Ethimo : "Les jardins sont des extensions de l'habitat"
Sofa Costiera © Ethimo

Ethimo : "Les jardins sont des extensions de l'habitat"

Spécialisée dans le mobilier d’extérieur, la maison Ethimo propose des collections intemporelles, marquées par de nombreuses collaborations internationales dont Luca Nichetto, Paola Navone, Patrick Norguet, Emmanuel Gallina, Studiopepe… Gian Paolo Migliaccio, PDG de l’entreprise italienne, nous livre sa vision de l’évolution du secteur outdoor.


Retrouvez le dossier spécial outdoor dans le numéro 215 d’Intramuros.

Quelle est votre vision de l’outdoor sur ces dix dernières années ?

Si l’on se penche sur les dix dernières années, l’attention portée aux espaces extérieurs a pris un tout autre sens. Cette nécessité de meubler les espaces ouverts s’est intensifiée et la pandémie a été une sorte d’accélérateur pour renforcer ce concept de cocon de bien-être, trouvant satisfaction grâce à ce lien avec la nature. Le marché résidentiel est probablement le plus représentatif de cette configuration inédite du chez-soi. À l’heure actuelle, on conçoit des espaces résidentiels en se penchant avec la même attention sur les espaces extérieurs et intérieurs, en considérant les jardins et terrasses urbaines comme de véritables extensions de l’habitat, que l’on peut exploiter à tout moment de l’année. Le marché des espaces collectifs a également réagi à ce nouveau besoin et les espaces extérieurs, qui étaient généralement l’apanage des grandes stations balnéaires et grands hôtels, est devenu un lieu symbole d’habitat, et ce même pour des structures moins importantes, telles que celles initialement dédiées à la restauration. En même temps, il y a cette volonté grandissante des concepteurs et maîtres d’ouvrage de transporter les ambiances outdoor dans notre intérieur, en créant de véritables zones de bien-être avec du mobilier d’extérieur et une végétation luxuriante. Il y a ce désir de retrouver chez soi des coins de jardin, pour ne jamais perdre ce contact avec l’extérieur.

Daybed Baia © Ethimo

Avez-vous vu émerger de nouveaux segments ?

Je ne dirais pas que l’on assiste à la naissance de nouveaux segments de marché à proprement parler. Je dirais que l’on porte une attention bien différente au concept de la vie en plein air. Notre rapport avec la nature est de plus en plus fort, et le bien-être qui en découle crée ce besoin de concevoir un espace extérieur comme une pièce à ciel ouvert, qui se fondrait à merveille dans le paysage. Les matériaux, les formes, les couleurs et les performances sont de plus en plus écologiques. L’exemple le plus parlant serait certainement celui lié au monde nautique, un monde dans lequel la conception des zones externes exige l’insertion d’éléments de design empruntés à la nature, qui doivent être esthétiques, bien entendu, mais également délivrer des performances techniques et fonctionnelles absolues. Dans ce domaine, Ethimo s’est associée avec Christophe Pillet pour créer Baia e Costiera, une collection spécialement conçue pour le monde des yachts, des grands navires ou des fascinants voiliers. La nouvelle yacht collection est un savant mélange d’esthétique, de design emprunté de la haute couture, de technicité et d’innovation, suggérant une philosophie de vie en plein air entre terre et mer, sans aucune frontière. Un bateau peut donc également être configuré à l’infini comme un espace de vie. On peut le meubler avec des éléments recherchés et confortables, pour donner des atmosphères intérieures constamment en phase avec la nature.

Baia Yacht collection, design : Christophe Pillet © Ethimo
Sofa Costiera © Ethimo

Cette interprétation contemporaine du concept outdoor est décelable sur l’ensemble des marchés. Selon moi, c’est le concept général de la vie en plein air qui a véritablement évolué, tout comme l’idée que l’on se fait de l’environnement, à savoir un élément à protéger et préserver, car il fait bon y vivre. En réalité, dans ce nouveau contexte, nos processus de production n’ont pas connu de changements majeurs, à l’exception de ceux qui évoluent naturellement avec l’innovation. Ethimo s’engage depuis toujours à préserver l’environnement. En tant que société spécialisée dans la production et la vente de mobilier extérieur haut de gamme, certains processus font partie de notre savoir-faire et de notre mission. Je dirais en revanche que nous avons un bon timing et une bonne sensibilité, car nous sommes en mesure de bien anticiper les changements et besoins du marché pour créer des collections inédites, capables de répondre aux exigences de notre cible, qu’il s’agisse de clients professionnels ou privés. Prenons par exemple la collection Ace conçue par Patrick Norguet. Celle-ci est née de la volonté de créer des meubles design pour les environnements sportifs, en particulier les courts de tennis, mais aussi les clubs de golf ou les clubs sportifs en général.

Vos collections sont marquées par des collaborations avec des designers de renom tels Luca Nichetto, Christophe Pillet, etc. Avez-vous une équipe interne ?

Notre équipe de conception interne est en contact quotidiennement avec les studios de design internationaux avec lesquels nous collaborons dans le cadre du développement de nos collections. Cette collaboration avec des interlocuteurs externes donne une valeur ajoutée en terme de développement professionnel et de savoir-faire. En général, notre équipe interne développe également des projets en autonomie totale. Citons par exemple la table Bold, caractérisée par des formes organiques, véritable expression de notre capacité à associer différents matériaux, tout en restant ancrés aux inspirations du monde de la nature et au rapport avec ce dernier.

Au fil des années, nous avons collaboré avec de nombreux studios internationaux pour développer des collections racontant une histoire, comme cela a été le cas avec la collection Allaperto signée Matteo Thun et Antonio Rodriguez. Avec Allaperto, nous avons été en mesure d’insérer pour la première fois le design contemporain dans des environnements extérieurs situés en altitude. Outre nos précieuses collaborations, nous avons également mis en place des concours consacrés aux jeunes designers dans l’objectif de développer de nouvelles idées, permettant par exemple de réinterpréter des objets d’ameublement extérieur classiques. Cela a ses avantages, car ce sont toujours de bonnes occasions pour échanger des idées.

Canapé Costiera © Ethimo

Comment gérez-vous les questions de RSE ?

Comme nous l’avons dit, nous accordons une attention toujours plus importante à la préservation de l’environnement et à la durabilité environnementale. En termes de conception, tout cela se traduit par des choix de matériaux toujours plus proches de la nature. En créant des collections spécifiques pour l’outdoor, le défi qui se pose pour nous, à mes yeux, c’est cette capacité à garantir des performances fonctionnelles supérieures tout en conservant un look et une sensation les plus proches possibles de la nature. De la phase créative à la phase de production, chaque processus est rythmé par cette attention particulière à l’environnement. Au sein de notre site de production, nous utilisons des équipements de dernière génération visant à réduire au maximum l’impact environnemental avec les émissions toxiques et déchets. Nous sélectionnons en outre du teck certifié FSC. Ainsi, nous sommes certains que toute la filière de production du bois respecte des contrôles stricts et standardisés au niveau international.

Fauteuil Baia © Ethimo
Détail du daybed Baia © Ethimo

Ethimo est actuellement présent dans plus de 70 pays. Il est naturellement essentiel à nos yeux de créer des produits que l’on peut vendre dans le monde entier, sans contraintes d’utilisation fixées par les normes locales en matière de durabilité. Cette attention portée à l’environnement est pour nous une attitude solide, qui est depuis toujours partie intégrante de notre identité et de nos valeurs. Ces dernières années, et également pendant cette période difficile de pandémie, nous avons toujours maintenu nos importants standards de qualité, malgré tous ces problèmes rencontrés au niveau international, notamment l’approvisionnement en matières premières. Nous travaillons actuellement pour augmenter le stock de nos entrepôts afin de nous tenir prêts à satisfaire la demande rapidement, comme nous l’avons toujours fait. L’outdoor est à toutes fins utiles un espace s’inscrivant aujourd’hui dans la conception d’habitations, de structures hôtelières et d’espaces publics. Ainsi, les architectes, les designers d’intérieur et les paysagistes sont nos principaux interlocuteurs. Nous nous efforçons d’être une référence dans la conception d’espaces extérieurs en créant des éléments d’ameublement qui soient beaux et intemporels.

Quelles sont les évolutions que vous percevez pour les années à venir ?

Compte tenu de la valeur que revêt actuellement le concept de vie en plein air, nous imaginons qu’au cours des dix prochaines années, cette nécessité de vivre en contact avec la nature se fera toujours plus présente, et cela donnera lieu à de nouvelles exigences liées au bien-être de la personne. Nous avons un objectif, celui d’être empathiques avec notre consommateur, mais aussi avec le marché. Il nous faut satisfaire les besoins et exigences dans les temps et en exprimant toute notre créativité. Pour moi, les collections lounge et dining continueront de faire partie de nos best-sellers, car elles symbolisent des besoins ancestraux comme la sociabilité et l’alimentation. Pour l’heure, je ne vois aucun problème.

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Moustache présente l’extra BOLD sofa, toujours designé par BIG-GAME

15 ans après la sortie de la chaise Bold, l’éditeur français Moustache a dévoilé début janvier l’extra Bold sofa, le canapé de son modèle iconique. Une pièce modulable selon les envies, toujours imaginée par le studio suisse BIG-GAME.

Pour cette version canapé du Bold, le studio BIG-GAME et Moustache proposent un modèle modulaire, qui offre une multitude de possibilités. En effet, ce dernier peut prendre plusieurs formes et directions - droit, rentré vers l’intérieur ou vers l’extérieur - pour des compositions à l’infini. « La chaise BOLD jouait avec un principe d’entrelacement de lignes, qui a ensuite été repris sur le tabouret, le banc et le fauteuil. L’extra BOLD sofa a une nouvelle logique constructive, puisqu’il s’agit d’un système modulaire qui s’appuie sur des éléments répétitifs. Conçu à la demande grâce au configurateur numérique de Moustache, il peut être réalisé en lignes droites ou en courbes dans n’importe quelle forme en utilisant un seul module d’assise et un seul module d’accoudoir » racontent les designers de BIG-GAME. Un modèle d’autant plus modulable qu’il existe en 15 coloris différents, ici encore totalement personnalisables selon les envies. Que ce soit en version monochrome ou multicolore, les combinaisons possibles se comptent par centaine !

Extra Bold Sofa, design : BIG-GAME © Moustache

Un modèle pensé comme une suite logique

Dans la continuité de la chaise sortie en 2009 qui sera ensuite suivie du tabouret et du fauteuil, la version canapé de la collection BOLD semblait être une évidence. Pour autant, les 15 années qui séparent la chaise et le canapé ont permis à la marque et aux designers de développer de nouvelles techniques pour s'affranchir de certaines contraintes. « Nous avons longtemps été limités par le diamètre de la chaussette qui sert de housse par exemple. Aujourd’hui, grâce à une collaboration fructueuse avec Kvadrat, la housse sans couture en 100 % laine a été développée exclusivement pour Moustache et permet de recouvrir des tubes beaucoup plus larges. En termes de confort, il s’est amélioré grâce à la structure de l’assise fabriquée en France avec une technique de production zéro déchet de mousse haute densité spécialement formulée pour Moustache » confient les designers. À l’heure où les intérieurs ne cessent de changer et que l’heure est à la modularité, ce canapé ne devrait pas avoir de difficulté à se faire une place dans les intérieurs.

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29/1/2025
« Speed dating... Love stories » au FRENCH DESIGN by VIA

Le FRENCH DESIGN by VIA présente « SPEED DATING... Love stories » jusqu'au 25 avril. Une exposition rétrospective sur 15 années de rencontres entre designers et éditeurs, initiée par l'institution.

Lancés en 2010 dans l'optique de favoriser l'émergence de nouvelles collaborations, les FRENCH DESIGN SPEED DATING OBJET comptent parmi les événements importants de la création. Favorisant l'échange d'idées novatrices entre les designers et les maisons d'édition porteuses d'un savoir-faire et d'un support industriel, ces rendez-vous annuels ont permis de donner naissance à une multitude d'objets. C'est avec l'idée de réunir sur le devant de la scène les créations les plus emblématiques de ces rencontres et celles passées malheureusement inaperçues que cette exposition a été pensée. À la fois célébration d'une décennie et demie de création contemporaine française, et mise en avant des deux principales familles du design que sont les designers et les éditeurs, “SPEED DATING... Love stories” expose la fécondité d'un concept.

©FRENCH DESIGN by VIA

De petits et de grands noms en face-à-face

Dispersées dans une scénographie signée Maison Sarah Lavoine et faite de drapeaux colorés, comme un clin d’œil aux Jeux olympiques de Paris, 20 pièces prennent place. Assises, luminaires, tapis ou encore bureaux se côtoient et avec eux, leurs designers. Parfois reconnus et déjà bien installés, parfois révélés comme Elise Fouin, Bina Baitel, et Julien Vidame dont on peut penser que les rencontres générées par le Speed Dating Objet ont significativement contribué à leur notoriété.

Sélectionnés pour leur diversité typologique, mais aussi esthétique, chaque objet a également été regardé sous l'angle de l'innovation. En accord avec la volonté de l'institution de favoriser une évolution plus verte de la discipline, quelques pièces s'affichent comme des pistes d'exploration à l'image de la lampe Scalaé de Martin Thuéry et la maison d’édition Boutures d'objets réalisées en 2020 à base de briques concassées. Une manière de démontrer, outre l'intérêt de ces rencontres, que l’addition d'une vision et d'une technique peut aussi être source de nouvelles perspectives.

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La maison L. Drucker signe une collaboration avec BrichetZiegler

Connue pour ses chaises en rotin, la Maison L. Drucker l'est aussi pour ses collaborations avec divers designers. Parmi eux, le studio BrichetZiegler qui vient de signer la chaise colorée Valmy.

C'est une collaboration née « au culot » résume Caroline Ziegler du studio BrichetZiegler. « Avec Pierre Brichet, mon associé, nous aimons et collectionnons les chaises, comme beaucoup de designers. Alors nous en dessinons, tous azimuts, et puis on affine. Il y a un moment où les planètes s'alignent avec cette méthode. » Tout est parti d'un croquis fait à l'atelier, et puis un autre et encore un autre, tous basés sur l'image d'une chaise de bistrot. D'abord imaginée en métal, le matériau le plus utilisé par le studio, l'assise a rapidement évoluée vers le rotin « pour plus de simplicité » explique la créatrice, convaincue que « la forme est toujours associée à un matériau qui permet de la réaliser. Jamais l'inverse. » Une réflexion qui amène le duo à proposer leurs esquisses à la Maison L. Drucker, spécialiste du mobilier en rotin, il y a un an. « Nous n'avions aucun lien avec eux à ce moment-là, mais ils se sont montrés à l'écoute et très intéressés par notre modèle qui sortait de leurs codes habituels. C'est ainsi qu'a débuté notre travail commun. »

©Maison L. Drucker & BrichetZiegler

Une rencontre entre le design contemporain et l'artisanat patrimonial

« Ce qui est intéressant dans ce projet, c'est ce pas de côté par rapport à la chaise de bistrot classique. On a gardé tous les codes qui lui donnent son identité, tout en l'amenant vers quelque chose d'autre. Si demain on la montre à un brésilien, il se dira certainement que c'est à Paris. Il y a quelque chose de la filiation. » Jusqu'alors inutilisé par les designers – hormis un balai présenté à la Biennale Émergences de 2020 -, le rotin s'est avéré être une source d'opportunité autant que de complexité pour le duo dont le croquis initial a vite dû évoluer, sur le plan structurel d'abord, mais également esthétique. « Nous avons été obligés de rajouter plusieurs renforts sur les intersections ce qui nous a amenés à repenser légèrement l'apparence. D'une certaine manière, ce décalage entre notre vision et celle de l'entreprise raconte cette discrétion structurelle propre aux chaises en rotin, et à côté de laquelle nous étions passés. C'est très intéressant ! » Par ailleurs, c'est aussi visuellement que l'idée initiale s'est enrichie. « Dans notre premier dessin, il y avait moins de textile car nous ne pensions pas qu'il était possible de tisser autour de l'armature. Nous avons été encouragés à le faire et c'est ainsi qu'est né ce dossier si prégnant. » Une pièce à l'allure bien particulière qui a donné lieu à de nombreux prototypes pour trouver le confort optimal, et à de nombreux essais colorimétriques.

©Maison L. Drucker & BrichetZiegler

Tresser la couleur

Rouge, verte, jaune ou bleue, la Valmy tire son identité graphique de sa couleur plus que de sa structure qu'elle « vient habiller ». Pourtant, ce « véritable parti-pris » n'a fait son apparition que dans un second temps, « lorsque Monsieur Dubois, le directeur de la Maison L. Drucker nous a annoncé l'ensemble des possibilités de mise en œuvre du tissage. C'est lui qui nous a recommandé d'y aller franchement sur le design. Assez logiquement, nous nous sommes pris au jeu et nous avons décidé d'accompagner le dessin par la couleur. » Les trois arceaux se sont alors épaissis pour accueillir chacun une nuance différente de façon à créer un dégradé. Trois teintes que l'on retrouve également dans le tressage ajouré de l'assise en plus d'une couleur complémentaire, visible au niveau des jonctions du dossier, et de deux fils, noir et blanc. « La couleur est un exercice que nous aimons travailler, mais qui demeure occasionnel. Elle n'a d'intérêt que si elle amène quelque chose en plus, en venant renforcer un élément graphique par exemple. C'est le cas pour Valmy. » Heureux de cette collection, le studio « amateur d'une certaine abondance formelle et d'une richesse visuelle », se pose d'ores et déjà la question de poursuivre les explorations créatives de ce matériau, source de projets en tous sens.

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