Architecture
Implanté dans le quartier de la gare de Nice, le centre ICONIC réalisé par l'architecte allemand Daniel Libeskin incarne la vision portée par la Compagnie de Phalsbourg. Une réalisation architecturale au parti-pris très fort mais correctement inscrite dans son environnement grâce aux questionnements esthétiques et à la philosophie sociologique.
S'il est une architecture impossible à louper à Nice, c'est désormais celle du centre ICONIC. Surnommé « le diamant » par les Niçois en raison de son architecture en verre toute en angles et tension, bâtiment de 20 000m² tient autant du manifeste architectural que de l’œuvre in-situ. Coincé entre la voie rapide et les voies de chemin de fer d'un côté, et les vieux édifices du quartier de Thiers de l’autre, la construction est un véritable espace de vie multidisciplinaire. Abritant une dizaine de magasins, un hôtel Hilton quatre étoiles de 105 chambres, des restaurants, la plus grande salle de sport du centre-ville de Nice, une salle de concert ou encore deux écoles, ICONIC insuffle une nouvelle dynamique servicielle, culturelle et commerciale à un quartier en retrait du centre-ville. Imaginé comme un trait d'union entre deux univers, la création à 120 millions d'euros de Daniel Libeskin – sa première réalisée en France – incarne la vision de la Compagnie de Phalsbourg, une foncière spécialisée dans l'immobilier commercial. Une architecture en lien avec son environnement, et fruit d'une stratégie de réhabilitation des centres périurbains passant par une approche design de la construction.
Une architecture en lien avec les éléments
« C'était un projet très contesté lors de son lancement en 2016. C'est aujourd'hui une architecture source de changement au sein du quartier, et vectrice d'une nouvelle qualité de vie selon les habitants » relate Karine Journo, directrice du studio créatif de la Compagnie de Phalsbourg. Il faut admettre qu'avec ses 35 mètres de hauteur, l'édifice tout en verre dénote quelque peu de l'architecture environnante. Situé en plein cœur d'un quartier délaissé, le bâtiment prend place dans un écosystème architectural et social diversifié. Accolé à la gare de style Louis XIII, construction emblématique de ce quartier plutôt populaire, le lieu a été dessiné pour « s'intégrer harmonieusement dans son environnement tout en y ajoutant une touche de modernité » selon Daniel Libeskin. Car ICONIC est surtout porteur, au-delà de sa forme, « des codes de la ville » analyse Karine Journo, arrivée sur le projet il y a deux ans pour prendre en charge les aménagements intérieurs. « Nous ne voulions pas être complètement déconnectés de l'univers dans lequel le bâtiment s'implante. Pour cette raison, l'ensemble de la construction s'inspire de la ville et de son atmosphère, mais de manière différente entre l'intérieur et l'extérieur. » Ainsi, les parois aux reflets bleutés, visibles de l'extérieur, ont été mises au point selon les teintes des fonds marins de la ville, cartographiés pour l'occasion. Légèrement irisés en journée, ces grands murs vitrés évoluent quotidiennement au gré de l'ensoleillement de sorte à animer le bâtiment dans lequel se reflète le ciel et la mer. Une conception très visuelle au rendu quasi-futuriste.
À l'inverse, « l'intérieur a été traité avec beaucoup de rondeur et des couleurs douces et claires dans les espaces communs ». Conjugués aux nombreuses essences méditerranéennes choisies par le fondateur de la Compagnie de Phalsbourg, Philippe Journo, les espaces de déambulation « proposent une approche différente de la ville, portée sur la douceur de vivre ». Une atmosphère que l'on retrouve également au sein du Hilton DoubleTree – une nouvelle gamme - dont les chambres ont été conçues avec Cécile Bleux, directrice de projet au sein du studio créatif de la Compagnie de Phalsbourg. « Nous avons souhaité penser cet hôtel non pas comme un hôtel de gare, mais sous forme d'un boutique-hôtel. Nous voulions créer un sentiment de confort de sorte à ce qu'ICONIC ne soit pas un simple lieu de passage, mais une vraie destination. Et c'est réussi puisque les touristes réservent cet hôtel pour plusieurs nuits » assure Karine Journo.
Un projet illustrateur d'une stratégie globale
Pensé par Daniel Libeskin comme un espace ayant pour vocation de devenir « naturellement un pôle d'attraction vibrant et dynamique » répondant « aux besoins des résidents, des travailleurs et des visiteurs », ICONIC est intrinsèquement lié à l'approche de la compagnie. « Lorsqu'elle a été créée en 1989, c'était avec une vision nouvelle : réinstaurer du beau dans les zones périurbaines. Comme de nombreuses banlieues notamment industrielles, souvent maltraitées avec des constructions semblables à des boîtes à chaussures, des quartiers ferroviaires comme celui de Nice, ont parfois été oubliés. Or, il s'agit du premier visage de la ville aux yeux des visiteurs. Nous avions donc besoin de rapporter de l'esthétisme et une forme de beauté au quartier. » Une mantra pour la compagnie, mais également une réponse architecturale à un besoin éminemment sociologique de la Cité des anges azuréenne. En témoigne la création d'une promenade privée reliant le centre ICONIC à la gare et permettant à la compagnie comme à la ville de dessiner par le biais de cet espace sécurisé et très arboré, les contours d'un nouveau visage pour le quartier. Une démarche appliquée par le prisme d'une architecture ultra-contemporaine « à vocation indirectement sociale » grâce au brassage de population nouvellement généré par la multitude de services regroupés. « Nous pensons que la beauté doit être accessible à tout le monde et en ce sens, l'architecture doit en être un vecteur notamment dans les zones périurbaines en réduisant les fractures comme ici à Nice, entre le nord et le sud » conclut Karine Journo.
Conçu par l'architecte japonais Shigeru Ban, le Toyota City Museum s'inscrit dans la continuité d'un paysage déjà façonné par la marque.
À l'heure du dérèglement climatique et des besoins d'évolutions qui pèsent sur le secteur de l'automobile, qui d'autre que Shigeru Ban pour réaliser le dernier haut-lieu culturel de Toyota ? Implanté dans un vaste parc en plein cœur de Toyota City au Japon, la bâtiment a ouvert ses portes au public en avril. Célébrant le bois par l'architecture contemporaine, l'édifice culturel est le premier au monde à recevoir la certification ZEB (Net Zero Energy Building). Une réalisation écologique donc, mais également sociale.
Un assemblage d'architectures diverses
Imaginé pour accueillir des expositions axées sur la nature, l'histoire et l'industrie de la région, l'architecture se compose de trois espaces principaux articulés entre eux par des jeux de niveaux. Pièce maîtresse du bâtiment, la zone « En-nichi » est certainement la plus prégnante de l'ensemble et la plus représentative de son architecte. Long de 90 mètres, ce vaste hall, entièrement réalisé en bois de cèdre local, sert d'espace multifonctionnel. Réalisée selon les assemblages savants de Shigeru Ban, la dentelle structurelle du plafond offre une large portance seulement maintenue par de fins poteaux le long desquels vient s'intégrer un mur entièrement vitré. Se dégage alors de cette architecture filaire une légèreté visuelle accrue par la monumentalité de l'espace. Une structure qui se prolonge au-delà du vitrage pour venir créer un espace extérieur abrité, au bout duquel s'intègre un puits de lumière entrecoupé de poutres. « Lorsque la lumière pénètre dans le lanterneau du porche d'entrée à midi, lors du solstice d'été, la structure projette l'ombre de l'emblème de la ville sur le sol », explique l’architecte.
À l'intérieur, ce vaste espace prend appui sur le grand hall où se trouve l'exposition permanente consacrée à l'histoire de la ville Toyota. Sorte d'atrium circulaire, la salle est bordée d'une rampe incurvée épousant les parois. Une déambulation ouverte sur l'extérieur qui conduit aux étages supérieurs. Au milieu de cet espace, un noyau faisant office de présentoir a été imaginé pour servir d'abri antisismique en cas de tremblement de terre.
Un bâti inscrit dans son environnement
Imaginé à l'origine sur une parcelle isolée, le plan ne prévoyait pas de connexion avec l'autre grand bâtiment situé au sein du parc, le Toyota Municipal Museum of Art inauguré par l'architecte Yoshio Taniguchi en 1995. Mais lorsque Shigeru Ban s'est intéressé à l'implantation de son bâtiment, la création d'un lien architectural s'est imposée. « Je me suis demandé si les deux sites pouvaient être transformés en une seule zone muséale. En plaçant la nouvelle construction dans une position optimale par rapport au musée d'Art, je pourrais faciliter la compréhension et la visite des deux installations par les visiteurs et produire ainsi un effet de synergie » a-t-il déclaré. Un questionnement muséal autant que architectural. « Le musée d'Art de Yoshio Taniguchi est un chef-d'œuvre moderniste qui utilise abondamment le métal et le verre et représente la seconde moitié du XXe siècle. Le Toyota City Museum est son opposé, une œuvre à la façade et à l'espace organique dans laquelle le bois est utilisé en abondance afin de contribuer à la résolution du problème de l'environnement, le thème le plus important du XXIe siècle. » Pour l'accompagner dans sa démarche, l'architecte a fait appel au cabinet paysagiste Peter Walker and Partners. Convaincue par l'idée d'unité, l'agence a supprimé une rangée d'arbres séparant les deux côtés du site pour créer un espace de jardin continu entre les deux édifices. Sorte de promenade dominant la ville, cette zone nouvelle s'inscrit comme un trait d'union entre trois décennies d'architecture. Une évolution inscrite en résonance avec l'évolution industrielle de la firme mondiale.
Pour sa seconde édition, EspritContract, organisé en parallèle d’EspriMeuble était de retour à la Porte de Versailles du 16 au 19 novembre. Un moment de rencontres et d’échanges entre les marques et les professionnels mais également l’occasion pour Intramuros de prendre part à la médiation de plusieurs conférences thématiques.
Marque, architecture, expérience : quand l’agence devient globale
Invités : Natacha Froger, fondatrice de l’agence Atome Associés, Sébastien Servaire, fondateur de Servaire&Co
Design & usage – vers une transversalité des offres
Invités : Jason Brackenbury, président de Flos France, Karin Gintz, directrice générale de Vitra France et Frédéric Sofia, designer et directeur artistique d’Intramuros
Polimair, l'innovation plastique
Invité : Arthur Gaudenz, fondateur de Polimair
Regards avec Bureau Lacroix
Invitée : Sophie Lacroix, architecte et fondatrice de Bureau Lacroix
Regards avec la Compagnie de Phalsbourg
Invitées : Karine Journo et Cécile Bleux de la Compagnie de Phalsbourg
Pour rencontrer Reda Amalou, il faut oser franchir le pas de la Secret Gallery, rue de Varenne à Paris. A l’intérieur, tout n’est que luxe, calme et volupté, couleurs chaudes et sensation de plénitude. Une expérience à vivre, unique, renouvelée en septembre dernier lors de la Paris Design Week avec ‘Scène d’Intérieur’, une expérience immersive où art et design se fondent dans une scénographie aux rouges vibrants, à vivre jusqu’au 19 décembre.
Architecte, diplômé de la East London University, Reda Amalou conçoit principalement des hôtels de luxe de par le monde entier, aux Etats-Unis, au Vietnam, en Corée, dans les Émirats Arabes Unis ou à Dubaï, répondant aux exigences de clients prestigieux. Mais pour lui, « de la construction d’un hôtel à la fabrication d’un banc, l’intention est la même : porter l’émotion au cœur du trait, rendre hommage à la nature et sublimer la matière. »
En ces temps où le geste de la main, l’artisanat d’art et la valorisation des matériaux priment sur tout, ses créations, toutes pièces uniques ou séries limitées, affolent les amateurs. Créer un impact, animer l’esprit, mobiliser les sens, réveiller l’œil, c’est l’objectif de la maison Reda Amalou Design qu’il crée en 2013 en complément de l’agence d’architecture AW2, créée il y a plus de 25 ans avec Stéphanie Ledoux.
Hommage à l’artisanat
Cette ouverture lui permet d’étendre ses propositions aux meubles et aux objets, tous porteurs d’un récit, d’un souvenir d’enfance en Algérie, du tumulte londonien de ses études ou de l’incandescence de ses voyages. Toujours à l’affut d’une découverte, d’un nouveau matériau, d’un savoir-faire rare, son hommage à l’artisanat et au multiculturalisme s’impose sans heurter, dans les appartements parisiens de la rue du Bac ou du Boulevard Saint-Michel, dans des résidences privées à Londres, à l’Hôtel Six Senses Crans Montana en Suisse (cf article Intramuros 219), au Biba Social Club à Palm Beach en Floride, au Silversands à l’Île de la Grenade dans les Caraïbes, un hommage digne des grands décors des SAD, (Salons des Architectes Décorateurs) du 19e ou 20e siècle.
Il aime les matière texturées, riches et vivantes : le noyer, le bronze, le cuir, la coquille d’œuf, la laque, qu’il fait travailler avec soin par les meilleurs artisans d’art comme la marqueterie de paille des Ateliers Lison de Caunes ou la maroquinerie d’ameublement de la Maison Fey. Parfois grandioses, ses créations savent se glisser dans les espaces qu’il aménage avec une fluidité déroutante. En pièces uniques ou en éditions limitées, ces pièces d’exception ont trouvé leur public.
Une présence sur les salons
À Milan, en avril 2024, il exposait au Labo Project à la Fondation Rodolfo Ferrari, Gabriela, un fauteuil généreux au tissu de velours ; le bureau Tara en noyer massif et plateau laqué vert brillant, aux deux tiroirs intérieur cuir ; la chaise Brooklyn en noyer et laiton brossé ; la table Ooma, marie marbre Emperador et noyer américain dans des dimensions rectangulaires et carrées, en version haute ou basse. Enfin, la chaise Eileen, aux courbes enveloppantes et sensuelles en noyer américain, sublimée par la fabrication artisanale, avait troublé par sa sensualité. Fidèle du salon Collectible à Bruxelles, ses tables d’appoint et sellettes Inlay sont réalisées à partir de marbre Bambou et Balsatina, au piétement encastré dans le plateau pour créer un jeu subtil d’effets mat et brillant. La majestueuse table basse X ORO, avec son plateau en verre orné de feuilles d’or 22 carats appliquées en sous-face, évoque une matière vivante en fusion comme de la lave sur un bronze massif.
Le bureau SOA, en noyer américain avec bandeau en laque brillante et grand tiroir intérieur cuir (de 120 à 180 cm) connaît un grand succès, tout comme la console de 35 cm de large. La console Tara, au piétement en noyer américain, chêne naturel ou hêtre teinté noir sous un plateau laqué brillant jaune, est réalisée à la main. La console Mina, sur son piétement en laiton finition bronze, porte un plateau en marbre Emperador, Sky Grey, Carrare blanc, Noir Marquina ou Noir Sahara….
Plus discrète, la bibliothèque Steeltop, (en 110 ou 150 cm), étagère en acier noir en porte à faux et noyer américain surprend par sa simplicité et ses angles droits, comme le poème de l’angle droit de Le Corbusier. La console LALA se distingue par un décor précieux en émail cloisonné, autrefois réservé à l’usage impérial, et ici réinterprété pour être appliqué aux carreaux. Ce procédé revisité permet de créer un meuble singulier mêlant art ancestral à un dessin géométrique contemporain. Les grandes marques contemporaines lui ont aussi fait confiance : Véronèse, Hugues Chevalier, Toulemonde Bochart, Roche Bobois, Baguès, Baccarat…
Retour à la nature
Début octobre, il participait à la prestigieuse foire internationale de design, PAD London, avec la Secret Gallery Paris installée à Berkeley Square, dans le quartier de Mayfair ; ainsi qu’à Decorex, le salon de design et d’intérieurs avec sa collection Reda Amalou Design à Olympia London. Certains y ont retrouvé l’esprit de son adolescence londonienne à travers une collection de mobilier qui n’a rien à envier à l’euphorie des sixties. Pour plus de sérénité et de retour à la nature, quatre nouvelles cabanes viennent d’intégrer le site Coucoo Cabanes de Chassey-lès-Montbozon en Franche-Comté.
Sur 150 hectares, choisissez votre confort aérien et engagez-vous pour une architecture durable. Posées sur des pilotis, elles sont ouvertes à la vue et à la brise. La terrasse du premier niveau permet de vivre à l’extérieur. Le second niveau abrite une chambre avec une ventilation naturelle et une vue panoramique. Au dernier niveau, un bain nordique permet un moment de détente unique. Le tout fabriqué avec du bois issu de forêts locales, sourcé à moins de 30 km du site. L’occasion de tester l’excellence artisanale locale et les savoir-faire d’exception.
Entre vestiges du passé et architecture contemporaine, La Cité de l'architecture et du patrimoine dévoile jusqu'au 23 mars une exposition dédiée au travail de l'architecte français Philippe Prost.
« Une architecture n'est pas quelque chose d'amorphe. Elle vit avec ses usagers et par sa vocation à évoluer avec de futures personnes » précisait Philippe Prost en guise de préface à l'ouverture de sa nouvelle exposition. Une vision qui au-delà de l'indiscutable constat architectural, résume sa quête de concept à travers les âges. Expliquée par une vingtaine de projets balayés – parfois trop furtivement - sous forme de maquettes, de photographies et de plans, cette recherche s'établit au long d'un parcours en trois étapes. Une « trilogie entre recherche, pratique et transmission » mais surtout une invitation à plonger dans « la fabrique du projet » comme l'évoque l'architecte, lauréat du Grand Prix national de l'architecture en 2022.
L'architecture du présent dans les pas de celle d'hier
« Je voulais absolument que cette exposition sorte du schéma projet, plans en coupe et élévation, ce qui est parfois compliqué. Je voulais partager l'architecture avec toutes et tous, car c'est un domaine qui change la vie des gens et c'est pourquoi, c'était important de le rendre accessible » assure l'architecte. Une volonté traduite dans les supports, simples d'interprétation, mais également par l'angle d'attaque de cette exposition, non pas tant tournée sur les techniques de construction, que sur la démarche « diachronique » de l'agence, comprenez qui « part du présent pour remonter progressivement le passé. » Une manière de dégager des pistes créatives comme des formes ou des symboles, mais avant tout de comprendre le bâti et par là même, la sociologie et la culture qui s'en dégagent.
Un travail architectural porté par le prisme de l'archéologie comme en témoigne la première partie de l'exposition intitulée « Le cours du temps », et portée par des projets patrimoniaux comme la rénovation château de Caen ou celle de la citadelle de Belle-Île-en-Mer édifiée par Vauban. Une manière pour l'architecte d'établir dès le début de l'exposition un lien très fort entre « le naturel et l'existant » de sorte à montrer comment « la mémoire nourrit la création.» Une phrase d'autant plus forte que la scénographie – entièrement issue d'expositions précédentes - prend place entre la galerie des moulages et la galerie de l'architecture moderne. Deux mondes aujourd'hui dépassés, mais intrinsèquement liés aux yeux de Philippe Prost selon qui les vestiges du passé doivent être les fondations, à minima sémantiques, de l'architecture d'aujourd'hui. Un point de vue qui amène dès lors le visiteur dans le seconde partie nommée « Forme du présent » et dans laquelle le créateur développe l'idée qu'une architecture inscrite dans le temps n'est pas forcément passéiste. « Je souhaite montrer que les noces des vestiges et du contemporain sont possibles et qu'il ne s'agit pas ici de deux domaines antinomiques ! »
Guidé par l'épaisseur matérielle et de la profondeur historique des vestiges confrontés à nos besoins quotidiens, chaque projet résulte d'un équilibre prospectif. Une matière premièrement émotionnelle, abordée dans les vitrines de la troisième partie : Deux territoires, un processus créatif, où se font face les bassins miniers du nord et le cap d'Antibes. Un savant mélange de destination et de temporalité entre l'hier et d’aujourd'hui résumé avec philosophie par Philippe Prost : « on ne construit jamais mieux qu'en faisant l'expérience du déjà-là. » Une libre-pensée à découvrir jusqu'au 23 mars au Palais de Chaillot, place du Trocadéro.
La 17e édition du salon ARCHITECT@WORK se tiendra les 23 et 24 octobre prochains, au sein de la Grande Halle de la Villette à Paris. Décryptage du programme et des temps forts attendus.
Le salon professionnel ARCHITECT@WORK, destiné aux architectes et aux prescripteurs, fait son retour pour une nouvelle édition parisienne les 23 et 24 octobre avec un thème fort : "imPACT CLIMAT », choisit en réponse à l'urgence climatique et aux défis environnementaux actuels. Une édition qui mise sur le vert et qui invite les architectes et professionnels du bâtiment à réfléchir sur l’impact que peuvent avoir les choix architecturaux sur le climat, tout en mettant en lumière des solutions innovantes et des matériaux écoresponsables, à travers les différentes expositions et interventions proposées durant les deux journées.
« Climatera », l’exposition dédiée aux matériaux
Présentée par le Centre de Ressources Innovatèque, l’exposition « Climatera » présente un ensemble de projets et de solutions matériaux, procédés et systèmes montrant que les choix en matière d'aménagement peuvent ouvrir la voie à des pratiques plus durables dont l’objectif final est d’aider à la préservation de la planète et ses habitants.
Trois expositions photographiques
En plus de « Climatera », le salon proposera trois expositions photographiques et techniques sur différentes thématiques. La première, « Regard sur 10 ans d’architecture par Gilles Alonso » proposera une rétrospective du travail de Gilles Alonso, spécialisé dans la photographie muséale et d’architecture. La seconde « Regards sur la maison contemporaine », offrira une sélection photographique d’habitations provenants de toute la France à partir d’une problématique : En ville ou en campagne, comment construire en parfaite intégration avec l’environnement, avec quels matériaux et quelles considérations énergétiques ? Ces réalisations agissent ainsi comme témoins de propositions et d'engagement des professionnels sur ces questions. Des images qui sont par ailleurs toutes issues de projets déposés pour les Journées à Vivre 2024 organisées par le magazine Architectures À Vivre. Enfin, la dernière exposition intitulée « Notre Dame de Paris - l’art de la charpente », offre une nouvelle mise en valeur de ce symbole qu’on ne nomme plus. Réalisée par les Compagnons charpentiers du Devoir et des élèves architectes du patrimoine, l’exposition a pour vocation de montrer les savoir-faire mis en œuvre par les anciens bâtisseurs pour arriver à un tel résultat architectural.
Une installation : ART de Conrad Willems
Comme depuis plusieurs années, le salon souhaite faire un lien entre art et architecture en invitant un artiste à exposer l’une de ses œuvre. Après Léo Caillard l’an dernier, c’est cette fois-ci le sculpteur belge Conrad Willems qui est mis à l’honneur. Ce dernier propose un travail tout en géométrie, répétition et modularité, traduit par un langage visuel très reconnaissable, qui ne manquera pas d’attirer l’attention des visiteurs sur place.
Une série de conférences menées par des professionnels du secteur
En plus des exposants, le salon est aussi un lieu de rencontres et d’échanges, capitalisés au sein d’un programme de conférences animées par des professionnels. Parmi les participants cette année, on peut citer Pascal Prunet (Agence Notre-Dame), Olivier Camus et Lydéric Veauvy (TANK), Bérengère Tabutin (BBonus), Camille Hermand (Camille Hermand Architectures), Anne-Cécile Comar et Philippe Croisier (Atelier du Pont), Mariani Efron (Architecturestudio), Justine Rouger (Innovathèque) et Amelia Tavella qui interviendra dans le cadre de la Carte Blanche Archinov.
Salon ARCHITECT@WORK, Grande Halle de la Villette, 75019 Paris. Mercredi 23 octobre 2024, de 10h à 20h et Jeudi 24 octobre, de 10h à 19h. Plus d'informations ici : www.architectatwork.fr
Le studio Montazami et Tezuka Achitects signent une construction hors-site. Une philosophie architecturale autant qu'un défi qui inaugure un nouveau campus de la métropole toulousaine.
Tête de proue de ce qui deviendra un vaste pôle tertiaire de 33 00m² situé entre la rocade A620 et une ancienne piste de l'Aéropostale inscrite aux monuments historiques, Niwa est tout à la fois. Architecture totem de la Zac Montaudran Aérospace, bâtiment aux multiples fonctions, et enfin vitrine technologique de la société GA Smart building spécialisée dans le hors-site. Un mode de construction en renouveau qui a séduit le studio Montazami. Imaginé en collaboration avec l'agence japonaise Tezuka Architects, l'édifice réalisé en 15 mois se joue des principes constructifs classiques pour offrir un ensemble fonctionnel, esthétique et correctement implanté dans son environnement.
Le hors-site, une philosophie pas si hors-sol
« Si les passants se demandent quel est ce bâtiment, s'ils s'interrogent, c'est un pari réussi, car je défends l'idée d'une architecture qui parle aux personnes, aux usagers. » revendique Orash Montazami, architecte en charge de ce projet réalisé avec un processus hors-site. Familier avec ce type de construction depuis une dizaine d'années, et reconnu notamment pour l'application de ce principe à La cité universelle de Pantin dont il est l'auteur, l'architecte voit en ce système une alternative à la construction contemporaine. « Pour beaucoup, le hors-site est encore associé à quelque chose de moche et de très contraint. Or, je suis persuadé que tout architecte réalise aujourd'hui du hors-site. Personne ne va chercher un arbre pour le façonner. Tout sort d'usine. Mais il y a encore un blocage à faire sortir des murs entiers. Pourtant, j'y vois une façon plus aboutie de travailler la matière et d'innover techniquement en faisant des recherches dès la conception auprès d'usines spécialisées. » Parmi ces innovations, l'invention de fenêtres triples vitrages dotées d'un store interne pour diminuer la diffusion de chaleur, le développement de poutres bois nonencapsulées pour ne pas perdre la beauté du matériau, ou encore la fabrication de planchers préfabriqués composés de poutres en lamellé-collé et de fines dalles de béton (7 cm), dont une part du ciment a été remplacée par du laitier de hauts-fourneaux pour alléger le poids physique et environnemental. Des innovations qui ont séduit la société GA Smart Building qui a élu domicile dans le bâtiment aux côtés d'une bibliothèque, d'un coworking, d'un restaurant et d'une salle de fitness.
Industrialiser n'est pas rompre avec la créativité
Si architecture et industrie ont encore beaucoup de mal à s'assembler, c'est peut-être parce que beaucoup y voient une certaine atteinte à la créativité et au concept en tant qu'idée. Une erreur pour l'architecte selon qui construire hors-sol n'a pas restreint sa créativité, mais a également permis de repenser les principes de l'architecture d'aujourd'hui. « Avec ce projet, j'avais une double ambition fonctionnaliste inspirée par la Loyd building de Richard Rodgers. D'une part effacer les codes extérieurs du bâtiment tertiaire en brouillant visuellement les pistes, et d'autre part, rendre le bâtiment facile d'usage en repensant la répartition des espaces. » Un projet autant qu'un manifeste architectural néo-XXe. « Dès qu'un bâtiment devient atypique, il n'est plus fluide financièrement donc il fallait remettre en scène quelque chose qui existait et fonctionnait. C'est ce que j'ai fait en mettant un pied dans le passé et un pied dans le présent » s'amuse l'architecte dont les premières esquisses intérieures ont été réalisées par Tezuka, lui-même ancien collaborateur de Richard Rodgers. On note notamment le dégagement de plateaux centraux de 67m² au sein du bâtiment favorisant les échanges informels, grâce à des cages d'escaliers poussées vers l'extérieur qui deviennent des espaces de détente ouverts sur le jardin. Un espace paysagé - par Mugo et Nature & création - particulièrement important puisque c'est autour de lui et de la topographie du site que Montazami studio à imaginé son édifice.
Dessiner de nouvelles perspectives
Ceinturé par la future passerelle qui reliera le campus à la ville de Toulouse, le bâtiment a été souhaité en symbiose avec l'extérieur. « Je ne voulais pas d'un bâtiment symétrique qui puisse être implanté n'importe où. Du coup, nous avons travaillé les vues et les perspectives pour que chaque angle soit différent et que chaque façade soit principale. » Une exigence visuelle qui a amené l'architecte à penser simultanément l'aménagement intérieur, la structure et le paysage. « Pour travailler selon les principes architecturaux qui m'intéressaient, j'ai procédé à l'inverse de ce que l'on fait généralement. Je suis parti du plan et j'ai terminé par penser l'enveloppe. » Une réflexion qui dote chaque étage de vastes plateaux lumineux.
À l'extérieur, les quatre modules développés en usine entrent en vibration pour animer le bâtiment à l'apparence particulièrement vitré. « Je réfute l'idée qu'il l'est trop. Il l'est autant que n'importe quel bâtiment classique de sa surface. Simplement, en ramenant vers l'extérieur les noyaux de circulation verticale faisant office de contreventements, et en les fermant complètement, j'ai privilégié les apports de lumières dans les espaces de travail. » Un partipris qui permet à l'architecte de séquencer son bâtiment tant sur son contour que sur sa base ultralégère, elle aussi 100 % transparente avec de fins montants anodisés. Porté dans son entièreté par un système filaire de poteaux-poutres en béton développé numériquement en usine, ce projet est un condensé de technologie industrielle et de connaissances architecturales. « le hors-site d'aujourd'hui n'est rien d'autre que le préfabriqué d'hier, mais pensé avec des architectes. » Une revanche pour l’architecte dont l’une des grandes frustrations demeure celle de ne jamais avoir été ingénieur.
De l’architecture au design, il n’y a qu’un pas. Après avoir passé son enfance et adolescence en Angleterre, Vincent Eschalier revient à Paris pour ses études d’architecture. En 2009, à 26 ans, il fonde son agence, qui allie des projets d’architecture, d’architecture intérieure et de design. Une vision pluridisciplinaire basée sur un modèle anglo-saxon, le tout saupoudré d’un peu de « french touch ».
Vincent Eschalier a grandi en Angleterre avant de revenir en France dans le cadre de ses études à l’école d’architecture de Versailles. « À mon retour en France, j’étais un peu comme un étranger. J’avais vécu en Angleterre de mes 6 à 20 ans, c’était assez exotique pour moi de venir étudier à Versailles et d’habiter à Paris » se souvient-il. Une double culture qui l’a influencé dans son modèle de direction d’agence, qu’il décrit comme « très à l’anglo-saxonne », basée notamment sur un management de confiance, le travail d’équipe et le respect. « C’est important pour moi de mettre tout le monde sur un pied d’égalité. Je vois mon agence comme une équipe de rugby : elle se compose de profils et des gabarits différents, mais qui ont besoin de travailler ensemble pour arriver au même but. S’il manque un élément, ça ne marche pas, c’est un peu l’image que j’essaye de renvoyer au sein de l’agence » confie-t-il.
Expériences et projets diversifiés
Avant de monter son studio, Vincent Eschalier est passé par plusieurs agences qui lui ont permis de se forger une expérience à différentes échelles. Il a d’abord intégré Gehry Partners pour lequel il a notamment travaillé sur la fondation Louis Vuitton. Il collaborera ensuite avec un autre binôme composé de l’architecte Sébastien Segers et du designer Marc Newson, dont les projets sont plutôt axés vers l’intérieur. « À 26 ans, j’avais ce qu’on pouvait qualifier de « boulot de rêve », car je travaillais sur des projets partout dans le monde. Mais la fermeture de l’agence où je travaillais à Paris pour s’exporter à Londres a mis fin à ma collaboration, car après toutes ces années passées en Angleterre, je voulais rester vivre à Paris » raconte-t-il. Un concours de circonstance qui le pousse finalement à créer son agence. Son premier projet notable se portera sur la réhabilitation de la galerie Perrotin en 2010 avant de se lier au promoteur immobilier Esprimm avec lequel il réalise une quinzaine de projets. « Cette collaboration a permis à l’agence de se faire une première clientèle fidèle, car généralement, les 3/4 des clients reviennent nous voir. C’est une des raisons qui fait que nous n’avons jamais eu besoin d’envoyer de book pour trouver des projets. » Une fidélité aussi importante que le lien qu’il créer avec chacun de ses clients, lui permettant ainsi de choisir ses projets et surtout de s’investir dans chacun d’eux, sans exception : « Je reste artisanal et je suis très proche des projets. Quand un client m’appelle, je dois savoir où ça en est. »
Avec le développeur lyonnais 6e Sens Immobilier, il travaille sur plusieurs immeubles de bureaux à Paris, avec un premier projet de tour à la défense qui a tissé les liens de leur collaboration, ensuite suivit par le siège de Blablacar ou encore de Lanvin. Des projets d’abord centrés sur l’architecture mais qui se sont progressivement développés vers les intérieurs depuis 5 ans. « C’est souvent difficile de faire un bel immeuble et de voir que l’intérieur est ensuite mal agencé. J’ai une histoire avec le design de par mon passé chez Marc Newson, c’était donc une suite logique de l’inclure dans nos projets. » raconte l’architecte.
Plongée dans le design
Comme une suite logique, après l’architecture et l’architecture d’intérieur, l’arrivée du design était presque attendue. « On a vite réalisé qu’on faisait l’architecture, l’architecture d’intérieur mais que les meubles n’étaient pas à la hauteur du projet, donc on s’est mis à imaginer le mobilier de nos projets. » L’architecte imagine notamment le bar Americano Design en 2019, une première collaboration avec le designer Guillaume Delvigne, ami de longue date avec qui il a partagé ses bureaux pendant 12 ans.
Puis sous l’appellation MVE-Collection avec Mattéo Lécuru, designer au Studio, il imagine en 2022, dans le cadre du projet de bureaux de coworking Gustave-Collection, un bureau éponyme. Autre projet marquant de sa partie création, les poignées de portes AL13.378 en aluminium recyclées. MVE, qui prend en compte la partie de création, de curation de mobilier mais également d’œuvres d’art propose une offre à 360°. « Généralement pour un projet d’archi, on proposait un catalogue de mobilier et de références qu’on donnait au client sauf que ça les perdait totalement et c’était souvent ingérable pour eux. » Depuis, les architectes d’intérieur du studio prescrivent une série de mobilier qui sont ensuite gérés par MVE qui propose aux clients de prendre en compte toute la gestion (curation, réception, stock, qualité, déballage, livraison). Un fonctionnement qui permet ainsi à l’agence de prendre en charge la totalité du projet. C’est d’ailleurs dans ce cadre que la création des poignées AL13.378 a été initiée et depuis proposé dans la plupart de leurs projets. Une création originale, dont la matière utilisée provient par ailleurs des déchets de leurs chantiers puis transformés en lingots avant d’être fondus et moulés dans une fonderie dans les Yvelines.
Une part de création nécessaire pour l’architecte, qui ne souhaite pas s’arrêter là : « J’ai envie d’aller encore plus loin dans certains projets en dessinant par exemple des vélos à disposition des collaborateurs dans les bureaux, aménager et penser un espace restaurant, créer une ligne de vêtements. À l’image de Le Corbusier, Frank Lloyd Wright ou Louis Kahn qui dessinaient tout, c’est ce qui me fait rêver. Je ne me prétends pas comme eux, mais j’aime vraiment l’idée de pouvoir tout dessiner. »
C'est à Ambonnay, en plein cœur de la Marne, que Maison Krug à inauguré « Joseph » en avril, un nouvel espace de vinification signé par l'agence AW².
Voici une nouvelle adresse qui devrait faire pétiller de bonheur les amateurs de fines bulles. Livré en avril, « Joseph » est un nouvel espace de 9 500 m² entièrement dédié au champagne Maison Krug, une marque fondée en 1843 à Reims. Situé sur la commune d'Ambonnay, il conjugue des espaces destinés au public notamment pour la dégustation, à ceux dédiés à la conception. Ce sont ainsi 5 cuveries et 8 celliers qui prennent place dans cet ensemble architectural. Dessiné par l'agence AW², « Joseph » vient compléter le projet « Maison de Famille Krug » précédemment livré en 2017. Une seconde aventure architecturale pour la marque, guidée par la volonté d'aborder le mystère de l'élaboration du champagne, et de s'intégrer harmonieusement dans le village.
Une architecture trait d'union entre le fruit et la bouteille
Situé entre les vignes et Ambonnay, « Joseph » matérialise par son implantation même, le lien entre le paysage et ses habitants, la terre et le champagne. Réparti sur trois niveaux, sa conception moderne en accord avec les gammes colorées et les formes du paysage lui confère une certaine sobriété. Conçu en H autour d'un espace de réception central et panoramique, l'édifice ouvert sur le Clos historique et la place Barancourt de la commune est composé de deux longues nefs parallèles. La structure du toit réalisée en bois lamellé-collé permet d'obtenir une courbe élégante en écho aux fûts. La couverture réalisée en aluminium texturé cuivré pour rappeler la terre des environs, habille également les murs du bâtiment donnant à l'ensemble une harmonie organique. Allégée par un soubassement renfoncé en béton brut, l'architecture a été percée d'ouvertures régulières afin d'optimiser l'éclairage naturel à l'intérieur. Sur la partie centrale, un large auvent en toile tendue accueille le visiteur dans un espace presque entièrement vitré. Une manière de montrer implicitement la première étape de confection du champagne : les vignes.
Une exemplarité environnementale
Sensible à l'environnement, AW² conçoit ses projets de la manière la plus éco-responsable possible, en minimisant le recours aux combustibles fossiles et en favorisant l’utilisation ressources locales. À ce titre, les deux architectes Reda Amalou et Stéphanie Ledoux ont pourvu le bâtiment d'un ensemble de ventelles et d'avancées dans la toiture permettant de limiter les rayonnements directs tout en maximisant la lumière. La mise en place d'un double réseau pompe à chaleur et free-cooling ainsi qu'une isolation haute performance ont permis au bâtiment d'obtenir la mention « Exceptionnelle » de la certification Haute Qualité Environnemental. Une mention relativement rare qui confère au lieu une précision architecturale à l'image de celle de la vinification.
Le Global Award for Sustainable Architecture qui récompense depuis 18 ans des démarches prospectives vient de nommer 5 lauréats pour l'édition 2024.
Pour cette édition 2024, le concours international qui avait pour thème « L'Architecture Est Education », s'ancre une nouvelle fois à la croisée des chemins pédagogiques, écologiques mais surtout durables. Fondé en 2006 par l'architecte et chercheuse Jana Revedin, le Global Award for Sustainable Architecture se distingue par son orientation avant tout focalisée sur des travaux prospectifs. Généralement accompagnés d'une dimension pédagogique, ceux-ci diversifient les horizons actuels de l'architecture en conjuguant des secteurs connexes comme la politique, la rentabilité, la modernisation et la revitalisation de la construction, le confort... Mais ce concours placé sous le patronage de l'UNESCO est également l'occasion de valoriser des initiatives extra-européennes. En témoignent les 5 lauréats implantés de la Syrie au Brésil en passant par le Bangladesh.
Revitaliser l'architecture par des procédés simples et locaux
Iyas Shahin & Wesam Al Asali - IWLAB
Consacré à l'exploration, à l'éducation et à la pratique de la conception culturelle et architecturale, IWLAB est un laboratoire de recherche fondé en 2009 par Iyas Shahin et Wesam Al Asali. Tous deux architectes, ils collaborent avec des confrères et des étudiants pour créer de nouveaux réseaux de compétences interdisciplinaires. Implanté en Syrie et en Espagne, IWLAB est aujourd'hui reconnu comme un pionnier en matière d'architecture, de patrimoine et d'études urbaines dans le contexte socio-économique des pays arabes.
Un bureau d'innovation politique au service d'une architecture juste
Andrés Jaque - OFFPOLINN
C'est à la suite d'une rencontre avec le philosophe Bruno Latour que Andrés Jaque crée le Bureau d'innovation politique (OFFPOLINN) en 2003. Partageant la conviction que l'architecture se situe au centre de la lutte pour la justice sociale, l'architecte espagnol a souhaité mettre en place une organisation qui questionne le rôle de l'architecte sur ce domaine. En combinant la conception, la recherche et l'activisme, le travail d'OFFPOLINN, ne consiste pas seulement à partager des résultats architecturaux, mais aussi à s'engager activement auprès de diverses communautés, en créant des espaces d'écoute attentive et d'action collective.
Rassembler les acteurs de l'architecture pour améliorer les conditions de vie
Marina Tabassum - Foundation for Architecture and Community Equity (FACE)
Marina Tabassum mène une triple vie d'architecte, d'enseignante et de responsable de projets d'autonomisation des communautés. Réunissant des experts, des étudiants et des habitants, ceux-ci ont pour but de trouver des modèles permettant d'améliorer les conditions de vie au sein des espaces architecturés. Une démarche dans laquelle s'inscrit son organisation, la Foundation for Architecture and Community Equity.
Porter un regard transversal sur l'architecture
Ciro Pirondi - Cofondateur et ancien directeur de l'Escola da cidade de São Paulo
L’Escola da Cidade, est un établissement de São Paulo fondé il y a une vingtaine d'années par une association composée d'intellectuels, d'architectes, d'artistes et de techniciens. Influencé par l'éducateur révolutionnaire brésilien Paulo Freire, son programme pédagogique mêlant architecture, urbanisme et design, incarne les objectifs éducatifs du concours.
Améliorer la vie de tous par une architecture basée sur l'écologie
Klaus K. Loenhart – Directeur de l'IA&L
Éco-innovateur, Klaus K. Loenhart expérimente et enseigne à une nouvelle génération l'architecture bioclimatique. Convaincu que le rôle de l'architecte n'est plus seulement de concevoir des éco-bâtiments, il s'intéresse aux formes d'interactions entre l'environnement et les activités humaines. Depuis l'Université technique de Graz, le chercheur s'intéresse avec son équipe à la co-création d'une architecture basée sur l'écologie et qui, face à la dérégulation climatique, pourrait régénérer la biodiversité et améliorer la santé des utilisateurs.
Pour sa 2e édition, organisée du 3 au 5 avril au sein de la station des Arcs, le festival Archi’ Design proposait une série de conférences thématiques, expositions et visites pour découvrir ou redécouvrir cette station que l’on associe en grande partie à Charlotte Perriand.
Construite dans les années 60, la station des Arcs, située dans les Alpes en Savoie, est aujourd’hui une référence pour les adeptes de sports de glisse, mais aussi d’architecture. Afin de faire valoir la station et la vallée de Bourg-Saint-Maurice à laquelle elle est reliée directement par funiculaire - seule station de ski à être équipée de ce dispositif -, le festival Archi’ Design, qui célébrait sa seconde édition, permet d’avoir un point de vue sur la station comme aucun autre, et ce, par le biais de conférences, visites guidées et expositions dédiées.
Les Arcs, une histoire d’architecture
Connue pour ses résidences iconiques et ses chalets pointus, la station, qui en comprend en fait quatre - Arc 1600, Arc 1800, Arc 1950, Arc 2000 - a la particularité d’avoir été construite après l’élaboration du domaine skiable et offre son lot de prouesses architecturales, encore d’actualité 70 ans plus tard. En témoigne la résidence la Cascade d’Arc 1600, construite en seulement quelques mois entre mai et décembre 1969, dont l’architecture en pente est singulière à la station. Construite comme une tour de 21 étages basculée dans la pente, celle-ci propose sept typologies d’appartements, dont l'objectif premier était de créer de la convivialité. À l’intérieur, le mobilier était préfabriqué, dans un souci de respect des délais très courts. Pour les plus aguerris et curieux de passer un séjour dans un appartement de l’époque, il est possible de louer celui de Sachiko Altaba-Yamamura. Un appartement de 27 m2, que la Japonaise a pris soin d’agencer avec du mobilier d’origine, prospecté pendant plus de 20 ans.
Outre ces résidences penchées à l’architecture comme aucune autre, la station des Arcs c’est aussi ses chalets pointus. Petites maisonnettes situées en bord de piste entre les Arcs 1600 et 1800, celles-ci étaient initialement à destination des ouvriers de l’époque qui avaient besoin de se loger. Élaborés en auto-construction entre 1969 et 1992, les chalets pointus deux particularités : ils sont tous tournés vers le vide et n’ont aucun de vis-à-vis les uns par rapport aux autres. Aujourd’hui, seulement 5 chalets sur les 30 sont habités de manière permanente.
Archi’ design, un festival pour mettre en lumière la station
Inauguré en 2023, le festival Archi’ Design s’est donné l’objectif de mettre en valeur l’histoire des Arcs et la vallée de Bourg Saint-Maurice, en transformant la station en un lieu de rencontres et d’échanges autour de l’architecture et du design. Pendant trois jours, des visites guidées étaient organisées à pieds, mais également à ski comme le propose le programme Archi Ski, animé par le Jean-Marie Chevronnet qui connaît la station comme sa poche et n’est jamais à recours d’anecdotes.
Un cycle de conférences variées
Au cours de ces trois jours, plusieurs conférences thématiques ont eu lieues au sein de la Coupole, permettant d’aborder différents sujets. La première, animée par la designeuse et marraine de la première édition Matali Crasset, faisait le récit du projet expérimental mené avec des étudiants de la HEAD de Genève, en collaboration avec la filature Arpin, spécialisée dans la confection de pièces en laine. Un projet collaboratif donc, mené avec les Arcs qui s’est révélé être un vrai challenge. « On a cherché à transformer la matière de sorte à ce que le projet puisse continuer après » expliquait notamment Matali Crasset lors de sa conférence. La seconde proposait à Nathalie Arnould et Géraldine Dabrigeon de s’exprimer respectivement sur la ville de Saint-Etienne et du site de Firminy, qui abrite un site conçu par Le Corbusier entre 1957 et 1961, et qui attire près de 20 000 visiteurs par an. L’architecte et enseignante Anne-Sophie Kehr s’est quant à elle penché sur un sujet pour le moins passionnant : celui de l’architecture de la pente. « La pente permet une mise en abyme du parcours architectural, c’est un territoire d’invention » affirmait-elle. Une conférence qui permettait de se questionner sur notre rapport aux lignes droites et à la pente, qu’elle décrit comme « révélatrice d’un parcours et du rapport entre l’Homme et le ciel ». Simon Givelet de son côté s’est attardé sur diverses questions liées au réemploi, en évoquant notamment son projet Saisons Zéro lancé dans le Nord de la France, à Roubaix. Le cycle de conférence s’est finalement terminé sur une note plus ludique, en proposant de décrypter des objets et mobilier appartenant - ou non - aux collections Perriand et associés aux Arcs, le tout commenté par Jean-Marie Chevronnet et Alix Libeau, directeur créatif chez Silvera.
La tenue de cette seconde édition a confirmé l’engouement ressenti lors de la première et il est clair les ressources ne manquent pas pour continuer de faire rayonner les Arcs. Pour l’heure, la fin de la saison de ski est prévue pour le 27 avril et devrait laisser la station et ses quelques 400 résidents permanents dans le calme pendant quelques semaines, avant une réouverture prévue mi-juin, pour la saison d’été.
Le salon parisien dédié à l'hôtellerie et à la restauration s'est associé à l'ENSCI – Les Ateliers, pour proposer vingt projets. Pensés par les étudiants, ils dessinent les perspectives de ce que pourraient devenir ces espaces de convivialité et de détente.
Vivre, recevoir, se reposer, dîner... Ces notions quotidiennes qui occupent nos vies, ont été au cœur de la réflexion de vingt étudiants de l'ENSCI – Les Ateliers de Paris. Pendant quatre mois, ils se sont interrogés sur la signification de ces termes dans les domaines connexes que sont l'hôtellerie et la restauration, jusqu'à concrétiser un espace. De vastes pistes de travail déroulées par le salon EquipHotel à l'initiative de cette collaboration. Nés de réflexions tant philosophiques que sociologiques ou esthétiques, vingt projets architecturaux aux sensibilités diverses ont été présentés. Réparties entre cinq univers (Nouveaux horizons, Lieux en transitions ou interstices, Espaces thématiques, Hospitalité publique et Extensions), les créations ont été pour les étudiants, l'occasion de s'interroger sur la place de l'utilisateur et ses usages. Mais elles ont également été pour les professionnels du secteur, une source de questionnements quant aux besoins et aux tendances à venir.
Une liberté d'action pour favoriser l'innovation
Attirés par la liberté presque totale qui leur a été laissée, les étudiants ont eu à cœur de proposer des espaces qui soient à la fois le reflet de leurs personnalités, et la conception de leurs visions. Pour les accompagner dans leurs travaux, Stéphane Villard et Patrick de Glo de Besses, tous deux designers, ont structuré ce projet quadrimestriel en trois parties distinctes. « Nous avons commencé par écrire des narrations pour développer notre imaginaire, explique Louise, étudiante en deuxième année et à l'origine du projet Le Passager, un restaurant déployable et itinérant. C'est sur la base de ces écrits que nous avons ensuite commencé à travailler un cahier des charges, nos plans, le modèle économique, les acteurs qui entraient en jeu... Puis il y a eu toute la partie technique et nous avons terminé sur l'aspect plus créatif de la conception d'images. » Un planning relativement serré pour les étudiants qui ont mené leurs projets en solitaire, « quitte à ce que ce soit parfois un petit peu la course » admet Maël dont le projet de « camping sur l'eau salée » invite à prendre le temps de la contemplation.
Des projets synonymes de nouveaux horizons
Mais le défi lancé par EquipHotel a également permis de porter un regard au-delà de l'aspect architectural en repensant la connexion entre ces habitats éphémères et les utilisateurs. Dans son projet Otium, César n'a pas souhaité « travailler sur une solution purement matérielle, mais concevoir au contraire un projet global et systémique incluant un support serviciel comme une application sur téléphone. » Une démarche originale dont le fruit allie sobriété architecturale et omniprésence numérique et qui illustre, parmi tant d'autres propositions, l'évolution certaine du secteur hôtelier.
Car au-delà des « visions et des lieux très diversifiés allant de la ferme au bureau en passant par le rooftop », plusieurs tendances semblent se dégager explique Béatrice Gravier, directrice d'EquipHotel. « Ce qui m'a particulièrement intéressé, c'est de voir l'engouement global pour les structures légères, avec notamment l'utilisation de cabines déplaçables. Par l'architecture, ils ont réellement questionné l'objectif de l'hôtel et on remarque qu'ils n'ont pas besoin de grand-chose. Simplement bien manger, bien dormir, recharger leurs téléphones... le tout dans un bel environnement. Ce n'est plus tant l'endroit en tant que tel qui compte mais le cadre, souvent naturel, qui l'entoure. » Un mode de vie qui résonne avec les enjeux climatiques et sociaux en cours, quitte à s'inscrire en contradiction avec des tendances post-pandémie. Parmi elles, celle des espaces de coworking dans les hôtels aujourd'hui très en vogue, mais totalement délaissés par les étudiants. Un regard neuf sur l'hôtellerie et la restauration souhaité par EquipHotel. « Ce qui nous a semblé judicieux, c'était de collaborer avec l'ENSCI dont nos deux secteurs ne sont pas le cœur de cible. Le but était ainsi de proposer aux étudiants d'apporter un regard neuf sur un terrain auquel ils n'ont généralement pas accès à ce stade. » Un pari réussi et qui présage d'ores et déjà un renouveau sociologique et architectural de nos espaces de convivialité, de repos et d’échange. Tous les projets seront d'ailleurs visibles au salon EquipHotel qui se tiendra du 3 au 7 novembre 2024, Porte de Versailles, sur l'Innovation Lab (Hall 7.3).
Pour accompagner les festivités sportives de cet été, la cité de l'architecture a inauguré les expositions “Il était une fois les stades” et “Quand la ville se prend aux Jeux”. Deux parcours qui mêleront jusqu’au 16 septembre l'effort et la construction à travers les temps, de l'antiquité à un futur très proche.
Institution architecturale par excellence, le musée du Trocadéro s'inscrit depuis le 20 mars dans la dynamique estivale des Jeux olympiques de Paris 2024. Pour cela, La Cité de l'architecture a décidé de mener de front deux expositions : “Il était une fois les stades” et “Quand la ville se prend aux jeux”. Des déambulations au cœur desquelles le sport s'illustre par le biais de la construction donnant à la célèbre devise latine « Citius, altuis, fortuis » (Plus haut, plus vite, plus fort), une double connotation. Mais c'est aussi une complémentarité symbolique et réflexive que porte l'établissement.
Histoire et techniques architecturales des géants des villes
Principale partie de ce nouveau semestre culturel, “Il était une fois les stades” s'offre comme un livre d'Histoire tourné vers les origines et les souvenirs. En replongeant le visiteur de l'histoire gréco-romaine aux ouvrages d'art des plus grands cabinets d'architecture, l'exposition rappelle la place prépondérante du sport dans les sociétés occidentales.
Pensé en trois temps, le parcours propose d'aborder la démocratisation, la performance et la mondialisation du sport par le prisme de l'architecture. Une découpe didactique qui permet de cerner la dimension sociale de ces lieux réapparus récemment dans nos villes, mais aussi la manière dont les architectes se les sont réappropriés pour répondre aux besoins des populations. Entre images d'archives et maquettes, “Il était une fois les stades” nous propose un autre regard sur ces enceintes sportives et plus largement culturelles auxquelles le journal Le Monde consacrera d'ici l'été une série de podcasts en partenariat avec le musée.
Design prospectif et une vision alternative des fanzones
En complément de l’exposition principale, “Quand la ville se prend aux Jeux” pose un regard transversal par le biais d'artistes comme Benedetto Bufalino et Aldo van Eyck ou encore d'étudiants grâce à la 9e édition de Mini Maousse. Ce concours, présidé cette année par Dominique Perrault, met en valeur une vingtaine de maquettes ayant pour thématique commune d'être de mini fanzones nomades. Au-delà de la résonance avec les Jeux olympiques, l'initiative prospective met en exergue la vision architecturale alternative d'une nouvelle génération de créateurs, d'où semblent s'entrecroiser préoccupations environnementales, sociales et esthétiques. Vecteur d'échange, la réalisation gagnante appelée La Navette et réalisée par Martin Lichtig, partira au printemps en direction des quartiers les plus éloignés de la pratique sportive à Saint-Denis, ville partenaire du concours.
C'est ainsi au cœur géographique de ce qui sera l'un des hauts lieux du sport international en 2024, que la Cité de l'architecture ouvre d'ores et déjà les festivités.
Ci-dessous, les projets "Box-Out" de Defne Elver, Charlotte Mallet et Andréa Vinzant, ainsi que "Bike Away" de Mathilde Dell'Aera
À Genève, Dior ouvre une nouvelle boutique signée par l'architecte Christian de Portzamparc.
Aux yeux de Christian Dior, la mode est avant tout une histoire d'exploration. Ce terrain de jeu exprimé au travers de formes et des couleurs, mais aussi sur les transparences et les jeux d'ombres, a depuis longtemps franchi les frontières de la mode. Questionnées et réinterprétées, ces notions résonnent avec celles de l'architecte français, Christian de Portzamparc. Une concordance qui a valu à l'architecte de réaliser la nouvelle boutique de la marque. Situé en plein cœur de la rue du Rhône, épicentre du luxe helvétique, ce nouvel écrin a ouvert ses portes le 27 février.
Une architecture singulière
Pour sa seconde collaboration avec Dior, l'architecte a fait la part belle à la sobriété. Avec un jeu délicat de courbe et l'utilisation du blanc, Christian de Portzamparc signe un édifice de six étages où s'entremêlent complexité et raffinement. Faite d'un bloc central en verre habillé de six pétales en résine élancés vers le ciel, la construction joue avec la lumière et la transparence. Dans une alliance de courbe et de linéarité, ce nouvel établissement s'illustre – à la manière du flagship de la marque Dior construit à Séoul il y a une dizaine d'années - comme un hommage à l'art de l'habillement.
Un espace où se côtoient les Arts
Au-delà de cette esthétique contemporaine, sculpture le jour, lanterne la nuit, le bâtiment est une curiosité qui se mut en véritable musée passé la porte. Véritable amateur d'art, l'empreinte du couturier se retrouve sur chaque mur. Outre ses croquis laissés en guise d'héritage, la boutique de la rue du Rhône revêt de nombreuses œuvres. Parmi les artistes, se trouvent Pamela Rosenkranz, Ugo Rondinone, William Coggin ou encore la photographe Brigitte Niedermair. Des œuvres en deux dimensions auxquelles font écho les diverses collections de la maison, qualifiées de « royaume des rêves » selon les mots de son fondateur.
Une relation privilégiée avec la Suisse
Pour Christian Dior, la nation transalpine avait une saveur particulière. Voyageur fréquent, il y trouvait une certaine inspiration pour ses collections dont il adapta les formes et les matières aux températures plus fraîches du pays. Ainsi en 1954, huit ans après avoir fondé sa marque, il proposait un premier modèle baptisé Genève. S'en suivront d'autres créations aux noms évocateurs comme Montreux, Suisse, ou encore Week-end à Genève par Marc Bohan en 1962. C'est d'ailleurs un an plus tard que Dior ouvrait sa première boutique de souliers à Bâle, bientôt renforcée par d'autres adresses à Genève, Lausanne et Gstaad.
Depuis près de 50 ans, CETIH propose des portes d'entrée au travers de trois gammes aux designs différents. À Machecoul (Loire-Atlantique), la société initialement spécialisée dans le bois, continue de travailler ce matériau pour allier design et engagement environnemental.
Plus qu'un simple battant, la porte est la première étape à franchir pour entrer dans un espace. À ce titre, elle est donc un élément symbolique et architectural à part entière. Conscient de cela, CETIH (Compagnie des Équipements Techniques et Industriels dans l'Habitat) développe sur quatre sites spécialisés - dans le bois et mixte, l'aluminium, le PVC et l'acier -, près de 600 modèles de portes déclinables à l'infini. Vitrage, formes, matériaux, dimensions, couleurs... avec son savoir-faire, l'entreprise s'adresse aujourd'hui à tous les acteurs du bâtiment, du promoteur à l'habitant, par le biais de trois marques distinctes : Bel'M, Zilten et Swao.
Une vision au-delà du pas-de-porte
Pour CETIH, les portes « ont toujours occupé une place prépondérante de son marché et représentent 190 millions du chiffre d'affaires annuel » note Eric Chalançon, directeur commercial de la marque. Au début, propre à l'habitat individuel, la société a peu à peu ouvert son offre à d'autres marchés. En 2011 - au moment du lancement des premières fenêtres -, l'habitat collectif a fait son entrée suivi d'une ouverture au domaine tertiaire quelques années plus tard. Des étapes porteuses de nouvelles exigences, auxquelles CETIH a fait face en intégrant à son groupe de petites entreprises aux savoir-faire particuliers. Parmi elles, Bignon, fabricant de fenêtres bois racheté en 2022, et aujourd'hui réfèrent dans ce domaine au sein du groupe. Des partenaires qui permettent à l'entreprise de se diversifier mais également « de répondre aux trois piliers principaux à savoir, remettre l'humain au cœur des projets grâce à une qualité acoustique, thermique et de sûreté, s'inscrire harmonieusement avec l'environnement et l'architecture, sans oublier de s'améliorer écologiquement » comme l'explique Caroline Barbin-Siraudin, directrice marketing.
Une société, trois marques, trois identités
Parce qu'une porte est un élément sensoriel, CETIH fait cohabiter trois marques aux identités différentes. Qualifiée d'intemporelle par Anthony Durand, responsable du design, Bel'M est le navire amiral du groupe. Lancée en 1986 avec des portes bois, elle s'est vite diversifiée tout en conservant une esthétique assez historique et identitaire. Entre toutes, Athena est encore, 22 ans après sa sortie, l'exemple type. Véritable succès, son design « a été basé sur l'étude d'anciennes portes cochères » raconte le designer pour qui cette création est surtout le résultat d'un modèle « où tous les curseurs à succès ont été poussés à fond ».
En opposition à la tradition, l’entreprise Zilten a été rachetée par le groupe en 2007, deux ans après sa création. Désignée comme agitatrice, la marque insuffle un élan plus singulier voire audacieux. Avec ses matériaux « alternatifs », comme la céramique ou le bois brûlé, et ses lignes tirées, elle s'oppose en tout point à sa grande sœur, beaucoup plus classique et courbe. Avec un catalogue riche de 190 modèles et d’une grande diversité de matériaux, cette gamme propose le plus vaste choix.
À mi-chemin entre ses deux concurrentes, SWAO, dite l'optimiste, fait le pont entre tradition et technicité. Fondée en 2013 des suites de l'acquisition de deux entreprises, MTN et PAB spécialisée dans les fenêtres en aluminium et PVC, elle se distingue par sa capacité à concevoir des menuiseries à l'ancienne notamment dans le cadre de rénovations. Seule des trois marques à être présente sur l'ensemble des marchés – garages, volets, fenêtres, portes... - elle est de fait la plus polyvalente et la plus modulable.
Le bois, matériau de prédilection
Parmi les différents matériaux travaillés par l'entreprise, le bois occupe une place importante aux yeux de l'entreprise. Pourtant, en France, les portes d'entrée bois ne représentent qu'une part de marché de 10 %, en légère progression, avec une prédominance des produits sur mesure, représentant 90 % du volume. Que ce soit pour des portes entièrement dans cette matière, ou des conceptions mixtes alliant un second matériau, le bois reste le plus intéressant du point de vue environnemental, mais également la matière la plus personnalisable. Bien moins contraignant que l'aluminium, il permet de réaliser du sur-mesure quasiment sans contraintes. Pourtant, le bois a connu un fort déclin dans les années 90 et jusqu'au milieu des années 2000 pour des raisons d'entretien et de préoccupations sur son origine géographique. Pour pallier ces inquiétudes, la marque a développé la certification Nabocco qui assure à la porte une tenue d'au moins dix ans sans retouche. Pour Eric Chalançon, il s'agit d'un « gage de qualité supplémentaire afin d'inviter les clients à reprendre confiance dans le bois, plutôt que de les amener vers les matières alternatives comme le PVC. » Côté provenance, la marque s'approvisionne aujourd'hui sur trois continents auprès de forêts certifiées : l'Europe pour le chêne et le douglas, l'Afrique pour le Movingui, et l'Amérique du Nord - précisément le Canada - pour le Red cedar. Des matières brutes auxquelles s'ajoute l'Acoya, un bois transformé, mais non traité.
Une démarche environnementale
Pour garantir au bois une survie optimale face aux parasites, aux champignons, à l'humidité et aux UV, tout en conservant les vertus environnementales et esthétiques de la matière, CETIH a repensé plusieurs étapes de sa ligne de fabrication. « Bien que nos bois soient issus de forêts certifiées, nous accordons également une importance à leurs valeurs culturelles. Nous avons ainsi cessé l'importation d'un bois africain il y a quelque temps, car il était précieux aux yeux de la population et peu renouvelé dans le pays. » explique François Chappuy, directeur de l'usine bois. Par ailleurs, les produits de traitement ont aussi évolué. « Le saturateur, les teintes et les lasures utilisés sur les portes bois sont aujourd'hui à base d'eau et quasiment sans solvant. » Une avancée en faveur de l'environnement que l'on retrouve aussi dans l'isolation phonique en fibre de bois et qui devrait à terme s'étendre à l'isolation thermique encore pétrochimique . Du confort lié à l'intérieur de la porte, au visuel travaillé avec des alternatives naturelles comme le traitement au vinaigre ou le bois brûlé, CETIH ouvre de nouvelles perspectives pour faire cohabiter design du quotidien et innovations.
Né d'une collaboration entre l'architecte Denis Valode et la peintre Fabienne Verdier, l'atelier de cette dernière lui a permis de repenser son art. Un questionnement et des recherches dont découlent la série Rainbows, exposée jusqu'au 9 mars à l'agence Valode & Pistre.
Quelque part, à mi-chemin entre univers cosmique et des prises de vues microscopiques, la dernière série de Fabienne Verdier, Rainbows, explore de nouveaux territoires. Inspirée par le Retable d’Issenheim peint par Matthias Grünewald en 1516, elle a réalisé, entre 2020 et 2022, une série de 76 grands tableaux. Éloignée de ses créations précédentes - inspirées de ses dix années passées en Chine - cette série est le fruit d'un parti-pris fort : peindre à la verticale.
Une série abstraite et onirique
Par la transformation de son outil premier, le pinceau, l'artiste a réinventé sa manière de peindre. En s'acquittant des normes dimensionnelles et techniques classiques, elle a modifié son rapport au pinceau. « Celui que j'utilise fait la taille d'un corps humain. Il est muni d'un guidon de vélo pour pouvoir le manier dans l'espace et d'une réserve de peinture. » Une particularité qui permet à Fabienne Verdier de baser son art sur la rhéologie : la science des écoulements. « Lorsque l'on sait que toutes les petites formes qui naissent sur terre sont façonnées par les lois de la gravité, une peinture qui naît avec ces mêmes principes me semblait intéressante à explorer. »
L'Art au centre du dialogue créatif
Pour Fabienne Verdier, Rainbows est grandement dû à l'architecture. « C'est grâce au bâtiment que j'ai pu faire mes recherches » explique-t-elle. Mi-fabrique, mi-chapelle selon ses propres mots, son atelier situé à Hédouville (95), a été conçu en 2006 par son ami Denis Valode, architecte de l'agence Valode & Pistre. Véritable fosse à peindre de six mètres de côté, le bâtiment a été construit autour de l'axe gravitationnel du pinceau. Inondée d'une lumière zénithale à l'image des abbayes cisterciennes chères à l'artiste, l'architecture permet de conserver une stabilité d'éclairage tout au long de la journée. Mais pour la peintre, il s'agissait avant tout d'un besoin de coupure avec l'extérieur pour travailler l'introspection et peindre à l'instinct. « Cet édifice permet de faire coïncider l'énergie de mon corps et celle du pinceau sur l'œuvre. C'est une conception qui offre une rencontre entre l'art pictural et architectural. »
Valode & Pistre
Fondée en 1980 par Denis Valode et Jean Pistre, l'agence s'est imposée à travers le monde en proposant des projets architecturaux souvent vecteurs d'art contemporain. Pour Denis Valode « un lien existe clairement entre le premier et le troisième art (l'architecture et l'art pictural). Et l'une des volontés de l'agence est justement de sortir l'Art des musées et des galeries pour l'intégrer à la ville comme à l'espace public ». Ponctués d'œuvres, les locaux de Valode et Pistre s'inscrivent dans cette même dynamique, et proposent régulièrement des expositions. C'est le cas de Fabienne Verdier dont une quinzaine de toiles dialoguent en ce moment, et jusqu'au 29 mars, avec les maquettes de l'agence.
Exposition « Rainbows » de Fabienne Verdier jusqu'au 9 mars 2024
115 rue du Bac
75007 Paris