Esprit Contract
Pour sa première édition, EspritContract se tiendra du 18 au 21 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/fr/secteur/contract
L’entreprise familiale Porada, créée en 1968 et spécialisée dans le mobilier en bois ne cesse de développer des collections qui allient technique et esthétique. Présente dans plus de 50 pays, la marque italienne propose ses services aux particuliers mais se tourne également vers le contract, en travaillant sur divers projets. Un marché rentable pour l’entreprise donc, qui tend à continuer de croitre. Eclairage auprès de Mauro Nastri, responsable de l’export chez Porada.
Que représente le contract chez Porada ?
Il représente environ 30 % des projets et de notre chiffre d’affaire global. On travaille sur des restaurants, des hôtels, mais aussi des projets plus particuliers, en collaboration directe avec le client. Généralement, on est sur un système B2B mais il arrive que l’on fasse aussi du B2C en travaillant de manière rapprochée avec les architectes d’intérieur.
Et sur le marché français plus spécifiquement ?
C’est à peu près la même chose, mais la grande particularité en France est que l’on arrive à développer une relation directe avec les architectes d’intérieur, ce qui est beaucoup plus simple pour nous en termes de communication. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas un fonctionnement qui est mis en place partout. Au Moyen-Orient par exemple, il y a beaucoup d’intermédiaires et il arrive que l’on ai finalement très peu d’informations sur un projet.
Quelles évolutions avez-vous pu remarquer au fil des années ?
Bien que Porada ai toujours touché au contract, avant les années 2000, c’était plus occasionnel. Lorsque l’on a commencé à faire des projets plus conséquents comme le Four Season à Londres en 2006, nous avons commencé à comprendre le marché et les acteurs qui intervenaient. A partir de là, nous avons cherché à être en contact avec les bons acteurs afin que le travail de prescription et les spécifications devienne systématique pour avoir le résultat escompté.
Des difficultés particulières auxquelles vous devez faire face ?
Je dirais surtout que l’on peut ressentir de la frustration quand on prescrit car nous n’avons pas toujours la transparence sur les budgets pour pouvoir s’aligner. Dans certains cas, on ne sait donc pas si c’est notre produit qui est trop cher ou si ce sont les autres acteurs qui prennent tous les fonds. Hormis cette difficulté, il y en a une qui réside concernant la protection de nos produits. Il n’existe en effet aucune protection à proprement parler pour lutter contre la copie. Lorsque l’on sait ce que représentent les frais de développement d’un produit et qu’une personne extérieure peut librement copier un modèle sans répercussion et à moindre coût, c’est forcément embêtant.
Des exemples de projets contract significatifs pour Porada ?
Il y a beaucoup de projets intéressants mais parmi ceux que je préfère, il y a le restaurant Nobu à Londres pour lequel nous avons tout fait en sur mesure. Il y a également l’hôtel Tsuba à Paris dont j’aime beaucoup le résultat final. En Asie, je pense au restaurant La terrasse à Kyoto par Patrick Jouin, que je trouve très réussi. En termes de projets originaux, nous avons travaillé sur une école au Japon, mené par l’architecte I. M. Pei. Un projet très spécial pour lequel Porada a imaginé tous les bureaux. C’était un gros travail du bois courbé avec des pièces hors collection qui ont été développées spécialement pour le projet.
Plus d'informations à retrouver sur le site Porada.
Pour sa première édition, EspritContract se tiendra du 18 au 21 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/fr/secteur/contract
La marque italienne Calligaris, qui vient de célébrer son centenaire, a su se réinventer pour répondre aux nouveaux enjeux d’un marché extrêmement concurrentiel. Un renouveau qui l’a amené vers l’univers du Contract, avec une nouvelle façon de répondre aux besoins d’aménagements dans une optique durable, en Europe, mais bientôt sur d’autres continents. Exposant de la première édition d'EspritContract du 18 au 21 novembre, l'entreprise partage sa vision du marché. Explications par Riccardo Mattelloni, Head of Contract Division.
Au-delà du meuble, c’est une vision contemporaine, efficace et simplifiée de l’ameublement qu’offre Calligaris. Fondée en 1923 dans le Nord de l’Italie, l’entreprise familiale spécialisée dans les chaises en bois, s’est rapidement diversifiée jusqu’à devenir un nom incontournable du design italien. Désormais reconnue internationalement, la marque possède une certaine expertise du contract dont elle fera la promotion lors du salon EspritContract qui se tiendra du 18 au 21 novembre prochain à Paris Porte de Versailles.Pour le groupe, il s’agit « d’offrir au client un projet clé en main afin qu’il n’y ait qu’un seul intermédiaire » explique le directeur de la section dédiée au Contract, Riccardo Mattelloni.
Réinterpréter les usages pour mieux y répondre
Cette branche à la croissance continue depuis le Covid, représente aujourd’hui 10 % du chiffre d’affaires global de la marque. Confrontée directement à l’évolution des modes de vie, celle-ci fait face à un renouveau des demandes. Les usages, jusqu’alors classiques, sont désormais à repenser dans tous les espaces de notre quotidien. Aujourd’hui mixtes, il est « devenu nécessaire d’avoir des espaces ou les gens peuvent faire différentes choses » détaille Riccardo Mattelloni, résumant ainsi : « si les bars deviennent souvent des lieux de rencontres, les hôtels demandent quant à eux de plus en plus d’espaces de coworking...»
Un engagement environnemental indissociable
Dans cette optique de reconsidération des lieux de vie, il est primordial de penser à « la durabilité environnementale » assure Riccardo Mattelloni. Calligaris, certifiée Forest Stewardship Council (FSC) depuis 2006, un label assurant une juste gestion et préservation des forêts, met également un point d’honneur à concevoir des produits à base de plastique recyclé. Parmi eux, le fauteuil Reef ou encore la chaise Zero, siègent comme dignes représentants. Cherchant depuis une quinzaine d’années à réduire ses déchets, la marque bénéficie par ailleurs de la certification ISO 14001, une norme sur la gestion des risques environnementaux prouvant ainsi la mise œuvre d’une démarche d’amélioration. Une continuité pour la marque qui cherche désormais à s’implanter au Moyen-Orient et aux Etats-Unis.
Plus d'informations sur le site internet ici.
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Acteur majeur du marché de la céramique depuis le début des années 2000, Laminam est aujourd’hui présent mondialement, avec une dizaine de filiales dans le monde. Avec une implantation sur le marché de la cuisine, l’entreprise veut continuer à se développer. C’est le cas notamment en France, puiqu’une filiale s’est créée en 2020. Exposant de la première édition d’EspritContract du 18 au 21 novembre, c’est l’occasion pour Laminam de faire le point sur la situation de l’entreprise sur le marché. Décryptage auprès d’Elodie Pfaff, responsable marketing France et de Jean-Luc Manivet, directeur général Laminam France.
Fondée par Franco Stefani en 2001, Laminam est une entreprise spécialisée dans le revêtement de sols, muraux et façades en céramique qui s’est ensuite tourné vers le marché de la cuisine et autres espaces de vie à partir de 2015 en proposant des plans de travail horizontaux, dessus de tables, compléments d’ameublement et salles de bains. Plus tard en 2020, l’entreprise a confirmé son implantation française en installant une filiale dédiée, s’ajoutant ainsi aux filiales existantes (Canada, Italie, Royaume-Uni, Etats-Unis, Russie, Pologne, Espagne, Allemagne, Israël, Chine, Japon et Australie).
Que représente le contract chez Laminam ?
Le marché du contract représente environ 25 % de notre chiffre d’affaire, qui avoisinait les 2 millions d’euros en septembre, avec une progression de 6 %.
Qu’est-ce qui fait sa force aujourd’hui selon vous ?
L’entreprise s’est d’abord fait connaître auprès des négoces et des prescripteurs avant de s’attaquer au marché de la cuisine il y a 8 ans. Nous touchons différents types d’applications : plan de travail, revêtement de sol et mural, tables, les portes pour les espaces intérieurs, mais aussi les terrasses, les piscines ou les façades extérieures. Grâce à notre diversité d’épaisseurs (3mm, 5mm, 12mm et 20mm), nous pouvons toucher différents marchés et nous adapter à de grands formats puisque nous possédons des certifications pour les lieux publics.
Quelles sont les principales évolutions que vous avez-vous pu constater dans le secteur et plus spécialement pour l’entreprise ?
Le secteur de l’immobilier et particulièrement le neuf fait beaucoup parler de lui en ce moment et peut créer des tensions pour l’année à venir. Le point positif pour Laminam est que nous intervenons essentiellement en rénovation, il n’y a donc pas de répercussion pour nous à ce stade. De plus, du fait de notre arrivée récente sur le marché, nous grandissons tout en nous adaptant et cette flexibilité nous permet de mieux nous préparer et ainsi rester concurrentiel. En raison de la diversité d’applications de nos produits, pour les lieux privés mais aussi publics, de plus en plus d’opportunités s’offrent à nous, grâce à nos certifications sol et façades notamment.
Quels sont vos prochains objectifs ?
Nous allons développer notre équipe de prescripteurs dans un premier temps. Ensuite, nous pourrons nous ouvrir à des pistes de diversification sur lesquelles nous avons déjà fait quelques tests qui semblent payants jusqu’ici. En parallèle, le secteur de l’hôtellerie nous ouvre les bras, ce qui constitue une nouvelle demande à laquelle il va falloir répondre.
Plus d'informations à retrouver sur le site.
Pour sa première édition, EspritContract se tiendra du 18 au 21 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/fr/secteur/contract
Véritable référence en termes de mobilier haut de gamme, Roche Bobois a su développer une forte présence sur le territoire français mais aussi à l’international, avec 74 enseignes en France et 181 partout dans le monde. Développant un fort intérêt pour le contract, l’éditeur a ouvert en 2019 un bureau contract dédié aux professionnels, qui propose un accompagnement complet à ses clients. Un marché plus que prometteur donc, décrypté par le Directeur Général Paris, Antoine Roche, à quelques semaines de la tenue de la première édition d’EspritContract, à laquelle Roche Bobois participe.
Dans votre activité, que représente le contract ?
Chez Roche Bobois, la démarche Contract s’articule autour de 3 offres. D’une part, nos collections sont adaptées à un usage professionnel. D’autre part, nous éditions du mobilier en marque blanche à partir des dessins transmis par nos clients. Enfin, nous réalisons des projets d’agencement dans le cadre de la réalisation complète d’un hôtel notamment. Actuellement, nous terminons l’installation de plusieurs établissements hôteliers à Paris, tels que l’hôtel Astra en collaboration avec l’architecte Philippe Maidenberg, le Boudoir des muses en collaboration avec Michael Malapert et enfin l’hôtel ’’L’’ de Lutèce avec Anne Peyroux.
Qu’est-ce que le secteur apporte en plus à la marque ?
Roche Bobois a développé une forte présence physique en France et notre activité contract est, non seulement une nouvelle source de revenus, mais également une nouvelle expression de la marque et de son expertise dans le domaine de l’édition d’ameublement.
Quelles évolutions avez-vous pu constater ?
Les propriétaires hôteliers comprennent la nécessité d’avoir un établissement avec une identité forte pour se différencier de la concurrence. Le design est donc devenu une préoccupation première. De même, ils sont nombreux à venir nous consulter pour être certains que le choix du mobilier et l’agencement de leurs espaces soient bien pensés.
Quels sont les prochains défis à relever pour Roche Bobois ?
Le challenge premier reste celui de conseiller et convaincre au mieux nos clients professionnels afin d’éviter tout raccourci sur la conception, l’esthétique et sur la qualité du produit fini. Il faut travailler main dans la main pour arriver ensemble à réaliser les bons arbitrages. Il y a une réelle fierté partagée par nos équipes à travailler sur ces lieux qui deviennent des adresses marquant notre quotidien.
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L’éditeur de mobilier NOMA fondé par Bruce Ribay et Guillaume Galloy en 2019 a fait de l’écoresponsabilité son fer de lance. Avec une grosse partie de leurs collections dédiées au contract, ils tentent de faire évoluer le secteur en implantant plus de mobilier éco-conçus en leur sein. Membre du collectif LIFe, exposant de la 1re édition d’Esprit Contract du 18 au 21 novembre, la marque aspire à un meilleur engagement éco-responsable du secteur.
L’aventure NOMA Editions commence en 2019, avec un objectif clair : écoconcevoir son mobilier de A à Z. Depuis, l’éditeur certifié B-Corp compte de nombreuses collaborations avec des designers partageant les mêmes valeurs, à l’instar de Charlotte Juillard, le studio A+A Coreen, les Ateliers 2/2/4/ ou encore RDAI.
Une part importante de projets dédiés au contract
Avec 70% de leur projet dédié au contract, NOMA Editions aspire à faire évoluer le secteur sur les questions d’éco-conception, en faisant bouger les lignes, tel qu’en témoigne Bruce Ribay : « Notre objectif premier est de montrer qu’il est possible de produire en France du mobilier désirable, durable et écoresponsable, tout en ayant le confort et une esthétique forte. » Plus que de faire changer les idées reçues, il faut aussi prendre en compte l’aspect économique, qui peut être une problématique. « Dans une conjoncture économique compliquée, c’est un vrai challenge de convaincre les donneurs d’ordre d’investir dans du mobilier écoresponsable. Notre rôle est de les aider à avoir la bonne grille de lecture pour bien choisir et ainsi mieux consommer » continue Bruce. Pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, la marque a par ailleurs équipé le siège de l’organisation avec le fauteuil LAIME 42 de Charlotte Juillard. Pour le CEO de la marque de Joaillerie et Haute Joaillerie Chaumet en 2022, plusieurs produits ont été sélectionnés : la table Nii des Ateliers 2/3/4/, les chaises SEN 95,6, du studio A+A Cooren et le Fauteuil ART 77,5 imaginé par Charlotte Juillard.
LIFe, un collectif pour plus durabilité
Crée en 2023, LIFe – Low Impact Furniture -, est un collectif d’éditeurs et de fabricants français qui œuvre pour un mobilier plus durable, plus respectueux de l’environnement et de l’humain. Celui-ci se compose de sept membres : Furniture For Good, Kataba, Dizy, Maximum, Api’up, Stüdio Emmaüs et NOMA. « Nous partageons le même engagement qui s’appuie sur l’éco-conception et l’économie circulaire avec l’utilisation de matières recyclées, réemployées et surcyclées. » explique Bruce. Un projet né à la suite de l’appel d’offres gagné il y a 3 ans pour le siège des Jeux Olympiques de Paris 2024. Depuis, ils répondent ensemble à des appels d’offres, bien qu’ils restent tous toujours indépendants dans leur activité respective. « Il est évident la demande de mobilier écoresponsable est plus importante. Tous les appels d’offres demandent aujourd’hui un mobilier avec une démarche d’écoconception et une production locale. Pour autant, la demande reste encore trop faible » conclut finalement Bruce Ribay.
Pour sa première édition, EspritContract se tiendra du 18 au 21 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/fr/secteur/contract
Cosentino est l’un des leaders des revêtements de surface, réputé pour sa recherche et développement de solutions innovantes, pour l’architecture et le design. Familial au départ, ce groupe est aujourd’hui mondial : il est présent dans 110 pays, 90 % de son chiffre d’affaires provient des marchés internationaux. Signe fort de son intérêt pour le secteur, il sera présent à la première édition d’EspritContract, du 18 au 21 novembre. Une occasion de faire le point avec Anthony Glories, directeur général France.
Vous participez à la première édition d’Esprit Contract, que représente ce secteur dans votre activité aujourd’hui ?
Nous devrions terminer cette année 2023 avec environ 11 % de nos ventes dédiées à ce marché, soit une croissance de plus de 30% sur ce segment.
Comment expliquez-vous cette croissance ?
Nous proposons un ensemble de produits et de solutions parfaitement adaptées aux besoins de ce segment de marché, que ce soit en Silestone, en Dekton, ou avec nos granits Sensa, notre gamme de lavabos et plans vasques, receveurs de douches, revêtements de mobilier pour l’intérieur et l’extérieur, comptoirs de bars, banques d’accueil, tables de restaurant, plans de travail de cuisines, sols et murs, jusqu’à l’habillage de la piscine. Une multitude d’applications pour un rendu aussi bien esthétique que robuste et durable.
Quelles évolutions du secteur avez-vous constatées ?
On peut dire qu’il existe une véritable demande tournée vers la durabilité des produits, pas seulement dans la recherche de matériaux recyclables comme cela était le cas il y a encore quelques années, mais aussi et surtout des produits qui s’inscrivent dans une vraie démarche RSE.
Comment justement Cosentino traduit un engagement écoresponsable ?
Nos labels et certifications (Cradle to Grave, Dekton Carbon Neutral, Greenguard, REACH, BREEAM, LEED), normes ISO (9001, 14001, 20400, 45001, 50001), ou autres fiches FDES sont la preuve écrite et certifiée de notre engagement dans cette démarche, et c’est ce que recherchent clairement nos interlocuteurs aujourd’hui. Ce sont de véritables atouts pour nos produits.
Quels sont les challenges à venir pour vous dans le secteur du contract ?
Nous allons continuer de concentrer nos efforts sur cette activité, renouveler en permanence nos gammes, rechercher et innover, réduire encore et toujours notre empreinte carbone, et ce afin d’accompagner nos partenaires et clients dans la réalisation de leurs projets. Nous prévoyons également d’étendre notre modèle de Cosentino City Center, nos showrooms présentant toutes les applications possibles avec nos produits, avec 2 City supplémentaires en France dans les 2 ans à venir.
Pour sa première édition, EspritContract se tiendra du 18 au 21 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/fr/secteur/contract
Architecte et designer, Chafik Gasmi a une expertise reconnue dans le retail et l’hôtellerie. Il observe aujourd’hui une porosité grandissante entre ces deux secteurs, qui donne des perspectives passionnantes à la mutation actuelle de l’hospitality. Un sujet qui sera au cœur des interrogations d’EspritContract, nouvelle section du salon EspritMeuble, qui se tiendra du 18 au 21 novembre à Paris. Pour Intramuros, Chafik Gasmi décrypte une nouvelle vision de l’hôtel, comme lieu d’expériences plurielles, prescripteur.
Architecture, design, retail, digital… depuis sa création, tu présentes avant tout ton agence comme un studio de création multidisciplinaire. Cette porosité des disciplines est-elle pour toi un reflet des transformations de la société, et de la façon dont ainsi évoluent les programmes des projets architecturaux aujourd’hui ?
Nous sommes profondément au cœur d’hybridations qui redéfinissent notre vie quotidienne, ne serait-ce que par l’observation de deux phénomènes, à la fois distincts et convergents. Le premier touche notre gestion du temps : nous ne séparons plus nos modes de vie en tranches différenciées, mais nous les combinons dans le même espace-temps. C’est, en partie, le résultat de la convergence des outils, aujourd’hui évidente : les objets sont devenus multiples, hybrides, multifonction. Nous gardons quasiment toute notre vie dans un smartphone, qui est la conjugaison de nos objets antérieurs tout en nourrissant plus de fonctions : agenda, appareil photo, GPS courrier… Et, au-delà, nos contacts et notre vie sociale.
Qu’est-ce que cette observation suggère au designer et architecte que tu es ?
Ce constat est justement challengeant pour nos professions : cette concentration des usages dans des objets a une influence sur la vie quotidienne, elle remet en question notre appréhension de l’espace, de nos espaces. Cela repose la question de nos maisons, de nos écoles, de nos lieux de travail, de nos lieux de transaction… Et ces multiples espaces possibles redéfinissent notre rapport au temps : par exemple si notre réfrigérateur commande le réassort de ce dont on a besoin, notre action s’apparente à un rôle de modération, et nous libère du temps. Et il s’agit d’inventer la façon d’occuper de manière qualitative cet espace temps qui s’ouvre à nous. Nous apprenons à naviguer au quotidien entre un monde purement digital – voire le metaverse –, et le monde réel. Aujourd’hui les nouvelles générations sont tendues entre ces deux espaces temps.
Comment cette évolution se traduit-elle dans les projets actuels de retail et d’hospitality ?
Ces transformations de nos rapports au temps et à l’espace bouleversent les codes du retail, en repositionnant le rapport aux clients sur l’expérience. Le confinement a accéléré cette prise de conscience, montrant de façon criante que, dans le monde de l’essentiel, nous avons oscillé entre le petit magasin de proximité ou Internet, où le retail fonctionnait très bien. La récente transformation du flagship de Dior avenue Montaigne témoigne ainsi des évolutions en cours : on est passé d’un lieu où l’on vend des produits d’exception d’une marque à un lieu où l’on vend des produits d’exception d’une marque dans un art de vivre nourri par la marque ! L’offre est élargie à des services qui tournent autour du produit. Pour pousser plus loin le trait, cet exemple illustre combien le retail est en train de se définir autour d’un retail de convenances, proposé par le digital, et un retail d’expérience, partagé avec des gens réels, dans un temps et un espace qui offrent une convergence des usages et des temporalités.
À l’image du smartphone qui a donc gagné la bataille de convergences des objets personnels, si on transpose à terme cette « bataille de convergences » et cette porosité des espaces-temps, dans un lieu physique, d’expériences, qui soit une destination possible 7 jours sur 7, un lieu de vie ouvert 24h sur 24… le lieu de la convergence est par essence l’hôtel : un hôtel augmenté, hybridé, à l’opposé d’un espace virtuel. Il offre une possibilité de temps séquencé dans un même lieu.
Autrement dit, l’hôtel serait l’espace retail de demain ?
L’hôtel va encapsuler cette convergence de nos usages quotidiens. Demain, ce sera un lieu pluriel de transactions. Au-delà du produit physique, on y achètera aussi un service, du temps qualitatif par une expérience culturelle, sociale. Cet espace-temps enrichira nos échanges avec une ou plusieurs communautés que l’on y croisera et qui correspondent à ce que nous sommes, à l’image de notre usage actuel des réseaux sociaux.
Nous rechercherons dans ces lieux une expérience plus large : je peux décider d’y «consommer » un seul sujet, mais je peux aussi aller au-delà, partir avec un objet qui rejoindra un cabinet de curiosités ou parce que j’aurais appris à l’utiliser de la meilleure manière. Parce que ce lieu sera par exemple pensé comme un curateur : quel meilleur endroit qu’un restaurant pour acheter un couteau qui coupe la viande ? c’est une une idée de venir dans un lieu de services, et de repartir avec un produit. Mais ce que je trouve particulièrement intéressant va bien au-delà des produits ou objets : comme nous vivons des histoires qui nous rassemblent, si j’adhère aux valeurs du lieu, je vais adhérer aux choses immatérielles qui vont les illustrer, les encapsuler, et notamment y rencontrer des semblables, et me trouver une communauté qui partagera les mêmes affinités. L’hôtel peut offrir toutes ces interactions humaines, ces expériences à vivre.