Covid-19 : quelles aides pour les designers ?

Covid-19 : quelles aides pour les designers ?

Le 3 avril dernier, l’Alliance France Design (AFD) présentait la première analyse de son sondage “L’impact du Covid-19 sur l’activité des designers” au Ministère de la Culture. Un questionnaire qui met en lumière les difficultés rencontrées par la profession depuis l’apparition de l’épidémie en France, et son incompréhension des mesures annoncées par le gouvernement.

Tout est allé très vite. En quelques jours à peine, les entreprises françaises de tous secteurs ont dû stopper partiellement leur activité, pour les plus chanceuses, et jusqu’à nouvel ordre. Cette situation met en exergue le manque de préparation face à cette crise sanitaire. La conjoncture est particulièrement difficile pour les designers, notamment fragilisés par les annulations ou les reports de projets et les impayés de leurs clients.

François Caspar, président de l’Alliance France Design © Christian Chamourat

Le gouvernement, dans un communiqué en date du 27 mars 2020, a mis en place un certain nombre de mesures d’urgence pour venir en aide à ce secteur d’activité paupérisé : les designers ayant répondu au sondage se préparent à perdre entre 10 et 60% de leur chiffre d’affaires (CA). Des mesures intéressantes, bien qu’elles ne soient pas forcément adaptées à la réalité, comme le montre le décryptage de François Caspar, président de l’AFD.

Cinq mesures présentées par le ministère de la Culture

Les mesures sont bel et bien des mesures d’urgence pour répondre à une situation critique. La rue de Valois a donc annoncé le report des loyers et des frais d’énergie (eau, électricité et gaz) à ceux qui en font la demande. Pour les plus précaires, qui ne peuvent les payer, le ministère assure qu’aucune pénalité, suspension ou interruption de ces fournitures ne sera effectuée. Les dépenses contraintes, comme les factures de télévision, de téléphone et d’internet pourront aussi être reportées.

Le cabinet de Frank Riester annonce que les designers pourront bénéficier d’une aide de 1500 euros, versée par la Direction générale des Finances publiques (DGFIP), issue du fonds de solidarité d’un milliard d’euros mis en place par le gouvernement. Du moins les professionnels qui ont le statut d’artistes-auteurs. Et c’est bien là que le bât blesse pour François Caspar, designer et président de l’AFD : “le ministère comprend bien que ça peut être l’hécatombe, mais les mesures sont très mal adaptées aux indépendants.” Le sondage réalisé par le syndicat révèle une réalité tout autre. Les designers sont majoritairement des professionnels qui possèdent le statut d’indépendants (70% des répondants au 30 mars 2020) “qui leur assure une multidisciplinarité, qui est l’essence même du design”. Les professionnels risquent tout simplement de ne pas y être éligibles. Si par chance, ils le sont, le calcul même du montant n’est pas adapté à la réalité. Basée sur le CA du mois de mars 2019, elle ne prend pas en compte les onze autres mois de l’année. “On demande à ce qu’elle soit basée sur un douzième des revenus globaux de l’année. Parce qu’aujourd’hui, elle ne prend pas en compte les bénéfices or, certains vont faire 70% de bénéfices, d’autres 40%. Ça peut marcher pour de très grandes entreprises, mais pas pour les indépendants” déplore le président de l’AFD.

Voilà deux semaines que les mesures du gouvernement français ont été mises en place. À mesure que la situation évolue, François Caspar observe minutieusement comment s’organise les pays voisins. En plus d’être président, il s’occupe des relations internationales de l’AFD: “les indépendants allemands en difficulté touchent une aide de 5 000 euros, entre trois et cinq jours après en avoir fait la demande !” Outre-Rhin, l’aide d’urgence est une subvention unique à destination des travailleurs indépendants. Elle sert à garantir l’existence économique des entreprises. D’un montant allant de 9 000 à 15 000 euros, elle est versée par les différents Länder (états fédérés d’Allemagne). Ces aides sont intéressantes, “car elles vont immédiatement repasser dans l’économie réelle, pour acheter à manger tout simplement.

Des mesures au long terme

François Caspar pense qu’il faut en profiter pour envisager le long terme et à “préparer les prochaines pandémies.” Certaines directives émises par le gouvernement suivent ce chemin. L’échelonnement de la TVA, des charges sociales et fiscales par exemple.  Les prêts de trésorerie, avec la garantie de l’État aussi. Ce sont des pistes qui sont intéressantes, mais encore une fois un peu loin de la réalité. Les sommes avancées devraient être colossales. Le prêt, à taux 0, devrait couvrir les charges de l’année précédente et éponger l’année quasi blanche que sera 2020 selon le président de l’AFD : “aujourd’hui, les revenus médians de la profession sont de 20 400 euros, ce qui représente un CA d’environ 32 000 euros. Ce sont des revenus qui ont une grande difficulté à épargner dans notre profession. Ce qui fait qu’en 2020, un designer devra payer 8 000 à 10 000 euros de charges sociales et fixes. Il faudrait donc que le prêt accordé soit d’un montant de 40 000 à 50 000 euros pour que le bénéficiaire puisse vivre décemment.” Même remboursable en cinq ans, cela semble peu viable. C’est pour cela que l’AFD prône le système de don : “ça permet de réinjecter l’argent tout de suite, ça permet au bénéficiaire de ne pas trop s’endetter et de survivre et d’éponger trois quarts d’une année avec une absence de revenus.
Les mesures mises en place par le ministère de la Culture sont donc intéressantes, mais doivent être plus adaptées à la réalité française du design. François Caspar attend un retour des équipes de Frank Riester afin de pouvoir travailler de concert et proposer “un plan opérationnel, qui aide réellement.” La première analyse du sondage avait pour but d’interpeller rapidement le ministère sur les réponses et inquiétudes des 220 designers. Une deuxième analyse, plus détaillée et plus aboutie, est prévue “prévue pour la mi-avril normalement” annonce le président de l’AFD. Ce qui est déjà sûr, “c’est que les conclusions seront plus alarmistes”, car d’autres difficultés émergent dans le quotidien comme le télétravail et la gestion du foyer dans le même temps.

Rédigé par 
Rémi de Marassé

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©FRENCH DESIGN by VIA

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Rouge, verte, jaune ou bleue, la Valmy tire son identité graphique de sa couleur plus que de sa structure qu'elle « vient habiller ». Pourtant, ce « véritable parti-pris » n'a fait son apparition que dans un second temps, « lorsque Monsieur Dubois, le directeur de la Maison L. Drucker nous a annoncé l'ensemble des possibilités de mise en œuvre du tissage. C'est lui qui nous a recommandé d'y aller franchement sur le design. Assez logiquement, nous nous sommes pris au jeu et nous avons décidé d'accompagner le dessin par la couleur. » Les trois arceaux se sont alors épaissis pour accueillir chacun une nuance différente de façon à créer un dégradé. Trois teintes que l'on retrouve également dans le tressage ajouré de l'assise en plus d'une couleur complémentaire, visible au niveau des jonctions du dossier, et de deux fils, noir et blanc. « La couleur est un exercice que nous aimons travailler, mais qui demeure occasionnel. Elle n'a d'intérêt que si elle amène quelque chose en plus, en venant renforcer un élément graphique par exemple. C'est le cas pour Valmy. » Heureux de cette collection, le studio « amateur d'une certaine abondance formelle et d'une richesse visuelle », se pose d'ores et déjà la question de poursuivre les explorations créatives de ce matériau, source de projets en tous sens.

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Universellement connue depuis l'invention de la chaise n°14 et son ingénieux système d'expédition, la marque allemande Thonet se réinvente depuis plus de deux siècles. Fidèle à un certain esprit du sens pratique, la marque à collaboré avec des grands noms du design parmi lesquels Mart Stam, Marcel Breuer ou encore Mies van des Rohe. Un héritage dans lequel s'inscrit aujourd'hui le designer autrichien Franck Rettenbacher, installé à Amsterdam, et sa chaise S 243. Présentée lors du salon Orgatec 2024, cette création aux lignes simples et relativement minimalistes reprend les codes historiques de la marque.« Le but était de développer un produit d’une pureté et d’une sobriété qui s’inscrivent dans l’intemporalité incarnée parla marque Thonet », explique le designer.

©Thonet

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©Thonet
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24/1/2025
Altas Concorde x Intramuros : La chaîne de valeur des matériaux dans les grands projets architecturaux

A l’occasion de l’ouverture de son nouveau showroom parisien, Atlas Concorde, leader italien de la céramique, a convié Intramuros pour une série d’entretiens avec de grands acteurs de l’architecture et de la promotion immobilière. Cette journée, qui nous a permis de rencontrer des talents créatifs et entrepreneuriaux, engagés et conscients, s’est achevée par une table ronde ayant pour thème « la chaîne de valeur des matériaux dans les grands projets architecturaux ».

Avec :

Ana Moussinet - Architecte d'intérieur (Ana Moussinet Interior)

Natacha Froger - Fondatrice Atome Associés

Léa Blanc - Architecte d'intérieur (Arte Charpentier)

Stéphane Quigna - Directeur associé (Arte Charpentier)

Alexandre Montbrun - Directeur des opérations (Oceanis)

Frédéric Marty - Rédacteur en chef (Intramuros Magazine)

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