Aides
C’est au cours du salon Euroluce en avril que Foscarini a dévoilé ses trois dernières nouveautés intitulées Fleur, Chapeau et Fregio.
Alors qu’elle fête ses 40 ans cette année, la maison italienne aux 219 modèles a un peu plus élargi sa collection en dévoilant lors du salon Euroluce à Milan trois nouveautés. Des modèles qui continuent d’allier le savoir-faire et la tradition, à travers l’utilisation de matériaux nobles tels que la céramique, la porcelaine ou encore le verre soufflé.
Chapeaux, lampe aux trois personnalités
Designée Rodolfo Dordoni, collaborateur de longue date de Foscarini, la famille de lampe Chapeaux se distingue par ses diffuseurs en forme de chapeaux. Celles-ci sont proposées en trois versions, avec des formes et des matières différentes. Chapeaux M d’abord, qui est le modèle le plus minimaliste de la série est la version avec le réflecteur-chapeau en métal, conçue pour les intérieurs contemporains. Mince et léger, il aborde de manière essentielle la fonction de la lumière réfléchie sur une surface : il est donc idéal pour une utilisation sur un bureau.
Ensuite, Chapeaux V, version en verre soufflé, incarne une interprétation moderne de la tradition. L’allure du diffuseur en verre soufflé enduit, visible même lorsque la lampe est éteinte, est amplifiée par la lumière chaude et accueillante qui se répand dans la pièce lorsque celle-ci est allumée. Enfin, Chapeaux P est un diffuseur en porcelaine anglaise. Ce modèle offre une lumière délicate, doucement filtrée, tout en étant reflétée sur la surface inférieure.
Fleur, lampe double fonctions
Également imaginée par Rodolfo Dordoni, Fleur est une lampe sans fil qui arbore des rapports de proportion soignés et élégants entre ses deux composants. Elle est un objet à double fonction : éclairer qui est la naturelle, puis la plus inattendue : accueillir de l’eau et une fleur fraîche, pour décorer n’importe quel espace. La lumière est projetée sur la table grâce à un petit circuit led, résultat d’une miniaturisation des composants développés par Foscarini.
Fregio, une interaction entre lumière et céramique
Fregio est un projet qui transforme un bas-relief floral fait de céramique émaillée, en de nouvelles suspensions et appliques. Il s’agit d’une représentation sculpturale de la volonté de Foscarini de proposer de nouveaux langages expressifs. Ces pièces sont produites en partenariat avec l’atelier historique Gatti de Faenza. Avec un design d’Andrea Anastasio, Fregio est le résultat d’une recherche entre la lumière et le volume.
Fregio est l’évolution de l’expérimentation lancée par le projet de recherche Battiti : une exploration de la valeur et de la signification de la décoration, à travers l’interaction entre lumière et céramique, dont Andrea Anastasio a mené des recherches pour Battiti à ce sujet. Pour ce projet, Andrea Anastasio a mené des recherches dans les archives Gatti, disséquant les œuvres et les réassemblant en lumière, renversant ainsi la logique traditionnelle pour générer des formes et des significations nouvelles.
Le 3 avril dernier, l’Alliance France Design (AFD) présentait la première analyse de son sondage “L’impact du Covid-19 sur l’activité des designers” au Ministère de la Culture. Un questionnaire qui met en lumière les difficultés rencontrées par la profession depuis l’apparition de l’épidémie en France, et son incompréhension des mesures annoncées par le gouvernement.
Tout est allé très vite. En quelques jours à peine, les entreprises françaises de tous secteurs ont dû stopper partiellement leur activité, pour les plus chanceuses, et jusqu’à nouvel ordre. Cette situation met en exergue le manque de préparation face à cette crise sanitaire. La conjoncture est particulièrement difficile pour les designers, notamment fragilisés par les annulations ou les reports de projets et les impayés de leurs clients.
Le gouvernement, dans un communiqué en date du 27 mars 2020, a mis en place un certain nombre de mesures d’urgence pour venir en aide à ce secteur d’activité paupérisé : les designers ayant répondu au sondage se préparent à perdre entre 10 et 60% de leur chiffre d’affaires (CA). Des mesures intéressantes, bien qu’elles ne soient pas forcément adaptées à la réalité, comme le montre le décryptage de François Caspar, président de l’AFD.
Cinq mesures présentées par le ministère de la Culture
Les mesures sont bel et bien des mesures d’urgence pour répondre à une situation critique. La rue de Valois a donc annoncé le report des loyers et des frais d’énergie (eau, électricité et gaz) à ceux qui en font la demande. Pour les plus précaires, qui ne peuvent les payer, le ministère assure qu’aucune pénalité, suspension ou interruption de ces fournitures ne sera effectuée. Les dépenses contraintes, comme les factures de télévision, de téléphone et d’internet pourront aussi être reportées.
Le cabinet de Frank Riester annonce que les designers pourront bénéficier d’une aide de 1500 euros, versée par la Direction générale des Finances publiques (DGFIP), issue du fonds de solidarité d’un milliard d’euros mis en place par le gouvernement. Du moins les professionnels qui ont le statut d’artistes-auteurs. Et c’est bien là que le bât blesse pour François Caspar, designer et président de l’AFD : “le ministère comprend bien que ça peut être l’hécatombe, mais les mesures sont très mal adaptées aux indépendants.” Le sondage réalisé par le syndicat révèle une réalité tout autre. Les designers sont majoritairement des professionnels qui possèdent le statut d’indépendants (70% des répondants au 30 mars 2020) “qui leur assure une multidisciplinarité, qui est l’essence même du design”. Les professionnels risquent tout simplement de ne pas y être éligibles. Si par chance, ils le sont, le calcul même du montant n’est pas adapté à la réalité. Basée sur le CA du mois de mars 2019, elle ne prend pas en compte les onze autres mois de l’année. “On demande à ce qu’elle soit basée sur un douzième des revenus globaux de l’année. Parce qu’aujourd’hui, elle ne prend pas en compte les bénéfices or, certains vont faire 70% de bénéfices, d’autres 40%. Ça peut marcher pour de très grandes entreprises, mais pas pour les indépendants” déplore le président de l’AFD.
Voilà deux semaines que les mesures du gouvernement français ont été mises en place. À mesure que la situation évolue, François Caspar observe minutieusement comment s’organise les pays voisins. En plus d’être président, il s’occupe des relations internationales de l’AFD: “les indépendants allemands en difficulté touchent une aide de 5 000 euros, entre trois et cinq jours après en avoir fait la demande !” Outre-Rhin, l’aide d’urgence est une subvention unique à destination des travailleurs indépendants. Elle sert à garantir l’existence économique des entreprises. D’un montant allant de 9 000 à 15 000 euros, elle est versée par les différents Länder (états fédérés d’Allemagne). Ces aides sont intéressantes, “car elles vont immédiatement repasser dans l’économie réelle, pour acheter à manger tout simplement.”
Des mesures au long terme
François Caspar pense qu’il faut en profiter pour envisager le long terme et à “préparer les prochaines pandémies.” Certaines directives émises par le gouvernement suivent ce chemin. L’échelonnement de la TVA, des charges sociales et fiscales par exemple. Les prêts de trésorerie, avec la garantie de l’État aussi. Ce sont des pistes qui sont intéressantes, mais encore une fois un peu loin de la réalité. Les sommes avancées devraient être colossales. Le prêt, à taux 0, devrait couvrir les charges de l’année précédente et éponger l’année quasi blanche que sera 2020 selon le président de l’AFD : “aujourd’hui, les revenus médians de la profession sont de 20 400 euros, ce qui représente un CA d’environ 32 000 euros. Ce sont des revenus qui ont une grande difficulté à épargner dans notre profession. Ce qui fait qu’en 2020, un designer devra payer 8 000 à 10 000 euros de charges sociales et fixes. Il faudrait donc que le prêt accordé soit d’un montant de 40 000 à 50 000 euros pour que le bénéficiaire puisse vivre décemment.” Même remboursable en cinq ans, cela semble peu viable. C’est pour cela que l’AFD prône le système de don : “ça permet de réinjecter l’argent tout de suite, ça permet au bénéficiaire de ne pas trop s’endetter et de survivre et d’éponger trois quarts d’une année avec une absence de revenus.”
Les mesures mises en place par le ministère de la Culture sont donc intéressantes, mais doivent être plus adaptées à la réalité française du design. François Caspar attend un retour des équipes de Frank Riester afin de pouvoir travailler de concert et proposer “un plan opérationnel, qui aide réellement.” La première analyse du sondage avait pour but d’interpeller rapidement le ministère sur les réponses et inquiétudes des 220 designers. Une deuxième analyse, plus détaillée et plus aboutie, est prévue “prévue pour la mi-avril normalement” annonce le président de l’AFD. Ce qui est déjà sûr, “c’est que les conclusions seront plus alarmistes”, car d’autres difficultés émergent dans le quotidien comme le télétravail et la gestion du foyer dans le même temps.