Sculpture
Présentée au salon Maison&objet, la collection Modern Shapes Editions est le résultat d'une collaboration entre la galerie anversoise Modern Shapes et la marque de mobilier Ethnicraft. Deux institutions ayant à cœur les formes architecturales au service du design.
Tantôt totem tribal, tantôt matérialisation d'un dessin d'Escher, les pièces de la Modern Shapes Editions invitent à la contemplation. Dévoilées lors de la Design Week d'Anvers et exposées à l'occasion de Maison&objet, ces créations sont le résultat d'un travail à trois entre des artistes internationaux, la galerie Modern Shapes spécialisée dans l’art sculptural contemporain et moderne, et la marque de mobilier belge Ethnicraft. Une manière de faire converger les idées et les savoir-faire manuels par le biais de l'art.
Une collaboration logique
Spécialisée dans le mobilier en bois depuis près de 30 ans, Ethnicraft propose avec cette collaboration, une approche design complémentaire. À la fois plus artistique et plus abstraite, elle permet notamment « d’élargir et de diversifier notre offre d’artisanat en bois massif métamorphosé par le talent de nos artisans » explique Philippe Delaisse, cofondateur de l'entreprise. En effet, réputé pour ses meubles aux allures contemporaines, Ethnicraft mise ici un ensemble de pièces au volet non plus fonctionnel mais purement décoratif. Sculptées à la main dans l'atelier indonésien de la marque ou opère près de 200 artisans, ces sculptures bâtissent un pont entre les artisans d'art locaux et les designers partenaires de la galerie Modern Shapes. Une démarche inhabituelle pour les concepteurs qui donnent généralement vie eux-mêmes à leurs dessins, loin de cette « industrialisation manuelle ».
Une diversité au service de l'imagination
Aux yeux de Michael Franken, le propriétaire de la galerie Modern Shapes, « l'approche architecturale et design partagée avec Ethnicraft, a permis de collaborer sur ces sculptures dont la simplicité émane des lignes pures ». De cet ensemble riche d'une diversité tant formelle, dimensionnelle, stylistique que matérielle, la galerie Modern Shapes a fait naître une sorte de voyage. Que ce soient des façades de building, des cages d'escalier, des éléments techniques de l'habitat, les évocations architecturales, qu'elles soient volontaires ou non, sont nombreuses. Si c’est sans surprise pour cette galerie qui place ses collaborations à la croisée de l'art, de l'architecture et du design, ces créations permettent néanmoins aux visiteurs de prendre conscience, par le prisme de l'abstraction, de la complémentarité des volumes et de leurs forces sur l'imaginaire.
Du 8 juin au 29 décembre 2024, la Fondation d’entreprise Martell présente « Continuum », la première rétrospective européenne du sculpteur américain JB Blunk (1926-2002). Une exposition organisée en lien avec sa fille Mariah Nielson, directrice de JB Blunk Estate et avec la contribution d’Anne Dressen, curatrice au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
À la fondation Martell, l’exposition « Continuum » propose une immersion dans l’œuvre de JB (James Blain) Blunk, jusqu’alors méconnue du grand public, mais mythique pour de nombreux artistes, pour qui il reste une source d'inspiration. L’exposition présente un ensemble de pièces réalisées par le sculpteur américain, permettant de comprendre son approche singulière : qu’il s’agisse de réaliser des œuvres d’art ou bien de créer des objets usuels, son travail - en dialogue constant avec son environnement - est un plaidoyer puissant plaçant la création au cœur de la vie quotidienne. « En dévoilant le travail méconnu d’un artiste célébrant la force de la nature, de la vie et de la création au croisement des disciplines, cette rétrospective rejoint l’ambition de la Fondation d’entreprise Martell d’encourager l’émergence d’approches artistiques inédites tournées vers la mutation écologique des territoires et de nos modes de vie » déclarait notamment la Directrice de la Fondation d’entreprise Martell, Anne-Claire Duprat.
Un rapport particulier avec la nature
JB Blunk puisait son inspiration dans la relation qu’il entretenait avec la nature qui l’entourait au quotidien, installé à proximité de la petite ville d’Inverness en Californie, sur un site exceptionnel au cœur de la forêt et proche de la côte Pacifique. L’artiste s'est attaché toute sa vie à créer en connexion profonde avec son environnement, utilisant les ressources naturelles qu’il trouvait (souches de séquoias et troncs de bois flottés, terre, pierres…) pour créer un corpus d’œuvres renouant avec des formes d’expression ancestrales et jouant avec des échelles aussi bien modestes que monumentales.
Une exposition riche et variée
Pour cette exposition inédite, c’est une sélection de plus de 150 pièces qui est proposée, comprenant des œuvres sculpturales, des céramiques, du mobilier, des maquettes, des peintures, des croquis et des photographies originales provenant du JB Blunk Estate et de collections privées illustrant l’étendue de sa pratique artistique, au croisement de l’art et de l’artisanat. L’exposition dévoile notamment l’une de ses premières céramiques connues réalisées à Los Angeles alors qu’il était étudiant à l’UCLA au début des années 1940, mais aussi un ensemble de maquettes en bois, rarement montrées jusqu’à présent. Enfin, des correspondances, des esquisses, et des ouvrages issues des archives familiales mettent en lumière le processus de travail de l’artiste, ses liens amicaux et professionnels mais aussi ses sources d’inspirations, qu’il s’agisse des civilisations premières, de différentes approches de la spiritualité ou encore de sa vision pionnière en matière d’écologie.
Plusieurs films spécialement commandés pour l’occasion invitent le visiteur à appréhender les multiples facettes de la maison et de l’atelier que le sculpteur avait entièrement construit de ses mains, de la structure architecturale au mobilier en passant par les arts de la table, les interrupteurs ou encore l’évier intégralement sculpté. Réalisée principalement à partir de matériaux récupérés, la Blunk House, emblématique de sa pratique et d’un état d’esprit, est considérée comme son œuvre majeure d’art total. Les court-métrages s’attachent à faire ressentir l’environnement unique dans lequel Blunk a vécu avec sa famille à proximité de la côte sauvage de Point Reyes en Californie du Nord. Un second film inédit permet de découvrir plusieurs œuvres d’art monumentales installées dans la région de San Francisco : taillées dans des blocs de séquoia géant, ces assises praticables adressées à la collectivité et installées dans des espaces urbains témoignent d’un autre pan du travail de Blunk.
Un parcours d’exposition complet
Le parcours se déploie sur 900m2 et aborde le travail de Blunk à travers 6 sections thématiques - Japon, Paysage, Maison, Archétypes, Processus et Art dans l’espace public – présentant son approche holistique en matière de design, d'art et d'architecture. A l’image de sa vie et de son travail, les sections de l'exposition sont interconnectées et perméables, offrant aux visiteurs une immersion sensible dans les diverses disciplines et techniques qu’il pratiquait. La scénographie a été spécialement conçue par le designer Martino Gamper en collaboration avec la graphiste Kajsa Ståhl (Åbäke).
Lettres, chiffres, notes et signes sont la matière première des fascinantes œuvres sculptées à visage humain présentées par le sculpteur Jaume Plensa à La Pedrera – Casa Milà de Barcelone.
Quoi de mieux que l’écrin architectural de La Pedrera – Casa Milà de Barcelone pour accueillir un mélange à la fois immersif et spectaculaire des œuvres les plus intimes et monumentales du sculpteur catalan Jaume Plensa ? À l’invitation de la Fondation Catalunya La Pedrera, l’artiste investit les espaces notables du bâtiment d’Antoni Gaudí (l’étage muséal, mais aussi les appartements, le « ventre de la baleine » – le sous-toit aux fameuses 127 arches – et la terrasse) pour concevoir une exposition-rétrospective labyrinthique autour de la fragilité des mots et de la poésie de la forme et du geste.
Un alphabet-design de nos pensées
Lettres et chiffres, notes de musique et signes, s’enlacent ainsi autour ou à l’intérieur des sculptures aux contours humains, aux visages et bustes translucides, pour créer un nouvel alphabet de corps dont le design épuré évoque un éloquent hommage au silence.
Des personnages assis, en bronze ou en métal peints, parfois portés par des sphères ; des faces absorbées par une quiétude méditative ; des humanoïdes ou des poupons délivrant leur chapelet de signes pendulaires ; autant d’interprètes cois qui nous accompagnent dans une déambulation cathartique, que semblent survoler les œuvres les plus massives, comme cette main traversant l’espace de la cour intérieure ou cette sculpture- autoportrait aux mains sur la bouche, qui surplombe les toits depuis sa plate-forme expiatoire.
Des œuvres passerelles
« Une lettre ce n’est pas grand-chose, c’est quelque chose d’humble, mais liée à d’autres, elles forment des mots, et les mots forment des textes, et les textes la pensée », nous explique Jaume Plensa au détour des quelques annotations murales venant donner des clés de lecture éparses à ses œuvres muettes. De la même manière, le design habité de ses objets incarnés forme devant nous le fil narratif de corps empreints de solennité et de recueillement. Un choix esthétique qui nous guide et ameuble à sa façon les lieux, comme pour créer une litanie de passerelles visibles du langage entre l’espace physique et l’espace intérieur de nos esprits.
D’une utilisation relativement nouvelle dans le monde du design, l’albâtre est aujourd’hui transformé en de multiples produits. Tantôt pièces architecturales, tantôt luminaires, cette roche encore méconnue est ici travaillée par l’Atelier Alain Ellouz. Un savoir-faire unique pour une renommée mondiale.
Bien que longtemps travaillé, de l’Antiquité jusqu’à l’époque Art Déco puis délaissé, l’albâtre est en ce début de XXIe siècle un matériau oublié. La pierre extraite dans des carrières espagnoles est en effet complexe à travailler car cassante, poreuse et facilement rayable. Sa teinte claire et son veinage particulier en font malgré tout un matériau intéressant; et c’est ce qui motivera la création de l’Atelier Alain Ellouz en 2005. Au fil des années, Alain Ellouz et ses collaborateurs mettent au point des nouvelles techniques pour parer à ces difficultés, que ce soit pour répondre aux contraintes d’origine avec un revêtement en 12 étapes permettant son utilisation dans n’importe quelle architecture, ou des systèmes numériques pour graver et creuser la matière jusqu’à obtenir une épaisseur entre 10 et 30 millimètres.
Bien leur en a pris. Car, qu’il s’agisse de pièces de mobilier ou encore de revêtements applicables du sol au plafond, les créations de l’Atelier semblent avoir conquis jusqu’aux plus grandes maisons. L’équipe intervient en effet aujourd’hui régulièrement pour des scénographies, des aménagements de showrooms ou des créations sur mesure pour Van Cleef & Arpels, Rolls Royce, Guerlain…
De l’architecture à l’édition de luminaires
Si jusqu’à récemment la majorité des projets de l’Atelier concernait l’architecture et l’architecture d’intérieur, l’Atelier Alain Ellouz connaît depuis l’arrivée de la pandémie et l’arrêt de nombreux travaux, un retournement de situation. «Aujourd’hui les luminaires représentent environ 75% de notre activité. Avant c’était l’inverse », annonce le fondateur et directeur de l’entreprise, Alain Ellouz.
Lampes à poser, appliques murales, lustres, les sources lumineuses conçues en banlieue parisienne se déclinent en une quarantaine de modèles. Mais depuis quelques semaines, la nouvelle collection Iconic apporte quelques petites pièces au design affuté. Très graphiques, construites par encastrement visuel de triangle, elles permettent un renouveau dans un éventail aux formes plus organiques.
Ce virage s’explique aussi par le vœu de viabilité de la filiale. Prélevée pour sa qualité, la pierre est ensuite découpée puis expédiée sur Paris. Mais « les découpes réalisées en Espagne sur les gros blocs créaient beaucoup de plus petits morceaux que l’on ne travaillait pas », explique Alain Ellouz. L’idée de cette collection est donc de pouvoir façonner les morceaux jusqu’ici délaissés.
De plus, l’albâtre n’est plus le seul matériau magnifié par l’Atelier. Le cristal de roche a fait son apparition. En provenance de Madagascar, cette pierre dont la dureté et la (partielle) transparence font penser à celle du diamant, permet d’explorer d’autres horizons. La difficulté à ouvrager cette roche implique une taille très angulaire, dont les angles saillants réfractent la lumière. Ajoutez à cela un miroir poli, et le résultat en devient saisissant. Brutalité de la pierre et finesse se mêlent alors dans un troublant sentiment de luxurieuse infinité.
Le design, un élément stratégique du développement
Résidence privée, hôtellerie, restauration, Alain Ellouz semble avoir conquis tous les domaines et tous les espaces, du dessus de commode à la mise en lumière de vaste hall. La société peut à l’heure actuelle se vanter d’avoir un quasi monopole. « Le marché américain se développe de plus en plus et représente à l’heure actuelle la moitié de la demande » explique le directeur.
Mais si l’entreprise s’est développée aussi rapidement, c’est aussi grâce à la place accordée au design dès la création de l’Atelier. Pour Marion Biais-Sauvêtre, designeuse en chef de l’Atelier Alain Ellouz «l’albâtre est une pierre qui se lit ». C’est d’ailleurs entre ses mains que passe chaque morceau d’albâtre pour l’analyse du veinage, ne serait-ce que pour les panneaux d’architecture d’intérieur. « On regarde la couleur et le dessin de chaque plaque sur un mur lumineux afin de pouvoir les assembler et créer des ensembles », explique-t-elle. Complexe et brute à son origine, la pierre acquiert, grâce au regard artistique de Marion Biais-Sauvêtre et de son équipe – qui ont majoritairement des compétences d’ébénistes – tout son caractère et son onirisme.