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Le designer automobile italien Marcello Gandini, connu notamment pour ses collaborations avec Lamborghini, s'est éteint dans son pays natal le 13 mars à l'âge de 85 ans.
Né en 1938 à Turin, Marcello Gandini a su se faire un nom dans le monde de l'automobile dès le milieu des années 60. Après avoir collaboré en 1959 avec O. S. C. A, le designer jusqu'alors inconnu du grand public, est approché quatre ans plus tard par Nuccio Bertone, alors directeur du studio éponyme. Nommé dès le début designer en chef, il devient rapidement l'une des têtes les plus créatives du pays. Avec la conception de nombreuses voitures sportives dont il se fait spécialiste, Marcello Gandini s'ancre dans la période faste de ce type d'automobiles. Reconnu internationalement pour ses innovations esthétiques, il nous lègue un portefeuille de véhicules dont la variété témoigne de son génie créatif.
La Lamborghini Countach, double de Marcello Gandini
Fiat, Lancia, Citroën, BMW... Marcello Gandini a laissé son empreinte auprès de nombreuses marques, mais c'est véritablement avec Lamborghini que son travail à été le plus mémorable. Présenté en 1971 lors du salon de Genève sous l'appellation concept LP500, le modèle Cuntrach de la luxueuse marque italienne connaît un succès retentissant. Avec son allure sportive et offensive renforcée par un design tout en facettes et une plateforme particulièrement basse, elle délaisse les courbes et les effets de style superficiels. Un renouveau qui inscrit immédiatement le véhicule comme l'un des étendards du renouveau de l'automobile sportive transalpine, et qui reste encore aujourd'hui considéré comme la conception phare du designer.
Une influence internationale
Dès le début des années 70, la popularité de Marcello Gandini est telle que beaucoup considèrent que ses lignes ont eu une influence dans la conception des berlines de cette décennie. Il proposera en effet plusieurs modèles « grands publics » parmi lesquels la Fiat 132 carrée ou encore la Citroën BX, véritable succès commercial. Mais c'est bien dans les voitures de sport que le designer s'illustrera. En témoignent la Fiat X1/9 dessinée en 1972, suivie à un an d'intervalle de la Ferrari Dino 308/GT4 et de la Maserati Khamsin. Une période qui lui sera florissante jusque dans les années 80 où il réalisera la Renault 5 Turbo, avant de quitter le studio de design pour devenir consultant indépendant.
Considéré comme un ambassadeur automobile du wedge design caractérisé par des volumes avant-gardistes particulièrement anguleux, le designer était convaincu de la nécessité de réinventer constamment de nouveaux modèles. Une démarche qui nous laisse aujourd’hui un héritage de plusieurs dizaines de véhicules.
À Meisenthal en Moselle, dans les Vosges, le Centre International d’Art Verrier, met à disposition des designers un site de 15000 m2 pour des expérimentations sans fin. Un vrai terrain de jeu pour designers.
En 1704, la Verrerie de Meisenthal (vallée des mésanges) voyait le jour pour des épopées productives jusqu’en 1969. Cette friche industrielle du Pays de Bitche aurait pu définitivement s’assoupir si un enfant du pays, Yann Grienenberger, bien entouré, ne s’était obstiné à lui redonner vie. Son projet de réhabilitation court sur plus de vingt ans. Depuis 2000, il fouille, creuse, découvre et n’en finit plus de révéler les trésors enfouis de cette épopée industrielle hors du commun qui exploite sa terre sablonneuse, son eau et ses bois depuis la fin du Moyen Âge. Déjà, des communautés verrières nomades installaient leur four de fortune en fond de vallée, pour exploiter les ressources naturelles immédiates. Au début du 18ème siècle, les voies devenant plus carrossables, les verriers ont sédentarisé leur activité jusqu’à allumer le premier four en 1711 dans l’actuel bâtiment du Musée du Verre pour produire des objets de première nécessité (bocaux, bouteilles, verres à vitre).
Au 19ème siècle, la fonderie abandonne le bois au profit de la houille et les découvertes scientifiques de la révolution industrielle – l’invention de la pompe à air comprimé, le développement de la machine à vapeur actionnant les meules de taille ou la mise en œuvre de nouvelles techniques comme la gravure à l’acide ou la technique du verre multicouche. En marge d’une production de gobeleterie ‘bon marché’, de 1867 à 1894, Émile Gallé, chef de file de l’École de Nancy aboutit des pièces exceptionnelles sans précédent qui font de Meisenthal le berceau du verre Art Nouveau. Dans les années 30, la verrerie qui compte 650 salariés s’oriente vers une production de masse de beurriers, sucrières, salières, confituriers et presse-citrons. Dans les années 60, malgré des investissements conséquents et une production annuelle de plus de 4 millions de pièces en verre soufflé et pressé, elle subit de plein fouet la concurrence de ceux qui ont choisi la mécanisation.
En 1969, la verrerie ferme et les ferrailleurs démantèlent et recyclent 8000 moules en métal (ce qui donnera lieu depuis 1992 à la création de la Moulothèque). La friche de l’usine qui occupe un hectare n’a plus aucune valeur et entraîne la mort du village dont la commune achète l’espace pour un franc symbolique et le relance. Depuis les designers les plus réputés s’y sont succédés : Borek Sipek, Enzo Mari, François Azambourg, Jasper Morrison, Andreas Brandolini, Mathieu Lehanneur… ou dernièrement Nicolas Verschaeve.
Le projet architectural du site verrier de Meisenthal est l’œuvre de l’agence new-yorkaise SO-IL (Florian Idenburg, Jing Liu, Ilias Papageorgiou) associée à l’agence parisienne FREAKS architecture (Yves Pasquet, Cyril Gauthier, Guillaume Aubry). Le projet de réhabilitation de 2018 à 2022 a été géré par la Communauté des Communes du Pays de Bitche. L’agence Designers Unit (Paris) signe la muséographie-scénographie du Musée du Verre. Les V8 Designers associés à Fred Rieffel ont pensé divers aménagements intérieurs et le mobilier du site. Charte graphique et signalétique sont réalisées par Stéphane Riedinger. Cette rénovation-création n’aurait pas pu avoir lieu sans le soutien de la Fondation Bettencourt Schueller.
Face à la pénurie de matériels pour les soignants, les designers et communautés de makers se mobilisent pour partager leurs fichiers, organiser des productions locales d’appoint, voire déclencher des reconversions de production. Et de jour en jour, l’organisation s’améliore, et les initiatives pour centraliser ces données, faire le lien entre l’offre et la demande se multiplient.
Parmi les pénuries auxquelles font face les hôpitaux et dans son ensemble le secteur de la santé, les besoins recensés portent notamment sur les gants jetables, masques, combinaisons jetables, sur-chaussures jetables, visières de protection. Que ce soit par des proches, des connaissances ou des besoins locaux, les designers et makers ont tout de suite été sollicités par les soignants pour des productions locales.
Partage de fichiers impression 3D
Dès le 2e jour du confinement, le Tchèque Joseph Prusa publiait tout de suite sur les réseaux sociaux un fichier pour une impression de visière en 3D : améliorée au fil des reprises, aujourd’hui circule la version 17 de ce modèle. Très vite les communautés de design s’impliquent de tous côtés pour que, partout en France, ceux qui possèdent des imprimantes 3D, produisent et livrent des lots aux établissements de santé, et aux personnels soignants en libéral, aux Ephad. Et les réseaux sociaux accélèrent le mouvement : les makers 3D s’organisent au sein des groupes Facebook Visières Solidaires.
4000 makers 3D ont aussi rejoint le site de mise en relation de la YouTubeuse Heliox . Des plateformes sont créées pour mettre en contact les appels à matériels et les concepteurs. Le site www.covid3d.fr met ainsi en relation des professionnels au contact du public et des bénévoles ( “j’ai besoin de matériel de protection”/ “je veux fabriquer du matériel de protection”/ “je veux offrir des matières premières”).
De son côté, une plateforme de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (APHP) transmet aux professionnels via la plateforme Covid3D.org les besoins urgents , informe sur les groupes de travail, les études pour les solutions standards, les validations… Ainsi, la salle capitulaire de l’Abbaye de Port-Royal vient d’accueillir 60 imprimantes Stratasys, installée avec Bone3D, CADVision et les équipes de l’hôpital Cochin. Ce parc de machines 3D professionnelles va pouvoir répondre à une production gros volume à la demande.
L’objectif est de mettre en place des chaînes de production organisées grâce aux moyens recensés, tout en procédant éventuellement à des adaptations pointées par un “bureau d’études d’urgence” mis en place. Comme ils le précisent, “nous avons à disposition des installations de 3500m² en Île-de-France et nous avons également la chance d’avoir des bénévoles sur place pouvant assurer la réception des pièces, l’assemblage et la distribution des produits. »
On notera aussi l’initiative d’étudiants ingénieurs et jeunes diplômés de dernières promotions de Supméca qui ont monté la plateforme Iniative 3D. Ils se présentent comme “un réseau inédit de moyens de fabrication additive mobilisant des particuliers, des fablabs, des universités, des professionnels, des grands groupes industriels.”
Production industrielle
Parallèlement à ces productions de matériels, des recherches aussi sont en cours pour la fabrication de dispositif de respiration artificielle. Antoine Berr a ainsi travaillé avec des ingénieurs et des médecins pour concevoir le MUR ( Minimal Universal Respirator), et partage le fruit de ce travail sur un site régulièrement mis à jour. Autre exemple, Makers for life (un collectif nantais) travaille actuellement à la conception d’un appareil respiratoire open source industrialisable.
De toute part, les initiatives fleurissent, en appui à ces réseaux, il faut tenir compte des usines, des entreprises, qui reconvertissent leur activité : ici, ce sont des ouvrières du textile qui viennent en appui à la production de masques ou des groupes de cosmétiques qui produisent du gel hydroalcoolique ; là, c’est une entreprise qui va suivre les initiatives d’un designer de son équipe, et reconvertir sa production pour fabriquer des visières de protection pour les soignants en impression 3D, en injection ou par découpe laser sur la base de fichiers partagés. Ainsi, le vivier de créateurs, de fabricants est là, pour le passage en production, les demandes de matériaux sont importantes, par exemple pour des visières depuis les feuilles plastiques d’intercalaires aux feuilles de PVC pour les productions industrielles.
Centraliser les informations pour mieux les partager
Pionnière parmi les makers, Mathilde Berchon a récemment créé son agence FuturFab, autour de l’exploration de la fabrication numérique, de l’économie circulaire et du mouvement maker. Sur les réseaux sociaux, elle constate très rapidement le foisonnement d’initiatives, mais aussi le manque de centralisation de l’information pour faire le lien entre des entreprises d’impression 3D, les acteurs de la santé, les designers et les makers. Elle met ainsi en place une liste ouverte, qui recense les entreprises, les initiatives en cours, les particuliers. Ouverte à tous, cette liste , complétée en permanence, est un outil précieux pour le partage d’informations, d’expériences (voir la liste ici). Elle vient habilement compléter toutes les démarches d’entraide actuelles.
Des exemples de fichiers mis en partage
L’agence de design Millimètres met à disposition une monture de visière particulièrement économe en plastique : cela réduit fortement le temps d’impression. Par ailleurs, ce modèle s’imprime par empilement, cela veut dire que sur la surface du plateau d’impression il est possible d’imprimer plusieurs dizaine d’exemplaire en une seule fois et de ce fait de lancer des impression en petites séries (retrouvez les éléments et une vidéo ici).
MUT Design est chargé de la conception de la « Das Haus 2020 » de l’IMM. Une occasion pour le fer de lance de la « new wave » du design espagnol de présenter sa vision de la maison du futur.
Après la Tchèque Lucie Koldova en 2018 et le duo australien Truly Truly en 2019, c’est au tour d’un trio d’exposer sa créativité dans le Hall 3. MUT Design, fort de ses productions à succès comme le Nautica ou les Twins Armchair, accepte volontiers le challenge. Les fondateurs du studio, Alberto Sánchez et Eduardo Villalón, rejoints ensuite par la designer hollandaise Alika Pola Knabe, veillent à traduire leurs émotions dans la scénographie de leurs créations design.La « Das Haus » sera une maison idéale, et non véritable. Inspirée par leurs passés et leurs vies dans la région de Valence, leur production s’ancrera dans l’architecture des maisons traditionnelles méditerranéennes. Car ils considèrent que le quotidien dans son ensemble doit être la source d’inspiration primaire d’un designer.
Le studio espagnol brise la notion d’intérieur et d’extérieur
Les Espagnols chérissent un mode de vie « a la fresca ». Toute occasion est bonne pour manger, dormir ou rencontrer en dehors des murs de la maison. Ainsi, l’espace extérieur devient une extension de l’espace intérieur.
Le trio valencien pousse l’idée plus loin en supprimant la dualité intérieur-extérieur. Exit la structure classique. Les murs tombent, laissant apparaître les quatre pièces de leur projet, baignées de la lumière naturelle du soleil, et cloisonnant le patio au centre de la maison.
Puis il chamboule les présupposés. Les salles de socialisation deviennent intimes et inversement. Ainsi, la cuisine et la salle à manger propices aux échange deviennent des zones de repos, où l’individualité prime. La salle de bains, et la chambre à coucher se transforment en zones de partage et de vie.
MUT Design casse les codes dans le but de créer la confusion. Le studio souhaite donner une autre utilisation des objets afin d’inciter la réflexion des visiteurs sur l’usage de la maison. Ainsi, la salle de bains ne sera pas complétée par une baignoire ou une douche, comme à son habitude, mais par un hamac.
Une vitrine pour MUT Design
Rendez-vous incontournable de la scène du meuble européen, l’Imm de Cologne est l’occasion pour le studio de présenter son travail au plus grand nombre.
Les murs « encalados » de la maison, blanchis à la craie pour garder la fraîcheur et refléter la lumière comme en Espagne, accueilleront les deux produits qui ont révélé le studio au monde entier. La chaise suspendue Nautica et les Twins Armchair, chacune récompensée par le Red Dot Award, en 2014 et en 2017, trôneront dans deux des quatre salles de la « Das Haus ».
Le salon sera aussi l’occasion de dévoiler près de 10 nouveaux produits, estampillés MUT. Du mobilier créé spécifiquement pour la « Das Haus », qui aura un usage double, puisqu’il pourra être utilisé en intérieur et en extérieur.
À ces inédits se mêleront quelques produits accessoires issus du travail de jeunes designers étrangers.
Un studio qui se veut familial
Dérivé du catalan, MUT prend le sens de « Silence ! » en français et « Courage » en allemand, comme un mot d’ordre qui guide le trio. Devenu l’une des références du design européen, il assure un travail de qualité, fidèle à ses valeurs.
Près d’une décennie après sa création, le studio valencien est resté le même. Dès le début, Alberto Sánchez et Eduardo Villalón se sont entourés de quelques personnes de confiance, qui partagent leur vision créative.
Propulsé sur la scène internationale, le trio tient à maintenir son style de travail. Tout en visant des éditeurs et des clients d’un plus haut standing, il veut absolument continuer à se focaliser sur le plus important : l’ADN de leur design, à savoir un travail sur les matériaux naturels comme le verre soufflé, le bambou ou la céramique.