Réalisations
A Paris, boulevard des Capucines, le pâtissier Pierre Hermé ouvre sa première boutique entièrement dédiée au chocolat. Un emplacement immersif conçu en l'honneur du cacao.
« Intense, subtil, complexe, le chocolat nécessite une infinie précision. Il est indispensable de l’apprivoiser pour créer le goût, la texture juste, l’émotion ultime. » explique Pierre Hermé qui travaille cette matière depuis plus de trois décennies. 26 ans après avoir inauguré son premier espace de vente à Tokyo, le pâtissier ouvre sa première boutique dédiée exclusivement au chocolat, 23 boulevard des Capucines. Un espace à l'image de son art, raffiné, immersif et visuel.
Une immersion dans l'univers sucré de Pierre Hermé
Dessinée par le duo Patrick Jouin et Sanjit Manku du studio parisien Jouin Manku, la boutique est une ode au chocolat. Ce petit écrin raffiné à l'élégance détaillée que l'on pourrait croire sorti d'un film de Tim Burton - au hasard, Charlie et la chocolaterie – propose au client une immersion dans l’univers de Pierre Hermé. Aux yeux du pâtissier, « rien n’a été laissé au hasard, le chocolat est partout. Les murs polymorphes rappellent les nuances de couleurs et de textures, les matériaux, le savoir-faire du chocolatier. » Et pour cause, par des subtils jeux de matière, les designers ont recréé les effets de cet aliment, qu'il soit poudré ou liquide comme sur le plafond en métal. Des effets visuels renforcés par le camaïeu de marron en all-over. Un parti-pris somme toute assez classique mais particulièrement efficace notamment pour la mise en valeur de la vitrine centrale. Conçue en cuivre, elle apporte une brillance, source de préciosité, aux mets présentés. Sa forme d'éventail épousée par celle du luminaire en verre soufflé et le détail en grès cérame au sol, rappelle le travail de composition et la multiplicité des saveurs. Pour entourer et mettre en valeur cette pièce aussi symbolique qu'importante, les murs légèrement évasés présentent les produits pré-emballés dans des packagings aux couleurs de leurs contenus.
Une « architecture du goût »
Entre ces murs, comme coupés du monde, le studio à également souhaité faire de cette boutique un pont entre le produit final et son origine. Une démarche semblable à celle du pâtissier qui accorde depuis quelque temps un intérêt tout particulier à la matière première. Ainsi, l'enveloppe intérieure en chêne fumé rappelle les forêts équatoriennes tandis que la toile de lin tendue en hauteur évoque les sacs en toile de jute destinés au transport des fèves. De petites graines à l'origine des macarons, bonbons et autres barres de chocolat qui ont permis au Pâtissier de s'implanter dans douze pays à travers le monde. « Mon travail du chocolat se caractérise aussi par l’architecture du goût et notamment le goût chocolat. » rappelle Pierre Hermé parlant de chaque collection comme « une invitation à la découverte ». Preuve, s'il en est, de la porosité entre la construction d'une saveur et le goût de l'architecture d’intérieure.
Fruit d'une première collaboration entre le designer français Tristan Lohner et la marque danoise Wendelbo, la collection Shapes incarne le ravissant mélange entre technique et esthétique.
Des volumes simples au toucher granuleux, imbriqués les uns aux autres presque naturellement par des courbes dans lesquelles la complexité s'efface. Semblables « à des galets sur lesquels l'érosion aurait fait son temps » selon le designer Tristan Lohner, cette collection est le résultat d'une collaboration avec la marque danoise Wendelbo. Intitulée Shapes, elle s'inscrit comme la synthèse entre le mode de la complexité technique et de la simplicité visuelle. Une dualité en partie liée aux concepteurs dont la collection est empreinte.
L'artisanat comme trait d'union
Conçue autour de la volonté de « tendre vers une forme de légèreté, en élevant visuellement les “stigmates” du processus industriel », la collection puise dans les racines communes aux concepteurs : l'artisanat. Ébéniste de formation, Tristan Lohner accorde une attention toute particulière au rapport sensible entre l'objet et l'utilisateur. Un rapport qui passe par la pérennité et l'aura visuelle de la conception. Des notions qui résonnent aussi auprès de la marque danoise qui s'est diversifiée depuis 1955, tout en conservant sa technicité et son exigence tactile, directement liée à ses débuts dans la tapisserie d'ameublement. C'est de cette exigence et de trois années de travail entre l'Europe et le Vietnam qu'est né Shapes.
La sobriété autour de la complexité
Composée d'un canapé, d'un fauteuil, d'une table et d'une assise proposée avec et sans accoudoirs, la collection a été fortement inspirée par le design post-50's, tel que l’explique Tristan Lohner. Une période où le mobilier s'est fait plus souple et plus naturel dans ses formes. Une évocation rétro appliquée du piètement de la table, ou l'absence d'angle et la jonction évoque une sorte d'arborescence, à la chaise Event dont le style très classique convoque l'élégance et la sobriété propre aux pays nordiques. « Il y avait cette idée de faire du design scandinaves à l'italienne. C'est-à-dire quelque chose d'épuré, de raffiné tout en rondeur. » Une vision dont le canapé Montholon est l'exemple emblématique. Un objet d'autant plus fort qu'il tire son nom de la rue dans laquelle se trouvait l'atelier du père du designer -dessinateur pour le journal Le Monde – et où il explique avoir ressenti ses « premières sensations sculpturales ». Un clin d'œil en arrière qui permet de comprendre cet ensemble résolument d'aujourd'hui et visible au showroom RBC, 40 rue Violet, jusqu'au 26 avril.
Le nouveau modèle Ypsilon de la marque Lancia a été dévoilé le 16 février à Milan. Réalisé en partenariat avec Cassina, l'intérieur du véhicule est un hommage raffiné à la marque automobile.
Fruit d'une collaboration entre les deux grandes marques de design italien que sont Lancia et Cassina, la nouvelle Ypsilon allie astucieusement l'élégance d'un design sobre et le raffinement digne des grandes maisons. Avec sa motorisation électrique permettant 403 kilomètres d'autonomie et ses dimensions légèrement plus imposantes que les précédents modèles, ce véhicule s'inscrit dans les tendances actuelles. Dévoilée le 16 février et commercialisée en Italie à partir du mois de mai, elle fera son apparition en France dans le courant de l'année pour 39 500€.
Lancia réinvente son essence visuelle
Habituée aux formes arrondies, la marque propose cette fois-ci un modèle bleu et noir aux lignes plus tendues. La calandre, élément identitaire de la marque a été enlevée et remplacée par trois fines lignes led qui structure l'allure frontale de la voiture. Autre changement, l'écusson Lancia disparaît lui aussi au profit d'un lettrage argenté, perforé sur l'avant du capot. En opposition à l'avant relativement plat, l'arrière du véhicule est quant à lui marqué par une superposition de volumes anguleux au sein desquels se logent deux feux ronds repris au modèle sportif Stratos. Bâtie sur une plateforme Stellantis (utilisée également pour L'Opel Corsa ou la Peugeot 208), Ypsilon entre dans la lignée des compacts « premium ».
Un petit habitacle connecté et haut de gamme
Conçu pour accueillir quatre passagers et de petits bagages (le coffre oscille entre 310 et 340 litres.), l'intérieur est surtout le résultat d'une conception main dans la main avec Cassina. Ultra-connectée, elle cumule les allusions à l'histoire et à l'identité du constructeur. Hommage aux savoir-faire italiens, Yspilon est le premier modèle de la marque à proposer une petite « table » intérieure. Ce « tavolino » en cuir bleu cousu à la main, prend place à l'avant de l'habitacle et intègre notamment une base de recharge par induction. Également réalisés par Cassina, les sièges en velours bleu ont été réalisés dans une trame « cannelloni ». Une référence au tissu utilisé par Lancia sur ses premiers véhicules. Pour Luca Napolitano, PDG de la marque Lancia, « LANCIA YPSILON EDIZIONE LIMITATA CASSINA représente l’expression ultime du confort et du design à bord [...]. Ce résultat a également été possible grâce à la collaboration de Cassina qui, avec notre Centro Stile de Turin, a conçu une véritable pièce à vivre, inspirée de l’esprit accueillant des maisons italiennes ».
Pensée comme complémentaire à l'esthétisme des matériaux, les technologies sont également omniprésentes dans l'habitacle. Outre le large écran de contrôle, Yspilon est équipé de l'Apple CarPlay et l'Android Auto, mais également d'un assistant vocal. Un outil qui permet à l'utilisateur d'optimiser l'espace par le biais du système S.A.L.A, acronyme de Sound, Air, Light and Augmentation, également réglable par l'écran. Une conception à la fois technologique et esthétique qui rend hommage aux routes déjà tracées par le design automobile italien.
Nathalie Crinière, scénographe de l’exposition «Sculpting the senses», visible au Musée des Arts Décoratifs de Paris du 29 novembre 2023 au 28 avril 2024, revient sur son choix d’une mise en scène sobre. Un travail d’un an et demi qui permet d’admirer les œuvres oniriques et surnaturelles d’Iris van Herpen.
Au travers d’une centaine de robes, le visiteur est invité à découvrir l’univers d’Iris Van Herpen où s’entremêlent technologie et nature. Depuis la fondation de sa marque éponyme en 2007, la styliste de 39 ans propose une réinterprétation totale des codes de la mode. Un monde surprenant mis en scène par Nathalie Crinière, créatrice sans frontière; à l’origine de l’exposition Schiaparelli qui s’était également tenue au MAD en 2022, ainsi que du musée de la boutique Dior, avenue Montaigne. Entretien avec cette scénographe à l'œil rieur.
La complexité esthétique des œuvres d’Iris van Herpen a-t-elle été plus difficile à scénographier que d’autres maisons de couture ?
Celle-ci ne l’était pas plus. Elles sont toutes complexes. La contrainte principale était la présence de grandes robes et d’immenses œuvres. Il fallait avoir l’espace nécessaire, mais également penser au recul pour les contempler. Au musée des Arts décoratifs, nous sommes très dépendants de l’architecture et c’est assez délicat car il y a 12 travées et un escalier. Nous avons en revanche pris le parti de laisser occasionnellement le béton et les parpaings apparents pour jouer avec l’intérieur brut du musée. Donc c’est tout un jeu de discussions et de fabrications sur mesure qui s’opère pour utiliser l’espace à sa juste valeur.
Pourquoi avez-vous dessiné un espace avec tant de sobriété ?
Notre scénographie simple et discrète, est faite de noir et de blanc, sans effets de matières, car les robes d’Iris Van Herpen ne sont pas très colorées, mais ont une présence très forte. Pour soutenir les tenues, c’est un dispositif tout en courbe, en écho aux formes organiques des créations, qui prend place au ras du sol. Je voulais qu’on puisse regarder les robes dans les yeux.
D’autant que la plupart ne se trouvent pas dans des vitrines…
Oui, la créatrice nous a autorisés à exposer les trois-quarts de sa collection sans protection. C’est une chance car on ne regarde pas une robe en direct comme on la regarde à travers du verre. Pour les protéger, nous avons simplement conçu une rivière de miroir au sol qui évoque la limite à ne pas franchir et permet aux visiteurs de voir les créations autrement.
Était-ce votre choix d’enrichir le parcours d’un panel hétéroclite d'œuvres ?
L’enjeu central posé dès le début par la commissaire d’exposition, Chloé Pitiot, était de mettre les robes d’Iris Van Herpen en parallèle d'œuvres qui contextualisent son travail inspiré de l’Art et de la nature. Pour mieux comprendre son univers, nous sommes allés dans son atelier, à Amsterdam, où nous avons vu les éléments de près ainsi que ses nombreuses recherches. De là, nous avons conçu une scénographie qui ne s’inspire pas d’une collection ou d’une tenue, mais de son travail global.
Y a-t-il eu un désir de rendre la technologie prégnante en raison de la place centrale qu’elle occupe dans le travail de la créatrice ?
Nous n’avons pas directement mis en avant la technologie présente au cœur de son processus de création. Bien qu’il y ait des impressions 3D, il y a aussi beaucoup de bouts de ficelle et du papier qui jouent parfois sur la multiplication d’images ou la profondeur. C’est donc très intéressant, car il y a dans l’exposition une impression de technologie qui est parfois très low-tech [mouvement technocritique en opposition au high-tech].
Dans ses défilés, Iris Van Herpen prône une certaine sobriété contrairement à d'autres maisons. Êtes-vous allé à l’encontre des mises en scène habituelles de votre agence ?
Nous n’avons pas d’habitudes scénographiques. Nous sommes à l’écoute des créateurs et des maisons pour comprendre ce qu’ils veulent transmettre. Dans ce projet, la mise en scène est très simple et très sobre à l’inverse d’autres maisons de couture, mais nous n’aurions jamais fait ça pour Dior ou Schiaparelli. Nous essayons de comprendre les personnes pour nous adapter aux contenus et faire quelque chose d’unique ! La sobriété n’était pas une demande de la créatrice mais ça s’est imposé de par la complexité de ses robes et sa personnalité. Lorsque vous écoutez les gens, ça vous fait déjà un petit peu d’espace en trois dimensions. Dans votre profession, vous concevez des espaces tandis qu’Iris Van Herpen crée des robes très architecturales.
Finalement, vos professions sont assez similaires ?
Dior voulait être architecte... donc oui, il y a des liens. Selon moi, le point le plus probant, c’est l’espace en trois dimensions. Un vêtement, c’est une petite architecture qui vient habiter et habiller l’espace. C’est ce que fait Iris Van Herpen avec les volumes qu’elle dessine. Pour nous, en tant qu’architecte d’intérieur, c’est la même chose sauf que la mode se met sur des corps et que nous nous inscrivons dans des espaces existants.
À Berlin, la célèbre maison Moët & Chandon propose depuis novembre, un bar consacré au champagne. L'espace conçu par l'agence Yabu Pushelberg, se veut à la fois intime et convivial pour que chacun profite du plaisir de la dégustation.
Un lieu à la hauteur du prestige de la marque. Voici l'enjeu confié par Moët & Chandon à l'agence Yabu Pushelberg pour la conception de ce bar. Prenant place dans un très célèbre grand magasin allemand, KaDeWe, ce projet devait retranscrire l'âme de cette grande maison afin de proposer aux multiples clients une expérience cohérente avec l'image de marque.
La traduction d'une identité
Pour l'agence, créer un bar dédié, impliquait de capter son image et ce qui s'en dégage. Une recherche qui leur a permis de « comprendre que l’artisanat demeure l’âme vive de cette maison de champagne» expliquent George Yabu et Glenn Pushelberg. Mais par-delà cette notion intrinsèquement liée à l'histoire de Moët & Chandon, le duo souhaitait un espace en capacité de provoquer l'émerveillement des consommateurs. Un enjeu qui les a rapidement poussés à désigner les émotions comme vecteur indissociable de la prestigieuse boisson. De ce triple facteur est ainsi né le fil rouge de ce projet où s'entremêle désir, intimité et célébration.
Un espace intense mais intimiste
En dépit de l'image élitiste inscrite par Moët & Chandon dans l'inconscient collectif, le duo de créateurs a souhaité concevoir un espace où viennent se fêter les grandes et les petites occasions. Pour donner corps à cette vision, l'agence Yabu Pushelberg a conçu un espace accueillant où s'articule convivialité et intimité. Ainsi, c'est dans ce lieu tout en courbes que des recoins intimistes viennent se lover, tandis qu'au centre, un grand bar en arc de cercle offre un lieu plus propice à la dégustation. Les parois rouge et crème délicatement soulignées par l'éclairage indirect font de cette adresse un écrin chaleureux. Les formes organiques du mobilier et des cloisons donnent à l'ensemble une fluidité mais aussi une intensité exubérante pouvant rappeler, à certains égards, l'underground berlinois.
Depuis plus de 10 ans, Mickael Bénichou à l'origine de Liberté Chaillot, redessine des boulangeries en apportant force et caractère au lieu. Pour sa neuvième création parisienne, il a collaboré avec l’architecte d’intérieur Jules Mesny-Deschamps. Un projet à l'ambiance très italienne réalisé main dans la main.
Armée d’une vision architecturale forte - mêlant le traitement brut de la coque architecturale des lieux à la préciosité et à la noblesse des matériaux qui composent les agencements - Liberté écrit chaque magasin comme un chapitre de son histoire. Si chaque projet est différent, le quatre mains avec un architecte/designer différent est la règle d'or de Mickael Bénichou, fondateur de la marque. Après un premier concept confié pour son adresse de la rue des vinaigriers aux architectes Mur Mur, Liberté Chaillot a collaboré avec Le duo Jaune, Emmanuelle Simon ou encore Dorothée Meilichzon. Pour sa neuvième boulangerie à Paris, Liberté s’installe rue Chaillot, dans le 16è arrondissement, niché entre l’Alma et l’Etoile. Elle choisit, pour l’accompagner, l’architecte d’intérieur Jules Mesny-Deschamps.
Passé sur les bancs de l’école Camondo, Jules Mesny-Deschamps fonde son agence sans attendre la fin de son cursus, et opère initialement dans la rénovation résidentielle. Un passage de 5 ans à la co-direction du magasin parisien Merci lui ouvrent l’univers du retail, et lui confèrent une vision certaine de l’expérience d’un lieu marchand. Rompu depuis lors à imaginer des lieux à l’image forte, Jules Mesny-Deschamps livre ici la plus “Italienne” des versions de Liberté. “Mickaël est venu me voir avec une idée très claire : exprimer tout le caractère patricien de ce quartier en rendant hommage aux boulangeries italiennes. Nous sommes naturellement allé chercher l’inspiration dans les bars milanais, les cafés Turinois, et tout l’imaginaire que déploie l’Italie des années 50/60.” explique-t-il.
Une évocation transalpine
Pour cette création, le Studio Mesny-Deschamps développe ainsi un vocabulaire de matières propres à l’élégance italienne. Le bois rouge au vernis brillant, poncé à l’eau et passé en 8 couches, comme la coque des Riva, nés sur le lac de Côme est souligné par le chrome qui en rappel l’accastillage. L’idée n’étant pas pour autant de donner dans le pastiche, c’est là que l’aspect cru de la coque tranche avec la citation, et rejoint l’histoire de la première Boulangerie Liberté. L’inox brut du comptoir contraste avec ce raffinement presque désuet et ramène l’esprit du lieu à notre époque. Le sol a été chiné dans le centre de la France. En céramique grise flammée, sa composition rappelle les pavés de l’avenue Marceau, voisine de la boulangerie. Sur les murs, a été appliqué un enduit, dont la texture rappelle la pâte pétrie dans le tour. Granuleuse, elle prend la couleur du mastic, et son application irrégulière marque les murs de cette matière “non raffinée” qui constitue une partie des codes des lieux Liberté. “Nous n’avons rien voulu cacher du laboratoire que nous avons installé juste derrière l’espace de vente, visible à travers les arches en bois vernis brillant . Nous n’avons masqué ni le tour, ni la façonneuse, et encore moins le fournil. C’est le cœur de la boulangerie, et l’essence même du lieu. Cette technique ajoute du sens, et contraste, Comme à l’habitude de la marque, avec l’apparente préciosité de l’écrin.”
Liberté célèbre donc ses dix ans en réaffirmant une fois encore sa vision architecturale forte, et enrichie de collaborations avec des créateurs qui embrassent cette vision, et écrivent chaque nouveau chapitre dans le respect du ton général : dans le respect de l’héritage de la boulangerie, sans oublier d’y adjoindre une certaine irrévérence comme gage de modernité.
Retrouvez notre article sur Liberté Turbigo par Jessica Mille dans Intramuros 218
Depuis septembre 2023, le cuisiniste allemand Bora à ouvert au public les portes de son nouveau bâtiment de Herford, en Allemagne. Un lieu architecturalement innovant et en phase avec les valeurs de la marque.
Pour abriter son nouveau showroom de Herford, l'équipementier de cuisine haut de gamme Bora a fait appel à l'architecte Peter Lorenz. Une collaboration qui a abouti à un bâtiment d'environ 2000m² qui accueille le magasin de la marque, une cuisine d'exposition, un restaurant et des surfaces dédiées aux partenaires. Ouvert au public en septembre 2023, l'édifice de deux niveaux structurellement surprenant, reflète la philosophie novatrice de Bora. Fondée en 2007, la marque qui emploie désormais 500 collaborateurs à travers le monde, a reçu plusieurs prix d'innovations parmi lesquels le Red Dot Awards, le German Design Awards, ou l’Iconic Awards.
Une architecture à la limite de l'impossible
Haut de 13,5 mètres et long d'une centaine, le bâtiment se différencie en tout point des constructions industrielles classiques. Construit sur des pilotis dégageant un parking couvert de 80 places, le bloc habitable de 10 mètres de haut semble déformé. La structure en acier en forme de losange aux coins arrondis est entièrement vitrée sur ces deux extrémités. Autour, l'enveloppe métallique perforée du bâtiment se déploie ponctuée de grands panneaux de verre coloré. Un design qui laisse passer la lumière et offre à l'ensemble un aspect futuriste.
Mais c'est véritablement la façade sud surplombant la voie rapide qui a représenté un défi technique. Désirant apporter du dynamisme à la structure, l'architecte à réalisé une paroi inclinée à 42°. Cette forme particulière aux nombreuses contraintes techniques peut se déformer jusqu'à 13 centimètres pour éviter une rupture. Un défi pour l'architecte Peter Lorenz, à l'origine d'autres sites de la marque, que rien ne « motive plus que l'opportunité de sortir de l'architecture de routine pour réaliser des solutions d'exception ».
Un édifice bien dans son époque
A l'intérieur, la structure du bâtiment est apparente. Visibles, les poutres répondent au principe d'architecture du créateur et au désir de la marque de mettre en avant l'aspect technique, en accord avec la philosophie des produits Bora. Outre l'aspect structurel, l'enveloppe du bâtiment et son inclinaison permettent une communication visuelle entre les personnes situées de chaque côté des fenêtres. Quant à la lumière, elle est accrue par un toit vitré composé de deux éléments de 63m² chacun surplombant les espaces lounge et restauration. Cette infrastructure « cabriolet » peut également s'ouvrir, conférant au lieu une atmosphère unique, sans trop de nuisances sonores dues à la voie rapide. « Il n'y a pas de toit de verre coulissant plus grand en Allemagne » affirme l'architecte pour qui « la mise en œuvre a été un véritable défi [...] et constitue l’une des raisons pour lesquelles ce projet a été si exigeant. »
Mais la construction prend également en compte les critères environnementaux, difficilement dissociables d'un tel projet. La surface restante sur le toit est entièrement recouverte de panneaux solaires alimentant le bâtiment en énergie. Quant à la consommation thermique, elle est prise en charge par un système de géothermie constitué de 20 sondes s'enfonçant à 130 mètres de profondeur. L'eau peut ensuite être stockée dans une cuve de 200 litres qui assure l'autonomie du bâtiment en période hivernale.
« Ravissez-moi avec une proposition unique au monde. »
Innovant de par son architecture et les prouesses qui lui ont permis de sortir de terre, ce bâtiment s'affiche comme le dernier fleuron de la marque. Avec sa conception durable implantée dans un parc, son confort intérieur et sa localisation surplombant un axe de circulation important, Bora inscrit ce projet comme un véritable porte-étendard de sa philosophie. Le fondateur de l'entreprise Willi Bruckbauer avait dit à l'architecte : « Ravissez-moi avec une proposition unique au monde. » C'est désormais chose faite par un savant mélange de technique et avant-gardisme.
Pour sa première édition, EspritContract se tiendra du 18 au 21 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/fr/secteur/contract
La modification des habitudes de travail due à la crise covid a poussé les entreprises à se réorganiser. Pour rester attractifs, les bureaux se sont métamorphosés et les espaces secondaires se sont « réenchantés ». Une évolution constatée par Paul Silvera.
Les années 2020 et 2021 ont profondément modifié notre rapport au travail et particulièrement aux espaces professionnels. Selon Paul Silvera, fondateur de la marque éponyme « on ne reviendra plus jamais en arrière avec l'ensemble des salariés dans des bureaux. Mais la société se dirige vers un équilibre entre le télétravail et le présentiel. » Cette réalité a permis l'explosion des espaces de co-working et la démocratisation de nouvelles configurations comme le flex-office. « Ce nouveau modèle permet à certains domaines comme la tech ou les métiers de la création, une plus grande efficacité par l'agencement très libre des espaces de travail. Mais il y a également une dimension économique puisque le télétravail permet de réduire d'un tiers les surfaces de bureaux ». Un changement largement perçu par Silvera qui, depuis 1990, aménage majoritairement des bureaux et sièges sociaux notamment par des solutions contract. Une branche qui représente 60 % du chiffre d'affaires global de l'entreprise et mobilise une quinzaine de personnes.
Une reconsidération globale des bureaux
Les derniers projets de Silvera pour Pernod-Ricard, Sanofi, Doctolib ou encore Leboncoin, témoignent de l'importance pour le domaine privé de repenser ses espaces de travail. Mais des projets à gros budget auprès des ministères ou du domaine public, montrent également une envie plus large de faire revenir les travailleurs en réenchantant les lieux. « Avant le covid déjà, une volonté de gommer les frontières entre la maison et l'entreprise se faisait sentir car ces dernières cherchaient plus de chaleurs et un esprit cocooning ». Preuve de ce renouveau, les projets concernant des firmes reprennent les codes de l'hôtellerie, second secteur d'activité de Silvera. « Les halls des sièges sociaux ressemblent maintenant à des accueils d'hébergement haut de gamme, et des espaces comme les cafétérias deviennent de véritables lieux de rencontre et d'échange. Si ces dernières sont mal pensées, cela peut même avoir un effet sur l'entreprise. » analyse le directeur. Un changement de paradigme en France mais aussi à l'étranger.
Un avenir équilibré et bénéfique
« Malgré le boom post-covid, je suis confiant pour les trois années à venir car toutes les entreprises se questionnent et réfléchissent à leurs aménagements. » Une continuité des commandes qui s'explique aussi par la maîtrise de Silvera dans les projets relatifs
« aux zones de détente, de coworking, et même au monde complémentaire des cabines acoustiques qui est devenu un secteur en lui-même particulièrement important. » Cette gestion globale et l'imagination du groupe constituent un avantage sur les marques concurrentes. « Chez Silvera, nous travaillons avec des architectes qui peuvent piocher dans une vingtaine ou une trentaine de marques pour un projet, là où ces dernières se contenteront souvent d'une gamme particulière. »
Mais au-delà de l'aspect créatif, Silvera bénéficie également d'un noyau pluridisciplinaire. « L'avantage que nous avons, ce sont nos multiples secteurs. Quand le contract s'écrase avec le covid par exemple, l'habitat nous permet de nous maintenir à flot, et vis-versa. De ce point de vue, le secteur de l'ameublement est donc encore assez privilégié. » Une situation d'autant plus réjouissante que le monde de l'hôtellerie profite actuellement d'un véritable dynamisme assurant de nombreux projets contract au groupe dans les mois à venir.
Pour sa première édition, EspritContract se tiendra du 18 au 21 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/fr/secteur/contract
Depuis 1987, RBC porte son expertise dans diverses projets d'aménagement contract. Face à l'évolution du secteur comme de la société, l'entreprise pose aujourd'hui un regard critique sur ses choix et l'industrie du design. Une position évoquée par Tristan Lohner, comme une forme d'engagement éthique.
« Au début, RBC c'était un homme, Franck Argentin, qui se battait avec sa sacoche pour remporter des projets » rappelle Tristan Lohner, directeur général adjoint de la marque. Puis il y a eu un premier showroom ouvert à Nîmes, suivi des 7 autres et des projets toujours plus importants. De la médiathèque aux sièges sociaux parmi lesquels Chanel ou LVMH, en passant par de « l'hospitality » auprès du groupe Accor, les projets se sont diversifiés grâce à l'expertise RBC dans le domaine du contract. « Dès le début, nous savions que nous ne pouvions pas compter que sur le retail. » constate le directeur adjoint dont 70 % du chiffre d'affaires provient du contract.
Une expertise et « un côté terrien »
Fondée en 1987 loin de Paris, la marque « est ancrée dans la réalité. Chez RBC nous privilégions les expériences de côté dans l'architecture, le design, la création en général. » explique Tristan Lohner. « Nous ne cherchons pas des personnes sorties de parcours stéréotypés, mais des interlocuteurs cultivés, passionnés, qui vont être efficaces et rapides et avec lesquels nos clients pourront même potentiellement nouer des liens. » Une manière de proposer des projets ciblés porteurs de sens. Mais plus qu'une stratégie commerciale, il s'agit d'une réassociation des acteurs entre ceux qui pensent le design et ceux qui le commercialisent. Un phénomène permettant aux clients d'obtenir des propositions plus adaptées et aux professionnels de saisir correctement les enjeux d'un monde qui change.
Parmi les différents exemples de la fluctuation des tendances, l'entreprise réalise aujourd'hui 30 % de bureaux et 70 % de zones informelles. Une demande en totale opposition avec la décennie passée, ce qui amène les créateurs à se renouveler. « Le monde des bureaux, jusqu'à maintenant gris et kafkaïen, s'est modifié grâce à l'exigence de la clientèle. J'ai l'impression que les consommateurs sont très inventifs en ce moment et nous poussent à être moins sérieux. C'est une sorte de provocation positive dans laquelle certains designers rentrent et c'est formidable. Il faut séduire et dédramatiser ce milieu ! »
« A l'origine le design n'est pas haut de gamme. C'est la création intelligente »
Avec 800 marques partenaires, RBC porte une attention particulière à la qualité du design utilisé dans ses projets contract. « Notre objectif n'est pas de vendre le plus possible un produit. Il faut vendre intelligemment ». Une vision qui implique une attention toute particulière à la matière, au processus de fabrication ou encore à l’ergonomie des articles. “ Nous sommes passionnés par la notion de design au sens de produit industriel. Il y a une forme de désir d'un retour à cette époque de la révolution industrielle dans le sens ou il est question de vraiment répondre à une cible et à un besoin. »
Une notion d'industrialisation du mobilier qui résonne avec la question des coûts de fabrication et de leurs répercussions sur la vente. « Aujourd'hui nous avons des chaises à tous les prix et notamment du très haut de gamme à plusieurs milliers d'euros. Mais si nous trouvons des chaises à 59 € qui correspondent à nos attentes, ça en fait un très bon produit. C'est la prouesse intellectuelle qui a permis une conception optimisée qui fait qu’un produit est très haut de gamme à nos yeux ! »
Un regard éthique avant l'esthétique
A la question de la pensée industrielle s'ajoute aussi celle intimement liée de l'éthique. « Chez RBC nous estimons avoir la responsabilité de nos produits, ce qui nous oblige parfois à dire non à certaines marques pour ne pas cautionner un modèle potentiellement problématique éthiquement ou environnementalement. Notre expertise en tant qu'entreprise est justement de nous interroger sur nos limites pour que nos projets ne sombrent pas dans le quick design. »
Une démarche encouragée par l'Etat qui inclut désormais un barème de notation sur la traçabilité des matériaux, l'aspect managérial de l'entreprise ou encore le bilan carbone dans les appels d'offres. Une forme de sanctions financières approuvée par RBC dont une branche interne est en charge de ces questions ainsi que de l'analyse des marques partenaires. Une manière de garder en tête « qu'à l'origine le design n'est pas haut de gamme ou bas de gamme. C'est le lien entre l'industrie et le rêve. »
Pour plus d'informations sur les réalisations et les produits RBC, rendez-vous sur rbcmobilier.com
The Tokyo Toilet s’attaque à l’insalubrité des toilettes publiques de la capitale japonaise par la rénovation de 17 d’entre elles dans le quartier de Shibuya. Conçus par de grands noms de l’architecture et du design japonais, ces sanitaires publics sont également l’occasion de sensibiliser la population nippone à l’importance de garder ces lieux propres et accessibles pour autrui.
Enclenché en août 2020 avec la rénovation d’une première toilette publique, le projet The Tokyo Toilet devrait bientôt arriver à son terme. Alors que 14 d’entre elles sont aujourd’hui terminées, la totalité des 17 toilettes publiques constitutrices du projet devrait être achevée dans les mois à venir.
Ces rénovations sont à l’initiative de l’ONG japonaise spécialisée dans l’innovation sociale The Nippon Foundation, en collaboration avec le quartier de Shibuya, l’un des 23 arrondissements de la capitale Tokyo. Pour l’occasion, l’ONG a confié la conception de ces sanitaires publics à 16 architectes et designers de renommée mondiale, dont Tadao Ando, Shigeru Ban, Fumihiko Maki, Toyo Ito, tous les quatre récipiendaires du prix Pritzker. Presque entièrement libres dans leur conception, ils se devaient toutefois de proposer un espace sanitaire universel, pouvant être utilisé par tous. Ainsi, chacun des projets proposés offre une expérience sanitaire différente selon le lieu d’implantation : les toilettes font office de lanternes dans les zones peu éclairées et illuminent les alentours, tandis que dans les parcs elles arborent des lignes sculpturales, par exemple.
Favoriser l’esprit d’hospitalité
The Tokyo Toilet s’apparente à une expérience sociale dans sa volonté de promouvoir une société inclusive, où les toilettes publiques sont accessibles à tous, nonobstant de l’âge, du sexe ou du handicap. Il s’agit notamment de favoriser l’esprit d’hospitalité, notion extrêmement importante au Japon. En effet, les toilettes y sont considérées comme un miroir de la société. Cela implique donc des protocoles de nettoyage renforcés et des comportements irréprochables pour garantir un espace propre à l’utilisateur suivant.
Outre la dimension esthétique, le projet The Tokyo Toilet met ainsi l’accent sur l’entretien et la maintenance de ces espaces sanitaires publics. Chacun d’entre eux est nettoyé trois fois par jour, inspecté mensuellement par un agent dédié et connaît un lavage annuel soigné de ses murs extérieurs, de ses appareils d’éclairage et de ses ventilateurs.
Dans un souci de sensibilisation des populations les plus jeunes, des ateliers pratiques de nettoyage à destination des enfants sont mis en place, afin de leur faire comprendre l’importance des installations publiques, et de les inciter au civisme. L’image des agents d’entretien est également redorée auprès des adolescents par l’intermédiaire du bleu de travail : l’uniforme est rendu trendy grâce à Nigo, directeur artistique chez Kenzo, qui a été chargé de le dessiner.
Les quatre “K”
The Tokyo Toilet s’inscrit dans une démarche de revalorisation de l’image de ses toilettes publiques, surnommées quatre “K”, lancée il y a près de quarante ans. En effet, dès 1985 par le professeur Nishioka de l’université Keio et son groupe de recherches composé de médecins, d’urbanistes et de fabricants de toilettes cherchent un remède à ces toilettes kitanai (“sales”), kusai (“malodorantes”), kurai (“sombres) et kowai (“effrayantes”), délaissées par les habitants, à l’exception de quelques rares personnes comme les chauffeurs de taxi. Un paradoxe lorsqu’on connaît la réputation exemplaire des toilettes japonaises, mondialement reconnues pour leur propreté et leur fonctionnalité.
Retrouvez notre dossier spécial outdoor avec un portfolio de projets innovants dédiés à l’espace public dans le numéro 215 d’Intramuros.
La rénovation devient un vrai phénomène de mode qui ouvre le monde de la piscine à de nouvelles perspectives. Objet de désir, la piscine a connu toutes les avancées stylistiques contemporaines. Créateurs et architectes ont consacré leur talent à sa séduction mais, au fil des ans, elle a évolué et s’est dotée de nouvelles options et caractéristiques devenues incontournables.
Faire évoluer radicalement une piscine jusqu’à la transfigurer, lui offrir une technologie d’avant-garde, ou juste la relooker, tout est réalisable. La rénovation est l’une des expertises de Carré Bleu, enseigne présente sur le marché de la piscine depuis plus de 50 ans, spécialisée dans l’évolution technique et esthétique des piscines familiales comme des piscines d’hôtel, de plein air ou d’intérieu
Que la piscine ait été conçue ou non par Carré Bleu, tout est mis en œuvre pour que cette renaissance soit parfaitement orchestrée. Le champ des possibles est très vaste grâce au savoir-faire des architectes et des artisans. Une piscine peut être embellie avec un design actuel qui réinvente les formes. Sa conception peut aussi être repensée avec des lignes plus sobres, une configuration semi-enterrée, l’intégration de nouveaux matériaux tels que le verre ou encore l’inox…
Carré Bleu propose toutes les innovations qui contribuent à plus de confort et de sérénité en minimisant l’impact sur l’environnement avec des piscines toujours plus responsables.
Au-delà de la gestion du chantier proprement dit, la rénovation d’un lieu mythique relève toujours d’un défi délicat : pour Cartier, il s’agissait de garder l’esprit de la Maison tout en s’adaptant aux nécessaires évolutions de l’expérience client. Pari réussi au 13, rue de la Paix, réouvert cet automne grâce à une belle synergie d’agences d’architectes et aux talents conjugués d’une trentaine d’artisans d’art, dans une véritable vitrine de savoir-faire.
Pour Cartier, le 13, rue de la Paix pourrait être un lieu mémoriel : c’est le berceau parisien où s’est installé, en 1899, Louis Cartier quand il a pris la direction de la Maison, et où il a fondé le studio de création, accompagné de Jeanne Toussaint, donnant véritablement naissance au style Cartier. Un morceau d’histoire qu’il fallait précieusement conserver, tout l’adaptant aux besoins du temps présent. C’est cette double contrainte qui a guidé chaque étape de cette rénovation et qui a nécessité l’appel à trois agences aux forces créatives complémentaires : l’agence Moinard-Bétaille, le Studio Parisien et l’agence Laura Gonzalez. Au terme de deux ans de travaux, quand on parcourt les six étages de ce vaisseau amiral, la clé de cette réussite est la cohabitation de signatures différentes, qui se rejoignent et se fondent totalement au service de l’ADN de Cartier : c’est le message que l’on retiendra de ce lieu à la fois singulier et pluriel.
Lumière fédératrice
Comme un écrin que l’on respecte, la façade en portor a été conservée, ainsi que des éléments historiques dans les salons, jusqu’à certaines moulures. Mais c’est une transformation – certes, en douceur – qui est proposée dans ce projet, traduisant aussi l’évolution de la relation privilégiée avec les clients, dans une vocation d’accueil, d’attention.
Ces 3 000 m2 sont réorganisés autour d’un parcours individualisé. Le rez-de-chaussée et le premier étage forment la boutique proprement dite, entre la consultation de pièces, l’achat, voire les prémices d’un projet, le deuxième et le troisième, eux, sont consacrés aux services directs. Au quatrième étage, les ateliers de haute joaillerie sont pleinement dédiés aux projets spéciaux. Enfin, les derniers étages abritent des espaces de réception privés et les archives. Pour accompagner cette écoute bienveillante du parcours client, il fallait faire entrer la lumière. Ainsi, garant de l’unité de l’ensemble, l’atrium situé au fond de la boutique apporte de la perspective à l’espace, donne habilement un caractère majestueux à l’ensemble architectural dans l’esprit de la Maison, tandis que cette entrée forte de lumière vient éclairer les transitions d’époques et de services. C’est paradoxalement cette architecture du vide qui permet justement à ce vaisseau amiral de faire cohabiter des univers différents d’un étage à l’autre.
Identités communes et signatures
Forte de nombreux projets antérieurs avec Cartier, l’agence Moinard-Bétaille s’est consacrée aux trois premiers niveaux de cette maison mère, en s’attachant dès le rez-de-chaussée à fluidifier la déambulation des clients, en jouant sur les perspectives du lieu pour mettre en scène les écrins, en valorisant des salons historiques par l’exposition d’archives comme de véritables trésors, à l’image de l’épée d’académicien de Jean Cocteau. Dans cette volonté de transition légère, un large escalier ouvert mène le visiteur au salon Jeanne Toussaint et à deux petits salons. Parallèlement, le premier étage est dévolu aux fiançailles et au mariage, dans un prolongement des teintes pastel et dorées de l’accueil, et des ondes douces et joyeuses apportées par des jeux de courbes et de contre-courbes subtilement conjuguées par les architectes, au service d’une ambiance à la fois lumineuse et feutrée : l’élégance, sans grandiloquence, dans le choix des matériaux précieux, de subtils rappels de motifs végétaux. Une transition habile mène au deuxième étage consacré à la haute joaillerie et aux commandes spéciales. Ici, on consulte les gouachés pour imaginer son projet, dans les salons Art déco, Indes et Inspiration, comme aux motifs faune et flore. L’aménagement fait la part belle aux symboles de la Maison, et à son style : les motifs historiques sont assumés comme autant d’éléments fondamentaux, une évidence subtile permise par justement un travail de la luminosité qui vient éclairer avec douceur cet héritage.
Un socle fondateur qui permet aux étages suivants de conjuguer de nouvelles écritures : Studio Parisien a pris en charge les étages liés aux services (réparation, entretien, personnalisation…), les ateliers et les archives. Subtilement, les lignes des assises deviennent plus contemporaines, les rappels aux motifs de la Maison stylisés jusque dans les plafonds. Du bar aux alcôves, des sofas-méridiennes aux chaises hautes, ici on jongle avec les matières avec sensualité. Le client entre dans des espaces totalement dédiés à son service, qui subtilement, selon les codes propres à l’univers du luxe, transforment finalement un temps d’attente en moment de détente, passant de la notion de service à celle de soin, élégamment transcrite dans une scénographie codifiée.
Au quatrième, les ateliers intégrés sont ici totalement dédiés à la réalisation des projets spéciaux des clients, qui peuvent venir y suivre leur évolution : Studio Parisien a longuement échangé avec les artisans pour dessiner des postes qui répondent à un confort de travail, accompagnent au plus près des gestes qui nécessitent précision et concentration, et la maîtrise d’un savoir-faire d’excellence. Au-dessus, le cinquième étage abrite un espace de réception, confié cette fois à Laura Gonzalez. L’architecte d’intérieur a imaginé un appartement convivial, équipé d’une cuisine, d’une salle à manger et d’un jardin d’hiver. Un esprit maison au sens premier, dans un joyeux appel à la couleur, aux motifs, un détournement des formes dans le mobilier pour rappeler le style Cartier, dans un décor rythmé de faune et de flore, convivial et intime, poétique et singulier, depuis des paravents peints par les ateliers Gohard et brodés par Lucie Touré, jusqu’aux détails de la mosaïque des sols.
Une place aux gestes d’exception
Si, entre les différents niveaux de cette maison mère, le passage d’époque est aussi bien réussi, c’est bien entendu par la compréhension parfaite de l’ADN de Cartier par les trois agences sollicitées, mais c’est également par l’intégration dans leur aménagement de réalisations confiées à des artisans d’art. Ainsi, à chaque étage, en pièces fortes comme en filigrane, le geste de la main est présent, comme il l’est au cœur du savoir-faire de la maison. De fait, dans cette rénovation, 37 maîtres d’art et artisans d’art sont intervenus sur des commandes remarquablement intégrées dans les espaces.
À titre d’exemple, on citera, pour le Salon Indes, l’Atelier Midavaine, qui a réalisé un grand paravent en laque rehaussé de feuilles d’or. Au Salon Art déco, Hervé Obligi livre un panneau magistral en onyx, diamant et émeraude, inspiré d’un bracelet stylisé. Aux Archives, Étienne Rayssac a sculpté des moulages en plâtre imaginés à partir de la reproduction agrandie d’une broche de Jeanne Toussaint ornée d’un oiseau aux ailes déployées… On comptera aussi les interventions de Lison de Caunes pour la marqueterie de paille incrustée de verre décoratif par Jean-Daniel Gary, et ailleurs des panneaux de marqueterie de cuir réalisés par Lætitia Baqué et Victor Molinié. Une volonté de rendre hommage à l’histoire par le geste et d’inviter le client à expérimenter un lieu d’exception.
L’exception Cartier : l’atelier de glyptique intégré
Pour cette rénovation, quelques pièces d’exception ont été bien entendu commandées et mises en vente. Un bracelet et une broche ont ainsi été dessinés et réalisés par l’équipe de Philippe Nicolas, glypticien. Il est l’un des rares maîtres d’art à faire réellement partie de la Maison, son atelier y ayant été intégré depuis douze ans, dans une volonté de pérenniser ces savoir-faire d’excellence. Son atelier propose ainsi des projets au Comité de créations et prend en charge leur concrétisation une fois les dessins signés, sachant qu’un projet de haute joaillerie, entre le dessin et l’étape finale, nécessite environ deux ans. L’équipe réalise aussi des commandes spéciales, à l’image de l’habillage de l’épée de Cocteau : les éléments originels en ivoire ont été revisités avec de l’opale blanche, facilitant ainsi le transport et donc l’exposition de cette pièce d’exception dans le monde.
Dans son souci de transmission, Philippe Nicolas va au-delà de l’apprentissage du geste à ses équipes : si la glyptique est l’art de les sculpter et de les graver, il s’attache à transmettre aussi l’expertise pour choisir et acheter les pierres sur lesquelles travailler. Comme il aime avant tout percevoir l’émotion des clients devant des pièces uniques. Ceux-ci ressentent le temps passé par les artisans pour aboutir à ces joyaux, et c’est très certainement ce respect qui prévaut dans cet écrin réinventé du 13, rue de la Paix : de l’artisan au client, l’expérience est valorisée, accompagnée, transmise.
Pour accompagner sa politique de recherche & développement autour d’un béton décarboné, le groupe cimentier Holcim propose toute une gamme de solutions innovantes pour les constructions d’aujourd’hui et de demain. Du design et des systèmes intelligents qui repensent le bâti des structures (pont Striatus), des sols (Rippmann Floor System) aux toits végétalisés (green roofing), quand il ne s’agit pas de la construction de la maison elle-même en 3D !
Les problématiques de développement durable et d’économie énergétique mettent les grands groupes de la construction face à de nouveaux enjeux majeurs. C’est le cas notamment du groupe cimentier Holcim, leader mondial des matériaux et des solutions de construction (en particulier depuis sa fusion avec l’entreprise française Lafarge), qui est entré dans une stratégie globale de projets innovants visant à la décarbonation du béton, tant dans sa production (solutions de construction vertes, principes de recyclage) que dans la mise au point d’une nouvelle génération de technologies. « On construit l’équivalent d’un New York tous les jours », explique Edelio Bermejo, directeur du département R&D d’Holcim. « Et 60 % de l’urbanisme nécessaire à loger la population à venir est encore à venir. Nous avons donc un énorme besoin de béton, et pour que cette offre soit cohérente, ce béton doit être de plus en plus durable. »
Du béton « durable », c’est quoi ?
Concrètement, un béton « durable » est d’abord un béton plus axé sur les produits locaux, pierres et granulats, entrant dans sa composition, pour des questions de circuits courts bien compréhensibles. La recherche sur de nouvelles compositions et procédés de fabrication menés dans le département R&D d’Holcim à Lyon, en partenariat avec tout un écosystème innovant de start-up et de grandes écoles (MIT, Ecole des Ponts, Paris Tech), et à travers les gammes de béton et ciment durables ECOPact et ECOPlanet, est une autre option. Elle permet de créer des constructions avec du béton moins friand en CO2 et avec une empreinte carbone réduite de 30 à 100% (comme cela est le cas pour les Sphères de Seattle, des dômes de verdure intégrant un vaste complexe de bureaux construit au cœur de la ville). L’éventuel hausse du coût du béton qui en résulterait n’est pas un souci. Actuellement, le coût moyen du béton ne représente que 4,7% du prix d’un bâtiment (alors qu’il constitue 73 % de sa masse). Une simple hausse de 20% de son coût ne représenterait donc que 6% du prix total du bâtiment, ce qui est largement amortissable à la condition de le décarboner.
Une autre solution porteuse réside dans les recherches en recyclage du béton existant : un principe de construction circulaire qui réduit automatiquement l’impact carbone procédant de la fabrication de nouveau béton et qui implique peu de coût d’énergie pour transformer le béton récupéré, sans perte de qualité technique. « Le principal coût est le transport », expose Edelio Bermejo qui concède toutefois un nécessaire « changement de mentalité » chez les clients. En Suisse, beaucoup semblent déjà convaincus, et le ciment Susteno, le premier ciment au monde conçu avec 20% de matériaux recyclés, est déjà disponible sur le marché helvète.
Si vous ajoutez à cela tout un faisceau de recherches technologiques (captation et stockage du CO2 dégagé par la production de béton – par exemple pour produire du kérosène synthétiques ; béton connecté ou béton magnétisable, permettant de charger la batterie de votre téléphone voire celle d’un bus ; béton hydromedia, pour des sols absorbant les eaux de pluie, comme cela est déjà le cas dans un parc d’Aubervilliers), la myriade de pistes en cours de développement ou déjà opérationnelles donne le tournis.
De nouveaux systèmes de construction intelligents
Pourtant, cette stratégie d’ensemble autour du béton durable et décarboné, ne repose pas que sur le matériau lui-même. Du côté d’Holcim, on a choisi de faire aussi appel au design pour promouvoir de nouveaux systèmes de construction intelligents, susceptibles en particulier de faciliter l’assemblage et de réduire la masse de matériau nécessaire à la réalisation de la surface souhaitée. Une réflexion qui passe par tous les aspects du bâti, des toits aux sols des bâtiments, et jusqu’au mobilier urbain.
Pour la couverture, Holcim propose sous la marque Firestone, toute une série de systèmes de toits végétalisés particulièrement intéressants pour rafraîchir et isoler les habitations dans des villes où le poids de l’urbanisme a été très fort ces dernières années, en Asie particulièrement. Les 22 000 mètres carrés de toits de l’Université Tammassat, à côté de Bangkok en Thaïlande, accueillent donc grâce au principe de membrane thermoplastique Ultrafly TOP tout un système de fermes en cascade qui participent à absorber naturellement les eaux de pluie, à réduire l’effet de chaleur urbaine, à offrir un circuit court de production agricole et à lutter contre la déperdition énergétique passant généralement par les toits (en moyenne 60% de perte).
Du côté des planchers, Holcim s’est associé avec le Block Research Group (BRG) de l’ETH-Zurich pour développer un innovant système de sols très léger en poids et facilement montable/démontable. Le Rippmann Floor System s’assemble en effet aisément du fait de son aspect géométrique en blocs d’arches, tous de la même forme et modulables les uns avec les autres. Ce système évite l’appoint de renforcement intégré en acier, ce qui favorise le recyclage. La forme des blocs utilisés leur permet d’être moins dense, en incorporant des parties vides qui rendent les structures à la fois moins lourdes et plus écologiques. L’utilisation de matière est en effet réduite de moitié et grâce à l’usage de béton vert ECOPact et de ciments vert ECOPlanet, l’empreinte carbone s’en voit diminuée.
En termes de structure, le pont Striatus a été particulièrement remarqué lors de la dernière biennale d’architecture de Venise. Comme le Rippmann Floor System – il a lui aussi été conçu avec l’ETH de Zurich notamment – il procède d’un assemblage de blocs uniques (53 en l’occurrence), spécialement designés pour tenir ensemble grâce à des points de compression et de gravitation. Il n’utilise donc aucune colle ou jointure. Chaque élément est placé à l’endroit précis pour permettre là aussi une utilisation minimale de béton décarboné. Ce calcul extrêmement précis et sa fabrication très technique résulte là encore de l’utilisation d’imprimantes 3D. Une démarche étonnante qui permet à Holcim d’imaginer des schémas de production/commercialisation… et d’ouvrir encore de nouvelles perspectives.
Des imprimantes 3D bâtisseuses
En effet, Holcim place l’utilisation d’imprimantes 3D au cœur de plusieurs projets d’architecture et de systèmes de construction intelligents menés à l’international et particulièrement en Afrique grâce à sa filière 14trees. Au Malawi, une école entière a été conçue en 2021, grâce à ce système de chantier technologique rapide et économe en matière. Les images sont impressionnantes. Imaginez une imprimante géante traçant en aller-retour, puis sur tout le pourtour d’une forme rectangulaire, l’empilement des infrastructures murales en béton nécessaires à l’édification d’une vraie maison !
18 heures ont été nécessaires à cette conception record qui en appelle bien évidemment d’autres. Au Kenya, pour permettre de répondre à la demande de construction rapide de logement, Holcim vient tout juste de lancer un ambitieux projet de 52 unités d’habitation construites grâce à l’impression 3D. Une pierre supplémentaire dans le jardin du béton durable et décarboné.
L’inox, également connu sous le nom d’acier inoxydable, est une ode à la lumière. Brillant, il nous transporte dans ses reflets, se parant des couleurs changeantes du ciel. Les piscines Iconix Carré Bleu invitent à cette magie et séduisent nombre de particuliers aujourd’hui.
Les piscines Iconix Carré Bleu attrapent nos sens pour créer une émotion sans pareil. Il n’est donc pas étonnant qu’elles imposent leur séduction dans les tendances fortes du moment. Les grands hôtels ont donné l’impulsion à ce style de piscines d’une modernité chic. Un engouement désormais partagé par de nombreux particuliers à la recherche de nouvelles sensations…
Élégante, intemporelle… et durable
Utilisé dans l’univers de la piscine depuis plus de 40 ans, l’inox est un matériau qui offre de multiples avantages et notamment une exceptionnelle longévité de par sa résistance à la corrosion, aux chocs, au gel et aux déformations. Un autre atout indéniable tient dans la facilité d’entretien et de nettoyage des parois de la piscine. La surface absolument lisse et non poreuse empêche la prolifération d’algues et de bactéries. Matériau de Haute Qualité Environnementale (HQE), l’inox est 100 % recyclable et totalement écologique. On comprend mieux pourquoi l’inox fait partie de l’univers Carré Bleu.
Iconix, une piscine aux promesses infinies
Très malléable, l’inox autorise toutes les formes de piscines, des plus classiques aux plus iconiques. En extérieur comme en intérieur, tous les styles se prêtent à la piscine Iconix: couloir de nage, petite piscine, piscine miroir, à débordement, enterrée, semi-enterrée… Bien plus légère que d’autres types de bassins, elle trouve également sa place sur une terrasse ou en rooftop, dans un habitat individuel ou une résidence collective. Entièrement personnalisable, la piscine Iconix Carré Bleu peut aussi être agrémentée de parois de verre pour offrir un fascinant jeu de transparence, ou être associée à un spa. Les déclinaisons sont sans limites! Une chose est sûre, la piscine Iconix Carré Bleu a de belles années devant elle!
En osmose avec son environnement, après rénovation, cette maison dans les pins a été repensée par l’architecte Delphine Carrère, basée à Biarritz. L’ architecture contemporaine mise sur la sobriété brute du bois et du béton, dans une refonte du bâti sophistiquée et décontractée.
D’une construction récente encore sous garantie décennale, l’architecte Delphine Carrère, a redessiné le plan existant des intérieurs, tout en ajoutant deux extensions de part et d’autre de la maison. La maison de vacances, c’est 90 % des projets de son agence, projets boostés par la pandémie et les changements de vie qui en découlent. Quatre hôtels sont aussi au programme des chantiers de cette architecte, ancrée entre Pays basque et le début des Landes. La maison dans les pins est située dans le quartier de Ciberta, à Anglet, « Nous l’avons intégralement rénové, du sol au plafond, créer deux extensions, la piscine et les terrasses, remanié les volumes sauf l’escalier et le grand mur en béton qui sépare l’espace jour de l’espace nuit. » Objectif pour les propriétaires, une famille originaire du nord de la France : vivre en adéquation avec le mode de vie simple et la douceur balnéaire. Très vite, le choix des matériaux s’est imposé dans une palette restreinte, sublimée par la lumière naturelle : le bois, afin d’insérer l’ensemble du projet à l’environnement, et le béton, matériau de la maison d’origine.
Une rénovation pour ouvrir les volumes
De plain-pied sur la piscine et les terrasses, les volumes sont ouverts par de larges baies vitrées coulissantes tandis que le salon et la salle à manger trouvent leur place, naturellement. Un étage partiel agrandit discrètement la maison, avec une chambre supplémentaire, une salle de bain commune et un dortoir pour les enfants. Les matériaux, béton ciré pour le sol reliant salon et salle à manger, bois dans toutes ses teintes, créent l’unité dans une atmosphère facile à vivre. « Notre show-room à Biarritz est une opportunité pour les clients, de trouver des propositions et des conseils, comme les tables et chaises De La Espada, les suspensions Bomma. » Delphine Carrère a soigné les éclairages en lumière artificielle, encastrés ou en joints creux, afin qu’ils répondent à l’architecture d’intérieur.
Fondue dans la nature
À partir des 1500 m2 de terrain, le beau travail réalisé par le paysagiste Michel Mendiboure harmonise habitat et environnement. En mélangeant les essences locales et redessinant le jardin, autour du chêne liège existant, la rénovation de la maison des pins trouve un second souffle près de la piscine, en accord avec le bardage en pin canadien traité et vieilli.
Jean-Baptiste Auvray vient de livrer à Tignes la première boutique de la chaîne de distribution Sherpa. Ceux qui fréquentent la montagne, qui y vivent ou qui vont y pratiquer les sports d’hiver ne peuvent ignorer les boutiques où l’on passe épuisés en fin de journée pour prendre qui la bière, qui le pain, qui la soupe ou le chocolat. C’est un point de service essentiel et les propriétaires des boutiques sont fiers de faire partie de cette enseigne coopérative créée en 1988.
Jean-Baptiste Auvray a refait le concept de boutique – l’identité visuelle de toute la marque à partir de deux boutiques témoins Sherpa rénovées, sur un ancien concept actualisé qui se développera sur les 120 boutiques en France dans les Alpes, le Jura et les Pyrénées. Première boutique sans plastique, toute en bois de mélèze, en linoleum (Forbo) et acier galvanisé, elle déploie 400 m2 à Tignes et suit les principes énoncés dans les 180 pages du guideline, le bookconcept.
« Je pars des contraintes avant de dessiner et j’utilise mon réseau d’artisans pour concevoir en fonction de leurs savoir-faire. La tête de gondole est toute simple, vert foncé … J’ai besoin d’éléments, de contraintes, pour transformer le projet. La contrainte de Sherpa, c’est l’usure de la boutique et l’humidité. Les gens rentrent en chaussures de ski et les propriétaires doivent gérer avant tout des problèmes d’usure énormes pour une fréquentation de touristes. À Tignes, qui compte 30000 lits, seul le Sherpa Val Claret tient son rôle de coopérative associé avec Casino pour l’approvisionnement. Chaque adhérent est propriétaire de sa boutique. Sherpa existe depuis 1988. L’ancien concept a douze ans. Il fallait le renouveler pour les 10 années à venir. Le siège est à Aix-les-Bains, à côté de Chambéry. »
« Le principe de l’aménagement avec des matériaux locaux a été choisi mais chaque propriétaire de boutique a le choix de refaire ou non son espace et le concept doit donner envie. La problématique est différente d’avec un grand groupe où il est imposé. On a joué sur des sols qui sont dans un gris pas trop différent de l’ancien concept, en grès cérame, un peu gravillon, pas tout à fait Terrazzo. L’acier galvanisé, le code de la montagne y est intégré pour rester local. Tous les hauts de coupe sont en corde d’escalade jaune et en bois. Les gondoles sont gris foncé ou vert sapin dans un contraste intéressant. »
Le défi de la saisonnalité
L’autre défi était la saisonnalité. « Ils font 60% de leur chiffre d’affaire sur deux mois. La boutique est très achalandée durant les fortes périodes d’affluence et peu durant les saisons creuses. Il faut pourtant donner l’impression que la boutique est toujours remplie et offrir la possibilité de changer le présentoir en ajoutant ou en supprimant une étagère. » Un concept de luge présentoir en bois propose quatre paniers destinés aux viennoiseries et aux pains. Tout le plastique a été retiré. Pour le logo, les lettres Sherpa sur fond d’architecture suffisent à signaler l’entrée, les maires des stations revenant aux couleurs d’origine. Les caddies et paniers en plastiques ont été remplacés par des modèles en métal. La luge panier s’inscrit comme objet de communication, véritable objet de design identifiable grâce à son patin. En façade et en boutique, elle exprime le service, la montagne, la disponibilité. La typo est faite sur mesure, c’est du Sang bleu, réinterprétée au cas par cas par Patrick Parquet.
Visibilité aux entrants
Le challenge était de mettre une disposition maraîchère pour faire un étal de marché. En montagne, à 16h, il fait nuit, la transparence de la boutique est essentielle. Un aplat leds fait la luminosité. Aux Arcs 1800 ils refont tous les immeubles en bleu roi. « La boutique donne sur une grande place et l’on joue sur l’échelle des légumes pour qu’on les voit plein cadre. Sur les gondoles, des étiquettes électroniques se clipsent grâce au travail d’un menuisier de Chambéry, du local à 100%. On a voulu une boutique assez gigogne avec des gondoles où rien n’est aligné. Mais ça donne un coté bazar, un côté vivant pour ceux qui restent une semaine. » A l’arrière, ils ont des étagères gondoles hautes, classiques et rassurantes pour le client qui se retrouve parfaitement dans l’aménagement d’une enseigne alimentaire. Tous les services sont en partie basse près des caisses en dessous de 1,40m… zone de recharge, cartes, téléphone… juste après la dépose des skis. Une visibilité réservée aux entrants.