Collection

Le designer français Emmanuel Gallina signe la première collection de la jeune marque de mobilier en fibre de carbone, Belull.
C'est une aventure qui débute la tête dans les nuages. « Tout a commencé lors d'un vol Bordeaux-Milan, où j'ai rencontré par hasard Stéphane Lull, le PDG d'Epsilon composite, une entreprise du Médoc spécialisée dans les tubes en fibre de carbone. » Une conversation, un échange de contact et bien des années plus tard, une proposition. « Bénédicte Lull m'a recontacté avec le projet de créer une marque de mobilier à partir de tubes en carbone ne répondant pas aux critères requis par l'industrie. Cette idée de concevoir du mobilier en s'appuyant sur le savoir-faire de l'entreprise et en valorisant des morceaux inutilisés m'a plu et j'ai dit oui ! » Entamée en 2021, cette collaboration est à l’origine de 27 pièces diversifiées, de l’étagère au miroir en passant par le banc. Un corpus à l’apparence « technique mais néanmoins chaleureux ».

Une initiation
Véritable découverte pour le designer, le matériau est rapidement soumis à toutes sortes d'expérimentations. « Contrairement au tube en aluminium ou en acier auxquels elle peut s'apparenter, la fibre de carbone, à la fois légère et très résistante, est beaucoup moins rigide que le métal. Il a donc fallu bien maîtriser l’élasticité des tubes et des plats, puis chercher comment rigidifier les structures, avant de continuer. » Une étape de développement étalée sur plusieurs mois en amont desquels plusieurs typologies d'objets avaient été identifiées. « À ce moment-là, nous avions aussi la contrainte de réaliser des choses simples, car Bellul n'avait pas encore d'espaces de fabrication. Il a donc fallu s'organiser avec des ateliers extérieurs » raconte Emmanuel Gallina.

La fibre de carbone, mais pas seulement
« L'une des particularités du tube de carbone, c'est le tressage de la fibre, assez lisible en surface. » Un rendu « froid et technique » que le designer a associé à d'autres matériaux nobles comme le bois (chêne naturel et noyer) ou le marbre de Carrare. « Nous aurions pu le laisser brut, mais j'ai souhaité éviter l'approche monomatière car cela ne correspondait pas au marché de l'habitat. Il fallait donc amener de la chaleur avec un contraste qui ne soit ni froid ni agressif, mais qui puisse s'intégrer naturellement et de manière fluide avec le carbone. » Une manière de créer par ailleurs une dualité entre la zone structurelle, c'est-à-dire le piètement, et la partie décorative qu'est le plateau. Une jolie collaboration qui rime avec valorisation.


Intitulée Trama, la première collection de mobilier imaginée par le duo d’architectes d’intérieur et designers Haddou/Dufourcq a été réalisée en collaboration avec Monde Singulier. Une collection monochrome, composée de sept pièces aux lignes bien précises.
C’est au sein d’une scénographie à la manière d’une pièce de théâtre que le duo Haddou/Dufourcq formé par Kim Haddou et Florent Dufourcq, présentait sa première collection de mobilier. Baptisée Trama, cette collection de 7 pièces - un fauteuil, un chandelier, une table basse, un paravant, un miroir, une applique et un lampadaire -, tout en bois laqué, est à l’image de l’univers du duo. Pensée pour habiter nos intérieurs, elle se dévoile dans des tons entre le beige clair et le crème, cette palette de couleur monochrome se retrouve justement dans les différents projets d’architecture d’intérieur du duo. « On voulait créer une sorte d’harmonie entre toutes les pièces en proposant un coloris uniforme commun à toutes les pièces » raconte le duo.

Une collection aux lignes graphiques
Habitués à dessiner des pièces pour des projets précis, Kim Haddou et Florent Dufourcq, qui ont fondé leur studio en 2015, voulaient aller plus loin en proposant une collection pour laquelle ils n’auraient pas de contraintes. « On a voulu proposer des pièces aux lignes très géométriques, en jouant sur l’aspect graphique et en provoquant des jeux d’ombres intéressants. » Une collection qui joue ainsi sur l’aspect minimaliste et la sobriété pour des pièces qui laissent un sentiment d’intemporalité.

La galerie kreo accueille jusqu'au 5 avril la collection Jello du designer italien Marco Campardo. Un ensemble d'une dizaine de pièces caractérisées par leur procédé de fabrication dévié d'un moulage en carton.
C'est une petite collection d'aspect très ludique, mais qui a été imaginée avec le plus grand sérieux. Nommé Jello, cet ensemble géométrique en fibre de verre et résine évoque en premier lieu les pièces d'un jeu de construction. Une impression renforcée par l'épaisseur des volumes et le travail de la couleur dont l'esthétique en apparence assez naïve, dissimule une démarche expérimentale focalisée sur la méthode et l'exploration des matériaux. Un axe que l'on retrouvait déjà dans les précédents travaux de cet ancien graphiste, la collection Sugar Shapes réalisée en sucre, George en feuilles de bois compactées, ou encore la chaise Elle en équerres métalliques.

Une démarche prospective
« Selon moi, un objet ne naît pas d'un dessin. C'est le processus qui dirige mon travail et le résultat » résume le designer. Invité à réfléchir à la conception rudimentaire et économique d'une cinquantaine de tabourets pour le MACRO, le musée d'art contemporain de Rome, Marco Campardo a imaginé un processus permettant de créer des objets en série tout en conservant leur unicité. Un paradoxe mit à exécution grâce à l'utilisation de moules en carton. Un matériau préalablement plié puis légèrement déformé par la résine polyester qui y a été versée, induisant quelques imperfections. Supposé être l'instrument de la rigueur formelle, le moule est ainsi mis au centre d'un questionnement sur la variation et les aléas dus au médium. Une démarche éminemment prospective et artisanale, sans doute influencée par la profession de son père, menuisier.

Un renouveau initié par la galerie kreo
Dévoilée en 2022, la collection Jello est alors techniquement limitée à de petites pièces de moins d'un mètre. C'est un an plus tard, suite à la rencontre entre Marco Campardo et la galerie parisienne qui souhaite élargir le champ créatif, qu'une nouvelle approche se met en place. Mis en relation avec une entreprise française spécialisée dans le rotomoulage (procédé de fabrication par rotation du moule), Marco Campardo est encouragé à créer des pièces plus imposantes. Naissent de nouvelles typologies parmi lesquelles un bureau, un banc ou encore une console. Poussé à renouer avec le principe de série qui l'avait amené à son questionnement, le designer conçoit chaque pièce en 8 exemplaires dans autant de coloris, tous teintés dans la masse. Une approche répétitive qui a nécessité de revenir à un mode de fabrication plus conventionnel avec des moules classiques, néanmoins texturés, et un assemblage puis un vernissage post-fabrication. Une manière de donner à ce manifeste créatif aux lignes radicales, la forme d'une véritable collection visible à la galerie kreo.


Le designer Edgar Jayet propose Unheimlichkeit, une nouvelle collection plus complète que ses précédentes et pensée comme un hommage au siècle des Lumières.
Voici une collection aux origines aussi diverses qu'à l'inspiration hors du temps. Hommage aux métiers d'art du XVIIIe siècle ainsi qu'au tissage vénitien, Unheimlichkeit est une collection contemporaine construite sur l'héritage du passé. Une dualité porteuse d'un concept et « d'un supplément d'âme » évoqué dans le nom même de la collection : Unheimlichkeit. Un mot concept inventé par Freud et traduit il y a plus de trois siècles par la reine Marie Bonaparte comme une « inquiétante étrangeté ». Une évocation aussi floue que intrigante réhabilitée par le designer, Edgar Jayet, dans cet ensemble de sept modules.

Une association de techniques et de connaissances
Derrière son nom allemand, Unheimlichkeit est le fruit d'une rencontre transalpine. Inspiré par l'Hôtel Nissim de Camondo et sa vaste collection de pièces du XVIIIe siècle, Edgar Jayet avait depuis quelque temps l'idée de conjuguer son goût pour le mobilier d'antan et la création contemporaine. Une envie « de prolonger l'histoire » concrétisée en 2022 lorsqu'il rencontre à Venise où il séjourne fréquemment, la designer textile Chiarastella Cattana. Débute alors une collaboration faite de savoir-faire croisés où le travail de l'ébénisterie historique rencontre celui du tissage. Un projet nouveau pour le designer qui mêle ainsi « la structure d'un meuble typiquement français du XVIIIe siècle réalisée avec des pièces en fuseau (modules de forme pyramidale) reliées entre elles par des dès d'assemblages (petits cubes situés aux intersections du meuble), et un travail de passementerie issu d'un tissage italien originellement utilisé pour les lits de camp et nommé branda. » Une association esthétique mais également technique. « Avec la réutilisation de cette structure constituée de modules développés au XVIIIe siècle, nous pouvons facilement ajuster nos pièces en fonction des besoins de nos clients. » Un atout renforcé par l'absence de contrainte structurelle de l'assise, uniquement maintenue par deux cordons de passementerie. Une finesse grâce à laquelle « la toile semble flotter sur le cadre comme par magie, dégageant ainsi cette notion d'inquiétante étrangeté » résume le créateur.

Travailler le présent pour ne pas oublier le passé
« Concevoir des collections contemporaines en y incorporant les techniques du passé est presque un exercice de style auquel je m'astreins pour faire perdurer ces savoir-faire, explique Edgar Jayet. C'est la raison pour laquelle on retrouve la passementerie dans plusieurs de mes créations. » Convaincu par l'importance de rassembler les époques, le designer précise avant tout travailler l'épure de chaque projet. « Unheimlichkeit montre qu'il est possible de faire du contemporain avec les techniques anciennes. Mais cela passe par la nécessaire obligation de faire fit de l'ornementation car c'est elle qui vieillit dans un projet, pas la structure. Ce décor servait autrefois à transmettre des messages ou des idées. Au XIXe siècle son utilisation surabondante et en toute direction menant à l'éclectisme signe véritablement sa fin et conduit progressivement vers le XXe siècle et sa maxime : form follows function. » Une lignée dans laquelle le designer s'inscrit. « A l'agence, nous essayons de récupérer l'essence même du mobilier en le dégageant au maximum de l'ornementation contextuelle et souvent anachronique. De cette façon, nous pouvons restituer des pièces de notre temps, mais semblant malgré tout flotter entre les époques. » Une démarche engagée dans les dernières collections d'Edgar Jayet où se retrouvent des typologies de meubles aujourd'hui disparues. On note par exemple le paravent d'un mètre de haut présenté à la galerie Sofia Zevi à Milan en 2023, mais également le siège d'angle. « Finalement, je crois que la permanence du style passe par le travail de la main. C'est elle qui apporte le supplément d'âme, le Unheimlichkeit théorisé par Freud, mais c'est également par son biais que les techniques refont vivre les époques passées » conclut-il.


Roche Bobois présente Elanta, sa dernière collection simple et élégante dessinée par le designer Patrick Norguet.
Pour sa nouvelle collaboration saisonnière, la marque de mobilier française Roche Bobois a convié Patrick Norguet. Une association nouvelle entre ces deux noms du design, mais également l'une des premières entre une marque française et le designer. Rassemblés autour de la notion du « design à vivre », les deux parties ont travaillé main dans la main à l'élaboration d'une collection composée d'une douzaine de pièces. Contemporaine sur le plan visuel, celle-ci propose une approche somme toute assez traditionnelle de l'ébénisterie, bien que rehaussée de subtils détails artisanaux.

Une demande sommaire
L'histoire de cette collection commence il y a deux ans. Une soirée, une rencontre et très rapidement la collaboration est initiée. « Travailler avec Roche Bobois a été un exercice assez délicat car la marque propose une offre de produit particulièrement large et le brief initial était lui aussi très vaste, à savoir s'inscrire dans ce que la marque appelait autrefois "les classiques". C'est-à-dire une gamme avec des matériaux primaires comme le bois et un process simple » explique Patrick Norguet. Débute alors un échange avec l'équipe de Roche Bobois pour en intégrer l'écosystème. « J'ai besoin dans chaque projet de saisir le processus, le mode de fabrication, les besoins de la clientèle et ceux de la marque, pour la comprendre et à partir de là, proposer les premières esquisses. » Un travail sensible et caractéristique du designer qui travaille dans un second temps sur des prototypes à partir desquels les lignes sont ajustées et les proportions adaptées. Un procédé duquel s'est dégagé assez rapidement l'évidence d'une collection manufacturée en bois loin de toute sophistication inutile.

Un design très construit, mais passe-partout
« C'est une collection qui n'est pas très dessinée, mais largement identifiable et surtout équilibrée » analyse Patrick Norguet, dont le travail s'est basé sur la recherche de l'épure. D'apparence commune vue de loin, mais complexe de près, la table est à l'image de la collection : architecturée. Travaillée de manière à la fois classique avec des systèmes d'ébénisterie comme les tenons et mortaises, et à la fois très contemporaine grâce à une technique d'usinage cinq axes, Elanta est riche de détails. De la bague métallique qui sertit finement les accoudoirs des bridges en passant par le passepoil ton sur ton des tables en chêne, la collection se veut « simple et élégante ». Une double notion qu'il avoue galvaudée car éminemment culturelle, mais néanmoins dictée par l'équilibre des assemblages et la justesse des formes. « Mon travail n'est pas avant-gardiste ni rétro ni hors du temps. Il y a une forme de néoclassique. C'est une collection qui n'est pas prétentieuse et s'adapte à tous les environnements, que ce soit un intérieur bourgeois du 7e arrondissement ou quelque chose de très contemporain tout en béton brut » conclut le designer.

À l'occasion de sa nouvelle collection pour Monoprix en vente le 22 octobre, Axel Chay nous parle de son lien au design par le prisme de sa collaboration.
Seconde collaboration avec Monoprix, cette collection dessinée par Axel Chay arrive chez le distributeur ce mardi 22 octobre. D'abord éditée dans une version colorée et pop en février, cette réédition automnale entièrement chromée livre un nouvel aperçu du designer marseillais. Rencontré en juillet dans son appartement atelier où se répondent prototypes en courbe et mobilier Memphis, il nous avait parlé de ses inspirations et de son rapport au « beau ». Entretien avec ce créateur jovial tombé dans le design, quand il n'était pas si jeune.

Après Folies, vous présentez une nouvelle collection qui est la deuxième réalisée avec l'enseigne Monoprix. Pourquoi avoir accepté de renouveler l'opération ?
La première fois, j'avais accepté car c'est Monoprix et donc il y a toute une histoire avec Prisunic et une légitimé à faire du meuble et de la décoration. Ce n'était pas n'importe quelle marque de grande distribution. Il se trouve que la collection avait très bien fonctionné et renouveler l'opération était donc une belle opportunité et un super défi. C'était l'occasion de pousser de nouvelles portes que ce soit avec de nouveaux matériaux ou de nouvelles formes que l'on ne travaille pas en temps normal, car le coût de développement est énorme pour nous.
Mais justement, comment conjugue-t-on son design personnel qui a un coût relativement élevé et une fabrication artisanale, avec l'esprit de Monoprix, c'est-à- dire l'idée du design pour tous ?
Pour Monoprix, il a fallu penser l'objet en contrainte de coût, c'est-à-dire faire une pièce qui ne coûte pas cher à produire. Il y a donc de nouveaux paramètres qui se sont imposés comme le pays de fabrication, le nombre de pièces, ou encore la complexité. Mais le design pour tous, ça se traduit aussi visuellement. Donc l'esprit Monoprix, qu'il soit financier ou esthétique, m'a amené vers quelque chose de simple et d'intemporel.

Cette collection conjugue des courbes très contemporaines à la mode et une allure rétro presque 60-70's. C'est ça l'intemporalité, la navigation entre les époques ?
La collection d'octobre n'est pas inspirée d'une époque particulière, mais elle provient de ma culture design assez tardive. Mes parents n'avaient que du contemporain en décoration et je n'ai pas fait d'école d'art mais une école de commerce. C'est en sortant de mon master que je me suis intéressé au design moderne grâce à ma femme Mélissa qui chinait et mon frère qui est un artiste touche-à-tout avec qui je travaille aujourd'hui. Et j'ai découvert des choses géniales dans chaque décennie. Que ce soient les années 60 avec le développement de la courbe dans le design, l'esthétique 70's avec ce côté vieux James Bond ou encore les années 80 pour les créations notamment vestimentaires très affirmées. Ajoutez à cela l'Art cinétique ou Tom Wesselmann que j'adore... Bref, tout n'a pas été beau, mais tout est inspirant ! Donc mes créations sont surtout une digestion de ce qui a été fait avant. J'aime bien qu'une collection n'ait pas une allure trop ancrée dans son temps, mais qu'il y ait de petites ambiguïtés.
Et quoi de mieux que de changer le revêtement pour changer d'époque et de style. C'est finalement ce qui a été fait entre la collection de février et celle d'octobre ?
Oui effectivement. La première collection était très colorée ce qui a permis d'attirer l'œil et de la populariser en mettant les formes en valeur. Mais pour pouvoir rééditer les pièces, il fallait trouver quelque chose de différent. On est donc parti sur le chrome, car c'est à mes yeux quelque chose de « sexy » et c'est une valeur sûre.

Travailler le chrome, c'était aussi changer d'ambiance, passer d'une collection estivale à un ensemble plus hivernal, non ?
Je n'ai pas du tout pensé cette modification en termes de saisonnalité. Je n'intellectualise pas du tout la couleur, car ce n'est pas mon métier. Que ce soit pour Folies ou pour les nouveaux modèles, il s'agit surtout d'une question de goût et d'émotion. Pour la couleur, les formes sont très primaires, car la forme l'est. Il y a quelque chose qui tient presque du Memphis. Pour le chromé, il y a une forme de facilité encore plus grande, car le rendu est tout de suite très visuel et ça fonctionne avec tout, quel que soit l'objet. Quand j'étais jeune et que je n'avais pas encore de passion réelle pour le design, j'allais chez Emmaüs et je récupérais un buste sans valeur ou un vase inesthétique et avec une bombe de couleur ou chromé, je lui redonnais vie. J'avais ce besoin d'avoir un intérieur beau et scénographié qui sortait du lot. Aujourd'hui, ce n'est plus pareil car l'époque et mon travail ont changé, mais j'ai toujours ces besoins dans un coin de la tête.
Vous parlez de scénographie. Dans le cadre de vos collaborations avec Monoprix, le but était donc de concevoir un objet utile dans une scénographie faite pour recevoir ou bien penser l'objet pour qu'il soit scénique ?
Les deux. C'était important que l'objet soit assez fort pour créer son petit univers, qu'il existe par lui-même, mais il devait aussi créer une ambiance. C'est ce qui me plaît. J'aime aller au-delà de l’aspect décoratif pour essayer de faire quelque chose de beau qui fait plaisir. C'est ça le but de mon design et de cette collection finalement : faire plaisir.

Fondatrice de White Dirt, Dana Harel joue avec l'argile pour faire naître Artifacts, six créations aux allures cabossées et brutes.
Artifacts est peut-être son projet le plus brut. Pourtant, Dana Harel n'en est pas à ses débuts. Après avoir manipulé le papier, le laiton, le porcelaine ou le plâtre, c'est de nouveau sur la terre que se sont portées ses mains. Un matériau qu'elle connaît bien et qu'elle s'est appropriée jusque dans le nom de son studio fondé en 2020 : White Dirt. Une évocation de l'argile kaolin, fréquemment utilisé pour ses porcelaines.
Pour ce nouveau projet, réalisé en collaboration avec valerie_objects, Dana Harel a réalisé deux vases, trois carafes et une tasse. Un trio visuellement très fort et conforme au style primitif et terreux de la designeuse. Comme dans plusieurs autres de ses travaux, elle s'est notamment appuyée sur « des fragments qui traînaient dans l'atelier » et les a utilisés « pour concevoir diverses formes. » Une liaison entre passé et présent traduite par l'apparence mi-antique, mi-moderniste de la collection.

Le temps comme inspiration
« J'ai grandi à Tel-Aviv, une ville ou se juxtaposent de vieilles ruines et de l'architecture Bauhaus qui était populaire dans les années 1920 » explique la créatrice. Une ambiguïté qui a sans doute influencé son style et l'écriture esthétique de son studio. À cheval sur les époques, Dana Harel qui habite à San-Francisco depuis près de trente ans, voue une certaine admiration aux sculptures anciennes érodées et porteuses des stigmates du temps. Une dualité stylistique et temporelle qui a notamment influencé la forme facettée de ses objets. Un univers radicalement opposé à toute forme de rigueur, d'où se dégage une certaine imperfection volontaire. « Je fais ma propre archéologie » conclut l'artiste donc chaque collection est grandement inspirée du temps qui passe.


A la VitraHaus, Sabine Marcelis réinterprète la chaise Panton Classic et le tabouret Visiona de Verner Panton en leur attribuant de nouveaux revêtements. Une recherche colorimétrique qui place le design au cœur de la réflexion.
Tout est parti d'une passion née dans les allées des collections Vitra. Une attirance particulière pour deux assises du designer danois Verner Panton : la chaise Panton Classic sortie en 1959 et le tabouret Visiona en 1970. Deux icônes modernes qui ont fait naître un projet tourné vers la couleur dans l'esprit de Sabine Marcelis. Une notion qui lui est chère, elle qui avait déjà collaboré avec l'établissement en 2022 pour mettre au point la collection « Colour Rush ! » dont le principe était de classer les objets en fonction de leur colorimétrie. Pour cette nouvelle aventure qui prend fin le 12 juin avec la commercialisation des produits, la designer néerlandaise propose en quelque sorte le processus inverse : diversifier un objet en lui attribuant de nouvelles teintes exclusives.

L'enjeu de la forme et le jeu de la couleur
Des teintes pastel et des couleurs profondes, des cuirs et des laines. Nommée Sabine Marcelis Edition 2024, cette nouvelle collection, éditée par Vitra, propose quatorze finitions différentes – sept pour la chaise et sept pour le tabouret -. « Les couleurs utilisées dans le VitraHaus Loft sont mes préférées », explique Sabine Marcelis. « J’aime ces couleurs et je ne m’en lasse jamais, ce qui les rend intemporelles pour moi. Je pense que cette attitude est importante pour quiconque crée son propre intérieur. » Une vision que la créatrice a appliquée en adaptant les différentes teintes aux éléments de mobilier du showroom et aux œuvres d'art omniprésentes. Les tables, les lampes ou encore les tapis se répondent joyeusement dans de petites mises en scène aux allures de cocons familiaux, reflétant l'importance des choix chromatiques. A la fois pour mettre l'accent sur la structure de l'objet bien entendu, mais surtout pour témoigner d'une époque et d'un style.

Pour Christian Grosen, directeur du design chez Vitra, « Le design est un reflet intéressant des temps modernes - ses couleurs changent la perception de la chaise - et nous la fait voir d'une nouvelle manière » Une notion que Sabine Marcelis s'approprie ici en déclinant un célèbre modèle. En résulte des éléments aux allures très contemporaines, issus pourtant du design moderne. Une façon pour cette passionnée de la couleur, d'en montrer les pouvoirs.

Jean-Michel Wilmotte présente Quadratube en collaboration avec Sammode. Une collection contemporaine qui revisite les lampes tubulaires de la marque.
« Pourquoi ne feriez-vous pas un tube carré ? ». Dans la vie courante, certaines questions ne se posent pas, mais dans le design, c'est une autre histoire. Et d'histoire, il en est un petit peu question, lorsque Jean-Michel Wilmotte interroge Emmanuel Gagnez PDG de Sammode. Car dans la tête de l'architecte designer, une ampoule vient de s'allumer. Enfin, disons plutôt un luminaire, et pas des moindres : le modèle tubulaire sorti en 1967. Animé par l'ambition de mélanger les formes et de redonner une seconde jeunesse à cette invention, le créateur à qui l'on doit plus de 150 luminaires, a travaillé trois ans sur ce projet. Une longue recherche dont les résultats ont été présentés par Sammode, sous le nom de « Quadratube ».

À l'origine du nom, un problème insoluble
Par son appellation, la collection est une référence à l'impossible problème mathématique antique de la quadrature du cercle – qui consiste à construire un carré de même aire qu'un disque simplement à l'aide d'une règle et d'un compas -. Un clin d'œil que Jean-Michel Wilmotte adresse à l'Histoire, lui qui a en quelque sorte réussi le défi par le biais du design. Mais par ce projet, le concepteur avait surtout pour ambition de « réinterpréter un concept en se situant à la fois dans la continuité du modèle historique, et dans la rupture ». Une façon de redonner une nouvelle âme au produit tout en conservant la qualité d'éclairage initiale.

Du temps pour trouver un juste-milieu
« Il fallait évoluer, sans tout chambouler. C'est pourquoi nous avons conservé la forme en longueur, mais au lieu d'un tube obturé, nous l'avons ouvert avec simplement deux étriers qui l'enserrent. » analyse Jean-Michel Wilmotte. Une « petite architecture » qui évoque ses grandes sœurs par son volume et son système de suspension, mais qui puise dans ses matériaux une grande source de renouveau. Là où les anciennes versions faisaient la part belle au verre et à la transparence presque totale, les versions 2024 mettent en valeur la structure interne de la lampe. Associés par de minutieux jeux des découpes, l'acier laqué, l'aluminium et le verre jouent avec la lumière, la contraigne et la géométrise. Que ce soit par les microperforations des grilles qui rythment les suspensions P1 et P2, ou l'aspect plus formel et statique des séries d'appliques S et L, le métal offre une nouvelle âme à l'objet. C'est cette nouvelle sophistication de la lumière faite de points et de lignes de diffusion, qui contribue à renouveler ces luminaires dont la forme allongée est connue depuis presque 60 ans.

L'identité Sammode et le renouveau Wilmotte
Malgré trois typologies de luminaires et 18 déclinaisons possibles, « tous les éléments structurels originels demeurent », précise Emmanuel Gagnez. « Avec Quadratube, Jean-Michel Wilmotte réussit l’exploit de conserver l’identité de Sammode, tout en proposant un luminaire entièrement nouveau. » Reconnu pour l'éclectisme de sa production et ses nombreuses collaborations avec des éditeurs d'horizons différents, le designer et architecte prouve, à la lumière de ces créations, que transformer un cylindre en parallélépipède, ce n'est peut-être pas... la quadrature du cercle.
Ci-dessous : Quadratube W1 Black & Quadratube W2 Champagne

La marque de mobilier français Philippe Hurel a dévoilé « Angle de vue » lors de le Design Week de Milan. Une collection entièrement repensée par le designer Tristan Auer.
C'est dans une mise en scène haut en couleur que la marque de mobilier, Philippe Hurel, a décidé d'implanter sa dernière collection, Angle de vue, lors de la Design Week de Milan. Pour marquer sa première participation à cette grand-messe du design, la marque française a présenté douze pièces. Initialement dessinées par Philippe Hurel, toutes sont le fruit d'une réinterprétation de Tristan Auer. Le designer à qui les clés de la création ont été confiées, offre un panel de pièces éclectiques réparties en quatre saynètes colorées. Rouge,orange, jaune et vert, chaque décor semble avoir été pensé comme des photographies surnaturelles et décalées. De quoi offrir un« Angle de vue » en marge de l'habituel et de la sobriété.

Une collection hétéroclite
Du bronze, du bois, des laques, des cuirs et des textiles en tout genre signés Dedar. Si la collection imaginée par Tristan Auer ne semble pas avoir de ligne directrice de ce côté-là, elle incarne cependant l'esthétique initiale de Philippe Hurel. Des lignes relativement épaisse, des formes bourgeoises et une qualité d'exécution qui se ressent à l'œil.Portée par l'ambition de constituer un ensemble « versatile et intemporel », cette collection paraît surtout dessinée pour laisser son empreinte dans les intérieurs. Une impression due à la générosité et à la rondeur omniprésente dans les volumes, mais aussi aux choix colorimétriques des pièces qui entrent en résonance avec les couleurs des espaces. En résulte quatre camaïeux dont la composition semble figée dans le temps. Ici, la conjugaison des lignes droites et courbes se répond silencieusement tandis que les matériaux, généralement laqués et source de reflets, réveillent une certaine dissonance.
Pour agrémenter ces scénographies, Tristan Auer à incorporé des œuvres de l'artiste contemporain Bastian Ogel. Avec une peinture fantaisiste et des formes torturées, l'artiste intègre un travail pictural dans des espaces très mis en scène. Une sorte de mise en abyme de ces deux arts ayant pour ligne commune, l'importance de la forme et de la couleur.

La marque parisienne Dyptique dévoile une nouvelle collection d'objets pour ramener un petit peu d'extérieur dans nos intérieurs.
Pour sa dernière collection, Diptyque semble avoir fait un pas de côté, si ne sont plusieurs, pour s'égarer volontairement en pleine nature. Tournée vers le nomadisme, Summer Decoration invite à prendre le temps de se reconnecter avec l'extérieur. Par une petite collection d'objets délicats un temps délaissés, la marque réinstaure une forme de lien entre l'homme et son environnement.

Conserver l'éphémère à domicile
Que ce soit pour s'installer et prendre le temps en pleine nature, ou ramener un morceau d'éphémère chez soi, Summer Decoration en offre l'occasion. Le soliflore en verre entouré d'un étui en cuir réalisé en collaboration avec Coco Brun est l'ami utile pour transporter la trouvaille d'un jour, en attendant que celle-ci rejoigne l'un des vases Médicis. Réalisés artisanalement en cire bleue, la couleur fil rouge de la collection, ces modèles sont inspirés des vases antiques. Et si immortaliser ce qui ne l'est pas vous tente, Diptyque propose un presse fleurs, un accessoire du passé qui revit aujourd'hui pour permettre aux fleurs d’exister encore longtemps.

Mettre en lumière les moments qui comptent
Spécialisée dans l'univers de la bougie et de ses senteurs, la collection propose bien sûr deux photophores et une lanterne. Ces premiers en verre côtes plates soufflés dans un atelier verrier français sont disponibles en deux tailles. Réinterprétés par le studio Jean-Marc Gady, ils sont un hommage au fondateur de la maison qui collectionnait les bocaux. À ces objets faits pour éclairer la nuit, s'ajoute le couvercle pyramide qui garantit une bonne conservation des bougies et de leurs parfums entre deux combustions.

Éclairé par le soleil estival ou à la lueur d'une bougie, la collection bohème au design bourgeois dessine le retour de la poésie florale au cœur de notre été.

Tour d'horizon des six nouveaux produits de la marque B&B Italia présentés lors du Salone Del Mobile de Milan.
Constituée de trois assises et trois tables, la collection de B&B Italia est partagée entre renouveau formel et continuité. Le directeur artistique de la marque Piero Lissoni qui a dessiné la moitié des modèles, a également laissé libre cours à l'imagination d'autres créateurs italiens et japonais pour apporter un nouveau souffle. Une collaboration dont résulte un ensemble visuellement diversifié, dans lequel la finesse des tables s'oppose aux volumes des assises.

Piero Lissoni et l'amour de la ligne droite
Architecte de renommée internationale et designer pour plusieurs maisons italiennes, Piero Lissoni signe ici les tables Assiale et Isos et le canapé Dambodue. À l'image de ses créations passées, le designer met en avant son goût pour la linéarité et l'orthogonalité. Visuellement simples et directs, les trois modèles contemporains dans leurs formes jouent sur les volumes. Tandis que les tables aux profilés relativement minimalistes s'intègrent dans l'espace discrètement, le canapé vient quant à lui s'imposer comme un bloc monolithique. « C’est un canapé qui a beaucoup de présence, tout en étant silencieux, comme les choses élégantes doivent l’être » explique son créateur. Les lignes s'étirent, la hauteur reste et le résultat se fait sobre mais particulièrement visuel. Une impression évidente procurée par les tables aux plateaux optimisés. Et pour jouer sur cette impression, le modèle Assiale existe dans une version extensible de 3m34. Une idée trouvée « en pensant au pont qui s’ouvre dans le film Blues Brothers, lorsqu’ils effectuent une de leurs premières évasions, ce qui m’a beaucoup fasciné. Cette table est donc un pont parfait. »

Néanmoins, si le créateur, dont le goût de la ligne droite se retrouve jusque dans ses bâtiments, signe des éléments à son image, la courbe reste omniprésente. Que ce soit chez le petit dernier de la famille des Dambo - gamme de canapés de B&B Italia - ou pour Isos, elle se révèle en s'approchant de l'objet. Gage de confort pour le canapé dans lequel elles viennent se positionner comme au sein d'une boite, ou de recherche esthétique « pour créer une tension qui se crée entre les crayons-colonnes coupés à 35 degrés, et le plateau. », elles sont au cœur des éléments. Un enjeu visuel d'autant plus fort sur la table Isos, que ces pieds semblables à des crayons taillés et proposés en chêne ou en marbre (noir Marquinia ou blanc de Carrare) tranche radicalement avec la version en verre du plateau.

Une complémentarité organique offerte par d'autres designers
Pour venir compléter la collection, quatre designers ont conçu trois pièces en opposition formelle à celle de Piero Lissoni. Plus rondes, leurs présences dans l'intérieur apporte une douce sophistication à l'image des fauteuils Narinari et Omoi, très animales dans leurs allures. Le premier, que l'on doit au duo Tiziano Guardini et Luigi Ciuffreda, est certainement la pièce la plus complexe à l'œil. Son jeu de surfaces convexes et concaves qui rappelle celui d'un origami est inspiré « de l’aigle de mer, un animal aquatique libre de choisir son élément car il est également capable de voler. »Le deuxième, réalisé par Naoto Fukasawa, pioche son caractère dans l'alliance de la rondeur et des pointes pour « se procurer le charme d'une créature vivante ». Inspiré par le design scandinave des années 50 et complété par le style du designer, sa forme a été conçue pour favoriser l'échange plus que la relaxation. Pour compléter cet environnement, s'ajoute la flore avec la gamme de tables Allure O' Dot de Monica Armani. Semblables à de petits baobabs d'intérieur surmontés d'un graphisme central inspiré des années 60, « cette nouvelle version de tables de bistrot, de tables basses et de tables d’appoint », apporte un design frais et tendance. De quoi constituer une petite canopée de salon - disponible en noir, marron et beige - et compléter cette dernière collection riche de formes pour B&B Italia.

Les beaux jours se profilent et avec eux le retour des moments conviviaux passés en extérieur. C'est dans cette perspective que NV GALLERY lance sa nouvelle collection printemps-été 2024 baptisée The Reunion. Une appellation qui fait écho à la rencontre estivale entre nature et convivialité placées sous le signe du design.
Les journées qui s'allongent et le besoin de passer des instants entourés et marquants ont été les fils rouges de cette collection qui célébrer l'art de vivre au grand air. Fusions d'esthétiques variées, les trois gammes outdoor nommées AMALFI, FLORENTINO et BEXLEY, s'imposent comme des extensions paisibles et ensoleillées de la maison.

Une collection, trois gammes
Avec pour volonté initiale d'accorder au design une place centrale dans nos vies, et comme désir d'inscrire cette collection en résonance avec des extérieurs propices au bon temps, The Reunion est scindée en trois gammes. Un triptyque de mobiliers aux géométries bien différentes, mais pose à leurs manières, les bases d'instants conviviaux.
Parmi elles, BEXLEY est celle des trois qui évoque le plus directement la nature grâce à sa structure en bois. Laissé visuellement brut et doté d'une visserie apparente, le matériau à connotation durable vient soutenir un jeu de sangles de part et d'autre de l'assise. Il résulte de cet assemblage une composition aux intonations brutalistes mais contemporaines.

Plus éloignée, la gamme FLORENTINO joue de son côté une approche plus douce en misant sur des courbes qui donnent aux dossiers une impression d'enveloppe et aux assises un design accueillant. La finesse des pieds alliés au tressage de cordage, confère à l'ensemble une âme plus bourgeoise, mais qui demeure sobre de par l'utilisation d'une teinte grège passe-partout. Associées aux tables d'appoint en fibre de verre, les assises constituent un rappel délicat quant à la matérialité et à la diversité de l'environnement.

En opposition radicale aux deux gammes précédentes, AMALFI tire son épingle du jeu grâce à une esthétique beaucoup plus filaire et métallique qui lui confère un charme plus froid. Avec son design rétro, l'armature semble être le résultat d'un mélange des époques, du classique au moderne, mais composé avec une touche de soleil.

Retrouvez la collection The Reunion sur le site NV Gallery.

Avec pour ambition d’insuffler un nouvel élan à la popularité du designer Pierre Guariche, Cinna réédite 20 pièces emblématiques du créateur. L'occasion de découvrir ou redécouvrir un mobilier novateur et intelligent.
À l'aube des années 50, alors que la France est en pleine reconstruction, et durant une quarantaine d'années, le créateur français Pierre Guariche s'est illustré comme l'un des grands designers du XXème siècle. Faisant face aux défis de son époque, il crée de manière prolifique des pièces qui, 70 ans plus tard, demeurent attractives et fonctionnelles. Disparu en 1995, il est aujourd'hui remis sur le devant de la scène avec la réédition par Cinna de plusieurs de ses luminaires et assises originellement conçus entre 1952 et 1966.

Pierre Guariche et Cinna, des lignes parallèles
« Pierre Guariche chez Cinna, c’est une histoire de famille. Car ceux qui voient la forme que prendront les choses avec une génération d’avance ont des gènes communs » explique Michel Roset, directeur de Cinna. Valorisant le design d'avant-garde, il semblait naturel pour la maison d'édition d'inscrire le travail visionnaire du créateur dans sa gamme de mobilier. Du fait d'un contexte d'après-guerre rude à tous les égards, les conceptions plutôt économes mais élégantes et fonctionnelles du créateur, résonnent désormais avec les aspirations nécessaires de la société. Une perception en résonance avec la philosophie de Cinna : « Meubler pour durer, intelligemment, respectueusement, en restant beau ! »

Bien que la pluridisciplinarité de Pierre Guariche ait été un atout majeur de sa notoriété au milieu du siècle dernier, celle-ci connaît à l'aube du XXIème siècle un léger déclin. « Il est un peu tombé dans l’oubli, à tort » reconnaît Jean-Marc Villiers, président des éditions Pierre Guariche. « Il me tenait à cœur qu’on le (re)découvre dans une qualité de facture en ligne avec sa vision et son amour du détail. » Un projet que les deux institutions ont relevé ensemble. « Nous travaillons sur ce projet depuis plusieurs années pour que la réédition de ces pièces s’intègre véritablement et durablement dans les collections. » précise Michel Roset. Un projet qui s’inscrit dans la durée, puisque d’autres créations devraient être rééditées dans les prochaines années.

Le modernisme sous toutes ses formes
Ingénieur, designer, architecte d'intérieur, Pierre Guariche fut tout cela à la fois. Depuis son diplôme obtenu en 1949 à l'École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs jusqu'à ses projets à l'étranger, le créateur touche-à-tout s'est illustré dans divers domaines. Après s'être formé chez Marcel Gascoin, il ouvre sa propre agence en 1951 au sein de laquelle il dessine du mobilier et des luminaires. C’est ainsi que naquît la chaise Papyrus, qui ouvrit elle-même la voie au modèle Tonneau en 1953 puis, 10 ans plus tard, à une autre création remarquée : la chaise longue Vallée Blanche). À ces conceptions matérielles s'ajoutent rapidement les premiers projets d'architecture intérieure parmi lesquels la maison de la culture construite par Le Corbusier.

Mais ce sont les années 60 qui marquent un tournant avec l'usage de nouveaux matériaux. Ainsi, en 1966, il réalise le fauteuil Jupiter, petite révolution en polyuréthane expansé qu'il qualifie alors de « fauteuil de luxe par excellence ». En 1974, c'est le domaine tertiaire et public qui lui ouvre les bras avec des projets d'envergure tels que l’Athena-Port à Bandol avec l’architecte Jean Dubuisson et le tribunal de grande instance de Créteil. De là suivront des projets multiples et notamment dans le domaine de l'hôtellerie par-delà les frontières.
Une collection à retrouver dès aujourd’hui sur cinna.fr

.jpg)
Conçue pour le projet 7 Stars, la lampe Louise, dessinée par Jean-Marie Massaud, vient d'être dévoilée. En plus de sa lumière tamisée, cet objet à l'allure volontairement romantique, diffuse quelques mélodies connues. Une conception au design polyvalent.
Pensée comme une veilleuse à l'allure précieuse, Louise est l'invitée chic qui éclairera les moments de partages et d'échanges. "Dans sa petite robe plissée qui protège le vacillement délicat de la flamme, elle apporte une lumière chaleureuse sur votre chevet ou sur une table pour un dîner romantique en tête-à-tête" décrit son créateur, le designer Jean-Marie Massaud. Troisième lampe née de la série 7 STARS initiée par l'italien Alessandro Mendini, elle constitue l'une des étoiles de la collection qui tire son nom de la constellation grande ours. Dévoilés au fur et à mesure, les autres modèles seront révélés prochainement.
.jpg)
Le design déclare sa flamme en musique
Doté d'un mode bougie et d'un variateur d'intensité, la lampe propose une lumière vacillante pour renforcer l'intimité de certains moments ou évoquer les lueurs dansantes d'un feu. Mais à la lumière se mêle également la possibilité d'une ambiance musicale. Intégrée à son socle, une enceinte propose dix airs classiques, de Bizet à Chopin, ainsi que des mélodies plus festives comme « Happy Birthday » ou encore « Silent night ». Véritable boîte à musique, c'est une expérience polyvalente que la lampe Louise offre en diverses circonstances. En témoigne son socle sur lequel il est gravé : « La vie est une aventure faite de rencontres comme autant de lumières. ».

Une lampe qui prend soin de ses utilisateurs
Particulièrement attentive au bien-être de l'utilisateur, la marque RAMUN diffuse une lumière pensée pour préserver la santé des yeux. Classée ainsi au plus haut niveau de sécurité photobiologique, elle est également certifiée RoHs, une norme qui vise à limiter la présence de substances chimiques présentes dans les équipements électroniques. Des résultats significatifs de l'attention brillante portée tant au design qu'aux consommateurs.
.jpg)

Pour la collection printemps-été 2024, Roche Bobois s'est tourné vers le designer Christophe Delcourt, un habitué de la maison. De cette collaboration est née Palatine, un ensemble de créations à l'inspiration italienne où la matérialité et le confort s'inscrivent au cœur des éléments.
Des courbes élégantes et des matériaux particulièrement tactiles sont au centre des nouvelles créations conçues par le designer Christophe Delcourt. Pour cette collection, seules quatre pièces ont été dessinées ; d'un côté une table à manger et un buffet, et de l'autre un canapé et un fauteuil. Imaginés en même temps, les deux meubles et les deux assises sont visuellement très différents. Une volonté du designer qui souhaitait au travers de cette collection, offrir un univers accueillant et raffiné, teinté d'Italie. Une manière, selon Nicolas Roche, directeur des collections « de sortir de l'image très française véhiculée par Roche Bobois ». Focus sur la collection Palatine, un hommage non dissimulé à la capitale transalpine.

L'Italie, des plateaux jusqu'aux pieds
Traduction de l'attrait du designer pour l'Italie, la table et le buffet constituent l'alliance entre design international et matériaux locaux. Puisant son inspiration dans les richesses naturelles de ce pays, Christophe Delcourt a dessiné ces deux éléments à partir de matériaux propres à la région : le travertin et le noyer, tous deux travaillés sur place, à Urbino. « Pour designer la table, il nous est tout de suite apparu important que les matériaux ne soient pas simplement assemblés, mais qu'ils interagissent ensemble » détaille Nicolas Roche. Une volonté que le designer a exécutée par un savant jeu d'encastrement en courbes au niveau du piètement. « Dans cette zone, le bois se fond dans la pierre tandis que sur le plateau, la pierre se fond dans le bois » explique-t-il. Avec ses deux pieds centraux et massifs « évoquant une colonne fendue dont les contre-courbes rappellent l'allure des colonnes doriques », la table répond au buffet. Tandis que le fin plateau de bois de la première repose sur une solide assise en pierre, le fin plateau de pierre du deuxième repose quant à lui sur un élégant parallélépipède de bois. Une savante inversion renforcée par le dialogue entre minéralité et matière organique. Cette complémentarité visuelle et tactile met également en valeur les aspérités brutes de cette pierre claire, en opposition au plaquage chaleureux du bois teinté. Un contraste qui apporte force et caractère au meuble.

Des formes accueillantes, ni plates ni statiques
Strictement opposé à l'académisme des matériaux et à la finesse des assemblages, les assises de la collection Palatine, résonnent pourtant avec leurs homologues sur la question des aspérités. « Je ne voulais pas que le canapé et le fauteuil soient lisses, très stéréotypés. J'ai donc opté pour un tissu en volume formant des bouclettes » détaille Christophe Delcourt en comparant les aspérités du tissu ocre au travertin crème du buffet. Mais avant de choisir la matière, le designer a d'abord réfléchi à l'aspect formel des assises. « Dans l'ADN de la marque, il y a toujours eu le besoin de faire du mobilier accueillant, avec de la rondeur, du volume... ce que nous appelons le confort visuel dans notre jargon » s'amuse-t-il. « Et à mes yeux, ce qui symbolisait très directement le confort, c'est le coussin. L'idée était donc de reprendre cette forme et d'en assembler plusieurs. » Doté de trois places, les blocs aux allures de coussins géants provoquent une impression visuelle monobloc. Pourtant, chacun des éléments n'est rattaché à l'autre qu'à sa base grâce à un passepoil cerclant l'ensemble. Une faculté permise par une armature bois invisible et un système de sangles élastiques interne à la structure. Cette constitution faite de pièces détachées n'est pas sans rappeler le fameux Mah Jong. Une pièce vieille de plus d'un demi-siècle mais qui prédisait déjà un changement radical dans le positionnement des assises de salons. « Aujourd'hui, les canapés et les fauteuils ne sont plus contre des murs mais au milieu de la pièce » explique Christophe Delcourt, « il était donc important de penser le volume au dos du canapé. » C'est pourquoi le designer a appuyé la courbure arrière des assises pour conserver l'évocation de l'oreiller. Et pour dynamiser cet ensemble invitant à la détente, les accoudoirs ont été légèrement ouverts vers l'extérieur. Une manière de laisser la lumière pénétrer l'objet et le redécouper visuellement. « François Roche, le fondateur de la marque qui m'avait recruté à l'époque, disait qu'un meuble est semblable à une partition, il faut que ça bouge. C'est pourquoi, jouer sur la texture, la lumière, les volumes... sont des choses importantes dans chaque collection. »
