Exposition

Directeur artistique d'Airborne depuis 2022 et plus jeune créateur à avoir intégré la collection permanente du Mobilier national, Maxime Lis offre un univers contrasté et hétéroclite.
C'est une galerie banale aux objets eux, très surprenants : tabouret chauffant grâce à une bougie, mini-bar concept à l'allure 60's ou encore miroir de sorcière contemporain. Présentée au 16 galerie de Montpensier à Paris, cette exposition réalisée en collaboration avec Airborne - dont deux pièces sont présentes -, convoque le goût de Maxime Lis pour un design prospectif entre inspirations d'hier et nécessitées d'aujourd'hui. En résulte de petits ensemble surprenant qu'un demi-siècle semble parfois séparer. Refusant toute perte de liberté, le designer cumule les collaborations diverses pour nous offrir à la manière de petites capsules, des créations ayant pour seule ligne directrice, la conjugaison d'un design ludique et fonctionnel avec un minimum de matière.

L'acte minimum fait acte de résistance
Par ses créations, Maxime Lis souhaite « réinvoquer l'humain par des pièces qui semblent aujourd'hui froides et sans âme. Les objets ont tendance à prendre plus de place que l'Homme, or ce ne sont que des extensions. » Sacralisant l'usage sans renier son goût pour l'ornementation, le designer trouve un équilibre créatif dans la porosité qui existe entre la forme et le fonctionnalisme. « Il y a aujourd'hui dans les intérieurs toutes sortes d'objets qui ne sont pas forcément bien pensés et qui ne vont pas les uns avec les autres car les achats sont réalisés en oneshot. » estime le créateur qui souhaite « sortir les objets du placard pour les présenter » Une idée qui induit l’utilité comme l’esthétisme et passe par « l'acte minimum ». Un concept développé par Maxime Lis dans un manifeste en faveur d'une certaine épure. « Je pense que le geste du designer doit être le plus sobre possible pour répondre correctement aux besoins. D'abord car la frugalité en termes de matériaux est indissociable des crises - sociales, environnementales… - qui m'inspirent. Ensuite, parce que favoriser la simplicité visuelle permet de lutter contre la disparité des éléments et favorise une unité salvatrice. »

Penser la matière pour ne pas penser la couleur
Une « simplicité visuelle » qui ne signifie pas une disparition de la puissance esthétique comme le souligne le créateur du fauteuil B52 créé en 2021. « Cette assise est l'illustration même du concept d'acte minimum. Elle n'est pas très technique avec peu de points d'assemblage et une absence de décor, mais elle est extrêmement visuelle grâce à sa conception entièrement en verre. » Un partipris qui favorise le questionnement et le ludique, et qui, à l'image de l'inox majoritairement utilisé, rend service à l'artiste. « Je ne suis pas coloriste et je ne m'amuse pas tellement avec les couleurs. C'est pourquoi j'imagine d'abord toutes mes pièces en noir pour penser uniquement la forme et l'usage. Dans un second temps, le métal comme le verre ont les avantages de refléter ou laisser voir l'environnement, rendant l'objet intemporel dans la mesure où il dialogue avec le décor dans lequel il se trouve. La création est donc très soluble, mais ne perd pas son identité pour autant. » Une vision confirmée dans la galerie où ces pièces côtoient un fauteuil AA bleu et une Table bis rose de chez Airborne.

Un coup d'œil en arrière, un coup de pied en avant
Inspiré par une certaine primitivité d'hier, et les besoins d'aujourd'hui, Maxime Lis revendique des objets vecteurs de sentiments. « J'aime que l'on ne puisse pas dater mes objets et que l'on s'interroge sur leurs usages. Je ne veux pas qu'ils soient trop faciles pour que l'on s'y attache et que l'on ait envie de les garder » reconnaît-il devant un mini-bar rétro dissimulant un cendrier, un verre, un récipient et un emplacement pour une bouteille. Sensible à la notion d'ingénierie autant que par celle d'interaction entre le matériel et le vivant, cet auto revendiqué « géotrouvetout » créé à hauteur d'humains. « J'ai réalisé un portemanteau très sculptural allant du sol au plafond, avec des accroches très hautes et très basses pour amener de la vie. D'une part, car les enfants pourront interagir avec, et d'autre part parce que sa hauteur induira également des mouvements très imagés de lancers. » Une démarche que l'on retrouve également dans le soliflore. « Il y avait l'idée de faire un objet qui puisse mettre en valeur de manière très simple un petit élément ramassé en pleine nature de manière presque naïve. Une sorte de pied de nez à la domotique qui a longtemps été un concept très technique de mise en valeur, mais qui n'a jamais réellement percé. » Ajoutez à cela, un jeu de couverts encastrables qui questionne les traditions, un chausse pieds réalisé dans une simple feuille de cuir ou encore une création moitié jeu de dames, moitié sculpture et pour obtenir un aperçu du monde disparate et hybride de Maxime Lis.
L’exposition est à voir jusqu’au 15 septembre 16 galerie de Montpensier, Paris 75001.

À l'occasion de l’exposition "Chromo Sapiens" dédiée à la couleur, Le FRENCH DESIGN by VIA expose jusqu'au 15 septembre 20 chaises illustrant tour à tour, la puissance visuelle des teintes dans l'univers du design.
Disparue pendant plusieurs décennies au profit d'une certaine sobriété ou de la forme, la couleur fait depuis quelques années son grand retour dans nos intérieurs. Plutôt appliquée par le biais de pièces pop rappelant les décennies les plus teintées de l'histoire du design, elle semble encore cantonnée à un éventail de marques qui affichent aujourd'hui un contrepied esthétique avec les coloris passe-partout encore largement en vogue.
C'est lors de l’exposition Design x Durable x Désirable que l'idée d'exposer la couleur est apparue, raconte Jean-Paul Bath, directeur du Le FRENCH DESIGN by VIA. « Les coloris tournaient toujours autour des beiges, des marrons et des verts ce qui nous a amené à nous demander si cette nouvelle tendance ne signait pas la fin de la couleur dans le domaine du meuble. » Une préoccupation d'autant plus grande à ses yeux, que la France « est aujourd'hui très reconnue dans ce domaine difficile où de nombreuses connaissances sociologiques comme historiques sont nécessaires. »

Une “french touch” que l'institution a mis en avant par l'intermédiaire de cinq pôles, comme autant de manières d'envisager la couleur et de la différencier. Focalisés sur une seule typologie de mobilier à savoir la chaise, objet emblématique de la création design, Le FRENCH DESIGN by VIA « ne voulait pas que les visiteurs se disent que le vert est beau car il est apposé sur un bureau ou le violet est laid, car il recouvre un canapé. »
Accompagné sur la mise en place de l'exposition par le Comité français de la couleur pour les éléments de langage, et par le studio Uchronia pour la scénographie, Le FRENCH DESIGN by VIA a souhaité mélanger tous les styles, toutes les gammes et toutes les marques. « Qu'il s'agisse de maisons connues et ou de créateurs indépendants, notre but était avant tout de montrer comment la couleur apporte une autre dimension au design ; montrer sa capacité à faire appel à nos sens et à notre imaginaire. » précise Jean-Paul Bath.

La couleur, une source d'identité
Situé entre l'opposition et la complémentarité par rapport à une chaise classique, « Nuancer ses collections » regroupe quatre assises alternatives. Plus longue, plus courbe, ou même double, les modèles de cette sélection jouent avec la couleur pour sortir des sentiers battus. Parmi eux, Hemicyle confident trouve une place singulière. Réalisé par Philippe Nigro, en collaboration avec Ligne Roset et le Mobilier National (institution qui gère notamment l'ameublement du Sénat et de l'Assemblée nationale, d'où le nom de la création), « ce fauteuil se prêtait à être habillé. » Imaginée pour une gamme de cinq modules reprenant le principe constructif des dossiers en S, cette création était avant tout « une page blanche destinée à accueillir la couleur » pour Philippe Nigro. Jouant sur les vues entre intérieur et extérieur, son design était particulièrement propice. « Nous avons réalisé plusieurs essais avec différentes teintes et plusieurs matériaux. J'aime jouer sur les nuances et j'ai toujours aimé développer des gammes chromatiques. À ce titre, c'est un fauteuil intéressant pour lequel nous avons fait plusieurs essais, dont un mix jaune et écru lors du salon de Milan. » Un jeu parfois osé que le designer revendique comme « une invitation à s'amuser après une période de morosité. Il y a peu de limites si ce ne sont d'éventuels jeux de trames ou la tenue du tissu, alors autant ne pas être trop sage ! » conclut-il.

La couleur, parti-pris d'un univers
En design, parler de couleur, peut être parler d'identité. Pour Jean-Paul Bath, directeur de Le FRENCH DESIGN by VIA, « certaines marques ont de suite été évidentes comme Sarah Lavoine et son bleu signature, Fermob pour qui la couleur est inscrite dans le positionnement stratégique, ou encore Jean-Charles de Castelbajac et son utilisation des couleurs primaires. » Autant de créateurs qui utilisent le cercle chromatique comme un vecteur d'émotions. Parmi les pièces les plus visuelles de la section « Pigmenter sa différence », le fauteuil Sunny signé par le studio Uchronia, sort du lot. Inspiré par le lever du soleil autant que par la chaise confidente inventée sous Napoléon, l'assise se pare d'un dégradé d'orange, la couleur signature de la marque. Guidé par l'envie « d'apporter de la joie et de la couleur dans les intérieurs », le studio Uchronia « imagine souvent la couleur avant la forme » raconte Clémentine Bricard. Rappelant les années 70 avec le chêne laqué et le tissu Waving flower de la manufacture de soie Prelle, Sunny est « un mélange organique et graphique né d'une volonté d'expérimentation. »

La couleur, symbole de vie et d'interaction
Complice de formes pas si conformes, la couleur attire ou repousse, mais laisse rarement indifférent. C'est généralement de sa capacité à accrocher le regard que pourra découler dans un second temps une analyse plus formelle. Imaginé dans un espace nommé « Attraction carnation », Hexomino disco est au-delà de la chaise. Véritable concept, elle est le fruit d'une collaboration entre le studio Sam Buckley et Zyva studio. Destiné à n'être qu'une NFT à ses débuts, la création a ensuite été matérialisée pour constituer avec quatre autres éléments de mobilier, l'Hexomino Disco collection. Réunis autour du concept des hexominoses selon lequel il n'existe que 35 combinaisons différentes pour assembler six cubes, le fauteuil a été imaginé comme un puzzle géant. « Si nous avons fait en sorte d'obtenir une forme qui ressemble à une assise, le positionnement des couleurs est lui complètement hasardeux » détaille Anthony Authie, directeur et designer de Zyva Studio. Répartie mathématiquement en cinq familles, chaque hexominose a été affublée d'une couleur. « Nous avions choisi un dégradé, du bleu au vert en l'occurrence que nous avons séquencé en cinq de manière à obtenir des teintes très saccadées, mais un enchaînement fluide. » De ce savant mélange entre règle organisée et jeu aléatoire est né « une sorte de paterne de l'ordre du pixel de camouflage » analyse le créateur qui entretient dans ses conceptions un lien très étroit avec la couleur. « J'ai travaillé dans une agence d'architecture pendant des années et j'ai été frappé par la différence de langage entre chaque corps de métier. Le seul langage commun sur un chantier était celui des couleurs hautes densité (fluo) que chacun déposait sur les éléments. » Une signalétique aujourd'hui introduite dans ses projets. « J'aime quand les verticales et les horizontales se fondent et que cela floute les frontières. C'est quelque chose que l'on retrouve chez Hexomino disco et qui permet de s'interroger sur les raisons de définir telle ou telle chose comme cela. C'est l'un des intérêts de la couleur dont la symbolique est à mes yeux celle du vivant. » Et cela tant dans la nature, que dans les intérieurs.

Buckley ©Felix Dol Maillot
La couleur, témoignage d'une époque
Existe-t-il réellement une apogée du design ? Difficile de répondre à la question. Il est néanmoins possible de dire que certains design traversent mieux les époques que d'autres. Mais quelle est la place de la couleur dans cette quête d'intemporalité ? Si certaines marques jouent la carte de la sobriété, d'autres valorisent au contraire des design fort évoquant un patrimoine décoratif riche. C'est le cas de Rinck et son fauteuil 73 exposé dans la section « Apogée colorée ». « Pour faire simple, je ne supporte ni le noir, ni le blanc, ni le taupe ou tout ce qui est facile et blème » annonce Valentin Goux, directeur artistique de la marque. « J'aime jouer avec les présupposés du design pour sortir des coloris plus pop. Notre métier est justement de faire envisager tous les possibles aux clients. Donc en poussant les motifs colorés loin, j'espère donner l'envie d'un élément moins sage que ce que l'on voit souvent ! » Inspiré par un fauteuil de la marque présenté en 1973, le créateur explique avoir imaginé le tissu – réalisé par Thévenont - à partir d'un dessin de feuille d'arbre datant de 1938, réinterprété dans une version cubiste. Une inspiration d'hier pour répondre au besoin de demain. « La couleur a disparu sur les dernières décennies, mais elle revient. C'est un balancier de génération qui s'opère et dans lequel la couleur a une véritable carte à jouer. Il y a fort à parier qu'une personne qui a grandi dans un intérieur grège voudra certainement un intérieur plus pop, d'autant que nous sommes aujourd'hui dans une période d'éclectisme. » Une vision qui souligne le pouvoir émancipateur de la couleur, notamment lorsqu'elle est appliquée aux objets du quotidien.

La couleur, vecteur d'émotions
Souvent associée à une matière, la couleur est généralement le fruit d'un cheminement industriel. Que la matière induit la couleur ou que ce soit l'inverse, le résultat témoigne parfois d'une recherche mêlant innovation et esthétisme. Par l'espace nommé « Archéologie de la couleur », Le FRENCH DESIGN by VIA propose notamment un aperçu du travail de YuTyng Chiu pour Komut. Combinaison totale entre la matière et la couleur, le procédé de fabrication par impression 3D donne à voir une structure nue aux formes courbes. « Je suis née dans un petit village de la côte taïwanaise nommé Taitung. Ma palette de couleur est donc largement inspirée de la mer, de la forêt et de la montagne » explique cette ancienne designer textile qui revendique s'inspirer des années 70 et des formes féminines. « Ce qui m'intéresse ce n'est pas directement de lier la couleur et la forme, mais la couleur et l'émotion. Exposer cette chaise bleu azur n'est pas un hasard. C'est la couleur de la paix et de l'atmosphère. Donc en travaillant des couleurs douces et des formes courbes, je parviens à donner à des matériaux problématiques destinés au rebut de l'industrie automobile, une apparence douce et agréable. » Consciente de la diversité des marchés, la créatrice diversifie également sa collection à des couleurs plus pop en accord avec leur temps.

Si la couleur est depuis la nuit des temps indissociable de notre monde, elle évolue cependant au gré des modes et des esprits. Que ce soit pour amener de la vie, questionner, s'identifier ou révolutionner, elle est souvent le reflet de son concepteur. Personnelles dans leur interprétation mais globales dans l'intérêt qu'elles suscitent chez les amateurs de design, quelques chaises partiront à Hong-Kong du 5 au 7 décembre pour s'exposer dans le cadre de la Design December. Un voyage qui s'annonce haut en couleurs !

La luxueuse marque d'Horlogerie Audemars Piguet s'expose jusqu'au 16 juin dans l'enceinte de l'hôtel Portrait Milano. L'occasion de (re)découvrir ses valeurs et ses modèles emblématiques.
Après l'inauguration de la nouvelle AP House de Milan début mars, Audemars Piguet repose ses valises dans la ville italienne. Pendant deux semaines, l'horloger suisse se dévoile dans « Shaping Materials », une exposition imaginée pour valoriser son esprit d'innovation. Installée au sein de l'hôtel Portrait Milano, la marque fait un pont entre son identité propre et celle du lieu qui a successivement accueillit successivement une librairie, une imprimerie, un hôpital ou encore une école. Un monument chargé d’histoire, aujourd'hui transformé en hôtel de luxe grâce à la réhabilitation des architectes Michele de Lucchi et Michele Bönan en 2022.

Une architecture d'or, et déjà marquante
C'est en plein cœur de la cour carré l'ancien séminaire archiépiscopal de style baroque, qu'Audemars Piguet a décidé de monter son pavillon. Entièrement dorée, chaque face du bloc reflète les colonnades de l'architecture environnante. Un dialogue visuel qui annonce dès l'arrivée du visiteur, la volonté de lier cette ville culturelle à la culture de la marque. Pour Ilaria Resta, directrice générale de la société suisse, « l’exploration des matériaux et des formes fait écho à la ville de Milan, qui représente un centre d’Histoire, de créativité et de design ». Une architecture éphémère qui fait cohabiter les époques et mélange les styles.

Une exposition 3.0 pour lier le passé et l'avenir
Si l'extérieur est historique et ordonné, l'intérieur est quant à lui, numérique et déstructuré. En alliant du contenu interactif avec une scénographie aux partis pris très forts et divers, Audemars Piguet souhaite avant tout matérialiser son esprit et son image. Répartie en cinq espaces, l'exposition propose aux initiés comme aux novices, une déambulation dans un monde tantôt sucré et feutré, tantôt underground et ultra-contemporain. En alternant entre la délicatesse des courbes et l'angularité des lignes, la maison suisse traduit son goût pour l'innovation et la variété de ses recherches intersectorielles. Le parcours, qui propose de découvrir le monde de l'horlogerie, aborde la taille des pierres, les technologies de miniaturisation ou encore les recherches de packaging, sous un angle ludique. Aux écrans omniprésents tout au long de l'exposition, s'ajoutent également de nombreux modèles de la marque. Une manière de montrer l'évolution du métier, et celle du design depuis 1875.


Exposé jusqu'au 1er juin dans la galerie Chamagne-Hardy, le designer Ludovic Roth propose de découvrir “Infraviolet”. Une collection inclassable qui s’illustre par sa diversité.
Designer depuis une quinzaine d'années, Ludovic Roth expose jusqu'au 1er juin sa collection Infraviolet à la galerie Chamagne-Hardy située dans le VIIe arrondissement de Paris. Riche de 17 objets parmi lesquels des miroirs, des tables, des lampadaires ou encore des vases, la collection frappe par son éclectisme total. Fruit d'un travail de deux années mené occasionnellement en binôme, Infraviolet invite le visiteur à côtoyer des objets aux apparences souvent inédites.
De la diversité à tous les niveaux
Par l'absence d'unité formelle et plastique, le designer pose les codes d'un travail de conception sensible qui puise comme rare caractéristique commune, la présence de couleurs vives et des lignes épurées. Selon lui, « L’emploi de la couleur peut apporter un souffle de légèreté salutaire. » Une vision qu'il a poussée en diversifiant les médiums dont le PVC, le miroir, mais surtout le bois et le métal. Deux éléments qu'il mêle au travers de compositions très graphiques radicalement contemporaines.

Particulièrement intéressé par la matérialité et la fantaisie, le créateur passionné de sciences et de techniques a mis au point un traitement lui permettant d'obtenir un rendu irisé sur le métal. Un processus qu'il travaille depuis 3 ou 4 ans et qu'il déploie pour la première fois au sein d'une collection. « La couleur m’évoque le plaisir de créer, d’insuffler par l’objet une certaine gaieté à un intérieur. Nombreux sont ceux qui ressentent l’impact de la couleur et apprécient sa capacité à conférer à un objet une autre dimension, au-delà du "sérieux" de sa rigueur formelle » analyse le designer.
Un parcours international
« Deux années de développement ont été nécessaires pour mettre au point Infraviolet. Elles m’ont offert la possibilité de repousser les limites de ma pratique » analyse Ludovic qui cumule les projets internationaux depuis son diplôme obtenu en 2008 auprès de l'Ecole Bleue. Intéressé par la conjugaison des savoir-faire artisanaux aux techniques actuelles pour élaborer de nouveaux design, le créateur est aujourd'hui sollicité dans les domaines de l'architecture, de l'audio et de l'horlogerie. Une renommée sacrée par l'acquisition en 2022 de son luminaire Cosse en cuir et acier par le Mobilier national.

Au Salone del Mobile, Pedrali a déployé ses nouveaux modèles au gré d'un vaste stand aux allures de showroom coloré.
De la salle à manger à l'espace de détente en passant par le jardin. C'est dans ce qui s'apparente à une vaste habitation en tissu de 900m² que Pedrali a mis en scène ses nouveaux objets lors du Salone del Mobile de Milan, début avril. Forte de onze collections, pour certaines inédites, la marque italienne a souhaité reconstituer des lieux de vie. En accordant une réelle importance aux couleurs, le studio milanais DWA Design Studio, à qui l'on doit la scénographie d'exposition, proposait aux visiteurs d'accélérer le temps pour passer en l'espace de quelques instants, des pièces baignées d'une lumière matinale bleutée, à celles illuminées d'un crépuscule orangé. Des mises en scène sobres mais évocatrices, grâce auxquelles les objets semblent projetés dans un environnement semi-réel.

Le temps d'un déjeuner solaire
Midi sonne, le soleil est haut dans le ciel et l'ambiance est particulièrement solaire. Une atmosphère qui résonne avec les couleurs acidulées d'Héra Soft, la dernière chaise de Patrick Jouin pour Pedrali. Avec son dossier suspendu par un piètement haut, l'assise à l'allure aérodynamique entre en résonance avec la table Rizz de Robin Rizzini. Soutenu par quatre pattes métalliques de section triangulaire, l'élément central de la salle à manger dégage une âme très animale en partie due à la linéarité cassée des pieds. Un détail porteur d'un caractère froid, mais rehaussé par l'éclairage des lampes Tamara de Basaglia Rota Nodari.

Repas terminé, direction le salon adjacent conçu par CMP design. Ici, les lignes sont moins strictes, les volumes y sont enveloppants et invitent à prendre son temps. Avec son armature en bois de frêne massif tout en courbe, le canapé deux places Lamorisse ainsi que ses fauteuils lounge, invitent à un début d'après-midi convivial. Autour, les tables basses Blume dessinées par Sebastian Herkner finalisent l'ambiance sereine et délicate de la pièce.

Prendre le soleil partout et comme on le souhaite
Lorsque certains discutent à l'intérieur, d'autres profitent d'un moment plus reposant sur les poufs Buddy Oasi. Extension d'une collection à succès de la marque, ces modules de Busetti Garuti Redaelli sont la version extérieure du Buddy classique destiné à l'origine pour la maison. Semblables à des galets géants aux courbes polies, ces conceptions qui se multiplient et se déplacent au grès du soleil, s'approprient en fonction des envies. Ledossier mobile, lesté avec une base antidérapante, se déplace librement sur toute la surface. Fabriqués en polyuréthane pour résister aux intempéries, ils se conjuguent avec les tables basses en béton Caementum de Marco Merendi et Diego Vencato.

Une fin d'après-midi, comme un regard en arrière
Le ciel devient rose et le début de soirée s'annonce. Il fait encore bon et l'heure est à la discussion dans ce qui ressemble désormais plus à une cafétéria de plein air. Une ambiance joyeuse et familiale transmise notamment par les chaises Philía d'Odo Fioravanti. La structure en acier dans laquelle vient s'entremêler un tissage en cordon PVC unis ou bicolore rappelle joyeusement la dolce vitae des 60's italiennes. Une époque, symbole de design à laquelle on repense assis autour des tables Ysilon de Jorge Pensi Design Studio, la tête dans les fougères.

Une fin de journée qui entend bien accorder du temps au prélassement
Étape ultime et inratable d'une journée passée dans le confort du mobilier Pedrali, Ester Lounge signée par Patrick Jouin propose dans une ambiance plus tamisée. Initialement présentée en 2013, l'assise monolithique revient cette fois sur le devant de la scène dans une approche plus douce et harmonieuse. Avec son dossier incurvé surmonté d'un ovale qui signe la collection de sa forme, le fauteuil s'est élargi pour accueillir sans contrainte l'utilisateur. Imposante mais esthétique par ses volumes et ses pieds en aluminium moulé, Ester Lounge répond aux luminaires sans fil Giravolta et ceux suspendus Isotta, tous deux de Basaglia Rota Nodari. Une concordance entre les éléments qui procurent à Pedrali l'atmosphère chaleureuse d'une maison chic et libre d'appropriation.


Pour accompagner les festivités sportives de cet été, la cité de l'architecture a inauguré les expositions “Il était une fois les stades” et “Quand la ville se prend aux Jeux”. Deux parcours qui mêleront jusqu’au 16 septembre l'effort et la construction à travers les temps, de l'antiquité à un futur très proche.
Institution architecturale par excellence, le musée du Trocadéro s'inscrit depuis le 20 mars dans la dynamique estivale des Jeux olympiques de Paris 2024. Pour cela, La Cité de l'architecture a décidé de mener de front deux expositions : “Il était une fois les stades” et “Quand la ville se prend aux jeux”. Des déambulations au cœur desquelles le sport s'illustre par le biais de la construction donnant à la célèbre devise latine « Citius, altuis, fortuis » (Plus haut, plus vite, plus fort), une double connotation. Mais c'est aussi une complémentarité symbolique et réflexive que porte l'établissement.

Histoire et techniques architecturales des géants des villes
Principale partie de ce nouveau semestre culturel, “Il était une fois les stades” s'offre comme un livre d'Histoire tourné vers les origines et les souvenirs. En replongeant le visiteur de l'histoire gréco-romaine aux ouvrages d'art des plus grands cabinets d'architecture, l'exposition rappelle la place prépondérante du sport dans les sociétés occidentales.

Pensé en trois temps, le parcours propose d'aborder la démocratisation, la performance et la mondialisation du sport par le prisme de l'architecture. Une découpe didactique qui permet de cerner la dimension sociale de ces lieux réapparus récemment dans nos villes, mais aussi la manière dont les architectes se les sont réappropriés pour répondre aux besoins des populations. Entre images d'archives et maquettes, “Il était une fois les stades” nous propose un autre regard sur ces enceintes sportives et plus largement culturelles auxquelles le journal Le Monde consacrera d'ici l'été une série de podcasts en partenariat avec le musée.

Design prospectif et une vision alternative des fanzones
En complément de l’exposition principale, “Quand la ville se prend aux Jeux” pose un regard transversal par le biais d'artistes comme Benedetto Bufalino et Aldo van Eyck ou encore d'étudiants grâce à la 9e édition de Mini Maousse. Ce concours, présidé cette année par Dominique Perrault, met en valeur une vingtaine de maquettes ayant pour thématique commune d'être de mini fanzones nomades. Au-delà de la résonance avec les Jeux olympiques, l'initiative prospective met en exergue la vision architecturale alternative d'une nouvelle génération de créateurs, d'où semblent s'entrecroiser préoccupations environnementales, sociales et esthétiques. Vecteur d'échange, la réalisation gagnante appelée La Navette et réalisée par Martin Lichtig, partira au printemps en direction des quartiers les plus éloignés de la pratique sportive à Saint-Denis, ville partenaire du concours.

C'est ainsi au cœur géographique de ce qui sera l'un des hauts lieux du sport international en 2024, que la Cité de l'architecture ouvre d'ores et déjà les festivités.
Ci-dessous, les projets "Box-Out" de Defne Elver, Charlotte Mallet et Andréa Vinzant, ainsi que "Bike Away" de Mathilde Dell'Aera

Né d'une collaboration entre l'architecte Denis Valode et la peintre Fabienne Verdier, l'atelier de cette dernière lui a permis de repenser son art. Un questionnement et des recherches dont découlent la série Rainbows, exposée jusqu'au 9 mars à l'agence Valode & Pistre.
Quelque part, à mi-chemin entre univers cosmique et des prises de vues microscopiques, la dernière série de Fabienne Verdier, Rainbows, explore de nouveaux territoires. Inspirée par le Retable d’Issenheim peint par Matthias Grünewald en 1516, elle a réalisé, entre 2020 et 2022, une série de 76 grands tableaux. Éloignée de ses créations précédentes - inspirées de ses dix années passées en Chine - cette série est le fruit d'un parti-pris fort : peindre à la verticale.

Une série abstraite et onirique
Par la transformation de son outil premier, le pinceau, l'artiste a réinventé sa manière de peindre. En s'acquittant des normes dimensionnelles et techniques classiques, elle a modifié son rapport au pinceau. « Celui que j'utilise fait la taille d'un corps humain. Il est muni d'un guidon de vélo pour pouvoir le manier dans l'espace et d'une réserve de peinture. » Une particularité qui permet à Fabienne Verdier de baser son art sur la rhéologie : la science des écoulements. « Lorsque l'on sait que toutes les petites formes qui naissent sur terre sont façonnées par les lois de la gravité, une peinture qui naît avec ces mêmes principes me semblait intéressante à explorer. »

L'Art au centre du dialogue créatif
Pour Fabienne Verdier, Rainbows est grandement dû à l'architecture. « C'est grâce au bâtiment que j'ai pu faire mes recherches » explique-t-elle. Mi-fabrique, mi-chapelle selon ses propres mots, son atelier situé à Hédouville (95), a été conçu en 2006 par son ami Denis Valode, architecte de l'agence Valode & Pistre. Véritable fosse à peindre de six mètres de côté, le bâtiment a été construit autour de l'axe gravitationnel du pinceau. Inondée d'une lumière zénithale à l'image des abbayes cisterciennes chères à l'artiste, l'architecture permet de conserver une stabilité d'éclairage tout au long de la journée. Mais pour la peintre, il s'agissait avant tout d'un besoin de coupure avec l'extérieur pour travailler l'introspection et peindre à l'instinct. « Cet édifice permet de faire coïncider l'énergie de mon corps et celle du pinceau sur l'œuvre. C'est une conception qui offre une rencontre entre l'art pictural et architectural. »

Valode & Pistre
Fondée en 1980 par Denis Valode et Jean Pistre, l'agence s'est imposée à travers le monde en proposant des projets architecturaux souvent vecteurs d'art contemporain. Pour Denis Valode « un lien existe clairement entre le premier et le troisième art (l'architecture et l'art pictural). Et l'une des volontés de l'agence est justement de sortir l'Art des musées et des galeries pour l'intégrer à la ville comme à l'espace public ». Ponctués d'œuvres, les locaux de Valode et Pistre s'inscrivent dans cette même dynamique, et proposent régulièrement des expositions. C'est le cas de Fabienne Verdier dont une quinzaine de toiles dialoguent en ce moment, et jusqu'au 29 mars, avec les maquettes de l'agence.

Exposition « Rainbows » de Fabienne Verdier jusqu'au 9 mars 2024
115 rue du Bac
75007 Paris

Il aurait pu se contenter de fabriquer des pièces d’exception pour quelques collectionneurs fortunés. Mais l’Irlandais Joseph Walsh développe ses projets tout en rassemblant, depuis 2017, une communauté de créateurs lors de son programme de rencontres Making In. Jusqu’au 23 octobre, sa première exposition monographique française « Joseph Walsh, Paris XXIII » va présenter quelques-unes de ses œuvres les plus emblématiques.
On connaît de cet autodidacte virtuose, son mobilier aux formes élégantes ou ses sculptures parfois monumentales, inspirés de la nature du comté de Cork, au Sud-Est de l’Irlande. Mais l’enfant du pays Joseph Walsh nourrit une vision globale du design, en agrégeant, autour de lui, une pépinière de talents. « Même si j’aspire à créer, en premier lieu, des objets de haute-facture, j’aime réunir des experts de toutes disciplines à Cork, au sein de mes ateliers. Dès mes vingt ans, j’ai visité nombre d’artisans, en Angleterre et ailleurs. A Vérone, où j’ai travaillé dans une église, j’ai ressenti un immense respect pour cette filière. Et au fur et à mesure du développement de mon studio, j’ai constaté l’immense bénéfice du savoir-faire et des conseils pluriels insufflés à mes équipes, par l’ébéniste irlandais Robert Ingham. Tout ceci fit me poussa naturellement à mettre en place Making In, journée de rencontres entre créateurs de tous horizons, afin de partager des savoirs, des expériences autour de thèmes comme le temps ou, comme cette année, la collaboration. »

Comment œuvrer ensemble avec un objectif commun ? Quels sont les impacts des nouvelles technologies sur le travail partagé ? En septembre dernier, « Making In Concert/2023 » a réuni plus de dix talents internationaux pour, entre autres, y répondre. Parmi eux, un grand chef, un musicien, une famille de fondeurs de cloches, un luthier, un jeune chef d’orchestre, des artistes, architectes, ou encore une conservatrice de musée. Un moment de partage qualitatif, véritable écosystème d’expertises transversales ayant attiré 400 visiteurs, dans ses ateliers nichés au cœur d’un domaine de plus de cent hectares.

Une première exposition à Paris
Dans le prolongement de cette dynamique, Joseph Walsh expose pour la première fois, et ce durant la semaine de l’art et du design à Paris, un fleuron de son corpus couvrant deux décennies de recherches, dans un hôtel particulier du VIIème arrondissement. Dans cet écrin, des assises de la série Enigmum, dont un banc déjà acquis par le Musée national des Arts Décoratifs de Paris, quelques chaises en bois teinté de sa série la plus récent Gestures , ou encore une table monumentale de la série Lumenoria illustrent son aptitude à transcender le bois de frêne, grâce au lamellé-collé, sa technique-signature. Amélioré par ses soins, ce procédé consiste à superposer jusqu’à cinquante lames de frêne collées les unes sur les autres, sur lesquelles il va exercer quelques points de pression, pour des pièces dont il va ensuite sculpter et polir les volutes élancées. « Le bois dicte la forme », aime-t-il dire…


Avec trois designers-architectes et dix-huit ébénistes dont trois Japonais, le fringant quadragénaire travaille sans relâche les courbes et les lignes, tout en y associant, de temps à autre, du cuir, du marbre ou de la résine. Proactif, rassembleur, sans cesse sur la brèche de nouveaux procédés exaspérant le bois, Joseph Walsh trace sa route jalonnée de rencontres fertiles et de commandes prestigieuses. « À l’avenir, j’aimerais aussi renouveler, chaque année, cette exposition à Paris », confie-t-il. À bon entendeur…

Jusqu’au 7 janvier 2024, le Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne installe une maison fictive à la Platine, la salle d’exposition de la Cité du design. En six pièces (de la cuisine à la chambre, en passant par la salle de jeux ou le bureau) et près de 120 objets industriels des années 1920 à aujourd’hui, s’y raconte, par les petites choses du quotidien, une plus grande histoire de l’habitat et de l’évolution de nos modes de vie.
« Nous nous sommes beaucoup amusés à imaginer une maison à partir des collections du musée. Une maison où les époques cohabitent, comme chez soi au fond, expliquent les commissaires de l’exposition. Cela nous offrait la possibilité de montrer autre chose que les pièces qui sont sans cesse exposées. Un design moins connu, plus anonyme et qui raconte cependant une histoire tout aussi précieuse et riche. Une histoire matérielle, des formes, des techniques, des usages, sociologique aussi. » Dans le salon, un téléviseur Téléavia aux allures de fusée racontent comment le foyer s’est réorganisé sans la cheminée, tandis que la cuisine, pièce traitée comme le laboratoire de la ménagère dès les années 1920, équipée de machines de préparation complexes (une collection d’objet d’électtoménager s’étale presque comme sur une table d’autopsie), s’est progressivement rouverte, remeublée et colorée.


L’histoire est traitée avec humour aussi, à l’instar d’une petite vitrine consacrée au poil (de barbe, de patte, de tête, etc.) dans le diorama (échelle un, et sonorisé) consacré à la salle de bains. Ou encore, dans la chambre, ce vibromasseur Calor pour les pieds, dont les commissaires nous apprennent que la notice évoque d’autres usages, négligemment posé près d’un lit monocoque en plastique Prisunic (Marc Held, 1968). Une manière de rappeler aussi que design, c’est vivant. Même au musée !

La Cité du design vient d’inaugurer « Présent > < Futur, » un cycle d’expositions qui mettent en lumière de nouvelles générations de designers. Et c’est Laureline Galliot qui ouvre le bal, avec une première rétrospective baptisée « Vrai ou fauve ». Une très belle plongée dans l’univers de cette créatrice au sens large.
Artiste-designer, Laureline Galliot a développé sa propre méthode créatrice, basée sur la parfaite intégration dans ses projets de ses sources d’inspiration. Car elle a fait de son amour de la peinture ou de ses pérégrinations dans l’espace et le temps, un creuset d’intuitions. L’exposition commence par un exemple parlant : elle repère dans le Portrait de Johanna Staude de Klimt un textile de Martha Alber, qu’elle va redétourner dans un motif textile, reproduit sur une chemise, vêtement qu’elle mettra en scène dans un autoportrait.
Et c’est ainsi, que pas à pas, elle a construit sa trajectoire : captant çà et là un motif, une réminiscence, les copiant pour mieux se les approprier, les détourner ; les absorbant jusqu’à en faire son terreau personnel, à l’image d’un sculpteur. De ce magma naîtra un nouveau dessin, un volume, un textile, un objet, qui retournera en stade ultime en peinture digitale : comme on naît de la poussière pour y retourner, chez Laureline Galliot, toute idée génère un média, puis prend corps, pour finalement générer une nouvelle idée. Loin de tourner en boucle, son esprit est en perpétuel mouvement, et on comprend ainsi ce qui anime celle qui fut danseuse, avant de devenir plasticienne et designers.
Recherche et associations d’idées
Car loin d’une exposition chronologique, « Vrai ou Fauve » retrace avant tout cette vivacité, en insistant sur ce principe d’associations d’idées, de cheminement, d’avancée par étapes, jusqu’à la bonne incarnation. À l’image de sa peinture digitale, la designeuse pose le trait, le geste, la texture, dans un ancrage bien contemporain : ici elle travaille l’impression 3D avec une maîtrise de la matière, pour mieux revenir à la céramique dans un travail de haute volée avec des artisans spécialisés, et in fine se former à la conception de moule. Ailleurs, elle insiste sur sa recherche du motif à partir d’une étude des chemises malgaches, pour mieux accompagner l’atelier Polyflos Factory pour la conception de tapis à partir de matériaux recyclés à Madasgascar (projet soutenu par la Fondation Rubis Mécénat).


Et si elle a conçu des papiers peints pour YO2 Design, elle a également imaginé des tissus pour Backhausen, et n’hésite pas lors d’une résidence à la Villa Kujoyama au Japon à revisiter dans des tissages le traditionnel motif yagasuri. Ce dialogue entre les époques est aussi présent dans son travail de sculpture digitale où elle revisite des formes ancestrales asiatiques. Cette carte blanche à Saint-Etienne a été l’occasion d’une collaboration avec Benaud Créations, une entreprise locale qui préserve un savoir-faire spécifique autour de la moire. La designeuse a dans ce cadre travaillé la difficileinsertion de motifs, via une transposition dans une modélisation en 3D.
En utilisant pour sa scénographie une succession de modules qui rappellent les caissons d’archives, Laureline Gaillot façonne l’exposition à l’image d’une réserve personnelle, et convie le spectateur à y déambuler, revenant sur ses pas pour mieux se plonger dans un détail, ou au contraire s’éloigner de quelques mètres pour embrasser des vues d’ensemble, et à son tour se nourrir des traits de couleurs, des aplats, des éclats, de celle qui ressent une forte filiation avec le fauvisme. Car à l’image de ses sculptures 3D teintées dans la masse, c’est finalement ce que le travail de Laureline Gaillard va révéler : l’énergie chromatique qui fait vibrer toute chose.
« Vrai ou fauve », Laureline Galliot, jusqu’au 7 janvier, Cité du design, Saint-Etienne. À lire aussi : la monographie « Laureline Galliot, Vrai ou FAUVE », collection Présent Futur, édition Cité du design, 10€.

Fondé en 2020 par Paola Bjäringer, Misschiefs est une plateforme indépendante qui met en lumière des artistes et designers non binaires, en investissant des locaux vides afin de leur offrir des lieux de création gratuits. A l’Institut Suédois, il l’installation « Fine Dying » est à découvrir jusqu’au 1er octobre.
Si la notion de « Fine Dining », l’art raffiné de la table, a été détournée en « Fine Dying », c’est en réaction à un texte du milieu du XIXème siècle de Coventry Patmore. « The Angel in the House », long poème narratif publié entre 1854 et 1862, idéalise les femmes en tant qu’épouses et mères à la fois dociles et dévouées. Symbole populaire de la domesticité, l’éloge a été décrié par Virginia Woolf une décennie plus tard.


Depuis 2021, le collectif suédois Misschiefs propose une installation en résonnance à la condamnation de Virginia Woolf. C’est sous la houlette de la curatrice Paola Bjäringer que « Fine Dying » invite neuf artistes et designers à réinterpréter la table avec une vision propre à leur travail. Après Stockholm et Milan, l’exposition itinérante s’est installée à l’Institut Suédois. La scénographie de la table dressée évolue selon les œuvres vendues mais aussi en fonction des artistes invitées. Pour ce nouvel opus, la française pluridisciplinaire Popline Fichot a rejoint les rangs des Misschiefs, auprès de Maria Pita Guerreiro, Sara Szyber, Yngvild Saeter, Lotta Lampa, Anna Nordström, Isa Anderson et Butch xFemme. A noter, le travail de Klara Farhman qui intègre une technique du XVIIIème siècle utilisant la fumée d’écorce de bouleau brûlée capturée pour la transcrire sur des surfaces lisses.

Interactions physiques à travers le temps et l’espace, détournement du machine learning célébrant les circuits courts ou orchestration lumineuse de catastrophes climatiques répétées : le design emploie sens critique et lignes formelles pour guider la matérialité de l’exposition centrale du très numérique festival Scopitone.
En s’intéressant aux nouveaux rapports entre voyage et mobilité permis par les outils numériques et leur interprétation artistique nomade, l’exposition centrale du festival nantais Scopitone ouvre un large champ esthétique dans lequel le design trouve une place presque rassurante. Au milieu des paysages abstraits numériques – comme ces impressionnantes impressions digitales de souches d’arbres enchevêtrées, traduisant dans les Artefacts de Paul Duncombe le lointain écho d’une chute météorite gravée dans le sol du grand nord québécois – ou des scénographies art/science ouvertes sur les mises en son d’aurores boréales ou les mutations d’espaces vivantes imaginaires, des objets et installations plus formels témoignent d’une matérialité palpable, du moins en apparence.

Reproduisant les mouvements de la mer à partir des données récupérées en temps réel par une bouée connectée partie à la dérive depuis douze ans, la pièce Tele-Present Water de David Bowen instaure un étrange rapport d’interaction entre les mouvements gracieux et hypnotiques d’une grille métallique articulée et un phénomène d’absence, de disparition auquel la technologie vient en quelque sorte palier en faisant fi des notions de distance. Un design immatériel presque puisque sans contact physique qui fait écho au design intemporel de Stéphanie Roland dans la pièce Science-Fiction Postcards voisine. Ici, un mur-présentoir accueille des dizaines de petites cartes postales monochromes noires. Une fois présentées devant un appareil chauffant, celles-ci laissent apparaître au recto des rémanences de territoires insulaires isolés tandis que le verso en indique la localisation lointaine et la fin programmée du fait du réchauffement climatique. Humour…noir, bien sûr, où l’objet prend vie au fur et à mesure que sa temporalité se dilate.

Mimer l’intelligence artificielle peut faire rayonner le design critique
Dans ce design d’objet curieux, la palme du dispositif revient au cabinet de curiosités inspiré des modes de calcul de l’intelligence artificielle du Of Machines Learning To See Lemon d’Alistair McClymont et John Fass. En mimant les principes de la technologie du machine learning, les deux créateurs s’amusent à interpréter manuellement la façon dont une IA aurait pu classifier et répartir dans un espace physique donné, se présentant ici sous forme de rayonnage à casiers géant, les objets se rapprochant – ou à l’inverse s’éloignant – d’un simple citron. Une démonstration de design plastique, qui se veut surtout éminemment critique puisque venant opposer aux circuits imprimés de la machine les circuits courts des produits ainsi présentés, tous récupérés in-situ.


Bien évidemment, la pièce la plus monumentale de l’exposition, l’installation lumineuse Cymopolée du studio Luminariste qui trône au milieu de l’esplanade extérieure s’avère de facto la plus démonstrative. Sa structure métallique vient subitement s’éveiller de torsades lumineuses spasmodiques, de jeux de fumée et d’ambiances sonores redoutables ou harmonieuses évoquant le passage d’un ouragan, avec ses pics intensifs et ses temps plus suspensifs. Son design évoque là une mobilité voyageuse subie, celle de la tempête qui nous guette, nous surplombe, puis s’éloigne. Un cycle dont la fatalité renvoie ici autant à la force des éléments qu’à nos propres incapacités collectives à lutter contre un monde de plus en plus naturellement déréglé.

L’artiste français Pierre Bonnefille expose sa nouvelle collection au sein de sa galerie à travers l’exposition Rhizome(s). À découvrir du 7 septembre au 22 octobre.
L’exposition « Rhizome(s) » de l’artiste Pierre Bonnefille tourne autour de la forme. Connu pour son travail autour de la couleur et de la matière, il présente ici une série d’oeuvres sculpturales Rhizome imprégnées de l’énergie végétale. Présentée dans le cadre de la Paris Design Week dans sa galerie du 11e arrondissement, l’exposition se compose d’oeuvres créées spécifiquement d’une part mais également d’autres pièces récentes, telles que sa Bibliothèque Rhizome, présenté lors de son exposition au Musée national des arts asiatiques – Guimet (MNAAG) en 2021, et qui est ensuite rentrée dans les collections du Mobilier National (campagne d’acquisition 2022).

En lien avec les oeuvres présentées, Pierre Bonnefille présentera pour l’occasion un corpus d’oeuvres picturales issues de ses séries Bronze Paintings et Furoshiki, qui portent comme caractéristiques communes avec sa série Rhizome la force du geste pictural.
Une exposition à découvrir jusqu’au 22 octobre, à la galerie Pierre Bonnefille, 5 rue Breguet, 75011 Paris.
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Depuis 2022, le salon international d’art, design et art de vivre BAD+ tend à se forger une place de choix, à Bordeaux. En mai dernier, la seconde édition s’est avérée prometteuse, malgré le nombre réduit d’enseignes Design. Retour sur une foire à surveiller dans les années à venir, de très près, pour le secteur.
Depuis deux ans, Jean-Daniel Compain, ancien directeur de la FIAC et enfant du pays, célèbre la culture du vin et l’art de vivre, à travers une foire atypique, associant art contemporain, objets design et installations in situ dans les vignobles bordelais. Au-delà des parcours arty au sein de chais ou de domaines tels que, pour ne citer qu’eux, les châteaux Smith Haut Lafitte, Chasse-Spleen, Pape Clément, cet écosystème singulier a aussi proposé, pendant quatre jours, des pièces d’environ 55 galeries internationales, disséminées sur les deux étages du Hangar 14, au bord de la Garonne. « Bordeaux + Art + Design ou BAD+, n’est pas un salon de plus, s’exclame Jean-Daniel Compain, mais une foire qui, avec son positionnement spécifique Art et Art de vivre, a du sens et une vraie valeur ajoutée. » Parmi les exposants, la néerlandaise Mia Karlova, la galerie française Revel ou bien encore, entre autres, la brésilienne Galeria Modernista représentaient le secteur design. « 15 % de nos exposants offrent des pièces design contemporaines, ajoute Adrien de Rochebouët, ancien de chez Piasa et conseiller artistique de la foire. A l’avenir, nous souhaitons consolider ce secteur important de l’art de vivre. »
Mia Karlova a misé sur ses fondamentaux
Habituée des foires de prestige comme le PAD ou encore la très sélect Collectible à Bruxelles, Mia Karlova a joué la carte des valeurs sûres en proposant des œuvres de créateurs qui font sa réputation. « C’est ma seconde participation à la foire bordelaise, explique la directrice. En 2022 comme en 2023, son écosystème particulier dans une région riche de cultures, de châteaux, vignobles et amateurs de beaux objets, ont permis d’agrandir notre famille de collectionneurs. » Sur son stand à la surface généreuse, on a remarqué Dolly Blu, fauteuil fabriqué à partir de couches cartons superposés du designer tchèque Vadim Kibardin, mais aussi la chaise Curved sculptures, du Hollandais Jordan van der Ven. Une pièce fonctionnelle, entre art et design, réalisée à partir d’une armature métallique, sur laquelle des couches de ciment blanc ont été appliquées pour créer volume et douceur. Enfin la Light Box vitrine, en bois de chêne, huile et ampoules ou encore Obi, fauteuil au design enveloppant et modulable, en bois et tissu de la designer russe Olga Engel, sont des pièces à l’esthétique minimaliste typique qui furent très remarquées.


Le design historique brésilien chez Galeria Modernista
Non loin, forte d’une nouvelle enseigne bordelaise, la Galeria Modernista a présentéquelques grands noms du Modernisme brésilien, parmi lesquels Joaquim Teneiro (1906-1992), considéré comme le père du design du pays de la Samba, ou encore Raimundo Cardoso (1930-2006). Figurant parmi les plus grands céramistes brésiliens du XXème siècle, ce dernier s’est, toute sa vie, employé à réaliser des pièces, telle Vase, portant l’empreinte des savoir-faire du peuple précolombien Marajoara. Enfin, du mobilier moderniste du designer Sergio Rodrigues (1927-2014), comme la paire de fauteuils Oscar, créées pour sa galerie Oca, à Rio de Janeiro, en 1955, en bois de Jacaranda et cannage en rotin, étaient également proposés.


Au royaume de la matière engagée, la galerie Revel
Née en 2021, la jeune galerie parisienne qui possède aussi un showroom à Bordeaux, défend des artistes « invisibilisés » en Occident, et fait fi des clivages entre arts visuels, design, design de collection et artisanat. Des designers émergents ou en milieu de carrière, qui mettent en avant le matériau, son processus et son histoire, et dont « le travail interroge l’identité, le genre, l’écologie, les cultures postcoloniales, les appropriations culturelles, la migration », selon les directeurs. Il en va ainsi d’Anton Laborde, lauréat du Prix de la Jeune Création Métiers d’Art (PJCMA) 2022, et son Cube à liqueur, en érable et sycomore massif, revisitant avec modernité l’art de marqueterie. Mais aussi le céramiste Mathieu Froissard et ses pièces qualifiées de « beautés imparfaites » comme Hold it, œuvre unique en faïence, émail et lustre, brillant de mille feux et circonvolutions baroques. Entre autres encore, la Zimbabwéenne Xanthe Somers, repérée à Collectible 2022, était également présente avec Rancid, imposant luminaire en grès émaillé, s’inspirant de la manière dont l’histoire coloniale de son pays « continue de manipuler les valeurs esthétiques. »


Sur quelques stands d’art contemporain, on remarqua aussi un Banc taureau en bronze de Jean-Marie Fiori (Galerie Dumonteil), ou encore un tapis en soie et laine, ainsi que deux Tabourets B.C, en pin mat brossé et cuir, de l’architecte designer Fabrice Ausset, à la galerie Sarto.
Ainsi, la ville de Bordeaux deviendrait-elle une nouvelle capitale française du design ? Les galeries Modernista et Revel qui y ont ouvert une seconde adresse, ne l’ont pas fait par hasard. La région bénéficie d’atouts majeurs – dont la foire BAD+ -, attirant de nombreux collectionneurs, friands de belles pièces à vivre, au royaume des grands crus classés, du patrimoine et de la culture. Très bien représenté au Musée des Arts Décoratifs et de Design de Bordeaux, dirigé par Constance Rubini, partenaire de la foire – comme le Frac Méca et bien d’autres institutions -, le design contemporain international va, à l’avenir et sans nul doute, couler de très beaux jours, au bord de la Garonne…

La nouvelle saison du programme MITICO de la Galleria Continua et le premier solo show de Loris Cecchini à l’adresse parisienne de l’enseigne italienne, présentent des œuvres au design modulaire exprimant une nature transcendée par les technologies. Des pièces poétiques, délicates et vivantes, qui révèlent en grand, l’infiniment petit.
Au Manoir aux Quat’Saisons, A Belmond Hotel, dans le comté d’Oxford, Loris Cecchini a fait pousser Arborexence, une installation monumentale sur la façade du bâtiment patrimonial du XVème siècle, accompagnée par deux sculptures « sylvestres » dans l’allée centrale du jardin du domaine. Un dispositif faisant partie du volet anglais de MITICO, programme proposé depuis 2022 par la Galleria Continua et qui, cette année, interroge des créateurs sur l’identité et la nature.
Nature improvisée
Pour le plasticien-designer italien, les sciences et le design associés aux nouvelles technologies peuvent traduire l’esprit de la nature d’aujourd’hui, et ainsi contribuer à créer un nouveau langage poétique. Dans la verdoyante campagne anglaise, cette pièce qui se compose d’un treillis modulable en acier inoxydable constitué de treize branches, elles-mêmes composées de nombreux modules se répétant, semble croître, tel un organisme vivant, sur deux des façades du manoir. « Ce projet design et architectural est aussi une performance que j’ai « improvisée » en fonction du site, explique Cecchini. L’improvisation qui ici a tenu compte de la végétation changeante au cours des saisons, comporte toujours une part d’inconnu éloignant l’œuvre finale, du projet design initial. » De plus, sa structure moléculaire agissant tel un parasite qui se propage, évoque les sciences et parle d’échelles – celles du micro et du macro -, ainsi que d’espace et de reflets. « Le design répété du module en acier est neutre, il n’a pas de couleur, ajoute-t-il, car l’ensemble a pour but de se fondre et de s’harmoniser avec l’espace environnant. Cependant, son aspect miroitant crée une véritable « nature » de lumière, qui eût été différente, si les modules avaient été colorés. »


Les lignes « minimalistes baroques » selon les mots de l’artiste, jouent également sur le paradoxe des oppositions : à la pierre patrimoniale dense et lourde, qui enracine le bâti dans la terre, s’oppose la légèreté d’une plante grimpante, à la dentelle métallique aérienne. « Arborexence interroge aussi la sculpture qui bannit les angles droits et la géométrie euclidienne. Comment bouger dans un espace hors de ces notions, et qu’est-ce finalement qu’une sculpture ? » Une « seconde peau » qui s’accroche au site, réinvente le patrimoine, et attire l’intérêt sur « ce qui se cache dans la beauté de la nature et de ses formes ».

Design modulaire et moléculaire
Parallèlement, son exposition parisienne intitulée « Les graines de mon jardin s’envolent vers d’autres pays » présente un ensemble de pièces – entre autres des dessins, sculptures, installations murales – partageant cette même philosophie liée aux notions d’agrégation, de désintégration, de contamination naturelle et de dynamique vectorielle. « L’artiste s’empare du lieu grâce à l’infinie possibilité de croissance modulaire de ses œuvres, qui lui offrent l’occasion de danser dans l’espace, improvisant des formes et des structures, comme autant de graines plantées au cœur d’un singulier jardin », explique la galerie dans son communiqué. Entre autres, un télescope, une chaise (ou ce qui semble en rester), semblent colonisés, voire « rongés » par d’étranges particules, conférant à ces derniers un aspect métamorphique et transitoire.

Près d’Oxford ou à Paris, le design rythmé et poétique de Cecchini parle de la nature dans ce qu’elle a de plus invisible, fondamental et infini : la molécule qui, associée à d’autres, créent des organismes à la base de la vie. Une structure qui se faufile, se ramifie, désagrège son support tout en le valorisant, mais aussi prend racine… Convoquant des notions de biologie, physique, chimie, mais aussi de design, d’ingénierie, d’espace et d’échelles, les œuvres de Loris Cecchini composent une nature version XXIème siècle, entre croissance et trouble.

« Notre-Dame de Paris, des bâtisseurs aux restaurateurs » fait désormais partie du parcours permanent de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine. Cette exposition met en lumière les travaux exceptionnels d’artisans, de restaurateurs ou encore d’archéologues impliqués tant dans la construction que dans la réhabilitation de ce chef-d’œuvre de l’architecture gothique.
À la suite du mémorable incendie qui a dévasté la cathédrale le 15 avril 2019, un chantier d’une envergure rarement vue a été mis en place non seulement in situ, mais aussi dans de nombreux ateliers disséminés sur le territoire.
Une mobilisation nationale
Compagnons, chercheurs, archéologues, ingénieurs et architectes se sont mobilisés pour assurer sa restauration, notamment dans le respect des matériaux. Si des experts se penchent sur le sujet pour proposer des solutions, d’autres en profitent pour comprendre des maîtrises d’œuvre aujourd’hui totalement inconnues.

Construite au XIIe siècle, reconstruite au XIIIe siècle, modifiée au XVIIIe siècle, avant d’être restaurée au XIXe siècle. De nombreux architectes ont collaboré aux modifications de l’édifice aux cours des siècles. De Jean de Chelles à Jean-Baptiste-Antoine Lassus, c’est le nom de Viollet-le-Duc que l’on retient pour sa contribution à la fameuse flèche qui causera tant de dégâts.
La Cité de l’Architecture et du patrimoine propose un voyage dans le temps pour mieux comprendre l’architecture gothique et ses techniques de construction, tout en mettant en lumière le savoir-faire de passionnés qui mettent tout en œuvre pour que ce symbole patrimonial puisse renaître de ses cendres.

