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Depuis le 20 septembre, deux nouvelles expositions ont pris place au sein de la Cité du design. D’abord « simé grenn », troisième exposition du cycle Présent >< Futur consacrée cette fois au duo dach&zephir. La seconde, « LE DESIGN EN VOYAGE, Ceramic & Food Route » présente le fruit du travail du programme International Design Expeditions (IDE), sous le commissariat de Mathilde Bretillot, Pierangelo Caramia et Miska Miller-Lovegrove.
À quelques mois de l’inauguration de la Cité du design 2025, tous les regards sont tournés vers la cité stéphanoise qui pour sa rentrée 2024, présentait deux nouvelles expositions. « À travers ces manifestations, on veut retrouver une vision basique de ce qu’est le design. On parle beaucoup d’innovation, mais ce n’est pas uniquement par le biais de la technologique, c’est aussi par la recherche de formes et de matières » expliquait notamment le directeur de la cité du design, Eric Jourdan.
« simé grenn », une exposition sur le design créole
Après Laureline Galliot et Guillaume Bolet, le cycle Présent >< Futur lancé en septembre 2023 présente jusqu’au 5 janvier 2023 l’exposition « simé grenn » centrée sur le duo dach&zéphir composé de Florian Dach et Dimitri Zephir. Cette dernière donne à voir les réflexions et questionnements qui animent le duo depuis leur recherche Élòj kréyòl initiée en 2015 autour des histoires des Antilles. « Quand nous avons débuté nos recherches il y a bientôt 10 ans, le design créole n’était pas du tout évoqué. Nous avons donc voulu montrer ce qu’il était et prouver sa force, bien que situé à 8000 km de l’Hexagone » explique le duo. Au sein de leur processus de création, ils acceptent les idées de l’Autre, et les projets qu’ils mènent donnent forme aux paroles et histoires des communautés créoles. La scénographie de l’exposition reprend ainsi l’imaginaire d’une maison créole et alterne des points de vue intérieurs et extérieurs, où les différents objets, pièces de mobilier, textes, images-collages et vidéos exposées donnent à voir des manières d’être et de vivre inspirées des Antilles. « On avait envie de défendre le design, ses histoires et ses pratiques parfois oubliées » confient-ils.
Au sein de l’exposition, ils présentent 68 objets, dont 10 inédits. Parmi eux, le premier prototype des vases de la collection Péyi, produite dans le cadre de la commande publique du Centre national des arts plastiques (Cnap) intitulé « Créer un vase », sera présenté en avant-première. dach&zéphir présente également un objet issu d’un partenariat créatif de trois à six mois invité avec une entreprise de la région. Pour « simé grenn », le duo s’est rapproché de l’entreprise stéphanoise Neyret, spécialisée dans la fabrication de rubans et d’accessoires textiles qui a été sélectionnée. Ensemble, ils ont mené un travail de recherche autour de tableaux tissés, textiles-images et objets-textiles qui conjuguent le savoir-faire de l’entreprise avec l’approche plastique et historique du duo.
« LE DESIGN EN VOYAGE, Ceramic & Food Route », l'exposition qui allie voyage et création
Jusqu’au 16 mars 2025, la plateforme « International Design Expeditions (IDE) » fait un arrêt de quelques mois à Saint-Etienne pour y présenter le fruit de ses recherches et expéditions menées aux quatre coins du monde depuis 2019. Une exposition rétrospective, qui présente l’histoire de différentes expéditions menées en Italie, en Pologne, au Cambodge, en Suède et en France. 150 objets en céramique nés de ces rencontres entre designers internationaux, cultures culinaires et artisanats locaux y sont présentés. « L’idée de ce programme, c’est de partir à la rencontre de lieux par le biais de la nourriture qui est un tremplin culturel qui permet de comprendre un territoire. On a parié sur la capacité des designers à être perméable à l’environnement autour d’eux pour laisser place à l’intuition » raconte Mathilde Bretillot. Un processus qui a donné naissance au terme de « Geo Design », défendu par Pierangelo Caramia. « L’idée est de représenter le monde dans lequel on vit et le territoire dans lequel on se trouve. Le design doit pouvoir devenir du Geo Design, en passant par l’écoute de l’autre, en détectant un lieu précis pour se rencontrer. »
Un programme de recherche et de création qui implique pour chaque voyage la participation de plusieurs artistes et designers, qui partent entre 3 et 6 semaines. On peut citer parmi eux Marta Bakowski, Goliath Dyevre ou encore Emmanuelle Roule. Pour chaque voyage, les designers invités sont accompagnés de Mathilde Bretillot, Pierangelo Caramia, mais également du designer culinaire Marc Bretillot. De ces voyages et rencontres sont nés des objets avec une symbolique et une histoire forte, dont certains sont ensuite édités et mis en vente à travers IDE Everyday d’une part, pour un développement à plus grande échelle et IDE Haute collaboration, destination à l’édition de pièces numérotées, en série limitée.
Une exposition riche de sens, étalée sur 600m2 et répartis en 5 pavillons - Italie, Cambodge, Pologne, France, Suède - présentés autour de la « Grande Table » qui expose les différents objets crées lors de ces expéditions. De quoi donner envie de passer à table, littéralement.
Du 8 juin au 29 décembre 2024, la Fondation d’entreprise Martell présente « Continuum », la première rétrospective européenne du sculpteur américain JB Blunk (1926-2002). Une exposition organisée en lien avec sa fille Mariah Nielson, directrice de JB Blunk Estate et avec la contribution d’Anne Dressen, curatrice au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
À la fondation Martell, l’exposition « Continuum » propose une immersion dans l’œuvre de JB (James Blain) Blunk, jusqu’alors méconnue du grand public, mais mythique pour de nombreux artistes, pour qui il reste une source d'inspiration. L’exposition présente un ensemble de pièces réalisées par le sculpteur américain, permettant de comprendre son approche singulière : qu’il s’agisse de réaliser des œuvres d’art ou bien de créer des objets usuels, son travail - en dialogue constant avec son environnement - est un plaidoyer puissant plaçant la création au cœur de la vie quotidienne. « En dévoilant le travail méconnu d’un artiste célébrant la force de la nature, de la vie et de la création au croisement des disciplines, cette rétrospective rejoint l’ambition de la Fondation d’entreprise Martell d’encourager l’émergence d’approches artistiques inédites tournées vers la mutation écologique des territoires et de nos modes de vie » déclarait notamment la Directrice de la Fondation d’entreprise Martell, Anne-Claire Duprat.
Un rapport particulier avec la nature
JB Blunk puisait son inspiration dans la relation qu’il entretenait avec la nature qui l’entourait au quotidien, installé à proximité de la petite ville d’Inverness en Californie, sur un site exceptionnel au cœur de la forêt et proche de la côte Pacifique. L’artiste s'est attaché toute sa vie à créer en connexion profonde avec son environnement, utilisant les ressources naturelles qu’il trouvait (souches de séquoias et troncs de bois flottés, terre, pierres…) pour créer un corpus d’œuvres renouant avec des formes d’expression ancestrales et jouant avec des échelles aussi bien modestes que monumentales.
Une exposition riche et variée
Pour cette exposition inédite, c’est une sélection de plus de 150 pièces qui est proposée, comprenant des œuvres sculpturales, des céramiques, du mobilier, des maquettes, des peintures, des croquis et des photographies originales provenant du JB Blunk Estate et de collections privées illustrant l’étendue de sa pratique artistique, au croisement de l’art et de l’artisanat. L’exposition dévoile notamment l’une de ses premières céramiques connues réalisées à Los Angeles alors qu’il était étudiant à l’UCLA au début des années 1940, mais aussi un ensemble de maquettes en bois, rarement montrées jusqu’à présent. Enfin, des correspondances, des esquisses, et des ouvrages issues des archives familiales mettent en lumière le processus de travail de l’artiste, ses liens amicaux et professionnels mais aussi ses sources d’inspirations, qu’il s’agisse des civilisations premières, de différentes approches de la spiritualité ou encore de sa vision pionnière en matière d’écologie.
Plusieurs films spécialement commandés pour l’occasion invitent le visiteur à appréhender les multiples facettes de la maison et de l’atelier que le sculpteur avait entièrement construit de ses mains, de la structure architecturale au mobilier en passant par les arts de la table, les interrupteurs ou encore l’évier intégralement sculpté. Réalisée principalement à partir de matériaux récupérés, la Blunk House, emblématique de sa pratique et d’un état d’esprit, est considérée comme son œuvre majeure d’art total. Les court-métrages s’attachent à faire ressentir l’environnement unique dans lequel Blunk a vécu avec sa famille à proximité de la côte sauvage de Point Reyes en Californie du Nord. Un second film inédit permet de découvrir plusieurs œuvres d’art monumentales installées dans la région de San Francisco : taillées dans des blocs de séquoia géant, ces assises praticables adressées à la collectivité et installées dans des espaces urbains témoignent d’un autre pan du travail de Blunk.
Un parcours d’exposition complet
Le parcours se déploie sur 900m2 et aborde le travail de Blunk à travers 6 sections thématiques - Japon, Paysage, Maison, Archétypes, Processus et Art dans l’espace public – présentant son approche holistique en matière de design, d'art et d'architecture. A l’image de sa vie et de son travail, les sections de l'exposition sont interconnectées et perméables, offrant aux visiteurs une immersion sensible dans les diverses disciplines et techniques qu’il pratiquait. La scénographie a été spécialement conçue par le designer Martino Gamper en collaboration avec la graphiste Kajsa Ståhl (Åbäke).
Jusqu’au 29 septembre, le Tripostal de Lille accueille l’exposition « Textimoov! » qui présente un panel d’artistes et designers de tous les horizons, dont les créations reflètent un savoir-faire en matière de textiles, d’usages ou technologies de pointe. Labellisée « Olympiade culturelle », l’exposition est en lien direct avec les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
C’est dans le cadre de son programme lille3000, crée à la suite de Lille2004 Capitale Européenne de la Culture, que la série Futurotextiles est née. À l’occasion de cette sixième édition, l’exposition « Textimoov! » prends ses quartiers au Tripostal de Lille, à deux pas de la gare Lille Flandres, pour faire état de découvertes et tendances en matière de mode, design et sport. Présentée sur deux étages, l’exposition répartie au sein des 6 000 m2 du bâtiment, présente le travail d’un panel de créateurs, majoritairement français et provenant le plus possible du Nord de la France. « L’exposition est un mélange de mode et de l’art, c’est une sorte de balade mêlant haute couture et sport » expliquait notamment la commissaire de l’exposition Caroline David.
Des créateurs de renom et une mise en avant de la jeune création
Virgil Abloh, Thierry Mugler, Marine Serre… Des noms qui ne sont inconnus pour personne de par leur ancrage fort dans le domaine de la haute couture française et internationale. Des pièces haute couture donc, mais également tournées vers le sport, dont la frontière semble s’être quelque peu ressérée depuis plusieurs années, si l’on en croit les mots de Caroline David : « Il y a une porosité depuis pas mal d’années dans laquelle le sport et la haute couture vont s’influencer mutuellement. » L’occasion de découvrir dans la première partie de l’exposition, des œuvres inédites de ces grands noms de l’industrie, des pièces textiles, mais également une sélection de sneakers (baskets) de La Boite Collector, label lancé par Gérald Toumson. L’exposition propose également un Pop! Corner, une vitrine éphémère à destination de 5 écoles et musées qui auront l’occasion de se relayer jusqu’au 29 septembre. Plusieurs collaborations avec des marques sportives renommées y sont également présentées, telles que celle de Jean-Charles de Castelbajac avec Rossignol, Pucci et Crosby Studios avec Fusalp, Lesage et Humberto Campana pour Lacoste.
En parallèle, l’exposition était désireuse de faire valoir des créateurs originaires du nord la France et de la Belgique. L’occasion d’y présenter le travail de plusieurs créateurs engagés et prometteurs, notamment Maison Mourcel, Marine Bigo fondatrice de Minirine ou encore Freaky Debby avec entre autres une collaboration avec Lacoste.
Des équipements à la pointe de la technologique
En matière d’équipements sportifs, en dehors de la virgule Nike qu’on ne présente plus, d’autres marques innovent. C’est notamment le cas de Décathlon avec notamment ses t-shirts de sport utilisas le textile QCycle, composé élasthanne, polyamide et pneus recyclés ou encore panier de basket dernier génération BasketPlay, un kit de gamification pour aider à rendre la pratique individuelle plus intense, interactive et immersive, notamment grâce au capteur inséré dans le panier connecté à une application. Les Vélo Gravel, faits sur mesure, avec un réel savoir faire artisanal, pour un résultat fiable et résistant. Les maillots Chlore, de l’entreprise française du même nom, proposent des modèles dont les matières permettent des performances uniques.
Un focus sur les Jeux olympiques et paralympiques
À quelques mois des Jeux olympiques, si tous les yeux sont rivés sur Paris, d’autres villes auront également l’honneur d’accueillir des épreuves olympiques et paralympiques, comme c’est le cas de la capitale nordiste. Ville hôte des épreuves de handball et de basket-ball, l’objectif de l’exposition est également d’attirer un nouveau public, et notamment des spectateurs durant l’événement. L’exposition, qui a reçu le label « Olympiade culturelle » - programme lancé par l’organisation des Jeux pour inciter les acteurs culturels de toute forme à prendre part à l’événement - lui a permis de pouvoir se faire prêter en avant-première les tenues officielles des sportifs désignée par Stéphane Ashpool. Il est donc possible d’y découvrir pour la première fois les tenues de breakdance, discipline qui fera partie des épreuves pour la première fois, du cyclisme ou encore de l’escalade pour ne citer qu’elle. Des tenues arborant évidemment les couleurs du drapeau tricolore, en collaboration avec Le Coq Sportif, et dont les tenues ont toutes été réfléchies avec chaque fédération, afin de proposer le meilleur au niveau des textiles et de la composition des vêtements.
Jusqu’au 23 juin, la Cité du design de Saint-Etienne présente « Être là », seconde exposition du cycle Présent >< Futur. Consacrée à Guillaume Bloget, celle-ci dévoile différents travaux du designer, dont deux réalisés en collaboration avec La Verrerie de Saint-Just.
Lancé par la directrice du pôle diffusion du design Laurence Salmon, le cycle d’expositions intitulé Présent >< Futur a pour objectif de mettre en avant le travail d’un designer. Guillaume Bloget succède ainsi à Laureline Galliot, qui avait été exposée entre septembre 2023 et janvier 2024. Dans ce cadre, le designer a mené une expérimentation avec La Verrerie de Saint-Just situé dans la Loire, dont le but était de trouver de nouvelles applications de son savoir-faire exceptionnel. De cette collaboration découlent ainsi deux projets inédits : Objet-tableau et Tavaillons, tous deux dévoilés en exclusivité lors de l’exposition.
La Verrerie Saint-Just, un savoir-faire reconnu à l’international
Située non loin de Saint-Etienne, La Verrerie de Saint-Just est connue à travers le monde pour son verre plat coloré. Créée en 1826, la Verrerie est aujourd’hui l’une des dernières manufactures à maîtriser le savoir-faire unique du verre architectural, blanc et coloré, soufflé à la bouche. Désireuse de faire valoir son savoir-faire, l’entreprise s’ouvre aux collaborations et s’associe ainsi avec des maîtres-verriers et des artistes, mais également des architectes et designers contemporains, tels que Guillaume Bloget. “C’est la première fois que je me confronte au verre : ce matériau m’a toujours fasciné par ses paradoxes : visqueux / dur, solide / cassant, transparent /réfléchissant… » confie notamment le designer. Une collaboration inspirante et pour le moins réussie, si l’on en croit les mots de Simon Ballagh, directeur de La Verrerie de Saint-Just : « Guillaume Bloget a créé à partir de nos verres des pièces magnifiques, qui expriment la richesse du savoir-faire de La Verrerie de Saint-Just. Cette collaboration a permis une rencontre entre notre savoir-faire ancien et la modernité incarnée par le design. »
Présentation de deux œuvres inédites à la Cité du design
À la suite de cette expérimentation entre Guillaume Bloget et La Verrerie de Saint-Just sont nées deux œuvres intitulées Objet-tableau et Tavaillons. Pour réaliser la première, le designer s’est inspiré de l’artiste américain Ellsworth Kelly et de ses « tableaux-objets », qui ne sont ni vraiment l’un ou l’autre mais qui sont connus pour aller au-delà du cadre formel. “J’ai remarqué la profondeur des couleurs des plaques de verre qui sont entreposées sur les racks de stockage. En fonction du point de vue, des nuances apparaissent. D’un reflet entrecoupé par de vifs éclats de couleur, on passe à un noir profond. J’ai souhaité reproduire cet effet de miroitement coloré pour en faire un objet à contempler. Comme un tableau ” raconte Guillaume Bloget. Tavaillons quant à elle est issue du savoir-faire des ancelles - des plaques de chêne ou d’épicéa de 60 cm à 1 m pour 2 cm d’épaisseur - utilisées comme des tuiles pour la couverture des toits au Moyen-Âge. Guillaume Bloget en a ainsi repris les principes, avec une fixation clouée et une pose bord à bord à recouvrement vertical. “Ces tavaillons reprennent le mode d’assemblage des tuiles en bois qui couvrent les toitures et les façades des fermes ou des chalets du Jura. Le principe de superposition mélange les couleurs par touches successives, d’infinies possibilités de composition sont alors permises ” raconte-t-il.
Une expérience enrichissante pour le designer, mais également pour la Verrerie qui grâce à cette collaboration peut continuer de transmettre son savoir-faire tout en en explorant de nouvelles applications possibles à travers le design. Ces œuvres ainsi qu’une quarantaine d’autres réalisations de Guillaume Bloget sont à retrouver à la Cité du Design, dans le cadre de l’exposition « Être là », jusqu’au 23 juin !
Du 25 mars au 7 avril, l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne (Esadse) accueille Arts & Crafts aujourd’hui, un programme de recherche européen dont l’objectif est de faire valoir les savoir-faire locaux. Workshops, conférences, exposition… Voici le détail du programme.
Valoriser les savoir-faire locaux et éco-responsables au travers de la création contemporaine, c’est tout l’enjeu du programme Arts & Crafts aujourd’hui. En partenariat avec six écoles du monde entier - l’Académie Royale des beaux-arts de Bruxelles, ArBA (Belgique), l’Académie d’art et design de Bratislava, VSVU (Slovaquie), la Faculté des beaux-arts de l’Université de Porto, FBAU (Portugal), l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université de Québec à Montréal, UQAM (Canada) et l’Institut national des beaux-arts de Tétouan (Maroc) - l’Esadse propose à son tour à des artistes et designers de se former à différents savoir-faire, par le prisme de la création contemporaine et ses enjeux actuels, aussi divers soient-ils. « À travers la collaboration entre métiers d’art, artisans, designers et artistes, le programme Arts & Crafts aujourd’hui favorise l’innovation, la transformation des regards et des usages. Le besoin se manifeste aujourd’hui de revaloriser des savoir-faire locaux. Il s’accompagne d’un intérêt accru pour les processus de réalisation et de tout ce qui relève de l’intelligence spécifique de la main » expliquait notamment le directeur général de l’école et de la Cité du design, Éric Jourdan.
Une semaine de Workshops
Avec près de 80 personnes mobilisées, dont 45 étudiants et enseignants partenaires, la semaine de workshops intitulée Procédure Matériaux, mettra le travail de la main et la relation de l’art à l’artisanat au cœur de ses ateliers. Ainsi, du 25 au 29 mars, sept workshops autour du Paravent, de la Photographie Primitive, du Tufting, des Emaux de Longwy, des Bijoux, de la Lithographie et du Nembok, sont proposés, en partenariat avec les Meilleurs Ouvriers de France, afin d’élargir les pratiques autour du bijou et réaffirmer la relation entre art et artisanat au sein de la pédagogie.
Un programme riche de conférences
En complément des workshops, trois conférences gratuites et en accès libre se tiendront au sein de l’auditorium de l’Esadse. La première, intitulée « Digitization and Fingerwork » aura lieu le lundi 25 mars à 18h avec l’intervention de Tim Ingold, professeur d’anthropologie sociale à l’Université d’Aberdeen (Écosse). À noter que cette conférence sera en visioconférence et se tiendra en anglais. Le mardi 26 mars toujours à 18h, la conférence « Jean Vendome, artiste et artisan » accueillera la restauratrice d’art graphique et historienne d’art Sophie Lefèvre pour présenter Ohan Tuhdarian dit Jean Vendome, connu pour brutaliser les codes de la joaillerie avec des bijoux aux formes abstraites et asymétriques. Enfin, le mercredi 27 mars à 18h, « Michael Woolworth sous pression à Saint-Étienne », troisième et dernière conférence de la semaine, donnera la parole à Michael Woolworth, imprimeur et éditeur depuis 40 ans.
Une exposition dédiée
Sous le commissariat d’Elen Gavillet, Karim Ghaddab, Romain Mathieu et Marie-Aurore Stiker-Metral (Esadse), l’exposition « Travaux en cours » se tiendra à la Platine (Cité du design) entre le 5 et le 7 avril de 10h à 18h. Celle-ci proposera, comme son nom le suggère, de découvrir les réalisations produites au cours de la semaine de workshops, complétées par des créations réalisées lors d’ateliers antérieurs, toujours dans le cadre du programme Arts & Crafts aujourd’hui. Une attention particulière sera portée à la Faculté des beaux-Arts de l’Université de Porto, en résonance avec les 18e Journées Européennes des Métiers d’Art(JEMA) organisées du 2 au 7 avril, qui mettent à l’honneur le Portugal avec le thème « Sur le bout des doigts ».
Jusqu’au 23 juin, la Cité du design de Saint-Etienne présente deux expositions inédites : « Être là », seconde exposition du cycle Présent >< Futur et consacrée à Guillaume Bloget ainsi que « Réels », qui présente les projets des diplômés 2023 de l’Esadse.
« Illustrer la nouvelle ambition de la Cité du design », c’est toute l’ambition de l’établissement, qui sous la direction de son nouveau président Eric Jourdan, présentait ses nouvelles expositions pour la première moitié de l’année 2024. « Ce qui m’intéresse c’est montrer du design. Je cherche à remettre le designer et le design au cœur de ce qu’on présente » expliquait-il. Une volonté de réaffirmer la place de la cité du design à travers des cycles et une présence régulières d’expositions, pour la faire devenir un lieu de rencontres et un rendez-vous de design en dehors de la traditionnelle Biennale, pour le public mais également pour les designers. C’est dans cette optique que les deux nouvelles expositions de ce début d’année ont été présentées.
« Etre là », seconde exposition du cycle Présent >< Futur
Après Laurelinne Galliot en septembre, c’est au tour du designer Guillaume Bloget de se prêter à l’exercice. Lancé par la directrice du pôle diffusion du design Laurence Salmon, le cycle Présent >< Futur a pour objectif de mettre en avant le travail d’un designer en faisant le constat d’un travail - Présent - afin de pouvoir se projeter pour la suite - Futur -. « Il existe une génération actuelle de designers qui méritent de se faire connaître et qui ont déjà une pratique bien identifiée mais qui n’ont jamais eu l’occasion d’avoir une exposition. L’objectif de Présent >< Futur est de leur proposer assez d’espace pour voir la globalité d’un travail et le faire comprendre au plus grand nombre » expliquait notamment Laurent Salmon. Ainsi, Guillaume Bloget expose au sein des 200m² mis à sa disposition, un panel de réalisations effectuées depuis sa sortie de l’ENSCI en 2016. La scénographie, elle aussi menée par le designer qui avait carte blanche, est à l’image de son design, épurée et d’une simplicité formelle.
Par son travail, Guillaume Bloget cherche à s’ancrer dans les objets dits « ordinaires », tout en mêlant des recherches sur leurs formes et leurs évolutions possibles. Ce sont ainsi des travaux très éclectiques qui sont présentés à l’instar du kayak Sharp en aluminium et liège (2023), de la théière Thé et Café (2020) ou la lampe M (2012). En plus de ses travaux personnels aboutis, le designer a réalisé dans le cadre de l’exposition, une expérimentation avec la verrerie de Saint-Just (Loire) et ainsi découvrir plus en détails ce savoir-faire exceptionnel et proposer une œuvre découlant de ces recherches.
L’exposition « Réels » dédiée aux projets des diplômés 2023
Sous la curation de Didier Courbot, co-fondateur de la galerie A1043 (cf portrait Intramuros 213), l’exposition « Réels » présente les 30 projets de diplôme de la promotion 2023 de l’Esadse. Et la direction par une personne extérieure est loin d’être hasard, puisqu’elle permet une nouvelle lecture des projets, tout en transparence et avec une parfaite égalité de leur mise en exposition. Une démonstration qui présente ainsi des projets tous singuliers, réalisés en fonction de leur option ou mention spécifique qui sont au nombre de cinq ici, à savoir l’option Art, l’option art & design, l’option design mention objet, la mention objet et la mention Public(s).
L’architecte et designer indien Bijoy Jain, fondateur du Studio Mumbai, déploie sa vision poétique de l’architecture, dans le bâtiment iconique de Jean Nouvel. Aux confins des disciplines, celle-ci associe matériaux naturels et savoir-faire traditionnels, en harmonie avec l’esprit du lieu.
Au rez-de-chaussée, un paysage de sculptures, mobilier, maquettes et autres artéfacts, aux formes épurées, matériaux élémentaires et tonalités douces, révèle l’approche singulière de l’art de Bijoy Jain. Cette promenade à laquelle le public est convié, illustre à dessein sa pensée valorisant l’économie de moyens, les ressources locales, naturelles, limitées, et le respect des techniques et coutumes ancestrales. Ici, le sol d’un pavillon, en bambou et fils de coton, a été créé à partir de bouses de vaches d’une ferme près de Rambouillet, certains socles proviennent des pierres du jardin de l’institution… Au sous-sol, dans une ambiance feutrée, silencieuse et contemplative, les dessins minimalistes de l’artiste chinoise Hu Liu, et les délicates céramiques de la Danoise Alev Ebüzziya Siesbye, toutes deux invitées par l’architecte, conversent avec ses créations, autour de la matière et du geste fondateur.
Loin d’une présentation rétrospective des réalisations du Studio Mumbai, l’exposition s’appréhende comme une carte blanche au sein du bâti, un « projet à l’écoute du paysage », selon la commissaire Juliette Lecorne, où l’architecte met en exergue sa pratique interdisciplinaire, attentive à la terre, l’eau, la lumière, les sons et le temps long. Elle décloisonne aussi les genres en floutant la frontière entre art, design et architecture, comme elle éclaire sur sa méthode collaborative. Deci-delà, sur les murs dénués de cartels, des cloisons de maisons réalisées par le Studio sont présentées comme des tapisseries ou des toiles, sur le sol, des échantillons de matière, comme des sculptures. Entre autres exemples, un banc, perforé mais fonctionnel, parle de la manière dont les artisans travaillent le granit, et l’énergie humaine qu’il faut pour soulever les plaques, dans les carrières.
Esthétique, sensoriel, invitant à la quiétude, l’évènement à rebours des expositions traditionnelles sur l’architecture, incite à réfléchir sur la métaphysique profonde de cette discipline, soucieuse de l’avenir des relations entre l’homme et la nature.
Jusqu'au 31 décembre, la Fondation d'entreprise Martell à Cognac accueille "Almanach, Regards de designers sur les ressources du territoire des Charentes", une exposition de recherches, alliant design et territoire.
Plateforme de recherche et d’expérimentation en art et en design, la Fondation d'entreprise Martell œuvre depuis 5 ans pour devenir un espace de sensibilisation et d’apprentissage tourné vers le Vivant. "Almanach" est le résultat d'une initiative à caractère expérimental, mêlant regards de designers, archives et rencontres, pour questionner comment une fondation comme celle-ci peut, dans un contexte rural et industriel, se constituer comme agent de dynamisation de son territoire et activer de nouveaux potentiels de transformation pour le collectif. Pour ce faire, une équipe de designers pilotée par Olivier Peyricot avec Lola Carrel, Valentin Patis et Mathilde Pellé, a été missionnée pour faire un travail d’enquête auprès de divers interlocuteurs locaux selon une méthodologie d’investigation spécifique, établie en amont.
Découvrir les richesses régionales
L’exposition, divisée en trois espaces, offre ainsi aux visiteurs un aperçu des richesses de la région, à travers une sélection de prélèvements exprimés sous différentes formes telles que des cartes, des objets, des photos, des vidéos, des matières et matériaux, des croquis, des œuvres d’art.... Aussi, le visiteur est invité au cours de l'exposition à découvrir de façon didactique la démarche appliquée tout au long des recherches. Ainsi, le premier espace présente une multitude de points de vue pour définir ce qu’est une ressource dans un territoire afin d'en débattre, en partant d'un point de départ d'exploration spécifique : le fleuve. Le deuxième espace présente le résultat de la collecte effectuée ces derniers mois, aussi diverse soit-elle. Le troisième espace est un lieu ayant vocation à devenir permanent après l'exposition, dont l'objectif est d'être une archive vivante et d’accueillir les designers et artistes à travers des projets, des résidences et des activations, toujours autour de la thématique du territoire.
Toutes les informations sur : https://www.fondationdentreprisemartell.com
Pour leur soixantième anniversaire, Diptyque nous transporte dans cinq villes (Paris, Venise, Athènes, Tokyo, Byblos) marquantes du parcours de ses fondateurs, à travers le regard poétique et parfumé de neuf artistes, à la Poste du Louvre.
À l’image du « Grand Tour » effectué autrefois par les jeunes aristocrates pour parfaire leur éducation, l’exposition « Voyages immobiles » conçue comme un « cadavre exquis », s’appréhende comme une promenade plurielle, au doux parfum d’exotisme plastique. Dès l’entrée, le Malgache Joël Andrianomearisoa nous plonge dans un Paris littéraire d’un autre temps, grâce, entre autres, à ses poèmes mélancoliques en hommage à la maison, et à sa splendide cascade de papiers de soie, tandis que l’Allemand Gregor Hilsdebrandt évoque une Venise musicale à travers ses peintures de bandes magnétiques. En outre, la plupart des plasticiens ont également créé des éditions limitées avec des parfumeurs de la maison. Notons celle de la jeune Anglaise, Zoë Paul, « The cave of Chiron » évoquant une main comme un fin rideau de perles en céramique, dont la couronne émet un délicat effluve d‘immortelle, de figuier et de cyprès.
« Voyages Immobiles, Le Grand Tour », Espace d’exposition de la Poste du Louvre, 52, rue du Louvre, Paris 1er – du lundi au dimanche de 11h à 19h. Jusqu’au 24 octobre 2021 – www.diptyqueparis.com
En imbriquant dispositifs numériques aux humeurs dystopiques de l’anthropocène et pièces organiques où le design d’objets ouvre des pistes plus poétiques, l’exposition Hyper Nature du festival nantais Scopitone donne un aperçu intrigant du mélange d’hommage et de fantasme que la nature peut susciter chez l’artiste. À voir jusqu’au 19 septembre
Le parcours déambulatoire au sein des différents espaces de Stéréolux – le bâtiment vaisseau-mère de Scopitone – instille en effet un rapport plutôt complexe et intriqué avec une nature interprétée ici sous différentes coutures. Plusieurs pièces alternent ainsi hommage à la nature et questionnement des artistes sur notre relation à celle-ci, à l’ère de l’anthropocène où l’impact humain sur nos écosystèmes devient problématique.
Le glacier artificiel miniature sous cloche de verre du Tipping Point de Barthélemy Antoine-Lœff renvoie donc au temps nécessaire pour qu’un glacier se crée… ou se régénère. Le Soleil Vert de Cécile Beau rejoue dans son aquarium l’hymne à la terre du triptyque minéral / végétal / animal en mettant en scène sphère d’algues, roches immergées et fossiles de crevettes. Les écrans et dispositifs numériques rallient la célébration technologique dont Scopitone est coutumier sous le même prisme, comme dans la collection d’archives virtuelles d’espèces végétales disparues du Floralia de Sabrina Ratté.
Le questionnement se porte en particulier sur les signaux et les indicateurs que la nature peut transmettre à l’homme quant à un état des lieux plutôt inquiétant. Le projet très art / science Spring Odyssey d’Elise Morin – mené en partenariat avec des scientifiques de Paris-Saclay – s’appuie ainsi sur la création d’une plante réactive au stress radioactif, à la fois transposée dans des environnements virtuels de réalité augmentée et dans la réalité de la « Forêt Rouge » de Tchernobyl où elle a d’ailleurs muté. Plus allégorique, la sphère terrestre enfermée dans une boîte baignant dans le liquide fluorescent et trouble du Laboratory Planet II du collectif Hehe rappelle que la pollution est désormais un poison global.
Physique quantique et activité électromagnétique : la nature fantasmée
Pour autant, l’exposition sait aussi brouiller les pistes en mettant en perspective la manière un peu fantasmée dont les artistes s’inspirent de la nature, et notamment de ses phénomènes physiques invisibles ou inexplicables, dans leur travail. Une façon pour eux de créer les scénarios d’un futur spéculatif dans lequel le design d’objet s’octroie une véritable place.
L’impressionnante machine de mécanique des fluides du Soudain Toujours de Guillaume Cousin crée ainsi par ses propulsions de fumée chaotiques un environnement systémique et organique renvoyant à la physique quantique et à ses inconnues. Les expériences atmosphériques du dispositif Zoryas de Claire Williams s’articulent autour d ‘une matière-énergie de plasma combinant gaz d’extraction interstellaire (argon, néon, Krypton, xénon, etc.) et activité électromagnétique solaire, introduite dans des sculptures en verre où elle révèle d’intrigantes chorégraphies de contraction électriques dignes des fameuses bobines Tesla. Des ondulations sonifiées – que Claire Williams décline encore avec son ondoscope, un appareil de captation des variations électromagnétiques naturelles, dans son autre installation, Les Aethers – que l’on peut même entendre tactilement à partir des vibrations émises depuis la table circulaire d’écoute entourant l’œuvre.
Dans ce registre design d’objets et scénographie symbiotique, la vingtaine de sculptures robotisées du Supraorganism de Justine Emard fait sans doute figure de morceau de choix. Inspirée du comportement des essaims d’abeilles, la pièce associe récipients en verre soufflé et petits dispositifs mécaniques et lumineux intrusifs en jouant une partition collective impromptue. Une note d’espoir peut-être pour une narration futuriste moins dystopique que celle d’autres artistes de l’exposition. Laura Colmenares Guerra par exemple, chez qui l’expression plastique prend la forme de sculptures imprimées en 3D donnant une représentation volumétrique des menaces environnementales pesant sur l’Amazonie (déforestation, prospection minière).
Festival Scopitone, Nantes, jusqu’au 19 septembre.
C’est en se questionnant sur les matériaux utilisés pour décorer les espaces domestiques et ceux plus éphémères, comme les installations provisoires des stands de salons ou d’expositions, que ce collectif de quatre designers résidents aux Ateliers de Paris ont trouvé une alternative à l’aménagement intérieur. À découvrir jusqu’au 18 septembre.
L’Atelier Sumbiosis, Cécile Canel, Jacques Averna et Laureline de Leeuw présentent Papier Mycète, un matériau réalisé à base de mycélium, de chanvre et qui revalorise aussi des chutes de papier technique pour des décors plus désirables. « Les murs ont toujours raconté des histoires avec des moulures, des ornements, des rideaux et tentures aussi…ce sont de véritables supports d’expression artistique. »
Au cours de l’exposition, le collectif réinterprète trois typologies d’éléments de décor : des corniches, carreaux et colonnes ont été moulés grâce à ce liant nouvelle génération qu’est le mycélium. Ses qualités intrinsèques en font un matériau résistant, hydrophobe, respirant et il a la capacité de filtrer certains virus et toxines. Naturellement agglomérant, le mycélium offre la possibilité d’être amalgamé au chanvre et aux chutes de papier technique. Le processus de fusion entre matériaux est stoppé par l’intervention de l’homme avant que le champignon ne se développe pas trop. C’est en partenariat avec Procédés Chenel et Grown Bio que le projet a pu voir le jour. Encore une fois, l’ennoblissement associé à l’ingéniosité ouvre le champ des possibles !
Jusqu’au 18 septembre
Ateliers de Paris, 30 rue du faubourg Saint-Antoine 75012 Paris