Biennale
Du 30 septembre au 7 janvier, Némo, Biennale internationale des arts numériques d’Île-de-France, explore le thème des identités multiples à l’ère numérique. Au menu de ce programme dense et éclectique, 8 expositions, 24 spectacles et un week-end consacré au cinéaste Christopher Nolan.
Selon Gilles Alvarez, directeur artistique de Némo, « le numérique permet de multiplier les représentations de soi-même. La virtualité rend possible des expérimentations irréalisables dans la vraie vie, mais qui en retour peuvent avoir des conséquences “in real life“ pour le meilleur et parfois pour le pire(1) ». S’inspirant de la figure du double exploitée dans la littérature – de Rimbaud à Dostoïevski en passant par Edgar Poe –, à l’heure de la toute puissance d’Internet et de l’intelligence artificielle, il a concocté une programmation qui interroge les enjeux des technologies et des rapports entre humains, voire inter espèces. De la quête de visibilité à l’emprise, des univers parallèles aux chimères, un voyage aux frontières du réel mais bien enraciné dans notre présent. L’exposition « Je est un autre ? », au Centquatre, aborde ainsi les concepts de doubles, de mutants, d’avatars, d’identité factices, de technologies de l’ego, de « deepfakes »…
Comme dans les éditions précédentes, l’enjeu n’est pas d’apporter des réponses, mais bel et bien d’« être un support à la réflexion » pour le public. D’une installation du collectif Universal Everything, où des mannequins artificiels s’organisent une fashion week, à un troupeau de « moutons-téléphones » de Jean-Luc Cornec, qui interroge l’instinct grégaire d’Internet, le spectateur sillonnera entre une vingtaine d’œuvres, de la plus intimiste à la plus spectaculaire. Parmi elles, Heaven Gate, de Marco Brambilla, proposera une relecture détonante de toutes les étapes de la vie sur terre par le prisme hollywoodien ; le NeoConsortium imaginera la promotion de l’art sidéral ; Fabien Léaustic invitera les spectateurs à créer des chimères d’ADN ; quand Ismaël Joffroy Chandoutis s’intéressera à un individu (aujourd’hui en prison) aux 70 personnalités en ligne contradictoires et souvent toxiques… Pour sa part, Donatien Aubert apportera une vision historique et holistique du cheminement qui a mené l’homme à l’ère numérique.
Après « Blade Runner », en 2021, le nouveau symposium de Némo analysera la filmographie du maître du blockbuster expérimental Christopher Nolan, le week-end du 25 novembre. À partir des films « Memento », « The Dark Knight », « Inception », « Interstellar » ou encore « Oppenheimer », de nombreux sujets scientifiques, artistiques et philosophiques seront abordés. Par ailleurs, comme le précise Gilles Alvarez, « une des grandes richesses de Némo est de s’étendre sur tout le territoire de l’Île-de-France, dans des lieux très diversifiés ». En effet, jusqu’au 7 janvier, la programmation de la Biennale sera présente, entre autres, au Cube Garges à Garges-lès-Gonesse, à la Philharmonie de Paris, à la Maison du Danemark, à la MAC de Créteil, au Générateur à Gentilly, au Centre des arts d’Enghien-les-Bains…
La 4ème Biennale internationale du design graphique à Chaumont (52) se poursuit avec quatre expositions majeures. Explorant les facettes d’un graphisme vecteur de propos engagés, elles révèlent un éclectisme réjouissant présenté sous forme (très) pédagogique pour tout public… A découvrir, jusqu’au 15 juillet 2023.
Avec ses contractions les plus diverses, la 4ème Biennale internationale du design a tenu sa promesse. Celle de formuler des matières à réflexion, actuelles et engagées… La partie contemporaine du bâtiment du Signe et l’ancienne école Ste Marie désaffectée, accueillent des expositions qui ont emprunté des chemins de traverse. « Procès d’intention », par Jean-Michel Gueridan donne le ton. Berçant l’ordre établi, elle parcourt un panorama expérimental, renoue avec tous les médias, parfois délaissés, des recherches menées sur des écritures anciennes jusqu’à l’art graphique numérique. De l’autre « Parade » signée Vanina Pinter historienne et féministe, met en lumière un panel de graphistes françaises. Radical et analytique, « la Fabrique des caractères » du duo d’Atelier Baudelaire, décortique le genre dans l’univers des jeux et jouets pour enfants. Quant à « l’As du crayon » mis en scène par Tony Durand, elle concrétise avec joie et bonne humeur l’œuvre méconnue, pourtant populaire de Joseph Le Gallennec.
Parade, conçue par Vanina Pinter
Dans la continuité de l’exposition Variations épicènes qui a eu lieu au MABA (Maison d’Art Bernard Anthonioz), à Nogent-sur-Marne en 2020, « Parade » présentent des projets conçus par 39 femmes graphistes françaises toutes contemporaines. « Un·e graphiste prend des coups, doit défendre vaille que vaille sa composition pour que celle-ci émerge dans une société du spectacle ultra formatée, où une mécanique marketing a tout intérêt à ce qu’une graphiste pense peu, qu’iel dépense moins. » clame Vanina Pinter.
Tous les objets de l’exposition explorent des territoires défrichés, des ambitions et des utopies. Chaque projet contemporain et ponctué d’archives, demande une attention particulière, de prendre le temps (et c’est appréciable) de lire afin comprendre le mécanisme d’une pensée. Les deux entrées de l’exposition, l’une intérieure l’autre extérieure, traduisent bien le propos. Sans pour autant propulser au-devant de la scène une création spécifiquement féminine, « un non-sens », selon la commissaire, ces recherches offrent une belle diversité du graphisme que l’on ne voit pas forcément, imprégné de nouveaux territoires, du livre botanique jusqu’au papier peint panoramique créé pour Arte International.
La fabrique des caractères, par Atelier Baudelaire
L’Atelier Baudelaire décrypte les mécanismes du jeu et du jouet autour de la question des déterminismes du genre. Camille Baudelaire et Olivia Grandperrin, graphistes féministes et mères de famille engagées, ont répertorié de manière scientifique et analytique les formes, les logos, les typographies et les couleurs les plus fréquentes utilisées par la grande distribution et propres aux jeux et tee-shirts pour enfants. Le résultat est un ensemble de data sculptures à la fois graphique et design, qui révèle les dessous de la consommation de masse.
La scénographie très soignée et destinée à être démontable, plonge le spectateur en immersion dans un nuancier de couleurs XXL, une table de jeu modulable et des panneaux textiles comme des kakemono japonais. Le propos dénonce aussi le regard parfois insidieux du marketing, tout en s’appuyant sur de nombreuses études. Le constat des deux graphistes est sans appel ; les jouets de grande consommation contribuent massivement à la stigmatisation des activités et des centres d’intérêts selon le sexe des enfants. Cependant, l’exposition n’est ni sociologique ni scientifique, mais elle porte plutôt un regard tendre et ludique sur cet univers implacable de la grande distribution, et faire peut-être bouger les lignes…
L’as du crayon par Tony Durand
Dans le rétroviseur, l’exposition « l’As du crayon » présente le travail de Joseph Le Callennec. Le paquet de sucre en morceaux Béguin Say, la carte routière Michelin et le fameux jeu des 1000 bornes… Vous les connaissez surement, sans le savoir. Le dessin publicitaire de ces objets du quotidien a été conçu par cet illustrateur méconnu, qui à l’époque ne s’appelait pas encore graphiste. C’est à Tony Durand que l’on doit cette formidable exposition et rétrospective, témoignage du développement de la consommation de l’époque des Trente glorieuses.
Les archives de Joseph Le Callennec, ayant pour la plupart disparues dans l’inondation d’une cave, ce graphiste et scénographe discret s’est attelé à regrouper une quantité phénoménale de boites de jeux, d’illustrations, d’affiches, toutes aussi savoureuses les unes que les autres. Des années de recherche et de trouvailles auprès des particuliers ou dans des brocantes, lui ont permis de créer une vaste collection, assez complète, redonnant toute la valeur à l’œuvre précieuse, un poil nostalgique, de ce dessinateur. La scénographie est à l’image de la collection, modeste, colorée, qui va droit au but… Les vitrines en bois sont posées à bonne hauteur sur de simples tréteaux ce qui permet en un clin d’œil ou presque de démonter l’exposition, en route pour de nouvelles aventures.
Du 1er au 4 juin, la 7e édition de la Biennale Émergences, évènement organisé en faveur des métiers des arts, est de retour au Centre National de la Danse (CND) de Pantin.
Créée en 2010, La Biennale Émergences compte parmi les actions menées par l’Établissement public territorial Est Ensemble pour soutenir le rayonnement du patrimoine industriel et manufacturier de l’Est de Paris et le faire connaître au plus grand nombre. Un évènement totalement gratuit organisé au Centre National de la Danse à Pantin, du 1er au 4 juin. « La Biennale est plus qu’une simple vitrine du savoir-faire et de l’excellence des métiers d’art présents sur le territoire d’Est Ensemble. Elle est un moment d’ouverture, de découvertes et de partage à destination du plus grand nombre avec, pour cette édition, une attention nouvelle et privilégiée portée aux publics scolaires du territoire » expliquait Patrice Bessac, président d’Est Ensemble. Entre expositions et ateliers d’initiations, voici à quoi il faut s’attendre.
Un nouveau format d’exposition
Les designers, artistes et artisans d’art participants à cette édition seront invités à exposer leurs créations au sein de l’exposition In-Situ, un nouveau format proposé par les commissaires Helena Ichbiah et Véronique Maire qui ont engagé ensemble une discussion autour de la transmission et du lien. L’objectif étant de rendre visible des processus de création qui illustrent la porosité des pratiques et la fertilité du dialogue entre les disciplines.
L’exposition dévoilera ainsi l’univers d’une trentaine de créateurs affiliés au territoire et qui s’inscrivent dans sa tradition de faubourg industriel et artisanal. Au fil des six studios du CND, le parcours propose de découvrir six tableaux immersifs où les créateurs partagent leur processus de travail au travers de dessins, de maquettes, de prototypes, d’échantillons, de vidéos et de réalisations, que sont :
- Studio Couleur qui présente le travaol d’Atelier Sauvage et Marie de Lignerolles, de Marta Bakowski, Céline Wright et Émilie Yoko Hirayama,
- Studio Ornement avec les réalisations d’Atelier Alba Marqueterie, Éric Charles Donatien, Manon Beriot, Eudes Menichetti et SB26 – Samuel Accoceberry + Atelier Bruce Cecere.
- Studio Matière avec Materra-Matang, Baptiste & Jaïna, Liv Mathilde Mechin, Studio Foam et Normal Studio
- Studio Epure qui expose le travail de Pierre Lapeyronnie, Perron et frères, Guillaume Delvigne et Dan Yeffet
- Studio Radical-futur qui présentera Charles Kalpakian, Noue, Goliath Dyèvre & Grégory Chatonsky, Julia Trofimova et Hugo Drubay
- Studio Manifeste avec Anaïs Beaulieu, Hall.Haus, Vincent Loiret et Laurent Godart & Chinh Nguyen
« Les quatre chemins du textile responsable »
Toujours dans le cadre de la Biennale Émergences, Est Ensemble et Made in Town présentent l’exposition « Les quatre chemins du textile responsable ». Son parcours à dimension pédagogique met en lumière tout un écosystème d’acteurs locaux qui s’engagent ensemble dans la construction de filières plus créatives et plus vertueuses du point de vue social et environnemental. Une exposition qui évoque les chemins de la responsabilité textile à travers le travail d’expérimentation et de recherche des designers textiles lauréats de l’appel à projets lancé à l’automne 2022 : Lily Alcaraz et Léa Berlier, Angéline Bouc Boucher, Aurélia Leblanc et Vincent Richard de Latour.
Organisation d’ateliers pour sensibiliser aux métiers d’art
Pendant toute la durée de l’évènement, quatre ateliers seront organisés au CND pour petits et grands : un atelier broderie contemporaine, un atelier tufting à la main, atelier assemblage de pierres et un atelier initiation à la taille de pierre. Les horaires et réservations sont à consulter sur le site de la Biennale.
Une association avec la fondation d’entreprise Hermès
La Fondation d’entreprise Hermès s’associe à la Biennale Émergences pour présenter la sculpture Perform Puppet signée Julie Villard et Simon Brossard. Une œuvre produite dans le cadre des Résidences d’Artistes de la Fondation d’entreprise Hermès et créée au sein de l’atelier de la manufacture Puiforcat, maison d’orfèvrerie datant de 1820, spécialisée dans la création d’objets d’usage et d’art de style classique, Art Déco et contemporain.