Tectona, le juste design au jardin
Entre explosion de la demande, souci de la durabilité des produits et du respect de l’environnement, besoin de praticité et de fonctionnalité, et design, définitivement entré au jardin, le marché du meuble outdoor se transforme, se réorganise. S’étoffe aussi. Blanche Aloisi de Crepy, directrice générale de Tectona, et Aymon Brunel, directeur, nous livrent leur point de vue.
Retrouvez notre dossier outdoor complet dans le numéro 215 d’Intramuros.
Quelles évolutions majeures observez-vous sur le marché de l’outdoor aujourd’hui ?
Comme tous nos confrères, nous constatons une explosion de la demande, tant en résidentiel qu’en contract. Ce, avec d’une part, une attention particulière portée à la durabilité des produits et au respect de l’environnement, et d’autre part, un besoin renforcé de praticité, de fonctionnalité. Le tout, dans un contexte où le design a définitivement fait son entrée au jardin, et où le moindre petit mètre carré à l’air libre fait l’objet de toutes les attentions, très influencé par les principes d’aménagement intérieur. Le fameux « In & Out ».
On cherche aussi quelque chose de plus mixte en termes de fonctions, des salons d’extérieur ou des bords de piscine où l’on dîne, se relaxe, etc. Il nous semble que l’une des principales conséquences de ces évolutions est une multiplication de l’offre aux extrêmes (du très grand au très petit). Et c’est intéressant de voir comment chacun s’est positionné à l’intérieur de ces différentes typologies de marché, tant en termes de gammes et de prix, que de choix de matériaux, formes, textures et couleurs.
Avec Soleil, de Martin Szekely, vous lancez une collection mono-matériau, très sculpturale… presqu’à contre-courant de la tendance, plutôt portée sur la couleur, les effets de matière, notamment textile, les gros coussinages…
Peut-être. En tout cas, nous sommes presque les seuls à faire encore des bancs de jardin ! Comme si cette typologie de meuble était presque devenue désuète. Mais c’est l’essence même Tectona. Notre marque est née dans le jardin, s’y est enracinée. Nous aimons le mobilier élégant et sobre, fabriqués avec des matériaux, nobles, dont le bois. Le teck, beaucoup, et désormais le mélèze et le frêne. Bien que nous ayons aussi diversifié notre offre, notamment avec de l’aluminium, un matériau pratique et facile en extérieur, pour répondre à la demande de nos clients.
L’introduction du mélèze, c’est une suggestion de Martin Szekely : utiliser une autre essence que le teck, certes merveilleuse, pour ne pas nous limiter. C’est un bois imputrescible, très dur, qui résiste très bien aux variations de température (-15 à 45 degrés), qui est stable mais aussi vivant, qui va se patiner, se creuser un peu au fil du temps. On aime cela, cette adéquation avec l’extérieur. Il est issu de forêts européennes. Et il se prêtait particulièrement bien à la thématique de la collection : soleil et ombre, en travaillant avec des lattes, des pleins et des vides qui rythment la collection. Ce mobilier est une sculpture et correspond bien à ce que nous sommes : une entreprise qui aime faire des choses sobres et simples, pour l’extérieur. Uniques, aussi. Même en termes de production la démarche de Martin Szekely est très intéressante et nous correspond parfaitement. Elle mêle découpe numérique ultra-précise et travail artisanal pour l’assemblage des lattes et la finition, essentiel pour retrouver une belle main, une belle qualité de travail. D’ailleurs nous avons introduit cette année d’autres essences de bois, dont le frêne, pour la collection Siesta (hamac et chilienne). Et nous produisons Soleil et Siesta en France, dans un atelier.
Quels sont aujourd’hui vos principaux axes de développement ?
Nous éditons du mobilier pour la vie, pour favoriser la vie en extérieur, les moments de joie, seul ou à plusieurs. D’autant plus aujourd’hui. Nous poursuivons ainsi plusieurs objectifs en ce sens. En termes d’offre, d’abord, avec le développement d’accessoires pour les plantes, la lumière, les parasols, les douches d’extérieur. Tant pour les espaces résidentiels que professionnels, comme le secteur du bureau, où en tout le bien-être extérieur est toujours plus pris en compte. Surtout en ville, pour retrouver le contact avec la nature. Mais nous avons aussi développé des partenariats avec des institutions culturelles comme le musée Picasso, Versailles, ou encore la villa Médicis. Le mobilier de culture est important pour nous.
Ensuite, poursuivre nos collaborations avec des designers est essentiel. Le design nous permet d’insuffler une dynamique de marque et de création nouvelle. Tout au long de notre histoire, il a été porté par de belles rencontres, une appétence forte pour cette discipline, des visions et des goûts partagés avec certains designers en particulier. Des choix forts. Typiquement, Martin Szekely nous a apporté une approche très sculpturale du mobilier, le travail avec de nouvelles essences, un renouveau, un souffle. C’est exactement ce que nous cherchons à travers le design. Tout comme dans la collaboration avec de très jeunes designers. Enfin, nous allons continuer à tester de nouveaux matériaux utilisés au plein de leurs capacités. Parce que trouver le matériau juste, aujourd’hui, c’est aussi penser à ce que requiert son utilisation en termes de consommation d’énergie (extraction, transformation, transport), etc. Et faire en sorte que nos produis soient plus intemporels que tendances, et durables en qualité et design. Tectona a un rapport au temps très complet : les saisons, la transmission, le temps partagé.