Conférence
Les 15 et 16 octobre, les Rendez-vous de la Matière + fair(e) célébreront leur 10e édition. Un rendez-vous qui mettra en avant un panel de matériaux d’exception alliant savoir-faire, innovation et créativité, à destination des professionnels du secteur.
Le salon professionnel consacré aux matériaux pour l'architecture, le design et la décoration, est de retour en octobre pour une édition particulière. À nouveau basé à l’Atelier Richelieu dans le 2e arrondissement, le salon fête cette année ses 10 ans. Pour cette édition anniversaire, l’organisation a fait appel au studio MVRDV pour signer une scénographie immersive, mettant en lumière la soixantaine d’exposants répartis sur les 700 m2 d’espace disponible. Ces derniers y présenteront leurs matériaux ou innovations spécifiques, allant de l’émaillage sur lave à l’art de la verrerie en passant par la plumasserie ou encore l’ébénisterie pour ne citer qu’eux.
Au programme : exposants et conférences thématiques
En parallèle des exposants, le salon proposera une série de tables rondes, discussions, conférences et présentations qui inviteront différents professionnels du secteur - architectes, architectes d’intérieur, directeur d’entreprise ou designer - à venir échanger sur divers sujets concernant les matériaux, les invitant par la même occasion à réfléchir sur les innovations en découler, leurs propriétés intrinsèques, à leur provenance, leur processus de fabrication et leur durabilité. Le programme complet est à retrouver ici : https://www.rendezvousdelamatiere.com/fr/programme/conference-workshops/
Le salon bisannuel B2B dédié au secteur de l’hôtellerie-restauration revient du 3 au 7 novembre prochain. Une nouvelle édition, dont le programme sur le thème « Osons ! » a été dévoilé plus en détails lors de la conférence de presse donnée le jeudi 20 juin.
Pour son édition 2024, le salon EquipHotel qui se tiendra à la Porte de Versailles, présentera plus de 1200 exposants venus de France et d’Europe pour mettre à l’honneur la crème du secteur de l’hôtellerie-restauration. Le thème de cette année « Osons ! », est une invitation à oser de nouvelles approches des hospitalités, innover et proposer davantage de créativité. « L’édition 2024 est celle de l’audace collective. Le secteur reprend des couleurs, les fréquentations et le chiffre d’affaire de l’hôtellerie est similaire aux chiffres de 2019, ce qui implique que la crise covid est bien derrière nous » expliquait notamment Béatrice Gravier, la directrice du salon. Une édition tournée donc sur le renouveau et la transition, en offrant de nouvelles opportunités « à tous les acteurs qui savent faire de l’hôtellerie et qui veulent réinventer les codes. »
Quatre halls : Design, Tech & Services, et Foodservice
Autour de 4 axes principaux : mettre en avant des personnalités qui savent fédérer et bousculer les codes de l’hôtellerie traditionnels, donner la place à de nouveaux talents, contacter des hôteliers et partenaires qui osent l’innovation pour se différencier ainsi que l’engagement RSE, l’ambition du salon est à nouveau de continuer à faire grandir le secteur par les rencontres et l’innovation. Cette année encore, le salon sera divisé en quatre halls. Le 7.1 sera l’espace Wellness dédié au bien être et mieux être, un secteur en forte croissance. Dans le hall 7.2, l’espace Design présentera des nouveautés en termes de mobilier outdoor et indoor. Tech & services prendra place au sein du hall 7.3, axé sur la technologie et les projets de rénovation et d’aménagement. Enfin, le hall 4 sera occupé par l’espace Foodservice avec son lot de conférences et workshops, accompagnés de chefs engagés qui font la gastronomie d’aujourd’hui et de demain. « Le salon est comme une grosse boîte à outils ; notre objectif est de mettre en relation, aider et accompagner au mieux les professionnels tant au niveau stratégique qu’au niveau économique » a notamment annoncé Béatrice Gravier.
Une collaboration inédite avec l’Ameublement français et OKKO Hotels
Pour cette édition, l’engagement RSE et l’environnement sont des critères au cœur des discussions. Dans cette optique, le salon EquipHotel s’est associé à l’Ameublement français dirigé par Max Flageollet et le groupe OKKO Hotels de Solenne Ojea-Davys pour « Oser l’esprit d’équipe », en faisant travailler tous les acteurs ensemble, dès la genèse du projet, avec une logique RSE engagée. « On a voulu accentuer sur la notion de confidence, de transparence et de co-construction » expliquait Solenne Ojea-Davys. De ce fait, deux chambres témoins seront réalisées en collaboration avec les architectes d’intérieur Émilie Roz (EROZ), Laure Grabulos et Pauline Marcyniuk (Laune Architecture), avec le soutien de Valdélia et la FCBA.
Des nouveautés au sein des espaces d’inspiration
Pour penser ses espaces inspirations, le directeur artistique Jean-Marc André a décidé de mettre en place une dizaine d’espaces d’inspiration pour illustrer l’audace collective, en gardant toujours en tête les enjeux RSE. « Au moment de penser ces espaces, nous avons comme problématiques de faire en sorte que ces lieux tiennent la route sur toute la durée du salon, mais le côté éphémère de ces espaces nous oblige forcément à penser à l’après » a-t-il confié. Ainsi, plusieurs acteurs ont pris part à l’élaboration de ces lieux. Marie Deroudilhe est chargé d’élaborer la suite Lobby, le hall d’accueil du salon transformé en Hall d’hôtel pour l’occasion. Le duo Briand & Berthereau s’occupera de l’espace VIP & Presse, en misant notamment sur l’espace et l’usage avec simplicité. Pour son lounge des chefs grand de 200m2 et pouvant accueillir 95 couverts, le salon a fait appel à l’artiste-peintre Franck Lebraly pour réaliser une fresque monumentale. Enfin, le bar Signature a été imaginé par Cécile Chenais et Laurent Maugoust qui ont décidé de mettre en scène le tissu.
En parallèle, et pour la première fois, le salon proposera un concept pour son Inspiration Gallery avec une exposition inédite intitulée “Confidences pour confidences”. Une présentation de quatre univers pensés par la designeuse Fanny Perrier, l’architecte Marco Lavit, l’architecte d’intérieur Oscar Ono et le duo d’architectes Marthe Simon & Paul Peller avec comme contraintes de mettre en avant, au sein d’un espace de 30m2, la même pièce de mobilier qu’est le confident.
De nombreuses conférences et remise des Innovations Awards 2024
Comme chaque année, le salon proposera une série de conférences thématiques au sein de ses différents halls. Le programme complet est à retrouver sur le site du salon. Concernant les Innovations Awards, dont le jury sera présidé par Emmanuel Sauvage, ce sont cette fois 6 prix qui seront remis : Design, Foodservice, Wellness Tech & Services, mieux-être des employés (Prix spécial) et Hôtellerie et Restauration. Les candidatures sont d’ailleurs ouvertes jusqu’au 6 septembre. Informations et inscriptions : https://innovationawards.equiphotel.com/live/fr/page/home
Du 6 au 9 novembre, durant EquipHotel, Intramuros a coanimé des cafés-débats avec l’Ameublement français, sur leur stand baptisé Interior Design Center. Ont été abordés des sujets liés à la conception d’espaces CHR, la mutation et le développement du marché. Retrouvez le résumé des échanges du 7 novembre autour de la fin des standards.
Pour débattre, neuf intervenants ont répondu présents :
- Philippe Denavit, président du groupe Malvaux et membre du Conseil d’Administration de l’Ameublement Français
- Flore-Anne de Clermont, responsable innovation, Valdélia
- David Dalidec, architecte d’intérieur, agence David DALIDEC
- Kelsea Crawford, architecte d’intérieur co-founder CEO, Cutwork Studio et son associé, l’architecte et designer Antonin Yuji Maeno
- Laurent Maugoust architecte d’intérieur et directeur, agence Laurent Maugoust Architecture
- Arnaud Berthereau, architecte d’intérieur et directeur, studio Briand&Berthereau
- Alban Ruggiero, fondateur, groupe MELT
- Frédéric Alzeari, directeur de création, RF Studio
Tandis que l’expérience client à l’hôtel est en constante évolution, peut-on aujourd’hui continuer de parler de standards à l’hôtel ou bien sommes-nous au contraire en train d’évoluer vers une déstandardisation ?
Réinventer la cellule traditionnelle de la chambre
Pour ouvrir ce débat sur les standards, Alban Ruggiero, président de MELT fondé en 2016, définit le concept défendu par son groupe comme étant de l’hôtellerie hybride non-standardisée. Pour expliquer cette idée, il évoque notamment son dernier projet mené avec le studio Briand&Berthereau, la marque Jost à Bordeaux : « Chez nous, aucun hôtel n’est fait pareil. On a fait le choix de ne jamais prendre les mêmes décorateurs et architectes sur nos projets afin d’avoir à chaque fois une nouvelle vision de l’hôtellerie. » Une vision fondée sur une programmation variée des services de l’hôtel, qui se ressent dans la conception même des espaces, puisque chez Jost, les espaces communs ont été pensés avant les chambres. Et pour cause : chez Jost, le rez-de-chaussée est un cabaret qui propose 4 à 5 événements par semaine sous différentes formes. La fonction d’hébergement est également revue pour accueillir une clientèle hybride : plusieurs types d’espaces sont proposés en fonction des moyens financiers, dortoirs, chambres familiales, suites de luxe… Cette idée d’accueillir un public diversifié répond aussi à une volonté de favoriser les échanges entre ces différentes populations.
L’architecte d’intérieur David Dalidec évoquera de son côté une recherche d’expérience à l’hôtel. « On sort petit à petit de la cellule traditionnelle dans laquelle on sait ce qu’on vient faire à l’hôtel. Aujourd’hui, on est plutôt dans une recherche d’émotions et de sensations. »
Fort de son expérience de plus de 20 ans dans le domaine avec une soixantaine d’hôtels à son actif, l’architecte d’intérieur Laurent Maugoust connaît parfaitement les standards : « Le standard est universel en hôtellerie : on pousse la porte, on rentre dans un couloir, il y a une salle de bains à gauche, un placard à droite, une fenêtre en face avec un lit, une table de chevet et une télé. Malgré tout, en voyant comment les standards peuvent évoluer, cela nous pousse à être novateurs. » Il évoque une adaptation plutôt qu’une réinventation des standards.
L’hôtel n’est plus un vase clos
La réadaptation de la chambre, la prise en compte de l’expérience client est une traduction directe des évolutions des usages. Pour Frédéric Alzeari, directeur de création chez RF Studio : « Aujourd’hui, il est important de reconnecter l’hôtel au reste de la ville, on parle alors de Social Hub, et cela permet de créer des liens. Je ne pense pas que la déstandardisation soit simplement esthétique, elle passe aussi par l’expérience et les services proposés. » Un point de vue partagé par Kelsea Crawford, cofondatrice de l’agence d’architecture Cutwork, qui souhaite faire évoluer les espaces à travers l’expérience recherchée par les clients :« Le concept d’hybridation de l’hôtel est le futur selon moi. Il y a aujourd’hui de plus en plus de choses à prendre en compte, et il faut être le plus souple possible dans chaque opération. » En fonction de la durée de séjour du client, il faut pouvoir proposer une offre la plus complète possible, à travers l’intégration d’un espace cuisine dans les chambres par exemple. Autre défi qu’ils se sont lancé : proposer une multitude d’usages dans un seul espace, comme c’est le cas de leur projet avec Bouygues où une chambre de 20m2 pourra décliner cinq utilisations différentes.
Déstandardiser la chambre ?
Pour Frédéric Alzeari, « pour déstandardiser, il faut vraiment sortir de la norme. » Pour autant, il évoque la nécessité de respecter certains standards sur le plan légal d’une part, mais surtout pour parfaire aux attentes du client. Il y a des contraintes matérielles pour les tailles de lit, la présence de certains meubles ou non. Ainsi, casser les standards peut s’avérer périlleux, comme l’explique Alban Ruggiero : « Pour tous nos projets, on définit dès le début une liste de fonctions de la chambre avec une vision précise de ce que l’on veut proposer au client. Mais finalement, ce qui est difficile, c’est de créer une chambre qui soit nouvelle et que lors du résultat final, on puisse se dire : oui, ça change et ça fonctionne. »
Si la plupart des chambres restent donc très ancrées dans les standards et respectent des chartes très précises (cf éléments précédemment cités par Laurent Maugoust), les architectes d’intérieur et designers considèrent l’évolution des usages dans cet espace : on y dort, on s’y détend, on y travaille, on y fait des visio, on s’isole… Comme l’exprime Arnaud Berthereau : « Je ne sais pas ce qu’est le standard, et je ne sais pas si le standard d’hier est celui d’aujourd’hui et vice-versa, mais ce qui me paraît certain, c’est qu’en tant que designer ou architecte d’intérieur, on doit être un peu le catalyseur des usages qui se trouvent dans les hôtels et particulièrement dans l’espace chambre. » Pour sa mission sur l’hôtel Jost, un travail a été fait sur la compacité de la chambre, afin de proposer un espace dans lequel le client se sente bien et qui puisse avoir différents usages qui sortent justement de ces « standards ». Pour Laurent Maugoust, l’objectif principal sera toujours de surprendre le client, en trouvant un équilibre entre ce qu’attend le client et ce qu’il découvre, un équilibre qui va nourrir son expérience.
Vers la chambre reconfigurable ?
Antonin Yuji Maeno du studio Cutwork rebondit en évoquant notamment les washitsu, les chambres standards traditionnelles japonaises : « Ces chambres n’ont pas d’usage prédéfini. Ce ne sont pas des chambres à coucher, des chambres à dîner, des chambres à travailler ou à faire la sieste. Il s’agit simplement d’une chambre qui est ouverte et dans laquelle on va déplacer des panneaux coulissants et y ajouter un futon et une table pour créer ensuite un espace chambre. » Un principe qu’ils ont repris dans certains de leurs projets, où la télé peut par exemple être nichée derrière un panneau ou se dévoiler grâce à un système de rétroprojecteur. Ces espaces s’adaptent donc aux usages de chaque client : « On pense que le nouveau standard, c’est le washitsu, qu’il est reconfigurable et adaptable » conclut-il.
Dans cette logique, le travail de RF studio avec Ligne Roset pour Novotel propose un éclairage intéressant, comme en témoigne Frédéric Alzeari : « Nous avons pensé la chambre comme n’étant pas un objet figé mais capable d’évoluer pour s’accorder à l’esthétique de son temps, composée d’éléments qui puissent être remplacés plus facilement. » Cette pratique induit une démarche plus écologique, puisque la chambre n’est plus changée tous les cinq ans, mais elle évolue en continu.
La dimension écologique dans la conception d’hôtel : un passage évident ?
La question de l’écologie arrive au cœur du débat et permet de pointer les efforts qu’il reste encore à faire malgré quelques avancées. En effet, d’après Flore-Anne de Clermont, responsable innovation chez Valdélia, 90 000 tonnes de mobilier sont jetés dans les bennes chaque année. Un chiffre encore trop important, mais qui pourrait diminuer si l’on communique différemment concernant le sujet du réemploi. « Plus on anticipe les besoins des clients et plus on pourra faire durer les produis plus longtemps et ainsi éviter le gâchis de mobilier. Les industriels ont une expertise à apporter, car ils ont une réelle connaissance fine des matériaux, du mobilier. » Un aspect d’up-cycling que Philippe Nalivet prend également très à cœur en tant qu’industriel, mais qui nécessite un travail de sensibilisation auprès des clients et en amont, dès la conception du meuble.
En parallèle, David Dalidec expose un autre chiffre fort : 60 % des clients sont prêts à payer plus cher pour accéder à des hôtels plus responsables. Et cette responsabilité passe à la fois par la mesure de l’empreinte carbone de son travail, en collaborant avec des acteurs locaux, en utilisant le plus de matériaux recyclés et qui soient le plus pérennes possible. L’objectif : évoquer une prise de conscience chez le maître d’ouvrage et ainsi lui proposer des actions concrètes.
Penser l’hôtel dans un hypercontexte ?
Pour tous, l’hôtel est aujourd’hui pensé comme un lieu transversal dans les activités, hybride dans les rencontres, poreux à l’écosystème qui l’entoure. Nécessairement multi-programme, il fait face à une activité complexe, dans une temporalité qui doit être gérée avec des espaces qui s’adaptent. C’est un lieu de vie. Pour Frédéric Alzeari, RF Studio nourrit sa vision de l’hôtellerie, par la diversité de son expérience : « Travailler sur des projets autres que ceux de l’hôtellerie, permet d’avoir une vision holistique des différents domaines d’application de l’architecture d’intérieur. » Il conclut en revenant sur l’importance de connaître le contexte (économique, industriel, géographique), car la standardisation se pose de ce point de vue-là : « C’est en se posant ces questions liées au contexte que l’on arrive à obtenir de nouvelles réponses. »
Du 6 au 9 novembre, durant EquipHotel, Intramuros a co-animé des cafés-débats avec l’Ameublement français, sur leur stand baptisé Interior Design Center. Ont été abordés des sujets liés à la conception d’espaces CHR, la mutation et le développement du marché. Retrouvez le résumé des échanges du 6 novembre portant sur la réalité du pouvoir de prescription de l’architecte d’intérieur.
Autour de la sublime table en Corian conçue par Image, cinq professionnels ont partagé leurs points de vue :
- Régis Botta, Architecte DPLG, Régis Botta – Architectures
- Flore-Anne de Clermont, responsable innovation, Valdélia
- Adrien Lanotte, senior analyst, MKG Consulting
- Olivier Lekien, architecte d’intérieur, atelier OLK
- Caroline Tissier, architecte d’intérieur, Caroline Tissier Intérieurs
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L’architecte d’intérieur a-t-il toujours le pouvoir de prescription ?
Derrière ce titre un brin provocateur, la vraie question abordée était : qui est l’acheteur aujourd’hui ? Une question qui complexe quand on connaît la multiplicité d’acteurs et niveaux d’intervention nécessaires dans un projet d’hôtel aujourd’hui, mais qu’Adrien Lanotte, analyste chez MKG Consulting a souhaité illustrer en préambule des échanges. Le cabinet de conseil étant en charge d’une étude commanditée par l’Ameublement français, sur la cartographie des parcours d’achat en mobilier dans le secteur contract. L’objectif de cette étude étant de faire le pont entre les contraintes de chacun et d’identifier des facteurs clés de succès pour aboutir à une collaboration plus fructueuse.
Un premier constat partagé par tous : depuis plus de 20 ans, le nombre d’acteurs intervenant dans un projet n’a cessé d’augmenter et d’évoluer, formant un écosystème d’acteurs de plus en plus complexe à appréhender. L’étude montre qu’il n’y a pas de schéma-type, mais pour autant, les étapes de déroulement d’un projet s’organisent généralement comme suit : un investisseur lance une idée, puis sont sollicités des architectes, architectes d’intérieur/designers, des bureaux d’études pour étudier sa mise en place. Après cette deuxième étape, on passe à l’exécution : et c’est là qu’interviennent les acteurs de l’ameublement, car c’est le moment où le client va faire des appels d’offres et solliciter des propositions de la part de distributeurs et de fabricants.
La complexe gestion du budget
Une fois que le donneur d’ordre a choisi l’architecte d’intérieur, comme le note Adrien Lanotte, « ces deux acteurs vont discuter pour définir les attentes, mais sans pour autant être dans le réel des produits à ce moment-là, c’est encore une phase de dessin. » Le fabricant intervient tardivement, pour répondre aux questions de faisabilité du dessin. Sa mission sera de chiffrer le projet en prenant en compte les contraintes du porteur de projet : si celui-ci démarre avec une enveloppe très précise et qu’après
étude, les coûts sont plus élevés, il faut réussir à s’adapter sans perdre l’idée de départ.
Ainsi, aujourd’hui, pour Adrien Lanotte, « dans le secteur du contract, le rôle du fabricant est un peu celui d’un technico-commercial. C’est lui qui va pouvoir chiffrer le projet », ce qui va déterminer sa faisabilité. D’où l’intérêt d’associer davantage et le plus en amont possible le fabricant, que le choix d’aménagement soit établi sur catalogue, concerne du sur-mesure ou demande une adaptation de gamme en semi-mesure. Les fabricants français de mobilier et industriels de l’agencement précisent que les intégrer dès l’amont, au moment de la conception d’un projet, représenterait une réelle valeur ajoutée économique pour le commanditaire du projet. Le fabricant fabrique, mais il accompagne et propose des solutions aux architectes d’intérieur et designers.
Olivier Lekien, directeur de l’atelier OLK qu’il a fondé en 2019, évoque une évolution de son rôle d’architecte d’intérieur vers celui de chef d’orchestre : « Je dirais que notre métier a changé. Le nombre d’acteurs est de plus en plus important et donc en tant qu’architecte, on devient un peu créateur de synthèse. À mon échelle, j’essaye d’apporter une solution d’ensemble afin d’atteindre un équilibre. »
Parcours d’achat : mais qui achète ?
Et si la question concernant la nécessité d’intégrer les fabricants en amont semble obtenir l’unanimité, une autre importe tout autant : qui est en charge de l’achat ? Caroline Tissier, Régis Botta et Olivier Lekien l’expriment clairement : sauf exception, ils ne sont pas les acheteurs directs, mais accompagnent les clients pour trouver des terrains d’entente, comme l’explique justement Olivier Lekien : « Si j’achète moi-même, c’est que je pense qu’il y aura une plus-value pour le projet. Mais sinon, je vais généralement proposer des fabricants au client qui fera son choix. Il arrive aussi qu’il fasse appel à son propre réseau qu’il peut être intéressant d’exploiter. Encore une fois, on en revient à cette idée de synthèse à faire ensemble.»
Comment le choix est-il fait ?
Les architectes d’intérieur soulignent ce point : le respect du planning, pour que l’hôtel ouvre à temps, est crucial pour l’architecte d’intérieur. Et plus que le prix, le vrai facteur de décision est dorénavant le facteur temps : « Tout est une question de réaction au bon moment. Si le fabricant est en capacité de réagir quand c’est nécessaire, c’est là qu’il peut obtenir le marché. C’est ce délai-là qu’il faut surtout adapter » explique Olivier Lekien.
Et cette question de délais est justement au cœur de nombreux projets et dans beaucoup de cas, les fabricants français vont être mis en concurrence avec des fabricants à l’international, délai oblige. Pour autant, sur les chantiers, les fabricants locaux (les fabricants français en France) pourront mieux réagir à des questions de SAV ou d’ajustements sur place qu’un fabricant plus éloigné. Ici encore, la plus value-économique et le gain de temps réalisé sont une nouvelle fois non-négligeables.
Dans le public, un professionnel en sourcing de matériaux, dans un cabinet d’architectes spécialisé dans les projets du milieu du luxe, évoque en effet la volonté de certains clients de trouver des « équivalents » une fois que le projet est validé, dans le but de faire des économies ou atteindre les délais de livraison plus rapidement. Ces recherches sont aussi faites par des intermédiaires, qui rendent difficilement lisible la lecture du schéma de décision, d’arbitrage et de transparence du prix que coûte réellement un meuble après que chacun ait été sollicité dans la mission de l’aménagement.
L’engagement RSE : vers une évolution du marché ?
Tous l’accordent : en ce qui concerne le mobilier, il est compliqué aujourd’hui de faire des projets 100 % en circuits courts, comme l’explique justement Caroline Tissier : « J’ai pu travailler avec des chefs qui essayent de fonctionner en circuit court dans leur restaurant et c’est très bien. Pour autant, il me semble aujourd’hui compliqué de faire un hôtel qui soit totalement en circuit court, même si je vois de nettes améliorations et des solutions apportées. »
En revanche, tous les acteurs autour de la table mentionnent une prise en compte RSE de plus en plus valorisée dans la conception projets. Pour le moment, ils y répondent au moins sur le plan technique, en intégrant par exemple des systèmes d’économie d’énergie ou d’isolation. Flore-Anne de Clermont, reponsable innovation chez Valdélia, explique la démarche de cet éco-organisme, dont l’objectif est de valoriser du mobilier de réemploi au sein des projets. Valdélia fait l’intermédiaire entre les personnes qui souhaitent évacuer leur mobilier et celles qui souhaitent faire du réemploi. Une nouvelle piste d’engagement RSE, qui entre petit à petit dans la culture d’achat et de conception du projet.
Les adaptations des professionnels au marché
Après un parcours en partie chez Ligne Roset puis en agence spécialisée dans l’hôtellerie, Caroline Tessier a ouvert sa propre agence d’architecture d’intérieur en 2013. Elle travaille de façon rapprochée avec les fabricants sur ses projets, et parallèlement, elle s’est associée à Contract Factory, agencé créée par Alexis Marechal, qui accompagne le client sur l’ensemble du parcours : « Quel que soit le projet, le parcours sera le même. Le fait de connaître tous les fabricants nous permet d’avoir une vision large et donc de savoir avec lesquels il faut travailler au moment d’élaborer un projet » explique-t-elle. Elle propose un parcours tout tracé et résout ainsi la question de la gestion des achats et des intermédiaires.
Régis Botta a créé son agence en 2011, avec cette spécificité qu’elle comporte une section design. Ses projets comprennent majoritairement du mobilier fait sur mesure, et il intègre dès la phase de conception les artisans et les fabricants.« Tout ce qui concerne le mobilier et le prototypage est l’un des premiers dossiers à gérer. C’est l’un des plus importants à discuter en amont. Donc intégrer les fabricants dès le début, c’est une évidence pour moi. » Le sur mesure implique cependant que les pièces ne pourront pas être développées à plus grande échelle, justement pour respecter la demande première du client qui était d’avoir un mobilier unique. « En général en mobilier sur mesure, le client finance le prototypage et donc il ne veut pas voir ses pièces développées ailleurs. La seule exception est lors de développement de franchises ou de chartes par exemple. Dans ce cas, cela devient intéressant pour un fabricant puisqu’il y aura des commandes en grande quantité » continue Régis Botta. Il propose également des modèles en semi-mesure en adaptant notamment pour une franchise un modèle standard qu’il développe pour qu’il devienne propre au client.
Parmi les autres pistes évoquées. Adrien Lanotte a proposé l’idée, pour le fabricant, de développer une économie servicielle qui consisterait à sortir du cycle d’achat produit pour proposer des produits de remplacement ou de faire un recours à un système de leasing afin d’éviter par exemple d’avoir à immobiliser une chambre en cas de problème liés à de délais de fabrication ou de livraison justement. Régis Botta revient sur la nécessité de construire une proximité avec les fabricants. En effet, une fois qu’une première collaboration est faite, une proximité se créer et permet donc d’avoir une meilleure connaissance des outils de production des fabricants. De fait, il sera plus simple de comprendre les adaptations possibles et cela aidera logiquement à gagner du temps par la suite.
Affirmation d’une meilleure hospitalité des clients, mais aussi engagement pour un mieux-être optimisé des salariés, le salon EquipHotel 2022, organisé du 6 au 10 novembre, fait de l’Hospitalité engagée le cœur d’un menu-programme désireux de répondre aux attentes des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration. Intramuros sera d’ailleurs présent et animera des tables rondes du 6 au 9 novembre en partenariat avec l’Ameublement français, à l’Interior Design Center (hall 7.2), et modèrera également une conférence dans le hall Architecture et design autour des nouveaux usages. Un espace de rencontres en partenariat avec Lafuma Mobilier (hall 7.2) est également prévu.
Du 6 au 10 novembre au Parc des expositions de la porte de Versailles, le salon EquipHotel, rendez-vous B2B de référence du secteur de l’hôtellerie-restauration, va plancher sur les meilleurs moyens de conseiller les professionnels. Outre l’occasion de rencontrer une multitude de fournisseurs, EquipHotel jouera plus que jamais son rôle de hub des nouvelles tendances et innovations du CHR (soit l’ensemble des entreprises intervenant dans le domaine de la gastronomie, et plus largement dans les cafés, hôtels et restaurants), en particulier dans le secteur de l’accueil des clients et des conditions de travail des salariés.
Faire des hôtels et des restaurants de véritables lieux de vie
Les 1 200 entreprises exposantes, à 40 % étrangères et recouvrant les quatre grands univers du food service, du design, du bien-être, des technologies et services, ainsi que les 113 000 décideurs du CHR présents (chefs, responsables d’établissements, mais aussi architectes, décorateurs, gestionnaires de collectivités, etc.) tenteront ainsi de penser le présent et l’avenir de leur secteur en réfléchissant à des questions aussi essentielles que l’engagement pour la planète, la sortie de crise – avec en filigrane les 300 000 postes à pourvoir du secteur – et la nécessité de faire des hôtels et des restaurants de véritables lieux de vie, sensibles comme leurs clients et leurs employés aux terroirs, aux territoires, aux spécificités locales et aux circuits courts.
Pour orienter cette approche convergente avec l’évolution sociétale, le salon s’appuiera sur une série de conférences et sur cinq thèmes forts : se projeter dans la durée et le durable ; rester attractif ; faire du beau avec du bien ; miser sur le soin de soi ; penser le digital à visage humain. Pour incarner cette dimension humaine, c’est le chef doublement étoilé Christophe Hay qui a été choisi comme parrain de la manifestation. Un choix très cohérent quand on connaît son engagement écoresponsable, mis en pratique avec l’ouverture de son hôtel Relais & Châteaux Fleur de Loire, à Blois.
Un programme de conférences pour penser l’avenir du secteur
Et si le salon sera l’occasion de rencontrer les professionnels du secteur, un cycle de conférences offrira des temps de débats sur les enjeux de la restauration et de l’hôtelleries. Dans ce cadre, Intramuros animera le lundi 7 novembre à 14h un talk autour de l’hôtellerie et de la modularité des usages, avec Eléna Apiou, responsable design chez Adagio, Tristan Lohner, designer et directeur de RBC Paris, Benjamin Clarens, architecte agence Cut Architectures et Ramy Fischler, designer, fondateur de RF Studio.
Tout le programme est disponible ici : https://www.equiphotel.com/fr-fr/programme/conferences.html#conferences.
Favoriser les rencontres autour de tables rondes
Tous les matins, sur le stand de l’Interior Design Center (stand N44), think tank contract & agencement de l’Ameublement français, l’Ameublement français et Intramuros proposeront un programme d’échanges qu’ils ont coconçus réunissant architectes d’intérieur et fabricants pour mieux décrypter l’état du marché et les questionnements des différents acteurs. Comment adapter un projet à un budget et vice-versa ? Comment adopter une démarche RSE ? Quels sont les nouveaux standards de l’hôtellerie ? Que vient-on chercher à l’hôtel aujourd’hui ? Autour des thématiques proposées, ces rencontres se veulent avant tout un lieu d’échanges et de partages d’expériences et d’actualités pour mieux faire se rencontrer les attentes et propositions de chacun, face aux évolutions du secteur. Chaque soir, une synthèse des échanges sera publiée sur le site d’Intramuros.
Retrouvez le programme complet ici : https://www.ameublement.com/evenements/interior-design-center-le-programme-sur-le-salon-equiphotel-du-6-au-10-novembre
Favoriser les échanges informels
En partenariat avec Lafuma Mobilier, Intramuros proposera également un lieu de rendez-vous informel (hall 7.2). Au sein de cet espace, il sera possible de consulter les derniers numéros d’Intramuros et d’accéder à une offre d’abonnement préférentielle mise en place spécialement pendant la durée du salon. Un lieu investi par Lafuma qui mettra à disposition plusieurs pièces de la collection Horizon à savoir des tables, chaises, chaises longues et chaises hautes.
Labellisé « Génération Egalité Voices ONU Femmes France » et actrices et acteurs de la « #générationégalité », le collectif Women In Design, créé en octobre 2020, a lancé son programme de rôle modèle le jeudi 22 septembre, lors d’une conférence de presse.
En septembre 2021, Intramuros ouvrait sa série de talks à la Paris Design Week avec une carte blanche au tout nouveau collectif Women in Design (WID). Tout naturellement, l’échange s’est prolongé lors des talks de 2022 avec un « débat mouvant » questionnant notamment l’importance de rôle modèle dans les parcours de vie.
Fin septembre, le collectif décide encore plus loin dans ses annonces lors d’une conférence de presse. Parties du constat de l’archétype du rôle modèle dans le design français, WID lance le programme des rôles modèles. « L’image du designer est le standard de l’homme blanc quinquagénaire et évoluant dans un milieu privilégié », explique Johanna Rowe Calvi, fondatrice du collectif, laquelle reprend la citation d’Anna Dubessy. Women In Design propose de mettre en avant des rôles modèles sortant des sentiers battus, entrouvrant ainsi la porte sur un champ des possibles aux personnes qui souhaitent se lancer dans le monde du design.
Des rôles modèles pour de futures générations de designers
À la question « Le terme women n’exclut-il pas les personnes non binaires ? », Johanna de répondre « En réalité, les personnes non binaires sont inclues dans Women In Design, mais nous le précisons systématiquement. Parler du design en termes de genre ou de non-genre donne aussi la possibilité d’ouvrir la discussion sur un sujet rarement abordé. » Ce propos ouvre effectivement sur un débat national qui dérange, celui de l’identité sexuelle. « Nous sommes un collectif qui souhaite se développer en tant que sororité dans un premier temps, mais à terme, l’idée est de devenir une adelphité. »
Si parler de genre semble incongru dans le monde merveilleux du design, on évoque encore plus rarement le sentiment de non-appartenance à ce milieu. Pour le collectif, l’image du design francophone est sclérosée. « Il est difficile de se projeter dans la peau d’un designer lorsque l’on n’est pas issu du bon milieu social ou que l’on n’a pas la bonne carnation. À l’entrée des écoles de design, on ne tend pas à une grande pluralité. » À travers ce prisme, Women In Design a créé une communauté composée de personnes francophones de tous âges, de cultures et de milieux sociaux différents afin de valoriser des individus inspirants, souvent méconnues du grand public, qui serviront notamment de rôles modèles.
De nouveaux archétypes
Women in Design lancera officiellement son programme 2023, ouvert aux femmes et personnes non binaires, en janvier prochain. C’est à l’issue de la table ronde organisée par Intramuros en septembre 2021 à la Paris Design Week, que le ce projet a vu le jour. Cinquante-deux rôles modèles ont été choisies pour l’année à venir. La communauté a sélectionné ces femmes ou personnes non binaires qui forcent le respect par le biais de leur action, de leur travail, voire de leur influence. Le groupe de travail est composé des designers Laure Guillou, Marguerite Guéret, de l’artiste-designer Barbara Asei Dantoni, de Rose Rondelez, étudiante à Science Po et de Strate Ecole de Design.
Pour ce premier opus, la parole sera donnée à des designers francophones et ambassadrices d’horizons variés. Chaque semaine, l’une d’elles sera à l’honneur via trois temps forts. Une fois par mois, une table ronde, incluant les trois à quatre rôles modèles du mois, sera mise en ligne.
La conférence de l’EPDA, association d’agences de design européennes, le 20 mai à Bologne, a présenté plusieurs témoignages de professionnels qui gardent la flamme créative malgré les injonctions marketing.
L’EPDA, European Brand & Packaging Design Association, fête ses 30 ans cette année et vient de nommer une nouvelle présidente, Sylvia Vitale Rotta, fondatrice de l’agence française Team Créatif. Elle succède à l’Allemand Uwe Melichar pour un mandat de 3 ans. Cette association internationale regroupe plus de 60 agences de 17 nationalités différentes qui se retrouvent chaque année pour partager leurs bonnes pratiques, sans notion de concurrence. Pour son anniversaire, l’EPDA a réuni ses adhérents à Bologne en Italie du 19 au 21 mai, conviant également des donneurs d’ordre (Coca Cola, Nestlé, Colgate Palmolive, Carrefour, Pantone…).
Créativité et flexibilité
La journée de conférence du 20 mai a fait émerger la thématique de la créativité, carburant des designers face à la pression des clients. Rebecca McCowan, responsable du design Europe centrale et orientale de Coca Cola basée en Autriche, et Jessica Felby, ancienne directrice du design chez Carlsberg au Danemark, ont échangé sur la nécessité de retrouver de la lenteur dans le processus de création, à rebours des sessions de « sprints » où un projet doit être bouclé en quelques semaines. « Au lieu d’une course épuisante, pourquoi ne pas faire une randonnée ?, a plaidé Jessica Felby, aujourd’hui designer textile sur une île de la mer Baltique. Chez Carlsberg, j’ai eu besoin de plusieurs années pour mettre à plat le design, en discutant avec des fabricants de verre et même de machines à laver pour optimiser les produits. » « Notre industrie travaille trop en silos, a renchéri Rebecca McCowan. Par exemple, Coca Cola a fait un formidable travail sur son identité mais lorsque la campagne de communication Happiness Factory est sortie, elle ne montrait même pas le nouveau packaging. Aujourd’hui, après avoir imposé son logo manuscrit, la marque va se doter de sa propre typographie pour les mentions obligatoires de ses packagings. Le design est un bon investissement, mais cela prend du temps. » Autre entreprise qui doit faire preuve de flexibilité, Carrefour décline son identité en fonction de ses différentes activités, avec des codes couleurs : magasins sans contact, banque, défi zéro plastique, gamme textile responsable… « La crise sanitaire a posé la question de la confiance dans les marques. C’est une formidable opportunité pour les distributeurs de montrer leur compréhension des consommateurs en proposant de nouveaux services », a souligné Tatiana Ryfer, directrice de la marque et de l’identité visuelle de Carrefour France.
La question du changement
L’agilité suppose aussi de sortir des carrières toutes tracées. L’Italien Dario Buzzini a quitté son poste de directeur du design à l’agence Ideo à New York pour ouvrir son propre studio, BBDB, à Vicence près de Venise. Situé en vitrine sur la rue, il consacre un tiers de l’année à l’organisation d’expositions d’art contemporain et à l’édition de livres d’art. « Ideo passait son temps à convaincre les clients d’accepter le changement, je voulais appliquer ces convictions à moi-même. Je me suis rendu compte que j’avais le choix de travailler avec qui je voulais. Ce n’est pas facile, New York me manque parfois, mais j’ai besoin de garder ma passion pour produire le meilleur travail », a-t-il relaté. John Glasgow s’est quant à lui délocalisé de Londres à New York après après avoir été découvert par le magazine Dazed & Confused pour ses oeuvres de street art. Le jeune homme a créé le studio Vault 49 avec son associé Paul Woodvine il y a 20 ans et continue d’insuffler l’énergie de la rue à ses collaborations (Pepsi, Baileys, Smirnoff, SKII…). « Nous réunissons des typographes, des imprimeurs, des créateurs de fresque murale. Nous nous sommes également engagés dans le mouvement Black Lives Matter et nous offrons des programmes d’échanges à des étudiants de couleur, peu représentés dans nos métiers » a défendu le dirigeant, lui-même métis.
Mathieu Reverte, associé de Team Créatif à Sao Paulo, a vanté à son tour la société métissée du Brésil, « un pays plein de problèmes mais où les relations entre les gens sont très simples et directes. Nos projets célèbrent la diversité du pays : l’eau de coco Obrigado inspirée par l’héritage africain de la région de Bahia, l’organisme gouvernemental de soutien aux PME qui montre toutes les couleurs du pays, le logo du mouvement de défense des favelas que nous avons réalisé gratuitement. » La conférence a dépassé les frontières de l’Europe et du design classique en présentant l’identité sonore réalisée par Sixième Son pour la compagnie aérienne d’Abu Dabhi Etihad Airways : un mélange de musiques moyen-orientales et occidentales jouées par des musiciens du monde entier, comme un éloge des échanges féconds.