Réalisations
Le concours parisien, Paris Shop &Design, vient de dévoiler les sept gagnants de son édition 2024.
Depuis dix ans, le Paris Shop &Design récompense des duos de créateurs et de commerçants mettant à l'honneur le commerce dans la capitale. Pour cette édition anniversaire organisée par la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris, le jury présidé par l'Architecte et Directrice Générale des Ateliers Jean Nouvel, Dominique Alba, à sacré sept unions dans huit catégories. Une diversité par laquelle s'exprime la place des établissements commerciaux au sein de la ville qui en compte près de 62 000. Une place prépondérante dans la vie parisienne que ce concours souhaite soutenir en valorisant l'innovation née de l'interaction entre architecture et commerce. Une optique également sociale et historique, puisque l'enjeu est aussi de maintenir l'attractivité de ces points de vente physiques face à la digitalisation du marché. Car si le prestige de Paris s'est écrit dans l'Histoire et dans la pierre, les savoir faire design et architecturaux ont toujours contribué à bâtir sa renommée internationale.
Dans la catégorie Mode &ACCESSOIRES :
Rei Kawakubo, designer, et Adrian Joffe, président du Dover Street Market, pour la boutique COMME DES GARCONS (56 rue du Fg Saint-Honoré, Paris 8e)
Dans la catégorie Alimentaire :
Dorothée Meilichzon, architecte pour l'agence CHZON et David Bellaiche, commerçant pour la boutique CREME LONDON (2 rue Geoffroy l'Angevin, Paris 4e).
Dans la catégorie Bien-être Santé Beauté :
Thibaut Poirier et Stéphanie Monteil,tous deux designers d'espace pour l'agence Thiste, et Pauline Picaut, co-fondatrice du SPA CLEMENS (14 rue des Saints-Pères, Paris 7e)
Dans la catégorie Hôtels, Cafés,Restaurants :
Cyril Durand Behar pour Cyril Durand Behar Architectes, et Camille Grenouiller, directeur de l'HOTEL PILGRIM (11 rue de Poissy, Paris 5e)
Dans la catégorie Maison &Décoration et Prix du public :
Marine Ricardou, architecte du Studio Saint Lazare, et Frédéric Bertinet, CEO et co-fondateur de MERCATO (17 avenue Simon Bolivar, Paris 19e)
Dans la catégorie Terrasses :
Sophie Lacroix, architecte, et Guillaume Bernard, gestionnaire du restaurant HOLLYWOOD SAVOY (44 rue Notre-Dame des Victoires, Paris 2e)
Pour la Mention spéciale du jury :
Marie-Agnès BLOND & Stéphane Roux de Blond & Roux Architectes, et Marie Guerci (Ville de Paris –maître d'ouvrage) pour le THEATRE DE LA VILLE (2 place du Châtelet,Paris 4e)
Dans la catégorie Culture, loisirs,services aux particuliers :
Maël Esnoux et Marguerite Cordelle,architectes pour Core Architectures / Studio kokumi, et Arnaud Pigounides, président de REV MOBILITIES, enseigne de vente et de modification des voitures thermiques en électriques (96 Rue de Lourmel, Paris 15e)
Ouvert depuis mai 2024, 15 Porte de droite est le nouveau restaurant de la cheffe Justine Piluso. Une adresse secrète pleine de couleurs où architecture intérieure et pièces design traduisent une certaine vision de la gastronomie.
Une seule table, des convives inconnus et le tout dans un ancien garage à l'adresse mystère. Dit comme ça, le nouvel établissement de Justine Piluso a de quoi surprendre.
Après avoir fermé Le Cappiello, un établissement qu’elle a dirigé pendant cinq ans, la cheffe Justine Piluso, diplômée de l'Ecole Jean Drouant de Paris puis de l'Institut Bocuse de Lyon et participante de Top Chef en 2020, avait besoin d'un nouveau défi. Disons plutôt, un nouveau concept. « Avec mon mari Camille, nous voulions une table unique sur le principe de la table d'hôte où des personnes se rencontrent autour d'un repas, mais dans une version gastronomique » détaille la cheffe. À la recherche « d'un grand espace où le spectacle pourrait se trouver en cuisine », le couple a jeté son dévolu sur un ancien garage automobile après un an et demi de recherche. Successivement utilisé comme salle de sport et établissement de mixologie, “ce lieu hors du commun nous a séduit par sa grande hauteur sous plafond, ses entrées de lumières et l’impressionnant escalier en fer forgé”. Resté authentique, l'intérieur du bâtiment où se trouvent l'espace de restauration au rez-de-chaussée, et les bureaux à l'étage, a été repensé par Jules Mesny-Deschamps, architecte de l'agence Ouvrage.
L'histoire commence sur une nouvelle page
Inspiré par la coque brutaliste en béton du garage, l'architecte a souhaité « greffer le patrimoine vivant de Justine, dont son rapport à la gastronomie, au sein du patrimoine architectural existant. » Mais passé cette volonté de conjuguer un bâti à la typologie particulière et une personnalité, Jules Mesny-Deschamps s'est véritablement attaqué à la fonctionnalité du lieu. « Chaque utilisation nous avait laissé une sorte d'héritage, du sol incliné dû à l'usage d'origine, aux arrivées d'eau pour les cours de mixologie » retrace-t-il. Désireux de conserver l'âme de l'édifice, l'architecte a gardé ces deux particularités, préférant réaliser une petite estrade centrale pour la table et simplement changer l'îlot de cuisine, signé Maison Volige, sans en modifier l'emplacement. Un parti-pris qui permet aujourd'hui à ces deux pôles essentiels de se répondre et d'ouvrir un dialogue culinaire et humain tout au long de la dégustation.
Écrire par la lumière
Sensible à la lumière, source d’écriture à ses yeux, et à sa nécessité dans l’art culinaire, Jules Mesny-Deschamps est venu dessiner les espaces en prenant compte des sources naturelles. « Nous en avions deux dans ce vaste espace. D’une part le mur en briques de verre au fond de la salle, et d’autre part les Velux au-dessus du plan de travail. » précise-t-il. Une diffusion zénithale grâce à laquelle la zone de conception se dote d'une lumière plus intense que le reste de la pièce, évoquant une scène de théâtre. « Je souhaitais également faire de ce lieu de réception de 130m², un environnement dans lequel Justine peut jouer en fonction de l'heure du jour ou de la nuit. » Un travail qui ne s'est pas tant traduit dans l'architecture existante que dans la disposition des luminaires. « Nous avons réalisé un univers très scénographié grâce à des spots que nous avons focalisé d'une part sur la table, et d'autre part sur le plan de travail. » Une autre manière de favoriser l'échange entre les invités et la Cheffe, en effaçant légèrement l'environnement.
Un sucré-salé de références design
Outre le cadre qui sort de l'ordinaire, ce sont les objets en son sein qui attirent l'attention. Mêlant de célèbres pièces modernes et contemporaines à des objets quotidiens d'un autre temps chinés aux puces de Saint-Ouen et sur Selency, Justine Piluso parvient à offrir un cadre compréhensible et réconfortant à l’image de sa cuisine. Réunissant l'architecture industrielle dans sa matérialité la plus brute et la végétation ramenée par touches ponctuelles, Jules Mesny-Deschamps dessine des contours propices à un éclectisme design. Sous les auspices du luminaire Almendra de Patricia Urquiola trône la table. Imaginée sur mesure pour accueillir 14 convives, « la table est le poumon de l'endroit si la cuisine en est le cœur » explicite son créateur, Jules Mesny-Deschamps selon qui « l'utilisation d'un pin brûlé brossé s'imposait comme un trait d'union entre l'artisanat culinaire et l'artisanat menuisé pour lesquels il est toujours question d'assemblage. »
Autour, comme pour signifier un certain retour au sens même du design et à la place du savoir-faire, les chaises Standard de Jean Prouvé prennent place dans différents coloris. Un choix en opposition radicale avec la table, mais en résonance évidente avec le tapis qui recouvre l'estrade. Dessiné par Jules Mesny-Deschamps, les courbes fleuries qui s'en dégagent sont inspirées des peintures flamandes du XIXe siècle. Un nuancier éclatant projeté sur le papier peint d'un mur courbe, érigé pour abriter les sanitaires. Autour, les quelques jarres d'où s'élève une végétation encore éparse, vient refermer le décor, favorisant une certaine intimité, « à la manière d'un jardin d'hiver voulu par Justine ». Un univers dans lequel les arts de la table ne sont pas non plus en reste avec des très belles céramiques signées Fanny Laugier.
Restaurant concept pour certains, showroom design pour d'autres, à moins que ce ne soit quelque part entre les deux, le 15 Porte de droite, livre une recette esthétique et gourmande assaisonnée d'un brin d'originalité !
Le studio Montazami et Tezuka Achitects signent une construction hors-site. Une philosophie architecturale autant qu'un défi qui inaugure un nouveau campus de la métropole toulousaine.
Tête de proue de ce qui deviendra un vaste pôle tertiaire de 33 00m² situé entre la rocade A620 et une ancienne piste de l'Aéropostale inscrite aux monuments historiques, Niwa est tout à la fois. Architecture totem de la Zac Montaudran Aérospace, bâtiment aux multiples fonctions, et enfin vitrine technologique de la société GA Smart building spécialisée dans le hors-site. Un mode de construction en renouveau qui a séduit le studio Montazami. Imaginé en collaboration avec l'agence japonaise Tezuka Architects, l'édifice réalisé en 15 mois se joue des principes constructifs classiques pour offrir un ensemble fonctionnel, esthétique et correctement implanté dans son environnement.
Le hors-site, une philosophie pas si hors-sol
« Si les passants se demandent quel est ce bâtiment, s'ils s'interrogent, c'est un pari réussi, car je défends l'idée d'une architecture qui parle aux personnes, aux usagers. » revendique Orash Montazami, architecte en charge de ce projet réalisé avec un processus hors-site. Familier avec ce type de construction depuis une dizaine d'années, et reconnu notamment pour l'application de ce principe à La cité universelle de Pantin dont il est l'auteur, l'architecte voit en ce système une alternative à la construction contemporaine. « Pour beaucoup, le hors-site est encore associé à quelque chose de moche et de très contraint. Or, je suis persuadé que tout architecte réalise aujourd'hui du hors-site. Personne ne va chercher un arbre pour le façonner. Tout sort d'usine. Mais il y a encore un blocage à faire sortir des murs entiers. Pourtant, j'y vois une façon plus aboutie de travailler la matière et d'innover techniquement en faisant des recherches dès la conception auprès d'usines spécialisées. » Parmi ces innovations, l'invention de fenêtres triples vitrages dotées d'un store interne pour diminuer la diffusion de chaleur, le développement de poutres bois nonencapsulées pour ne pas perdre la beauté du matériau, ou encore la fabrication de planchers préfabriqués composés de poutres en lamellé-collé et de fines dalles de béton (7 cm), dont une part du ciment a été remplacée par du laitier de hauts-fourneaux pour alléger le poids physique et environnemental. Des innovations qui ont séduit la société GA Smart Building qui a élu domicile dans le bâtiment aux côtés d'une bibliothèque, d'un coworking, d'un restaurant et d'une salle de fitness.
Industrialiser n'est pas rompre avec la créativité
Si architecture et industrie ont encore beaucoup de mal à s'assembler, c'est peut-être parce que beaucoup y voient une certaine atteinte à la créativité et au concept en tant qu'idée. Une erreur pour l'architecte selon qui construire hors-sol n'a pas restreint sa créativité, mais a également permis de repenser les principes de l'architecture d'aujourd'hui. « Avec ce projet, j'avais une double ambition fonctionnaliste inspirée par la Loyd building de Richard Rodgers. D'une part effacer les codes extérieurs du bâtiment tertiaire en brouillant visuellement les pistes, et d'autre part, rendre le bâtiment facile d'usage en repensant la répartition des espaces. » Un projet autant qu'un manifeste architectural néo-XXe. « Dès qu'un bâtiment devient atypique, il n'est plus fluide financièrement donc il fallait remettre en scène quelque chose qui existait et fonctionnait. C'est ce que j'ai fait en mettant un pied dans le passé et un pied dans le présent » s'amuse l'architecte dont les premières esquisses intérieures ont été réalisées par Tezuka, lui-même ancien collaborateur de Richard Rodgers. On note notamment le dégagement de plateaux centraux de 67m² au sein du bâtiment favorisant les échanges informels, grâce à des cages d'escaliers poussées vers l'extérieur qui deviennent des espaces de détente ouverts sur le jardin. Un espace paysagé - par Mugo et Nature & création - particulièrement important puisque c'est autour de lui et de la topographie du site que Montazami studio à imaginé son édifice.
Dessiner de nouvelles perspectives
Ceinturé par la future passerelle qui reliera le campus à la ville de Toulouse, le bâtiment a été souhaité en symbiose avec l'extérieur. « Je ne voulais pas d'un bâtiment symétrique qui puisse être implanté n'importe où. Du coup, nous avons travaillé les vues et les perspectives pour que chaque angle soit différent et que chaque façade soit principale. » Une exigence visuelle qui a amené l'architecte à penser simultanément l'aménagement intérieur, la structure et le paysage. « Pour travailler selon les principes architecturaux qui m'intéressaient, j'ai procédé à l'inverse de ce que l'on fait généralement. Je suis parti du plan et j'ai terminé par penser l'enveloppe. » Une réflexion qui dote chaque étage de vastes plateaux lumineux.
À l'extérieur, les quatre modules développés en usine entrent en vibration pour animer le bâtiment à l'apparence particulièrement vitré. « Je réfute l'idée qu'il l'est trop. Il l'est autant que n'importe quel bâtiment classique de sa surface. Simplement, en ramenant vers l'extérieur les noyaux de circulation verticale faisant office de contreventements, et en les fermant complètement, j'ai privilégié les apports de lumières dans les espaces de travail. » Un partipris qui permet à l'architecte de séquencer son bâtiment tant sur son contour que sur sa base ultralégère, elle aussi 100 % transparente avec de fins montants anodisés. Porté dans son entièreté par un système filaire de poteaux-poutres en béton développé numériquement en usine, ce projet est un condensé de technologie industrielle et de connaissances architecturales. « le hors-site d'aujourd'hui n'est rien d'autre que le préfabriqué d'hier, mais pensé avec des architectes. » Une revanche pour l’architecte dont l’une des grandes frustrations demeure celle de ne jamais avoir été ingénieur.
Fondé en 2021, Bureau Lacroix est aujourd'hui à l'origine de plusieurs projets d'architecture intérieure et de conception de mobilier. Une double casquette pour Sophie Lacroix distinguée dès 2017 comme « Nouveau talent du design ».
En sacrant Sophie Lacroix « Nouveau talent du design » à tout juste 21 ans, le jury de la Paris Design Week ne s'était pas trompé. Sept ans et quelques projets plus tard, la créatrice semble en voie de confirmer son expertise tant dans le domaine de l'architecture intérieure que dans celui du mobilier et de l'objet.
À l'origine de cette récompense, un guéridon nommé Iris. Présentée lors de l'exposition des jeunes créateurs, « Now ! Le Off », en 2017, la pièce décrite comme une réflexion sur la fonctionnalité du mobilier et l’économie de la matière, séduit le jury. Une reconnaissance qui entraîne rapidement plusieurs commandes lui permettant – avec l'aide d'une levée de fonds auprès de différents acteurs du monde de l’art et de la finance - de monter une première structure. Diplômé avec les honneurs peu de temps après, en 2019, la conceptrice entame alors une collaboration avec Gilles & Boissier. Une période de deux ans à la suite de laquelle elle lance son agence éponyme : Bureau Lacroix.
Deux projets comme deux pas de côté
Douée d'une double sensibilité tant spatiale que design, Sophie Lacroix renoue rapidement avec l'objet. Laissé de côté pendant quelque temps, la créatrice se recentre sur le projet Iris et fait éclore dès 2021 une collection auto-éditée forte d'une table basse, d'une lampe de table et d'un lampadaire. Réalisé en dentelle d'acier et noyer massif comme le guéridon, ce projet marque le début d'une collaboration sur le long terme avec l'ébéniste Robin Poupard. C’est effectivement en 2022 que se concrétise un autre projet d'envergure : repenser la table du petit-déjeuner du Cinq, le restaurant de l'hôtel Four Seasons George V. Un défi qui donne lieu à un ensemble de présentoirs et de couverts uniques et numérotés, alliant le marbre, le bois et le laiton.
L'architecture intérieure, fil rouge d'un parcours
Désormais riche de deux belles collections, Sophie Lacroix se repositionne rapidement sur des projets d’architecture intérieure. Elle qui avait principalement œuvré sur des chantiers résidentiels internationaux, s'offre une année 2023 gastronomique. Deux établissements parisiens ainsi qu'une brasserie à Toulon voient ainsi le jour.
Siena, Dandino, Muguet : un triptyque d'ambiances
Réunis par un souci du détail et une certaine agilité dans le choix de dominantes colorées, chaque projet témoigne d'une expertise dans le domaine du haut de gamme. Les jeux de textures combinés aux cloisonnements et aux choix colorimétriques renforcent une certaine théâtralisation des espaces. Sobre et élégant, chaque établissement parvient néanmoins à trouver sa propre identité. De la Dolce Vitae du lac de Côme évoquée par le Siena, au Dandino rappelant les rives romantiques de la Méditerranée en passant par les grandes heures de match dont peut désormais témoigner le Muguet.
Premier restaurant d'une telle importance - 900m²- à avoir été livré, le Siena est un voyage temporel entre l'Italie de la Renaissance et le Paris moderne. En piochant dans les codes esthétiques des palais des XV et XVIe siècle, la créatrice à décidé de mener un projet entre orientalisme et romantisme. Conçu autour d'une grande pièce principale dont la lumière zénithale souligne les murs terre de Sienne et un décor floral patiné, le restaurant compte également deux salles confidentielles et un jardin d'hiver. À l'étage, un cadre plus intimiste et parisien se dessine autour d'éléments en bronze, de moulures et d'une moquette Pavot, clin d'œil revisité au domicile de Serge Gainsbourg. Un périple transalpin à travers les époques.
Non loin de l'Italie, sur la french Riviera des 60's aurait pu se trouver le Dandino. Petit écrin photogénique paré de bois vernis, il aurait certainement figuré sur quelques clichés de Slim Aarons. Situé en plein cœur de Saint-Germain-des-Prés, le restaurant fait la part belle aux détails d'un autre temps : assises revêtues d'un passepoil mauve, luminaires en toiles et franges oranges ou encore chaises en fer forgé avec coussins rouges. Un décor flamboyant dont la fresque d'un paysage toscan signé Clément Arnaud, fait office de passeport.
Baignée de lumière, la brasserie Le Muguet inscrit la gastronomie comme synonyme d'échange et de partage. Établi dans le prolongement du nouveau campus du Rugby Club de Toulon, cet espace de 600m² rassemble la communauté de l'Ovalie. Imaginé pour retranscrire à la fois le contexte méditerranéen toulonnais et l'identité du club, Sophie Lacroix a collaboré avec RBC pour l'ameublement. Des grandes banquettes en cuir viennent ainsi dialoguer avec le béton ciré du sol et la moquette rouge. Ouverte sur l'extérieur par de larges baies, la brasserie propose aussi plusieurs alcôves intimistes. De quoi discuter des stratégies à l'abri des oreilles indiscrètes.
L'international, terre d'inspiration et de réalisation :
Fidèle aux projets développés jusqu'alors, Sophie Lacroix poursuit dans l'univers de la restauration en ouvrant sur les six premiers mois de l'année, un beach club tourné vers la gastronomie péruvienne en Grèce, et deux nouveaux restaurants dans la capitale. Hasard des choses ou volonté artistique, Manko et Tio, respectivement situés sur la côte méditerranéenne et dans le 8e arrondissement de Paris, mettent en avant la culture latine.
Tourné vers l'eau et la détente, le premier conjugue la culture des Andes et l'architecture d'inspiration inca. En résulte un ensemble architectural d'une grande sobriété intelligemment texturé pour rappeler visuellement cette civilisation outre-atlantique. Rehaussée d'une végétation luxuriante et de multiples jeux de trames, le beach club dégage une forme de magie.
Pour Tio en revanche, la créatrice a pris le parti de constituer un lieu ultra figuratif qui ne laisse aucune place au doute. Les coussins réalisés au crochet présentent des motifs inspirés de la faune et la flore mexicaine tandis que les cactus qui cernent la salle de réception immergent le client dans les montagnes d'Amérique centrale. À noter également les détails en forme de soleil présents dans le travail du bois.
Deux projets inscrits en opposition radicale avec le Hollywood Savoy situé le long du Palais Brongniart. Quelque part entre le speakeasy et l'esthétique de l'Orient-Express, le lieu est surtout un hommage à la culture des années 30. Cerné de lourdes tentures en velours couleur tabac, le riche décor ou se fond moquette léopard, bar en bronze et verre martelé, offre un nouveau point du vue sur le travail du studio. Une diversité que celui-ci devrait continuer d'explorer avec la livraison prochaine de deux projets résidentiels en plein cœur du Marais.
Deuxième véhicule de l’ère moderne de la marque après l’A110, l’A290 incarne le parfait mélange entre citadine ludique et bombinette sportive. Une double vision que l'on retrouve dans un design pensé au service de l'expérience de conduite.
Une citadine qui a la couleur de la vitesse. Après le retour empreint de nostalgie de la R5 sur le marché des citadines, c'est désormais au tour d'Alpine de rentrer en piste avec une déclinaison bien plus sportive.
Plus familiale et urbaine que toute autre Alpine, cette cinq portes de 3m99 de long et 2,02 de large n'oublie pas ses origines pour autant. Conçu pour avaler les kilomètres, ce nouveau modèle regroupe les trois piliers de la marque : performance, agilité et légèreté ainsi qu’un savoir-faire à la française. Considéré comme un modèle d’entrée de gamme dans l’univers de la marque, l'A290 conjugue à elle seule la praticité des citadines avec le design sportif.
Une Alpine remodelée
Ce qui frappe en premier lorsque l'on regarde l'A290, c'est le travail des volumes radicalement opposés à l'image lisse et ronde de ses prédécesseurs. Beaucoup plus robuste, le nouveau modèle citadin doit en partie son allure à sa plateforme de type skateboard et son moteur de taille réduite permettant de raccourcir l'empattement tout en élargissant les pneus et l'assise. Pourtant, bien qu'il s'agisse d'un véhicule d'usage quotidien, les rappels à l’univers de la course automobile sont nombreux et les caractéristiques du design sportif, bien présentes. L'illustration parfaite se trouve dans les quatre petits phares avant typiques d'Alpine, en forme de croix. Traditionnellement ronds, cette nouvelle signature vient rappeler l'esthétique rallye, où les phares étaient autrefois en verre étaient « gaffés » de scotch noir afin de ne pas se briser en cas de choc et de laisser derrière eux des éclats potentiellement dangereux pour les autres concurrents.
Un clin d’œil tout en discrétion qui valorise par ailleurs l'avant très plat du véhicule, contrebalancé par le bas de caisse et les ouïes latérales radicalement sportives. Une allure complétée par de larges ailes discrètement habillées de trois segments en volumes sur les portes arrière, et l'absence d'un béquet au profit d'un ducktail au niveau du hayon. Une manière de souligner la sportivité du véhicule sans entraver son aérodynamisme. Pour la même raison, les feux arrière ont été intégrés dans les montants de la carrosserie, tout comme sur la R5 e-tech.
Coté jantes, la conception de trois séries – été classique, été sport et hiver - de 19 pouces, combinées au design Snowflake en finitions noir brillant, noir semi-diamanté ou noir diamanté, donnent aux roues une place prépondérante dans le profilé du véhicule. En leur sein, les étriers de frein Rouge racing ou Bleu Alpine signent là encore un évident rappel du lien entre l'écurie française et la vitesse.
La Première Édition limitée à 1 955 exemplaires (date de création de la marque) sera disponibles dans quatre teintes : Noir Profond, Blanc Nival, Gris Tornade Mat, et bien entendu le célèbre Bleu Alpine Vision.
Un intérieur tracé pour l'expérience de conduite
Dans l'habitacle, l'idée est la même qu'à l'extérieur : laisser transparaître le sport auto, sans en faire trop. Oubliez le tableau de bord ultra-technologique avec de nombreux boutons. Ici tout, ou presque, se joue sur le volant, et se voit sur les écrans. Complètement tournés vers le conducteur pour un ressenti classique ou plus sensoriel, leurs dimensions offrent une lisibilité optimale sans pour autant parasiter le regard. Le premier d'instrumentation, grand de 10,25 pouces situé derrière le volant, permet de voir en temps réel les informations techniques tandis que l'écran central de 10,1 pouces est destiné à l'infodivertissement. Ce dernier, réglable avec l'application Alpine Telemetrics, propose au conducteur trois catégories de services destinées à améliorer l'expérience de conduite :
- Live Data pour afficher les données de conduite selon l'agilité, la puissance et l'endurance.
- Coaching pour consulter des conseils afin de mieux appréhender son véhicule, et de progresser en pilotage.
- Challenges qui propose une suite de défis sportifs inspirés des sensations physiques et acoustiques des jeux vidéo. En effet, en l’absence de bruit moteur naturel dans une voiture électrique, la création d’un retour sonore accompagnant la conduite a été mise au point par les équipes d’Alpine avec des acousticiens et des musiciens, sur la base des sons générés par la motorisation. Ils sont diffusées via le système audio Devialet, composé de neuf hauts-parleurs, spécialement étudiés pour l’A290.
Toujours dans un esprit ludique mêlant jeux vidéo et course auto, le bouton Overtake présent à droite du volant permet au conducteur d’obtenir pendant 10 secondes toute la puissance et le couple du moteur électrique.
Pour ce qui est des textures, l'intérieur reste somme toute assez classique avec l'utilisation d'un revêtement enduit grainé combiné à un textile recyclé gris bleuté utilisé sur le tableau de bord rétro-éclairé, les côtés de la console centrale et les contre-portes. Seule la partie haute des sièges est rehaussée d'un coloris crème tandis que le volant, point évidemment central de la conduite est en cuir Nappa (une finition disponible en all-over pour les habitacles haut de gamme). Dans cet ensemble, plusieurs rappels de la marque raviront les amateurs. On note par exemple la forme ronde des boutons pour les commandes moteurs, la reprise du graphisme « montagnes » sur l'écran d'instrumentation ou encore les couleurs bleu et rouge des boutons Recharge et Overtake (qui permet de libérer instantanément une puissance de 220 chevaux) sur le volant. A noter également la légère inclinaison du bloc central - estampillé Alpine - et des sièges baquet qui participent à l'atmosphère compétitive de l'habitacle. Enfin, le généreux volume du coffre, de 326 litres, donne à cette citadine un atout majeur pour sortir du circuit métro-boulot-dodo, et partir à l'aventure.
C'est à Ambonnay, en plein cœur de la Marne, que Maison Krug à inauguré « Joseph » en avril, un nouvel espace de vinification signé par l'agence AW².
Voici une nouvelle adresse qui devrait faire pétiller de bonheur les amateurs de fines bulles. Livré en avril, « Joseph » est un nouvel espace de 9 500 m² entièrement dédié au champagne Maison Krug, une marque fondée en 1843 à Reims. Situé sur la commune d'Ambonnay, il conjugue des espaces destinés au public notamment pour la dégustation, à ceux dédiés à la conception. Ce sont ainsi 5 cuveries et 8 celliers qui prennent place dans cet ensemble architectural. Dessiné par l'agence AW², « Joseph » vient compléter le projet « Maison de Famille Krug » précédemment livré en 2017. Une seconde aventure architecturale pour la marque, guidée par la volonté d'aborder le mystère de l'élaboration du champagne, et de s'intégrer harmonieusement dans le village.
Une architecture trait d'union entre le fruit et la bouteille
Situé entre les vignes et Ambonnay, « Joseph » matérialise par son implantation même, le lien entre le paysage et ses habitants, la terre et le champagne. Réparti sur trois niveaux, sa conception moderne en accord avec les gammes colorées et les formes du paysage lui confère une certaine sobriété. Conçu en H autour d'un espace de réception central et panoramique, l'édifice ouvert sur le Clos historique et la place Barancourt de la commune est composé de deux longues nefs parallèles. La structure du toit réalisée en bois lamellé-collé permet d'obtenir une courbe élégante en écho aux fûts. La couverture réalisée en aluminium texturé cuivré pour rappeler la terre des environs, habille également les murs du bâtiment donnant à l'ensemble une harmonie organique. Allégée par un soubassement renfoncé en béton brut, l'architecture a été percée d'ouvertures régulières afin d'optimiser l'éclairage naturel à l'intérieur. Sur la partie centrale, un large auvent en toile tendue accueille le visiteur dans un espace presque entièrement vitré. Une manière de montrer implicitement la première étape de confection du champagne : les vignes.
Une exemplarité environnementale
Sensible à l'environnement, AW² conçoit ses projets de la manière la plus éco-responsable possible, en minimisant le recours aux combustibles fossiles et en favorisant l’utilisation ressources locales. À ce titre, les deux architectes Reda Amalou et Stéphanie Ledoux ont pourvu le bâtiment d'un ensemble de ventelles et d'avancées dans la toiture permettant de limiter les rayonnements directs tout en maximisant la lumière. La mise en place d'un double réseau pompe à chaleur et free-cooling ainsi qu'une isolation haute performance ont permis au bâtiment d'obtenir la mention « Exceptionnelle » de la certification Haute Qualité Environnemental. Une mention relativement rare qui confère au lieu une précision architecturale à l'image de celle de la vinification.
A Paris, boulevard des Capucines, le pâtissier Pierre Hermé ouvre sa première boutique entièrement dédiée au chocolat. Un emplacement immersif conçu en l'honneur du cacao.
« Intense, subtil, complexe, le chocolat nécessite une infinie précision. Il est indispensable de l’apprivoiser pour créer le goût, la texture juste, l’émotion ultime. » explique Pierre Hermé qui travaille cette matière depuis plus de trois décennies. 26 ans après avoir inauguré son premier espace de vente à Tokyo, le pâtissier ouvre sa première boutique dédiée exclusivement au chocolat, 23 boulevard des Capucines. Un espace à l'image de son art, raffiné, immersif et visuel.
Une immersion dans l'univers sucré de Pierre Hermé
Dessinée par le duo Patrick Jouin et Sanjit Manku du studio parisien Jouin Manku, la boutique est une ode au chocolat. Ce petit écrin raffiné à l'élégance détaillée que l'on pourrait croire sorti d'un film de Tim Burton - au hasard, Charlie et la chocolaterie – propose au client une immersion dans l’univers de Pierre Hermé. Aux yeux du pâtissier, « rien n’a été laissé au hasard, le chocolat est partout. Les murs polymorphes rappellent les nuances de couleurs et de textures, les matériaux, le savoir-faire du chocolatier. » Et pour cause, par des subtils jeux de matière, les designers ont recréé les effets de cet aliment, qu'il soit poudré ou liquide comme sur le plafond en métal. Des effets visuels renforcés par le camaïeu de marron en all-over. Un parti-pris somme toute assez classique mais particulièrement efficace notamment pour la mise en valeur de la vitrine centrale. Conçue en cuivre, elle apporte une brillance, source de préciosité, aux mets présentés. Sa forme d'éventail épousée par celle du luminaire en verre soufflé et le détail en grès cérame au sol, rappelle le travail de composition et la multiplicité des saveurs. Pour entourer et mettre en valeur cette pièce aussi symbolique qu'importante, les murs légèrement évasés présentent les produits pré-emballés dans des packagings aux couleurs de leurs contenus.
Une « architecture du goût »
Entre ces murs, comme coupés du monde, le studio à également souhaité faire de cette boutique un pont entre le produit final et son origine. Une démarche semblable à celle du pâtissier qui accorde depuis quelque temps un intérêt tout particulier à la matière première. Ainsi, l'enveloppe intérieure en chêne fumé rappelle les forêts équatoriennes tandis que la toile de lin tendue en hauteur évoque les sacs en toile de jute destinés au transport des fèves. De petites graines à l'origine des macarons, bonbons et autres barres de chocolat qui ont permis au Pâtissier de s'implanter dans douze pays à travers le monde. « Mon travail du chocolat se caractérise aussi par l’architecture du goût et notamment le goût chocolat. » rappelle Pierre Hermé parlant de chaque collection comme « une invitation à la découverte ». Preuve, s'il en est, de la porosité entre la construction d'une saveur et le goût de l'architecture d’intérieure.
Fruit d'une première collaboration entre le designer français Tristan Lohner et la marque danoise Wendelbo, la collection Shapes incarne le ravissant mélange entre technique et esthétique.
Des volumes simples au toucher granuleux, imbriqués les uns aux autres presque naturellement par des courbes dans lesquelles la complexité s'efface. Semblables « à des galets sur lesquels l'érosion aurait fait son temps » selon le designer Tristan Lohner, cette collection est le résultat d'une collaboration avec la marque danoise Wendelbo. Intitulée Shapes, elle s'inscrit comme la synthèse entre le mode de la complexité technique et de la simplicité visuelle. Une dualité en partie liée aux concepteurs dont la collection est empreinte.
L'artisanat comme trait d'union
Conçue autour de la volonté de « tendre vers une forme de légèreté, en élevant visuellement les “stigmates” du processus industriel », la collection puise dans les racines communes aux concepteurs : l'artisanat. Ébéniste de formation, Tristan Lohner accorde une attention toute particulière au rapport sensible entre l'objet et l'utilisateur. Un rapport qui passe par la pérennité et l'aura visuelle de la conception. Des notions qui résonnent aussi auprès de la marque danoise qui s'est diversifiée depuis 1955, tout en conservant sa technicité et son exigence tactile, directement liée à ses débuts dans la tapisserie d'ameublement. C'est de cette exigence et de trois années de travail entre l'Europe et le Vietnam qu'est né Shapes.
La sobriété autour de la complexité
Composée d'un canapé, d'un fauteuil, d'une table et d'une assise proposée avec et sans accoudoirs, la collection a été fortement inspirée par le design post-50's, tel que l’explique Tristan Lohner. Une période où le mobilier s'est fait plus souple et plus naturel dans ses formes. Une évocation rétro appliquée du piètement de la table, ou l'absence d'angle et la jonction évoque une sorte d'arborescence, à la chaise Event dont le style très classique convoque l'élégance et la sobriété propre aux pays nordiques. « Il y avait cette idée de faire du design scandinaves à l'italienne. C'est-à-dire quelque chose d'épuré, de raffiné tout en rondeur. » Une vision dont le canapé Montholon est l'exemple emblématique. Un objet d'autant plus fort qu'il tire son nom de la rue dans laquelle se trouvait l'atelier du père du designer -dessinateur pour le journal Le Monde – et où il explique avoir ressenti ses « premières sensations sculpturales ». Un clin d'œil en arrière qui permet de comprendre cet ensemble résolument d'aujourd'hui et visible au showroom RBC, 40 rue Violet, jusqu'au 26 avril.
Le nouveau modèle Ypsilon de la marque Lancia a été dévoilé le 16 février à Milan. Réalisé en partenariat avec Cassina, l'intérieur du véhicule est un hommage raffiné à la marque automobile.
Fruit d'une collaboration entre les deux grandes marques de design italien que sont Lancia et Cassina, la nouvelle Ypsilon allie astucieusement l'élégance d'un design sobre et le raffinement digne des grandes maisons. Avec sa motorisation électrique permettant 403 kilomètres d'autonomie et ses dimensions légèrement plus imposantes que les précédents modèles, ce véhicule s'inscrit dans les tendances actuelles. Dévoilée le 16 février et commercialisée en Italie à partir du mois de mai, elle fera son apparition en France dans le courant de l'année pour 39 500€.
Lancia réinvente son essence visuelle
Habituée aux formes arrondies, la marque propose cette fois-ci un modèle bleu et noir aux lignes plus tendues. La calandre, élément identitaire de la marque a été enlevée et remplacée par trois fines lignes led qui structure l'allure frontale de la voiture. Autre changement, l'écusson Lancia disparaît lui aussi au profit d'un lettrage argenté, perforé sur l'avant du capot. En opposition à l'avant relativement plat, l'arrière du véhicule est quant à lui marqué par une superposition de volumes anguleux au sein desquels se logent deux feux ronds repris au modèle sportif Stratos. Bâtie sur une plateforme Stellantis (utilisée également pour L'Opel Corsa ou la Peugeot 208), Ypsilon entre dans la lignée des compacts « premium ».
Un petit habitacle connecté et haut de gamme
Conçu pour accueillir quatre passagers et de petits bagages (le coffre oscille entre 310 et 340 litres.), l'intérieur est surtout le résultat d'une conception main dans la main avec Cassina. Ultra-connectée, elle cumule les allusions à l'histoire et à l'identité du constructeur. Hommage aux savoir-faire italiens, Yspilon est le premier modèle de la marque à proposer une petite « table » intérieure. Ce « tavolino » en cuir bleu cousu à la main, prend place à l'avant de l'habitacle et intègre notamment une base de recharge par induction. Également réalisés par Cassina, les sièges en velours bleu ont été réalisés dans une trame « cannelloni ». Une référence au tissu utilisé par Lancia sur ses premiers véhicules. Pour Luca Napolitano, PDG de la marque Lancia, « LANCIA YPSILON EDIZIONE LIMITATA CASSINA représente l’expression ultime du confort et du design à bord [...]. Ce résultat a également été possible grâce à la collaboration de Cassina qui, avec notre Centro Stile de Turin, a conçu une véritable pièce à vivre, inspirée de l’esprit accueillant des maisons italiennes ».
Pensée comme complémentaire à l'esthétisme des matériaux, les technologies sont également omniprésentes dans l'habitacle. Outre le large écran de contrôle, Yspilon est équipé de l'Apple CarPlay et l'Android Auto, mais également d'un assistant vocal. Un outil qui permet à l'utilisateur d'optimiser l'espace par le biais du système S.A.L.A, acronyme de Sound, Air, Light and Augmentation, également réglable par l'écran. Une conception à la fois technologique et esthétique qui rend hommage aux routes déjà tracées par le design automobile italien.
Nathalie Crinière, scénographe de l’exposition «Sculpting the senses», visible au Musée des Arts Décoratifs de Paris du 29 novembre 2023 au 28 avril 2024, revient sur son choix d’une mise en scène sobre. Un travail d’un an et demi qui permet d’admirer les œuvres oniriques et surnaturelles d’Iris van Herpen.
Au travers d’une centaine de robes, le visiteur est invité à découvrir l’univers d’Iris Van Herpen où s’entremêlent technologie et nature. Depuis la fondation de sa marque éponyme en 2007, la styliste de 39 ans propose une réinterprétation totale des codes de la mode. Un monde surprenant mis en scène par Nathalie Crinière, créatrice sans frontière; à l’origine de l’exposition Schiaparelli qui s’était également tenue au MAD en 2022, ainsi que du musée de la boutique Dior, avenue Montaigne. Entretien avec cette scénographe à l'œil rieur.
La complexité esthétique des œuvres d’Iris van Herpen a-t-elle été plus difficile à scénographier que d’autres maisons de couture ?
Celle-ci ne l’était pas plus. Elles sont toutes complexes. La contrainte principale était la présence de grandes robes et d’immenses œuvres. Il fallait avoir l’espace nécessaire, mais également penser au recul pour les contempler. Au musée des Arts décoratifs, nous sommes très dépendants de l’architecture et c’est assez délicat car il y a 12 travées et un escalier. Nous avons en revanche pris le parti de laisser occasionnellement le béton et les parpaings apparents pour jouer avec l’intérieur brut du musée. Donc c’est tout un jeu de discussions et de fabrications sur mesure qui s’opère pour utiliser l’espace à sa juste valeur.
Pourquoi avez-vous dessiné un espace avec tant de sobriété ?
Notre scénographie simple et discrète, est faite de noir et de blanc, sans effets de matières, car les robes d’Iris Van Herpen ne sont pas très colorées, mais ont une présence très forte. Pour soutenir les tenues, c’est un dispositif tout en courbe, en écho aux formes organiques des créations, qui prend place au ras du sol. Je voulais qu’on puisse regarder les robes dans les yeux.
D’autant que la plupart ne se trouvent pas dans des vitrines…
Oui, la créatrice nous a autorisés à exposer les trois-quarts de sa collection sans protection. C’est une chance car on ne regarde pas une robe en direct comme on la regarde à travers du verre. Pour les protéger, nous avons simplement conçu une rivière de miroir au sol qui évoque la limite à ne pas franchir et permet aux visiteurs de voir les créations autrement.
Était-ce votre choix d’enrichir le parcours d’un panel hétéroclite d'œuvres ?
L’enjeu central posé dès le début par la commissaire d’exposition, Chloé Pitiot, était de mettre les robes d’Iris Van Herpen en parallèle d'œuvres qui contextualisent son travail inspiré de l’Art et de la nature. Pour mieux comprendre son univers, nous sommes allés dans son atelier, à Amsterdam, où nous avons vu les éléments de près ainsi que ses nombreuses recherches. De là, nous avons conçu une scénographie qui ne s’inspire pas d’une collection ou d’une tenue, mais de son travail global.
Y a-t-il eu un désir de rendre la technologie prégnante en raison de la place centrale qu’elle occupe dans le travail de la créatrice ?
Nous n’avons pas directement mis en avant la technologie présente au cœur de son processus de création. Bien qu’il y ait des impressions 3D, il y a aussi beaucoup de bouts de ficelle et du papier qui jouent parfois sur la multiplication d’images ou la profondeur. C’est donc très intéressant, car il y a dans l’exposition une impression de technologie qui est parfois très low-tech [mouvement technocritique en opposition au high-tech].
Dans ses défilés, Iris Van Herpen prône une certaine sobriété contrairement à d'autres maisons. Êtes-vous allé à l’encontre des mises en scène habituelles de votre agence ?
Nous n’avons pas d’habitudes scénographiques. Nous sommes à l’écoute des créateurs et des maisons pour comprendre ce qu’ils veulent transmettre. Dans ce projet, la mise en scène est très simple et très sobre à l’inverse d’autres maisons de couture, mais nous n’aurions jamais fait ça pour Dior ou Schiaparelli. Nous essayons de comprendre les personnes pour nous adapter aux contenus et faire quelque chose d’unique ! La sobriété n’était pas une demande de la créatrice mais ça s’est imposé de par la complexité de ses robes et sa personnalité. Lorsque vous écoutez les gens, ça vous fait déjà un petit peu d’espace en trois dimensions. Dans votre profession, vous concevez des espaces tandis qu’Iris Van Herpen crée des robes très architecturales.
Finalement, vos professions sont assez similaires ?
Dior voulait être architecte... donc oui, il y a des liens. Selon moi, le point le plus probant, c’est l’espace en trois dimensions. Un vêtement, c’est une petite architecture qui vient habiter et habiller l’espace. C’est ce que fait Iris Van Herpen avec les volumes qu’elle dessine. Pour nous, en tant qu’architecte d’intérieur, c’est la même chose sauf que la mode se met sur des corps et que nous nous inscrivons dans des espaces existants.
À Berlin, la célèbre maison Moët & Chandon propose depuis novembre, un bar consacré au champagne. L'espace conçu par l'agence Yabu Pushelberg, se veut à la fois intime et convivial pour que chacun profite du plaisir de la dégustation.
Un lieu à la hauteur du prestige de la marque. Voici l'enjeu confié par Moët & Chandon à l'agence Yabu Pushelberg pour la conception de ce bar. Prenant place dans un très célèbre grand magasin allemand, KaDeWe, ce projet devait retranscrire l'âme de cette grande maison afin de proposer aux multiples clients une expérience cohérente avec l'image de marque.
La traduction d'une identité
Pour l'agence, créer un bar dédié, impliquait de capter son image et ce qui s'en dégage. Une recherche qui leur a permis de « comprendre que l’artisanat demeure l’âme vive de cette maison de champagne» expliquent George Yabu et Glenn Pushelberg. Mais par-delà cette notion intrinsèquement liée à l'histoire de Moët & Chandon, le duo souhaitait un espace en capacité de provoquer l'émerveillement des consommateurs. Un enjeu qui les a rapidement poussés à désigner les émotions comme vecteur indissociable de la prestigieuse boisson. De ce triple facteur est ainsi né le fil rouge de ce projet où s'entremêle désir, intimité et célébration.
Un espace intense mais intimiste
En dépit de l'image élitiste inscrite par Moët & Chandon dans l'inconscient collectif, le duo de créateurs a souhaité concevoir un espace où viennent se fêter les grandes et les petites occasions. Pour donner corps à cette vision, l'agence Yabu Pushelberg a conçu un espace accueillant où s'articule convivialité et intimité. Ainsi, c'est dans ce lieu tout en courbes que des recoins intimistes viennent se lover, tandis qu'au centre, un grand bar en arc de cercle offre un lieu plus propice à la dégustation. Les parois rouge et crème délicatement soulignées par l'éclairage indirect font de cette adresse un écrin chaleureux. Les formes organiques du mobilier et des cloisons donnent à l'ensemble une fluidité mais aussi une intensité exubérante pouvant rappeler, à certains égards, l'underground berlinois.
Depuis plus de 10 ans, Mickael Bénichou à l'origine de Liberté Chaillot, redessine des boulangeries en apportant force et caractère au lieu. Pour sa neuvième création parisienne, il a collaboré avec l’architecte d’intérieur Jules Mesny-Deschamps. Un projet à l'ambiance très italienne réalisé main dans la main.
Armée d’une vision architecturale forte - mêlant le traitement brut de la coque architecturale des lieux à la préciosité et à la noblesse des matériaux qui composent les agencements - Liberté écrit chaque magasin comme un chapitre de son histoire. Si chaque projet est différent, le quatre mains avec un architecte/designer différent est la règle d'or de Mickael Bénichou, fondateur de la marque. Après un premier concept confié pour son adresse de la rue des vinaigriers aux architectes Mur Mur, Liberté Chaillot a collaboré avec Le duo Jaune, Emmanuelle Simon ou encore Dorothée Meilichzon. Pour sa neuvième boulangerie à Paris, Liberté s’installe rue Chaillot, dans le 16è arrondissement, niché entre l’Alma et l’Etoile. Elle choisit, pour l’accompagner, l’architecte d’intérieur Jules Mesny-Deschamps.
Passé sur les bancs de l’école Camondo, Jules Mesny-Deschamps fonde son agence sans attendre la fin de son cursus, et opère initialement dans la rénovation résidentielle. Un passage de 5 ans à la co-direction du magasin parisien Merci lui ouvrent l’univers du retail, et lui confèrent une vision certaine de l’expérience d’un lieu marchand. Rompu depuis lors à imaginer des lieux à l’image forte, Jules Mesny-Deschamps livre ici la plus “Italienne” des versions de Liberté. “Mickaël est venu me voir avec une idée très claire : exprimer tout le caractère patricien de ce quartier en rendant hommage aux boulangeries italiennes. Nous sommes naturellement allé chercher l’inspiration dans les bars milanais, les cafés Turinois, et tout l’imaginaire que déploie l’Italie des années 50/60.” explique-t-il.
Une évocation transalpine
Pour cette création, le Studio Mesny-Deschamps développe ainsi un vocabulaire de matières propres à l’élégance italienne. Le bois rouge au vernis brillant, poncé à l’eau et passé en 8 couches, comme la coque des Riva, nés sur le lac de Côme est souligné par le chrome qui en rappel l’accastillage. L’idée n’étant pas pour autant de donner dans le pastiche, c’est là que l’aspect cru de la coque tranche avec la citation, et rejoint l’histoire de la première Boulangerie Liberté. L’inox brut du comptoir contraste avec ce raffinement presque désuet et ramène l’esprit du lieu à notre époque. Le sol a été chiné dans le centre de la France. En céramique grise flammée, sa composition rappelle les pavés de l’avenue Marceau, voisine de la boulangerie. Sur les murs, a été appliqué un enduit, dont la texture rappelle la pâte pétrie dans le tour. Granuleuse, elle prend la couleur du mastic, et son application irrégulière marque les murs de cette matière “non raffinée” qui constitue une partie des codes des lieux Liberté. “Nous n’avons rien voulu cacher du laboratoire que nous avons installé juste derrière l’espace de vente, visible à travers les arches en bois vernis brillant . Nous n’avons masqué ni le tour, ni la façonneuse, et encore moins le fournil. C’est le cœur de la boulangerie, et l’essence même du lieu. Cette technique ajoute du sens, et contraste, Comme à l’habitude de la marque, avec l’apparente préciosité de l’écrin.”
Liberté célèbre donc ses dix ans en réaffirmant une fois encore sa vision architecturale forte, et enrichie de collaborations avec des créateurs qui embrassent cette vision, et écrivent chaque nouveau chapitre dans le respect du ton général : dans le respect de l’héritage de la boulangerie, sans oublier d’y adjoindre une certaine irrévérence comme gage de modernité.
Retrouvez notre article sur Liberté Turbigo par Jessica Mille dans Intramuros 218
Depuis septembre 2023, le cuisiniste allemand Bora à ouvert au public les portes de son nouveau bâtiment de Herford, en Allemagne. Un lieu architecturalement innovant et en phase avec les valeurs de la marque.
Pour abriter son nouveau showroom de Herford, l'équipementier de cuisine haut de gamme Bora a fait appel à l'architecte Peter Lorenz. Une collaboration qui a abouti à un bâtiment d'environ 2000m² qui accueille le magasin de la marque, une cuisine d'exposition, un restaurant et des surfaces dédiées aux partenaires. Ouvert au public en septembre 2023, l'édifice de deux niveaux structurellement surprenant, reflète la philosophie novatrice de Bora. Fondée en 2007, la marque qui emploie désormais 500 collaborateurs à travers le monde, a reçu plusieurs prix d'innovations parmi lesquels le Red Dot Awards, le German Design Awards, ou l’Iconic Awards.
Une architecture à la limite de l'impossible
Haut de 13,5 mètres et long d'une centaine, le bâtiment se différencie en tout point des constructions industrielles classiques. Construit sur des pilotis dégageant un parking couvert de 80 places, le bloc habitable de 10 mètres de haut semble déformé. La structure en acier en forme de losange aux coins arrondis est entièrement vitrée sur ces deux extrémités. Autour, l'enveloppe métallique perforée du bâtiment se déploie ponctuée de grands panneaux de verre coloré. Un design qui laisse passer la lumière et offre à l'ensemble un aspect futuriste.
Mais c'est véritablement la façade sud surplombant la voie rapide qui a représenté un défi technique. Désirant apporter du dynamisme à la structure, l'architecte à réalisé une paroi inclinée à 42°. Cette forme particulière aux nombreuses contraintes techniques peut se déformer jusqu'à 13 centimètres pour éviter une rupture. Un défi pour l'architecte Peter Lorenz, à l'origine d'autres sites de la marque, que rien ne « motive plus que l'opportunité de sortir de l'architecture de routine pour réaliser des solutions d'exception ».
Un édifice bien dans son époque
A l'intérieur, la structure du bâtiment est apparente. Visibles, les poutres répondent au principe d'architecture du créateur et au désir de la marque de mettre en avant l'aspect technique, en accord avec la philosophie des produits Bora. Outre l'aspect structurel, l'enveloppe du bâtiment et son inclinaison permettent une communication visuelle entre les personnes situées de chaque côté des fenêtres. Quant à la lumière, elle est accrue par un toit vitré composé de deux éléments de 63m² chacun surplombant les espaces lounge et restauration. Cette infrastructure « cabriolet » peut également s'ouvrir, conférant au lieu une atmosphère unique, sans trop de nuisances sonores dues à la voie rapide. « Il n'y a pas de toit de verre coulissant plus grand en Allemagne » affirme l'architecte pour qui « la mise en œuvre a été un véritable défi [...] et constitue l’une des raisons pour lesquelles ce projet a été si exigeant. »
Mais la construction prend également en compte les critères environnementaux, difficilement dissociables d'un tel projet. La surface restante sur le toit est entièrement recouverte de panneaux solaires alimentant le bâtiment en énergie. Quant à la consommation thermique, elle est prise en charge par un système de géothermie constitué de 20 sondes s'enfonçant à 130 mètres de profondeur. L'eau peut ensuite être stockée dans une cuve de 200 litres qui assure l'autonomie du bâtiment en période hivernale.
« Ravissez-moi avec une proposition unique au monde. »
Innovant de par son architecture et les prouesses qui lui ont permis de sortir de terre, ce bâtiment s'affiche comme le dernier fleuron de la marque. Avec sa conception durable implantée dans un parc, son confort intérieur et sa localisation surplombant un axe de circulation important, Bora inscrit ce projet comme un véritable porte-étendard de sa philosophie. Le fondateur de l'entreprise Willi Bruckbauer avait dit à l'architecte : « Ravissez-moi avec une proposition unique au monde. » C'est désormais chose faite par un savant mélange de technique et avant-gardisme.
Pour sa première édition, EspritContract se tiendra du 18 au 21 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/fr/secteur/contract
La modification des habitudes de travail due à la crise covid a poussé les entreprises à se réorganiser. Pour rester attractifs, les bureaux se sont métamorphosés et les espaces secondaires se sont « réenchantés ». Une évolution constatée par Paul Silvera.
Les années 2020 et 2021 ont profondément modifié notre rapport au travail et particulièrement aux espaces professionnels. Selon Paul Silvera, fondateur de la marque éponyme « on ne reviendra plus jamais en arrière avec l'ensemble des salariés dans des bureaux. Mais la société se dirige vers un équilibre entre le télétravail et le présentiel. » Cette réalité a permis l'explosion des espaces de co-working et la démocratisation de nouvelles configurations comme le flex-office. « Ce nouveau modèle permet à certains domaines comme la tech ou les métiers de la création, une plus grande efficacité par l'agencement très libre des espaces de travail. Mais il y a également une dimension économique puisque le télétravail permet de réduire d'un tiers les surfaces de bureaux ». Un changement largement perçu par Silvera qui, depuis 1990, aménage majoritairement des bureaux et sièges sociaux notamment par des solutions contract. Une branche qui représente 60 % du chiffre d'affaires global de l'entreprise et mobilise une quinzaine de personnes.
Une reconsidération globale des bureaux
Les derniers projets de Silvera pour Pernod-Ricard, Sanofi, Doctolib ou encore Leboncoin, témoignent de l'importance pour le domaine privé de repenser ses espaces de travail. Mais des projets à gros budget auprès des ministères ou du domaine public, montrent également une envie plus large de faire revenir les travailleurs en réenchantant les lieux. « Avant le covid déjà, une volonté de gommer les frontières entre la maison et l'entreprise se faisait sentir car ces dernières cherchaient plus de chaleurs et un esprit cocooning ». Preuve de ce renouveau, les projets concernant des firmes reprennent les codes de l'hôtellerie, second secteur d'activité de Silvera. « Les halls des sièges sociaux ressemblent maintenant à des accueils d'hébergement haut de gamme, et des espaces comme les cafétérias deviennent de véritables lieux de rencontre et d'échange. Si ces dernières sont mal pensées, cela peut même avoir un effet sur l'entreprise. » analyse le directeur. Un changement de paradigme en France mais aussi à l'étranger.
Un avenir équilibré et bénéfique
« Malgré le boom post-covid, je suis confiant pour les trois années à venir car toutes les entreprises se questionnent et réfléchissent à leurs aménagements. » Une continuité des commandes qui s'explique aussi par la maîtrise de Silvera dans les projets relatifs
« aux zones de détente, de coworking, et même au monde complémentaire des cabines acoustiques qui est devenu un secteur en lui-même particulièrement important. » Cette gestion globale et l'imagination du groupe constituent un avantage sur les marques concurrentes. « Chez Silvera, nous travaillons avec des architectes qui peuvent piocher dans une vingtaine ou une trentaine de marques pour un projet, là où ces dernières se contenteront souvent d'une gamme particulière. »
Mais au-delà de l'aspect créatif, Silvera bénéficie également d'un noyau pluridisciplinaire. « L'avantage que nous avons, ce sont nos multiples secteurs. Quand le contract s'écrase avec le covid par exemple, l'habitat nous permet de nous maintenir à flot, et vis-versa. De ce point de vue, le secteur de l'ameublement est donc encore assez privilégié. » Une situation d'autant plus réjouissante que le monde de l'hôtellerie profite actuellement d'un véritable dynamisme assurant de nombreux projets contract au groupe dans les mois à venir.
Pour sa première édition, EspritContract se tiendra du 18 au 21 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/fr/secteur/contract
Depuis 1987, RBC porte son expertise dans diverses projets d'aménagement contract. Face à l'évolution du secteur comme de la société, l'entreprise pose aujourd'hui un regard critique sur ses choix et l'industrie du design. Une position évoquée par Tristan Lohner, comme une forme d'engagement éthique.
« Au début, RBC c'était un homme, Franck Argentin, qui se battait avec sa sacoche pour remporter des projets » rappelle Tristan Lohner, directeur général adjoint de la marque. Puis il y a eu un premier showroom ouvert à Nîmes, suivi des 7 autres et des projets toujours plus importants. De la médiathèque aux sièges sociaux parmi lesquels Chanel ou LVMH, en passant par de « l'hospitality » auprès du groupe Accor, les projets se sont diversifiés grâce à l'expertise RBC dans le domaine du contract. « Dès le début, nous savions que nous ne pouvions pas compter que sur le retail. » constate le directeur adjoint dont 70 % du chiffre d'affaires provient du contract.
Une expertise et « un côté terrien »
Fondée en 1987 loin de Paris, la marque « est ancrée dans la réalité. Chez RBC nous privilégions les expériences de côté dans l'architecture, le design, la création en général. » explique Tristan Lohner. « Nous ne cherchons pas des personnes sorties de parcours stéréotypés, mais des interlocuteurs cultivés, passionnés, qui vont être efficaces et rapides et avec lesquels nos clients pourront même potentiellement nouer des liens. » Une manière de proposer des projets ciblés porteurs de sens. Mais plus qu'une stratégie commerciale, il s'agit d'une réassociation des acteurs entre ceux qui pensent le design et ceux qui le commercialisent. Un phénomène permettant aux clients d'obtenir des propositions plus adaptées et aux professionnels de saisir correctement les enjeux d'un monde qui change.
Parmi les différents exemples de la fluctuation des tendances, l'entreprise réalise aujourd'hui 30 % de bureaux et 70 % de zones informelles. Une demande en totale opposition avec la décennie passée, ce qui amène les créateurs à se renouveler. « Le monde des bureaux, jusqu'à maintenant gris et kafkaïen, s'est modifié grâce à l'exigence de la clientèle. J'ai l'impression que les consommateurs sont très inventifs en ce moment et nous poussent à être moins sérieux. C'est une sorte de provocation positive dans laquelle certains designers rentrent et c'est formidable. Il faut séduire et dédramatiser ce milieu ! »
« A l'origine le design n'est pas haut de gamme. C'est la création intelligente »
Avec 800 marques partenaires, RBC porte une attention particulière à la qualité du design utilisé dans ses projets contract. « Notre objectif n'est pas de vendre le plus possible un produit. Il faut vendre intelligemment ». Une vision qui implique une attention toute particulière à la matière, au processus de fabrication ou encore à l’ergonomie des articles. “ Nous sommes passionnés par la notion de design au sens de produit industriel. Il y a une forme de désir d'un retour à cette époque de la révolution industrielle dans le sens ou il est question de vraiment répondre à une cible et à un besoin. »
Une notion d'industrialisation du mobilier qui résonne avec la question des coûts de fabrication et de leurs répercussions sur la vente. « Aujourd'hui nous avons des chaises à tous les prix et notamment du très haut de gamme à plusieurs milliers d'euros. Mais si nous trouvons des chaises à 59 € qui correspondent à nos attentes, ça en fait un très bon produit. C'est la prouesse intellectuelle qui a permis une conception optimisée qui fait qu’un produit est très haut de gamme à nos yeux ! »
Un regard éthique avant l'esthétique
A la question de la pensée industrielle s'ajoute aussi celle intimement liée de l'éthique. « Chez RBC nous estimons avoir la responsabilité de nos produits, ce qui nous oblige parfois à dire non à certaines marques pour ne pas cautionner un modèle potentiellement problématique éthiquement ou environnementalement. Notre expertise en tant qu'entreprise est justement de nous interroger sur nos limites pour que nos projets ne sombrent pas dans le quick design. »
Une démarche encouragée par l'Etat qui inclut désormais un barème de notation sur la traçabilité des matériaux, l'aspect managérial de l'entreprise ou encore le bilan carbone dans les appels d'offres. Une forme de sanctions financières approuvée par RBC dont une branche interne est en charge de ces questions ainsi que de l'analyse des marques partenaires. Une manière de garder en tête « qu'à l'origine le design n'est pas haut de gamme ou bas de gamme. C'est le lien entre l'industrie et le rêve. »
Pour plus d'informations sur les réalisations et les produits RBC, rendez-vous sur rbcmobilier.com
The Tokyo Toilet s’attaque à l’insalubrité des toilettes publiques de la capitale japonaise par la rénovation de 17 d’entre elles dans le quartier de Shibuya. Conçus par de grands noms de l’architecture et du design japonais, ces sanitaires publics sont également l’occasion de sensibiliser la population nippone à l’importance de garder ces lieux propres et accessibles pour autrui.
Enclenché en août 2020 avec la rénovation d’une première toilette publique, le projet The Tokyo Toilet devrait bientôt arriver à son terme. Alors que 14 d’entre elles sont aujourd’hui terminées, la totalité des 17 toilettes publiques constitutrices du projet devrait être achevée dans les mois à venir.
Ces rénovations sont à l’initiative de l’ONG japonaise spécialisée dans l’innovation sociale The Nippon Foundation, en collaboration avec le quartier de Shibuya, l’un des 23 arrondissements de la capitale Tokyo. Pour l’occasion, l’ONG a confié la conception de ces sanitaires publics à 16 architectes et designers de renommée mondiale, dont Tadao Ando, Shigeru Ban, Fumihiko Maki, Toyo Ito, tous les quatre récipiendaires du prix Pritzker. Presque entièrement libres dans leur conception, ils se devaient toutefois de proposer un espace sanitaire universel, pouvant être utilisé par tous. Ainsi, chacun des projets proposés offre une expérience sanitaire différente selon le lieu d’implantation : les toilettes font office de lanternes dans les zones peu éclairées et illuminent les alentours, tandis que dans les parcs elles arborent des lignes sculpturales, par exemple.
Favoriser l’esprit d’hospitalité
The Tokyo Toilet s’apparente à une expérience sociale dans sa volonté de promouvoir une société inclusive, où les toilettes publiques sont accessibles à tous, nonobstant de l’âge, du sexe ou du handicap. Il s’agit notamment de favoriser l’esprit d’hospitalité, notion extrêmement importante au Japon. En effet, les toilettes y sont considérées comme un miroir de la société. Cela implique donc des protocoles de nettoyage renforcés et des comportements irréprochables pour garantir un espace propre à l’utilisateur suivant.
Outre la dimension esthétique, le projet The Tokyo Toilet met ainsi l’accent sur l’entretien et la maintenance de ces espaces sanitaires publics. Chacun d’entre eux est nettoyé trois fois par jour, inspecté mensuellement par un agent dédié et connaît un lavage annuel soigné de ses murs extérieurs, de ses appareils d’éclairage et de ses ventilateurs.
Dans un souci de sensibilisation des populations les plus jeunes, des ateliers pratiques de nettoyage à destination des enfants sont mis en place, afin de leur faire comprendre l’importance des installations publiques, et de les inciter au civisme. L’image des agents d’entretien est également redorée auprès des adolescents par l’intermédiaire du bleu de travail : l’uniforme est rendu trendy grâce à Nigo, directeur artistique chez Kenzo, qui a été chargé de le dessiner.
Les quatre “K”
The Tokyo Toilet s’inscrit dans une démarche de revalorisation de l’image de ses toilettes publiques, surnommées quatre “K”, lancée il y a près de quarante ans. En effet, dès 1985 par le professeur Nishioka de l’université Keio et son groupe de recherches composé de médecins, d’urbanistes et de fabricants de toilettes cherchent un remède à ces toilettes kitanai (“sales”), kusai (“malodorantes”), kurai (“sombres) et kowai (“effrayantes”), délaissées par les habitants, à l’exception de quelques rares personnes comme les chauffeurs de taxi. Un paradoxe lorsqu’on connaît la réputation exemplaire des toilettes japonaises, mondialement reconnues pour leur propreté et leur fonctionnalité.
Retrouvez notre dossier spécial outdoor avec un portfolio de projets innovants dédiés à l’espace public dans le numéro 215 d’Intramuros.