Mobilier urbain
The Tokyo Toilet s’attaque à l’insalubrité des toilettes publiques de la capitale japonaise par la rénovation de 17 d’entre elles dans le quartier de Shibuya. Conçus par de grands noms de l’architecture et du design japonais, ces sanitaires publics sont également l’occasion de sensibiliser la population nippone à l’importance de garder ces lieux propres et accessibles pour autrui.
Enclenché en août 2020 avec la rénovation d’une première toilette publique, le projet The Tokyo Toilet devrait bientôt arriver à son terme. Alors que 14 d’entre elles sont aujourd’hui terminées, la totalité des 17 toilettes publiques constitutrices du projet devrait être achevée dans les mois à venir.
Ces rénovations sont à l’initiative de l’ONG japonaise spécialisée dans l’innovation sociale The Nippon Foundation, en collaboration avec le quartier de Shibuya, l’un des 23 arrondissements de la capitale Tokyo. Pour l’occasion, l’ONG a confié la conception de ces sanitaires publics à 16 architectes et designers de renommée mondiale, dont Tadao Ando, Shigeru Ban, Fumihiko Maki, Toyo Ito, tous les quatre récipiendaires du prix Pritzker. Presque entièrement libres dans leur conception, ils se devaient toutefois de proposer un espace sanitaire universel, pouvant être utilisé par tous. Ainsi, chacun des projets proposés offre une expérience sanitaire différente selon le lieu d’implantation : les toilettes font office de lanternes dans les zones peu éclairées et illuminent les alentours, tandis que dans les parcs elles arborent des lignes sculpturales, par exemple.
Favoriser l’esprit d’hospitalité
The Tokyo Toilet s’apparente à une expérience sociale dans sa volonté de promouvoir une société inclusive, où les toilettes publiques sont accessibles à tous, nonobstant de l’âge, du sexe ou du handicap. Il s’agit notamment de favoriser l’esprit d’hospitalité, notion extrêmement importante au Japon. En effet, les toilettes y sont considérées comme un miroir de la société. Cela implique donc des protocoles de nettoyage renforcés et des comportements irréprochables pour garantir un espace propre à l’utilisateur suivant.
Outre la dimension esthétique, le projet The Tokyo Toilet met ainsi l’accent sur l’entretien et la maintenance de ces espaces sanitaires publics. Chacun d’entre eux est nettoyé trois fois par jour, inspecté mensuellement par un agent dédié et connaît un lavage annuel soigné de ses murs extérieurs, de ses appareils d’éclairage et de ses ventilateurs.
Dans un souci de sensibilisation des populations les plus jeunes, des ateliers pratiques de nettoyage à destination des enfants sont mis en place, afin de leur faire comprendre l’importance des installations publiques, et de les inciter au civisme. L’image des agents d’entretien est également redorée auprès des adolescents par l’intermédiaire du bleu de travail : l’uniforme est rendu trendy grâce à Nigo, directeur artistique chez Kenzo, qui a été chargé de le dessiner.
Les quatre “K”
The Tokyo Toilet s’inscrit dans une démarche de revalorisation de l’image de ses toilettes publiques, surnommées quatre “K”, lancée il y a près de quarante ans. En effet, dès 1985 par le professeur Nishioka de l’université Keio et son groupe de recherches composé de médecins, d’urbanistes et de fabricants de toilettes cherchent un remède à ces toilettes kitanai (“sales”), kusai (“malodorantes”), kurai (“sombres) et kowai (“effrayantes”), délaissées par les habitants, à l’exception de quelques rares personnes comme les chauffeurs de taxi. Un paradoxe lorsqu’on connaît la réputation exemplaire des toilettes japonaises, mondialement reconnues pour leur propreté et leur fonctionnalité.
Retrouvez notre dossier spécial outdoor avec un portfolio de projets innovants dédiés à l’espace public dans le numéro 215 d’Intramuros.
Installée en plein centre de Paris, Coolil’O est une fontaine brumisante imaginée pour lutter contre les îlots de chaleur, et ainsi rafraîchir l’espace public. Un projet mené par le studio Noir Vif, en collaboration avec Water Connect.
Le projet débute Coolil’O débute en 2018 lorsque Water Connect décide répondre à un appel à projets lancé par Eau de Paris qui souhaitait expérimenter des dispositifs innovants pour rafraîchir l’espace public. Une demande qui faisait écho à l’augmentation des îlots de chaleur dans les villes, liés en grande partie à cause du réchauffement climatique. Ainsi, Water Connect, qui avait déjà mis en place plusieurs dispositifs de ce type dans l’espace public, a décidé de faire appel à Noir Vif pour concevoir un objet urbain qui combinerait brumisation et mise à disposition d’eau potable gratuitement.
Proposer un dispositif adapté à tous
Bien qu’installée depuis bientôt 4 ans dans le 13e arrondissement de Paris, entre la rue Charles Moureau et l’avenue Edison, la conception de Coolil’O a demandé aux designers un travail de réflexion important en amont. En effet, l’installation d’un dispositif dans l’espace public nécessite de prendre les réglementations liées au mobilier urbain (rayons de courbure minimum, hauteurs minimum, détectabilité à la canne pour les non-voyants, accessibilité pour tous les usagers…), les fonctions énoncées dans le cahier des charges (distribution d’eau potable et brumisation) mais également trouver les bons matériaux. Dans ce cas précis, l’acier inoxydable offrait une grande solidité ainsi qu’une résistance à la corrosion, logiquement nécessaire. Cependant, depuis son installation en septembre 2019, les réglementations concernant la brumisation ont changées. Il est maintenant interdit de brumiser vers le bas, ce qui a entrainé une désactivation de la fonctionnalité sur les fontaines Coolil’O.
En termes d’esthétique, le studio Noir Vif a travaillé un design dont la forme serait compatible avec les architectures parisiennes, souvent divergentes en fonction des quartiers, tout en respectant son objectif de départ : offrir une solution innovante à ses utilisateurs. À la suite de cette mise en place réussie, une seconde fontaine Coolil’O, d’une autre couleur a été installée dans une cour d’école du 4e arrondissement.
Retrouvez notre dossier spécial outdoor avec un portfolio de projets innovants dédiés à l’espace public dans le numéro 215 d’Intramuros.
Blok est un projet de mobilier urbain imaginé par le designer Gregory Lacoua. Un système modulable pour créer des espaces urbains sans artifices, mis en œuvre dans le quartier d’Etterbeek à Bruxelles, où deux places publiques ont été investies.
Inauguré en 2021 avec l’installation à l’Espace Sorelo et au Lieu-dit Ranch à Bruxelles, Blok est un système de mobilier urbain modulable en deux parties, indépendantes l’une de l’autre. L’assemblage de ces deux éléments offre différentes combinaisons et volumes en fonction des besoins. Les modules Blok permettent ainsi de structurer tout un espace d’aménagement urbain avec la possibilité de créer divers éléments tels qu’un tabouret, un long banc, une chaise, une banquette, un fauteuil, un assis-debout, un muret, une délimitation…
Structurer l’espace public
Ce projet de transformation dans le quartier d’Etterbeek, situé à proximité du quartier européen, visait à créer, dans un premier temps, une cohérence des espaces. En effet, l’accumulation de signes, de matériaux et de différents éléments de mobilier urbain obstrue parfois la lecture des usages. Le projet du mobilier Blok a donc été dans une dynamique de dégagement de l’espace, pour une meilleure et orientation et de structuration des lieux.
Un design simple et épuré
En termes d’esthétique, et afin de s’adapter au mieux à chaque environnement, les éléments de mobilier ont été dénués d’ornements et de détails superflus pour ne pas encombrer l’espace public de signes inutiles. Une simplicité que Grégory Lacoua a retranscrite par l’usage de pierre de Roquemaillère, issue d’une carrière romaine, à Nîmes.
Pour la 3e année consécutive, la Fédération Française du Paysage et Sineu Graff organisent le concours de design « Inventer le mobilier dans l’espace urbain de demain ». Un concours destiné aux paysagistes concepteurs, dont les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 28 février.
Pour cette nouvelle édition, la Fédération française des paysages (FFP) et le concepteur de mobilier urbain Sineu Graff sont partis de plusieurs questionnements auxquels les participants doivent tenter de répondre : Comment initier la mutation de l’espace public pour qu’il soit profitable aux générations de demain ? Comment aider à favoriser naturellement la mobilité douce dans l’espace public actuel ? Quelle contribution climatique et environnementale peut apporter le mobilier urbain dans les espaces contraints : patios, cours d’école, dalles, espaces viaires…?
En 2022, Coline Chabiron avait été récompensée dans la catégorie Jeunes talents pour son concept La Bobine, tandis que Vincent Mayot de l’agence Mayot & Toussaint était lauréat de la catégorie Professionnels confirmés pour le projet Volubilis.
Les informations à retenir
Cette 3e édition décernera à nouveau deux prix divisés en deux catégories : Paysagistes concepteurs jeunes talents et Paysagistes concepteurs professionnels confirmés.
- Avant le 28 février 2023 : dépôt de candidature sur la plateforme de la FFP www.f-f-p.org
- Début avril 2023 : annonce des lauréats
En guise de récompense, les lauréats verront leur réalisation exposée pendant deux jours au Salon Materials & Light qui se tiendra les 11 et 12 septembre 2023 à Paris. De plus, après une phase de prototypage, ces derniers seront intégrés à part entière dans l’offre commerciale de Sineu Graff.