés sur la signification de ces termes dans les domaines connexes que sont l'hôtellerie et la restauration, jusqu'à concrétiser un espace. De vastes pistes de travail déroulées par le salon EquipHotel à l'initiative de cette collaboration. Nés de réflexions tant philosophiques que sociologiques ou esthétiques, vingt projets architecturaux aux sensibilités diverses ont été présentés. Réparties entre cinq univers (Nouveaux horizons, Lieux en transitions ou interstices, Espaces thématiques, Hospitalité publique et Extensions), les créations ont été pour les étudiants, l'occasion de s'interroger sur la place de l'utilisateur et ses usages. Mais elles ont également été pour les professionnels du secteur, une source de questionnements quant aux besoins et aux tendances à venir.
Une liberté d'action pour favoriser l'innovation
Attirés par la liberté presque totale qui leur a été laissée, les étudiants ont eu à cœur de proposer des espaces qui soient à la fois le reflet de leurs personnalités, et la conception de leurs visions. Pour les accompagner dans leurs travaux, Stéphane Villard et Patrick de Glo de Besses, tous deux designers, ont structuré ce projet quadrimestriel en trois parties distinctes. « Nous avons commencé par écrire des narrations pour développer notre imaginaire, explique Louise, étudiante en deuxième année et à l'origine du projet Le Passager, un restaurant déployable et itinérant. C'est sur la base de ces écrits que nous avons ensuite commencé à travailler un cahier des charges, nos plans, le modèle économique, les acteurs qui entraient en jeu... Puis il y a eu toute la partie technique et nous avons terminé sur l'aspect plus créatif de la conception d'images. » Un planning relativement serré pour les étudiants qui ont mené leurs projets en solitaire, « quitte à ce que ce soit parfois un petit peu la course » admet Maël dont le projet de « camping sur l'eau salée » invite à prendre le temps de la contemplation.
Des projets synonymes de nouveaux horizons
Mais le défi lancé par EquipHotel a également permis de porter un regard au-delà de l'aspect architectural en repensant la connexion entre ces habitats éphémères et les utilisateurs. Dans son projet Otium, César n'a pas souhaité « travailler sur une solution purement matérielle, mais concevoir au contraire un projet global et systémique incluant un support serviciel comme une application sur téléphone. » Une démarche originale dont le fruit allie sobriété architecturale et omniprésence numérique et qui illustre, parmi tant d'autres propositions, l'évolution certaine du secteur hôtelier.
Car au-delà des « visions et des lieux très diversifiés allant de la ferme au bureau en passant par le rooftop », plusieurs tendances semblent se dégager explique Béatrice Gravier, directrice d'EquipHotel. « Ce qui m'a particulièrement intéressé, c'est de voir l'engouement global pour les structures légères, avec notamment l'utilisation de cabines déplaçables. Par l'architecture, ils ont réellement questionné l'objectif de l'hôtel et on remarque qu'ils n'ont pas besoin de grand-chose. Simplement bien manger, bien dormir, recharger leurs téléphones... le tout dans un bel environnement. Ce n'est plus tant l'endroit en tant que tel qui compte mais le cadre, souvent naturel, qui l'entoure. » Un mode de vie qui résonne avec les enjeux climatiques et sociaux en cours, quitte à s'inscrire en contradiction avec des tendances post-pandémie. Parmi elles, celle des espaces de coworking dans les hôtels aujourd'hui très en vogue, mais totalement délaissés par les étudiants. Un regard neuf sur l'hôtellerie et la restauration souhaité par EquipHotel. « Ce qui nous a semblé judicieux, c'était de collaborer avec l'ENSCI dont nos deux secteurs ne sont pas le cœur de cible. Le but était ainsi de proposer aux étudiants d'apporter un regard neuf sur un terrain auquel ils n'ont généralement pas accès à ce stade. » Un pari réussi et qui présage d'ores et déjà un renouveau sociologique et architectural de nos espaces de convivialité, de repos et d’échange. Tous les projets seront d'ailleurs visibles au salon EquipHotel qui se tiendra du 3 au 7 novembre 2024, Porte de Versailles, sur l'Innovation Lab (Hall 7.3).
Pour sa première édition, EspritContract se tiendra du 18 au 21 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/fr/secteur/contract
Maxime Benoit, Grégoire Benoit et Xavier O’Quin fondent Edgar Suites en 2016. Leur objectif : proposer des appartements design et fonctionnels, adaptés à tous les usages. Des espaces aménagés sur mesure, dont certains avec des architectes et designers reconnus, pour offrir une expérience client comme aucune autre.
L’histoire d’Edgar Suites commence en 2016 lorsque Maxime et Grégoire Benoit rencontrent Xavier O’Quin. À l’époque, les deux frères sont exploitants de conciergerie sur Airbnb tandis que Xavier est gérant d’une entreprise concurrente dans le même secteur. Ils décident alors de s’associer pour imaginer un nouveau concept d’appart-hôtel haut de gamme. Aujourd’hui, Edgar Suites est présent dans 10 villes de France avec 200 appartements d’ores et déjà disponibles et 300 autres livrés d’ici 2025. « La feuille de route qu’on avait en lançant le projet, c’était 700 appartements. On est à 500, donc l’objectif est quasiment atteint, mais il y a de fortes chances qu’on aille encore plus loin » confie Maxime Benoit.
Une offre de services sur mesure
Pour assurer un taux d’occupation quasi-permanent, -93 % en moyenne-, les équipes d’Edgar Suites mettent les petits plats dans les grands. Échange avec le client dès sa réservation avec des rappels à J-7, J+1 et J-1, offre de voiturier, réservations d’activités en amont du séjour… Rien n’est laissé au hasard, car chez Edgar Suites, le service fait partie intégrante de l’expérience. « Chaque client qui rentre dans un appartement a accès à des offres cohérentes avec la ville, le quartier dans lequel il se trouve. On fait un gros travail sur la signalétique pour permettre aux clients d’être autonomes » ajoute Maxime Benoit. Chaque appartement a une superficie moyenne de 50m2 et peut accueillir 2 à 6 personnes. Pour le petit déjeuner, une offre spécifique en collaboration avec une boulangerie ou une brasserie à quelques pas est systématiquement proposée.
Une importance donnée au design et à l’aménagement des espaces
Avec une clientèle majoritairement familiale et professionnelle, l’objectif initial était de pouvoir proposer des appartements hybrides qui correspondraient à tout type de client. « Dès la conception des plans, on réfléchit à des lieux qui soient simples d’utilisation et adaptés à tous les usages. On propose ainsi des télévisions équipées de caméra pour les personnes qui ont des rendez-vous professionnels, mais dans le même temps, tous les écrans offrent l’accès aux différentes plateformes de vidéos à la demande » continue Maxime Benoit. Plus que l’aspect technique, l’aménagement et le design de ces lieux est un élément indispensable. « La déco est évidemment un sujet important. Pour chaque nouvel immeuble ou nouvel appartement, on part d’une page blanche. On essaye vraiment de se différencier sur cet aspect, en créant des lieux comme à la maison. »
Dans les intérieurs Edgar Suites, 30 % du mobilier est chiné, les œuvres d’art accrochées au mur sont réalisées en partenariat avec des artistes locaux, tandis que certaines pièces spécifiques sont dessinées sur mesure par les équipes. Pour certains projets spécifiques, les équipes d’Edgar Suites n’ont pas hésité à faire appel à des studios d’architecture ou de design, permettant des collaborations avec le Studio Briand & Berthereau, LAM studio, Batik Studio ou encore l’architecte Bernard Dubois.
Pour sa première édition, EspritContract se tiendra du 18 au 21 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/fr/secteur/contract
Architecte et designer, Chafik Gasmi a une expertise reconnue dans le retail et l’hôtellerie. Il observe aujourd’hui une porosité grandissante entre ces deux secteurs, qui donne des perspectives passionnantes à la mutation actuelle de l’hospitality. Un sujet qui sera au cœur des interrogations d’EspritContract, nouvelle section du salon EspritMeuble, qui se tiendra du 18 au 21 novembre à Paris. Pour Intramuros, Chafik Gasmi décrypte une nouvelle vision de l’hôtel, comme lieu d’expériences plurielles, prescripteur.
Architecture, design, retail, digital… depuis sa création, tu présentes avant tout ton agence comme un studio de création multidisciplinaire. Cette porosité des disciplines est-elle pour toi un reflet des transformations de la société, et de la façon dont ainsi évoluent les programmes des projets architecturaux aujourd’hui ?
Nous sommes profondément au cœur d’hybridations qui redéfinissent notre vie quotidienne, ne serait-ce que par l’observation de deux phénomènes, à la fois distincts et convergents. Le premier touche notre gestion du temps : nous ne séparons plus nos modes de vie en tranches différenciées, mais nous les combinons dans le même espace-temps. C’est, en partie, le résultat de la convergence des outils, aujourd’hui évidente : les objets sont devenus multiples, hybrides, multifonction. Nous gardons quasiment toute notre vie dans un smartphone, qui est la conjugaison de nos objets antérieurs tout en nourrissant plus de fonctions : agenda, appareil photo, GPS courrier… Et, au-delà, nos contacts et notre vie sociale.
Qu’est-ce que cette observation suggère au designer et architecte que tu es ?
Ce constat est justement challengeant pour nos professions : cette concentration des usages dans des objets a une influence sur la vie quotidienne, elle remet en question notre appréhension de l’espace, de nos espaces. Cela repose la question de nos maisons, de nos écoles, de nos lieux de travail, de nos lieux de transaction… Et ces multiples espaces possibles redéfinissent notre rapport au temps : par exemple si notre réfrigérateur commande le réassort de ce dont on a besoin, notre action s’apparente à un rôle de modération, et nous libère du temps. Et il s’agit d’inventer la façon d’occuper de manière qualitative cet espace temps qui s’ouvre à nous. Nous apprenons à naviguer au quotidien entre un monde purement digital – voire le metaverse –, et le monde réel. Aujourd’hui les nouvelles générations sont tendues entre ces deux espaces temps.
Comment cette évolution se traduit-elle dans les projets actuels de retail et d’hospitality ?
Ces transformations de nos rapports au temps et à l’espace bouleversent les codes du retail, en repositionnant le rapport aux clients sur l’expérience. Le confinement a accéléré cette prise de conscience, montrant de façon criante que, dans le monde de l’essentiel, nous avons oscillé entre le petit magasin de proximité ou Internet, où le retail fonctionnait très bien. La récente transformation du flagship de Dior avenue Montaigne témoigne ainsi des évolutions en cours : on est passé d’un lieu où l’on vend des produits d’exception d’une marque à un lieu où l’on vend des produits d’exception d’une marque dans un art de vivre nourri par la marque ! L’offre est élargie à des services qui tournent autour du produit. Pour pousser plus loin le trait, cet exemple illustre combien le retail est en train de se définir autour d’un retail de convenances, proposé par le digital, et un retail d’expérience, partagé avec des gens réels, dans un temps et un espace qui offrent une convergence des usages et des temporalités.
À l’image du smartphone qui a donc gagné la bataille de convergences des objets personnels, si on transpose à terme cette « bataille de convergences » et cette porosité des espaces-temps, dans un lieu physique, d’expériences, qui soit une destination possible 7 jours sur 7, un lieu de vie ouvert 24h sur 24… le lieu de la convergence est par essence l’hôtel : un hôtel augmenté, hybridé, à l’opposé d’un espace virtuel. Il offre une possibilité de temps séquencé dans un même lieu.
Autrement dit, l’hôtel serait l’espace retail de demain ?
L’hôtel va encapsuler cette convergence de nos usages quotidiens. Demain, ce sera un lieu pluriel de transactions. Au-delà du produit physique, on y achètera aussi un service, du temps qualitatif par une expérience culturelle, sociale. Cet espace-temps enrichira nos échanges avec une ou plusieurs communautés que l’on y croisera et qui correspondent à ce que nous sommes, à l’image de notre usage actuel des réseaux sociaux.
Nous rechercherons dans ces lieux une expérience plus large : je peux décider d’y «consommer » un seul sujet, mais je peux aussi aller au-delà, partir avec un objet qui rejoindra un cabinet de curiosités ou parce que j’aurais appris à l’utiliser de la meilleure manière. Parce que ce lieu sera par exemple pensé comme un curateur : quel meilleur endroit qu’un restaurant pour acheter un couteau qui coupe la viande ? c’est une une idée de venir dans un lieu de services, et de repartir avec un produit. Mais ce que je trouve particulièrement intéressant va bien au-delà des produits ou objets : comme nous vivons des histoires qui nous rassemblent, si j’adhère aux valeurs du lieu, je vais adhérer aux choses immatérielles qui vont les illustrer, les encapsuler, et notamment y rencontrer des semblables, et me trouver une communauté qui partagera les mêmes affinités. L’hôtel peut offrir toutes ces interactions humaines, ces expériences à vivre.
En octobre 2021, dans le très bel hôtel particulier Vernon, créé entre le XVIème et le XVIIIème siècles, le studio Constance Guisset a été chargé des aménagements des espaces d’accueil – vestiaires et tisanière-boutique – du fonds de dotation de l’artiste coréen Lee Ufan.
Connaissant très bien la philosophie de ce grand plasticien, héritier du mouvement Mono-ha, la designer française Constance Guisset a choisi des matériaux et des teintes illustrant la vocation du lieu : des espaces de paix et de repos, propices au recueillement. « Parce que son son œuvre est très minérale, il fallait trouver un équilibre subtil dans le choix des matières et des tons neutres, afin d’adoucir la pierre et la rendre apaisante », explique-t-elle. Le chêne réchauffe en habillant les parois et les meubles aux lignes pures géométriques et essentielles, l’inox et le textile des panneaux acoustiques dialoguent avec la minéralité du sol. Des espaces à l’agencement clair et délicat soulignant l’architecture originelle des pièces, dont la sobriété incite à la quiétude. Un geste discret et respectueux, en harmonie avec l’esprit de cet écrin historique revisité, qui vient d’ouvrir ses portes au sein de la ville.
Ouverture depuis le 15 avril 2022 de Lee Ufan Arles, Hôtel Vernon 5, rue de Vernon 13200 Arles.
Après quatre ans de fermeture, le Pullman Paris Montparnasse a réouvert ses portes, plus en beauté que jamais. Une rénovation menée par le cabinet CUT Architecture, dans le cadre du projet « Les Ateliers Gaité » géré par le groupe Unibail-Rodamco-Westfield. Un nouvel hôtel aux multi-tâches, offrant à la fois des espaces où dormir, manger, travailler, faire du shopping ou même faire la fête.
Inauguré en décembre 2021, le nouveau Pullman Paris Montparnasse, fraichement rénové après quatre ans de travaux, offre son lot de surprises. Haut de 32 étages, l’hôtel abrite en effet 957 chambres, mais pas que. En effet, le Pullman Montparnasse c’est aussi : 1200m2 de bureaux exploitables dont une salle de réception de 742m2, deux restaurants, un centre commercial de 70 boutiques, une crèche ainsi qu’un tout nouveau Skybar perché à 115 mètres de hauteur. Un nouvel espace tout-en-un en adéquation avec la volonté de rendre le quartier de la Gaité-Montparnasse de plus en plus attractif. « Le Pullman Montparnasse fait partie des quatre gros porteurs parisiens qui avaient été construits dans les années 70. En fermant l’hôtel pendant si longtemps, on a fait en sorte de le repenser pour les 50 prochaines années. » témoigne le directeur général de l’hôtel, Jérome Cherpin.
Le cabinet CUT Architectures en charge du projet
Pour la rénovation de l’hôtel, le groupe Accor a fait confiance au cabinet d’architecture CUT. Pour cette agence pluridisciplinaire composée alors de 7 personnes au moment de l’acquisition du projet (ils sont aujourd’hui 12), il s’agissait d’un vrai défi à relever. « Le cabinet n’avait jamais travaillé sur un projet d’hôtellerie auparavant, c’était tout nouveau pour nous. Et finalement, l’hôtel combine plusieurs programmes : on y retrouve de la restauration, de l’aménagement d’espaces de travail, de chambres et d’espaces communs. » explique Benjamin Clarens, l’un des co-fondateurs de CUT.
En effet, le groupe Accor avait lancé un concours fin 2015 pour définir quel serait le cabinet en charge des rénovations. De la conception des chambres aux nouveaux restaurants en passant par l’impressionnante salle de réception, la ball room, ce projet a été l’occasion pour la cabinet d’évoluer de manière significative.
Parti avec peu de contraintes, si ce n’était d’avoir plus d’espaces dotés de lumière naturelle et respecter les contraintes matérielles liées à la condition d’IGH (Immeuble à grande hauteur) de l’hôtel, le cabinet est très satisfait du résultat. « À notre grande surprise, nous avions eu peu de contraintes dès le début du projet. Et au vu du résultat, nous sommes vraiment contents et fiers d’avoir tenu notre projet jusqu’au bout » confie l’autre co-fondateur de CUT, Yann Martin.
Le Skybar Paris, plus haut rooftop de la capitale, inauguré au Pullman Montparnasse
Perché à 115 mètres de hauteur au 32e étage, le Skybar Paris est la premier à ouvrir en Europe et va pour sûr devenir l’un des nouveaux espaces branchés de la capitale. Le plus : la terrasse qui offre une vue à 180° sur la Tour Eiffel, le Panthéon ou le quartier de la Défense. Un lien pensé pour vivre une expérience unique, et dont la gestion a été confiée à Guillaume Gerbois, habitué des hôtels renommés. Entre cocktails signatures et plats raffinés, le ton est donné.
Irons-nous à l’hôtel – ceux-ci sont en train de rouvrir progressivement – comme nous y allions avant ? Certainement pas, si on en croit l’architecte Jean-Philippe Nuel, très en vue pour ses nombreux projets d’aménagement dans le domaine hôtelier. Changements de court et de long terme, mesures de distanciation sociale, revalorisation de la chambre comme espace protecteur, matériaux et ambiances hygiénistes, essor du sans contact… invité du deuxième webinaire organisé le 30 avril dernier par l’Ameublement français et les magazines Intramuros et Courrier du Meuble, l’intéressé a livré ses réflexions tous azimuts sur les mutations du secteur.
À quoi ressemblera l’hôtel, selon l’expression consacrée « du monde d’après » le Covid-19 ? On sait que, confinement oblige, les établissements hôteliers sont aujourd’hui en grande majorité fermés, et que les clients ne reviendront que s’ils ont l’assurance qu’ils ne risquent pas de contracter le virus. Pour Jean-Philippe Nuel, invité du deuxième webinaire de l’Ameublement français organisé il y a quelques jours, les clients attendent aujourd’hui des changements, que toute la chaîne d’intervenants, du maître d’ouvrage aux entreprises de travaux, doivent entendre pour y apporter des réponses appropriées.
Un contexte de transition
En introduction à son intervention, Jean-Philippe Nuel a évoqué le contexte très particulier que nous traversons actuellement. En raison du confinement, les chantiers hôteliers sont à l’arrêt, tandis que les perspectives économiques incertaines ont conduit beaucoup de décideurs à interrompre les projets qui sont en phase d’études. Ce qui a provoqué pour l’architecte d’intérieur une réorganisation du travail : une partie des salariés de l’agence – qui emploie une quarantaine de collaborateurs en temps normal – a été mise en chômage partiel, tandis que les autres ont adopté un fonctionnement en télétravail. L’attitude des maîtres d’ouvrages se révèle néanmoins très différente par rapport à la crise : si certains jouent la prudence, et se mettent dans une position d’attente, d’autres au contraire sont très proactifs, et profitent de cette période d’arrêt de l’activité pour réinventer leur établissement, et proposer un regard neuf aux clients qui reviendront après la crise.
Mesures immédiates et changements à long terme
Pour l ’architecte d’intérieur, il ne fait pas de doute que la crise sanitaire va profondément impacter l’univers hôtelier, mais il faut selon lui distinguer ce qui va changer à court terme et dans la durée. « Les hôtels vont devoir immédiatement réaliser des aménagements, pour garantir la sécurité des clients, et faire en sorte que l’hôtel ne soit pas un lieu de contamination au Covid-19. Les mesures barrières imposées par les pouvoirs publics seront donc mises en œuvre et adaptées au contexte hôtelier, à savoir le respect de la distanciation sociale, des écrans pour séparer les convives à table, peut-être des cheminements pour éviter que les gens ne se croisent, la suppression des buffets qui créent de la proximité, etc. C’est un vrai changement de cap car depuis des années, le mouvement était au contraire dans le sens de la convivialité, du partage des espaces, alors qu’il faut maintenant cloisonner. » Ces mesures étant de court terme, les hôteliers seront particulièrement intéressés par les aménagements à la fois simples à réaliser et économiques.
« D’autre part, cette crise crée un précédent, qui fait qu’il y aura un avant et un après Covid-19, ce qui va générer des nouvelles attentes de la part des clients. Il faudra donc dorénavant, dans une réflexion sur le long terme, intégrer la composante sanitaire dans les aménagements », ajoute l’architecte d’intérieur. Si les traductions concrètes seront précisées par la suite, on peut penser que les grandes salles de restaurant seront fragmentées en petits espaces plus protecteurs, qu’on pourra aménager de façon modulaire et flexible.On peut aussi envisager le développement de tout un paradigme« hygiéniste » – avec des ambiances plus claires, une attention portée à la qualité de l’air, jusqu’au contenu plus sain de l’assiette – qui favorise le bien-être, et s’adresse à l’inconscient de clients pour qui la santé est devenue une préoccupation majeure.
Un nouveau statut pour la chambre
Dans ce contexte, Jean-Philippe Nuel prévoit un retour au premier plan de la chambre : « Après avoir beaucoup investi dans les parties communes, on va s’intéresser à nouveau à la chambre en tant qu’espace privé, qui va devenir un cocon protecteur pour le voyageur, et un espace de vie multi-usages ». Autrement dit, on ne va pas seulement y dormir, mais aussi y concentrer un ensemble d’activités comme prendre ses repas, recevoir des visiteurs, organiser un dîner, voire une séance de home cinéma. La chambre va aussi devenir un lieu de travail ponctuel, où on pourra faire une micro-réunion, ou une séance de visioconférence avec le monde entier. En résumé, la chambre va offrir de plus en plus de possibilités, avec des fonctionnalités qui rejoignent celles d’un second domicile, pas seulement pour une personne seule, mais pour une famille.
« Ces dernières années, l’hôtel a été majoritairement orienté pour les déplacements de business, et pas pour les familles, ce qui explique en partie le succès des plateformes de location de type Airbnb, mais cela risque de changer ». Ces nouvelles attentes vont probablement se traduire par des chambres plus grandes, avec des aménagements polyvalents, comme par exemple une table multifonctions, au milieu de la pièce plutôt que contre un mur, pour aussi bien prendre son petit déjeuner que de travailler seul ou à plusieurs. On peut aussi imaginer des lits escamotables pour accueillir des familles, ou encore des cloisons amovibles pour séparer les espaces, créer un volume pour des enfants, ou une zone consacrée à la gymnastique du matin… « une fois la crise passée, il ne faut pas oublier le hôtel comme espace de socialisation , il faut d’emblée dire que l’après- crise restera l’ambition de partager, de mieux partager en fait. »
Des aménagements « hygiéniques » et durables
La crise du Covid-19 va certainement aussi orienter les maîtres d’œuvres vers des matériaux ayant une dimension hygiénique, autrement dit plus faciles à entretenir et à désinfecter. « Les choix iront plutôt vers des matériaux durs comme le verre ou le plexiglas pour les parois verticales, ou de type parquet pour les sols, que vers les moquettes ou revêtements textiles, ajoute Jean-Philippe Nuel. De même, toute l’accessoirisation avec des bibliothèques garnies de livres et d’objets de décoration, créés pour se rapprocher de l’habitat, évolueront vers des aménagements plus sobres, plus dépouillés pour un nettoyage plus facile. » Dans ce contexte, les technologies du « sans contact » ont un bel avenir : il est déjà possible aujourd’hui d’ouvrir sa chambre d’hôtel sans clé et sans contact, avec son smartphone, une technologie qui va répandre ; il sera de plus en plus courant d’ouvrir la porte des sanitaires sans contact, d’avoir de la lumière grâce à un détecteur de présence, d’utiliser des robinets à déclenchement automatique, etc. Ce champ de l’hygiène sera sujet à innovations, comme le montre par exemple une entreprise française qui a lancé un luminaire hybride : en plus d’éclairer, il peut émettre la nuit un rayonnement ultraviolet, dérivé de procédés utilisés dans les hôpitaux, qui désactive le caractère infectieux des virus. Attention, prévient l’architecte d’intérieur, ces évolutions ne doivent pas se faire au détriment du développement durable : « Les clients perçoivent que la crise sanitaire est liée aux dérives de la surproduction et à la dégradation de l’environnement. L’éco-conception et l’utilisation de matériaux bio-sourcés seront des arguments de plus en plus importants pour les hôteliers, pour montrer qu’ils ont compris les enjeux environnementaux, en même temps qu’ils peuvent être un moteur formidable pour toute l’économie. »
Une carte à jouer pour les fabricants français
Dans un contexte de réassurance et de recherche des circuits courts, les fabricants et agenceurs français vont bénéficier de la prime au partenaire local. « Les maîtres d’ouvrage vont être soumis à des contraintes nouvelles, pour intégrer les changements tout en respectant les projets, les coûts et les délais d’ouverture, explique l’intervenant. Le maître d’œuvre et les fabricants doivent donc aujourd’hui leur donner la meilleure réponse possible à leur problématique, qui ne soit pas seulement basée sur le prix. On sait que les fabricants français ne sont pas les moins chers, en raison notamment des charges salariales élevées, mais ils auront une belle carte à jouer s’ils peuvent proposer une qualité de prestations et une qualité de service. » Fabricants et agenceurs doivent aujourd’hui revendiquer une position d’expert en matériaux et de spécialiste de la mise en œuvre, un ensemble de savoir-faire qui sont précieux pour les challenges qui sont à relever par les maîtres d’ouvrages et les maîtres d’œuvre. Fabricants et agenceurs français pourraient se réunir pour établir un cahier des charges à l’attention des donneurs d’ordres, qui pourrait aider ces derniers dans la conception et la sécurisation de leurs projets en termes de qualité et de délais.
Réinventer un imaginaire hôtelier
En conclusion, Jean-Philippe Nuel a estimé que la crise peut être une opportunité de corriger certains excès de ces dernières années : « Avec l’essor du tourisme, nous avons eu tendance à massifier la consommation hôtelière, en privilégiant peut-être trop la quantité au détriment de la qualité. La pandémie fait que nous voyagerons moins pendant les mois et années à venir, ce qui peut aussi être une occasion de voyager mieux, avec une offre hôtelière plus soucieuse du bien-être et de la santé de la clientèle. » Moins « instragramable », donc peut-être aussi moins superficiel, l’hôtel du monde d’après pourrait bien se recentrer sur l’être plus que sur le paraître, et offrir aux voyageurs de demain une expérience à la fois plus rare et plus riche.