Architecture

En octobre 2021, dans le très bel hôtel particulier Vernon, créé entre le XVIème et le XVIIIème siècles, le studio Constance Guisset a été chargé des aménagements des espaces d’accueil – vestiaires et tisanière-boutique – du fonds de dotation de l’artiste coréen Lee Ufan.
Connaissant très bien la philosophie de ce grand plasticien, héritier du mouvement Mono-ha, la designer française Constance Guisset a choisi des matériaux et des teintes illustrant la vocation du lieu : des espaces de paix et de repos, propices au recueillement. « Parce que son son œuvre est très minérale, il fallait trouver un équilibre subtil dans le choix des matières et des tons neutres, afin d’adoucir la pierre et la rendre apaisante », explique-t-elle. Le chêne réchauffe en habillant les parois et les meubles aux lignes pures géométriques et essentielles, l’inox et le textile des panneaux acoustiques dialoguent avec la minéralité du sol. Des espaces à l’agencement clair et délicat soulignant l’architecture originelle des pièces, dont la sobriété incite à la quiétude. Un geste discret et respectueux, en harmonie avec l’esprit de cet écrin historique revisité, qui vient d’ouvrir ses portes au sein de la ville.
Ouverture depuis le 15 avril 2022 de Lee Ufan Arles, Hôtel Vernon 5, rue de Vernon 13200 Arles.

Après quatre ans de fermeture, le Pullman Paris Montparnasse a réouvert ses portes, plus en beauté que jamais. Une rénovation menée par le cabinet CUT Architecture, dans le cadre du projet « Les Ateliers Gaité » géré par le groupe Unibail-Rodamco-Westfield. Un nouvel hôtel aux multi-tâches, offrant à la fois des espaces où dormir, manger, travailler, faire du shopping ou même faire la fête.
Inauguré en décembre 2021, le nouveau Pullman Paris Montparnasse, fraichement rénové après quatre ans de travaux, offre son lot de surprises. Haut de 32 étages, l’hôtel abrite en effet 957 chambres, mais pas que. En effet, le Pullman Montparnasse c’est aussi : 1200m2 de bureaux exploitables dont une salle de réception de 742m2, deux restaurants, un centre commercial de 70 boutiques, une crèche ainsi qu’un tout nouveau Skybar perché à 115 mètres de hauteur. Un nouvel espace tout-en-un en adéquation avec la volonté de rendre le quartier de la Gaité-Montparnasse de plus en plus attractif. « Le Pullman Montparnasse fait partie des quatre gros porteurs parisiens qui avaient été construits dans les années 70. En fermant l’hôtel pendant si longtemps, on a fait en sorte de le repenser pour les 50 prochaines années. » témoigne le directeur général de l’hôtel, Jérome Cherpin.

Le cabinet CUT Architectures en charge du projet
Pour la rénovation de l’hôtel, le groupe Accor a fait confiance au cabinet d’architecture CUT. Pour cette agence pluridisciplinaire composée alors de 7 personnes au moment de l’acquisition du projet (ils sont aujourd’hui 12), il s’agissait d’un vrai défi à relever. « Le cabinet n’avait jamais travaillé sur un projet d’hôtellerie auparavant, c’était tout nouveau pour nous. Et finalement, l’hôtel combine plusieurs programmes : on y retrouve de la restauration, de l’aménagement d’espaces de travail, de chambres et d’espaces communs. » explique Benjamin Clarens, l’un des co-fondateurs de CUT.

En effet, le groupe Accor avait lancé un concours fin 2015 pour définir quel serait le cabinet en charge des rénovations. De la conception des chambres aux nouveaux restaurants en passant par l’impressionnante salle de réception, la ball room, ce projet a été l’occasion pour la cabinet d’évoluer de manière significative.


Parti avec peu de contraintes, si ce n’était d’avoir plus d’espaces dotés de lumière naturelle et respecter les contraintes matérielles liées à la condition d’IGH (Immeuble à grande hauteur) de l’hôtel, le cabinet est très satisfait du résultat. « À notre grande surprise, nous avions eu peu de contraintes dès le début du projet. Et au vu du résultat, nous sommes vraiment contents et fiers d’avoir tenu notre projet jusqu’au bout » confie l’autre co-fondateur de CUT, Yann Martin.

Le Skybar Paris, plus haut rooftop de la capitale, inauguré au Pullman Montparnasse
Perché à 115 mètres de hauteur au 32e étage, le Skybar Paris est la premier à ouvrir en Europe et va pour sûr devenir l’un des nouveaux espaces branchés de la capitale. Le plus : la terrasse qui offre une vue à 180° sur la Tour Eiffel, le Panthéon ou le quartier de la Défense. Un lien pensé pour vivre une expérience unique, et dont la gestion a été confiée à Guillaume Gerbois, habitué des hôtels renommés. Entre cocktails signatures et plats raffinés, le ton est donné.


La lauréate du prix du dessin d’architecture 2021 a été annoncée mardi 25 janvier au Sir John Soane’s Museum de Londres. Il s’agit de la Grecque Dafni Filippa pour « Fluid Strada – Flood – responsive Landscape performance », un dessin hybride qui combine différentes techniques de rendu mais également remarqué pour sa volonté de dénoncer l’urgence climatique.
Créé en collaboration avec le Sir John Soane’s Museum, Make Architects et le World Architecture Festival, The Architecture Drawing Prize (Prix du dessin d’architecture) célébrait sa cinquième édition. Ouvert aux candidats du monde entier, il présente chaque année des dessins architecturaux aussi visuels qu’innovants. Les critères de sélection du lauréat se basent d’une part sur les innovations offertes en terme d’architecture mais accorde évidemment une importance à la technique et à l’originalité. À propos de l’œuvre de Dafni Filippa, le musée a salué l’ingéniosité et la prise en compte des problématiques climatiques pour le projet : « Le projet de Filippa prend l’urgence climatique comme point de départ, imaginant un futur Londres dans lequel la barrière de la Tamise a été submergée et les crues soudaines se produisent régulièrement. Elle propose une solution qui consiste à injecter en profondeur des hydro-membranes protégeant l’infrastructure des crues. »


Deux expositions organisées pour l’occasion
Les dessins des finalistes et de la lauréate sont exposés au Sir John Soane’s Museum jusqu’au 19 février. De plus, dans le cadre du programme The Prize, le musée propose une rétrospective des éditions précédentes sous forme d’exposition virtuelle, accessible gratuitement et simplement : www.vca.gallery.

En osmose avec son environnement et attaché à son architecture vintage, le chalet sur la pointe, rénové par Paul Bernier Architecture, a conservé son volume initial tout en y intégrant une surélévation.
Construit en rondins de bois, une tradition ancestrale au Canada, le chalet sur la pointe appartient à la même famille depuis 40 ans. Et l’on comprend bien pourquoi. Le contexte spectaculaire de la nature sauvage entourée d’eau a séduit les propriétaires depuis plusieurs générations, avec son ancrage sur une avancée rocheuse. Rénover le bâti d’origine et envisager son extension, tels ont été les défis des architectes. Mais la proximité avec la rive, rendant compliquée la surface supplémentaire au sol, les a orientés vers l’ajout d’un étage intégré à la construction d’origine ; seule une pièce véranda plus réduite a été conçue au niveau du sol. Sans dénaturer le chalet d’origine, en conservant la lecture explicite et fondu dans l’espace boisé des strates et des marques du temps, le projet s’est remodelé aux quatre points cardinaux vers les vues en surplomb sur le lac.

Contraste et continuité de deux époques de construction
Le chalet sur la pointe rustique et l’extension contemporaine se répondent en formant désormais une entité : le toit en pente à larges débords traditionnels côtoie l’épure monolithique dont la structure reprend les particularités architecturales (bois sombre, pente). On retrouve par ailleurs dans le chalet un certain mélange des genres. Les traits spécifiques des années 50 à 70 se fondent dans les espaces : les fenêtres inclinées ou la cheminée existante en pierres ont été restaurées. Visible sur toutes ses faces, cette dernière est un pilier central, tandis que le nouvel escalier, léger et épuré devient le fil conducteur habile de la surélévation. Enfin, la hauteur sous plafond initiale a été préservée, mais l’ancien toit fragilisé, a été déposé, et remplacé par une structure en sapin Douglas supportant le nouvel étage.


La lumière comme guide
Les architectes ont particulièrement bien pensé l’orientation des extensions en fonction du parcours de la lumière tout au long de la journée. Au rez-de chaussée, les deux puits de lumière insérés discrètement dans la structure de la nouvelle pièce installée au sud, créent le lien avec la lumière extérieure et intérieure. Grâce à la hauteur supplémentaire, l’étage bénéficie d’une vue magnifique sur le lac et sur le ciel, ce qui permet également d’éclairer en lumière naturelle le rez-de-chaussée. Depuis la chambre principale haut perchée et sa salle de bain attenante, on peut apprécier la quiétude du panorama sur le lac. Par une grande ouverture verticale à l’est, la lumière du matin filtre jusqu’au rez-de-chaussée à travers le plancher de la passerelle en verre translucide. Une grande fenêtre en haut de l’escalier joue aussi ce rôle de puits de lumière.

De bois et de pierre
Le chalet sur la pointe, construit de manière classique en rondins de bois, repose sur une fondation en pierres dont on peut voir les contours. Ancrée sur le site, cette base solide contribue à intégrer le chalet à son environnement naturel. La pierre et le bois massif sont utilisés aussi à l’intérieur, créant une belle harmonie de tons.


Il était l’un des architectes espagnols les plus exposés à l’international et surtout salué pour ses centaines de projets d’envergure. Né en 1939, Ricardo Bofill Levi est décédé à Barcelone à l’âge de 82 ans le 14 janvier 2022. Il avait crée en 1963 son cabinet d’architecture, Taller de Arquitectura. Depuis plus de 50 ans, son travail aussi varié que coloré a marqué l’architecture mondiale.
Ricardo Bofill Levi faisait partie de ses architectes régulièrement qualifiés de visionnaires et novateurs, pour sa conception particulière de l’espace, entre une inspiration néo-classique (et notamment de Palladio) et une expression postmoderne. Auteur du célèbre immeuble Walden 7 et de l’Hôtel W en Espagne, des Arcades du lac et du marché Saint-Honoré, des sièges sociaux de Cartier ou de Shiseido, ou encore de l’Université Mohamed VI au Maroc, Ricardo Bofill Levi a su séduire de nombreux pays du monde, avec des réalisations audacieuses, colorées, parfois déstructurées.


Par ailleurs, il a aussi réalisé des projets très controversés, à l’image de l’ensemble Abraxas de Noisy-le-Grand, conçu à la fin des années 70. Un projet qu’il voulait en opposition au principe des barres d’immeubles, et qui apparaît dans de nombreux films cultes, de Brazil à l’un des volets d’Hunger Games.
Taller De Arquitectura, l’entreprise familiale aux 30 nationalités
Étudiant à partir de 1957 à l’École technique supérieure d’architecture de Barcelone mais expulsé pour des raisons de militantisme trop affirmé, il se lancera un peu plus tard, en 1963, dans la création de son propre cabinet d’architecte. Il sera par ailleurs entouré de nombreuses personnalités et professions artistiques, telles que le critique littéraire Salvador Clotas, le poète José Agustin Goytisolo ou encore l’économiste Julia Romea, marquant une nouvelle fois un éclectisme certain, à l’image du personnage.


Repris il y a quelques années par Ricardo Emilio et Paulo, les deux fils de l’architecte, le cabinet Taller de Arquitectura représente aujourd’hui près d’une centaine de personnes actives sur les projets et plus de 30 nationalités différentes.
Au cours de sa vie, Ricardo Bofill Levi aura été à la tête de plus de 500 projets différents dans une cinquantaine de pays à travers le monde.

Avec ce prototype très green, le studio californien Emerging Objects livre un habitat, nouvelle génération, mêlant l’impression 3D aux pratiques ancestrales.
Imaginée pendant le confinement, la Casa Covida est un refuge un peu spartiate qui combine nouvelles technologies et matériau de construction à base d’argile. Conçu et réalisé par le duo d’architectes Rael San Fratello et Emerging Objects, spécialiste de l’impression en 3D, ce projet expérimental déterminé par trois espaces circulaires est implanté en plein désert de San Luis Valley au Colorado. Le gîte au final, offre à deux personnes, une expérience immersive unique de détente, au plus près de la nature et des procédés traditionnels, oscillant entre modes de vie d’hier et d’aujourd’hui.


Matériaux naturels et savoir-faire locaux
Ouverts sur le ciel, l’horizon et le sol, les espaces de vie sont en phase avec la nature puissante du désert, grâce à ce matériau typique qu’est l’adobe, un mélange de sable, limon, argile, eau et paille. Chaque élément de la Casa Covida est pensé en lien avec l’artisanat local dans un esprit contemporain. Au centre, le foyer est entouré de bancs en terre, nommés tarima, habillés de textiles colorés ; les ustensiles de cuisine sur mesure, imprimés en 3D d’argile, selon les codes de la poterie traditionnelle du Nouveau-Mexique, servent à la cuisson des haricots, maïs, piments, eux-aussi choisis en local. Le couchage est créé à partir d’une plate-forme en pin des peaux de mouton, couvertures et coussins de laine churro le tout réalisé par un tisserand de la région. La baignoire en métal se remplit d’eau issue de l’aquifère et nappe phréatique profondes du paysage désertique dont la chaleur est restituée par le sol. Les pierres de rivière achèvent le rituel de ce bain naturel et insolite avec vue sur ciel garantie !
Jusqu’aux moindres détail, la Casa Covida, est dans une démarche de développement durable, suivant le procédé rigoureux de l’écoconception et du local. Les poignées de porte sont une fabrication spéciale, en impression 3D et alu moulé qui provient de canettes ramassées en bord de route. Seule concession au projet, le toit léger et gonflable, cette fois synthétique, aux allures de cactus en fleurs, qui se déploie sur l’oculus en cas d’intempéries ou pour conserver la chaleur du foyer.

Impression à l’argile et nouvelles technologies
Le projet de la Casa Covida a été réalisé directement sur site. L’agence Emerging Objects a mis au point le logiciel et le système d’impression 3D, associant un bras de robot articulé SCARA (Selective Compliance Articulated) à trois axes portables ; ce qui permet d’édifier des structures plus grandes que l’imprimante elle-même, avec un débit continu en adobe. De plus, celle-ci est transportable, aisément par deux techniciens et se contrôle à l’aide d’un smartphone. Une fois déposé, le matériau compact sèche et durcit librement au soleil et au vent, à l’image d’une construction ancestrale.

À la fois exposition et performance, Marseille Drive est un projet pluridisciplinaire conçu par l’artiste Cristian Chironi : du 12 au 16 septembre, il invite le public à une balade en voiture dans le quartier autour de l’Unité d’Habitation de Le Corbusier. Une façon intime de partager une réflexion sur les notions de « maison », de logement, de localisation. Une exposition reprenant l’ensemble de son travail autour de l’architecte est présentée parallèlement jusque fin novembre.

Dans le cadre de Biennale Manifesta 13 Les Parallèles du Sud , l’artiste Cristian Chironi, présente Marseille Drive, une exposition et performance dans le cadre de la à partir du 12 septembre 2020.
Marseille Drive est un projet interdisciplinaire, itinérant et in situ combinant architecture, urbanisme, design, art sonore et relations sociales. L’artiste Cristian Chironi prend la route dans une voiture Fiat 127 appelée « Caméléon » pour sa capacité à changer de couleur en fonction des combinaisons chromatiques typiques des architectures de Le Corbusier. Ce voyage retrace le réseau des relations que l’architecte moderniste a entretenu avec des villes différentes pour explorer – à partir de l’héritage de l’architecte ainsi que de récits personnels liés au lieu d’origine de l’artiste – les notions de logement et d’habitat à une époque de précarité et de mobilité croissantes et questionner la distinction entre vie nomade et vie sédentaire .
Pour son escale marseillaise, Drive s’articule en une exposition et une performance/balade dans la voiture ouvrant une réflexion partagée et intime sur les notions de « maison », de logement, de localisation, de déplacement et d’hospitalité à partir des spécificités de cette ville et de ses habitants.
Marseille Drive : L’exposition
L’exposition présente une sélection d’œuvres pensées et réalisées en résonance avec l’Unité d’Habitation et l’espace de la librairie. Elles sont amenées par l’artiste dans sa voiture, en conduisant d’Orani à Marseille, pour se mêler aux livres et aux catalogues.
Du 12 septembre au 28 novembre 2020
Librairie Imbernon, Unité d’Habitation, Marseille
Entrée libre du mardi au samedi, 10 – 19h
Marseille Drive : La performance

La performance invite le public dans une balade en voiture dans le quartier autour de l’Unité d’Habitation pour ouvrir une réflexion partagée et intime sur les notions de « maison », de logement, de localisation, de déplacement et d’hospitalité à partir des spécificités de cette ville et de ses habitants. Le parcours est imaginé avec la complicité de l’urbaniste rigolo Nicolas Memain. La radio de la Fiat 127 Caméléon jouera My sound is a Le Corbusier : une série de compositions basées sur des enregistrements réalisés dans les maisons de Le Corbusier et produites par les artistes sonores et musiciens : Francesco Brasini, Chœur de Radio France, Alessandro Bosetti, Massimo Carozzi, Daniela Cattivelli, Dominique Vaccaro, Henrik Svedlund.
Performances
Du dimanche 13 au mercredi 16 septembre, 17h – 21h
Au départ de l’Unité d’Habitation, Marseille
5 performances/balades par jour d’une durée de 30 min., 17h – 21h
Entrée libre sur réservation par mail à : marseilledrive@gmail.com

Devon&Devon et Gensler s’associent pour donner naissance à Holiday et Dove, deux baignoires modulaires aux lignes classiques et contemporaines. Entretien croisé avec Nicola Bertini, PDG de l’entreprise florentine, et Daniel Stromborg, directeur de la conception produit du studio d’architecture et de design américain, qui révèlent que leurs baignoires illustrent un changement de statut de l’espace salle de bain.
Gensler est mondialement reconnu pour ses gratte-ciel, à l’image de la Shangai Tower, le plus grand de Chine. Pourquoi un studio d’architecture développe aujourd’hui un objet de salle de bain ?
Daniel Stromborg. Cela fait quelques années que Gensler développe des produits pour l’hôtellerie et le résidentiel. Le seul espace pour lequel nous n’avions pas encore réalisé d’objet était la salle de bain. Nous avons alors pris le temps de nous renseigner sur ce qui se faisait sur le marché, et ce qu’il manquait. Et le résultat va au-delà du simple design d’une baignoire : il s’agit ici de fournir un objet de référence aux designers et architectes d’intérieur, qui offre une expérience nouvelle et un produit modulaire innovant.
Pourquoi Devon&Devon a-t-il choisi le studio d’architecture Gensler ?
Nicola Bertini. Pour comprendre notre choix, il faut revenir quelques années en arrière. À ses débuts, Devon&Devon produisait à l’interne, dans le but de s’implanter durablement sur le marché. Depuis, notre réputation est faite et nous avons jugé opportun d’explorer les collaborations avec des architectes. Notre choix s’est notamment porté sur Gensler, spécialiste de l’hôtellerie et du résidentiel. Cela signifie qu’elle avait une compréhension profonde des besoins de cette clientèle que nous cherchions à atteindre. Nous avons ensuite choisi de travailler avec Daniel (Stromborg), et son équipe, car il pouvait respecter le style qui a fait notre réputation, et y apporter une touche de modernité.
Est-ce que Gensler pense à poursuivre dans la réalisation d’accessoires de salle de bain ?
D.S. Nous avions déjà réalisé des accessoires de salle de bain, pour la marque canadienne Umbra, entre commercial et résidentiel. Nous développons actuellement avec Devon&Devon une série de robinets, qui viendra compléter l’offre des baignoires Holiday et Dove. Puisqu’en tant que professionnels du design, nous nous attachons à sublimer l’espace ainsi que ce qu’il contient, à transmettre une expérience d’utilisation à l’aide des accessoires. Des accessoires qui ne sont autres que les robinets que vous ouvrez dans votre chambre d’hôtel.


Cela suggère-t-il une évolution dans le rapport à l’espace salle de bain ?
N.B. Nous observons depuis 30 ans une évolution dans l’utilisation de la salle de bain. Un changement dans lequel on croit d’ailleurs : autrefois espace purement fonctionnel, elle est devenue un cocon où l’on prend soin de soi, qui nous protège du monde extérieur. Un changement d’autant plus nécessaire dans les conditions actuelles.
Vous dites que Holiday et Dove marquent “un changement radical dans l’approche traditionnelle de la conception, de la production et de la personnalisation des baignoires”. En quoi est-ce le cas ?
D.S. Notre intention n’était pas de remplacer le designer ou l’architecte d’intérieur, mais plutôt de créer une solution, une expérience, la plus personnalisable possible. D’autant plus qu’ils cherchent à se l’approprier pour lui trouver une place dans un espace. L’approche modulaire offre ainsi une multitude d’opportunités de personnalisation : le rebord du modèle Holiday, par exemple, permet d’incorporer directement les robinets sur la baignoire.
Vous avez lancé les deux baignoires sur le marché le 16 juin 2020. Combien de temps a duré le processus de développement ?
D.S. Le processus de création a duré environ six mois, de l’étude de marché aux premiers prototypes. Dans un premier temps, il a fallu nous renseigner sur le style Art Déco, et sa branche “Streamline Moderne”, que nous ne connaissions pas forcément et qui était la condition non négociable du brief de Devon&Devon. Notre travail a abouti à deux produits distincts : l’un moderne et l’autre plus proche de la demande. À partir de là nous avons mélangé les deux pour créer Holiday et Dove. Quand on y repense, c’est un délai relativement court, d’autant plus que ces baignoires sont les premiers objets de salle de bain que mon équipe et moi réalisions.
Le corps des deux baignoires et celui de la coque sont fabriqués en White Tec Plus. Qu’est-ce que ce matériau ?
N.B. D’un côté, nous avons fait le pari de l’archétype plutôt que des lignes classiques. Nous proposons des baignoires qui seront encore d’actualité dans 30 ans, voire plus. Une telle promesse implique d’utiliser un matériau qui lui permettra de durer. D’un autre côté, nous garantissons la modularité, ce qui implique d’utiliser un matériau léger et moulable à souhait. Nous avons ainsi développé White Tech Plus, réalisé à partir de minéraux partiellement recyclés, combinés à des résines, ce qui lui offre une résistance accrue.
D.S. C’est un matériau qui se répare très facilement aussi. Par exemple, si quelqu’un est amené à découper une pomme sur le rebord de la baignoire, et qu’il le raye ou le casse, il suffit d’y injecter une pâte à base de résine puis de poncer.





