Présidence française du Conseil européen : scénographie engagée d'Adeline Rispal
© Luc Boegly

Présidence française du Conseil européen : scénographie engagée d'Adeline Rispal

Depuis le début du mois de janvier, la France prend la présidence du Conseil de l’Union européenne jusqu’en juin. C’est l’architecte et scénographe Adeline Rispal qui a remporté le concours pour la scénographie de cette mission, pour un projet qu’elle a co-construit avec le studio SI/ Studio Irrésistibles, autour du thème «  L’Etoffe de l’Europe ». En « fil conducteur », un travail de « data design » pour incarner un maillage de nations.


Ce n’est pas la première mandature française, mais c’est bien la première fois qu’un concours est organisé pour l’aménagement des 8 espaces du Conseil de l’Union européenne. Une « vitrine » importante de la tonalité souhaitée par le gouvernement (exprimée par la devise « Relance – Puissance – Appartenance »), qui ne sera certes pas vue du grand public, mais sera le cadre de travail quotidien des négociateurs.
« Dans l’ADN de notre studio, nous souhaitons montrer la complexité plutôt que l’éviter », exprime Adeline Rispal, et c’est clairement ce qui ressort de cette présentation. En lien avec le Studio Irresistible et avec son équipe, elle a conçu une scénographie qui file la métaphore du tissage, du réseau, de la construction en présentant des oeuvres magistrales. Ainsi, dans l’atrium, se déploient les « Ailes » , reprenant un motif construit autour de l’imbrication des différents 27 drapeaux et 37 couleurs des 27 représentants.

"L'Etoffe de l'Europe" : Installation "Les Ailes" dans l'Atrium Justus Lipsus
SGPFUE ©ATELIERS ADELINE RISPAL - STUDIO IRRESISTIBLE
Photo Luc Boegly

SGPFUE ©ATELIERS ADELINE RISPAL - STUDIO IRRESISTIBLE
Photo Luc Boegly

Data design au Forum Europa

Dans le second bâtiment, au Forum Europa – où se tiennent notamment les conférences de presse – Studio Irrésistible ont travaillé sur une fresque symbolisant efficacement les étapes d’intégration la construction européenne : en reprenant les mêmes datas, ils ont conçu une trame qui traduit de façon chronologique les grandes étapes. Chaque pays prend la forme d’un ruban, qui viennent s’agréger pour concevoir le fil de chaîne, et présenter – à nouveau – la construction de l’Europe sous forme d’un tissage. Le résultat est étonnant : cette fresque magistrale rend visibles les maillages, relations inter-Etats, (même le Brexit, avec l’interruption du « ruban » de la Grande Bretagne) , les 154 mandatures, dans une synthèses graphiques de données qui traduit ce flux d’informations et d’inter-échanges. Une façon de mettre en scène à la fois l’appartenance à cette « étoffe commune », sans uniformiser à outrance. En somme, comme le soulignait dans l’inauguration Eva Nguyen Binh, Présidente de l’Institut français, « une mise en scène de la devise européenne : unir dans la diversité ».

"L'Etoffe de l'Europe" - ITM- Forum Europea : fresque data-tissage de la construction européenne
SGPFUE ©ATELIERS ADELINE RISPAL - STUDIO IRRESISTIBLE
Photo Luc Boegly

SGPFUE ©ATELIERS ADELINE RISPAL - STUDIO IRRESISTIBLE
Photo Luc Boegly

Une scénographie jusque dans les ascenseurs

Comme le souligne Hervé Lemoine, directeur du Mobilier national et par ailleurs président du jury du concours : « ce qui nous a séduit dans la proposition d’Adeline Rispal, c’est cette dimension positive et clairement européenne. » Dans la démarche, il s’agit aussi que chacun puisse s’approprier cette vision. Pour la première fois investis dans une scénographie, les ascenseurs reprennent chacun une déclinaison de cette version graphique chacun dans une version différente.

Habillage des cabines d'ascenseur © ATELIERS ADELINE RISPAL - STUDIO IRRESISTIBLE- Photo Luc Boegly

Intersection(s) dans les bureaux de la Présidence

Le thème du tissage est aussi poursuivi dans le bureau de la Présidence, les salons attenants et dans les salons de négociations, avec la présence de paravents de Jeanne Goutelle. Conçue spécialement pour l’occasion, la ligne est baptisée « Intersection(s) » : une autre façon de symboliser le tissage de liens, tout en reprenant une déclinaison de rubans bleus, blancs et rouges. Dans ces espaces très austères, ces paravents, qui éclairés, font courir l’ombre de leurs motifs sur les murs, confortent une atmosphère calme aux tonalités apaisantes : ils viennent entourer des ensembles tirés du Mobilier national : la collection Hémicycle désignée par Philippe Nigro et d’une co-édition inédite entre l’institution et Ligne Roset, ainsi que des tables basses designées par Olivier Gagnière.

Bureaux de la Présidence - Paravents "Intersection(s)" de Jeanne Goutelle
SGPFUE ©ATELIERS ADELINE RISPAL - STUDIO IRRESISTIBLE
Photo Luc Boegly

Bureaux de négociations : habillage des fenêtres d'un tissage tricolore, signature de la présidence française - SGPFUE ©ATELIERS ADELINE RISPAL - STUDIO IRRESISTIBLE
Photo Luc Boegly

Un cahier des charges complexe

Le jury s’est prononcé au printemps 2021, le projet s’est donc construit en huit mois. Avec un cahier des charges très contraint : des espaces de tailles extrêmement variés, très peu de possibilités d’intervenir sur les structures, des conditions de sécurité, des délais… En effet, l’équipe avait trois jours pour tout monter, dans le jeu de la succession des présidences. Dans l’Atrium, l’installation devait être démontée quatre fois : l’équipe a utilisé un principe d’enroulement des différents laizes sur des échafaudages habituellement destinés à de l’événementiel.

Oeuvre numérique "Aour Europe" de Jacques Perconte, mobilier Maximum © Luc Boegly
"Forêt II", œuvre tissée d'Elise Peroi © Luc Boegly

Installations artistiques

Des installations d’artistes viennent compléter ce dispositif. L’artiste Jacques Perconte présente un dispositif « Aour Europe » immersif sur écran leds, véritable ode aux paysages de l’Europe. Il est situé dans un espace d’attente ou de repos meublé par des fauteuils Maximum. À l’étage de la présidence, 6 jeunes artistes français installés à Bruxelles présentent également leurs œuvres rassemblées autour de la thématique « Décors et Paysages » : là aussi on retrouve des œuvres tissées, ou des panoramas reconstruits. Encore et toujours, assembler, rassembler, trouver ce qui unit.

Une scénographie extrêmement politique, mais avec le ton juste : une affirmation d’une identité européenne, avec une élégance dans le propos et sérénité. So French ?

Rédigé par 
Nathalie Degardin

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30/1/2025
La simplicité Thonet

La marque allemande Thonet dévoile la chaise S 243 dessinée par le designer Franck Rettenbacher.

Universellement connue depuis l'invention de la chaise n°14 et son ingénieux système d'expédition, la marque allemande Thonet se réinvente depuis plus de deux siècles. Fidèle à un certain esprit du sens pratique, la marque à collaboré avec des grands noms du design parmi lesquels Mart Stam, Marcel Breuer ou encore Mies van des Rohe. Un héritage dans lequel s'inscrit aujourd'hui le designer autrichien Franck Rettenbacher, installé à Amsterdam, et sa chaise S 243. Présentée lors du salon Orgatec 2024, cette création aux lignes simples et relativement minimalistes reprend les codes historiques de la marque.« Le but était de développer un produit d’une pureté et d’une sobriété qui s’inscrivent dans l’intemporalité incarnée parla marque Thonet », explique le designer.

©Thonet

Un modèle discret et empilable

« Depuis tout petit, chez mes parents,j’étais assis à table sur des chaises Thonet, sans en avoir conscience. Ces chaises s’imposent avec une sorte d’évidence et s’intègrent comme d’elles-mêmes dans tous les espaces de vie »,souligne Frank Rettenbacher. Un sentiment qu'il a souhaité retranscrire dans les lignes de S 243, avec cependant une difficulté supplémentaire : concevoir une collection empilable. Appuyé sur l'acier tubulaire, matériau de prédilection des éditions contemporaines de Thonet, le designer à imaginé une pièce légère à l’œil grâce à l'utilisation de sections différentes. Les deux pieds à l'avant de l'assise ont ainsi une section de 18 mm contrairement à ceux situés à l'arrière mesurant 25 mm de diamètre. Deux sections plus larges et de fait plus solides sur lesquelles le dossier est riveté. Un assemblage simple et discret à l'image du modèle, permettant de rendre « toutes les composantes du modèle S 243 faciles à remplacer ou à échanger ». Coté couleur, à noter que le modèle est disponible dans huit coloris d'assise (possiblement capitonnée) et cinq styles de piétement. Un modèle  simple, accessible et pratique. Dans l'air du temps.

©Thonet
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Altas Concorde x Intramuros : La chaîne de valeur des matériaux dans les grands projets architecturaux

A l’occasion de l’ouverture de son nouveau showroom parisien, Atlas Concorde, leader italien de la céramique, a convié Intramuros pour une série d’entretiens avec de grands acteurs de l’architecture et de la promotion immobilière. Cette journée, qui nous a permis de rencontrer des talents créatifs et entrepreneuriaux, engagés et conscients, s’est achevée par une table ronde ayant pour thème « la chaîne de valeur des matériaux dans les grands projets architecturaux ».

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Natacha Froger - Fondatrice Atome Associés

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24/1/2025
Charlotte Juillard et Tikamoon élaborent une collection pour les 150 ans de l’Opéra de Paris

À la croisée de l’art lyrique et du design, la collection anniversaire élaborée par la designeuse Charlotte Juillard avec Tikamoon est un hommage au savoir-faire unique de la marque lilloise alliée à l’histoire de l’Opéra national de Paris. Une collection disponible à partir du 5 février.

« L'idée était de créer une collection de mobilier qui vienne valoriser le travail d'ébénisterie tout en évoquant la beauté, la richesse et la singularité de l'Opéra de Paris. J’ai eu une totale liberté dans la conception et j’ai voulu raconter une histoire qui parlait de bois, d'ancrage, de durabilité, de mouvement, de matériaux et de ballet » raconte Charlotte Juillard. Une collection qui est d’abord l'histoire d’une rencontre hasardeuse entre Tikamoon et les équipes chargées des partenariats avec l’Opéra Garnier qui cherchait à élaborer une collection de mobilier. Déjà en contact depuis plusieurs années, lorsque les équipes de Tikamoon se sont rapprochés de l’Opéra pour la collaboration, le nom de la Charlotte Juillard a rapidement été évoqué. Un nouveau défi pour la marque de mobilier, qui n’avait jusqu’ici jamais collaboré avec un designer extérieur. Une collection qui s'avère avoir été réalisée en très peu de temps puisque moins d’un an s’est écoulé entre le début des échanges, les premiers prototypes et la présentation officielle au public lors de la Design Week en Janvier à Paris.

Collection Tikamoon x Opéra national de Paris, design : Charlotte Juillard © Tikamoon

Une collection pour raconter l’excellence

Pour imaginer cette collection, la designeuse a jugé intéressant d’évoquer les deux Opéras, Bastille et Garnier, qui malgré leurs différences marquées, font partie de la même maison. « L’Opéra Garnier, représente le faste et l’opulence de l’architecture néo-baroque du XIXe siècle, tandis que Bastille incarne la modernité et la fonctionnalité de l’architecture contemporaine. La collection s’inspire donc de ces deux univers et se divise ainsi en deux ensembles distincts » ajoute la créatrice.

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Composée de six pièces, la collection s’inspire de l’élégance qui accompagne ces deux Opéras, tout en mettant en avant le savoir-faire d’ébénisterie propre à Tikamoon. Des pièces façonnées avec des matériaux en lien avec les deux Opéras et qui arborent des formes qui rappellent les mouvements des danseurs de ballet. « Le fauteuil, la console et le miroir puisent leur inspiration dans l’accumulation de matériaux propres à l’Opéra Garnier, avec des formes ondulées en hommage aux danseurs. Une dualité renforcée par la juxtaposition de deux bois aux teintes contrastées qui est un hommage aux superpositions de styles du grand Opéra et un clin d'œil aux célèbres pas de deux. La psyché, le tapis et le bout de canapé s'inspirent quant à eux de Bastille et de ses formes imposantes et généreuses. Les courbes rappellent la structure du bâtiment, mais évoquent également le mouvement » continue Charlotte Juillard. Un ensemble de deux collections en une, dont chaque détail rend hommage de manière subtile à l’histoire de ces deux lieux mythiques.

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La collection sera mise en vente en exclusivité sur le site de Tikamoon ainsi qu'au sein de la boutique parisienne Place des Victoires à partir du 5 février. En parallèle, celle-ci sera exposée à l’Opéra Garnier pendant un mois.

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22/1/2025
Entrechoquer les univers à la galerie Philippe Valentin, « Et pourquoi pas... » ?

La galerie Philippe Valentin consacre jusqu'au 22 février une exposition sur les travaux des designers Patrick de Glo de Besses et Jean-Baptiste Durand. Un savant mélange d'univers que tout oppose, et pourtant habilement réunis sous les regards bienveillants des silhouettes de la peintre Camille Cottier.

Il fallait un brin de folie et surtout une vision affûtée pour oser présenter ce trio de créateurs. Un défi autant qu'une prise de position affichée dès le nom de l'exposition : « Et pourquoi pas... ». Loin de chercher à mettre en avant « un corpus d’œuvres autour d'un thème ou d'un propos spécifique », Philippe Valentin, a souhaité confronter deux designers, Jean-Baptiste Durand et Patrick de Glo de Besses, exposé à l'Intramuros Galerie lors de la PDW en septembre 2024.

Deux artistes dont les travaux jusqu'alors distincts, sont pour la première fois réunis. Une idée « à première vue presque absurde, tant elle est binaire, qui me permet néanmoins d’affirmer ma vision de l’art : un art qui prend en compte la diversité des pratiques et ne s’enferme pas dans un dogmatisme, au service d’un non-goût ou d’une étroitesse d’esprit » explique le galeriste.

©Gregory Copitet

Contraster pour mieux exister

Rarement une exposition de design contemporain n'avait eu pour parti-pris de réunir deux univers si éloignés. Ultra-techno, le monde de Jean-Baptiste Durand s'affiche de manière très prégnante dans la galerie en un ensemble de câbles, de vérins et matières polymères aux assemblages industriels. Un design particulièrement novateur et unique face auquel Patrick de Glo de Besses répond par une sélection de 19 chaises aux allures artisanales mais non moins contemporaines et techniques. Une confrontation dans laquelle les compositions aux matériaux industriels évoquent un univers organique, presque vivant, alors même que les assises en bois semblent figées avec grande précision par la rigidité des coupes sculpturales. Un paradoxe mis en exergue par la proximité entre les pièces. « Lorsque j'ai découvert le travail de Patrick sur Instagram il y a deux ans, j’avais en tête de lui proposer un projet, mais je ne trouvais pas la bonne idée. C'est en voyant celui de Jean-Baptiste que j'ai eu l'idée d'une confrontation » observe Philippe Valentin. Saisi d'un côté par « l'idée tenace et radicale de la déclinaison », et de l'autre par « l'exubérance et la liberté formelle », il voit dans cette rencontre une possible diversité de réponses aux besoins du monde dans lequel nous évoluons.

©Gregory Copitet

Des chaises en bois en passant par le lustre et le lampadaire en doudoune fabriquées par Jean-Baptiste Durand et son équipe peu de temps avant l'ouverture de l'exposition, chaque création a ici sa place. Complétée par un ensemble d’œuvres picturales plus sensibles et aux figures humaines signées Camille Cottier, la sélection de mobilier trouve aussi un écho chromatique sur les pièces murales. Une résonance discrète, mais grâce à laquelle le triptyque trouve indiscutablement son équilibre.

L'exposition est visible jusqu'au 22 février à la Galerie Philippe Valentin, 9 rue Saint Gilles, 75 003 Paris. Retrouvez également les portraits de Jean-Baptiste Durand et Patrick de Glo de Besses et dans les numéros 221 et 222 d'Intramuros !

©Gregory Copitet
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