PCA-Stream et RF Studio signent le nouvel écrin de la banque Lazard
Près de la place de l’Etoile, Lazard a pris ses nouveaux quartiers au 175 boulevard Haussmann. Un ensemble architectural totalement repensé par le cabinet d’architecture PCA-Stream, qui a associé RF Studio à l’aménagement des plateaux. Car le déménagement de cette banque d’affaires se veut un marqueur d’une évolution managériale.
Une banque d’affaires est une maison de services en conseils financiers qui accompagnent des investissements et des négociations. De ce fait, deux mots d’ordre ont guidé le projet d’aménagement de ce nouveau siège pour Lazard : accueil et confidentialité. Lors de la présentation presse début octobre, Jean-Louis Girodolle, directeur général , l’exprimait clairement : « Nos nouveaux locaux parlent de la manière dont nous allons travailler et accueillir nos clients, cela dépasse largement une opération immobilière. »
Pour accentuer l’accueil, et une image plus moderne de la société, l’architecte Philippe Chiambaretta a proposé de travailler sur la lumière en réhabilitant ce site de 12 000 m2. Dans ce quartier très haussmannien, il comprend au départ deux immeubles juxtaposés, de hauteurs différentes : au rez-de-chaussée, dans une volonté d’imprimer des circulations fluides dans l’espace, l’architecte repense l’accès, en l’ouvrant à la pointe des bâtiment, à l’intersection des rues cerclant l’ensemble : cela donne une entrée magistrale, marquée par la présence d’un lustre spectaculaire qui fonctionne comme un écho à deux autres installations majeures en verre : l’atrium et la verrière. Le patio intérieur existant, fermé, est ainsi repensé en atrium généreux sur 3 hauteurs, à l’image d’un salon intérieur qui assure un espace de convivialité informel au lieu à l’image d’une place de village. Ce dôme en verre est équipé d’un système kaléidoscopique qui permet de réfléchir la lumière et assure une certaine sérénité à ce point de rencontres ou de détente. Mais ce qui fait la force de la signature de l’ensemble du projet est la surélévation du bâtiment sur les derniers étages, couronnée par grande verrière atypique. Très contemporaine, c’est une identité forte du lieu, et de l’entreprise.
Aménager en anticipant les usages
Le designer Ramy Fischler et son équipe ont pensé la plupart des aménagements intérieurs aux côtés de l’architecte et surtout des usagers : « Il y a quelques années on arrivait à la fin des projets pour finaliser la « déco », des bureaux. Aujourd’hui on est impliqué en amont. Un déménagement, c’est aussi une renaissance pour une entreprise, elle en profite pour repositionner son management, son identité, recruter ses collaborateurs. On participe à ces questions de fond. Je suis designer, je pense avant tout aux usages.aux interactions entre les équipes ».
Car l’enjeu ici est aussi répondre à la nouvelle vocation stratégique des bureaux : « En général nous accompagnons des entreprises qui ont déjà une culture du changement intrinsèquement lié à la façon de travailler. ». La mission était certes d’aménager en respectant les besoins de de confidentialité, mais aussi les besoins d’ouverture et de sociabilité : les lieux doivent donner envie de venir travailler ici, et séduire les nouvelles générations avec de nouveaux usages collaboratifs. L’aménagement devait refléter un allégement du poids hiérarchiques, en offrir de nouveaux espaces de convialité, mais aussi le partage du rooftop.
« Le premier enjeu était de moderniser sans entrer dans la caricature des clichés que l’on peut avoir sur des boîtes de techno. L’un des symboles de changement qui s’opère, est ce restaurant d’entreprises, totalement ouvert sur la rue et qui s’ouvre au public le soir. Globalement il y avait une volonté d’apaisement dans une culture de banques d’affaires très masculine très institutionnelle. Le challenge était d’adoucir les rapports humains. Les employés travaillent énormément mais n’ont pas de lieu pour déconnecter. On a pensé des espaces de détente variés, avec daybeds, des projecteurs, des cuisines autonomes. » De la même façon ont été multipliés parallèlement les espaces d’accueils, les mini salons, les salles à manger pour recevoir les clients.
Dans les bureaux, les tables sont motorisées, les meubles de rangements font cloison mais aucun ne monte jusqu’au plafond pour éviter d’étouffer l’espace, et donner une impression de libre circulation : en amont du projet RF Studio a analysé les dispositions des bureaux et les différentes usages pour optimiser le confort des employés.
Pour casser la monotonie, la moquette des espaces de circulations est balisée de bandes qui créent des ruptures, et cette idée est réinterprétée dans les salle de réunion. Quelle que soit leur taille, toutes les salles ont deux couleurs, cela donne aussi le choix d’utiliser une partie ou la totalité de l’espace en fonction du nombre de personnes présentes à la réunion. Comme l’exprime Ramy Fischler, « on a cherché à associer des niveaux de conforts différents, en relations avec des niveaux de négociations plus compliquées, comme des mini salons dans des antichambres de salles de réunion. ». La majorité du mobilier a été conçue par le studio. La confidentialité est assurée par des jeux de parois en verre flouté, des panneaux acoustiques en textile, qui participent subtilement de l’identité de l’ensemble, comme dans les salles dédiées aux repas d’affaires : ces salles sont pensées avec les codes de l’hôtellerie et comprennent un double éclairage, pour l’assiette, et la lecture de documents.
Plus on monte dans les étages, plus les terrasses sont développées dans un dialogue habile intérieur/extérieur. Sur les trois derniers étages, l’architecte Philippe Chiambaretta a imaginé un dôme conçu d’écailles photovoltaïques, qui vient protéger et ventiler un espace qui fait le lien entre les deux bâtiments, se pose en figure de proue illuminée la nuit, et juxtapose habilement un rooftop végétalisé.
Dans l’ensemble, la reprise de certains codes de lobbys d’hôtellerie, d’espace de détente, de totalités douce et le parti pris de gérer un maximum de lumière naturelle, portent les signes d’ouverture de ce projet. On y décode un « certain art de vivre à la française » dont les jeunes générations ne sont pas exclues, avec un rafraîchissement des codes des espaces de convivialité des employés.